HARVARD UNIVERSITY
OF THE
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in 2016
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REVUE
HORTICOLE
ANNÉE 1866
MONTEREAÜ.
IMPRIMERIE DE L. ZANÜTE.
REVUE
HORTICOLE
JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE
FONDÉ EN 1829 PAR LES AOTEÜRS DO BON JARDINIER
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE M. J. A. BARRAL
RÉDACTEUR EN CHEF DU Joumal d' Agriculture pratique
MEMBRE DES SOCIETES IMPERIALES ET CENTRALES d’HORTICULTURE ET D’AGRICULTURE DE FRANCE,
DES ACADÉMIES OU SOCIÉTÉS AGRICOLES OU HORTICOLES D’ALEXANDRIE, DE FLORENCE, GENÈVE, LUXEMBOURG, MILAN, MOSCOU, MÜMCfl,
NEW-YORK, PESARO, ROVERETO, SAINT-PÉTERSBOURG, SALERNE, SPALATO, STOCKHOLM, TURIN, VARSOVIE, VIENNE, ETC.
AVEC LE CONCOURS DE MM.
D'AIROLES, ANDRÉ, BAILLY, BALTE!, GEORGES BARRAL, BONCENNE, BOSSIN, BÛOSCASSE, BUCHETET,
CARBOÜ, CARRIÈRE, CHABERT, CHADVELOT, COURTOIS, DOÜMET, DU BREOIL, DOROPT, FERLET, GAGNAIRE,
GLADY, GLOEDE, GROENLAND, GDILLIER, GDYOT, HARDY,
HOIILLET, LACHAÜ0IE, DE LAMBERTYR, LAÜJOULET, LECOQ, LEMAIRE, MARTINS, DE MORTILLET,
NAÜDIN, D’OÜNOÜS, PÉPIN, SISLEY, YERLOT, VILMORIN, ETC.
37« ANNÉE. — 1866
PARIS
LIBRAIRIE AGRICOLE DE LA MAISON RUSTIQUE
1866
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REVUE
HORTICOLE
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE DÉCEMBRE).
Mort de M. Bixio, de M. Lasaulce, de M. Des Robert. — Lettre de M. Chabert sur les pertes faites par
la Société d’horticulture de la Moselle. — Prochaines Expositions horticoles a Bruges, a Geneve, a
Amsterdam. — Souscription ouverte en faveur de l’explorateur botaniste M. Weir. — Motion du prince
de Galles comme président de \d. Gardeners' royal benevolent Institution. Les arbustes bacciferes.
Culture des Chrvsanthèmes. — Circulaire et règlement relatifs à l’Exposition horticole internationale et
au Congrès botanique de Londres en mai 1866. - Lettre de MM. Baltet frères relative au transport des
végétaux destinés à l’Exposition universelle de 1867. — Cours public de M. Forney.
Triste fin d’année pour le rédacteur de
cette chronique! Il faut qu’il parle de toutes
; choses étrangères à sa douleur. Vous la
I comprendrez, lorsque vous saurez qu’en
: perdant M. Bixio, fondateur de la Librairie
' agricole, qui publie depuis vingt ans la i?c-
j vue horticole, le directeur de ce recueil se
trouve séparé tout à coup d’un ami qui fut
pour lui un père et un frère, un compagnon,
■ un guide, un collaborateur.
M. Bixio, né le 20 novembre 1 808 à Chia-
vari, alors dans le département des Apen-
nins, passa une partie de son enfance chez
sa grand-mère, à Metz, dans la Moselle,
dans une maison mitoyenne de celle qu’ha-
bitait mon grand-père. C’est là que se forma
entre moi, tout enfant, et lui, à peine ado-
lescent, une liaison qui a duré quarante-
cinq ans, sans que jamais aucun nuage soit
venu troubler notre vive affection mutuelle.
Dire quel esprit sûr et ferme il avait et
combien il était bon et généreux, serait im-
possible. Mais partout où il a été il a laissé
de nombreux amis, il a fait du bien; partout
il est profondément regretté.
Il avait compris que l’horticulture avait
besoin, comme l’agriculture, d’un orgpe
qui lui fût entièrement dévoué, étudiant im-
partialement toutes les questions, poussant
toujours au progrès , mais n’abandonnant
jamais rien aux aventures. Il joignit la Re-
vue horticole au Journal (T agriculture pra-
tique, qu’il avait fondé. Après m’avoir confié
ce dernier recueil et m’avoir vu à l’œuvre
pendant dix ans, il me remit aussi la direc-
tion du premier. Ce sera toujours pour moi un
I honneur que d’avoir eu sa confiance. Dans
toutes les circonstances difficiles où je me
trouverai, placé , j’invoquerai son souvenir,
I je me le figurerai présent, et je prendrai
conseil de sa droiture, de sa loyauté, de son
impartialité.
lei' JANVIER 1866.
M. Bixio est mort le 16 décembre, après
dix-huit jours de maladie; il n’avait que cin-
quante-sept ans. Plusieurs milliers de per-
sonnes ont suivi son cortège funèbre pour
témoigner de leur estime pour sa mémoire.
Tous ceux qui l’ont connu diront qu’on ne
remplace pas un tel ami , et que la France
et l’Italie, ses deux patries, comptent un
noble citoyen de moins.
Il faut encore que je parle de deux autres
morts qui me touchent, qui toucheront
aussi les horticulteurs. Elles ont eu lieu
dans ma ville natale, à Metz. A leur sujet, je
reçois de M. Chabert, secrétaire général de
la Société d’horticulture de la Moselle, la
lettre suivante :
R Metz, le 20 décembre 186S.
« Monsieur et cher compatriote,
« J’ai l’honneur de vous adresser quelques
lignes consacrées à la mémoire de deux hom-
mes vivement regrettés, qui avaient rendu des
services signalés à la cause horticole dans la
Moselle.
« Je ne doute pas que la Revue horticole
fasse accueil à ma note nécrologique. Quand
un président de Société d’horticulture meurt,
la Revue ne perd-elle pas en quelque sorte
un des siens?
« Tout à vous de cœur.
« Chabert. »
Les horticulteurs forment maintenant en
France une sorte de famille ; ils savent re-
connaître et honorer les services rendus
par ceux qui se dévouent à leurs intérêts, et
la Revue horticole n’est que leur écho en
payant un dernier tribut d’hommages à ceux
qui succombent. Voici la note de M. Chabert
sur les deux hommes dont l’horticulture
mosellane regrette vivement la perte :
(( La Société d’horticulture de la Moselle
vient de faire, dans l’espace d’un mois, deux
T. 1. — l.
6
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE DÉCEMBRE).
pertes bien sensibles. M. J. -A. Lasaulce, direc-
teur de l’Ecole normale, ancien adjoint au maire
de Metz , né en cette ville le 22 thermidor
an VII, secrétaire de l’Association de 1843 à
1846, est mort le 31 octobre 1865. Dans ces
diverses fonctions, il avait beaucoup aidé aux
progrès pratiques de l’arboriculture, et avait
été constamment l’objet de l’estime et de la
bienveillance de tous ses collègues.
« Le 30 novembre suivant, est décédé en
exercice, à l’âge de cinquante-neuf ans, le di-
gne et estimable président de la même Société,
M. Adolphe Des Robert.
« En 1853 , il avait été appelé à présider la
Compagnie à laquelle il appartenait déjà depuis
un certain nombre d’années comme membre ti-
tulaire. C’était la juste récompense du zèle et
de l’impartialité dont il avait donné tant de
preuves, alors qu’il avait concouru aux opéra-
tions du jury des Expositions bisannuelles et
des Comités de visites des jardins.
(f Nul n’aimait plus sincèrement notre Asso-
ciation horticole, n’applaudissait plus franche-
ment aux succès des membres collaborateurs et
ne travaillait avec plus d’activité à lui concilier
l’estime et la considération publiques. Modeste
et désintéressé, il aimait à faire valoir les tra-
vaux de ses collègues et s’effaçait volontiers
pour leur laisser la place plus large et les met-
tre en évidence.
« Personne, à Metz, n’a oublié combien Des
Robert se multiplia pendant l’Exposition univer-
selle des produits de l’horticulture, qui fut si
brillante au chef-lieu du département de la Mo-
selle, en 1861, malgré une durée de quatre
mois consécutifs.
« C’est un des principaux titres, avec l’organi-
sation des cours d’arboriculture, commencés
dès 1853 par le savant professeur M. Du Breuil,
qui rendent la mémoire du président Des Ro-
bert chère aux horticulteurs mosellans.
« Pour nous qui l’avons vu de si près à l’œu-
vre, nous puiserons dans le souvenir de son in-
telligente collaboration une nouvelle preuve
que l’unité de vue est une puissance et que l’u-
nion c’est la force.
« F.-H. Chabert,
• Metz, 20 décembre 1865. »
Nous avons connu MM. Lasaulce et Des
Robert, et nous nous joignons de grand
cœur à l’expression des regrets que leur
mort inspire à M. Chabert. M. Lasaulce ap-
partenait par alliance à notre famille, et
toujours nous l’avons vu plein de sollici-
tude pour augnaenter l’instruction agricole et
horticole des instituteurs des campagnes.
Quant à M. Des Robert, il était le modèle
des présidents dévoués à leur association.
— Les Sociétés d’horticulture continuent à
préparer leurs Expositions du printemps
prochain. Nous avons à annoncer trois Ex-
positions de Sociétés étrangères pour le
mois d’avril, à Bruges du l^rau 3, à Genève
du 5 au 8, à Amsterdam du 14 au 19. On
sait que c’est à cette dernière que l’on doit se
rendre pour voir les plantes bulbeuses qui
font la gloire de l’horticulture hollandaise.
— Le Conseil de la Société royale d’hor-
ticulture a annoncé au public horticole une
nouvelle triste et inattendue. Le D'' Weir,
récemment nommé explorateur de la Société
pour l’Amérique du Sud, est resté paralysé
à la suite d’une attaque de fièvre paludéenne
dans le trajet de Bogota à Santa-Martha; sa
situation était extrêmement grave le 16 dé-
cembre 1865, et le Conseil s’est vu forcé de
faire un appel à la générosité des amis de
l’horticulture pour arracher à la misère un
de ses plus intrépides envoyés : « Le Con-
seil, a-t-on dit, ne peut affecter à cette des-
tination les fonds de la Compagnie. » Le
Gardeners" C/^romVfc relève hautement celle
interprétation littérale du règlement, et
pense que ce soldai de la science ne sera
pas abandonné par ses compatriotes. Tout
martyr de la cause scientifique, dit le rédac-
teurde l’excellentjournal anglais, a des droits
qui dépassent les limites étroites d’une So-
ciété, d’une secte et d’un parti. Les secours
doivent être adressés à M. J. Cokerel, se-
crétaire du Conseil de la Société royale
d’horticulture; nous croyons pouvoir affir-
mer que la générosité des amis de l’horti-
culture en Angleterre ne sera pas, cette fois
encore, au-dessous de sa réputation.
Les associations horticoles se multiplient
en Angleterre. A côté de la Société royales,
il y a à Londres la Société centrale. Voici
maintenant l’Institution libre {Gardeners'
royal benevoJent Institution). Cette dernière
vient de choisir pour son président le prince
de Galles, qui a accepté cette fonction, et a
immédiatement fait à l’Association un don
de 25 livres sterling.
La Société centrale d’horticulture (Cen-
tral Horticultnral Society), s’est réunie, le
13 décembre, sous la présidence de M. G.
Gordon. M. Hibberd a fait la lecture d’un
mémoire intéressant sur les arbrisseaux
baccifères. Une riche collection des espèces
qui étaient l’objet de ce mémoire se voyait
sur la table; on y remarquait le Cotoneaslcr
acnminata (connu aussi sous le nom de
C. Sinimondsii et Nepalensis) dont le ma-
gnifique spécimen avait une tige de cinq
pieds : Le Cotoneaster rolundifolia (G.
Hookerii), le Cotoneaster microphytla, etc.
Le but de M. Hibberd était de démontrer
que les horticulteurs n’ont pas besoin d’al-
ler chercher très-loin, pour rornement des
serres et des maisons d’habitation, de^ ar-
bustes qu’ils trouvent sous leurs mains dans
leur pays. Si la question ainsi envisagée n’a
pas une grande portée scientifique, elle in-
téressera néanmoins tous ceux qui aiment
les plantes : M. Hibberd n’en demandait
pas davantage.
— Nous trouvons dans \eGardeners' Chro-
nicte la description d’un mode de culture
des Chrysanthèmes qui étonnera plus d’un
lecteur. M. Haxvksford, AVellinglon Street,
Bliston^ possède une serre de 6 mètres de
7
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE DÉCEMBRE).
longueur sur 4 mètres de largeur. Les
Chrysanthèmes sont entourés d’un grand
j nombre de petits fourneaux alimentés par
du charbon de terre. L’atmosphère ambiante
est pleine de fumée plus ou moins sulfureuse
1 et l’eau des vases qui se trouve là en est re-
couverte d’une épaisse couche de suie.
Toutes ces conditions pourraient sembler
défavorables au premier abord; il n’en est
rien. Les Chrysanthèmes s’y développent
parfaitement.
Les principales variétés qu’on y remar-
j que sont les suivantes : Le Prince Albert,
1 sujet en fleurs; Nil desperandiim ; Lady
I Harding; Fleur- de-Marie ; Jenny Lind;
Golden qjieen of England j Alfred Salter,
Jardin des Plantes, Mistress Cunningham;
I Dupont de l’Eure et Boadicea. Toutes ces
plantes se portent à merveille.
Le Gardeners' Chrorncley en signalant ce
mode de culture, ne semble faire aucune
I réserve; nous le faisons connaître aux hor-
ticulteurs français, afin qu’ils l’expérimen-
icnt.
— Nousavons reçu une lettre circulaire que
le Comité exécutif de l’Exposition interna-
tionale d’horticulture et du Congrès botani-
que, qui doivent se tenir à Londres du 22 au
20 mai 1866, a adressée aux amis de l’hor-
ticulture et de la botanique. La reine Vic-
toria et le prince de Galles ont accepté le
patronage de ces solennités.
Voici la traduction de la circulaire :
« Monsieur.
« Je demande la permission de vous informer
que, du 22 au 25 mai 1866, il y aura à Londres
une grande Exposition horticole internationale
et un Congrès botanique que nous vous prions
spécialement d’honorer de votre présence.
« L’Exposition se tiendra àSouth-Kensington,
dans les jardins de la Société royale d’horticul-
ture où des récompenses seront accordées pour
les fleurs, les fruits et les ustensiles : elles s’é-
lèveront à une somme de 2,500 livres st. environ
(62, 500 fr.). Le Congrès seraprésidéparM. de Can-
dolle, qui fera un discours d’ouverture ; on n’y
' consacrera que deux matinées pour la lecture
et la discussion des notices imprimées et tra-
duites.
« La commission administrative fera tous ses
I efforts pour que les jardins bien disposés d’ail-
ti leurs et qui offrent des spécimens magnifiques
i; et caratéristiques de riiorliciiltui e anglaise
? soient ouverts aux visiteurs étrangers. Pour
J faciliter les relations amicales des nations et
l'échange de toutes les idées, deux couver sa-
2 mm seront instituées ainsi qu’un banquet auquel
vous êtes spécialement invité comme hôte. Il
est nécessaire néanmoins, quant au banquet,
que le Comité sache, le 1er mars 1866 au plus
tard, si vous devez honorer lemeeling de voire
présence.
' _ « En portant ces faits à votre connaissance,
, Je dois vous demander si vous vous proposez de
! laire au Congrès l’honneur d’une communication
nin mémoire^, une réponse prompte nous ren-
drait plus faciles nos dispositions à cet égard.
« Si vous désiriez communiquer un article
(un mémoire) au Congrès, je vous prie de nous
le faire savoir en nous répondant, et de nous
adresser le mémoire même pas plus tard que le
31 mars, afin qu’il soit imprimé dans votre lan-
gue et accompagné d’une traduction anglaise.
« Dans le cas où vous pourriez accepter l’in-
vitation, voulez-vous nous envoyer aussitôt que
possible la forme précise dans laquelle vous
voudriez voir votre nom figurer dans la liste des
visiteurs.
« J’ai l’honneur d’être, etc.
« Berthold Seemân, »
« Secrétaire honoraire du Congrès,
57, Vindsor, Road, London N. "
« 5 décembre 1865. »
Voici maintenant la traduction des réso-
lutions prises par le Comité exécutif présidé
par sir G. Wentworth Delke, et dont les bu-
reaux sont : 1, William Street, near Albert
Gâte, Kinghts bridge, S. W., Londres.
Il a été résolu ;
\o Qu’il y aura à Londres en 1866 (proba-
blement dans le jardin de la Société royale
d’horticulture, à South Kensington) une grande
Exposition horticole internationale et un Con-
grès botanique qui durera quatre jours (du 22
au 25 mai), et auquel seront invités les premiers
botanistes et horticulteurs de l’Europe entière ;
2° Qu’il y aura deux meetings du matin (de
la nature d’un Congrès, sous la présidence de
M. de Candolle), on y lira des mémoires des
pricipaux botanistes et horticulteurs. Ces mé-
moire s, imprimés en anglais, en français ou en
allemand seront distribués et on les discutera;
3o Qu’il y aura deux conversazioni dans les-
quelles les étrangers invités pourront se ren-
contrer avec nos premiers botanistes, horti-
culteurs et exposants;
Qu’il y aura un grand banquet auquel se-
ront invités les visiteurs étrangers et auquel les
dames souscrivantes pourront être admises.
Billet : 3 guinées chacun (78C75);
5» Que la Commission s’efforcera de rendre
accessibles aux visiteurs les jardins qui présen -
tent les traits les plus caractéristiques de l’hor-
ticulture anglaise, tels que l’art des primeurs
et de la décoration;
6« Qu’une liste de souscription sera ouverte
pour obtenir des fonds nécessaires à la forma-
tion des récompenses libres (2,500 livres st.
environ), l’érection totale ou partielle de l’édifice
de l’Exposition, la réception des visiteurs étran-
gers, les dépenses de main-d’œuvre nécessaires
et la formation d’un capital;
7" Que les dames ou les gentlemen qui auront
souscrit pour iO guinées (262C50) auront droit
à un billet de banque de la valeur de 3 livres
3 shellings; à une carte d’invitation à chacune
des soirées, valable pour eux-mêmes et pour
deux de leurs amis, à huit billets d’entrée pour
l’Exposition horticole, quand l’entrée est de
une guinée par personne. Les souscripteurs
pour cinq guinées recevront une carte d’invita-
tion pour chaque soirée, valable pour eux-
mêmes et deux amis et quatre billets d’entrée
à l’Exposition. Les souscripteurs d’une somme
moindre auront des avantages proportionnés;
8» Les billets des souscripteurs peuvent à
leur gré être changés et transformés en carte
8
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE DÉCEMBRE).
du banquet; trois billets d’entrée à l’Exposition
seront changés en un dîner pourvu que l’in-
tention de cet échange soit manifestée avant le
31 mars. Les billets de souscripteur qui n’auront
pas servi le jour de l’ouverture seront acceptés
un des jours suivants de la manière dont on
décidera plus lard.
L’Angleterre donne l’exemple de dépen-
ses que l’horticulture française n’oserait
guère demander.
Nous en sommes encore à rechercher
comment on attirera les horticulteurs à
l’Exposition universelle de 1867; la ques-
tion des frais de transport n’est même pas
résolue, et à ce sujet nous croyons devoir
publier la lettre suivante que nous adressent
MM. Ballet frères. Déjà nous avons fait
connaître l’espèce d’agitation qu’ils ont faite
pour arriver à obtenir quelques adoucisse-
ments de la part des Compogniesde chemin
de fer, et la fin de non-recevoir qui avait
accueilli leurs démarches. Nous espérons
que, cette fois, ils seront plus heureux :
« Monsieur le Directeur,
« Nous poursuivons toujours la question de
l’amélioration du transport des végétaux par
les voies ferrées. Les obstacles ne manquent
pas ; mais nous croyons avoir trouvé un dernier
moyen qui devra hâter la solution de cette ques-
tion importante.
« Sur notre proposition, le Comité de l’Aube
pour l’Exposition universelle de 1867 a de-
mandé à la Commission supérieure de Paris
que « les produits vivants de l’agriculture et
de l’horticulture admis à l’Exposition univer-
selle soient autorisés à voyager en grande
vitesse, tout en restant soumis au tarif de la
petite vitesse, avec les réductions qui seront
probablement accordées par les Compagnies.
« Il serait à désirer que les quatre-vingt-neuf
comités départementaux émissent un vœu sem-
blable. La France ne tarderait pas à avoir pour
l’Exposition de 1867, et pour toutes ses Expo-
sitions, les faveurs accordées enBelgique d’après
la demande de la Fédération des Sociétés d’hor-
ticulture, alors le commerce des végétaux pour-
rait espérer d’obtenir les réductions sur la
durée et le prix de transport par chemin de fer,
qui lui sont si nécessaires.
<f Veuillez agréer, etc.
« Baltet frères,
« Horticulteurs à Troyes» »
Nous terminons cette chronique par l’a-
nonce d’une bonne nouvelle, M. Eugène
Forney fera cette année deux cours publics
et gratuits sur la taille des arbres fruitiers à
l’amphithéâtre de l’Ecole de médecine : le
premier, en dix leçons, est déjà commencé,
il se fait chaque dimanche à 2 heures; le
deuxième commencera le mardi 16 janvier à
9 heures 1/4 du matin et sera continué les
mardis et vendredis de chaque semaine.
La première leçon traitera du choix et de
la plantation des meilleurs variétés de fruits.
Nous remettons à notre prochaine chro-
nique plusieurs lettres sur divers sujets de
polémique. Le défaut de place et de temps
nous empêche d’approfondir les questions
qu’ils soulèvent.
J. A. Barral
DEUX NOUVELLES VARIÉTÉS DE GLAÏEULS \
Monsieur le Directeur,
J’aime les Glaïeuls, pour les jouissances
qu’ils me procurent chaque année pendant
près de trois mois; et j’espère que vous
voudrez bien m’accorder le concours de
votre excellent Journal, pour faire connaître
deux plantes qui doivent faire cette année
leur entrée dans le monde horticole. Leur
obtenteur, M. Paulin Leveau, horticulteur à
Fontainebleau, semeur intelligent et persé-
vérant, travaille depuis près de dix ans
au perfectionnement de cette famille si
riche en belles variétés. Nous lui devons de
bonnes plantes, parmi lesquelles je ne citerai
que le Prince Impérial et l’Ornement des
parterres, tous deux d’une rusticité à toute
1. Lorsque la planche coloriée ci-jointe a été
faite, il y a quelques mois, et lorsque nous avons
reçu l’article de M. d’Auvers, nous ne savions pas
que déjà un Glaïeul avait reçu le nom de Maréchal
Vaillant, ainsi que cela résulte des catalogues de la
maison Vilmorin et de MM. Loise et Verdier. Pour
éviter tout malentendu, nos lecteurs pourront rem-
placer le nom de Maréchal Vaillant par celui de
Glaïeul Empereur Napoléon. J.-A. B.
épreuve, et aussi remarquables par la
beauté du rameau que par la grandeur et le
coloris de la fleur.
Les deux nouveautés, que représente la
gravure coloriée ci-contre, sont :
1 . — Marquise de Pompadoiir, gracieuse
comme son nom. Son coloris carmin lilacé
pâle est complètement nouveau, et ses
stries de même couleur, mais beaucoup plus
foncées, laplacenten premier ordre parmi les
plantes panachées, dont le nombre est en-
core très-restreint.
2. — Maréchal Vaillant, de première gran-
deur ; remarquable surtout par sa large
macule blanc pur, qui donne au coloris
vermillon brillant de la fleur un éclat tout
particulier.
Ces deux plantes se trouveront cette
année chez M. Loise, marchand grainetier,
quai aux Fleurs, n<> 3, à Paris, auteur d’une
excellente notice sur la culture du Glaïeul,
publiée par la Remie en 1864.
Peu de plantes de pleine terre présentent,
dans une même famille, une aussi grande
DEUX NOUVELLES VARIÉTÉS DE GLAÏEULS.
variété de tons que le Glaïeul. Si le lilas et
le violet n’existent pas ou tout au moins
fort peu, on est sur la route ; et il ne faut
pas désespérer de l’avenir. Mais que de ri-
chesses dans les tons roses et rouges ; ainsi
que dans les blancs et les jaunes, soit unis,
soit panachés. Aussi les Glaïeuls sont-ils
un des plus beaux ornements de nos sa-
lons; lorsque surtout, groupés par une.
main habile, ils sont entremêlés de quelques
rameaux de verdure légère qui accompa-
gnent les heurs et les font briller de tout
leur éclat.
Yeuillez agréer, etc,
E. d’Auyers.
TROIS
I Les trois Fraisiers dont la gravure coloriée
ci-jointe représente quelques fruits dessinés
I d’après nature, sont d’introduction toute
récente dans nos cultures. Nous les avons
éprouvés depuis trois ans dans nos jardins
et nous avens, en outre, pu nous convaincre
de leur mérite chez les obtenteurs mêmes,
de sorte que nous pouvons, en toute con-
fiance, les recommander à l’attention des
\ amateurs. .
i[ 1. — Bijou, obtenu de semis par M. de
i Jonghe, auquel nous sommes déjà redeva-
; I blés de beaucoup de variétés hors ligne. C’est
I une plante basse, trapue, rustique, bien que
I d’une croissance modérée, produisant fort
f peu de coulants , ce qui, aux yeux de beau-
I coup de personnes, n’est pas un mince avan-
1 tage. Le fruit est de bonne grosseur moyenne,
de jolie forme conique ou ovale, d’un rose
i vif glacé, avec les graines jaunes très-sail-
! lantes, placées dans un ordre symétrique par-
fait, ce qui lui donne une très-jolie appa-
rence. La chair est pleine, d’un blanc mat,
ferme, juteuse, sucrée, parfumée, excellente.
Maturité assez tardive et très-fertile.
2. — Premier, obtenu par M. Rutfet, jar-
dinier de feu lord Palmerston. Plante d’une
vigueur et d’une rusticité peu communes dans
toute espèce de sol. Fruit gros ou très-gros,
de forme arrondie, les plus gros lobés, repré-
sentant assez bien un melon en miniature ,
d’un rouge vermillon vif glacé! Graines sail-
lantes. Chair rose veinée de rouge, à cavité
centrale, fondante, très-juteuse, très-sucrée,
parfumée d’un goût très-agréable. Matu-
rité moyenne et très-productive.
SÉC4TEUR POUR ÉGLANTIERS
On a pu remarquer, à l’Exposition ouverte
l’été dernier par la Société centrale d’horti-
culture, au palais de l’Industrie, deux in-
struments nouveaux, dont le mode d’action
était basé sur le principe des roues dentées,
ce qui ne s’est encore guère vu dans les
outils destinés à la taille des arbres. Ces
deux instruments étaient construits par
M. Hardivillé, coutelier, rue Saint-Jacques,
218, à Paris ; leur auteur a été récompensé
NOUVELLES.
3. _ Fairy Queen (Reine léerique), est
un des beaux gains obtenus depuis quelques
années au potager royal de Frogmore, près
Windsor, et il mérite une mention toute
spéciale .
^ La plante est très-rustique, bien que d’une
croissance modérée, provenant d’un croi-
sement entre Carolina superba et Prince
of Wales. Le fruit est de belle grosseur,
d’une jolie forme conique et de couleur
rose-orangé. Les graines sont très-saillantes,
la chair pleine, blanc pur, ferme, très-
sucrée, fondante, parfumée, iVune finesse
de goût extraordinaire. En effet, peu de
fraises peuvent lui être comparées sous ce
rapport. .
Le Fraisier Fairy Queen est d’une ferti-
lité étonnante et produit ses délicieux fruits
successivement pendant toute la durée des
grosses Fraises. Au potager de Frogmore,
on cultive la Fairy Queen en pots avec
beaucoup de succès.
Dans un prochain article nous donnerons
la description de quelques autres variétés
distinguées, provenant également du potager
de Frogmore, entre autres John Powell,
Cockscomb, Elton improved, que nous ne
saurions trop recommander aux vrais ama-
teurs et dont, ainsique des trois Fraises figu-
rées dans ce numéro de la Revue, nous
tenons du plant à leur disposition à des
prix modérés.
Ferdinand Gloede,
aux Sablons,
par Moret-sur-Loing (Seine^et-Marne).
[’ ÉBRANCHEUR A CRÉMAILLÈRE.
par une médaille d’argent de première
classe.
Le premier est un sécateur à Eglantier ou
habilleur d’Églantier. Tout le monde connaît
l’opération nommée habillage, qui consiste
à retrancher, avant la plantation des Eglan-
tiers, le fort chicot du vieux bois des racines
et l’excédant de longueur de la tige. Cette
opération, qui demande du soin pour ne pas
écraser ou blesser l’écorce des racines à
19
SÉCATELR POUR ÉGLANTIERS ET ÉBRANCHEUR A CRÉMAILLÈRE.
conserver, puisque dans le Rosier les plaies I fait à la scie ou au moyen d’un sécateur
de cette nature ne se guérissent pas, se I spécial fixé sur un billot. Mais il faut un
K'
O, 1GU . -îj
Fig. 1. — Habilleur d’Églantiers à crémaillère.
sécateur d’une assez grande puissance, et
plus faci-
M. Hardivillé a pensé à l’obtenir
lement parl’application d’un
engrenage dans la transmis-
sion de la force du moteur.
Comme on peut le voir
par la figure 1 , le corps de
cet outil est une coulisse
dont une des extrémités se
relève et forme une sorte de
crochet de sécateur. Dans
cette coulisse glisse la lame,
portant une queue à crémail-
lère, avec laquelle vient
s’engrener une roue dentée
sur les trois quarts de son
pourtour. Cette roue fait
corps avec un bras de levier
qui sert à la faire mou-
voir. La force appliquée sur
le bras est transmise par la
roue à la crémaillère, qui
fait glisser la lame jusqu’au
crochet et opère une sec-
tion nette et rapide.
L’emploi de cet instru-
ment pour rhabillage des
Églantiers n’évitera pas le
parage indispensable à la
serpette , puisque , comme
toute cisaille, il occasionne pig. 2.
un écrasement sur les bords
de la partie coupée; mais, par une ap-
plication plus sûre et un emploi plus com-
plet de la force de l’ouvrier, il permettra
un travail plus rapide, mieux fait et moins
pénible. Son prix est do
45 francs.
Le second instrument
(fig. 2) est un ébrancheur-
échenilloir qni peut servir
aussi pour la taille des ar-
bres fruitiers, et l’ébour-
geonnage.
Il est construit sur le
même principe que le pré-
cédent, et, à cause do
sa force, il peut rendre
certainement de grands ser-
vices.
L’inventeur en cons-
truit de plusieurs dimen-
sions; avec les plus grands,
on peut couper jusqu’à
des branches de 0*".04
de diamètre; les plus pe-
tits, qui portent le crochet
moins recourbé, sont pro-
pres surtout à l’ébourgeon-
nage et à toutes les déli-
cates opérations de la taille
en vert : tous sont très-
bons pour l’échenillage. Le
prix des ébrancheurs de
M. Hardivillé est de 12,
15 et 20 francs, suivant la
grandeur et la force de la lame.
A. Ferlet.
Ébrancheur à crémaillère.
/leviw BorticoLe.
i
i
A Ltfévre
lmp. Zanote rae cfeS Bovlav^ers. 15. Pans.
Fraises nouvelles provenaiit des Cultures de M.CIoëde
1. Bijou._2.The Frcmier 5. Faiiy (jueen .
’ocreujc rmx*'
lmp Zanote rue des Boulan^esrs^ 15, Pans
Glaïeuls
R Cl' lie Uoehi'olc
1. Marquise de Poinpadour.
2. Maréchal Vaillant,
!
UNE LOCALITÉ PTÉRYGOLOGIQUE.
Sur la rive occidentale du lac Majeur, en
face des îles Borroinées, laroute du Simplon
traverse le village de Stresa. Dominée par
des pentes couvertes de Châtaigniers, elle
suit exactement les contours de la côte.
Pour la tracer , on a entamé les couches
de micaschiste, dont la monlagne est for-
mée, sur une longueur d’un kilomètre en-
viron ; ces couches rompues forment un
petit escarpement qui ne cesse qu’aux murs
de la villa Pallavicini. Dans ce court espace,
j’ai recueilli douze espèces de Fougères et
de Lycopodes végétant sur ces rochers. D
ne faut pas s’en étonner. Toutes les condi-
tions favorables à la végélation de ces plan-
tes se trouvent réunies sur ce point. Les
rochers sont tournés vers le nord et ombra-
gés supérieurement par des arbres ; la
roche se décompose naturellement en un
terreau noir rempli de particules de mica;
de petits filets d’eau descendent de tous les
cotés le long des rochers, s’infdtrent entre
leurs couches et se versent dans un fossé
toujours rempli; le lac est éloigné de 10 à
20 mètres et l’évaporation de cette grande
surface entretient dans Pair une humidité
constante.
Les conditions de température ne sont
pas moins favorables. La végétation phané-
rogamique nous démontre que les étés ne
sont point trop chauds; en effet, beaucoup
de plantes subalpines du Motterone
(1,491 m.) descendent jusqu’au niveau du
lac Majeur, élevé lui-même de 213 mètres
au-dessus de la mer. Je me contenterai de
citer Vaccinium myrtiUus, SaJvia sclarea,
Spirœa aruncus et Aslranlia 7ïwjor : d’au-
tres végétaux, sans être précisément subal-
pins, ne peuvent s’accommoder que d’étés
tempérés, tels sont l’Aune, le Houx, le Ge-
névrier commun, le Bouleau, le Rhaninns
frangula, le Galeobdolon lutemn eÜeScntel-
laria galericnlala.
Les hivers ne sont pas froids ; la preuve en
est dans les Orangers en pleine terre de V Isola
hella, située presqu’en face de Stresa, les
Lauriers roses doubles sans abri, les Lau-
riers d’Apollon de 2"L26 de circonférence
et le magnifique camplwra de 2"L35
à 1 mètre du sol. Hibiscus syriacns, les
Lagerstræmia Indica , les Camellia, les
Azedarachs, les Albizzia Julibrizin et les
Acacia dealbata de la villa Pallavicini, si-
tuée au centre de notre localité ptérygologi-
que, indiquent également des hivers excep-
tionnellement doux pour cette latitude. Ce
n’est point que les Fougères que je vais
énumérer soient des plantes de pays chauds,
le contraire serait plutôt vrai, mais en l’ab-
sence de la neige qui blanchit rarement les
bords du lac Majeur, la douceur des hivers
a dû favoriser leur végétation et la propaga-
tion de leurs spores. Toutes ces Fougères
se retrouvent dans les bois de Châtaigniers
qui dominent la route, et elles se sèment
sur cet escarpement de micaschiste comme
sur les murs des serres chaudes où l’on
cultive des Fougères exotiques. Nous voyons
donc se reproduire ici dans la nature un
fait dont nous sommes habituellement té-
moins dans nos cultures artificielles.
Je donne ici la liste de ces L’ougères qui,
sauf les espèces habitant ordinairement les
murs , telles que Polypodium vulgare ,
Asplénium recta-muraria, A. trichomanes
et A. adianthuîn-nigrum, sont plus petites
que dans les bois qui dominent les rochers.
Osmunda regalis, Pleris aquilina et Asjn-
dium filix-mas sont même tellement rabou-
gries qu’on a peine à les reconnaître au
premier abord. La première de ces Fougè-
res ne dépasse pas 0“*.10 â 0"L20 ,
tandis que dans les bois ses frondes ac-
quièrent souvent une longueur de 1"L50.
Cette belle espèce est très-commune dans
les lieux ombragés, depuis Mergozzo jusqu’à
Arona. Peut-être faudrait-il ajouter à cette
liste une autre belle espèce, le Slruthiopteris
germanica. Wild.,que M. John Bail signale ’
dans cette partie du lac, mais que j’y ai
vraiement cherchée.
Lüte des Fougères qui croisseul sponlanéme?ü sur
les escarpements de micaschiste près de Stresa
(tac Majeur).
Osmunda regalis. L. Piochers humides et fo-
rêts.
Polypodium vulgare. L. Piochers et murs secs.
P. calcareum. Sm. Murs de la villa Pallavi-
cini.
Aspidium filix-mas. Sw. Naine sur les rochers;
grande dans les bois.
Asplénium recta-mur aria. L. Fentes des murs
et des rochers secs.
A. adiantlium-nigrum. L. Fentes des rochers
et murs humides.
A. trichomanes. L. Rochers et murs secs.
A. jilix-fœmina. Bernh. Dans les bois de Châ-
taigniers. .
Scolopendrium offteinarum. Sw. Ruisseaux et
grottes humides.
Blechnum spicant. Roth. Rochers et bois humi-
des.
Pteris aquilina. L. Commun surtout dans les
clairières des bois.
Adianthum capillus-veneris. L. Murs et grottes
humides.
Lgcopodiacées.
Selaginella helvetica. Spr. Rochers humides,
formant des plaques de à 0™<=.G.
Ch. Martins.
1. Guide to the western Alpes, p. 348.
ARBRE GÉNÉALOGIQUE DU GROUPE PÊCHER. - IV L
Ce qui nous conduit encore à admettre
que le Pêcher est une forme de l’Amandier,
c’est l’étude des glandes dont sont munies
les feuilles. Dans tous les Amandiers, en
effet, les glandes sont globuleuses, mais on
remarque, lorsqu’on a affaire à une variété
très-modifiée, qu’il arrive fréquemment que
sur les parties vigoureuses on rencontre des
feuilles munies de glandes mixtes c’est-à-
dire cucullées et même réniformes. De
celles-là à celles-ci, il n’y a qu’un très-petit
pas
Nous avons donc supposé que chez le
Pêcher type, les glandes sont réniformes.
Cette supposition a d’autant plus de chance
d’être l’expression de la vérité, que tous
les individus que, jusqu'ici, nous avons re-
çus de la Chine, qui parait être la véritable
patrie du Pêcher, sont à glandes réniformes^.
Des glandes réniformes on passe aux glan-
des globuleuses, qui sont en général très-
petites et peu nombreuses, et c’est ainsi
qu’on arrive aux Pêchers à feuilles dépour-
vues de glandes, qui forment la troisième
section de chacune des quatre tribus que
comprend le groupe Pêcher,
Cette dernière modification (l’absence des
glandes sur les feuilles) paraît être sinon la
plus importante, du moins celle qui semble
démontrer une modification plus profonde
de l’organisme. En effet, s’il y a de bons
^ Voir les du l®*" août, page 292 ; du 16 sep-
tembre, page 354 ; du l®»" novembre, page 417.
2 Nous connaissons un Amandier-Pèclier, dont les
fleurs rosacées, très-grandes, ne présentent aucune
didérence avec celles de certaines variétés de Pê-
chers. Ajoutons que les glandes placées sur le pétiole
sont très-longues, peu saillantes et subrôniformes.
Nous n’en connaissons pas le fruit. L’aspect de l’arbre
et la forme des feuilles sont ceux que présentent
l’Amandier commun.
3. Ce que nous disons « que les Pêchers sont ori-
ginaires de la Chine » n’est toutefois qu’une hypo-
thèse qui, bien qu’en apparence justifiée par les
observations, pourra néanmoins présenter des excep-
tions. On ne doit jamais oublier dans ces circon-
stances, que ne pouvant arriver à la vérité absolue
il faut se contenter de vérités relatives, et qu’on
doit formuler son opinion d’après'des probabilités.
Or, les faits sur lesquels nous appuyons notre juge-
ment semblent présenter cet avantage.
Du reste l’admission de cette dernière hypothèse
n’annule pas celle que nous avons émise « que le
Pêcher n’est qu’une forme de l’Amandier » car les
formes étant locales et relatives, les modifications
ont pu être plus profondes en Chine qu’en Europe.
Nais d’autre part, aussi l’Amandier étant d’origine
asiatique, qui pourrait dire de quelle partie de l’A-
sie il est originaire? Même en admettant qu’il ne
soit pas originaire de la Chine, qui sait s’il n’y a pas
été introduit il y a des milliers d’années? 11 y a
plus, comme on peut arriver à un même point pm*
des voies différentes, qui pourrait assurer qu’il n’y
a pas, en Chine, plusieurs types d’Amandiers ou de
types analogues, et qu’alors l’un deux n’a pas pro-
duit des races qui, en se modiliant par la culture,
sont devenues les Pêchers qu’on renconlrc aujourd’hui
dans ce pays ?
fruits dans les Pêchers à glandes, soit réni-
formes, soit globuleuses, il y en a également
de mauvais; tandis que dans les variétés à
feuilles dépourvues de glandes, il est rare
qu’on en trouve de mauvais. Ajoutons queles
variétés qui présentent ce dernier caractère
sont en général plus délicates, et surtout
que les arbres sont très-sujets à être atta-
qués par cette maladie qu’on nomme blanc
des Pêchers (Oïdium Persû‘û?),fait qui semble
justifier l’hypothèse que nous émettons :
î Que les Pêchers à feuilles dépourvues de
glandes sont apparus les derniers, que, par
conséquent, ils so»t le résultat d’une culture,
plus longue, plus perfectionnée, pourrait-on
dire. »
La marche que nous avons indiquée, re-
lativement à l’apparition successive des va-
riétés de Pêchers d’après la forme des
glandes, nous paraît d’autant plus probable,
que chez certaines variétés à feuilles dé-
pourvues de glandes et fortement dentées,
on trouve parfois, à la base des plis formés
par le limbe des fendilles, de très-petites
glandes globuleuses, ce qui semble démon-
trer que celles-ci ont servi de passage pour
arriver à la série des variétés dont les
feuilles sont dépourvues de glandes.
Ire partie
Description de l’arbre (jénéalogique du groupe Pê-
— Son ctpplicalion pratique au classement de
diverses variétés de ce groupe.
Par suite des considérations que nous
avons exposées précédemment, et ayant ad-
mis comme base, que le Pêcher, lorsqu’il
est apparu dans nos cultures, présentait les
caractères que nous avons fait connaître,
nous supposons que l’évolution postérieure
et successive qui a déterminé la formation
des Tribus, puis des Races, s’est effectuée
de la manière suivante.
Du tronc A, qui représente le type Pé-
cher dans notre tableau généalogique pu-
blié l’année dernière (vol. de 1805, page ï29l2),
s’est développée une première branche
BB. Cette branche, qui a pour caractère
général essentiel de porter des fruits qui
ont la peau velue et la chair adhérente,
constitue la Tribu des PèghersPerséquiers;
ces caractères sont propres à toutes les variétés
qu’elle porte. Sur cette branche, que nous
pourrons considérer comme un arbre parti-
culier, le premier rameau qui s’est dévelop-
pé, qui constitue la première section de
cette tribu, et que nous marquons par les
lettres a a, a, pour caractère essentiel, des
feuilles munies de glandes réniformes, ca-
ractère qui est commun à toutes les variétés
que comprend ce rameau. Ce premier ra-
meau porte trois ramifications principales,
13
arbre" généalogique du groupe pêcher. — IV,
La première, n»!,!, porte des fruits à cliair
blanche; la ramiticalion n» 2, 2, porte des
fruits à cliair jaune ; enfin la rainificalion
n» 3 porte des fruits à chair rouge. Sur
chacune de ces branches secondaires s’en
développent deux autres; nps 4,5, 0,7, 8, 9;
les nos 4,0,8, se rapportent à des variétés
à fleurs ccimpmil(icées\ les nos 5, 7,9, au
contraire, se rapportent à des variétés à
fleurs rosacées. Chacune de ces branches
se ramifiera à son tour, autant de fois que
cela est nécessaire d'après la couleur des
fleurs, de manière que chaque ramification
corresponde à une couleur particulière, soit
rose, soit blanche K
CAamÈiir,
CULTURE DU GOYAVIER SOUS VERRE.
On sait à quel degré de prospérité la cul-
ture sous verre de nos arbres fruitiers est
arrivée en Angleterre; mais comme, en fait
de culture, tout se tient, il n’est pas difficile
de prévoir quele journ’estpas éloigné où les
fruits des tropiques seront tout aussi régu-
lièrement récoltés chez nos voisins que les
Raisins et les Pêches. Les essais datentdéjà,
pour quelques-uns du moins ,de bien des
années; s’ils n’ont pas été poursuivis, cela
a tenu à des difficultés économiques qui
n’existent plus aujourd’hui. Le verre est
tombé à si bas prix, qu’on ne considère
presque plus comme une. dépense la couver-
ture vitrée d’une serre; les appareils de
chauffage se sont grandement perfectionnés;
les méthodes de culture sont mieux raison-
nées, et enfin, on trouve plus facilement
qu’autrefois des jardiniers instruits. Joignez
à cela des goûts de luxe plus développés, et
vous aurez l’explication des tentatives nou-
velles de quelques pomiculteurs anglais pour
acclimater dans leurs orcJuml liouses les
arbres fruitiers de l’Inde et de l’Amérique
tropicale.
En attendant que nous entretenions le pu-
blic de la Revue de ce qu’ils ont déjà fait
pour s’approprier la Mangue, le Durio et le
Mangoustan, nous pouvons mettre sous leurs
yeux les recommandations de M. Saul, jar-
dinier à Stourton , au sujet du Goyavier,
arbre qui n’est guère plus exigeant , en fait
de chaleur, que l’Oranger, et qui se contente
parfaitement d’une serre à vignes. M. Saul se
rappelle qu’à l’époque où il était employé chez
un gentleman du voisinage, en qualité de
jardinier chef, il y avait un Goyavier en
pleine terre et palissé sur le mur de fond
de la serre à vignes. Les Vignes étaient prin-
cipalement des Muscats ; on les faisait en-
trer en végétation vers la fin de mars, et
elles mûrissaient leurs fruits en septembre
et octobre. La température qu’on entrete-
nait dans cette serre convenait parfaitement
au Goyavier, car il y poussait vigoureusement
et donnait en quantité de très-beau et très-
bon fruit. Pendant l’hiver , quand la Vigne
était en repos, le Goyavier ne recevait pas
une goutte d’eau; et, du reste, il n’avait pas
à craindre le froid , attendu que , dans cette
serre , la température ne s’abaissait jamais
au-dessous de 4 degrés centigrades. On le
taillaittrès-peu, ouplutot on sebornait à en
éclaircir les branches quand on les jugeait
mal placées, mais on l’arrosait copieusement
lorsqu’il était en pleine végétation. A cela
se bornaient les soins qu’on lui donnait, ce
qui ne l’empêchait pas de récompenser gé-
néreusementson propriétaire. Au total, ajoute
M. Saul , cet arbre ne nous donnait pas le
quart de la peine qu’exigent nos arbres or-
dinaires, quand on les cultive sous verre
pour en obtenir des fruits.
Les Goyaviers sont des arbrisseaux de
3 à 4 mètres à l’état sauvage, mais qui de-
viennent parfois tout à fait des arbres lors-
qu’ils sont en bonne terre et surtout quand
on les soigne. Aux Antilles, où ils sont com-
muns, on en distingue deux espèces ou deux
variétés, le Goyavier blanc et le Goyavier
rouge. Le fruit du premier est de beaucoup
le plus estimé ; il est recherché des Euro-
péens autant que des indigènes, et sert
d’ailleurs , comme celui du Goyavier rouge,
à faire des compotes qui s’exportent jusqu’en
Europe.
Les Goyaviers se multiplient de graines,
mais très-facilement aussi de boutures,
qu’on prend sur du bois à demi-aoùté. Ces
boutures se plantent dans des godets rem-
plis de terre siliceuse, qu’on plonge dans
la tannée de la serre chauffée à 25 ou 26 de-
grés. On les couvre ensuite d’une clo-
che , pour maintenir l’humidité autour
d’elles, mais, dès qu’elles sont reprises, on
les découvre graduellement, puis, un peu
plus tard, on les empote dans des pots
bien drainés. Par trois ou quatre empotages
successifs, faits à propos , dans une bonne
terre meuble, amendée et bien drainée , on
arrive à en faire des arbustes vigoureux de
près d’un mètre de hauteur à la fin de la
l.Varûmrs, blanches nous entendons, Id, celles qui
ne présentent aucune autre couleur, telles sont par
exemple celles du Pécher dit blanche d’/hnérique
{Whiteblossoni), du Pêcher à fleurs blanches doubles
de Chine, etc, .Toutes les autres fleurs sont considé-
rées comme étant roses, bien que parmi il y en ait
qui présentent de nuances très-dilTérentes, soit
très-foncées, comme celles du Pécher à fleurs rouges
doubles delà Chine, soit, au contraire, à fleurs car-
nées ou d’un rose très-pâle, comme sont celles du
Pêcher-Malle , du Prugnonnier à fruits blancs, etc,
CULTURE DU GOYAVIER SOUS VERRE.
U
première année. Ils passent l’hiver en serre
tempérée, et ne reçoivent que juste ce qu’il
leur faut d’arrosage pour se maintenir en
bon état. Au printemps suivant, on active
leur végétation , et on les rempote deux ou
même trois fois dans le cours de l’année,
dans des vases de plus en plus grands.
L’année suivante, ils commencent àOeurir et
à donner quelques fruits; mais leur produc-
tivité est beaucoup plus grande tà leur qua-
trième année, et ne fait que s’accroître avec
l’âge, surtout si, au lieu de les tenir en
pots, on a pu les mettre en pleine terre,
dans un endroit bien éclairé de la serre.
D’après ceci , le Goyavier serait un arbre
très-facile à élever en France, pour peu qu’on
le mît à l’abri du froid sous une toiture de
verre; et sa culture pourrait devenir un agréa-
ble passe-temps pour les curieux. Ajoutons
qu’il réussit fort bien à Alger, en plein air, et
que, même en Provence, il donne des fruits
qu’à la rigueur on peut trouver bons. Il est
probable, du reste, qu’il y a ici, comme ail-
leurs, des variétés fort différentes de valeur,
et qu’il y aurait un choix à faire.
Naudin.
SUR L’ORIGINE DU PINCEMENT COURT
.APPLIQUÉ AUX ARBRES FRUITIERS,
Dans un article portant le même titre que
celui-ci, inséré dans la Revue du fer décem-
bre 18G5 (p. 452), M. Cbauvelot attribue la
découverte du pincement à La Quintinye.
Comme sa croyance nous semble on ne peut
plus consciencieuse, et que nous sentons
que la nôtre l’est tout autant, nous nous
permettrons ici l’échange de quelques ré-
flexions à ce sujet.
M. Cbauvelot dit d’une manière cbar-
mante qu’il ne connaît pas le pincement in-
finiment court. Qu’il me permette alors, en
commençant, de lui en dire quelques mots.
Il connaît le pincement court de La Quin-
tinye, évidemment aussi celui de M. Grin ,
notre contemporain. Il ne niera pas que l’un
et l’autre n’ont qu’un seul but : la fruclifi-
cation; que le dernier est mieux précisé,
mieux étudié, mieux déterminé que le pre-
mier, quoique plus général, puisqu’il s’ap-
plique à toutes les branches, au lieu de
l’être seulement aux gourmands présumés
de La Quintinye. Il ne niera pas non plus
que l’un et l’autre ne soient en réalité
qu’une taille en vert; par conséquent , en-
tachés de tous les vices de celle-ci : pertur-
bation dans le cours de la sève , gaspillage
de ce précieux élément; par conséquent,
retard volontaire des produits impatiemment
attendus. Enfin, qu’ils sont l’un et l’autre
cause, quoiqu’à un degré différent, de tou-
tes les maladies qu’une coupe quelconque
fait encourir aux arbres.
Assurément, il sait que c’est là le vice
capital de notre ancienne production frui-
tière, vice en outre entaché de produits res-
treints, au-dessous des facultés de nos ar-
bres, et, dans tous les cas, produits beau-
coup trop chèrement payés.
^ Cela posé, disons maintenant que notre
pincement infiniment court, malgré le rap-
prochement du titre, n’a rien de commun
avec l’un ou l’autre des précédents ; et si ce
n’était qu’ils sont tous trois exécutés pen-
dant le mouvement de la sève, le dernier
différerait complètement des deux premiers ;
car l’épithète de court donnée à ceux-ci est
relative à la partie laissée, et celle d’infini-
ment court du dernier ne l’est qu’à la partie
enlevée, c’est-à-dire à l’opposé, ou tout le
contraire. Ajoutons que celui-ci n’a aucun
des inconvénients que je viens de préciser
dans les deux autres; en outre, et c’est une
qualité précieuse, il réalise seul l’obtention
de la charpente de tous nos arbres fruitiers,
ce que ne peuvent faire l’un et l’autre des
précédents pincements que d’une manière
très-imparfaite, qui d’ailleurs n’a pas même
été tentée, que je sache. Cependant la char-
pente ainsi obtenue l’estàl’aide des moyens les
plus simples, les plus exempts de théorie, et,
en outre, complètement affranchis de toutes
les règles qui font la base de notre ancienne
production fruitière. Ce fait se réalise avec
beaucoup d’économie, comme je l’ai détaillé
et prouvé dans mon opuscule sur la promplc
formation de nos arbres fruitiers. Si , met-
tant de côté ce genre d’emploi, on en exige
seulement le service qu’on attend des deux
autres pour la fructification , il s’y prêle
mieux qu’eux encore, et devient si efficace
que, sans aucun autre moyen, il permet
d’obtenir une quantité de boutons fruitiers
trois fois supérieure à ce que les arbres
peuveYit nourrir de fruits; et ce fait est com-
mun à toutes les espèces. A la vérité, il
constitue un cas de retranchement, afin d’a-
battre du tiers aux deux tiers de ces pro-
messes trop multipliées dans notre nouveau
mode de production fruitière. Ces retran-
chements sont les seuls, au reste, néces-
saires. Or, comme on a déjà diminué ces
suppressions , il est probable que si des
hommes de la portée de M. Du Dreuil y
mettaient la main, elles se restreindraient
encore.
Si malgré ces différences, qui, nous l’a-
vouons, nous semblent capitales, M. Cbau-
velot, à l’exemple d’ailleurs de plusieurs
autres savants, veut absolument qu’il n’y ait
15
SUR L’ORIGINE DU PINCEMENT COURT APPLIQUÉ AUX ARBRES FRUITIERS.
rien de nouveau sous le soleil, je n’insisle-
j-ais pas ; mais qu’il permette en retour aux
producteurs de bien sentir que l’obligation
incessante de progresser est pour eux un
besoin matériel de tous les jours.
Nous pensons donc que, si La Quintinye
a réellement découvert nos moyens actuels
(le production, il les a découverts à la ma-
nière de la fable , en sentant et manifestant
môme que le moindre grain de mil aurait
bien mieux fait son affaire. En effet, suffit-
il de passer à côté d’une perle pour la dé-
couvrir? Ne faut-il pas surtout en apprécier
la valeur? Or, s’il avait bien apprécié cette
valeur, se serait-il laissé déborder par l’é-
clopé de Detfenger, nouveau venu, proba-
blement piètrement muni de moyens de pro-
duction, lui qui ne s’était encore occupé
jusque-là que du contraire, et qui, à coup
sûr, n’avait nulle idée des progrès de La
Quintinye.
Malgré tout cela, il l’emporte sur lui, fait
école à Montreuil, en face de cet homme de
mérite, resplendissant de connaissances, de
génie et de tous les moyens que la raison
peut désirer pour triompher d’un adver-
saire; il le déborde, l’emporte sur lui à tel
point, qu’il le fait presque totalement ou-
blier dans son progrès.
Nous croyons donc qu’il y a eu là quelque
chose qui a empêché la réalisation des pro-
grès actuels; peut-être la découverte n’é-
tait-elle pas assez élaborée , expérimentée ;
peut-être aussi La Quintinye se préoccupait-
il d’autres idées à cette époque, et par in-
différence s’est laissé vaincre. Si seulement
les besoins du temps repoussaient alors ces
j)rogrès, il y a donc du nouveau dans le
nôtre qui les souhaite ardemment.
Espérons donc les voir se réaliser. Toute-
fois, nous ne devons pas dissimuler que les
})rogrès actuels du pincemient entraînent
avec eux, pour le moment, un très-grave
danger, quelque chose comme ce qui s’est
passé, dit M. Chauvelot, au temps de La
Quintinye. Ce danger provient du mélange
irréfléchi des anciens et des nouveaux prin-
cipes. En effet, la mode veut que les termes
moyens soient toujours les meilleurs. Or ici
ce n’est pas le cas, car les deux procédés
sont antipathiques. C’est ce qui fait qu’au-
jourd’hui, avec deux modes de production,
nous sommes en réalité moins avancés
qu’avec l’ancien seul. Aussi bien, malgré
ses défauts, nous reconnaissons que la pro-
duction ancienne, à la vérité entre les mains
d’un petit nombre d’adeptes, produit cepen-
dant de beaux arbres et de bons fruits, à
tel point que nous ne pouvons nous empê-
cher d’être surpris de ne pas entendre les
Sociétés d’horticulture, la presse, ou même
les savants isolés, tonner contre le fâcheux
mélange dont nous parlons.
^ Nous permettre de dire que les savants
n’ont pas seulement pour métier de décou-
vrir, qu’il leur appartient aussi d’indiquer les
meilleures voies, ou tout au moins de nous
détourner des plus mauvaises, serait nous
donner un ridicule. Après tout cependant ,
ce n’est pas là qu’est l’honneur d’un pro-
ducteur, il est tout dans la production elle-
même ; et dans ce sens, pour lui , il est
peut-être heureux d’avoir tout perdu hors
l’honneur, parce qu’alors seulement il a la
conscience d’avoir fait tout ce qu’il a pu.
Résumons-nous. On vient de voir que ce
n’est pas sans motifs que plusieurs amis du
progrès s’agitent aujourd’hui, et que, par le
chaleureux organe deM. le docteur Pigeaux,
nous voyons s’ouvrir une noble et pacifique
croisade. Espérons donc qu’un tel appel
sera entendu et que bientôt l’un ou l’autre
système triomphera. Quel que soit le choix,
il sera moins désastreux que le mélange in-
conséquent des deux
Quant à ce que j’ai ajouté à l’avis de
M. Du Breuil, je n’ai jamais nié, ni à lui, ni
à M. Gressent, que M. Grin avait eu le très-
heureux honneur de répandre dans ses
alentours le pincement court. J’ai rappelé
seulement qu’avant lui M. Picot-Amette ,
sous le coup de la mode de l’ébourgeonne-
ment, avait donné d’excellentes raisons de
préférer le pincement, et qu’il avait, de son
côté, pratiqué celui-ci. A chacun sa part
dans ce monde : aux uns l’honneur de la
découverte, aux autres celui de la répandre,
et à tous d’en profiter. Voilà tout ce que j’ai
voulu dire.
Il m’a semblé en outre singulier qu’on ait
voulu, malgré les prétentions très-naturelles
aux inventeurs, en affubler un d’une décou-
verte qu’il rejette, comme l’a positivement
fait la loyale modestie de M. Choppin , de
Bar-le-Duc, relativement au pincement.
D. Boüscasse.
LES CATALOGUES HORTICOLES EN 1866.
Nous avons reçu les catalogues de plu-
sieursétablissements français d’horticulture,
en tête desquels nous signalons celui des
pépinières André Leroy, d’Angers. L’énumé-
iMtion de toutes les espèces mises en vente
par cette maison forme une brochure de
150 pages en petit texte, en deux parties,
l’une contenant les arbres fruitiers de toute
nature, et l’autre les arbres forestiers et
d’ornement. La première partie pourrait
passer pour une classification scientifique
de toutes nos bonnes variétés fruitières; afin
LES CATALOGUES HORTICOLES EN 4866.
d’en faire comprendre l’étendue, nous dirons
seulement que la série des Poiriers compte
776 variétés distinctes. Chaque fruit est
accompagné de sa sjrnonymie et de tous les
renseignements succincts nécessaires rela-
tivement à sa qualité, son époque de matu-
rité et son origine. La seconde partie , qui
traite des arbres autres que les arbres frui-
tiers. comprend les espèces forestières ou
d’ornementj les arbres résineux ou toujours
verts, les arbustes à feuilles caduques, à
fouilles persistantes, les arbustes grimpants
et sarmenteux, les Camellias, les Conifères,
les Magnolias , les Rosiers , les plantes pour
haies , clôtures , palissades , abris , etc.
M. André Leroy donne une excellente indi-
cation en notant pour chaque espèce l’époque
de la floraison et la couleur des fleurs , afin
de diriger les amateurs dans leur choix.
En outre, en tête du catalogue, on trouve un
tarif de chemin de fer contenant environ
1,200 noms de localités, et indiquant, pour
chacune de ces localités, le prix de transport
de 100 kilogrammes de plantes venant d’An-
gers, ainsi que la durée du parcours par
petite vitesse. Le catalogue de la maison
André Leroy est adressé franco contre 1 franc
en timbres-poste.
— Passons d’une extrémité de la France
à l’autre et rendons-nous dans la Moselle, où
nous trouvons, à Metz, les importantes pé-
pinières de MM. Simon-Louis frères. Les
propriétaires de cet établissement viennent
de publier les suppléments annuels à leur
catalogue général descriptif. Nous en avons
reçu trois, dont deux sont consacrés aux
Rosiers , et l’autre aux arbres fruitiers , aux
arbres et arbustes d’ornementnouveaux, aux
oignons et griffes à fleurs. Pour les arbres
fruitiers, cet extrait de catalogue ne donne
que les variétés les plus nouvelles. Dans
chaque espèce, des renseignements détaillés
accompagnent les fruits récemment obtenus,
et tixent les acheteurs sur le mérite réel des
variétés qu’ils désirent.
MM. Simon-Louis frères annoncent à part
les nouveautés obtenues de semis dans leur
établissement pendant l’année qui se termine
au moment de la publication de leur supplé-
ment : c’est une habitude que nous vou-
drions voir adopter par tous les horticulteurs.
C’est ainsi qu^ils font pour le Framboisier
Surprise d’automne provenant du même se-
mis que le Framboisier Surpasse merveille,
mis au commerce l’année dernière par
MM. Simon-Louis. C’est la plus grosse des
Framboises d’automne connues; elle est
ovale-pointue, parfois rétrécie vers le milieu,
et d’un beau jaune d’or. Ses rameaux de l’an-
née, grands , robustes , vigoureux , se chargen t
à l’automne d’une quantité énorme de magni-
fiques fruits qui, par leur nombre et leur
poids, les feraient bientôt ramper à terre,
si on ne leur donnait un soutien. Nous y
voyons encore deux Clématites, nommées
Clematis patem Marie et Clematis hybrida
fulgens. Cette dernière obtenue par hybrida-
tion, en même temps que la Clématite hy-
bride splendide, publiée Pannée dernière
dans la Bemie horticole (1855, page 70), ne
le cède en rien à celle-ci, pour la beauté de
son superbe coloris rouge, cramoisi foncé,
velouté et nuancé de noir; de plus, au lieu
de cinq pétales, elle a conservé les six pé-
tales caractéristiques de h mkf èfhOlomütis
lanuginom, Enüïi^n, Simon-Louis mettent
encore en vente VUlmus microphylla punC'»
latüt charmante variété de VUlmus campes-
tris, à feuillage mignon , ponctué , sablé,
maculé et strié de blanc et de vert clair,
produisant un excellent effet lorsqu’il se dé^
tache sur d’autres végétaux à feuillage plus
vert.
— La Compagnie horticole d’Hyères,
société à responsabilité illimitée, qui suc-
cède àrancienétablissementRautonnet,mais
sur de bien plus larges bases , vient de pu-
blier le catalogue de toutes les graines
qu’elle tient à la disposition du commerce
pour cette année. La production en grand
des semences est une spécialité de la Com-
pagnie d’Hyères; aussi ses prix sont-ils mo-
dérés, puisqu’ils sont établis pour les mar-
chands. Nous y voyons des graines de plantes
annuelles et vivaces fleuries, de plantes an-
nuelles et vivaces grimpantes, de Graminées
ornementales, de Ricins, de Cannas (37 va-
riétés), d’ Acacia et de toutes sortes déplantés
et arbustes. Les Cucurbitacées ornementales
et alimentaires forment une importante sec-
tion de ce catalogue , et l’on peut accorder
toute confiance aux renseignements qu’elle
contient, car toutes les espèces ont été exa-
minées et vérifiées par M. Naudin. La Société
vend aussi des plantes vivantes de choix, qui
consistent principalement en espèces orne-
mentales de pleine terre pour le Midi, des
arbres d’agrément et quelques arbres frui-
tiers.
— A la page 13 du présent numéro,
M. Naudin, à propos de la culture du Goyavier
sous verre en Angleterre, signale la possibi-
lité d’obtenir dans nos serres des fruits des
plantes tropicales. Les amateurs qui seraient
tentés de se procurer ce luxe ne pourraient
mieux s’adresser qu’au Jardin d’acclimata-
tion du Hamma, près d’Alger. Nous trouvons
en effet dans le catalogue de cet établisse-
ment pour le printemps de 1866 une liste
d’arbres fruitiers des tropiques et des ré-
gions tempérées élevés en pots et livrés à
des prix qui varient de 1 à 5 fr. la pièce.
Voici cette liste : Avocatier (Persea^ gratis-
sima); Chérimolia {Anona cherimolia) ;
Wampi des Chinois {Cookia puuctata)', Eu-
genia Michelii ou wiiflora; Goyavier ordi-
dinaire; Goyavier de Cattley ; Goyavier de
là Chine; Jamlongue {Syzygium Jambo-
LES CATALOGUES HORTICOLES ÈN 1860, ii
Imium) ; Néflier du Japon ou Bibacier.
Outre les espèces ci-dessus, le catalogue
du Jardin d’acclimatation algérien comprend
des sujets et des graines de végétaux de
toute nature i arbres verts, Conifères, arbres
forestiers et fruitiers , Palmiers , Dracœna,
Pandanus, Bambous, végétaux à essences
odoriférantes pour les distilleries, plantes
grasses, plantes aquatiques, plantes offici®
nales, Bananes, Goyaves, Citrons; et mémo
des animaux tels qu’autruches et vers
à soie du Ricin et de l’Ailante. Nous le re-
commandons surtout aux personnes qui dé-
sireraient acheter des plantes exotiques et
des Monocotylédonées ornementales de
serre chaude.
Al rfiRLEÏ.
RÉFORME DE l NOMENCLATURE BOTANIQUE ET HORTICOLE.
Nous avons à plusieurs reprises, dans ce
recueil, défendu par des arguments incontes-
tables, selon nous, la nomenclature gréco-
latine des noms génériques et spécifiques
contre une innovation aussi irréfléchie que
peu rationnelle, par laquelle on prétend y
substituer une nomenclature en langue vul-
gaire.
Loin de nous l’idée de rouvrir les débats
d’un procès soutenu de part et d’autre avec
quelque vivacité, procès bien terminé, il faut
l’espérer, et dont les parties s’attribuent
chacune m petto les honneurs de la victoire ;
c’est l’ordinaire : 77iais le public juge! Un
seul mot cependant. Certes, les amateurs,
les horticulteurs (ce ne sont pas les bota-
nistes qui auraient l’étrange idée de la sub-
stitution en question!), qui répudieraient
notre admirable langage botanico-horticole,
seraient isolés, nettement séparés de leurs
confrères nationaux et étrangers, dont ils ne
seraient pas compris; car tout d’abord, ils
ne se comprendraient point entre eux; et
dès lors plus de relations internationales,
plus de commerce, plus d’échanges, plus...
Mais nous nous arrêtons : continuer, serait
recommencer un autre plaidoyer en faveur de
notre opinion, qui est de conserver en horti-
culture la langue savante, telle qu’elle est
usitée par toutes les nations chez lesquelles
fleurissent et la Botanique et sa sœur l’Horti-
culture. Ce n’est jamais dans la savante Ger-
manie, ni dans ia docte Angleterre qu’eût
surgi le projet que nous avons combattu.
Dans ces deux pays, les jardiniers eux-mêmes
sont assez instruits pour comprendre et em-
ployer au besoin le langage linnéen ; beau-
coup même vous étonneraient par les con-
naissances de diverses sortes qu’ils possè-
dent; et la supériorité scientifico-jardinique
des Allemands et des Anglais sur les Fran-
çais, par exemple, est évidente. Instruisons
nos employés; et, en un mot, s’il faut des bê-
cheurs de plates-bandes et des ratisseurs d’al-
lées, etc., il faut aussi des chefs de culture
instruits, pour conserver vos plantes et les
multiplier; sachant se servir du greffoir et de
la serpette, mais aussi compulser avec fruit
les Noiimiclatores botanici. Que tous les sa-
ges esprits s’entendent donc pour conserver
ce langage universel, bien connu et lien fra-
ternel entre toutes les nations, et dont cha-
que mot, sauf ceux dédicatoires, peint d’un
trait saillant, un genre, une espèce.
Nous avons éprouvé la douce satisfaction
de voir toutes nos idées chaleureusement
applaudies dans maintes lettres à nous adres-
sées par des personnes hautement compé-
tentes, mais dont les termes élogieux nous
défendent la publicité ; nous ne sommes
pas de ceux dont Claudien a dit :
Inquinat egregios aû]imcta. Superhia mores!
Mais tout en défendant de toutes nos forces
et d’après notre intime conviction la nomen-
telle que l’ont adop-
tée tous ceux qui, à titres divers, s’occupent
soit professionnellement, soit en amateurs,
soit même en praticiens, de la Re herboria,
nous n’avons pas voulu en dissimuler les dé-
fauts, les trop nombreux errfl/a (bien ridicu-
les quelquefois) qui en maculent les pages,
et tels qu’un médiocre écolier en ferait des
gorges-chaudes U
A quelles causes attribuer ces regretta-
bles erreurs? A des causes multiples évi-
demment : à l’ignorance des langues grec-
que et latine ; à celle de la première au
moins; à leur oubli, si on les a sues;tà
l’inadvertance, à la préoccupation ; à la faute
d’un copiste, d’un typographe? etc. Il serait
mieux de dire à toutes ces causes à la fois!
Sortis, en effet, des bancs de l’école, combien
peu de jeunes gens, à suppose)' qu’ils aient
fait de bonnes études^ se rappellent plus tard
les langues savantes, qu'ils n'ont plusjn'ati-
quées! Et la plupart auront oublié des deux
la plus difficile, et malheureusement la
moins usitée, le grec!
Si l’on nous accorde ce point, devons-nous *
nous étonner que ceux d’entre eux, qui font
de la botanique, estropient plus ou moins
les noms qu’ils sont appelés à forger? Et,
certes, cependant, bon nombre de ces au-
teurs ont été plus oiunoins hellénistes. Mais,
* Hélas! les écrits de Linné fourmillent de telles
fautes, que ses nombreux éditeurs subséquents au-
raient bien dû pour respecter sa mémoire, cxpur(jare
in toium.
18
RÉFORME DE lA NOMENCLATURE BOTANIQUE ET HORTICOLE.
il faut citer des preuves : nous les prendrons
au hasard , dans les auteurs dont la science,
au reste, conservera toujours la mémoire,
en raison des beaux travaux qu’ils lui ont
légués (les convenances nous empêchent
de parler des vivants) ; et tout en indiquant
l’orthographe iTU/c des noms critiqués, nous
croyons devoir supprimer les étymologies
grecques {e's grec)! renvoyant pour cela le
lecteur studieux à tous les lexiques de cette
langue.
Calosonthes Blume, pour Callianthes (et
mieux CaUümthe); DaimonoropSy Blume
pour Daimonorophos; Orthrosauthes S\yeet,
pour Orthranthus (ou Orthranthe) \ Diplu-
sodon Pohl, pour Diplodon; Corysanthes
B. Brown, pour Corythantes;
thes Juss pour Gérât akthüs; Catananche L.
pour Catanance ; Disemma Labill. pour
Distemma; PhajiisLouY. pour Phæus; Gn-
lanthush. pour Galactanthus; Orchidaceæ
L. pour Orchiaceæ; Stachytarpheta, Yahl.
pour Stachytarpheia; Sj)lachnum L. pour
Splanchnum; Lisianthus L. pour Listan-
THUS; Cup/tca Jacq., pour Cyphea; Astrolo-
bium pour Arthrolobium; Acalypha L.
pour Acalliapha; etc., etc. Nous en pas-
sons, et des meilleurs, parmi des centaines.
La plupart des noms commençant par
calo — pour caUi;mega — pour mégalo; une
foule de noms hybrides, c’est-à-dire tirés
à la fois du grec et du latin ; l’altération re-
grettable des noms patronymiques de dédi-
caces : Lestibodeaei Lestibodesia pour Les-
TiBüUDOisiA; Delesseria pour Delessertia;
Fourcrœa pour Fourcroya; Fontanesia
pour Desfontanesia; etc. B ne im us faut
pas omettre de citer encore les innombra-
bles solécismes qui résultent de l’emploi vi-
cieux des genres grammaticaux latins, en y
comprenant les noms grecs forcément latini-
sés, \m pêle-mêle renversé de masculins, de
féminins et de neutres (un seul, exempli
gratiâ : Liriodendron Tulipifera). Pour évi-
ter aux botanistes ce dernier inconvénient, il
suffirait dans les ouvrages nomenclaturaux
à venir, dans les tables, etc., déplacer après
le nom générique les initiales (masculin);
f (féminin) ; n (neutre) ; et cette légère addi-
tion est d’une nécessité d’autant plus abso-
lue que les terminaisons latines elles-mê-
mes, malgré leurs désinences ns, a, nm,
peuvent mettre l’écrivain en faute, en ce
qu’elles n’indiquent quelquefois pas le genre
grammatical vrai des mots.
Nous voudrions voir répudier les noms
formés par anagramme. Cela, ce nous
semble, indique l’impuissance des bota-
nistes qui les créent, à saisir un caractère
différentiel suffisant. Il faut éviter l’exemple
d’un certain entomologiste, qui trouva par
ce moyen vingt noms différents de genres,
qu’il créait en anagrammatisant le petit
nom d’une femme.
Force nous est de nous arrêter ici; nous
passons sous silence une foule de faits d’une
moindre importance : car bientôt nous écri-
rions tout un code d'Orthographie nomen-
claturale. Puissent toutefois ces quelques
citations être appréciées par nos confrères,
pour éviter , au moins dans l’avenir , les
ridicules fautes qui maculent nos livres sys-
tématiques !
Ch. Lemaire,
l'rofesseur de botanique.
REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER.
Le Botanical Magazme donne les figures
et les descriptions des plantes suivantes ;
Arisæma papillosuiu. SCHOTT, pl. 5496.
Cette Aroïdée, dont les tubercules ont été
envoyés récemment de Ceylan au jardin de
Kew parM. Thwaites, naît dans la province
centrale de cette île, à une élévation de qua-
torze cents à deux mille mètres au-dessus du
niveau de la mer. Le grand rhizome tu-
béreux est employé en médecine dans la
patrie de cette plante. Chaque pied ne pro-
duit qu’une seule feuille, longuement pé-
tiolée, pédiforme, divisée en sept à neuf
lobes lancéolés, étroitement pointus au
sommet. Il y a bien encore deux ou trois
autres feuilles, mais elles sont réduites à
l’état de gaînes. La spathe d’un vert foncé ,
à côtes blanchâtres , n’oflre rien de bien
remarquable.
Aloeasla i^owll , Hoüker, var. Oicta, pl. 5497.
Le feuillage de cette magnifique Aroïdée
a beaucoup de rapports avec celui de VAlo-
casia metalleia. Les feuilles sont en dessus
d’un vert extrêmement foncé; les nervures
principales sont entourées d’une zone blan-
châtre et les petites nervures sont marquées
en blanc ; la face inférieure est d’un pour-
pre sombre. Les feuilles, dont chaque pied
ne développe qu’une seule, sont supportées
par un long pétiole brunâtre strié en vert.
La hampe florale sort de la tige à la base de
la gaine formée par le pétiole, elle est munie
â sa base de trois bractées engainantes. La
couleur de la spathe est d’un vert clair dans
sa partie inférieure , d’un jaune pâle â sa
partie supérieure et extérieurement rouge
au sommet.
I.æiin Lixdley, pl. 5498.
I Magnifique Orchidée à très-grandes fleurs
REVUE DES PUCLICATlOrsS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER.
d’un pourpre pâle, à labelle d’un pourpre
foncé, originaire de l’île Sainte-Catherine,
près des côtes du Brésil. Les tiges ne por-
tent qu’une seule feuille sur chacun des
rameaux un peu enflés en pseudohulhes
allongés, longs de 0"M0 à Les
feuilles, longues de 0"L20 environ, sont
charnues , ohlongues , pointues. Le court
pédoncule ne porte qu’une seule de ces
magnifiques fleurs, qui sont plus grandes et
l)lus charnues que celles du Lœlïa pumila.
Iresinc iSerlt^Ui, lîoOKER, pl. 5i99.
Les lecteurs de la connaissent déjà
cette Amarantacée par la gravure coloriée
et les articles que nous avons publiés. (Voir
la Revue de 1865, pages 331, 365, 405).
ilglaoiieina maranta' folium, BloIE,
yàv.foliis maciilatis, pl. 5000.
Encore une belle plante à feuillage. Cette
COMBUSTIBLE
Je visitais dernièrement l’établissement
horticole de M. Cliantrier, à Mortefontahie.
Mortefontaine est situé à 4 kilomètres de
la station de Survilliers (ligne du Nord) et il
touche la région de terrains siliceux qui
fournissent à Paris la meilleure terre de
bruyère en immense quantité.
BI. Cliantrier ne se contente pas de pro-
fiter de cette situation exceptionnelle et de
cultiver dans son établissement, fondé au-
trefois par M. Lefebvre, de grandes collec-
tions d’arbustes de terre de bruyère; il se
livre aussi avec succès à la culture des plan-
tes de serre chaude.
En sortant d’une serre à. Dracœna, j’aper-
çus près du fourneau des boules noires qui
paraissaient pétries à la main, de forme assez
irrrégulière et de la dimension d’un petit
boulet de canon.
M. Cliantrier vint au-devant de ma ques-
tion :
« C’est là mon seul combustible, me dit-
il. Le charbon est cher et augmente beau-
coup le prix de revient de nos plantes; il
faut s’ingénier. Voici le moyen que j’ai
trouvé de chauffer énergiquement mes
serres à peu de frais :
(( Le secret consiste à allonger la sauce.
c( J achète en Belgique de ce cliarbon mi-
partie de poussière qu’on appelle loul-ve-
uant. Payé 12 fr. les lOOkilogr. sur place,
il me revient à 24 fr. en gare de Survilliers.
délicieuse Aroïdée est native des îles Bla-
laises, surtout des Bloluques. La forme
type, à feuilles unicolores, est cultivée de-
puis longtemps. Cette variété se distingue
par la zone blanchâtre qui accompagne ses
nervures latérales principales; la nervure
médiane en est dépourvue.
Acropcra armcniaca, Lindley, pl. 5501.
Cette Orchidée est introduite depuis 1 850,
dans nos serres. BI. Warszewicz l’a décou-
verte vers cette époque au Nicaragua. Elle
paraît cependant être assez rare dans les
collections. C’esit une plante fort belle qui,
par sa longue grappe pendante de fleurs
d’un beau jaune, produit un magnifique
effet; elle fleurit pendant l’été. Les pseu-
dobulbes ovales portent deux grandes feuilles
lancéolées. La culture de cette espèce
n’offre aucune difficulté particulière.
J. Grienland.
Vous voyez que c’est encore bon marché.
Pendant les soirées d’hiver, au fur et à
mesure du besoin, mes garçons mélangent
ce charbon avec une égale partie de terre
franche ordinaire mouillée. Bs pétrissent le
tout à la main et entassent ces mottes gros-
sières sous un hangar où elles sèchent quel-
ques jours.
« On obtient par ces boulettes un feu très-
vif, excellent surtout par sa longue conser-
vation. La terre mélangée au charbon rougit,
se pétrifie sous l’action d’une température
très-élevée, et reste entière jusqu’à con-
somption complète.
« Un feu allumé ainsi le soir dure facile-
ment jusqu’au lendemain matin sans être
touché, et dans une égalité très-soutenue
d’incandescence, if'
Le procédé est excellent et surtout des
plus économiques.
Je n’affirme pas qu’il soit de l’invention
de BI. Cliantrier, mais je ne l’ai trouvé em-
ployé que là sous une forme aussi simple et
aussi ingénieuse.
J’ai été frappé de tous ces avantages :
économie de temps et d’argent, égalité de
température par le chauffage, propreté, fa-
cilité de transport en détail et d’emmagasi-
nage, et j’ai cru que quelques lecteurs de
la Revue ne les entendraient pas déduire
sans plaisir et sans profit.
E. André.
BEVUE COMMERCIALE HORTICOLE (DEi-x.ÈMEQmxz.m-EBEDÉcEMcnEisc;
Depuis quinze jours, c’est la hausse qui do-
mine dans la tenue du marché aux légumes et
aux fruits. L’augmentation n’est pa's encore
Dieu forte et elle ne s’est fait sentir que sur
quelques denrées, mais il est probalile que les
froids apez vifs des derniers jours de décembre
vont généraliser ce mouvement. Pour le mo
ment, les Choux-fleurs et les Iladis roses sont
20
REVUE COMMERCIALE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE DÉCEMBRE).
les seuls légumes dont les prix se soient élevés. '
Les premiers valent de 10 à 100 fr. au lieu de
10 à 25 fr. le 100; les Radis se Vendent de 15
à 25 fr. les 100 bottes avec 5 fr. de hausse sur
le taux maximum. — Les autres légumes sont
restés stationnaires aux prix suivants ; Carottes
ordinaires, 15à25 fr. les 100 bottes; Carottes
pour les chevaux, 7 à 10 fr. — Navets, 15 cà
§4fr. _ Panais, 18 à 24 fr. — Poireaux, 15 à
25 fr. les 100 bottes. — Choux ordinaires, 5 à
15 fr. le 100. — Oignons en grains, 12 à 15 fr.
l’hectolitre. — Céleris, 0L30 à OLOO la boite.
— Champignons, 0L05 à OLIO le maniveau.
Herbes et assaisonnements. — Les herbes
ont toutes subi de l’augmentation. Le Cerfeuil
se vend'de OU 5 à 0L30 la botte ; c’est presque
le double du prix de la fin de novembre. — Le
Persil est coté de OUO à Of.25 la botte, avec
OUO de- hausse sur le prix maximum. — Les
Epinards valent de 0L25 cà Of.35 le paquet : la
hausse n’est que de 5 centimes. — L’Oseille se
vend toujours de 0f.30 à 0L90 le paquet; l’Ail
de 1 fr. à 1L50 le paquet de 25 bottes; la Ci-
boule et le Thym, de OUO a0U5 la botte et
l’Echalote, de OLAO à OLGO.
Pommes de terre,— les prix n’ont pas changé
depuis le commencement de déceml.ire. On vend
la Hollande de 6 à 7 fr. l’hectolitre; la Vitelotte
nouvelle, de 10 à 11 fr.; les Pommes de terre
rouges de 6 fr. à 6L50 et les jaunes de 4 à 5 fr.
shades. — La Chicorée frisée ordinaire, a
doublé de prix; elle vaut 4 fr. le 100; celle de
première qualité a subi une augmentation de
2 fr. et se vend 12 fr. — L’Escarole commune
est cotée 4 fr. comme il y a quinze jours ; la
plus belle Vcaut GO fr. le 100. — La Laitue se
vend toujours de 4 à G fr. le 100. — Le Cresson
de fontaine est coté de 0f.40 à 0080 les 12
bottes. .
Fruits frais. — Les Marrons seuls ont dimi-
nué; ils se vendent de 10 à 12 fr. au lieu de
12 à 13 fr. les 100 kilogrammes. — Le Chasse-
las de serre n’est encore coté que de 2 à 4 fr.
mais il est sur le point d’augmenter dans une
forte proportion. — Les Poires les plus ordi-
naires valent 25 fr. le 100; celles de première
qualité se vendent jusqu’à 1 fr. la pièce. — Les
Pommes sont cotées de 2050 à (5 fr. le 100,
avec beaucoup de prix intermédiaires suivant
la qualité.
Fleurs et arbustes d'ornement. — Les mar-
chés du mois de décembre ont été pauvres,
relativement à ceux de la fm de novembre ; ce
qu'il faut attribuer à ce que l’abaissement de
la température a arrêté toute végétation au de-
hors, et à ce que les plantes rentrées ou culti-
vées sous verre n’ont pas encore pris tout leur
développement.
Peut-être aussi que les fleuristes gardent
leurs meilleures plantes, en prévision des fêtes
de fm d’année, qui leur permettent d’en tirer
meilleur parti.
Ce qui est certain, c’est que Tahmssement
du thermomètre pendant les jours qui ont pré-
cédé Noël n’était pas fait pour encourager l’exhi-
bition sur les quais de toutes ces plantes de
serre qui font à cette époque de 1 année le
fond des apports sur nos marchés. Néanmoins,
quelques lleuristes munis de voitures-fourgons
chaulTées avaient apporté une assez grande
quantité de plantes qui ont été enlevées par les
lleuristes vendant en boutique dans les divers
quartiers de Paris. D’autres plus courageux ont
fait leur étalage habituel sur le quai, et l’y ont
garanti au moyen d’abris faits de toiles, de pail
lassons etc., sous lesquels plusieurs avaient
même allumé des réchauds. Parmi les plantes a
feuillage, beaucoup étaient restées ficelées et
emmaillotées de papiers ; ce qui n’empêchait
pas les acheteurs de les prendre quand même,
sans exiger le déballage.
Plantes fleuries en j)ots. — Anthémis frutes-
cents, 0f.50 à lf.50 — Billbergia, 5 à 10 fr. —
Bruyères (Erica), 0L50 à 2 fr. • — Bruyères du
Cap (Phylica), OLGO à lf.50. — Chrysanthèmes
vivaces, üf.75 à lf.25. — Citronniers de Chme,
lf.25 à lf.50. — Cinéraires hybrides, Of.75 à
lf.50. — Camellia, 4 à 10 et 15 fr. — Cyclamen
de Perse forcé, lf.50 à 2 fr. — Crassula cordata
lf.25 àlf. 50. — Coronille glauque, lf.50 à 2 fr.
— Daphné Dauphin, lf.50 à2f.50. — Epiphyl-
lum truncatum, lf.50 à 2f.50. — Fuchsia forcé,
Of.75 à lf.50. — Héliotrope, Of.75 à lf.50. —
Jacinthes romaines forcées, 0f.50 à lf.25. —
Jasmin d’Espagne lf.50 à 2 fr. — Laurier-Tin
1 fr. à 2 fr. et au-dessus. — Orangers (rares),
2f.50 à 10 fr. — Œillets remontants, 1 fr. à
lf.50. — Pensées, Of.25 à 0f.50. — Primevère
deChine, 0f.50 à lf.25. — Rose de Noël, Of.75
à lf.25. — Réséda, Of.GO à 1L25. — Renon-
cules turban forcées, Of.GO à lf.25. — Rosiers
forcés, lf.50 à 2f.50. — Solanum Amomon,
0f.50 à Of.75. — Solanum capsicastrum, Of.75
à 1 fr. — Véroniques, Of.75 à lf.50. — Violettes
des Quatre-Saisons, 0f.30 à 0f.50. — Tulipes
Duc de Thol forcées, 0f.50 à 1 fr. ^
Plante à feuillage, pour décoration de jar-
dinières meubles, lampes et vases d'apparte-
ment. — Agave, 2 à 10 fr. — Aloës, 1 à 5 fr.
— Aspidistra, 8 à 10 fr. — Acacia lophanta,
0f.50 à lf.50. — Aucuba, lf.25 à 2f.50. — Ala-
ternes, 1 fr. à lf.50. — Bégonia, lf.50 à 2f.50
et 3 fr. — Buis, Of.75 à lf.50. — Canna, Of.75 à
lf.50. — Cyperus alternifolius, 1Ç50 à 3fr. —
Chamærops, 5 à 10 fr. — Curculigo, 5 à 10 fr.
— Cereus flagelliformis, lf.50 à2f.50. — Cala-
thæa zebrina, 2f.50 à 5 fr. — Cactées et Cras-
sulacées diverses, Of.75 à lf.50. _ — Cotone-
asters, 0f.75à lf.25 et 2 fr. — Delairea, Of.75 a
1 fr. — Dracœna congesta, lf.50 à 3 fr. —
Dracœna rubra, H. 50 à^5 fr. — Dracœna ter-
minalis variegata, 5 à 15 fr. — Dracœna aus-
tralis, 3 à 10 fr. — Dracœna Brasiliensis, 5 à
15 fr. — Ficus elastica, 2f.50 à 10 fr. — Fou-
gères, 0f.50 à 5 fr. — Fusains verts etai’gentés,
0f.50 à lf.50. — Gynérium, lf.50 à 5 fr. —
Géranium à feuilles de Lierre, 1 à 2 fr. — Ge-
névi’iers, Of.75 à lf.50. — Houx, Of. /5 à 2f.o0.
— Isolepis gracilis, 0f.50 à Of.75. — Iris pana-
chés, 1 à 2 fr. — Lycopodes, Sélaginelles,
0f.50 à 1 fr. — Lierre, 0f.50 à 1 fr. — Laurier
de Colchide, 1 fr. à lf.50. — Mahonia, 1 fr. à
lf.75. _ Opuntia, 0f.50à lf.50. — Pitcairnia,
2f.50 à 5 fr. — Palmiers divers, 5 à 20 fr. —
Pervenches panachées, Of.75 à lf.50. — Phor-
mium, 3 à 10 fr. — Pins, 0f.50 à 2f.50.—- Ro-
marin, 0f.30 à Of.75. — Sapins, 0f.50 a 2f.o0.
— Rhododendrons, 2f.50 à 5 et 10 fr. — Sapi-
nettes, 0f.50 à2L50. -Troënes, Of.75 a lf.50
2 fr. — Tradescantia zebrina et repens,
Of.75 à lf.50. — Thuya, 0f.50 à lf.50 et plus.
— Yucca, lf.50 à 10 francs.
A. Feu LE T.
CimONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JANVIER 1866).
Revue générale des progrès de riiorliculture en 1865. — Les fleurs nouvelles. — Nouveautés pornologiques.
— Lettre de M. Michelin sur la Poire Pvoux-Carcas. — La taille des arbres fruitiers. — La culture
maraîchère. — Nécrologie. — Mort de M. Montagne; sa vie et ses travaux. — Lettre de M. Uhabert
sur la mort de M. Victor Simon. — Médaille du Lindley, instituée par la Société royale calédonienne
d’horticulture et de la Société d’horticulture d’Edinburgh en une seule sous le nom de Caledonian Society.
— Bureau de la Société centrale d’horticulture de Paris pour 1860. — Prochaine Exposition de Cherbourg.
— Médaille offerte par la Société de Cherbourg au meilleur traité d’arboriculture à l’usage des institu-
teurs.— Cours de M. Du Breuil en 1866. — Les plantes à feuilles ornementales. — "Deux livres de
MM. André et de Lambertye. — Réclamations relatives à la Cerise Cherry-Duke. — Opinion deM. Chaté
sur le Géranium Triomphe de Geryovia, — Lettre de M. Sisley. — Distribution de graines du Crocos-
rnia aurea, — L’huile de pétrole pour la destruction des insectes parasites. — Nouvelles variétés de
Glaïeuls.
Lorsqu’on commence une nouvelle année,
lorsque les travaux de chaque jour de l’an-
née écoulée se sont accumulés dans l’éloi-
gnement du temps, il est bon de jeter sur
le passé un regard rapide afin de mesurer
la route parcourue, de rechercher s’il a été
fait quelque chose d’utile, de reconnaître
au besoin les fautes commises. Nous de-
mandons donc à nos lecteurs, avant de nous
remettre en route pour 1806, de voir en
raccourci l’œuvre accomplie par la Revue
horticole en 1805.
Notre recueil a l’ambition de s’occuper de
toutes les branches des cultures qui ne ren-
trent pas dans l’agriculture , c’est-à-dire
dans lesquelles l’intervention directe de la
main de l’homme est à chaque instant, pour
ainsi dire, nécessaire. La plus importante de
ces cultures est incontestablement celle des
fleurs et des plantes d’ornement. Or, la Re-
vue horticole s’est occupée, en 1865, de
faire connaître Y Anthurium magniftcum
et leRignonia argyrea, deux belles plantes
à feuillage coloré venues directement de la
Nouvelle-Grenade à Paris; — le Doryanthes
excelsa, dont la floraison a eu lieu pour la
première fois au Muséum d’histoire natu-
relle sur une plante âgée de plus de qua-
rante ans ; — le Fremya aurantiaca, char-
mant arbrisseau de la Nouvelle-Calédonie;
— la Clématite hybride splendide , superbe
gain de MM. Simon-Louis frères ; — VAchy-
ranthes Verscliaffeltiiy qui n’était encore que
très-peu connu en France ; — deux belles
variétés de Caladium^ obtenues par la fé-
condation artificielle, les Caladium Lamartine
etM"ie Andrieux; — le Géranium, conquêtes
françaises, et des gains remarquables d'An-
tirrhinum, AOEillets, de Pélargonium, _de
Primevères, de Verveines.
Dans le domaine de la pomologie, qui a
le privilège de passionner tant d’amateurs,
laitcrnc/mr/œofcapatronnérexcellentePoire
Roux-Carcas,qui a conquis unrang distingué
parmi les Poires de grande production; —
les Figues Gourreau noire et blanche à peau
verte ; — les Poires Bergamote Lesèble ,
BesiQuessoi d’été. Général Tottleben, Marie
Cuisse, Olivier de Serres, Philippot, variétés
qui ont déjà fait leurs preuves; — les Poires
Professeur Barrai et Colorée de juillet, plus
récemment obtenues et sur le mérite des-
quelles l’étude permettra bientôt de pronon-
cer;— l’excellente Pomme M^^ Huart; —
la Pêche Pavie de Tonneux; le Raisin
Prunella gris de Lot-et-Garonne, qui vient
ajouter à la richesse et à la variété de nos
raisins de table; — la Fraise D^’ Nicaise,
dont le mérite a été l’objet d’une polémique
si vive; — la Framboise orange de Brinckle,
remarquable nouveauté anglaise; — les Ce-
rises gros Guidoul tardif et May-Duke, va-
riétés méridionales dignes de se répandre
dans tous les jardins.
Nous venons de citer la poire Roux-Carcas,
un des fruits donüdi Revue horticole croit avoir
le mieux fait de recommander les mérites.
Nous sommes heureux de trouver la confir-
mation de tout ce qui a été dit dans nos
colonnes; M. Michelin, ^si compétent en cette
matière, nous adresse à ce sujet la lettre ci-
jointe qui, en indiquant les dangers des ju-
gements isolés dans l’appréciation des fruits,
vérifie complètement tout ce qu’avait avancé
notre collaborateur de Carcassonne ,
M. Carbou :
« Monsieur le Directeur,
« L’expérience nous apprend qu’on s’expose à
de graves mécomptes lorsqu’on se prononce
d’une manière trop prompte et exclusive sur des
fruits nouveaux, parce que les mêmes variétés,
sous l’influence du sol, de l’exposition, du climat
et même de la culture, offrent des différences
qui déconcertent ceux qui se croyaient autorisés
à être sûrs d’eux-mêmes.
« A mon sens, les meilleurs juges en matière
de fruits sont des praticiens venus de divers pays,
apportant le produit de leurs propres observa-
tions et faisant justice de l’enthousiasme , de
l’ignorance ou du parti-pris, et enfin se fondant
sur des éléments puisés à des sources diffé-
rentes.
« Voilà pourquoi le congrès pomologique qui
a pris naissance à Lyon me paraît en principe
une excellente institution à laquelle je souhaité
l’adhésion de toutes les Sociétés d’horticulture
et la sympathie de tous les pomologîstes, afin
quelle puise dans un concours plus unanime la
force nécessaire pour mieux s’organiser et agir
avec plus d’efficacité qu’elle ne l’a fait jusqu’ici
pour l’amélioration des cultures fruitières , une
I des richesses de la France.
16 JANVIER 1866.
T. 1. — 2.
22
CüilOINIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JANVIER ISüGj.
« Les jugomciils isolés sur les fruits sont dan-
gereux : n’ai-je pas vu, il n’y a pas longtemps,
dans les colonnes de la Revue horticole^ qu’un
auteur, dont les écrits nombreux prouvent le
talent, présentait comme parfaite une nouvelle
Poire, superbe il est vrai , mais que mes collè-
gues, tous très-compétents, à deux reprises trou-
vèrent presque médiocre quant au goût, malgré
le regret qu’ils éprouvaient d’être en contradic-
tion flagrante avec un jugement trop prompte-
ment publié dans un journal sérieux comme le
vôtre.
« Et M. le professeur Chauvelot ne venait-il
pas dernièrement, avec une assurance qui doit
étonner tous ceux qui sont instruits par l’expé-
rience, renverser un édifice élevé par plusieurs
Sociétés d’horticulture, et d’un trait de plume
mettre à néant une bonne Poire de l’année i862,
celle Souvenir-Favre, en faveur de laquelle moi-
même, dégustateur très-convaincu, j’avais voté
à Paris et à Piouen où elle a obtenu une médaille
d’argent.
)) La compagnie à laquelle j’ai l’honneur et
le plaisir d’appartenir a pour règle de ne pas
se prononcer sur des fruits de semis la première
année, et elle a bien raison; il faut que les grains
de l’arboricullure aient été plusieurs fois éprou-
vés avant de prendre rang, et que les pomolo-
gistes qui s’adonnent à les étudier, s’édifiant
mutuellement sur le mérite qu’ils leurs recon-
naissent, aident ainsi la vérité à se faire jour.
« C’est à ce point de vue. Monsieur le Direc-
teur, que je viens vous parler d’un fruit nouveau
dont il a été fait mention aux pages 91 et 404
de la Revue horticole de l’année 1864, et dont
j’ai pu, l’été dernier, les 18 et 21 août, apprécier
plusieurs échantillons, la Poire Roux-Carcas.
(( Ce fruit, obtenu par M. Roux, horticulteur
à Carcassonne, m’avait paru, je l’avoue, l’objet
d’un éloge dont je redoutais un peu l’emphase,
et j’ai profité avec plaisir de l’occasion de faire
connaissance avec lui.
«Je suis tombé d’accord avec ce qui a été
écrit sur ce fruit dans la Revue, trouverez-vous
bon que je vous le dise ?
« En tous cas, que mon jugement ne pèse
dans la balance que comme le grain de sable, et
je croirai avoir travaillé pour une bonne cause
en consacrant quelques lignes à un de ces fruits
qui semblent de nature à enrichir la consomma-
tion publique.
<( La Poire Roux-Carcas est assez fondante,
très-juteuse, un peu acidulée et d’un goût assez
prononcé qui est très-agréable ; elle est hâtive,
mûrissant en août, et si l’on ajoute que l’arbre
est vigoureux, abondamment fertile et particu-
lièrement propre à la culture en plein champ,
on pourra espérer de le voir un jour d’une
grande ressource jjowr* le marché.
« -l’ai planté des sujets de cette variété jtour
les observer par moi-même ; il est à souhaiter
([lie d’autres, et sur des points différents, en
fassent autant que moi.
« Recevez, Monsieur le Directeur, l’assu-
rance de ma considération la plus distinguée et
de mon dévouement à l’œuvre que vous pour-
suivez.
« Michelin. »
Les procédés û suivre jujur la conduite
des arbres fruitiers ont été l’objet de discus-
sions approfondies; on a mis en question 1
Futilité même de la taille; des renseigne-
ments intéressants ont été donnés sur l’ori-
gine de la pratique du pincement court et
il a été fait une étude comparative des mé-
thodes anciennes et modernes pour la for-
mation des arbres à fruits. Le procédé
d’inclinaison des branches, auquel l’appari-
tion de M. Ilooïbrenk sur la scène avec l’au-
réole dont, dans les hautes sphères sociales,
on aime quelquefois à entourer des hommes
qui retombent plus bas que leur point'de dé-
part, avait prêté une vertu extraordinaire,
a été plus sainement apprécié : il a été ra-
mené à sa véritable valeur; on doit l’em-
ployer quelquefois, comme on le faisait
depuis trois quarts de siècle au moins.
La culture maraîchère est, en raison de
son utilité dans l’ordre social , toute voisine
de l’arboriculture, quepeut-être elle dépasse.
Mais ici les progrès sont difficiles. La Revue
horticole n’a pas manqué de faire connaître
tous les légumes nouveaux qui ont éfé es-
sayés, toutes les méthodes culturales qui
ont été indiquées pour l’obtention de légumes
meilleurs ou pour l’amélioration de leur
production.
Des questions générales ont été aussi
agitées dans nos colonnes avec quelque fruit
pour la science. Nous nous contenterons de
citer les principales : , ,
Physiologie végétale. — Étude de la théo-
rie de Darwin sur l’origine des espèces; —
Unité de l’espèce botanique; — Étude de la
fécondation artificielle et de ses résultats.
Nomenclature botanique. — Ses avantages
et ses inconvénients.
Enseignement horticole. — Cours et con-
férences; — Rôle des instituteurs commu-
naux dans la propagation de l’enseignement
de l’horticulture dans les campagnes.
Administration horticole. — Annexion
de l’horticulture aux Concours régionaux
agricoles; -- Transport des plantes par les
chemins de fer; — Congrès et Exposilion
universelle d’Amsterdam, faisant suite aux
grandes solennités de Bruxelles, en 1804,
et préparant celles de Londres, en 1800.
En 1805, nous avons doublé le nombre des
planches coloriées de la Revue, et nous don-
nons maintenant par an vingt-quafre plan-
ches do fleurs et vingt-(|uatre planches de
fruits et de légumes. Nous sommes ainsi en
mesure de faire coimaîlre sons leur vérilahle
aspect tonies les nouveanfés liorlicolos.
La nécrologie a été longue et douloureuse
en 1805; l’année 1800 commence à peine
et déjà nous avons plusieurs morts à enre-
gistrer. Dès notre Chronique du numéro du
1er janvier, il nous fallait écrire sur ce sujet
an milieu des larmes. Aujourd’hni encore,
le même devoir recommence. C’est d’abord
la mort dcM. le docteur Montagne, membre
de l’Académie des sciences cl noire collègue
à la Société centrale d’agriculture.
23
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JANVIER 1866).
M. Montagne avait atteint 8!2 ans; son
grand âge Tendait l’événement fatal iniini-
nenl; mais il était de ces hommes que l’on
voudrait voir vivre toujours, en raison delà
haute valeur de leur intelligence et de leur
caractère.
Jean-François-Gamille Montagne était né
àVaudoy (Seine-et-Marne), le 15 février 1 784.
Son père était chirurgien ; mais il mourut
jeune. Sa femme le suivit dans le tombeau,
et il ne resta qu’un orphelin abandonné,
dont l’éducation se fit au hasard et sans
maîtres. Il arrive souvent que l’adversité
hâte la maturité; à quatorze ans , en 1798,
Camille Montagne était déjcà énergique. Il
prit tout d’un coup la résolution de s’enga-
ger au ministère de la marine comme novice
timonier. Celui qui plus tard devait être
un grandbotanistes’enallatoutenfant àpied,
le sac sur le dos, de Paris à Toulon , où il
fut embarqué comme mousse sur le Lodi.
Il fut alors désigné pour faire partie de l’ex-
pédition d’Égypte. Sa vive intelligence l’a-
vait fait remarquer de ses chefs ; un sergent-
major, un médecin, se chargèrent de son
éducation; un capitaine de vaisseau le prit
comme secrétaire. L’enfant apprit, au con-
tact des illustres savants de l’héroïque ex-
pédition, à aimer la science et l’étude , et
lorsqu’en 1802, il revint cà Paris, il fit avec
succès ses cours de médecine. Il fut nommé
chirurgien en 1804. Le hasard des événe-
ments le conduisit successivement à Dun-
kerque, puis à Boulogne-sur-Mer, enfin à
Naples. Le roi Murat le remarqua, etil devint,
au bout de quelques années, chirurgien en
chef de l’armée napolitaine. Après l’entrée
des Autrichiens à Naples, il fut fa.t prison-
nier et emmené en Hongrie. Il ne recouvra
la liberté qu’en 1816. Il pratiqua la méde-
cine à Paris jusqu’en 1819, époque où il fut
rappelé au service militaire. En 1830, il
était chirurgien en chef de l’hôpital mili-
taire de Sedan, et il prit sa retraite en 1832.
Camille Montagne offrit alors l’exemple
rare d’un homme âgé de 48 ans débutant
dans la carrière scientifique; mais il se ré-
véla aussitôt par des travaux originaux. Il
avait fréquenté les plus illustres botanistes
du commencement de ce siècle , et durant
ses nombreux voyages en France, en Egypte,
en Italie, en Espagne, il avait beaucoup ob-
servé. L’étude des végétaux inférieurs ou
cryptogames était très-négligée en France;
il s’y adonna avec passion. Il décrivit et fi-
gura plus de 2,000 espèces de ces végétaux,
et il jeta une vive lumière sur leur constitu-
tion. Il acquit ainsi une réputation incon-
testée , et il rendit d’immenses services en
montrant l’importance du rôle des crypto-
games dans la vie à la surface du globe. En
1853, l’Académie des sciences l’élut dans
la section de hotani([ue en remplacement
d’Achille Puchard. H avait alors 69 ans.
mais nous l’avons vu continuer avec ardeur
ses travaux jusqu’à plus de 80 ans; travaux
pénibles , car ils nécessitaient l’usage con-
stant du microscope. C’est avec un vif cha-
grin qu’il dut alors renoncer à ses recherches
personnelles et se contenter de suivre les
travaux des autres. Il avait consacré trente
années de sa vie à faire connaître par des
descriptions et des figures analytiques des
plantes qui avant lui n’étaient pour la plu-
part qu’un objet de dédain, si l’on en ex-
cepte ciuelques-unes employées dans les
arts, dans la médecine ou l’alimentation
humaine, comme les champignons. A la fin
de 1863, il justifiait dans les termes suivants
la continuité de ses travaux :
« Abstraction faite de toute application, écri-
vait-il, on ne saurait vraiment imaginer l’intérêt
croissant toujours nouveau que l’étude des plan-
tes inférieures inspire à ceux cmi y consa-
crent avec désintéressement leurs longs loisirs.
Ainsi, pour ne parler que des Algues, ces plan-
tes admirables, qui vivent au fond des mers ou
peuplent des eaux douces, sont^ pour ainsi dire,
la palette où le Créateur a étalé ses plus bril-
lantes couleurs, pour composer de son magique
pinceau, en en graduant admirablement les
nuances, ces végétaux qui forment une de ses
plus brillantes parures, et le milieu même où
elles vivent et se perpétuent ne peut-il pas être
considéré comme l’immense laboratoire dans
lequel, essayant ses forces, elles s’élèvent par
gradation à des formations successives de
plus en plus compliquées par le mélange varié
et modifié à l’inlini des éléments les plus sim-
ples. »
PourM. Montagne, rien n’était plus admi-
rable que le monde des infiniment petits.
Deiis maximiis inminimisf disait-il.
M. Montagne est mort à Paris, le 6 jan-
vier, après une courte agonie. Sur sa tombe,
M. Brongniart a parlé au nom de l’Aca-
démie des sciences; M. le baron Larrey, au
nom du corps des médecins militaires, et
M. Bobinet, au nom de la Société d’agri-
culture et de l’Académie de médecine. L’es-
time et la vénération de tous les amis des
sciences s’atta'cheront toujours au souvenir
deM. Montagne. Il a voulu continuer à être
utile après sa mort; ses héritiers collaté-
raux jouiront de l’usufruit de sa petite for-
tune, une trentaine de mille francs, mais il
en a légué la nue propriété, ainsi que son
microscope, à l’Académie des sciences. Il a
laissé au Jardin des Plantes de Paris son
très-riche herbier, à la la confection duquel
ont concouru des savants du monde entier.
Les matériaux qu’il avait amassés pourront
servir de hase à de nouvelles recherches
et à de nouvelles conquêtes de l’esprit
humain.
— Nous devons encore annoncer la mort
d’un homme qui, à des titres différents, a
rendu service à Phorticulture. Il s’agit,
comme il y a quinze jours, d’un de nos
CHRONÎQUE HORTÎCOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JANVIER 1866).
U
compatriotes de Metz. Si nous parlons sou-
vent ici de l’horticulture de la Moselle, on
ne doit pas croire que c’est seulement parce
que nous appartenons à ce pays par notre
naissance et une partie de notre famille :
notre motif est plus sérieux ; la Moselle est
depuis longtemps un foyer d’où sont partis
en très-grand nombre de progrès horti-
coles. L’ami de l’horticulture messin dont
nous déplorons aujourd’hui la mort, est
M. Victor Simon, conseiller honoraire à la
Cour impériale de Metz. Sur cette mort,
nous recevons la lettre suivante de M. Cha-
bert :
« Melz, 8 janvier 4866.
(( Monsieur et cher compatriote,
(( Le 25 décembre 1865 est décédé à Metz, à
la suite d’une longue et douloureuse maladie,
Charles-François-Yictor Simon, né en cette ville
le 3 mars 1797, conseiller honoraire à la Cour
impériale, chevalier de la Légion d’honneur,
auteur d’un certain nombre de publications im-
portantes sur l’agriculture, la géologie, l’iiis-
toire et l’archéologie locales. 11 avait le titre de
correspondant du ministère de l’Intérieur et du
ministère de l’Instruction publique pour la con-
servation des monuments nationaux, et de sous-
directeur de l’Institut des provinces pour les
provinces du nord-est de la France.
Membre fondateur de la Société d’horticul-
ture de la Moselle, Victor-Simon avait été appelé
à faire partie, dès l’origine, de son conseil
d’administration. Il s’était souvenu constamment
que fonctions obligent. Aussi, après avoir acti-
vement secondé le mouvement pratique horti-
cole dans notre pays, à partir de 1843, avait- il
songé à fairé une large part aux discussions
sérieuses sur ce point, lors des assises scienti-
iiques tenues à Metz en 1854 et 1861. Nous
eûmes la satisfaction d’être secrétaire de cette
dernière session, sous sa direction intelligente
et libérale. Les questions les plus intéressantes
y furent dévelojipées avec tous les soins dési-
rables. Les procès-verbaux et les mémoires im-
primés en font foi.
^ « Dès avant l’établissement de la Société
d’horticulture de la Moselle, Victor-Simon avait
demandé la création d’un cours d’arboriculture
à l’autorité départementale, et avait vivement
favorisé les leçons de botanique données au Jar-
din-des-Plantes de la ville de Metz par les esti-
mables professeurs volontaires les Holandre,
les Fournel, les Haro.
(( Gomme membre de la Société horticole mo-
sellanne, Victor-Simon eut l’initiative de propo-
ser la distribution entre les jardiniers lauréats
des expositions d’outils perfectionnés, et de la
création d’une sorte de musée, composé des
modèles des meilleurs fruits dont la culture est
principalement recommandée dans les départe-
tements de l’Est.
« La vie de cet homme éminemment instruit
et toujours laborieux, ne peut se résumer en
quelques lignes ; elle est du reste tout au long
tracée dans les Annales savantes de notre ville.
« Veuillez agréer, etc.,
« Chabert,
((Membre du Conseil d’.'idminisiralion
de la Société d’horlicuUiuc delà
Moselle. »
A propos de nécrologie, nous avons an-
noncé récemment lamortdudocteurLindley.
Nous rappelons aujourd’hui cet événement
parce que le Conseil de la Société royale
d’horticulture d’Angleterre a résolu d’in-
stituer une médaille qui s’appellera Lm-
dley medalj etqui sera remise aux exposants
les plus méritants des réunions scientifi-
ques du mardi. Cette médaille acquerra
ainsi une double valeur, comme marque de
respect envers la mémoire d’un de ceux qui
ont le plus fait pour la Société royale et
comme un signe de l’intérêt qui S'attache à
ses meetings horticoles.
Le Gardeners'Chronide nous apprend que
la Société royale calédonienne d’horticul-
ture et laSociété d’horticulture d’Edinburgh,
qui se disputaient la prééminence en Ecosse,
et qui ont été le centre de travaux impor-
tants et fort distingués depuis plusieurs an-
nées, viennent de se fusionner pour con-
stituer une seule Société qui prendra le nom
de Caledonian Society. Les termes et les
conditions de ce traité d’union, dit le rédac-
teur du Gardeners'Chronicle, nous permet-
tent d’espérer que l’énergie et l’utilité de
ces deux savantes corporations n’auront
qu’à gagner à cette fédération intellectuelle.
La Société royale calédonienne d’horticul-
ture, plus jeune que son alliée, lui rend à
coup sûr un grand service, sur ce que son
annexion permet de renouveler les statuts
surannés et de reconstituer en une base
durable un édifice scientifique incompara-
ble ; d’un autre côté, la Société d’borticul-
ture d’Fdinburgh apporte à l’association
toute l’autorité de sa célébrité antérieure.
La Caledonian Society semble donc appelée
à un avenir brillant et durable. Ses jardins
font désormais partie du domaine de l’an-
cienne Société d’Edinburgh et sont destinés
à l’établissement d’une pépinière expéri-
mentale annexée au Royal Botanic Garden.
Avant cette fusion, une grande rivalité avait
toujours existée entre ces deux Sociétés;
mais les intérêts de la science avaient tou-
jours gagné à ces luttes. Il est donc permis
de croire que celte fusion ne sera pas dé-
truite par un antagonisme indigne d’une des
grandes institutions horticoles de l’Europe.
— Dans sa dernière séance de 1805, la
Société centrale d’horticulture a constitué
son bureau de la manière suivante :
Président : M. le maréchal Vaillant.
Vice-présidents: MM. Drongniart, Andry,
Dépin, Doisduval.
Secrétaire général: M. Douchard-Iliizard.
Secrétaires : MM. Verlot, Neumann,, Rouillard,
Bariilet-üeschamps.
Trésorier : M. Moras.
Trésorier-adjoint : M. Lecocq-Duménil.
Conseillers : MM. Ghauvière, Thibaut, Rivière,,
Eug. Verdier.
Bibliothécaire : M. Pigeaux.
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JANVIER 1866).
— Nous n’avons reçu dans cette quinzaine
qu’un seul nouveau programme pour les
Expositions horticoles pour 1866. C’est celui
de la Société d’horticulture de Earrondisse-
ment de Cherbourg. Cette Société tiendra
une Exposition particulièrement consacrée
à la culture maraîchère, du 12 au 15 mai.
Des récompenses seront en^ même temps
décernées aux instituteurs qui auront donné
à leurs élèves des leçons théoriques et pra-
tiques d’horticulture, et nous lisons dans le
programme la disposition suivante :
« Une médaille d’or est offerte par la Société
au meilleur traité d’horticulture pour les insti-
tuteurs, appelé à répandre dans nos campagnes
les connaissances pratiques les plus exactes de
la culture maraîchère et fruitière , ou aux meil-
leures publications horticoles offrant un intérêt
spécial pour l’arrondissement de Cherbourg. »
A l’occasion de l’enseignement horticole,
nous devons annoncer la réouverture des
cours que M. Du Breuil professe chaque
année à Paris. Ces cours sont au nombre de
trois : 1° un cours public et gratuit de viti-
culture et d’arboriculture, au Conservatoire
impérial des arts et métiers, les lundis et
mercredis, à 1 heure, à partir du 15 janvier;
2» un cours pratique et gratuit d’arboricul-
ture, fait , sous le patronage du Ministre de
l’agriculture, pour les jardiniers, au jardin
fruitier du professeur, rue de Grenelle-
Saint-Germain, 139, tous les dimanches à
midi , à partir du 4 février ; 3° un cours
payant d’arboriculture , qui commencera le
9 février, à 2 heures de l’après-midi et sera
continué tous les mardis et vendredis jus-
que vers la fin d’avril. La même leçon
sera répétée chaque jour à 9 heures du
matin et à 2 heures après-midi. Une heure
spéciale (de 1 heure à 2 après midi) sera
réservée pour les dames qui désireraient
profiter de cet enseignement. Des cartes
d’entrée sont délivrées chez le professeur,
9, boulevard Saint-Germain, ou chez le
concierge, 139, rue de Grenelle-Saint-Ger-
main.
Il vient de paraître deux petits volumes
qui portent tous deux le titre de : Les plantes
à feuilles ornementales. Ils sont dûs, l’un à
M. André, l’autre à M. de Lambertye, c’est-
à-dire à deux de nos collaborateurs. Mais,
quoique ceux-ci s’occupent simultanément
du même sujet, ils présentent l’exemple de
la continuation des relations les plus ami-
cales. Il sera rendu des comptes spéciaux
de ces deux livres. Nous devons nous borner
à dire aujourd’hui que l’ouvrage de M. de
Lambertye sera partagé en trois parties
dont la première seule a paru : elle est
consacrée aux principales espèces de Sola-
num;^ la deuxième partie comprendra les
principales espèces et variétés de Canna, et
la troisième, un mélange d’espèces apparte-
nant à d’autres genres. Le plan du petit
U
volume de M. André est tout différent. Après
des généralités sur les différents modes de
culture, il présente une sorte de diction-
naire alphabétique des plantes à beaux feuil-
lage cultivées aujourd hui pour orner les
jardins. Ce sont deux ouvrages qu’on con-
sultera avec un grand intérêt.
— Nous devons insérer la réclamation
suivante, à laquelle nous donnons tout notre
assentiment :
« Monsieur,
« Encore une erreur typographique à propos
des noms anglais : dans l’article sur les Cerises
anglaises que vous avez reproduit dans votre
numéro du Ier décembre dernier, page 463,
j’ai dit, avec Duhamel, Cherry-Duke^ et non
Clary-Duke. Je relève cette incorrection pour
vous éviter des réclamations étrangères et pour
venir à l’appui de votre observation sur l’oppor-
tunité de donner à nos variétés de fruits des
noms français. »
« P. DE MORTILLET.
« Meylan, 18 décembre 1865. »
A propos de la discussion qui s’est enga-
gée dans nos colonnes entre M. Gagnaire
et M. Bruant, sur le Géranium Triomphe
de Gergovia, nous devons placer ici, en ré-
ponse à la lettre de M. Gagnaire, insérée
dans le numéro du décembre dernier
(page 433), l’opinion suivante de M. Chaté
fils.
« La variété Aug. Ferrier (ou Triomphe de
Gergoria est meilleure à tous égards que
celle à fleurs pleines Martial de Champfîourd;
car, quoique moins double, elle est d’un coloris
plus brillant, sa floraison est bien plus abon-
dante, et elle deviendra la source de nombreu-
ses variations
(( L’impulsion, comme on le voit, est donnée ;
nul doute que d’ici à quelques années, nous
possédions des Géraniums à fleurs doubles, aux
coloris aussi variés et aussi florifères que leurs
congénères à fleurs simples. »
Comme conclusion , nous ajouterons
qu’il faut encourager toute tentative nou-
velle, quoiqu’il soit juste de modérer par-
fois les enthousiasmes trop ardents. Avec
ce sentiment des choses, les horticulteurs
pourront différer d’opinion, et non pas se
combattre avec violence.
La lettre suivante , que nous adresse
M. Jean Sisley, renferme un renseignement
et une question qui seront lus avec intérêt.
Le renseignement est relatif aux graines de
Crocosmia aurea; la question porte sur l’u-
tilité de l’huile de pétrole pour la destruc-
tion des insectes parasites des plantes.
« Lyon, le 28 déeembre 1863.
« Monsieur,
(î: N’ayant pu satisfaire à toutes les demandes
qui m’ont été adressées , pour les graines de
1. Ces deux variétés de provenance distincte, et
mises au commerce à peu près à la même époque,
, ont été depuis reconnues identiques.
26
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QEINZAINE DE JANVIER ISGGj,
Crocosmia aurea que j’offrais aux abonnés de
la Revit e ho) ticole , le 1er février dernier, je
vous prie de vouloir bien les prévenir que j’en
ai fait une récolte abondante, et que je serai
charmé de partager avec les amateurs qui m’en
adresseront la demande avant le 10 février pro-
chain, époque à laquelle il est convenable de
les semer, si l’on veut voir fleurir les plantes en
août.
(( Je profite de cette occasion pour rappeler
aux arboriculteurs qui lisent la Revue que je
cherche depuis quatre ans un remède pour dé-
truire ou chasser les mouches, dont les larves
détruisent mes récoltes de Poires, et que tous
les moyens que j’ai employés sont restés infruc-
tueux.
« M. Georges Barrai , dans le numéro du
1®'’ avril 1865 de la Revue horticole (nage 1-39),
a cité les expériences faites par M. le docteur
Decaisne, médecin principal de l’hôpital d’An-
vers, sur l’emploi de l’huile de pétrole pour dé-
truire les insectes parasites des animaux et des
plantes, et engageait les horticulteurs à en ex-
périmenter l’emploi.
« Je redoute d’en user sur une grande
échelle, car j’entends dire autour de moi que
cette huile est très-nuisible aux arbres.
« Si quelques-uns des nombreux lecteurs de
la Revue voulaient bien faire connaître, dans un
des plus prochains numéros, ce qu’ils en savent,
ils rendraient grand service aux amateurs, sur-
tout à ceux des petits jardins, qui souffrent da-
vantage des ravages des insectes.
(( Si je pouvais être édifié à cet égard avant
'la floraison de mes Poiriers, je mettrais en pra-
tique le conseil du docteur belge et serais heu-
reux d’aider à vulgariser cette bonne nouvelle.
« Agréez, etc.
« Jean Sisley. »
Le dernier numéro du West of Scotlmid
Horticultiiral Magazine contient les judi-
cieuses lignes suivantes sur le choix des va-
riétés de Glaïeuls:
« Qu’est-ce qui constitue un beau Glaïeul? —
La première condition requise est qu’il se dis-
tingue parfaitement des variétés voisines ; que
la teinte en soit franche et que les fleurs, bien
rapprochées de la tige, soient toutes uniformé-
ment tournées vers un même point. Les variétés
les plus parfaites que nous connaissons sont
Pénélope et Madame Vihnorin. Madame Haguin
se rapproche également de la perfection, sans
toutefois égaler ces modèles.
Parmi les variétés de nouvelle introduc-
tion, le West of Scotland Horticultiiral Ma-
gazine. signale les Gladioliis suivants :
« Charles Dickens , variété d’une couleur ex-
trêmement originale, teinte chamois avec des
mouchetures et des raies carmin ardent : cette
disposition est d’un ti’ès-heureux effet dans les
serres.
« Cristal Pu/acc, jolie fleur, élancée et légère ;
l’arête des pétales est rose et les bords sont
traversés par de nombreuses rayures violettes.
Quand on la maintient à l’ombre, la fleur est
complètement blanche et devient magnifique.
(■<■ U Ornement des parterres, fleur blanche,
avec un pointillé lilas-rose sur les ailes des pé-
tales, tandis que l’arête offre une teinte carmi-
née très-intense : l’apparence en est gracieuse
et fort distinguée.
(S. Madame Vilmorin, variété rose ardent,
teinte blanche au centre avec un magnifique pi-
queté carmin: c’est incontestablement la plus
belle variété que les horticulteurs possèdent.
« Meyerbeer, rouge étincelant, raies et taches
sanguines de plusieurs teintes sur les bords :
c’est une variété très-recommandable.
(( Monsieur Camille Rernardin, fleur rouge
intense d’un effet et d’une distinction très-re-
marquable.
(t. Docteur Lindley . Les pétales du centre, d’un
rose clair, sont rayés par des lignes plus fon-
cées; les pétales périphériques sont d’un rouge-
cerise très-ardent. C’est encore une très-belle
variété. »
Toutes ces variétés nouvelles se recom-
mandent à l’attention des horticulteurs;
elles ne sont pas inférieures à celles que Ton
possède depuis longtemps, telles que Achille,
Gérés, Comte de Morny, Florian, Janire,
Lord Raglan, Duc deMalakojf, Le Poussin,
Linné, Lord Granville, Mazcjipa, Raphaël,
Rubens, Vesta, Princesse Clotilde, Madiime
Rasserille, Reine Victoria, John Rull, etc.
J. A. Barral
SUR LES PELARGONIUM ZONALE A FLEURS DOUBLES
Eï SEMI-DOUBLES.
Il existe maintenant dans les jardins un
grand nombre de variétés horticoles dont
Torigine est tout à fait perdue. Il est re-
grettable de iT avoir aucune notion sur Té-
j)oque de l’apparition de ces plantes orne-
mentales; 011 éviterait ainsi des discussions
prolongées au milieu desquelles la vérité
perce difficilement. Que Ton me permette
de consigner ici Torigine encore récente des
Pelnrgoniwn zonale à fleurs doubles, qui
tous sont auvergnats.
Depuis plus de dix ans, j’avais dans mon
jardin un Pélargonium zonale semi-double
auquel je ne faisais aucune attention. Ce Pé-
largonium était répandu dans la plupart des
jardins de Clermont, et, j’avoue toute mon
ignorance, je croyais cette plante commune
et connue partout. Elle était semi-double,
assez vigoureuse et peu florifère. Je dirai plus
loin le nom qu’elle porte aujourd’hui; ce
Pélargonium est fertile et donne assez sou-
vent des graines.
p]n 1803, une Ex])osition eut lieu à Cler-
mont, et M. Amblard, horticulteur, présenta
27
SUR LE PELARGONIUM ZONALE A Fl
plusieurs pieds de Pélargonium à fleurs
doubles, dont un seul, entièrement plein et
très-beau, fut conservé. Il provenait des
graines du semi-double commun partout à
Clermont. Cette belle variété a été décrite
par moi, dans la Revue horlicole sous le
nom de Pélargonium zonale Gloire de Cler-
mont. Sur le vu d’une ombelle adressée par
M. Amblard à M. Van Houtte, de Gand, ce
dernier, par mon intermédiaire, fit l’acqui-
sition de l’édition entière et sans réserve.
A peine cette acquisition fut-elle connue
que M. Bornas, horticulteur à Riom, m’ap-
porta une ombelle d’un Pélargonium zonale
double, beau, mais moins parfait que celui
de M. Amblard. M. Van Houtte me pria de
lui faire l’acquisition de l’édition de ce nou-
veau Pélargonium zonale double. Malgré les
assurances du vendeur, il avait été distribué
quelquesbouturesdecedernierPelargonium.
Vers cette même époque, M. Ferrier
reçut d’un horticulteur de Clermont, M. An-
toine Pabot, un autre Pélargonium zonale à
fleurs doubles, dilférent des deux précédents
et moins beau. Ce dernier figure maintenant
sur les catalogues sous le nom de Martial
Champflour, amateur chez lequel M. Pabot
était jardinier.
En résumé, il y a aujourd’hui quatre va-
riétés de Pélargonium zonale à fleurs doubles
et différentes les unes des autres. Les voici
par ordre de mérite:
1» Gloire de Clermont, à fleurs entière-
ment pleines, acquise par M. Van Houtte et
qu’il possède seul. Elle a été portée sur son
catalogue, sous le nom de Ranunculillora
plenissima ;
DE L’ANCIENNE ET DE
DES ARDU
Tout récemment, plusieurs saA^ants, à la
tête desquels se trouvent MM. le D>’ Pi-
geaux, Paul de Mortillet et, paraît-il aussi ,
M. Decaisne, l’illustre professeur du Mu-
séum, ont dit, notamment les deux premiers,
qu’il y avait encore de notre temps neuf
jardiniers sur dix qui faisaient absolument
abus de la serpette.
Cette opinion est partagée par tous les
horticulteurs qui se rattachent à la récente
école. Certes elle n’est pas nouvelle, carily
a plus de soixante ans qu’un baron, devenu
par goût jardinier praticien très-habile, et
bien connu, puisqu’il est l’auteur d’un livre
sur la taille, qui a euPbonneur de vingt édi-
tions, exprimait la même opinion, et de
plus ajoutait que la taille se faisait de son
temps absolument à contre-sens, puisqu’il
EURS DOURLES ET SEMI-ROUBLES.
2o Ferrier, ({\n est probablement la même
plante que celle de M. Bornas, de Riom, qui
n’en était pas l’obtenteur, et dont il existait
sans doute des cultures ailleurs que cbcz
lui ;
3° Martial Champflour, qui existait de -
puis longtemps dans les jardins de Cler-
mont ;
4o Triomphe de Gergovia, le plus ancien,
semi- double, le moins beau, mais ayant
très-probablement le mérite d’avoir fourni
les graines qui ont produit les trois autres.
Be ces quatre variétés, la première seule
et sans contredit la plus belle, est possé-
dée par M. Van Houtte seul, tandis que les
autres avaient déjà été répandues et pourront
se retrouver sous des noms différents dans
divers catalogues.
La première de ces variétés. Gloire de
Clermont ou Ranunculiflor a plenissima y on
Houtte, est vigoureuse, mais un peu tardive.
Rentrée à l’automne , elle continue à
fleurir et à donner des ombelles bien fournies
de fleurs qui persistent longtemps et qui
peuvent être utilisées avec grand succès dans
les bouquets et surtout dans les coiffures.
Telle est l’origine des Pélargonium au-
vergnats; je ne doute pas que, d’ici à quel-
ques années, ils ne deviennent la souche de
toute une légion de Pélargonium à fleurs
doubles et diversement colorées, et je re-
commande comme porte-graine le moins
beau, mais le plus fertile, celui que j’ai
ignoré si longtemps dans un coin de mon
jardin, le Triomphe de Gergovia.
Henri Lecoq,
Direiteur du Jardin botanique
de Clermont-Ferrand.
A NOUVELLE CONDUITE
FRUITIERS.
disait : (( H n’y a qu’à Montreuil, où l’on
taille très-longues les branches à bois, et
au contraire très-courtes les branches frui-
tières; partout ailleurs, on fait tout le con-
traire. »
Le défaut signalé par les savants dont je
viens de parler est donc bien réel. Mais
M. Pigeaux vient d’exprimer son opinion
avec une si vive conviction, qu’au premier
moment, on a cru qu’il voulait dès à pré-
sent supprimer toute espèce de taille, ou
coupe" de branches quelconques, et en cela
se rapprocher éminemment de la nature,
qui, elle, ne coupe rien.
Cette croyance a été partagée par noire
célèbre professeur M. Bu Breuil, à tel point
qu’il s’est cru obligé de combattre à sa nais-
sance, croit-il, cette nouvelle tendance.
Bisons bien vite que les savants dont je
viens de parler ne veulent pas du tout sup-
1. Vol, de 1864, page 303.
28
PE L’ANCIENNE ET DE LA NOUVELLE CONDUITE DES ARBRES FRUITIERS.
primer la taille, mais seulement en corri-
ger les abus. C’est là ce que désirent tous les
horticulteurs de la récente école. Or il me
semble qu’ils justifieraient cette opinion en
faisant seulement une plus large appli-
cation de notre nouvelle production frui-
tière : celle découverte depuis 1850 ou
dont les principes ne datent que depuis
cette époque.
Ces principes, j’en conviens, ne sont pas
encore rassemblés dans un corps d’ouvrage;
mais, bien que disséminés çà et là, surtout
dans plusieurs articles de la Revue ^ il est
très-facile de juger qu’ils évitent parfaite-
ment les abus de la taille.
Pour s’en convaincre, il suffit de rappro-
cher brièvement ce que faisaient nos pères
de ce que nous faisons dans ce but. Disons
d’abord que la nature, pour obtenir le fruit
d’un arbre quelconque, fait le bois avant de
faire le fruit : conséquemment, établissons
d’abord la charpente de nos arbres frui-
tiers, et ne la couvrons que progressive-
ment de productions fruitières. Jusque-là,
anciens et nouveaux venus sont évidemment
d’accord.
Or nous savons tous que l’établissement
de la charpente des arbres fruitiers avait
nécessité autrefois la découverte de beau-
coup de règles, donnant naissance à un plus
grand nombre d’exceptions; le tout formait
un art compliqué, une science peut-être ;
car dix ans d’étude suffisaient à peine pour
en bien saisir tous les principes. Mais nos
pères étaient studieux, travailleurs et pa-
tients. Aujourd’hui trouverions-nous que
tout l’échafaudage dont je viens de parler,
remplacé par le plus simple fait, le pince-
ment, serait encore trop long?
La charpente établie, pour la couvrir
régulièrement de productions fruitières, nos
pères avaient encore imaginé plusieurs arti-
fices, qui exigeaient un savoir varié. Aujour-
d’hui pareil résultat est obtenu, en répétant
absolument le même simple fait : le pince-
ment.
Enfin, autrefois, en dépit de toute la
science d’alors, il n’y avait encore jusque-là
de créé que la tête pour concevoir l’art,
ou en diriger les principes. Il restait encore
à former le bras pour agir, ou tirer un parti
matériel de tant de science.
Malheureusement cette nouvelle recher-
che offrit des difficultés d’un autre ordre :
parce qu’il est dans les facultés de la tête,
de l’imagination d’aller loin, de varier faci-
lementses conceptions; mais le bras, au con-
traire, ne s’étend pas beaucoup et se montre
rebelle aux changements d’action; voilà pour-
quoi, malgré l’incontestable mérite de la
théorie ancienne, les praticiens qu’elle a
formés, ou sont de véritables artistes, ou ne
savent presque rien. Entre ces deux excès, il
y apeu d’intermédiaires. Ce fait, pour nous,
propriétaires de jardins, est un très-grave
inconvénient ; il nous oblige à faire nous-
mêmes ou encore à supporter des prix ridi-
cules; je les appelle ridicules, parce que
nous savons tous que si nous entrons dans
cette voie, il faut absolument attribuer à
nos fruits un prix d’imagination, c’est-à-
dire qui ne peut se réaliser. Contraire-
ment à ce grave inconvénient, la pratique
nouvelle, ne s’exerçant que sur une seule
opération, s’en acquitte vite, et même l’exé-
cute bientôt avec la plus grande dextérité.
Vous le voyez, nous voilà arrivés à une
double simplification théorique, et certai-
nement aussi à de plus grandes facilités pra-
tiques. Que doit-il ressortir du concours de
ces deux avantages? Evidemment une plus
facile obtention de fruits, mais en outre une
production à plus bas prix. Or, pour nous
calculateurs, c’est là toute la question.
Si nous nous arrêtons là, on voit déjà
que l’art de nos pères est devenu entre nos
mains à la fois plus facile, plus prompt et
plus économique. Mais à ces trois perfec-
tionnements, déjà si capitaux, il s’en joint
d’autres.
Le premier en ligne est celui d’éviter
aux arbres toutes les maladies qui résul-
tent de la coupe continuelle de leurs bran-
ches; ces maladies sont nombreuses, tout le
monde le sait. Si elles disparaissent, ou seu-
lement diminuent, les arbres n’en auront
que plus de vigueur et par conséquent plus
de fruits; mais nous croyons aussi une plus
longue vie. Cependant, à cet égard, la nou-
veauté des découvertes n’a pas permis
encore de vérifier pratiquement ce fait :
ne le supposons donc que probable. Au
mioins, la certitude d’une diminution des
deux tiers dans l’attente des nouveaux fruits
nous est acquise, et pour nous, dont le veau
d’or n’est plus que dans les jouissances très-
prochaines, il y aura compensation.
Je passe ici sous silence plusieurs per-
fectionnements de détail sur lesquels je
ne puis m’étendre, tels que le double et
triple palissage des branches fruitières, pa-
lissage qui n’existe plus du tout Ce fait
permet au même homme de soigner deux
ou trois fois plus d’arbres qu’il ne pouvait
le faire autrefois.
Disons encore que les abris se sont non-
seulement perfectionnés , mais même éten-
dus à tous les arbres de nos jardins, soit
ceux plantés aux pieds des murs, soit ceux
plantés en pleins carrés. On sait que , bien
appliqués, ils garantissent les récoltes des
uns et des autres, chaque année à un dixième
près L
Mais ils jouissent aujourd’hui d’un autre
avantage , c’est d’éviter l’énorme dépense
1. M. Gressent l’a aussi expérimenté (voir la
2e édition de son ArboricuUitre, p. 271).
DE L’ANCIENNE ET DE LA NOUVELLE CONDUITE DES ARBRES FRUITIERS.
29
do la création des murs intérieurs de jar- ]
diii, qui, faite tout à coup, est souvent im-
possible au petit propriétaire ou à Foiivrier.
Avec des abris , ces derniers peuvent rem-
placer avantageusement les murs par les
soins et le travail, ce qui les met à meme
de rivaliser avec qui que ce soit dans la
production fruitière.
De l’emploi bien entendu des précédents
abris et du fait que la conduite de nos ar-
bres de jardin est simplifiée dans sa théorie
et plus facile dans sa pratique, il résulte
évidemment qu’un plus grand nombre de
travailleurs pourront s’enoccuper. Nous au-
rons donc plus de chance d’arriver à l’abon-
dance des fruits. Or, à cet égard, je dois
dire, que dans un moment où commence à
se développer en France un nouveau et
grand commerce , celui des fruits , rien
n’est plus important que d’en produire
beaucoup. A cet égard, l’ancienne produc-
tion nous laisse depuis longtemps dans un
état à peu près stationnaire.
Aux changements dont je viens de parler,
je pourai ajouter le parallèle des défauts
capitaux de l’ancienne taille à ceux de la
nouvelle.
Pour en signaler seulement quelques-
uns, je noterai la singulière manie de nos
pères de n’avoir jamais formé la charpente
de leurs arbres fruitiers, ou les ramiüca-
tions de leurs branches, qu’avec les boutons
à bois de l’année précédente. Ici, ils se
sont copiés successivement, sans qu’aucun
cherchât autre chose ; le fait me semble
évident, puisqu’ils savaient parfaitement
que les branches ainsi obtenues étaient es-
sentiellement d’inégale vigueur, ayant ima-
giné maintes règles pour les ramener à
la meme force. A l’aide des boutons récents
que forme à l’instant la nouvelle école, les
branches obtenues sont naturellement de
même vigueur; on évite donc alors la néces-
sité d’employer toutes les règles dont il
vient d’être question ; mais, et c’est plus
important, toutes les coupes continuelles
de branches si désastreuses pour la santé
des arbres deviennent alors sans raison d’ê-
tre.
Une autre faute, qui a favorisé encore
cette malheureuse coupe de branches, c’est
de s’être imaginé qu’en faisant cette opéra-
tion pendant le repos de la sève , on évitait
absolument toute espèce de perturbation de
sève dans les arbres. Si l’on attend le re-
tour de celle-ci, l’apparition des nombreux
gourmands dont l’arbre se couvre prouve
que le mal n’a été que retardé. Que fait-on
alors, sous peine d’en voir l’arbre absolu-
ment défiguré? On coupe ceux-ci, même
avant le retour du repos de la nouvelle sève.
C’est ajouter une inconséquence à la pre-
mière faute. Evidemment le pincement
obvie à tous les maux queje viens de signaler.
Suivant que les lecteurs goûteront le pa-
rallèle que nous venons de commencer, nous
le continuerons.
D. Bousgasse,
CULTURE DE LA VIGNE A LONG BOIS.
Parmi les procédés de culture décrits par
M. Carrière, dans son livre intitulé : La
Vigne il en est un qui est pratiqué dans
notre voisinage par un ménage de proprié-
taires vignerons, soigneux, intelligents,
amoureux de leur art, M. et Aubry,
de Thorigny, et sur lequel nons désirons
vivement appeler l’attention de nos lec-
teurs.
M. Aubry plante exclusivement ses vignes
en Meunier ou Taconnet, variété de Pinot
à petites grappes très-serrées. C’est le
plant qui, d’après les vignerons de Tho-
rigny, réussit le mieux dans leur sol et sous
leur climat; la plupart des vignes renfer-
ment quelques Gainais communs et quel-
ques Mesliers blancs et jaunes.
Tous les vignerons le savent : le Meunier
exige la taille à long bois. La taille longue
est donc exigée à Thorigny par la nature
du plant et par la nature du. sol très-
fertile.
1. Un vol. in-12 orné de gravures. Prix, 3 fr. 50
à la Librairie agricole.
Distance entre tes plants. — BL Aubry
plante les vignes qu’il veut soumettre à sa
nouvelle méthode à en tous sens, mais
il conseille de planter à 1“.25 de préfé-
rence.
Supports. — Échalas. — Fils de fer. —
Dans le système de M. Aubry, la vigne est
soutenue par un échalas et un rang de fil de
fer placé à 0™.50 au-dessus du sol.
L’échalas placé au pied de chaque cep
soutient le fil de fer sur lequel la branche
à fruit est inclinée. Il sert en outre à
soutenir et élever les branches dites de rem-
placement auxquelles on ne touche pas
pendant toute la durée de la végétation et
qu’on se borne seulement à rogner à 0"M5
ou 0‘t^.20 au-dessus de l’échalas, vers la fin
de juillet, à l’époque du ralentissement de
da sève, de manière à empêcher le dévelop-
pement des yeux de la branche de rempla-
cement.
Un seul fil de fer n» U2, soutenu à l’extré-
par un petit pieu placé en arc-boutant et
dans l’intérieur de la ligne par Téchalas,
^ supporte la branche à fruit, qui est arquée
30
DE LA CULTURE DE LA VIGNE A LONG BOIS.
et couchée en forme de go renversé (fi g. 3.)
Les fils de fer sont tendus au moyen d’un
raidisseur en fer, en bois ou en os de
mouton.
Dans le système Ilooïbrenk, la branche à
fruit est iirclinée sous un angle de 112 de-
grés. L’extrémité de la branche à fruit s’a-
baisse donc jusqu’à 0"M2 du sol : les fruits
placés à l’extrémité de la branche sont
exposés à toucher le sol et à pourrir.
M. Aubry remédie à cet inconvénient
grave en faisant décrire à la branche à fruit
un S renversé. Par ce moyen, l’extrémité de
la branche à fruit, au lieu de descendre vers
le sol, est relevée, fendue à son extrémité et
attachée sur le fil de fer par un osier; elle
est assez solidement fixée au fil de fer pris
dans la fente pour ne rien craindre de la
violence du vent.
M. Aubry possède aujourd’hui 42 arcs de
vignes cultivés d’après ce système ; toutes
ses nouvelles plantations sont faites pour y
être soumises.
Bien que les vignes actuellement cultivées
par M. Aubry n’aient pas été plantées dans
le but d’être conduites d’après cette mé-
thode, à laquelle elles sont soumises depuis
deux ans seulement, elles ont produit en
1805 au minimum 25 pièces de 2 hect. 20
à l’arpent de 42 ares.
Une vigne a donné 30 pièces, soit en
moyenne 27 pièces 1/2 par 42 ares, tandis
que la moyenne de la récolte des cultiva-
teurs qui suivent la méthode du pays est de
15 pièces environ.
Les vignes de M. Aubry sont plantées en
bons plants et en bon sol ; aussi vend-il son
vin un peu plus cher que ses voisins.
La production de l’année dernière avait
été de 22 pièces, vèndues 65 fr. environ.
On peut évaluer le cours du vin de celle
année à 50 fr. la pièce au minimum. Les
25 pièces récoltées, évaluées à 50 fr., don-
nent donc au minimum un produit brut de
1,250 fr. par arpent de 42 ares, produit ré-
munérateur en élevant môme les frais et
faux frais de culture et d’exploitation à
500 fr. par 42 ares.
Les avantages du système de culture pra-
tiqué par M. Aubry peuvent être résumés
en quelques mots :
1» Les frais d’établissement de la vigne
sont beaucoup moindres ; cette méthode
exige moins de plant; en outre, elle ne de-
mande qu’un échalas par pied, tandis que
la méthode du pays en exige trois au
moins.
M. Aubry n’emploie pas- plus de 8,000
échalas par hectare, taudis que ses voisins
en emploient 35,000 au moins. La dépense
totale, fil de fer galvanisé compris, ne dé-
passe pas le prix de 11,000 échalas à 0f70
le mille, soit 770 fr. par hectare, tandis que
celle des voisins est de 35,000 échalas, soit
2, 450 fr. par hectare. Comme il a seulement
8,000 échalas au lieu de 35,000 à piquer et
à retirer chaque année et à renouveler tous
les ans, il est évident qu’il dépense une
moindre somme d’argent et de travail.
Quant au fil de fer, la dépense première
est d’un tiersmoindre que celle des échalas;
la durée du fil de fer bien galvanisé dépasse
celle de la vigne.
2« Les façons sont moins nombreuses et
beaucoup plus faciles, l’espacement des li-
gnes, 1"*.10 à U”. 25, permet de les donner
à la charrue.
3« L’inclinaison en c/Ddes deux branches à
fruit, portant chacune dix yeux, assure le
développement d’au moins vingt-iiuatre
grappes.
M. Aubry supprime chaque année les
gra[)pes excédant ce chilfre. Celies qui res-
tent deviennent beaucoup plus belles, et
mûrissent mieux. M. Aubry pense que vingt-
quatre grajipes par cep sont un produit très-
Pomme Grelot.
l
ni
31
CULIURE DE LA VIGNE A LONG BOIS.
suffisamment rémunérateur pour le vigneron.
Il constate d’ailleurs que ce produit consi-
dérable n’altère en rien la vigueur de ses
vignes.
4^ Dans ce système, l’excédant de sève
inutile pour la nourriture des grappes se
répand dans les branches de remplacement
élevées droites, surl’écbalas; le bois grossit,
s’aoûte bien, les yeux se gonflent. Par ce
moyen, M. Aubry obtient non-seulement
une belle récolte pour l’année, mais il s’as-
sure, en outre, de beaux bois de remplace-
ment et une belle récolte pour l’année sui-
vante, avantage que n’ont pas la plupart
des vignerons qui suivent l’ancienne mé-
thode du pays, et qui ne peuvent pas obte-
nir de beaux bois de remplacement.
Les pieds de vigne plus éloignés les
uns des autres ont plus de puissance de vé-
gétation; ils doivent vivre plus vieux.
La simplicité du travail permet à la
femme de M. Aubry d’exécuter les menues
façons; Aubry, en s’asssociant aux ef-
forts de son mari, en le secondant de son
travail, de son intelligence, a donné un ex-
cellent exemple dans le temps où les
femmes refusent trop généralement de s’oc-
cuper des travaux de la culture.
Ce n’est pourtant qu’en concourant éner-
giquement au meme but, en unissant leurs
forces, que les ménagères de cultivateurs
pourront vaincre les obstacles, réaliser des
progrès réels.
On a pu voir, dans le n‘^ du novembre
de la (page 414) que la Société d’hor-
ticulture de Seine-et-Marne a décerné à
M. et à Mme Aubry une médaille d’argent,
lors de l’Exposition de Lagny, en septembre
dernier. La Société a tenu à récompenser
publiquement le service rendu par oes in-
lelligents cultivateurs, par l’introduction
dans leur pays d une nouvelle méthode de
culture, bien raisonnée, bien appliquée au
sol, au climat, cà la nature du plant, et aussi
simple que productive.
De La Roy,
Maire de Le Pin , prepriétaire-viticul-
leiir, secrétaire de laSociéle d’IiorticulluredeMeaux.
POMME GRELOT.
La jolie Pomme que représente la gra-
vure coloriée ci-contre est originaire de
Normandie. Elle a été présentée à la Société
impériale et centrale d’horticulture, le
10 novembre 1804, par M. Bouchard- Hu-
zard, et elle a été considérée comme Pomme
tà cidre.
Les échantillons qui ont servi à faire la
description de la Pomme Grelot nous vien-
nent des environs d’Alençon ; ils ont été
récoltés sur des Pommiers greffés sur para-
dis et conduits en cordons horizontaux. Les
fruits venus sur des arbres de plein vent
sont moins gros. ^
Nous croyons que ce joli fruit mérite une
place plus élevée que celle qu’on lui a faite.
La beauté de sa forme, la richesse de son
coloris, lui donnent une valeur ornementale
qui a été appréciée par les marchands
de Paris. On veut que dans un dessert l’œil
elle goût soient également satisfaits, et les
pépiniéristes feront bien de ne pas trop né-
gliger un produit dont l’écoulement est
d’autant mieux assuré que le fruit est d’une
longue conservation.
La Pomme Grelot a0"M0 de longueur
sur 0"L08 de diamètre , et est de forme
oblongue presque cylindrique, déprimée aux
deux extrémités; sa cavité pédonculaire, peu
prononcée, contient un pédoncule court, qui
y est entièrement noyé. La cavité calycinale,
peu profonde, est bordée de petites côtes
peu accusées; les appendices calycinaux sont
presque nuis. L’épiderme, cà fend jeaune, est
lavé et strié de ponceau sur toute La surface,
mais d’un ton plus foncé sur le côté exposé
au soleil. La chair blanche, grenue, un peu
sèche, marquée intérieurement de stries
carminées, porte un arôme presque nul;
l’eau est très-faiblement acidulée. Les loges
sémiiicales, longues de 0^.036 sur ü«’Ü35\le
diamètre, à parois striées de lignes trans-
verscales couleur bhanc d’argent, contiennent
des pépins de couleur cannelle, très-renflés
à la base, terminés en pointe aigüe. Ces pé-
pins, eau nombre de six à sept, sont petits si
on les compare à la grosseur du fruit; ils
adhèrent à la nervure de la loge vers le pre-
mier tiers de cette nervure ; mais lorsque la
maturation est complète ils se détcachent,
sont libres dans la loge et produisent, quand
on agite le fruit, le bruit qui a fait donner
à cetle Pomme le nom de Pomme Grelot.
L’c^bre pousse des rameaux droits dans
leur jeunesse, divergents chans leur vieillesse;
l’écorce jeaune est de couleur fauve marquée
par de rares lenticelles , recouverte d’un
poil qui lui donne un ton gris ; l’œil est peu
saillant, très-aplati, terminé par une pointe
aigüe ; la feuille ovale, légèrement lobée,
se termine en pointe ; le bouton est rose
pourpré; le pédoncule pubescent ainsi que les
cinq divisions calycinales ; les fleurs grandes
à pélales cupuliforrnes et onguiculés, sont
d’un blanc pur en dessus, veinés de rose en
dessous.
La Pomme Grelot est connue en Crimée
sous le nom de Poinme de Sinope (Siuope
est le jardin fruitier de la Turquie), et il y
en a plusieurs variétés, dont une, à épi-
POMME GRELOT.
32
derme vert, a été rapportée par notre collègue
M. Masson. C’est un fruit médiocre, mais
estimé h Constantinople pour la confection
des compotes.
En finissant, faisons remarquer qu’il ne
faut pas confondre la Pomme Grelot avec la
Pomme Lanterne. Ces deux fruits ont Lien
quelques caractères extérieurs communs,
mais la Pomme Lanterne n’a pas de pépins,
et elle doit son nom au grand développe-
ment des loges, qui embrassent souvent le
tiers du fruit. , lacuaume.
CALADIUM BARRAL.
La culture des plantes, comme l’expé-
rience est venue le démontrer depuis fort
longtemps, produit de nombreuses varia-
tions. Chez les unes, ces variations s’ob-
tiennent avec la plus grande facilité; chez
d’autres au contraire, ce n’est qu’après un
temps quelquefois considérable qu’on par-
vient à obtenir des résultats satisfaisants.
Aussi met-on en usage le plus possible la
fécondation artificielle comme moyen beau-
coup plus sûr et bien certainem.ent plus
prompt. Cette opération, facile chez quel-
ques genres de plantes, présente très-sou-
vent de grandes difficultés chez le plus
grand nombre. Dans tous les cas, dès qu’elle
à été faite sûrement, on est presque certain
d’obtenir de bons résultats. On conçoit fa-
cilement que plus les plantes qui doivent
servir à la production de nouvelles variétés
ont des caractères dissemblables, plus la fé-
condation est difficile, mais on acquiert
aussi une plus grande certitude de produire
de nouvelles variétés bien tranchées. C’est
ce qu’il est facile de constater d’après le
ARBRE GÉNÉALOGIQUE DI
‘Avant de continuer l’explication des di-
verses parties de notre arbre, nous devons
nous arrêter un peu pour faire quelques
observations relatives soit à la couleur de
la chair des fruits, soit aux dénominations
que nous avons données de la forme des
Heurs. Commençant par les premiers, nous
disons :
Par l’expression générale de chair blan-
che il faut comprendre deux choses: les
fruits dont la chair est complètement blan-
che, qui sont ceux qui succèdentà des fleurs
de cette couleur; tels sont le Pêcher White
Blossom, le Pêcher de Chine à fleurs blan-
ches, et d’autres dont la chair est à peu près
dépourvue de couleur, excepté autour du
noyau oû elle est souvent plus ou moins
rosée, parfois même très-rouge. Chair
blanche, dans la plupart des cas, se dit par
opposition soit à chair ronge, qui senties P.
sanguines ou sanguinoles, soit à chair
jaune, qu’on rencontre soit chez les
1. Voir la Revue de 1865, pages 292, 354, 417,
et le n° du l^*" janvier 1866, page 12.
nouveau Caladium que publie aujourd’hui
la Revue horticole.
Nos expériences de l’année 1805 nous
permettent de compter sur de nouveaux
produits qui, nous l’espérons, seront ac-
cueillis aussi favorablement que les précé-
dents. Nous aurons occasion de revenir
plus tard sur ce sujet. La belle variété que
l’on voit représentée sur la planche coloriée
ci-contre est tout à fait différente de ses con-
génères ; elle est le produit de la fécondaUon
du Caladium Pœcile anglais par le Caladium
Neuniannii. Portées sur un pétiole complète-
ment vert, les feuilles, de la grandeur de
celles du Caladium bicolor, dont elles rap-
pellent la forme, s’étalent gracieusement,
et laissent voir leurs nervures d’un rouge
éclatant encadré d’un rose vif, semblable à
celui des nombreuses macules dont est par-
semé le reste du limbe , d’un beau vert foncé.
Ces trois couleurs nettement dessinées font
de cette nouveauté un des plus beaux gains
qu’il soit possible d’obtenir.
A. Bleu.
GROUPE PÊCHER. ~ V \
Brugnonniers Tatvny hunfs, Pitmaslon
orange, eic., soit chez \es Pêches Alberge
jaune, Pavie abricotèe, Admirable jaune,
Willermoz, etc., etc. ^
Nous devons aussi, relativement à l’ex-
pression chair jaune, faire une observation
analogue à celle que nous venons de faire
au sujet de cette expression chair blanche;
dire par exemple que cette couleur jaune
est celle qui domine, mais que, dans le plus
grand nombre de cas, la partie qui touche
au noyau est plus ou moins lavée de rouge ;
que quelquefois même elle est aussi très-
rouge. Faisons toutefois remarquer qu’il
est certaines variétés dont la chair est
presque complètement jaune, de même que
dans les Pêchers ou dans les Brugnonniers
à chair dite blanche, on en rencontre aussi
dont la chair est plus ou moins rouge au-
tour du noyau. Observons du reste que
toutes les variétés soit de Pêchers, soit de
Brugnonniers, dont les fleurs sont plus ou
moins colorée, sont susceptibles d avoir la
chair plus ou moins colorée autour du
noyau.
I Uorhcch: .
'errifi Pin/:.
lmp. Zanote rue des Boulangers, 13, Pavjs.
Caladium Barrai.
ARBRE GÉNÉALOGIQUE DU GROUPE PÊGHER. — V.
Maintenant, relativement à la forme que
présentent les Heurs des Pêchers, faisons
observer que les termes campanulacécs et
rosacés dont nous nous servons pour séparer
toutes les variétés en deux groupes afin d"en
opérer le classement, présentent, à nos yeux
du moins, un grand avantage, parce qu’ils
évitent de recourir aux dimensions des
fleurs, mode qui, comme on le sait, peut
amener de grandes confusions. Nous pré-
férons donc, au lieu des dimensions, nous
baser sur les formes des fleurs, ce qui nous
paraît offrir plus de chance pour pouvoir
s’entendre.
En effet, lorsqu’on examine les fleurs de
Pécher on constate qu’on peut les partager
en deux grandes sections: l’une, qui com-
prend les fleurs dont les pétales, étroits,
longuement onguiculés, sont plus ou moins
cucullées (creusées en cuillère); ces pétales,
en général peu ouverts, donnent aux fleurs
l’aspect d’une petite cloche (campana), d’où
le nom de Campanulacées que nous leur don-
nons. Exemples P. Teton de Vénus, Bonou-
vrier, Nivette, Brugnon jaune, etc. ;V mire sé-
rie comprendles fleurs dont les pétales, large-
ment ovales, obovales ou même orbiculaires,
très-courtement onguiculés, sont ouverts
et étalés, de sorte que la fleur épanouie
forme une sorte de rosace, d’où le nom de
Bosacées par lequel nous les désignons:
exemples Pêche Grosse Mignonne, Pourprée
hâtive, Malte, Pucelle de Matines, etc., etc..
Brugnon Stamvich, Pilmaston orange, à
fruits blancs, Gathoye, etc., etc.
Les personnes qui ne voudraient pas
adopter la marche que nous proposons, et
qui préféreraient conserver les anciennes
dénominations, n’auront, en ne reconnais-
sant que deux dimensions de fleurs, qu’à
substituer la qualification de petites, à
Campanulacées, et celle de grandes, à Bosa-
cées.
Le mode que nous proposons ici pour
classer les fleurs de Pêchers, présente, nous
le répétons, le très-grand avantage de per-
mettre, en employant la forme des fleurs
comme caractère fondamental, d’employer
ensuite les dimensions comme caractères
secondaires, qui peuvent alors s’appliquer à
telle ou à telle variété et la faire recon-
naitre; car, à part les formes, il est, dans
l’une comme dans l’autre section des va-
riétés dont les fleurs sont plus ou moins
grandes. Ainsi, nous citerons les Pêchers
d’Ispahan, Montigny , Barrington, etc. , etc. , le
Brugnonnier Noce Bianco , qui bien qu’ap-
partenant à la section Bosacées, c’est-à-dire
des grandes üeurs, ont cependant des fleurs
moyennes^ si on les compare à celles des
Brugnonniers Stanwich, Pitmaston orange,
ainsi qu’a celles de la Pêche Chang-Hai, etc.
Parmi les variétés qui rentrent dans la sec-
tion Campanulacées on rencontre, dans les
3;i
fleurs, des différences encore plus grandes
que celles que nous venons de signaler.
Nous devons toutefois faire observer que
nous ne prétendons pas dire que le mode
que nous adoptons est parfait, qu’il écar-
tera toutes les difficultés, et qu’en l’em-
ployant on ne rencontrera pas certaines va-
riétés qu’on aura de la peine à classer.
Non ; il n’est aucun moyen humain qui ait
ce privilège. C’est du reste le propre des
choses de la nature de ne présenter que
des différences relatives et continues dans
cette immensité où tout s’enchaîne et se
confond ; il vient donc toujours un moment
(celui où semblent à la fois finir et com-
mencer les choses) où il est très-difficile
de se prononcer avec certitude. Ici, toute-
fois, l’inconvénient est non-seulement rare,
mais il a peu d’importance ; il disparaît
même en grande partie par l’application
qu’on fait des autres caractères d’ensemble,
à ces variétés plus ou moins ambiguës.
N’oublions pas, du reste, que dans toutes
ces circonstances il arrive fréquemment que
certains caractères sont communs à plu-
sieurs variétés, de sorte qu’il est quelquefois
difficile de différencier celles-ci par une
description. La pratique seule peut le faire,
parce qu’elle dispose de cerlains petits ca-
ractères, que l’on pourrait appeler à'habi-
iüde, que la science ne peut rendre.
Cette sorte de digression que nous avons
cru nécessaire de faire, afin d’éloigner toute
cause d’obscurité ou de confusion, étant
terminée, nous allons reprendre l’explica-
tion descriptive de notre arbre au point où
nous l’avions laissée, c’est-à-dire à la
deuxième section des Pêchers-Perséquiers,
^ La deuxième grosse branche bb ^ , pla-
cée sur le membre B B, et qui constitue la
2e section des pêchers perséquiers, a pour
caractère essentiel des feuilles pourvues de
glandes globuleuses, caractère commun à
toutes les variétés que porte cette branche.
De même que la branche a a qui la précède
et qui forme la première section de cette
tribu, cette branche b b présente à son
tour deux ramifications principales dont
l’une, n« 10, 10, porte des fruits à chair blan-
che, tandis que l’autre, n» 11, 11, porte des
fruitsà chair jaune -. Ces deux ramifications,
en se subdivisant en deux autres caractéri-
sées par la forme des fleurs des variétés
qu’elles portent, constituent les branches
n» 12, 13, 14, 15; puis comme précédem-
ment, celles-ci se ramifient autant que cela
est nécessaire, de manière que chacune des
dernières ramifications correspo-nde à un
seul groupe distinct par la couleur de ses
fleurs.
1. Voir la planche publiée dans le n° du 1®'' août
1865.
2. Relativement à la couleur de la chair, voir ci -
dessus, page 32.
ARBRE GÉNÉALOGIQUE DU GROUPE PÉCHER. — V.
34
La troisième branche eu, qui naît sur le
membre B B, a pour caraclère essentiel
des feuilles dépourvues de glandes^ carac-
tère également propre à toutes les variétés
quelle porte. Cette branche constitue la troi-
sième section des Pêciiers-Perséquiers. Les
ramifications quelle porte , qui se montrent
d’après le même ordre que celles de la bran-
che bb, qui constitue la deuxième section,
suivent aussi, dansleur développement, demê-
me que dans leurs ramifications ultérieures,
une marche analogue à celle qu’ont suivie
les ramifications qui constituent celte
deuxième section, de sorte qu’on a, pour cette
troisième section, les ramifications ipH G, 10
et nos 17, 17^ qui représentent les deux races
à chair blanche et à chair jaune, puis les ra-
mifications nos 18, 19, 20, 21 , qui indiquent
les sous-races, qui sont caractérisées par la
forme des fleurs.
Sur les branches bb et c c, qui consti-
tuent la première et la deuxième section, on
ne connaît, jusqu’eà ce jour du moins, que des
fruits à chair blanche ou à chair junne Ces
deux sections sont donc moins complètes que
la première, la section a a; car, non-seule-
ment celle-ci a une forte ramification de plus
(celle qui porte le no 3, dont les fruits sont
à chair rouge), mais encore, on remarque
sur la branche n» 1 , dont les fruits sont à
chair dite blanche, que la ramification n« 5,
qui a pour caractères des fleurs rosacées,
porte deux autres ramifications dont l’une,
la deuxième est caractérisée par des fleurs
tout cà fait blanches, de sorte que les fruits
qui leur succèdent ont la chair complète-
ment dépourvue de couleur : c’est sur cette
ramification que se trouve le Pécher de la
Chine éi jleurs blanches, doubles ^
Le deuxième membre C C, parlant du
tronc A, a pour caractères essentiels des
fruits qui, avec la peau velue, ont la chair
non adhérente au noyau; ces caractères,
qui sont propres cà toutes les variétés qui se
placent sur ce membre, constituent la Tribu
des Pêciiers-Alrergiers. L’évolution suc-
cessive de ses diverses ramifications est la
représentation tout à fait exacte de celle
qu’offre le membre B B; le nombre et la
disposition en sont aussi absolument les
mômes, et l’on remarque également que la
grosse ramification cl d, qui constitue la
première section de ce membre, de meme
que celle qui constitue la première section
du membre B B, qui est marquée par les
lettres a a, dont elle est l’analogue , porte,
comme cette dernière, trois ramifications
principales ips 1, 2, 3, qui correspondent
aussi aux trois sortes (races) de fruits à
chair blanche, à chair jaune et à chair rouge,
qu’on trouve également sur la ramification
a a du membre B B; et, de même encore
que sur cette dernière on remarque, sur
la première ramification de la branche d d
du membre G C, une ramification secon-
daire (iF 5), caractérisée par des fleurs ro-
sacées, sur laquelle on eu voit une plus
petite qui porte des fleurs complètement
blanches : c’est sur cette dernière ramifi-
cation que vient se placer le Pêcher Milite
Blossom, qui est l’analogue et le représen-
tant du Pêcher de la Chine à fleurs blan-
ches, qui se trouve placé sur cette même
ramification n" 5, mais sur le memhre B B.
Les deux autres ramifications principales
de cette branche d d, qui portent les iF^ 2
et 3, sont exactement aussi les représen-
tants de celles qui portent ces mêmes nu-
méros sur la ramification a a du mem-
bre B B.
Les deuxième et troisième sections du
membre G G, marquées par les lettres e e
et f f, sont identiques avec celles marquées
parles lettres b b et c c, qui forment égale-
ment les deuxième et troisième sections du
membre B B.
On a pu voir par ce qui précède, ainsi
que nous l’avions annoncé, que le mem-
bre G G est la représentation exacte du
membre B B; la seule différence qu’il pré-
sente porte sur les fruits, qui, chez ce der-
nier, sontcà chair adhéren te au noyau, tandis
que ceux du membre G G ont la chair libre.
Gette analogie nous dispense d’en dire da-
vantage relativement à leurs ramifications,
puisque, étant les mêmes, nous n’aurions
qu’à nous répéter.
Carrière.
SUR LA MALADIE DU CÉLERI A CHERBOURG.
Dans une des dernières réunions de la
Société d’horticulture de Gherbourg, on a
parlé d’une maladie qui attaque le Géleri; on
a dit que cette plante se couvre fréquemment
d’un Ghampignon appelé Oïdium qui la
1. Il s’agit ici de fruits à chair blanche ou jaune,
en général idus ou moins rosée autour du noyau,
succédant à des fleurs roses, plus ou moins foncées
ou plus ou moins carnées.
2. Nous ne tenons pas compte de la duplicature
des Heurs jiour opérer le classement des variétés de
Pêchers; d’ahord parce que ce caractère est peu
détruit promptement. J’ai fait remarquer
qu’avant de cherchera guérir cette maladie,
il édait indispensable de bien reconnaître le
cryptogame qui attaque la plante ; j’ai dit
en outre, que je croyais, d’après la descrip-
important, qu’il n’a aucune influence sur les fruits,
ensuite et surtout parce que les variétés qui le pré-
sentent sont rares. Si plus tard ces variétés deve-
naient nombreuses, on pourrait les placer sur des
ramifications particulières, en tenant compte, pour
en opérer le classement, des caractères fondamen-
taux qu’elles présentent.
35
SUR LA MALADIE DU CÉLERI A CHERBOURG.
lion qu’on venait d’en donner , que ce
parasite pourrait être V Oïdium aureum;
j’ai n jouté, entin, que je me réservais d’é-
ludier la question. Je m’étais trompé dans
mon appréciation, ainsi que la personne qui
a avancé que ce cryptogame était un
Oïdium.
D’après l’étude que je viens de faire de
cette plante, je crois que c’est un Uredo Apii
(jraveoleniis.
Les différences qui existent entre les
Oïdium et les t/rerfo sont très-importantes à
connaître en vue de la guérison projetée,
parce qu’elles n’ont pas la même manière
(le vivre et qu’elles n’appartiennent pas à la
même famille.
Les Oïdium sont classés par les auteurs
dans les Mucédinées, tandis que les Uredo
le sont dans les Urédinées. Ces deux familles
diffèrent entre elles sur plusieurs points.
D’abord les Mucédinées se développent
on général sur les corps en décomposition,
les bois morts, les feuilles à demi sèches, etc.
Les Urédinées , au contraire , végètent
le plus souvent sur les plantes vivantes.
En outre, les Mucédinées prennent nais-
sance et vivent à la surface des feuilles ou
des autres corps en décomposition ; tandis
que les Urédinées commencent leur existence
sous l’épiderme des tiges, des feuilles ou
des Heurs des plantes vivantes.
Voici d’ailleurs les caractères principaux
(|ue j’ai reconnus dans la plante vivant sur
le Céleri, plante qui l’attaque vivement et le
détruit })romptement.
OEcidinées, sporidies variables placées sur
le parenchyme des plantes, sous Uépiderme,
qui se rompt sans se tuméfier.
Uredo, sporidies uniloculaires, non cloi-
sonnées, libres, rarement pédicellées, ramas-
sées en groujies ou éparses, couvertes d’a-
bord par Uépiderme qui se déchire irrégu-
lièrement et forme une sorte de faux pcri-
dium. Sporidies brunes sessiles ou appen-
dues (appendiculalis).
Uredo apii graveolenlis, pustules arron-
dies assez larges , éparses à la surface des
feuilles de V Apiiim grave )lens j sporidies de
couleur brune et de forme ovale ou ronde,
entourées par les bords de l’épiderme.
Je me permettrai .de faire remarquer
qu’afin de chercher à guérir le Céleri de la
maladie qui l’attaque, il est nécessaire avant
tout d’en rechercher la cause. Cette maladie
est-elle occasionnée par le cryptogame que
l’on remarque sur cette plante ou par toute
autre cause ? Dans la circonstance, je pense
que ce parasite est la cause du mal et par
conséquent de la destruction de la plante.
En effet, si l’on examine la partie de la
feuille qui entoure chaque sporidie, on re-
marque que cette partie est jaune et trans-
lucide- et paraît brûlée comme si l’on avait
fait tomber sur cet endroit une goutte d’acide
concentré ; et puis l’on remarque souvent ce
cryptogame sur des feuilles vertes et bien
portantes, feuilles que l’on voit bientôt s’al-
térer par une infinité de brûlures au fur et
à mesure que le cryptogame se propage.
Quant à î’Uredo que je viens de décrire, je
serais heureux qne des botanistes plus ex-
perts que moi voulussent bien s’en occuper
afin de confirmer ou de combattre ce que
j’avance quant à la famille, au genre et à l’es-
pèce du cryptogame.
Je terminerai en disant que le soufre se-
rait, je crois, le remède le plus efficace que
l’on pourrait employer contre cette maladie,
en le répandant au mois d’août.
De Ternisien.
EMPLOI DES ADJECTIFS LATINS DANS LA DÉNOMINATION
DES PLANTES POTAGÈRES.
Depuis longtemps, les amateurs d’horti-
culture de tous les pays sont privés de faire
venir directement une partie des plantes
potagères dont ils ont besoin, soit pour leurs
jardins, soit pour leur table, faute d’une
nomenclature suffisamment explicative pour
les désigner. Les types et les premières
variétés furent cependant décrits et dé-
nommés avec soin par les savants qui nous
précédèrent dans les sciences et la pratique
horticole; nous regrettons vivement que l’on
n’ait pas continué cette grande et impor-
tante oeuvre, si laborieusement commeiicée
dans le siècle dernier par des hommes re-
marquables, tels que Gilibert, Dalescamp,
Dumont de Courcet, etc. I.es noms généri-
({ues ne suffisent plus à présent pour distin-
guer entre elles les bonnes et nombreuses
variétés fixes, et les sous-variétés légumières,
conquises depuis un demi-siècle environ par
les semeurs français etétrangers.Cesespèces,
races ou variétés jardinières, étant rare-
ment accompagnées de leur adjectif qualifi-
catif latin, il en résulte une confusion per-
manente, regrettable et mutuelle entre les
vendeurs et les acheteurs, à laquelle il est
temps, croyons-nous, de remédier. Les qua-
lifications que nous désirons voir adopter
})ar les botanistes, et que nous soumettons
à leur appréciation et à leur juste approba-
tion, seraient très-utiles surtout dans les
transactions commerciales et horticoles, et
c’est <à ce point de vue que nous plaçons
principalement la question. Car il ne suffit
pas, comme on le sait, de parler la langue
d’un pays, il faut, dans l’état actuel des cho-
ses, connaître encore les noms vulgaires des
idantes potagères.
36 EMPLOI DES ADJECTIFS LATINS DANS LA DÉNOMINATION DES PLANTES POTAGÈRES.
Exemple : Comment un Français, ama-
teur, propriétaire, ou autre, demandera-t-
il à un marchand ou à un jardinier de Lon-
dres, de Saint-Pétersbourg, de Madrid, de
Vienne, de Philadelphie, etc., de la graine
de Chou de Bruxelles ; de Chicorée frisée
d'Italie ou de Meaux; de Poireau de Rouen;
de Céleri de Tours; du Haricot beurré ou
d'Alger; du Haricot flageolet; du Haricot
de Soissons nain et à rames; de l'Oignon
d'Egypte; de l'Oignon sous terre, etc., etc.,
sans crainte d’être trompé? Et évidemment
s’il l’était, il ne pourrait pas en rendre res-
ponsable le marchand ou le jardinier au-
quel il se serait adressé, puisque ni l’un ni
l’autre ne se seraient compris dans le mar-
ché.
Il serait donc temps, croyons-nous, d’ap-
porter un remède à ce mauvais état de
choses, et de mettre un terme à ce dédale,
dans lequel vendeur et consommateur se
débattent depuis trop longtemps sans pou-
voir en sortir. Non-seulement les Pois, les
Haricots, les Salades, mais beaucoup d’au-
tres genres ne peuvent être demandés, en
France, par les correspondants étrangers,
elviceversâ , qu’avec des peines inouïes, et
très-souvent, pour lever les obstacles, les
marchands sont dans la nécessité d’envoyer
ou de demander des spécimens en nature
pour échantillons, afin de ne pas être trom-
pés. Comme on le voit ce genre de transac-
tion n’est ni prompt ni commode, et il faut
avoir été, comme nous, trente-cinq ans dans
le commerce de graines pour en bien com-
prendre et bien apprécier tous les inconvé-
nients. Pour un amateur, les difficultés sont
encore plus grandes, car il arrive très-sou-
vent qu’il ne connaît que de nom ou de
réputation le légume qu’il veut se procurer.
Si la demande a lieu par lettre, il est encore
bien plus exposé à recevoir une plante pota-
gère pour une autre.
Voici un premier essai de Nomenclature
sur quelques plantes seulement. Ce travail
rudimentaire n’ayant rien d’absolu, quant
à nous, nous le croyons donc très-suscepti-
ble d’être remplacé par un meilleur. Avec
l’aide et le concours des lecteurs de la
Revue, il pourrait recevoir quelques modifi-
cations en ce qui concerne lesadjectifslatins;
les nôtres pourraient être avantageusement
remplacés par d’autres, mieux appropriés
aux variétés fixes des plantes potagères.
Notre système est basé sur les noms fran-
çais pour la plupart, et nous croyons qu’il
serait nécessaire de bien s’entendre d’abord
sur l’origine des plantes potagères avant
d’entreprendre et de perfectionner les
dénominations nouvelles, il conviendrait,
il nous semble, de se mettre d’accord sur
les adjectifs latins, de la Chicorée de Meaux
et d'Italie; du Poireau de Rouen; du Céleri
de Jours; du Pois Clamari\ du Haricot de
Soissons nain et à rames, etc., etc,^ que
nous ne sommes pas autorisés à revendiquer
comme plantes essentiellement françaises.
Essai sur la nomenclature des variétés
fixes dans les plantes potagères.
Arroche rouge; Atrîplex ruhra.
Betterave blanche ; Beta albîda.
Betterave rouge longue; ruhra longior.
Betterave jaune longue; Beta flavens longior, ou
lutea.
Betterave champêtre; Beta campestrîs.
Cardon de Tours ; Cynara Cardunculus Turonensis.
Cardon d’Espagne; Cynara Cardunculus. Hispa-
nicus.
Carotte rouge longue; Daucusruher longus.
Carotte rouge demi-longue; Daucus ruber senti-
longus.
Carotte jaune longue ; Daucus flavens longus.
Céleri plein blanc ; àpium solidum album.
Céleri Turc ; Adium turcicum.
Céleri plein rouge de Tours; Apium solidum ru-
brum Turonense.
Céleri rave ; Apium rapum.
Cerfeuil frisé ; Scandix erispus.
Chicorée frisée de Meaux; Cichorîum crispum
Meldense.
Chicorée fine d’été ou ù’ItaMe’, Cichorîum crispum
Italicum.
Chicorée scarole; Cichorium escarola.
Chou pommé blanc de Saint-Denis ; Brassica capi-
tata alba.
Chou cavalier, à vaches ; Brassica vaccina; B. Pro-
cera.
Chou quintal; Brassica cemtumpondia.
Chou rouge pommé; Brassica capitata rubra.
Chou vert non pommé; Brassica viridis.
Chou de Milan ipommé \ Brassica sulbetia crispa.
Chou frisé de Savoie ; Brassica fimbriata.
Chou à Jets de Bruxelles ; Brassica multiplicata
ou polycephala..
Chou rave; Brassica rapa ; B. gonglioïdes.
Chou navet; Brassica napus.
Concombre long blanc; Cucumis longus albus.
Concombre long jaune; Cucumis longus aureus.
Concombre à cornichon; Cucumis condimenta-
rius.
Courge gourde ; Cucurbita lagenaria.
Fève rouge; Faba rubra.
Fève verte; Faba viridis.
Fève large de Windsor; Faba macrocarpa.
Fève Julienne petite; Fabaparva.
Fève naine; Fahanana.
Fève pourpre; Faba purpurea.
Haricot de Soissons à rames; Phaseoîus Suessio-
nensis scandens.
Haricot de Soissons nain; Phaseoîus Suessionen-
sis nanus
Haricot flageolet; Phaseoîus fistulatus.
Haricot rouge de Chartres ; Phaseoîus ruber Car-
nutensis.
Haricot beurré ou d’Alger; Phaseoîus silico-palli-
dus, ou translucidus.
Haricot noir de Belgique; Phaseoîus niger Bel-
gicus.
Haricot Suisse gris, de Bagnolet; Phaseoîus varie-
gains Helveticus.
Haricot riz; Phaseoîus oryza.
Laitue Cotte petite; Lactuca parva.
Laitue Georges d’hiver; Lactuca hyemalys.
Laitue de Versailles ; Lactuca versaliensis.
Laitue palatine; Lactuca palatina.
Laitue passion ; Lactuca passiona.
Laitue Batavia blonde; Lactuca Batavia hlonda.
Laitue Batavia brune ; Lactuca Batavia subnigra
O" bruna.
Laitue de Malte; Lactuca melita.
Laitue chicorée à tondre; Lactuca undulata.
Laitue sanguine; Lactuca sanguinea.
87
EMPLOI DES ADJECTIFS LATINS DANS LA DÉNOMINATION DES PLANTES POTAGÈRES.
Laitue Romaine verte; Lactuca Romana ou longe
viridis.
Laitue Romaine panachée; Lactuca Romana ou
longa variegata.
Laitue Romaine rouge d’hiver ; Lactuca Romana
ou tonga ruhicosa hyetnatis.
Navet long des Vertus ; Brassica napus tonga
atha.
Navet de Clair-Fontaine ; Brassica napus clarus
fons.
Navet de Meaux ; Brassica napus meldcnsis.
Navet d’Hanneucourt ; Brassica napus Hanncu-
courtii.
Navet petit de Berlin ; Brassica napus BerliniU
parva.
Navet noir long d’Alsace; Brassica napus nigra
Atsatia.
Navet jaune long; Brassica napus ftava tonga.
Navet jaune rond; Brassica napus ftava roiunda.
Oignon rouge pâle; A Hum ccpa rubra pattida.
Oignon blond, ou jaune des Vertus; Atlium ccpa
tdonlta.
Oignon rouge foncé; Atlium ccpa ruhîcunda^ ou
viotdcea.
Oignon poire ou pyriforme; Atlium ccpa pyri for-
mi s.
Oignon blanc hâtif; Atlium cepa^ atha prœcox.
Oignon blanc gros tardif; Atlium cepa alba
tardiva.
Oignon très-gros de Madère; Atlium cepa Madcra.
Oignon d’Egypte oubulbifère; Alliumcepabul-
bifera.
Oignon patate, oignon sous terre; Alliiim cepa
subterranea.
Panais rond ; Pastinaca roiunda.
Persil frisé; Apium pctrosetinum crispum^ oMun-
dutaium.
Persil navet, ou à grosses racines; Apium petro-
sctum napum.
Poireau long; Altium Porrum commune.
Poireau gros court de Rouen; Atlium Porrum
Rolhomagense.
Pois Prince-Albert; Pisum princeps Albcrtus.
Pois Michaux de Hollande; Pisum prœcox.
Pois deMarly; Pisum Marliacum.
Pois de Clamart; Pisum Ctarrnartiacum.
Pois de Knight à rame; Pisum Knightii etatim.
Pois de Knig'th nain; Pisum Knigtiin nanum.
Pois à bouquets; Pisum umbeltahim.
Pois vert normand; Pisum viridum etatiim.
Pois vert nain; Pisutn viridum nanum.
Pois sans parchemin; Pisum exoriicatum.
Pois carré blanc; LHsum quadrahim.
Radis rose rond; Raphanus roseus rotundus.
Radis rose demi-long; Raphanus roseus scmi-
longus.
Radis blanc rond; Raphanus atbus rotundus.
Radis violet rond ; Raphanus viotaceus rotundus.
Radis jaune; Raphanus flavens.
Radis noir; Raphanus niger.
Rave rose longue; Raphanus roseus tongus.
Rave violette longue; Raphanus viotaceus tongus.
Rave blanche longue; Raphanus albiis tongus, etc.
Depuis un an que nous nous en occu-
pons, celte question a fait son chemin;
elle a bien rencontré ça et là, sur son
passage, quelques détracteurs, mais nous
sommes heureux de pouvoir annoncer au-
jourd’hui que nous avons reçu de hauts
encouragements , de la part d’hommes tout
à fait désintéressés dans cette proposition,
faite d’ailleurs, par nous, dans l’intérêt pu-
blic. Les adhérents sont très-nombreux, et
pour nous conformer au cadre de la Revue
hoidicoJe, nous ne citerons par extraits que
trois lettres, émanant d’hommes des plus
compétents en cette matière. Nous men-
tionnerons d’abord la lettre que nous avons
reçue du président de la Société Royale
d’horticulture de Londres, en réponse à no-
tre communication; elle est conçue en ces
termes :
« Londres, 22 juin 1864... South Kensigton. W.
c J’ai reçu, longtemps avant le Conseil, votre
proposition pour une uniformité de noms latins
pour les légumes. Nous voyons des difficultés
considérables dans cette question, mais soyez
persuadé que pourtant le résultat répondra à
votre attente. »
M. Des Moulins, président de la Société
linnéenne de Bordeaux, botaniste distin-
gué, nous a adressé, le 17 février dernier,
la lettre suivante dont nous extrayons les
passages relatifs à la question des adjectifs
latins ;
« Votre intéressante lettre du 6 de ce mois
m’est parvenue fort à propos, quand je venais
de lire le compte-rendu du Congrès interna-
tional d’horticulture de Bruxelles, où j’avais
suivi avec intérêt les discussions qu’ont soule-
vées vos propositions. Avant-hier soir, en don-
nant par une sorte de rapport verbal à la So-
ciété linnéenne une idée du contenu de ce beau
volume, je n’ai pas voulu me priver d’y joindre
la lecture entière de votre lettre et. de prendre
avant de vous répondre l’avis motivé de nos
collègues.
(( Vous demandez, Monsieur, une chose très-
raisonnable et TRÈS-ÜTILE lorsque vous désirez
voir distinguées, à l’aide d’une nomenclature
uniforme et qui soit comprise également de
tout le monde, les variétés, races et formes
que les horticulteurs sont dans l’usage vicieux
d’appeler espèces. Il est infiniment à désirer
que vos vœux soient exaucés dans l’intérêt
de la science horticole et même botanique, et
dans l’intérêt de Vindustrie horticole et agri-
cutt ur ale ; mvih il est infiniment difficile d'at-
teindre ce but, parce qu’il n’y a pas de nomen-
clature officielle, légale, commandée par une
autorité appuyée sur une loi pénale. Les par-
ticuliers n’y peuvent rien! Les Sociétés savantes
de province n’y peuvent rien non plus ! et
pourtant tout le monde sent la gravité des
inconvénients que vous avez signalés, les avan-
tages qu’on recueillerait si on réussissait à y
porter remède; enfin, la justesse du choix que
vous avez fait en demandant une nomenclature
latine et uniforme.
« Mes collègues m’ont donc autorisé, Mon-
sieur, à vous faire part d’une réflexion que je
leur ai soumise et de laquelle vous pourriez
tirer, peut-être, quelque conséquence utile
pour la direction à donner à vos efforts.
« C’est sous le patronage des plus grands
noms de la science botanique et horticulîurale
h la fois que se poursuit, au Jardin des Plantes
de Paris, une splendide et classique publication,
nommée le Jardin friiitier du Muséum.
Cette publication est entièrement en dehors de
la science, puisqu’il ne s’agit pour elle que de
fixer les noms distinctifs et les caractères des
diverses variétés ou races de Pommes, de
Poires, de Prunes, de Pêches, de Fraises, etc. ;
et n’est-il pas bien évident que tous les horti-
EMPLOI DES ADJECTIFS LATINS DANS LA DÉNOMINATION DES PLANTES POTAGÈRES.
culteurs seront lieureux, dans leur propre in-
térêt, de se conformer à cette nomenclature,
qui finira ainsi, non par la force, mais à l’aide
de la persuasion et de l’intérêt individuel, à
faire loi dans le monde horticole?
« Hé bien, Monsieur, si ces hommes haut
placés et dont personne ne songe à contester la
j*espectable prééminence, voulaient bien, pour
l’utilité de tous, prendre à coeur cette partie
de vos propositions; — s’ils consentaient à pa-
troner, à diriger les travaux d’une commission
choisie par eux et qui recevrait pour mission
la rédaction d’une nomei^ature latine, régu-
lière et correcte, pour les soi-disant espèces
jardinères, de légumes et de plantes orne-
mentales les plus en usage; — si, enfin, ils en
puhliüieni comme appendice au Jardin fruitier
du Muséum, la LISTE approuvée par eux,
signée par eux, et enrichie des synonymes in-
dispensables, pour qu’on vienne a s’entendre,
croyez-vous que ce ne serait pas la manifesta-
tion d’une autorité à laquelle la plupart des
horticulteurs seraient heureux de se soumettre,
parce qu’en définitive, si Va?nour propre per-
sonnel y perdait un peu, l'intérêt personnel y
trouverait à gagner.
(( Tel est Monsieur, le sommaire des ré-
flexions que votre bonne lettre m’a inspirées,
et que nos collègues m’ont permis de vous
exposer, en faisant mention de leur sympathique
adhésion. Agréez, etc. »
Nous partageons sincèrement et entière-
ment Tavis de M. Des Moulins, ainsi que
l’opinion des membres, si nettement expri-
mée, de la Société linnéenne de Bordeaux;
c’est dans cet espoir et dans cette convic-
tion que nous faisons appel à tous les
hommes dévoués à la botanique et à l’hor-
ciilture, en les priant de prêter leur con-
cours à cette entreprise éminemment utile à
tous. Pour la mener à bonne fin, il faut
du bon vouloir, de la patience et de la
persévérance, et d’avance nous osons espé-
rer que les hommes dont nous invoquons
les lumières ne nous feront pas défaut.
Nous avons reçu de M. l’abbé Brou une
lettre datée d’Oulins (Eure-et-Loir^, sur
cette intéressante question des adjectifs
latins. En voici le contenu en abrégé.
M. l’abbé Brou, on le sait, s’occupe beau-
coup de botanique; il a composé un her-
bier très-remarquable, contenant les plan-
tes de la Normandie.
« J’applaudis de tout cœur, sans flatterie
aucune^ à votre projet persistant de classifi-
cation adjective, pour les plantes potagères;
sans être rigoureusement scienlilique, comme
l’est celle des plantes spontanées, elle ne se-
rait pas moins d’une grande utilité au com-
merce des différentes nations. Ce serait un
lien de confiance entre acheteur et vendeur.
L’horticulture, si progressive de nos jours, se
trouve grandement en retard dans sa partie
la plus importante. Il y a donc là une éminente
lacune à remplir. Avec la persévérance et la
ténacité, qualités qui ne vous manquent pas,
vous atteindrez, j’espère, votre but. Déjà, par
des noms très-heureusement trouvés, comme
Brassica multicapitata ou pohjcephala, et Pha-
seolus silico-translucidus ou paltidus. Vous
avez très-bien caractérisé ces plantes, il n’y a
pas à s’y tromper. S’il vous est possible d’en
former toujours d’aussi bons pour toutes les
variétés^ vous convaincrez les contradicteurs.il
viendra un jour, j’aime à me le persuader, où le
jardin potager aura sa nomenclature, comme Ta
depuis longtemps le jardin fleuriste , ainsi
qu’on peut le voir dans le livre le Bon Jardi-
nier et sur tes Catalogues de votre maison, où
les noms latins jouent le premier rôle et sont
aussi bien compris en Angleterre, en Allema-
gne que dans notre France. Je sais. Monsieur,
que vous né vous faites pas illusion, vous ne
prétendez pas, par votre méthode, arriver à la
précision du caractère de la botanique propre-
ment dite, ce qui serait impossible quand il
s’agit de nommer tant de variétés si peu diffé-
renciées, mais ce que vous pourrez faire, ce
sera d’établir cette méthode assez clairement
pour mettre le commerce à l’abri de nombreux
et journaliers malentendus: vous aurez ainsi
bien mérité de l’horticulture. »
Dans une conservation intime sur ce su-
jet, Poiteau nous disait un jour : « Quand les
botanistes mettront le nez dans les plantes,
ils auront fort à faire (sic.). »
Les adjectifs latins, que nous avons
adaptés aux variétés fixes des plantes pota-
gères, ne sont pas exempts de reproches.
Pour bien les appliquer à chacune des va-
riétés, il faudrait connaître l’origine de ces
plantes, mais hélas! Nous ne la connaissons
pas chez toutes. Cette première liste, si im-
parfaite qu’elle soit, sera suivie d’une autre.
Si les botanistes et les latinistes voulaient
bien nous venir en aide pour celle-ci et
nous seconder dans ces premiers efforts,
nous en ferions bientôt paraîire une
deuxième. Ce serait avec une profonde re-
connaissance que nous recevrions toutes les
observations que l’on pourrait nous faire
sur les adjectifs latins. M. le comte de Cus-
sey, président honoraire de la Société im-
périale d’horticulture; M. leD^Chatin, pro-
fesseur de botanique à l’Ecole impériale
de pharmacie, àParis; M.Thiélens, docteur en
sciences naturelles et botaniste à Tirleinont
(Belgique); M. Lecurcur, botaniste à Nantes
et beaucoup d’autres personnes distinguées
en botanique et en horticulture, nous ont
encouragé de vive voix ou par écrit à persis-
ter dans la voie où nous sommes entré et
ont adhéré complètement à notre projet.
Büssin.
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’HORTICULTURE.
Seance du 23 novembre JSOo. — M. le i Raisin blanc à gros grains, jU’ovcnant d’un
docteur Pigeaux présente à la Société du 1 bois rapporté par lui de Syrie et dont il
SÉA>CES DE LA SOCIÉTÉ CEMUALE DTlüUTIClLTEUE.
39
igiiure le nom ; il le signale comme étant
jn'opre à la conservalion. Ce Raisin a été
laisse sur l’arbre jusqu’à la tin de novem-
bre, dans un manchon de papier; il est
frais, bien sucré et d’une belle teinte, bien
({u’il n’ait pas vu le soleib
— Le Comité de culture potagèredécerne
une prime de troisième classe à M. Pissot,
inspecteur du bois de Boulogne, pour une
collection de 30 variétés de Courges et Poti-
rons, provenant toutes de Ciraumons, Cour-
ges de l’Ohio et autres bonnes espèces,
il. Pissot a obtenu tous ces fruits de grai-
nes ayant deux années d’existence, et il
fait remarquer à ce sujet la supériorité de
ces dernières sur celles d’un an pour l’ob-
tention de bonnes plantes. Malgré l’usage
ordinaire, M. Pissot n’a donné à ses Cour-
ges que fort peu d’arrosages, et seulement
pendant les quinze premiers jours de leur
développement; les feuilles couvrant entiè-
rement le sol les ont ensuite préservées de
la sécheresse. M. Forest s’élève contre celte
pratique; il ne croit pas qu’on puisse obte-
nir de beaux résultats en laissant lesCucur-
Jtitacées sans eau; c’est une des familles
de plantes qui exigent le plus d’arrose-
ments.
— M. le docteur Aubé présente du Per-
sil à grosses racines dont les nombreuses
bifurcations proviennent, pense-t-il, du
trop grand ameublissement du sol dans
lequel les plantes ont été cultivées. M. Fo-
rest ajoute que l’excès de fumure produit
un effet semblable, qu’il a remarqué assez
souvent sur des Carottes. M. Aubé expose
en outre des Figues d’automne sèclies et
-d’un bon goût; elles ont cela de particulier
qu'elles ont mûri dans le département de
l’Oise, dans une localité située à 200 mètres
d’altitude au-dessus de Paris. On sait que
les chaleurs prolongées de l’année 1865
ont produit beaucoup d’exemples de florai-
son et de maturations anormales, auxquel-
les il faut ajouter celui de Figues venant à
bien dans le nord de la France.
— Il a déjà été question à la Société
d’horticulture de l’emploi de simples man-
chons de papier ouverts aux deux bouts
pour garantir les Raisins des piqûres des
guêpes. M. Aubé a fait cette année l’expé-
rience de ces manchons sur plus de 1,200
grappes, dans une localité oû l’on voit habi-
tuellement des guêpes par milliers. H a
observé que ces insectes n’attaquent pas
les grappes saines, car il a retiré des sacs
de belles grappes intactes et les a laissées
exposées à l’air libre sans que les guêpes
vinssent y toucher; mais ayant enlevé avec
un canif un })Gu de la peau de ces mêmes
Raisins, il lésa vus presque immédiatement
attaqués; il a obtenu les mêmes résultats
sur des grappes incisées et laissées dans les
manchons. Les grains flétris et plissés don-
nent aussi prise aux mandibules des guêpes.
En somme, ces dernières ne viennent sur le
Raisin que lorsqu’il a déjà été attaqué par
une cause quelconque, lorsque rhumidilé a
pourri l’épiderme ou que les oiseaux, les
souris, les mulots, etc., y ont déjà passé;
elles mangent l’intérieur du grain et lais-
sent la peau vide, tandis que les autres
mangent tout : voilà la différence.
— M. Bossin a présenté dernièrement au
Comité de culture potagère des Haricots
perle, dans lesquels ce Comité n’avait re-
connu autre chose que le Haricot riz nain.
M. Bossin n’accepte pas cette appréciation
du Comité et il envoie des échantillons des
deux variétés, avec prière de les semer et
de les expérimenter.
■ — -Dans un article sur la suppression de
l’accolage des vignes, publié dansle numéro
d’octobre dernier du Journal de la Société
centrale dliorticutture,'M. C. Cbarmeux a ex-
posé un système consistant à doubler les fils
de fer pour les vignes disposées en lignes et
non échalassées, c’est à-dire à en mettre un
de chaque côté des pieux. (( Comme les
pieux, dit-il, ont O’". 03 ou0™.04 de diamè-
tre, et qu’il y a un fil de fer de chaque côté,
les bourgeons (pousses), à mesure qu’ils
poussent, se placent dans cet espace; les
vrilles s’attachent aux fils de fer et rem-
placent le jonc ou la paille. )> M. Gosselin
fait remarquer, à propos de ce procédé, que
les vrilles devront nuire à la maturation du
Raisin, qu’elles ne prendront pas toujours
une bonne direction, qu’elles attacheront
ensemble les sarments et rendront la mise
en sac bien difficile.
• — A propos de l’envoi de hannetons
vivants fait par M. d’Audilfred, pour mon-
trer les effets de la prolongation de l’été
dernier, M. Repère fait remarquer que tou-
tes les questions relatives aux insectes ont
une grande importance pour l’horticulture,
et qu’il serait peut-être bon de créer dansle
sein de la Société, pour leur étude, un
Comité d’entomologie qui prendrait place à
côté des Comités de tloriculture, de pomo-
gie et de culture potagère, a. Ferlet.
REVUE COMMERCIALE HORTICOLE (PREMIÈRE QUIX'ZAINE DE .TANVIER 1866)
Léf/mie^ frais. — Bepnis le romincncemonl |
do raiinèo, les gros légunios ont subi un ]icu
d’aiigmentalioii ; les tours du lU janvier accu-
saient un cinquième environ en plus sur les
cours du 26 décembre dernier. Les Carottes
crdinaires valent de 20 à fr. au lieu de 15
à 25 fr. les 100 bolles; celles pour chevaux se
vendent de 10 à 15 fr. au lieu de 7 à lOfr. — Pour
les Panais, le prix minimum s’est élevé de 18 à
20 fr.; le prix m:-.ximnm est resté de 2i fr. les
REVUE COMMERCIALE HORTICOLE (PREMIÈRE QlTR'ZAINE DE JANVIER 1866';.
100 bottes. — Les Poireaux sont augmentés de
5 fr., et coûtent de 25 fr. à 30 fr. — Les Ra-
dis nous valent de 0L40 à 0f.50 la botte ; c’est
plus que le double du prix d’il y a quinze jours.
— Les Céleris ordinaires se vendent 0L40 la
botte avec OLIO de hausse ; ceux de première
(jualité valent 1 fr. au lieu de 0L60. — Les
Choux sout restés stationnaires aux prix de 5
à 20 fr. les 100 bottes. — Les Clioux-lleurs ont
subi une hausse passagère; ils se sont vendus
de 50 à 100 fr. les 100 bottes; mais leur prix
est retombé à 5 fr. seulement pour les plus
basses qualités, tandis que les plus forts se
vendaient 95 fr. — Les Oignons en grains sont
en baisse, ils se vendent 8 à 10 fr. au lieu de
12 à 15 fr. l’hectolitre.— Les Champignons sont
cotés de OLIO cà 0L15 le maniveau au lieu de
0f.05 à Of.lO.
Herbes et assaisonnements.— En général, il y
a eu de la hausse depuis notre dernier bulletin,
sur ces sortes de denrées. Les Epinards, qui va-
saient de 0L25 à 0L35 le paquet, sont aujour-
d’hui à 0L40 etOf.60 suivant la qualité.— L’O-
seille ordinaire se vend 0L40,avec OLIO d’aug-
mentation par paquet ; la plus belle est cotée
sL50, avec un peu de baisse au contraire. — Le
Cerfeuil et le Persil se vendent de 0L20 à 0L30
la botte, avec une hausse de 0L05 à OLiO par
botte. — L’Ail est coté 3L50 à 5 fr. le paquet
de 25 petites bottes; il est augmenté successive-
ment de 0L50 à chaque marché depuis la fin de
décembre. — La Ciboule se vend de 0LÜ5
à 0L20 la botte ; le Thym, de 0L15 à 0L20,
avec 0L05 d’augmentation, et l’Echalotte, de
0L40 cà 0L80, c’est-à-dire 0L20 de plus qu’il y
a quinze jours.
Fruits frais. — Les Poires les plus médiocres
se paient toujours de 20 à 25 fr. le 100, sans
variation depuis cminze jours ; les plus belles
valent jusqu’à 1L“20 la pièce. — Les pommes
coûtent de 3 à 100 fr. au lieu de 2L50 à 75 fr.
le 100 également. — Le Chasselas de serre ciug-
mente un peu ; il vaut de 2 à 8 fr. le kilogr. —
Les marrons coûtent 5L50 les 100 kilogr. sur le
marché, et 4L25 à la criée.
Fleurs et arbustes d’ornement. — La tenue
des marchés aux Heurs du commencement de
janvier a été à peu près la même que celle que
nous signalions pour la fin de décembre 1865. La
température n’a pas encore été très-rigoureuse
et a permis de mettre en vente un plus grand
nombre déplantés cju’onn’en voit ordinairement
à cette époque de 1 année.
Plantes fleuries en pots. — Anthémis frutes-
cent, 1 fr. à 1L50. — Azalées, 3^ à 5 fr.^ —
Bruyères du cap (Phylica), 1 fr. à 1L50; Bruyères
(Erîca) diverses, 0C50 à 1L50. — Billbergia,
5 à 10 fr. — Cinércoires, 0L75 à 1L25. — Ca-
melUa, 3 à lOfr. — Citronniers, 1L50 à 2 fr. —
Cvclamen de Perse, 2 fr. a 2L50. — Crocus,
OC25 à0L50. — Deutzia gracilis, 1L50 à 2 fr.
— Daphné, lf.50 à 2 fr. — Epiphyllum trunca-
tum, 2C50 à 5 fr. — Epacris, 1L50 à 2 fr. —
Fuchsia, lf.25 à 2 fr. — Iberis semperflorens,
OL75 à 1L25. — Héliotrope, 1 fr. à 1L25. —
Jacinthes, 0L50 à 1 fr. — Lilas, 1L50 à 2 fr.
— Metrosideros, 3 à5fr, — Œillets remontants,
1L25 à 1C5U. — Orangers, 3 à 5 fr. — Pensées,
0C25 à 0L50. — Primevères de Chine, 0L40 à
OC75. — Rosiers, 1L50 à 2C50. — Réséda,
Of.75 à 1 fr. — Rhododendrons, 3 à 10 fr. —
Solanumamomum, 0Li0à0L75. — 8pirée, 1L50
à 2 fr. — Tulipes hâtives, 0L25à0C50. — Vé-
roniques, 1 fr. à 1L50. — Violette des Quatre-
Saisons, 0L30 à 0L50. — Viburnum Tinus, 1 fr.
à 1L50.
Plantes à feuillage, pour décoration de jar-
dinières meubles, la?npes et vases d’apparte-
ment. — Agave, 1L50 à 5 fr. — Aloës, 1 à 3 fr.
— Aralia, 3 à 10 fr. — Arbousier, If 50 à 2 fr.
— Aspidistra, 2L50 à 10 fr. — Acacia lo-
phanta, 0L50 à 1L50. — Aucuba, 1 à 3 fr. —
Alaternes, 1 fr. à2 fr. — Bégonia, 0L75 à 2L50
et 3 fr. — Buis, 1 à 2 fr. — Canna, 1 à 2 fr. —
Cyperus alternifolius, 1L50 à 5 fr. — Chamæ-
rops, 5 à 15 fr. — Curculigo, 5 à 10 fr. — Ci-
néraire maritime, 0^75 à 1 ff. — Caladium et
Colocasia, 2f.50 à 10 fr. — Carex Japonica,
0f.50 à 1L50. — Cereus flagelliformis, 1L50 à
2L50 fr. — Calathæa zebrina, 2L50 à 5 fr. —
Cactées et Crassulacées diverses, 0L50 à 1L50.
— Cotoneasters, 0L75 à 1L50. — Delairea,
0L75 à 1 fr. — Dracœna congesta, 1L50 à 3 fr.
— Dracœna rubra, 2L50 à S fr. — Dracœna
terminalis variegata, 5 à 15 fr. — Dracœna
australis, 3 à 10 fr. — Dracœna brasiliensis ,
5 à 15 fr. — Ficus elastica, 3 à 10 fr.’ — Fou-
gères, 0L75 à 5 fr. — Fusains verts et argen-
tés, 1 à 2 fr. — Gynérium, 1L50 à 10 fr.; 0L75
à lf.50. — Grevillea robusta, 1L50 à 2 fr. —
Géranium à feuilles de Lierre, 1 à 2 fr. — Ge-
névriers, 1 à 2 fr. — Houx, 1L50 à 2L50. —
Isolepis gracilis, 0L75 à 1L25. — Iris pana-
chés, OL M à 1L50. — Latania, 10 à 20 fr. —
Lycopodes, Sélaginelles, 0L50à 1 fr. — Lierre,
0L50 à 1 fr. — Laurier de Colchide, 1 fr. à
2L50. — Mahonia, 1 fr. à 1L75. — Magnolia,
3 à 15 fr. — 3Iimosa lophanta, 1L25 à 2 fr. —
Maranta, 3 à 10 fr. — Opuntia, 0L50 à 1L50.
— Pandanus, 10 à 20 fr. — Pitcairnia, 3 à 5 fr.
— Palmiers divers, 10 à 25 fr. — Pervenches
panachées, 1 à 2 fr. — Phormium, 2L50 à 5 fr.
— Pu va, 3 à 5 fr. — Phœnia, 10 à 20 fr. —
Plîotinia, 1 à 2 fr. — Pins, OL50 à 2L50^ --
Pittosporum, 2L50 à 5 fr. — Romarin, Ot. 50 à
0L75. — Sapins, 1 à 3 fr. — Rhapis, 8 à 15 fr.
— Richardia, 0L50 à 1L50. — Sabal, 10 à
20 fr. — Séquoia, 2 à 4 fr. — Rhododendrons,
2L50 à 5 fr. — Sapine ttes, 1 à 3 fr. — Troè-
nes, 1 à 3 fr. — Tradescantia repens, 1L50 à
2L50. ; zebrina, 2 à 3 fr. — Tillandsia, 3 à
5 fr. — AVellingtonia, 3 à 10 fr. — Thuya,
0L75 à 1L50 et plus. — Yucca , 1L50 àlOR.
Arbres fruitiers. — Poiriers pyramides d’un
an, 0L60 à 0L80; de 2 ans, OL/5 à 1L25. —
Poiriers tiges, 1L25 à 2 fr. — Pommiers nains,
hautes tiges, 1L50 à 2 fr. — Abricotiers nains,
0L75 à 2 fr.; demi-tiges, 1 fr. à lf.50; tiges,
lf.50 à 2 fr. — Cerisiers nains ou pyramides,
0L50 à Of.75; tiges, 2 fr. — Pruniers
nains ou pyramides, Of.75 à 1 fr. ; tiges,
lf.25 à 2 fr. — Lignes Chasselas^ 0f.50 à 2 fr.
— jNovers, lf.50 à 2fr. — Groseilliers épineux.
Of.25 à 0f.50; à gra])pes, Of.25 à
0f.50.
Noisetiers, 0f.50 à“0fi7‘5 la pièce. — Fram-
boisiers, 10 à 15 fr. le 100. — Figuiers, Of.75
à lf.50 la pièce. — Cognassiers, Of.50 à 1 fr.
Rosiers nains, 50 à "lOO fr. le 100; demi-
tio-es 100 à 125 fr.; tiges, 125 à 150 fr. —
Eglantiers, 15 à 30 fr. le 100.
A. Ferlet.
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JANVIER 1866).
Prochaines Expositions de Caen et de Ferrare. — Préparatifs de FExposition internationale d’horticulture
de Londres. — Banquet dans Guildhall. — Parallèle entre les Expositions horticoles en Angleterre et sur
le continent par le professeur Reichenbach. — Disposition des lots de plantes dans les Exhibitions anglaises.
— Cours d'arboriculture de M. Forest, à Paris; de M. Verlot, à Grenoble; de M. Carrier, dans l’Ain. —
Circulaire de M. de Saint-Fulgent, préfet de l’Ain, recommandant les cours de M. Carrier. — Impor-
tance des questions de haute doctrine en horticulture. — Lettre de M. Brianza relative à l’éducation des
jardiniers par la presse horticole. — Lettre de M. de Bongars sur la réforme de la nomenclature botanico-
horticole et la pépinière du Luxembourg. — Lettre de M. Cliabert sur la maladie du Céleri à Metz.
Nous n’avons cà annoncer aujourd’hui que
deux Expositions horticoles nouvelles, l’une
à Ferrare, pour la fin de mai, et l’autre à
Caen, du 13 au 15 juillet. Toute l’attention
va maintenant se porter sur les prôparatils
de l’Exposition internationale de Londres.
Ces préparatifs préoccupent vivement les
horticulteurs anglais. Le lord maire de
Londres, les aldermen et la cour du conseil
commun ont décidé à l’unanimité que l’hô-
tel-de-ville de la Cité de Londres {Guild-
hall) serait mis à la disposition de la Com-
mission exécutive de Y Internalional Ilorli-
cuUural Exhibüion pour le grand banquet
qui , ainsi que nous l’avons annoncé ,
doit avoir lieu le mardi 22 mai 1860. On
sait que le Guildhall est un des monu-
ments les plus vastes et les plus imposants
de la capitale de l’Angleterre. Indépendam-
ment de la commodité que les visiteurs de
l’Exposition tireront de cette décision libé-
rale et éclairée, il y a dans ce fait un signe
important de l’intérêt constant que le gou-
vernement et le peuple anglais attachent au
développement de l'horticulture. Tous les
amis de cet art remercieront le lord maire
d’avoir pris cette détermination. « Voilà, dit
le Gardeners’Chronicle, comment il con-
vient de recevoir l’élite des botanistes et des
savants qui doivent honorer notre pays de
leur visite. »
A propos de cette grande Exposition, un
botaniste distingué, M. le professeur Rei-
chenbach, vient de publier en anglais et en
allemand un parallèle plein d’intérêt entre
la disposition des Expositions horticoles de
l’Angleterre et celles du continent. A la
veille de la grande Exhibition internationale
anglaise, ces appréciations ont un caractère
d’actualité qui nous engagent à les repro-
duire ici en partie :
« Il y a deux méthodes, dit M. Reichen-
hach, pour disposer des expositions flora-
les : la méthode du continent et la vieille
méthode anglaise, qui sont essentiellement
différentes.
(( Les Expositions du continent offrent
un effet des plus pittoresques; il faut
les avoir vues pour s’en faire une idée.
Représentez-vous un salon dans lequel les
effets de fleurs, de verdure, d’éclat sont
prodigués avec une libéralité qui peut rap-
peler le milieu d’une forêt vierge.
« Les Azalées, les Camellias sont devenus
1er FÉVRIER 1866.
si indispensables, depuis que le public est
accoutumé à ces antithèses de masses rou-
ges et blanches, qu’aucune Exposition ne
peut avoir de succès quand la saison de
ces fleurs est passée. Au milieu de cette
splendide confusion, la tâche des jurys est
extrêmement difficile. Leurs appréciation,
scientifique^ ne peuvent s’exercer en libertés
et beaucoup de concurrents malheureux
peuvent rejeter cet échec sur la mauvaise
place qui leur a été assignée et qui les a
empêchés de déployer tous leurs avantages.»
Cette critique de nos Expositions du con-
tinent est peut-être un peu sévère, et le
professeur Reichenbach a peut -être exagéré
les inconvénients de notre méthode ; mais
il faut reconnaître que le fond de sa pensée
est juste. Une Exposition florale a pour but
de récompenser les efforts des horticulteurs,
et sa disposition doit être de nature à faire
ressortir les perfectionnements qu’ils ont pu
apporter dans la pratique de leur art. Il ne
faut pas sacrifier ce but, le seul qui intéresse
les amis éclairés de la nature, à l’envie de
charmer les yeux du public : c’est le défaut
de nos Expositions du continent, que le
professeur Reichenbach voudrait épargner
à la grande Exhibition internationale de
mai. il ne le dit pas formellement, mais
le soin avec lequel il expose la méthode des
Anglais montre qu’il désirerait vivement de
la voir adopter. Quoi qu’il en soit, s’il a pu
éclairer celte question, insignifiante en ap-
parence, en réalité considérable, nous de-
vons lui en savoir gré. Voici ce qu’il dit du
sytème d’insfallation des Anglais ;
(( La méthode anglaise est toute différente,
elle n’a pas pour objet de multiplier pour
les yeux les impressions agréables ni d’eni-
vrer les sens du spectateur. Les sujets d’une
même classe sont exposés l’un près de l’au-
tre; cette disposition met les juges à même
de les comparer plus rigoureusement; le
public s’instruit en les comparant de même.
Nous ne croyons pas que les exposants se
soient jamais plaints de ce classement; ils
auraient mauvaise grâce à se plaindre de
leur place, puisqu’ils sont, sous ce rapport,
les égaux de leurs concurrents. Il arrive
souvent que des concurrents se déclarent
battus, avant même que la Commission ne
se soit prononcée. Les ornements sont peu
abondants, et c’est cette absence de déco-
ration qui frappe le plus d’étonnement les
T. I. — 3.
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JANVIER).
iâ
exposants européens. Mais nous, qui ne per-
Moiis pas de vue le but de ces Expositions,
nous ne nous étonnons pas de voir, dans
une exhibition horticole, préférer l’art de
l’horticulteur à l’art du coloriste.»
— Dans notre dernier numéro, nous avons
annoncé les cours faits cet hiver, à Paris,
par notre collaborateur M. DuBreuil. Nous
nous empressons également de faire con-
naître les jours et les heures de ceux que
va faire M. Forest à partir du février.
Ces cours auront lieu :
Tous les lundis, de 1 heure à 3, rue des
Saussaies, 23, sur la pente nord de la hutte
Montmartre;
Les mercredis, de 1 heure à 3, rue du Ra-
nelagli, à Passy.
Les premiers jeudis de chaque mois, de
1 heure à 3, boulevard Eugène, 32, parc de
Neuilly.
Les troisièmes dimanches de chaque mois,
de 1 heure à 3, à Brunoy, chez M. Nallet, près
de la station du chemin de fer.
Nos lecteurs savent que nous n’attachons
pas moins d’importance aux cours horticoles
qui se font dans les départements qu’à ceux
qui ont lieu à Paris. Nous devons tout par-
ticulièrement applaudir à ceux que fait
annuellement à Grenoble M. Yerlot, et, à ce
sujet, nous nous empressons d’insérer la
lettre suivante qu’il nous a adressée :
« Grenoble, le 21 janvier 1866.
(( Monsieur le Directeur,
(( Ces années dernières, vous avez eu la bonté
d’annoncer aux lecteurs de la Revue horticole
rouverture successive du cours d’aiLoriculture
que je professe ici, au Jardin des Plantes, au
nom de l’administration municipale , depuis
1856 ; permettez-moi de solliciter de votre bien-
veillance la meme faveur pour cette année. Je
reprendrai mon cours d’arboriculture fruitière
le Rr février prochain et le continuerai le jeudi
et le dimanche de chaque semaine, jusqu’à la
fin de mars; ensuite, je le reprendrai le diman-
che 29 avril, pour le continuer, chaque dimanche
seulement, jusque vers le 15 juin. Dans la pre-
mière partie, je traiterai théoriquement et exé-
cuterai pratiipiement les opérations à faire aux
arbres fruitiers, pendant le repos de la sève;
dans la seconde, des opérations à faire pendant
la période de la végétation.
« Un fait particulier caractérisera mon cours
de cette armée. La Société d’agriculture et d’hor-
ticulture de notre ville, toujours désireuse de
coopérer dans la mesure de ses forces à la pro-
pagation et à la diffusion de tout ce qui peut
amener un progrès en agriculture et en horti-
culture, décernera trois primes d’argent, s'éle-
vant ensemble à cent francs, aux jardiniers de
profession qui auront assisté avec assiduité à
mes leçons, et qui, après examen, justifieront
qu’ils ont profité de mon enseignement.
« La même Société a décidé aussi qu’elle déli-
vrerait d('s brevets de capacité aux auditeurs
qui auront suivi pendant deux ans mon cours,
et (jui, après examen, seraient jugés aptes à
diriger la taille des arbres fruitiers. Ce sont là
deux bonnes mesures qui,. à n’en pas douter,
donneront de très-bons résultats.
« Veuillez agréer, etc.
« B. Yerlot. »
Outre l’enseignement dans les villes, il
faut encore, pour arriver rapidement à de
grands -résultats, l’enseignement dans les
campagnes elles-mêmes. Cette œuvre, un
de nos correspondants, M. Alphonse Carrier,
qui jadis a reçu les leçons de notre regret-
table ami, M. Lahérard , s’est proposé de
l’entreprendre dans le département de l’Ain.
Il se rend dans les communes, où il fait dans
la même journée deux conférences, l’une
pour la théorie, l’autre pour la pratique.
Trois doubles conférences peuvent suffire
pour remplir son programme, ainsi conçu ;
Arboriculture. — Etablissement d’un jar-
din et d’un verger. — Plantation des arbres
fruitiers. — Commencement de la taille.
Viticulture. — Etablissement d’un vigno-
ble. — Choix des cepages. — Préparation
des plants.
M. de Saint-Fulgent, préfet de l’Ain, a
approuvé le projet de M. Carrier, et, dans
une circulaire, a annoncé aux Consils muni-
cipaux , qu’il autoriserait volontiers les
dépenses nécessaires pour cet objet, soit
60 fr. pour trois doubles conférences. Voici
un extrait de la circulaire adressée aux
maires par M. de Saint-Fulgent :
« A Messieurs les Maires du département,
« M. Carrier (Alphonse), maître-adjoint d’école
normale primaire (en congé) et professeur d’hor-
ticullure et de viticulture, se propose de faire
dans le département de l’Ain des conférences
cantonales sur l’horticulture et la viticulture.
(( Ce projet, qui m’a été soumis par son au-
teur, mérite d’être accueilli avec faveur par les
populations du département.
(c M. Carrier a un savoir incontestable; il a
fait preuve, dans les diverses branches qu’il se
propose d’enseigner, de connaissances sérieuses
et d’une grande aptitude. 11 se recommande
donc de lui-même à la bienveillante attention
des administrations municipales et des diverses
Sociétés agricoles de nos contrées.
(( Je verrais avec plaisir ce jeune profeseur
(originaire du département de l’Ain où hal)ile
sa famille et où il a débuté dans la carrière de
l’enseignement) fonder avec succès une œuvre
qui serait très-profitable aux populations agri-
coles et vinicoles du pays.
« C’est dire que j’a})prouverai avec empresse-
ment les votes émis par les conseils municipaux,
on vue de favoriser la réalisation du projet dont
il s’agit.
Le préfet de VAiiu
« L. DE Saint-Fclgent »
• — Le besoin de s’instruire, non pas seule-
ment snr les choses de la simple pratique,
mais encore sur les questions de haute doc-
trine, s’empare de tous ceux qui ont com-
mencé à s’occuper de l’horticulture. Aussi,
ne craignons-nous pas d’aborder qiiehpiefois
les sujets les plus transcendants. C’est ce que
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JANVIER).
I nous avons fait récemment à propos du livre
de Darwin sur l’unité de l’espèce. La polémi-
que qui en est résulté n’a pas été sans in-
• térêt pour nos lecteurs, ainsi que nous le
démontre la lettre suivante :
« Monsieur,
« Une des dernières livraisons du très-
utile et très-intéressant Journal que vous diri-
gez contenait un article contre la célèbre
; théorie de Darwin. Comme c’est la première
' fois que vous vous élevez dans ces hautes ré-
i gions, je crains que cela ne soit advenu que
; par hasard, et que vous repreniez bientôt l’an-
cienne règle en suivant le sillon de la pratique
pure et simple.
(( Je voudrais vous demander de donner de
f temps à autre de ces petits essais qui font tant
|i de bien à l’intelligence des élèves horticulteurs,
ï comme le peu de lignes de M. Ternisien (no
du 16 décembre 1865, page /i67). Il n’est pas
! nécessaire d’empiéter sur le domaine des hau-
tes abstractions philosopbiques, qui ne fout
!, qu’obscurcir les vues de ceux qui n’ont pas eu
l’instruction pour les embrasser. Il suffit d’a-
border ces points qui touchent de si près aux
I questions qui nous intéressent tous, et sur les-
quelles les jeunes jardiniers manquent de guide
I et de lumière. Cela s’appelle faire des choses
vraiment profitables. Car soyez sûr que ces
I simples aperçus, ébaucbés et mis à la portée de
I ceux qui n’ont ni la volonté ni le loisir d’appro-
I' fondir de telles questions, sont bien plus pro-
fitables que les lourds travaux des discussions
: scientifiques.
(( Agréez, etc.
! « Jean-Baptiste Brianza.
« Milan, 30 décembre 1865. »
S il est bon d’aborder les questions les
plus difficiles, il faut que ce soit toujours
d’une manière intelligible. Mais combien il
y a à faire pour en arriver Là ! N’y a-t-il pas
d’abord à réformer la nomenclature horti-
cole? C’est déjà ce que nous avons soutenu
urgent dans une certaine mesure. Aussi ne
demandons-nous pas mieux que de revenir
sur la question avec un de nos correspon-
dants, M. de Bongars, qui nous écrit la let-
' tre suivante :
' « Monsieur le Directeur,
« A notre époque plus qu’à toute autre , les
vieilles choses, les vieux usages, les vieilles
j idees s amoindrissent chaque jour et tendent à
disparaître pour faire place à tout ce qui est
jeune, progressif et plein d’avenir.
« La nomenclature horticole française, mai-
gre les tempêtes qu’elle soulève dans certaines
régions, triomphera de ses adversaires , parce
qu elle est la seule vraiment pratique et que
de plus, elle flatte l’amour-propre national.
Dans ce qui va suivre, il est bien entendu. Mon-
sieur le Directeur, que je ne m’adresse qu’aux
praticiens comme moi, et qu’aujourd’bui, comme
1 annee dernière, je mets hors de cause les sa-
i 'Vants, les botanistes, les borticulteurs commer-
; çants, voire même les jardiniers bacheliers.
: Ueci posé, les querelles d’Allemands devien-
j nent impossibles. Parlant en faveur des prati-
ciens, qui forment 1 immense majorité du monde
horticole, je ne dois pas avoir maille à partir
avec une minorité que je n’ai pas la prétention
d’attaquer, et dont je reconnais l’utilité dans le
présent, espérant mieux pour l’avenir.
« Comme vous le disiez si judicieusement
l’année dernière , Monsieur le Directeur : « La
langue française a été adoptée par la diplo-
matie , pourquoi ne le serait-elle pas par la
botanique? »
« C’est donc en toute sécurité, et confiant
dans votre impartialité bien connue, que je
viens vous faire part de tout ce que j’ai vu, ob-
servé ou entendu , relativement à l’emploi des
langues mortes dans la nomenclature horticole.
« Lorsque j’habite Paris, j’aime à fréquenter
les marchés aux fleurs. Or, j’ai remarqué avec
plaisir que les nombreux amateurs qui s’y pres-
sent achètent des arbres, des arbustes, des
fleurs ayant des noms français bien connus dans
la pratique. Dans ce centre d’affaires horticoles,
on risqueraif fort de n’être pas compris si l’on
s’avisait d’employer les dénominations scolasti-
ques dont je poursuis l’abandon.
« Je demandais un jour à une marchande des
plus achalandées , et à laquelle je fais souvent
quelques achats, ce qu’elle pensait des catalo-
gues de tels ou tels de ces établissements d’hor-
ticulture où le commerce des fleurs ne se fait
qu’en latin émaillé de grec. « Mon cher Mon-
sieur, me répondit-elle dans son langage pit-
toresque, écoutez bien ce que je vais vous
dire : Bien avant que ces messieurs aient ou-
vert leurs magasins, j’ai déjà fait plus de
300 fr. d’affaires, et toujours en français. Le
commerce des fleurs, voyez-vous. Monsieur,
c’est au marché qu’on le connaît ; c’est là que
se font les grosses affaires. Le monde qui
aime les fleurs et qui donne la vie à gagner
aux nombreux jardiniers des environs de Pa-
ris , tout ce monde-là est français ou parle
français. Quant à votre grec et à votre latin ,
ça n’est pas marchand et nous n’en vou-
lons pas. »
« Son argument a bien quelque valeur.
(( Poursuivant le cours de mes investigations
un peu partout, j’ai visité plusieurs jardins des
environs de Paris, ceux surtout qui alimentent
les marchés; là, j’ai causé avec des chefs de
culture. Tous m’ont fait la même réponse : ils
estiment que la nomenclature française est pré-
férable à celle que quelques-uns d’entre eux
sont obligés d’apprendre, vaille que vaille ,
comme des perroquets. Ils disent que les noms
grecs et latins ne sont bons que pour les jar-
dins publics et pour le commerce international,
(( Enfin, Monsieur le Directeur, il est proba-
ble que les nombreux horticulteurs de nos pro-
vinces tiennent à peu prés le même langage. Je
suis d’autant plus fondé à le croire, que , dans
la sphère de mes relations , j’ai constaté et je
constate chaque jour avec plaisir que mon idée
est tout bonnement celle de tout le monde ; et
je conclus en disant, comme l’année dernière :
Parlons donc français aux masses horticoles, et
laissons les langues mortes à ceux à qui elles
sont encore nécessaires. Dirai-je que j’ai la
douce satisfaction de voir mes idées applau-
dies? Non, car la modestie et la vérité me font
un devoir de proclamer que ces idées étant
celles de tout le monde, les applaudissements
et les éloges sont superflus.
« Permettez-moi, Monsieur le Directeur, en
44
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JANVIER).
la maladie, j’ai fait usage, avec une sage pré-
_ J.. /-.-l'iriTirt f>-»ôlQnopp a iinp
terminant cette lettre, de protester contre le pro-
jet de mutilation du Jardin du Luxembourg. La
Revue horticole ne peut être muette dans cette
occasion...
« Agréez, etc. « De Bûngârz. »
« Lamotte près Su, 12 janvier 1866. »
11 y a dans les pépinières du Jardin du
Luxembourg des collections de ^ ignés , de
Rosiers et d’arbres fruitiers tout à fait ines-
timables. Les faire disparaître serait com-
mettre un acte de vandalisme horticole.
— Dansnotre dernier numéro, nous avons
publié une lettre de M. de Ternisien, rela-
tive à une maladie qui, à Cherbourg, a atta-
qué le Céleri. La lettre suivante, que nous
écrit de Metz M. Chabert, prouve que le
même mal avait déjà été observé dans la
Moselle : . .
« Metz, le 23 janvier 1866.
« Monsieur et cher Directeur,
« Dans le numéro du 16 janvier 1866 de la
Revue horticole (page 34), M. de Ternisien fait
part de ses observations personnelles sur une
maladie qui attaque le Céleri à Cherbourg. Ce
fait s’est produit, à l’automne dernier, dans plu-
sieurs jardins maraîchers des environs de Metz,
où cette plante est cultivée en grand et se trouve
l’objet d’un commerce assez important.
« J’ai constaté chez moi particulièrement des
svmptômes et des effets à peu près identiques
à ceux signalés par M. de Ternisien. Dans le
hut de remédier aux conséquences nuisibles de
caution, du' véritable "guano mélangé à une
terre neuve et placé sur la racine de chaque
pied attaqué *. j’ai obtenu ainsi des résultats .
satisfaisants. Les sujets faiblement atteints par
le mal ont surtout repris bientôt de la vigueur,
et, à la récolle , ils ont paru convenablement
sains.
(( Je me propose de renouveler mes essais
en 1866, et aussi d’employer, en temps oppor-
tun, le soufre, qui me semble, comme à votre
honorable correspondant, devoir êlreunremede
efficace, surtout s’il faut attribuer le mal à la
présence de VUredo Apii groveolentis.
« Au reste, j’aurai pour me guider le con-
seil d’un homme très-compétent et bien connu
ici nar de consciencieux travaux sur les insec-
tcs "nuisibles aux plantes.
« Je m’empresserai, à l'heure venue, de
faire connaître aux lecteurs de la. Revue hor-
ticole, le résultat, qui ne pourra être indiiïe-
rent, de nos observations communes.
« gréez, etc.
« Chabert. »
Le procédé curatif employé par M. Cha-
hert a eu évidemment pour but de donner
plus de vigueur à la végétation des Céleris,
et par conséquent de mettre les plantes en
étal de mieux résister à leur ennemi; mais
il n’était pas de nature à attaquer directe-
ment le fléau. Le soufre, au contraire, pa-
raît devoir détruire les Champignons para-
sites.
J. A. Barral.
PHILADELPHUS RETELÊERII.
L’impossibilité dans laquelle on se trouve
souvent d’indiquerlaprovenance, c’est-à-dire
l’origine vraie, de certaines variétés, d’une
part; de l’autre, la difficulté de les désigner
par un nom scientifique qui en fasse bien res-
sortir la phvsionnomie sans occasionner des
confusions avec des plantes analogues, déjà
décrites comme espèces, font que, dans
beaucoup de cas, il vaut mieux, à des va-
riétés donner des noms d’hommes, ou des
noms usuels, qui n’emportent avec eux au-
cune signification. La pratique ne perd rien
à cette manière d’agir, et la science y gagne
en clarté. D’un autre côté, on doit, autant
qu’on le peut, choisir un nom qui puisse
attirer l’attention sur la plante lorsqu elle le
mérite, et qui en même temps ait rapport
au métier, soit, qu’il rappelle un objetou un
fait qui a fait époque, suit, et cela vaut infi-
niment mieux, qu’il rappelle le nom d un
horticulteur. Ce sont ces considérations
qui nous ont fait dédier notre plante à M.
Kéielêer, l’un des horticulteurs les plus
éminents de notre siècle, dont la ^modestie
égale le talent. Personne, si ce n’est peut-
être l’horticulteur à qui nous dédions notre
Phüadelphus, ne doutera de ce que nous
venons de dire et ne sera fâché de ce que
ous avons fait, mais nous osons croire^ qu’il
ous pardonnera, bien convaincu qu’il est
u’aucun intérêt ne nous fait agir.
Mais d’une autre part, comme il est diffi-
ile par une description de donner une idée
lien nette d’une plante quelconque, et
[u’on réussit souvent mieux, pour la pein-
tre, en disant qu’elle a du rapport, c’est-à-
lire des traits communs, avec telle ou telle
Lutre plante bien connue, nous dirons que
e Philadelphiis Ketelêerji a, par son faciès,
in certain air de parenté avec le Philüdel-
jh us Gordonii. y oici du reste Tiiidication
les caractères généraux qu’il présente:
Arbuste buissonneux, à rameaux grêles.
F'euilles ovales a^sez longuement acuminees,
ligués au sommet, lisses et d un vert fonce en
lessus, scabres en dessous ou il se rencontre
ies poils sur les nervures, à bords legerenient
relevés et irrégulièrement dentés, spinescents.
Fleurs semi-pleines ou presque pleines, d un
blanc pur, très-agréablement odorantes, a péta-
les ovales-aigus, chiffonnés, parfois irréguliè-
rement dentés, et comme lacinies, a etamines
nombreuses, fréquemment monstrueuses et en
partie transformées.
Le PhUttdelphiisKeleléerii flore pleno sort
de graines du P. corunarius, que nous avions
PHILADELPHUSÏKETELÉERII.
45
i semées au Muséum, nous aurions donc dû,
& pour nous conformer à Tusage, le nommer
Phüadelphus coronariiis flore pleno; nous
i , n’avons pas cru devoir le faire, d’abord
parce qu’il y a déjà une variété qui porte ce
nom, ensuite et surtout, parce qu’il ne res-
semble pas à sa mère, qu’il n’en a pas le
cachet, comme on dit vulgairement. Sa
naissance, à un certain point de vue, serait-
elle tachée? Nous n’en savons rien. Le fait
duresteimporte peu; l’essentiel, c’est que la
plante soit méritante, ce qui est. Inutile de
dire qu’elle est rustique et comment on la
multiplie; sous ce rapport, elle ne diffère
point des espèces communes.
Carrière.
UNE TROISIÈME PROPRIÉTÉ DU PINCEMENT.
Ce titre suppose que le lecteur sait bien
déjà : lo qu’avec le pincement seul, on peut
former la charpente de tous les arbres frui-
î tiers, telle que l’avaient obtenue nos pères,
à l’aide de la coupe des branches ; 2» qu’avec
lui encore seulement, on peut couvrir cette
charpente régulièrement de boutons frui-
tiers. Ces deux propriétés admises, nous
voulons dire pour la troisième que le pince-
ment suffit aussi pour passer des promesses
fruitières ci-dessus aux beaux et bons fruits
ordinairement obtenus.
Pour le concevoir, qu’on veuille remar-
quer que le moment de l’accroissement des
fruits coïncide parfaitement avec celui de
la pousse des arbres, et aussi, avec tous les
pincements, qui eux, ne se pratiquent qu’à
l’époque du mouvement de la sève.
Disons encore que le pincement des
bourgeons suspend momentanément le
cours de la sève, à l’aide de laquelle ils se
seraient développés; mais par ce procédé,
celle-ci reste dans l’arbre ; toutes ses parties
en profitent, puis le surplus sert à l’ouvrier
pour la conduite de l’arbre suivant ses vues.
Or, ces pincements répétés, n’ayant lieu que
successivement, sur toutes les petites bran-
ches qui avoisinent le Iruit, il n’en reçoit
ainsi qu’une alimentation graduelle, mais
continue, qui lui suffit dans son jeune âge,
ainsi qu’à toutes les parties qui ont besoin
de développement; cela est évident. J’ajoute
que cette sève est suffisante; car elle finit
toujours par être celle de la totalité de pe-
tites branches, qui sont fort nombreuses et
? dont quelques-unes l’avoisinent aussi im-
■ médiatement que possible ; le fruit, partout
' répandu, profite donc de cette action.
Ajoutons que suivant la manière de faire l’o-
pération, on modifie, on active l’action de
I cette séye, on la rend vive ou lente, suivant
le besoin des parties avoisinantes. Je ne
: puis à cet égard entrer dans les détails
de la pratique. J’admets seulement qu on
‘ sache pincer , et franchement, à en juger
I aux éloges et aux sarcasmes qu’a sus-
f cités successivement l’opération, on est au-
I torisé à croire qu’elle n’a pas toujours été
I bien faite. En serait-il ici comme pour le
poète :
i S’il n’a reçu du ciel l’influence secrète,
,j Pour lui Phébus est sourd et Pégase est rétif?
Essayons si, par d’autres tournures de
phrases, nous pourrions mieux persuader.
Nous savons qu’autrefois , pour rendre
possible la conduite d’un arbre selon ses
vues, il fallait que celui qui le soignait y
trouvât une abondante sève. Ce genre de
savoir tient beaucoup de celui du médecin
et du chirurgien, qui n’ont jamais su mieux
que nos jardiniers conserver ou faire re-
naître la vie chez un moribond.
La sève nécessaire doit donc exister
dans l’arbre, et il s’agit de s’en approprier
une partie afin d’en disposer suivant les
règles de l’art, qui, il faut bien le dire, a
ses vues spéciales, aujourd’hui surtout. Car
nous ne sommes plus au temps où la nature
nous faisait trouver bon le Gland de la
forêt voisine ou le fruit acerbe des premiers
vergers : aujourd’hui nous agissons donc
dans d’autres prévisions; et celles-ci ont
même si peu de durée, que ce n’est plus
déjà les beaux et bons fruits qui nous suffi-
sent; puisque nous les voudrions magni-
fiques.
Quoi qu’il en soit, pour se procurer la
sève jugée nécessaire, voici ce que faisaient
nos pères; ils enlevaient une fois chaque
année, du tiers aux trois quarts de la totalité
de la pousse de toutes les branches de l’ar -
bre. Parlàilsrendaientprépondérant,pourle
moment suivant, le système radiculaire sur
l’aérien, et la dilférence était leur apport de
sève.
Absolument dans les mêmes prévisions,
nous agissons dilîérernment ; nous pinçons
à une, deux ou trois reprises, suivant le be-
soin, la multitude des petites branches seu-
lement. Par là nous forçons la sève qui au-
rait servi à leur développement, à rester la-
tente dans l’arbre. C’est là notre apport de
sève.
Faisons suivre quelques comparaisons
dans les différences qu’entraînent ces ma-
nières d’agir.
Dans l’ancien système, la végétation de
toutes les branches suit son cours naturel
tout le long de chaque année; mais à la fin,
il est rompu violemment. La nature alors est
soumise à nos caprices, et, renouvelant
l’œuvre de Pénélope , nous enlevons en un
instant presque tout le produit de l’année.
Le palissage des grosses branches se répé-
46
UNE TROISIÈME PROP
lait quelquefois, et celui des petites régu-
lièrement deux à trois fois chaque année.
Tout cela augmentait beaucoup le travail et
le rendait fort coûteux.
Dans le nouveau système, nous n’enlevons
rien de ce que la nature fait, mais nous la
détournons de ses voies, aussitôt qu’elle
s’écarte des nôtres. Nous ne changeons
jamais le palissage des grosses branches, et
n’avons plus du tout celui des petites: ce
qui permet au même homme de soigner le
triple d’arbres, et constitue une économie
notable.
Dans l’ancien système on corrige le mal
quand il est arrivé à son plus haut degré,
en enlevant de toutes les branches ce qui
a dépassé nos besoins. Ces nombreuses
coupes causent aux arbres les maladies que
l’on connaît, qui bâtent leur destruction
après les avoir fatigués toute leur vie.
Dans le nouveau on détourne le mal avant
qu’il soit fait, parles moyens les plus doux,
puisqu’il n’y paraît plus quinze jours après;
on ne coupe ni ne pince les grosses branches :
il est reconnu qu’on doit les laisser pousser
jusqu’à ce que l’arbre soit entièrement for-
mé. On ne coupe que les petites, parce
qu’on ne peut garder tous les boutons oble-
nus, mais ici "leur choix même facilite le
travail. Si quelque jour on parvient à ne
former juste que le nombre de boutons
fruitiers nécessaires, il n’y aura plus du tout
de branches à couper aux arbres.
On voit facilement que l’apport de sève de
nos pères n’était que momentané; d’abord
très-énergique, puisque leurs arbres se cou-
CULTURE DE LA VIGNE
La Vigne se cultive habituellement en Eu-
rope à l’aide de deux procédés, généralement
connus sous le nom de taille et de faço7i;
et l’on peutaflirmer sans crainte d’être dé-
menti que les frais généraux de culture et la
durée de la Vigne sont en raison inverse
l’une de l’autre,"de telle sorte que, plus les
trais généraux sont grands , moins les pro-
duits sont rémunérateurs, et moins la du-
rée de la Vigne permet de récupérer les frais
de mise en culture. D y a ici un vice radi-
cal de culture, qui saute aux yeux des moins
clairvoyants, mais auquel on se soumet fa-
talement, faute de connaître un autre procédé
qui pourrait le remplacer et mettre la Vigne
dans le cas de presque toutes les cultures hu-
maines, qui, si elles ne sont pas toutes égale-
ment rémunératrices, ne sont pas au moins
défectueuses au point de rendre plus à celui
qui travaille le moins son champ, et lui
fournit le moins de substances réparatrices.
Tel est le cas de la Vigne, qui, dans certaines
contrées du Midi, peut donner jusqu’à trois
[ÉTÉ DU PINCEMENT.
vraient quelquefois d’une multitude de gour-
mands, ce qui n’a jamais lieu avec le pince-
ment bien fait, — ensuite trop ralenti, puis-
que l’effet, toujours trop local, finissait même
par être insulTisant; car une fois que les
gourmands étaient établis dans l’arbre, la
sève abondait en eux et pas ailleurs, M. Le-
lieur a eu à ce sujet, une excellente idée,
en admettant que les nombreuses feuilles
des longues branches pouvaient être assi-
milées à autant de pompes aspirantes, ré-
pandues tout le long des rameaux.
L’action en est tellement sensible dans
leur sommité, que les boutons de la base de
CCS rameaux sont amaigris et quelques-uns
même oblitérés. Si la sève abandonne leur
base, comment pourrait-elle agir à distance
dans le voisinage?
Voilà, cher lecteur, ce que je puis vous
dire, au sujet de ce troisième pincement.
Si vous n’êtes pas persuadé, disons seule-
ment ébranlé, c’est sans doute ma faute, et
je m’en accuse. Mais c’est peut-être aussi un
peu la vôtre. Auriez-vous un parti pris?
Réftécbissez sur ce dernier fait, mais ne
dites pas: La chose est impossible, la nou-
velle conduite n’a pas le sens commun, car
elle est déjà beaucoup trop répandue.
Cette situation est parfaitement appréciée
pai les hommes les plus éminents, et elle
leur a inspiré l’idée de faire décider la
question de préférence le plus tôt possible,
en faisant appel à tous les hommes de cœur,
d’entente et d’expérience; puissent-ils être
compris!
D. Bouscâsse,
SANS TAILLE NI FAÇON.
cents hectolitres à l’hectare, alors qu’elle en
donne à peine de vingt à trente dans la cul-
ture du Centre. Et l’inlluence de la chaleur,
quoi qu’on en dise , n’est pour rien dans la
quantité des produits; car , dans certaines
contrées du Nord-Est, elle diffère à peine de
celle du Sud dont nous avons parlé. C’est
donc au mode de culture plus encore qn au
cepage qu’il faut s’en prendre, sans mécon-
naître la plus grande fécondité de certains
d’entre eux, qui donnent en général du vin
fort médiocre. ^
C’est donc la méthode de culture qu il
faut changer, et il faut le faire d’une manière
complète "et radicale, si l’on veut rendre a
la culture de la Vigne en France toute son
importance et toute sa puissance rémunéra-
trice, qu’elle tend de jour en jour à perdre
par le fait même des méthodes plus perfec-
tionnées, dont les résultats invariables sont
d’augmenter les frais génémux de produc-
tion en exigeant plus de main-d’œuvre, alors
qu’elle se raréfie d’année en année et qu elle
47
CULTURE DE LA VIGNE
monte bientôt à un taux qui finirait par la
rendre presque impraticable pour les crûs
ordinaires, dont les prix moyens varient deî20
à 30 francs l’hectolitre nu. Assurément,
si on avait donné cà résoudre ce problème :
« Cultiver la vigne avec le plus de frais pos-
sible, avec le moins de productions possi-
ble, )>on aurait inventé la culture telle qu’elle
se pratique généralement en France. Vingt
ans d’étude de cette question et de pratique
viticole ne nous laissent plus de doute. Mais
en publiant le résultat de nos investigations,
nous n’espérons pas la voir se modifier
brusquement, mais nous désirons éclairer
ceux qui voudront comprendre la portée
de nos observations, en leur permettant de
contrôler notre dire par la culture de
quelques ares; expérience fort peu dispen-
dieuse et peu compromettante pour les résul-
tats généraux de la production œnologique
de France.
Posons d’abord en principe, 1» que la Vigne
peut, veut et doit être cultivée à plat, comme
un champ de Betteraves ou d’Asperges;
qu’elle gagne à être cultivée à la superticie
du sol et que ses racines superficielles, géné-
ralement détruites ou détériorées par les
façons qu’on donne à la Vigne, senties plus
utiles pour la production fruitière auxquelles
elles correspondent, ainsi que le démontre
la remarquable production de la Vigne cul-
tivée dans nos cours, sous les pavés qui
la préservent de toutes les façons et entre-
tiennent à ses pieds une humidité modérée,
telle qu’elle plaît et convient à cet arbrisseau.
Nous proposons donc de bien défoncer, à
0"\30 ou 0»\60, au plus, et d’amender une
fois pour toutes, c’est-à-dire pour cent ans au
moins, le champ qu’on veut planter en Vigne.
Ceci fait, prenez non des crossettes qui
sont de toutes les parties de la Vigne celles
qui s’enracinent le moins aisément et qui
donnent le plus tardivement des fruits, mais
bien l’extrémité de sarments , longs de
0"*.20 à 0’".30, et auxquels vous aurez re-
tranché l’extrémité non aoûtée. Vous les pi-
querez droits, en terre bien préparée et bien
amendée, en plein soleil et non à l’ombre,
à dix centimètres l’un de l’autre. Celte
opération doit se faire, pour le plus grand
avantage et la plus complète réussite, au
mois d’août, avec du bois de l’année et à
moitié décortiqué, et non aux mois de mars
et avril, avec du bois qui a souffert des
âpretés de l’hiver. Avec du repiquage du mois
d’août, vous aurez des scions enracinés pour
mettre en place au printemps suivant, qui
vous donneront deux pousses d’un mètre au
moins fortes et vigoureuses , qui pourront
être couchées et certainement se mettront
sans le moindre inconvénient à fruit dès la
seconde année (six grappes au moins par
cep), sans autre taille (pie le retranchement
de la partie non aoûtée des sarments.
SANS TAILLE NI FAÇON.
Dès la troisième année, on utilisera les
deux sarments qu’on aura ménagés à la
base des rameaux fructifères, en les dispo-
sant en croix sur le sol, et l’on fichera en
terre leur extrémité en donnant à chaque
branche fructifère la disposition d’un arc
d’autant plus recourbé qu’elle sera plus lon-
gue et plus exposée à porter un plus grand
nombre de grappes.
Il reste bien entendu que l’on ne retran-
chera aucune des branches ayant porté
grappe, et qu’on se contentera d’éborgner
les coursons, qui ne devront jamais piïrter
plus d’une ou deux grappes.
Dès la quatrième année, les souches à la
base de chacune de nos quatre branches dis-
posées en croix ayant fourni quatre nou-
veaux scions qui seront interposés dans
leur courbure aux quatre scions primitifs,
la Vigne, dès lors, se trouve bornée à son
maximum de production, et l’on devra ébor-
gner la base des sarments qui pousseront
sans faire produire encore huit nouveaux
rameaux fructifères, ce qui compliquerait
par trop la disposition des sarments répan-
dus à la surface du sol.
Qu’on ne croie pas par ce procédé épui-
ser la Vigne et lui nuire dans sa durée, car
elle sera d’autant plus productive et plus
vivace et plus vigoureuse qu’on lui donnera
plus de feuilles à porter. Dans une tenta-
tive de ce genre, j’ai porté à plus de cent
grappes des plus belles la production d’un
seul pied de Vigne, qui ne s’est jamais mieux
porté et n’a montré plus de vigueur que
sous l’influence d’une telle disposition. Je
me propose de lui en laisser porterie double,
l’année prochaine, pour voir si l’exagération
en ce genre peut être défectueuse ou avoir
des conséquences funestes qu’on ne saurait
attribuer à la méthode, mais bien à son ex-
tension illimitée ; ce qui ne devrait pas
l’infirmer, mais la circonscrire dans des
limites parfaitement acceptables par la
raison et que la pratique peut seule déter-
miner.
Ainsi qu’on a pu l’observer, dans cette
méthode il n’a pas été question de binage
ni de façon. C’est qu’il n’en est que peu ou
pas besoin une fois que la Vigne a pris tout
son développement, et nous conseillons de
laisser sur le sol , pour le protéger et l’engrais-
ser, toutes les herbes parasites de première
année, qu’on évitera de laisser porter graine
autant que possible. Il haut laisser à la Vi-
gne et à l’ombre de son feuillage le soin de
les détruire entièrement, ce qui ne man-
quera pas d’arriver dès la troisième ou qua-
trième année, dès que le sol sera entière-
ment stratifié des jets fructifères.
Un des plus grands avantages de cette
nouvelle méthode de culture de la Vigne est
de n’employer que deux mille cinq cents
, pieds par hectare, car chaque pied couvre
CULTURE DE LA VIGNE SANS TAILLE NI FAÇON.
2 mètres en tous sens ou 4 mètres de
superficie, ce qui donne aux racines de la
plante un développement équivalent. Entre
chaque rangée de ceps, il faudra maintenir
en bon état un sentier de 0«\30, pour faci-
liter la culture qui, toute simplifiée qu’elle
se trouve, exige au moins une inspection
mensuelle pour supprimer la trop grande
production fruitière et faciliter la récolte et
l’exfoliation en temps nécessaire pour hâter
la maturation.
Il ne faudrait pas croire que l’exube-
rance de production nuisît en aucune ma-
nière à la maturité et par suite à la qualité
du vin, ainsi qu’il arrive fréquemment dans
l’ancienne méthode, où les grappes se trou-
vent accumulées au centre du cep ; car, dans
la méthode que nous préconisons, chaque
grappe se trouve isolée et répandue sur une
surface de plusieurs mètres, et toute^ éga-
lement exposées aux rayons solaires. Ceux-
ci à notre avis font la qualité du vin, toutes
choses égales d’ailleurs, en favorisant la
formation du principe sucré et aromatique,
et toutes y ont également droit si elles reçoi-
vent également l’inlluence solaire. La qua-
lité du raisin ne procède pas à notre avis
des sucs de la terre, qui ne sont chargés
que de fournir la frondaison d’où procédera
la sève, récurrente, élaborée, ainsi que le
prouvent les résultats de l’incision annu-
laire qui assure la fécondité du cep et
hâte la maturité du grain.
Pour résumer les avantages de notre
méthode, nous trouvons : qu’elle simplifie
de beaucoup la plantation, réduite à planter
à la cheville "2,500 ceps enracinés à une pro-
fondeur qui ne dépasse pas 0”.20; 2® â
avancer au moins de deux ans la produc-
tion moyenne de la Vigne; 3«â supprimer la
taille, qui retranche inutilement du bois fort
et susceptible de produire des grappes aussi
bien et mieux que les quelques yeux qu’on
laisse à la base du rameau fructifère; 4» l’ab-
sence de taille a le double avantage d’éco-
nomiser un temps précieux et de retarder
la sève du printemps ^t de moins exposer
la vigne aux gelées du printemps; 5» Pécono-
mie des fonds, employés jusqu’ici et très-
considérables pour la mise en état de rapport
d’un hectare de Vigne, est notable et peut
facilement pourvoir à rensemencement de
quatre fois au moins la même surhice.
La culture â plat de la Vigne et sa forme
à long bois suppriment la façon si^ pénible
et si nuisible â la constante fertilité et sur-
tout à la durée de la souche, deux avan-
tages incomparables, puisqu’ils obvient à
la rareté de la main-d’œuvre, et qu’elle
donne un produit plus sûr et mieux rému-
nérateur pour le propriétaire comme pour
le vigneron. Si l’on considère que la France
est presque seule à produire des vins usuels,
et que leS' terres susceptibles d’être livrées
avec avantageât viticulture , pourraient
être facilement doublées, on voit l’avantage
qu’il y aurait à simplifier la culture, accessi-
ble dès lors aux plus ignorants comme aux
plus habiles.
Nous ne parlerons pas de l’amélioration
des produits; elle est pour nous incontes-
table. Mais nous ne manquerons pas ^ de
signaler que notre méthode est appelée â
revivifier les sous-cepages qui ne sont gé-^
néralement abandonnés qu’en raison de la
rareté de leurs produits, qui ne trouvent
plus d’acheteurs â des prix suffisamment
rémunérateurs. Avec notre méthode dispa-
raîtront les plants gamays, qui, n’étant
plus favorisés par la quantité de leurs pro-
duits, seront relégués dans la culture pour
l’acool, dont la France a presque la produc-
tion exclusive. Nous faisons appel â la bonne
volonté et â l’intérêt particulier des viticul-
teurs, qui est aussi celui de toute la France.
Puisse notre réclamation être entendue et ap-
préciée â sajuste valeur! Nous l’espérons, sans
nous faire illusion sur les difficultés d’une
transformation aussi radicale de la viticul-
ture.
J, Pige AUX.
FLORAISONS AUTOMNALES EN 1865.
Indépendammentdes Chrysanthèmes, dont
on a obtenu des variétés si nombreuses, que
les horticulteurs ont été obligés de retrancher
les anciennes, etdes espèces récemment im-
portées du Japon et plus bizarres que belles;
sans parler des Dahlias dont les fleurs et les
tiges sont brûlées par les plus faibles gelées,
les jardins de nos climats ont gardé, en
1865, jusqu’au milieu de décembre, un cer-
tain nombre de fleurs qui sont venues ré-
créer les yeux de l’amateur.
Citons la floraison remarquable des
Yucca gloriosa, filamentosa , recurva, qui
ont fleuri depuis le mois de juin jusqu’à
celui de novembre. Ils ont fourni des hampes
florales d’un mètre de hauteur et ont été
garnies de cent fleurons de longue durée.
Je n’ai point obtenu de fructification, tandis
que les Ricins de l’Algérie ont donné d’ex-
cellentes graines. Ces riches plantes an-
nuelles sont de grand ornement et produi-
saient un grand effet dans les beaux et
nouveaux squares et jardins de la ville de
Toulouse, oû ils forment desinassifs qui con-
trastaient par leur feuillage incisé et lacinié
avec les grandes feuilles des Canna, des
FLORAISONS AUTOMNALES EN 1865.
49
5 Ferdimnda, des Wigandia et autres plantes
' ornementales.
, La floraison des Tritoma nvaria a duré
! tout l’été els’estrenouveléeennovembre. J’ai
compté sept hampes fleuries sur une seule
touffe; elles durent longtemps, cesplantessi
robustes et si vigoureuses, qui, dans nos cul-
tures peuvent former avec les Glaïeuls de
très-jolies corbeilles.
Les Arbousiers étaient naguère encore
! couverts et de fleurs et de fruits déjà mûrs.
Rien de plus joli que les grappes pendantes
de l’Arbousier à fleurs roses, variété encore
rare dans le Midi où elle acquiert de fortes
dimensions.
Les Paulownia avaient déjà perdu leurs
feuilles au commencement de décembre,
mais Pextrémité des rameaux était terminée
par de nombreux et gros boutons. Les cônes
floraux des Cèdres de l’Ilimalaya sont tom-
bés, les autres ne paraissaient pas encore ;
ceux des Cèdres du Liban avaient acquis
toute leur grosseur ainsi que ceux des
SUR LE PINCEMENT D
Je vois dans \di Revue horticole du 1®’^ dé-
cembre 1865 (page 452) une polémique
engagée entre M. Bouscasse et M. Chauve-
lot. Ce dernier fait l’énumération de ceux
qui ont pincé leurs arbres comme M. de
La Quintinye, et il attribue à ce grand
homme l’idée première du pincement.
M. Chauvelot oublie, bien involontairement
sans doute, que le pincement de cet homme
célèbre n’était que le préliminaire des tail-
les en vert que l’on pratique encore aujour-
d’hui lors du palissage.
j Le nom de nouvelle que j’ai donné à ma
' manière de former et de régler les arbres
n’a pas été acceptée pour tout le monde;
elle était un peu usée. Dans une bouche
; jusqu’alors inconnue, cette pratique nou-
velle mise en avant par un homme simple,
qui n’avait pas usé ses pantalons sur les
bancs d’un collège était sans doute bien
' téméraire. Quelques-uns me l’ont donné à
I entendre, d’autres me l’ont dit et écrit.
^ Me mettant dans la nécessité de me
5 I justifier du tort grave d’avoir vu clair dans
^ j le grand livre de la nature avant les autres
, i et d’avoir peut-être un peu trop raison, je
g i vais donc, pour me justifier, soumettre à ces
. i Messieurs les résultats que j’obtiens par
! mon pincement, non pas infiniment court et
j. I réitéré comme on l’appelle, car depuis plu-
,! I sieurs années je ne fais plus qu’un seul
g I pincement sur chaque rameau pendant le
J. j cours de la végétation.
1 Les résultats quej’ai obtenus remplissent
Magnolias, qui laissaient échapper leurs
graines d’un rouge de corail.
C’est par centaines qu’on aurait pu comp-
ter les chatons polliniques des Séquoia sem-
pervireus. Les strohiles des Cryjito^neria et
des Biola sont très-abondants et donnent de
bonnes graines. Les Noisetiers, les Biba-
ciers, les Aunes, ont montré, leurs pre-
mières fleurs en avance de près d’un mois
sur les précédentes années. Les Rosiers du
Bengale, de la Chine, et Noisette et presque
tous les Rosiers remontants, refleurissaient
encore, favorisés par un véritable été de la
Saint-Martin^ qui permettait de terminer les
grands travaux delà saison dans de bonnes
conditions. Les potagers étaient encore bien
garnis, les Choux-fleurs très-vigoureux, ainsi
que les Choux de Bruxelles. Les Chicorées
et autres salades, les Céleris, l’Oseille, se
sont donnés à un bon prix. Les Navets
Boule-d’Or, une des variétés les meilleures
avec le Preneuse, ont beaucoup fourni.
D’Ounous,
Propriétaire à Saverdun (Ariége)
S ARBRES FRUITIERS.
le but que je me suis proposé, celui d’être
utile à tous.
1" Les branches de la charpente de mes
arbres sont à 0'".20 les unes des autres pour
le Poirier et 0"n25 pour le Pêcher; on a
donc les deux tiers d’économie d’espalier et
par conséquent, le double de productions
fruitières ;
Je suppr.ime le palissage, les nom-
breuses opérations qu’il exige et les dépen-
ses qu’il entraîne ;
3» Par le seul pincement des deux feuil-
les stipulâmes, je fais naître à la base de
chatiue nouveau rameau deux yeux à bois
sur toute l’étendue de l’arbre, quelle que soit
sa dimension, et de plus, des productions
fruitières à leur seconde paire de feuilles .
même sur les bourgeons anticipés de la
plus mauvaise nature. Ceci n’a pas été ob-
tenu /usqu’à cejour, que je sache au moins.
Selon moi, c’est la base de toute bonne cul-
ture, puisque l’on peut faire naître des
yeux autant que l’on désire ;
4» Je forme et dirige mes jeunes arbres
par le seul pincement des feuilles, sans
leur faire subir la moindre amputation ni
taille en vert. Ils ne sont soumis qu’a un
seul pincement pendant tout le cours de la
végétation.
Non-seulement ce procédé, que je crois
nouveau, peut être mis en usage sur tous
les arbres fruitiers, mais sur tous les ar-
brisseaux ligneux et herbacés.
tRiN aîné.
MULTIPLICATION DU BIGNONIA DU CAP.
Tout le monde connaît trop le Big^îonia
Capensis pour qu’il soit ici question de le
décrire, nous nous bornerons seulement à
faire connaître le procédé qui nous a le mieux
réussi pour sa multiplication.
Chacun sait que celte superbe plante se
multiplie facilement de boutures simples et
plus facilement encore avec celles faites
sous cloches. Ceci est vrai, mais ces genres
de multiplication, quoique bons, ne peuvent
nullement se comparer au simple procédé
que nous allons exposer. Il est déjà connu,
mais pas assez pratiqué, selon nous, car
c’est le moyen le plus court pour obtenir en
très-peu de temps des sujets forts et robustes.
avantages que n’ont pas les autres moyens,
d’ailleurs bien plus longs et réclamant en
outre une foule de soins qu’on n’a presque
jamais le temps de donner aux sujets.
A la fin d’avril on rempote la plante dans
un pot assez grand, ou, ce qui est préféra-
ble, on la place en pleine terre, à mi-om-
bre, dans un trou assez profond, fumé avec
du bon terreau. Cela fait, on ne s’étonnera
pas que la plante pousse des jets qui auront
atteint, vers le milieu de septembre, 2"™. 50
ou 3 mètres de longueur. Que fait-on alors?
On retranche tous ceux qui paraissent su-
perflus, pour faire refluer la sève sur les
deux ou trois plus forts (B, D, fig. 4)^qu’on
Fig, 4. — Multiplication du Bignonia du Cap.
aura choisis, car deux ou trois tiges sont |
plus que suffisantes pour donner naissance
aune famille qui se trouvera composée d’une
quinzaine d’individus C On pince l’extré-
mité de ces tiges et l’on voit bientôt appa-
raître aux aisselles des feuilles des bour-
geons qui, ayant atteint 0«i.30 ou 0™.40 de
hauteur, doivent être incisés en c, de ma-
nière à ne leur laisser presque que la peau, en
pratiquant l’entaille en dessous de l’insertion
du rameau.
On pratique avec un instrument quelcon-
que une petite rigole E dans laquelle on
^ Si l’on désirait un plus grand nombre de sujets,
on couperait alors la plante en A(comme le représente
la ligure 4) à 0”». 10 ou 0"‘.12 de hauteur, et on
laisserait des liges en proportion des sujets qu’on
veut obtenir. D’une seule de ces plantes ainsi trai-
tée, on peut enlever jusqu’à 50 sujets. Ceci s’expli-
que d’autant mieux que la ]>lante ayant ses rameaux
opposés, en fournit le double, quoique pour plus de
clarté, la figure ne reproduise ces rameaux que sim-
ples.
couche la tige opérée, en ayant soin de la
recouvrir de terreau pour favoriser l’émis-
sion des jeunes racines. On aura soin d’as-
sujetlir les liges en terre par de petits cro-
chets en bois et de lasser la terre de manière
que rien ne puisse la déranger. Il faudra
n’enterrer les jeunes sujets que de quelques
centimètres. J’ai remarqué que les moins
profondément enfouis sont toujours les
mieux enracinés.
Sitôt l’entaille faite, les jeunes sujets pâ-
lissent, d’autant plus que l’opération a été
violente. On les croirait tous perdus; mais
peu à peu ils reprennent parfaitement, et,
d’ordinaire, quand vient le sevrage, ceux
qui paraissaient morts sont les plus jolis et
les mieux fournis en racines, qui mesurent
quelquefois 0"‘.07 à 0'“.08.
On peut procéder au rempotage une
vingtaine de jours après l’opéralion. On a
alors la satisfaction d’avoir des individus
forts et vigoureux, garnis d’un bon bourre-
lmp Zanotç rue des Boi/Jait^ers ,15, Paris.
Poire Mélaiiie Michelin
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Ataccia crislata.
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MULTIPLICATION DU BIGNONIA DU CAP.
let, s’il ne sont pas tous pourvus de ra-
cinGS.
On doit bien prendre garde, en les em-
potant, de ne pas casser les jeunes racines
'très-tendres. On arrose, on laisse à l’ombre
51
pendant trois semaines. Aux approches de
l’hiver on rentre en orangerie, et, pour la
saison prochaine, on a de nombreux exem-
plaires de cette magnifique plante.
P. Deydier.
POIRE MÉLANIE MICHELIN.
Voici encore une variété nouvelle très-
précoce issue de l’Epargne ou Beau Présent,
cette vieille Epargne de La Quintinye, qu’il
trouvait pim belle que bonne, wi peu vonlêe
dans sa taille et pins faite pour triompher
dans les pyramides que dans la bouche.
L’arbre qui porte la Poire Mélanie Miche-
lin est assez vigoureux, très- fertile; son
écorce est un peu rugueuse; les grosses
branches sont de couleur noisette, bien gar-
nies , dirigées un peu obliquement , munies
d’épines longues et acérées.
Les rameaux sont moyens , assez longs,
droits, atténués à leur extrémité comme
dans la variété mère, mais très-peu flexueux;
ils sont d’un rouge-pourpre obscur sur
les arbres vigoureux ou greffés sur franc,
rouge-sanguin sur les individus greffés sur
Cognassier. Ils ont des lenticelles rondes, pe-
tites, grises. Les boutons à bois sont moyens,
coniques, aigus, bien pleins, inégalement es-
pacés ; les écailles brunes, luisantes, macu-
lées à leur base d’un enduit glauque. Les
boutons à fruits sonlmoyens, renflés, aiguscà
leur sommet, dérouleur marron. Les feuilles
moyennes, assez longues , minces, arquées
en arrière, ondées sur leurs bords, sont
d’un vert terne , peu ou point dentées; le
pétiole est assez tort, long, vert jaunâtre ;
les stipules rares et spatulées.
Le fruit, représenté par la figure coloriée
ci-contre, est moyen ou petit, lisse, venant
par trochets de trois ou quatre, pyriforme,
ventru au premier tiers de la hauteur, assez
régulier, vert clair passant au vert jaunâtre
â la maturité, finement pointillé de gris et
tacheté de gros points verts surtout du côté
de l’ombre, moucheté légèrement de rose
du côté du soleil, généralement peu coloré;
il rappelle à la maturité l’aspect des anciens
Blanquets , et surtout du Gros Blanquet; sa
chair est fine , fondante , blanche avec un
petit œil verdâtre; son eau est abondante,
sucrée, légèrement acidulée et relevée d’un
goût très-agréable. La queue est très-longue,
souvent aussi longue que le fruit , rentlée
aux deux extrémités, charnue, très-tlexible,
droite ou un peu tordue; elle s’implante su-
perficiellement au sommet du fruit qu’elle
semble continuer.
L’œil est moyen, ouvert, bordé de ses
divisions courtes , â base charnue , placé à
fleuret souvent en saillie du fruit. Les loges
sont grandes, les pépins allongés et noirs.
La maturité de cette Poire arrive en mêm,
temps que celle des Poire Madeleinee
Doyenné de juillet. Colorée de juillet, etc.,
c’est-â-dire au 15 juillet environ; elle de-
vance d’au moins quinze jours l’Epargne,
dont elle provient et dont elle semble être
un diminutif dans les caractères de l'ar-
bre et de son fruit.
D’une vigueur plus modérée que la der-
nière, peut-être pourra-t-on la greffer sur
Cognassier et lui donner une forme un peu
régulière , chose presque impossible â réa-
liser avec l’Epargne. Les sujets greffés que
je possède sont encore trop jeunes pour
pouvoir rien affirmer â ce sujet.
Comme la plupart des Poires précoces,
celle-ci demande à être surveillée. Cueillie
mûre sur l’arbre, au fruitier elle passe très-
vite et devient pâteuse. Si l’on a pris la
précaution de la cueillir un peu avant son
complet développement, elle se conserve
alors très-bien sans rien perdre de ses qua-
lités.
C’est un semis de 1847, qui a rapporté
la première fois en 1861. Je l’ai dédié à
Madame Mélanie Michelin, de Paris.
Boisbunel üls.
ATACCIA CRISTATA.
L’A taccia cristata (Kuntz, Enuni. Y. 466 ;
W. Hook, Bot. mag., t. 4859 ; Ch. Lem , dard,
fleur., II, pi. 186-187, etc.), est une plante
de la famille des Taccacées.
L’étymologie du nom générique est A
diminutif, et Taxis, genre voisin ; pour-
quoi dès lors l’altération ataccia, comme
l’écrivent tous les auteurs L Au sujet de
l’identité générique, les botanistes, en géné-
ral, se demandent par quelle raison on a
séparé ce genre du hicca, auquel devraient
1 De plus, inconvénient assez grave , on le con-
fond, par la prononciation, avec Aaæia, R. Br. genre
d’Agrostacées (Graminées).
S2
ATACCïA CRISTATA.
le réunir tous ses caractères ; mais ce n’est
pas ici le lieu de discuter cette question.
UAtaccia crUtata est une plante aussi
étrange que curieuse par ses formes florales,
qui lui méritent bien la culture. Il a été
découvert dans la Malaisie, aux environs de
Singapour , de Poulo-Penang , etc. , par
W. Jack, vers 1820 ou 1822. Le dessin colo-
rié de l’inflorescence, donné ci-contre, a été
exécuté d’après un individu exposé à la
grande Exhibition internationale d’Evreux,
en 1864, dans un lot deM. Ambr. Verschaf-
felt, et, bien que la plante ne fût pas nou-
velle, elle n’a pas moins attiré l’attention de
tous les visiteurs.
Le rhizome en est tubéreux , court, coni-
que, hypogé, annelé par les cicatrices qui
résultent de la chute des anciennes feuilles.
Il produit de petits tubercules latéraux,
que l’on en sépare pour multiplier la plante,
et qui sont entremêlés de racines fibreuses,
étalées. Les feuilles, au nombre de trois ou
quatre, sont toutes radicales, portées par d’as-
sez longs pétioles cylindriques, canaliculés;
le limbe foliaire est lancéolé-oblong, un peu
acuminé, long d’environ 0*^^30 sur 0*".10
à 0'".12 de large, à nervures pennées, sail-
lantes, surtout en dessous. Du milieu d’entre
elles se dresse un scape, aussi long que
les feuilles, ou à peu près, robuste, angu-
leux, lisse, qui se termine par un involucre
de quatre folioles, dont deux basilaires, plus
petites, opposées, sessiles, et deux très-
grandes, dressées, largement ovées-aig\jës,
mais prolongées à la base en un long onglet^
plan, large, pourpre.
Les fleurs, très-nombreuses, sont dispo-
sées en une ombelle penchée, latérale ; les
pédoncules, ou mieux pédicelles, sont longs
et uniflores; ils sont entremêlés de filaments
robustes, atteignant 0'".15à0«u 16 de long, et
divariqués , que les auteurs considèrent
comme des pédoncules ; ce seraient plutôt,
selon nous, des bractées allongées et fili-
formes. Le tube de chaque fleur est turbiné,
à six angles ; le limbe, d’un pourpre sombre,
se recourbe tout à coup en arrière, et est
formé de lobes bisériés, les internes plus
grands, tous ovés-arrondis. La gorge est
formée en un anneau crénelé. Six étamines;
un style, etc., etc.
La culture de cette remarquable plante ne
diffère en rien de celle des Caladium , si
bien connue aujourd’hui.
Ch, Lemaire,
Professeur de botanique, à Gand.
LES CATALOGUES HORTICOLES EN 1866.
Nous venons de recevoir le catalogue des
plantes et graines disponibles , pendant le
printemps de 1866, au Jardin d’acclimata-
tion du bois de Boulogne. Ce catalogue com-
prend, en grande partie, des végétaux d’or-
nement, cultivables en serre tempérée et en
serre chaude; mais on y voit aussi l’indica-
tion de quelques plantes industrielles et ali-
mentaires utiles à répandre: tels sont le
Brome de Schrader ; les Cucurbita Pepo ,
moschata et maxima viridisj l’Igname ailée;
la Tomate à tiges roides; le Pois de Com-
mencbon ; la Tétragone étalée de la Nou-
velle-Zélande ; le Blé Hallett ; la Poire de
terre Cochet, nouvelle plante agricole, al-
coolique et saccharine, pouvant, dit le ca-
talogue , remplacer la betterave; diverses
variétés nouvelles de Haricots, de Maïs et de
Pommes de terre importées en France et
acclimatées, dans ces derniers temps, par
les soins du Jardin d’acclimatation. Les
Pommes de terre sont au nombre de seize;
ce sont, par ordre de précocité : Handswortli
prolific, la plus hâtive, qui peut être récoltée
dès le 15 juillet; Lapston Kidney, d’Austra-
lie , Santa-Helena , Black-Kidney, Kidney
rouge, Rufziana, Caillant, Lesèble, Mazars,
Confédérée, qui ne mûrit que vers le H" sep-
tembre, et enfin quatre variétés innommées
de précocité moyenne. Quant aux plantes
ornementales qu’offre le Jardin d’acclimata-
tion, elles sont empruntées à toutes les fa-
milles botaniques; elles viennent des con-
trées les plus diverses, et plus d’un amateur
y trouvera à enrichir sa serre à des prix très-
raisonnables. Les demandes doivent être
adressées à M. le directeur du Jardin, porte
des Sablons, à Neuilly-sur-Seine.
— Dans le catalogue de M. Loise pour
le printemps prochain, nous voyons d’abord
une liste très-étendue de Glaïeuls, plante
pour la culture de laquelle la maison Loise
s’est fait une spécialité et une réputation
bien acquises. Dans les variétés hybrides du
Gandavensis, nous citerons seulement les
nouveautés de 1865, qui sont : Chérubini ,
à fleur grande, de forme parfaite , à fond
blanc largement flammé de violet carminé ;
Diomède, à fleur grande, parfaite de forme,
blanche, flammée de carmin et maculée de
violet carminé très-foncé ; Duchesse de Pa-
doue, à grandes fleurs bien faites, formant
un bel épi rose , et ayant la macule violacée
rayée de blanc; Empereur Maximilien , à
fleur rouge vermillon, ligné de blanc jaunâ-
tre au centre des pétales; Eurydice, blanc
pur flammé de rose vif carminé; Galilée,
rouge-groseille très-vif, flammé rouge- cra-
moisi foncé ; Le Dante , rose foncé , grande
macule blanc pur, fleur très-grande , de
nuance nouvelle; Malvin a , rose tendre lé-
gèrement flammé rouge Vaillant,
LES CATALOGUES H
écarlate très-brillant , très-grande macule
blanc pur; Newton, de nuance nouvelle
très-belle, rouge-cramoisi foncé à fond
blanc ; Shakespeare, blanc très-légèrement
flammé rose carminé, et enfin Mar(juise de
Pompadour et Empereur Napoléon,- que la
Beinie a publiés il y a un mois. Avec ses
Glaïeuls, M. Loise offre encore au public de
belles collections de Pivoines, de Fraisiers,
de Rhododendrons, de Rosiers, de Conifè-
res et surtout de plantes vivaces varices. Le
siéi?e de l’élablissement est è Paris, rue de
la Pelleterie, dite Quai aux Fleurs, iP 3.
— Nous avons parlé , l’année dernière
(1865, page 196), des cultures de M. Eu-
gène Verdier, un des fils et successeurs du
rosiériste bien connu, M. Victor Verdier.
M. Eugène Verdier nous a fait parvenir les
catalogues des Rosiers et des Pivoines nou-
velles qu’il met en vente, celte année, dans
son établissement, situé rue Dunois, 3,boule-
vard de la Gare, à Paris. Parmi les Rosiers
de semis qu’il a obtenus direclemeiit chez
lui , nous voyons deux variétés d’Ile-Bour-
bon : Jules-César et Madame Charles Ballet,
et dix variétés d’hybrides remontants ; Alba
mufaAi/ïs,CharlesRouillard,FisherHolmes,
John Crier, Jean Lambert, Mademoiselle
Marguerite Dombrain, Prince de Porcia,
Professeur Duchartre, Souvenir d’ Abraham
Lincoln, William Rollisson. Outre les sien-
nes, M. Verdier met aussi en vente les plus
récentes variétés obtenues par différenits se-
meurs, en signalant celles qui lui paraissent
les meilleures.
— Les amateurs de plantes bulbeuses
pourront s’adresser , pour leurs achats , à
M. Thibault-Prudent, 3, rue de la Cosson-
nerie, à Paris. Le catalogue de cet horticul-
teur renferme des collections nombreuses
et complètes de Jacinthes doubles et sim-
ples , de Tulipes , d’Amaryllis , de Crocus ,
d’iris, de Pivoines, de Dalilias , de Renon-
cules et de toutes les espèces formant la
série des plantes à bulbes. On y trouve aussi
des Fraisiers et des plantes vivaces de pleine
terre variées.
— L’extrait des catalogues de M.Duvivier,
grainier-fleuriste, 2, quai de la Mégisserie,
nous offre l’élite des collections de cet bor-
ticulteur en oignons à fleurs , Tulipes , Ja-
cinthes, Glaïeuls, Pensées, Pivoines, Pentste-
mon, Pyrèthres, Rosiers, Roses trémières,
plantes vivaces et arbres et arbustes à feuilles
persistantes, à feuilles cad*Uques, à fleurs ou
fruits d^ornement; arbresverts résineux, etc.
Les personnes qui sont embarrassées dans
le choix des variétés à se procurer pour
leurs cultures trouveront là des listes toutes
faites de plantes méritantes.
— Nous avons reçu encore plusieurs
catalogues d’horticulteurs et de pépiniéris-
[ITICOLES EN 1866. 53
tes des départements. Nous signalerons
d’abord les cultures de M. Oudin aîné, à
Lisieux (Calvados), dont les produits ont
obtenu une grande médailte d’honneur au
Concours universel d’horticulture en 1864.
On y trouve des arbres, arbustes et Conifères
déjà forts, pour plantation dépares, squares,
et ' jardins ; des plants d’arbres forestiers
pour le repiquage en pépinière ainsi que
pour les clôtures, bois et forêts ; des arbres
formés ; des arbres et arbustes d’ornement,
ainsi que des arbres résineux de grande
dimension.
— M. Ragot-Gaudin, d’Angers, se livre
à la culture spéciale des plantes vivaces de
pleine terre. Le catalogue qu’il nous envoie
pour la saison nouvelle contient une nom-
breuse série de ces plantes à un prix peu
élevé. M. Ragot-Gaudin fournit aussi des
végétaux aquatiques pour l’ornement des
bassins, rivières ou pièces d’eau et des Fou-
gères rustiques pour rocaille, grottes et
endroits ombragés.
— Dans le midi de la France, nos lec-
teurs connaissent déjà la maison Ville-
vieille, de Manosque (Basses-Alpes). Le cata-
logue três-détaillé que cette maison vient
de publier pour l’biver 1865-66, est divisé
en trois parties ; la première renferme des
arbres fruitiers de toute nature, sous toutes
formes, avec l’indication de l’époque de
maturité des fruits pour chaque variété; la
seconde est consacrée aux arbres forestiers
et d’ornement, aux arbrisseaux et arbustes
d’ornement de pleine terre, à feuilles cadu-
ques et à feuilles persistantes, aux Conifères,
aux arbustes sarmenteux et grimpants. La
troisième partie comprend toutes les plan-
tesà fleurs deserre et d’orangerie, de pleine
terre, vivaces et annuelles. MM. Villevieille
font aussi un commerce assez important de
Rosiers.
— Nous avons reçu d’Annonay (Ardèche),
de la maison Jacquemet-Bonnefont père et
fds, un prix courant des jeunes plants
d’arbres, arbrisseaux et arbustes de pleine
terre propres à former des pépinières, des
bois, des- haies de clôture, des palissades.
Ce prix courant, étant celui de," jeunes plants,
intéresse directement les grands arboricul-
teurs, les forestiers, les pépiniéristes. Le
catalogue général de MM. Jacquemet-Bon-
nefont contient les arbres fruitiers, les
arbres, arbrisseaux et arbustes d’agrément
et forestiers en tous genres, prêts à être
plantés dans les jardins paypgers et allées;
les plantes vivaces, herbacées et bulbeuses
de pleine terre, propres à orner les plates-
bandes et les massifs de jardins paysagers.
Ce catalogue contient l’indication de près
de 6,000 espèces ou variétés.
A. Ferlet.
ENSEIGNEMENT DE L’HORTICULTURE DANS LES ÉCOLES PRIMAIRES
DES CAMPAGNES.
Il n’est plus besoin, aujourd’hui, de
prouver l’utilité des études propres à
perfectionner la culture des jardins : les
hommes instruits par l’expérience en sont
convaincus, et depuis que leur zèle les a
conduits à répandre, dans les campagnes ,
l’enseignement élémentaire de l’horticul-
ture, ils ont eu la satisfaction non-seule-
ment de l’y voir introduit dans les classes
normales et primaires, mais encore d’en
constater la marche progressive.
Bien certainement, de l’école commu-
nale ne sortiront pas des horticulteurs con-
sommés; il n’y a pas à se faire d’illusions
sur ce point ; mais, en développant devant
les jeunes élèves les notions élémentaires
de la culture maraîchère, de la floriculture,
de la taille des arbres , l’instituteur livrera
a ces jeunes intelligenc.es dont le dévelop-
pement lui est confié, de bonnes semences
(|ui germeront et lèveront en temps oppor-
tun.
Lorsque plus tard, fixés dans les campa-
gnes, ces jeunes enfants devenus hommes
posséderont un jardin auprès de leur chau-
mière, ils se rappelleront ces notions re-
cueillies dans leur jeunesse et les mettront
en pratique.
Non-seulement ils en retireront un grand
profit; mais le goût qu’ils y prendront de-
viendra, sur eux, un puissant moyen de
moralisation.
Beaucoup d’entre eux , qui , dans les
champs, n’auraient vu qu’un labeur ingrat
et sans charmes, s’attacheront à ce jardin
rendu plus élégant et plus productif par
Jeurs soins éclairés; tàla culture des céréales,
ils joindront celle des fruits et des légumes,
qui, grâce aux moyens de transport devenus
si prompts, trouveront dans les grandes
villes un placement assuré et largement ré-
munérateur; car il est donné aux exploi-
tations fruitières de la France, d’avoir un
débouché, non-seulement dans la consom-
mation intérieure , mais encore dans l’ex-
portation.
M. Brémond, cet instituteur public de
Gadagne (Vaucluse), dont nous avons parlé
en 1864 {Revue horticole, page 365), à
l’occasion de ses arbres articulés et de ses
modèles de greffes préparés avec des arbres
desséchés pris dans les pépinières; M. Bré-
mond, disons-nous, après s’être appuyé sur
les conseils et les encouragements des hom-
mes les plus conipétents, après avoir publié
une nouvelle édition améliorée de son Traité
élémentaire sur la taille des arbres à fruits,
intitulé le Verger, mis à la portée des en-
fants et accompagné d’un cahier de figures,
a poursuivi l’exécution de son plan, et, au-
torisé par les préfets, a fait des cours dans
les écoles communales de plusieurs dépar-
tements.
Cet utile enseignement va prendre des
racines d’autant plus profondes , que M. le
ministre de l’instruction publique , suivant
la route qu’il a lui-même ouverte par sa
circulaire de décembre 1864, vient, en le
notifiant tout particulièrement aux recteurs
des Académies, d’autoriser M. Brémond à
se rendre dans les écoles normales pri-
maires de l’Empire, pour y donner des le-
çons à ces élèves-maîtres, qui, plus tard ,
appelés eux-mêmes à professer dans les cam-
pagnes, rendront un service déplus au pays.
A cette occasion, M. le ministre, détour-
nant un instant son attention des hautes étu-
des universitaires , a bien voulu porter son
infatigable sollicitude sur une instruction
qui sera une source de bien-être pour les
habitants laborieux des campagnes.
M. le ministre, en régularisant ainsi
l’enseignement primaire horticole « invite
les recteurs des Académies à lui rendre
compte des résultats qui auront été ôbtenus,
particulièrement dans les écoles normales
primaires, et s’entend avec son collègue
M. le Ministre de l’agriculture pour que
MM. les inspecteurs généraux de l’agricul-
ture ajoutent aux questions d'un haut inté-
rêt qu’ils ont à traiter la visite dps classes
d’horticulture , l’examen des terrains sur
lesquels les élèves sont exercés , leur don-
nent des conseils et fassent sur chaque éta-
blissement un rapport en vue de hiire con-
naître sa situation et ses besoins au point
de vue de l’enseignement horticole. »
Il y a là un ensemble de mesures qui
porteront leurs fruits, seront appréciées
par les amis de l’horticulture et seront
accueillies par eux avec une vive sympathie :
ils nous approuveront, nous en avons la
confiance , d’avoir saisi avec empressement
cette occasion de le proclamer ’.
Henry Michelin,
1. Les dépôts des livres et des boîtes de grefUes
de M. Brémond sont : :i Paris, chez M. Goîn , li-
braire, 82, rue des Ecoles ; — chez M. Clément
Saint-Just, place de l’Horloge, à Avignon; — chez
l’auteur, à Gadagne (Vaucluse), qui les expédie par
la poste sur la demande qui lui est faite.
Le prix est de 2 francs pour l’ouvrage et le meme
prix pour les greffes.
BIBLIOGRAPHIE HORTICOLE.
Le Bon Jardinier, almanach pour 1866, 1 v5l. in-12
de 1,600 pages avec gravures, prix : 7 Ir. —
Librairie agricole de la Maison Rustique.
Le temps, ce grand destructeur, et la
concurrence ont sulfisamment démontré
aujourd’hui la véritable supériorité du hou
Jardmier sur les autres livres qui ont voulu
devenir ses rivaux dans le même genre. Si
on avait fait mieux que lui, croyez-bieu qu’il
se fût incliné devant un ouvrage meilleur
(|ue lui, en attendant qu’il eût cherché à
s’améliorer.
Le Bon Jardinier a pour collaborateurs
un grand nombre de savants, de botanistes,
d’horticulteurs, qui ont illustré leur nom dans
la science pure ou dans la pratique. Nom-
mer MM. Mauvais, Decaisne, Naudin, Barrai,
Vilmorin, Louis Vilmorin, Neumann, Pé-
pin, Bailly, etc., c’est dire suffisamment
qu’une œuvre exécutée avec un tel concours
ne se fait pas deux fois, surtout, quand cha-
que année, la nouvelle édition sait se
tenir au courant du progrès et marque ainsi
toutes ses étapes dans la science horticole.
La plupart de nos lecteurs possèdent et
connaissent à fond le Bon Jardinier. Il est
toujours fait sur le même plan, inauguré il
y a quelques années. Le calendrier donne,
inois par mois, un résumé critique des
observations faites sur les époques des se-
mis et des plantations. Dans un chapitre
préliminaire intitulé Nouveautés, M. Henry
Vilmorin s’est attaché à décrire succincte-
ment les nouvelles conquêtes horticoles qui
ont été faites dans l’année qui vient de s’é-
couler soit comme plantes de grande culture,
soit comme plantes potagères, ou soit comme
plantes d’ornement. Les meilleurs instru-
ments récemment perfectionnés ou inventés
sont décrits et représentés par des figures
noires dans le chapitre suivant. Des notions
claires et courtes, bien que très-suifi-
santes, sur l’anatomie, l’orgariographie et
la physiologie végétales ont été composées
exprès pour les lecteurs du Bon Jardinier
par M. Decaisne. Le chapitre qui vient
après surla physique et la chimie horticoles,
et qui est dû à la science simple et nette de
M. Barrai, sera toujours lu avec Iruit et
compris de tout le monde. Avant de com-
mencer la description des arbres et des
plantes, la partie intitulée Principes géné-
raux donne des détails très-utiles sur la
conservation, les maladies, les habitudes,
les ennemis des fleurs. C’est ici maintenant
qu’est placée la description des plantes. A
ce sujet, la rédaction du Bon Jaî^dinier a
reçu des réclamations. Voici comment elle
se défend et répond elle-même aux criti-
ques. (( Quelques-uns de nos .lecteurs, dit-
elle, voudraient voir dans le Bo7i Jardinier
toutes les plantes désignées dans les cata-
logues des principaux horticulteurs-mar-
chands. Mais ces catalogues contiennent un
assez grand nombre de plantes dont le mé-
rite n’est pas encore reconnu ou qui n’ont
pas répondu à ce qu’on attendait. D’autres
lecteurs, au contraire, voudraient qu’il ne
fût question que des plantes qu’ils affection-
nent et qu’ils trouvent seules dignes d’êtres
cultivées. Le Bon Jardinier est obligé de
conserver un moyen terme entre ces opi-
nions extrêmes : c’est de n’enregistrer que
les plantes dont le mérite est généralement
reconnu et qu’on peut trouver dans le com-
merce. »
La seconde partie du Bon Jardinier dé-
crit les plantes selon leurs caractères et les
familles. Elle explique dans un vocabulaire
les termes usuels de jardinage et de botani-
que; elle fait le tableau des végétaux en
pleine terre les plus intéressants, arrangés
dans l’ordre de leur emploi dans les jardins;
'elle donne ensuite et enfin la culture et la
description des plantes et des arbres d or-
nement disposés par ordre alphabétique.
Tel est en résumé le Bon Jardinier. C’est
un livre consacré par un long succès uni-
versellement reconnu et qui a derrière lui
cent dix ans d’expérience et de services
rendus à la cause du progrès agricole. G est
là une recommandation suffisante, et per-
sonne ne peut hésiter à placer cet utile ou-
vrage sur le rayon de sa bibliothèque de
campagne, ou sur la planchette aux catalo-
gues de sa serre.
Traité complet de la culture de l’Opium indigène,
par M . Alphonse Odeph, 1 vol. in-12, 144 pages.
Chacun devrait travailler dans sa sphère
à délivrer notre pays de toutes les concur-
rences qui viennent encore gêner son com-
merce et diminuer le développement de la
prospérité nationale. Pendant longtemps,
,on a cru que le Pavot cultivé en Europe ne
pouvait fournir l’opium, et ce n est que de-
puis le siècle dernier que cette croyance
commence à s’effacer pour faire place à la
vérité. Grâce aux travaux de Dubac,
de Rouen (1790 et 1800), de Bretonneau,
de Tours (1805), de Deslongchampsfl807),
du général Lamarque (1828), de Hardy et
Simon, en Algérie (1844 et 1843), d’Au-
berder, à Glermont-Ferrand (1844 et 1854),
de becharme. Bénard et Deschamps (1854,
1855 et 1856), et plus récemment de M.
Ghevallier, il est parfaitement démontré au-
jourd’hui que Topium indigène peut s’ob-
tenir facilement, donner des bénéfices aux
36 BIBLIOGRAPHIE HORTICOLE.
horticulteurs et aux agriculteurs qui s’adon-
nent à sa culture, et affranchir ainsi la
France du tribut énorme qu’elle paye aux
peuples orientaux pour obtenir cet excellent
calmant, ce sauveur, nous pourrions ajou-
ter, en temps d’épidémie.
Les premiers travaux pour obtenir l’opium
indigène remontent à 1 796, époque à laquelle
Bail présenta à la Société d’Encouragement
de Londres (celle de Paris ne fut fondée
que cinq aiis plus tard) un échantillon
d’opium indigène pur, inférieur à l’opium
oriental, et cette Société lui décerna un
prix pour récompense de ses essais.
M. Alphonse Odeph, dans un petit vo-
lume intitulé : Traité complet de la culture
de rOpium indigène, précédé de la possibi-
lité pratique et de la nécessité de Vobtenir
en France, suivi de VHistoire de cette sub-
stance, a réuni une foule de détails intéres-
sants sur un sujet plein d’actualité.
On vient de taire en France, dans quelques
villes visitéesparun terrible fléau, unegrande
consommation de laudanum, et l’on s’est
aperçu enfin que la concurrence orientale
devait être combattue et que l’impôt payé à
l’Asie était très- dur. Il faut donc s’en affran-
chir. Des expériences ont été faites, des essais
ont réussi en grande partie ; tous ceux qui
peuvent cultiver l’opium doivent chercher
à s’adonner à cette branche d’une industrie
qui n’a fait jusqu’ici que végéter en France,
et qui doit être renouvelée entièrement.
Tout le monde sait que l’opium est un
suc blanc laiteux qui découle des capsules
ou têtes de Pavots, encore vertes, lorsqu’on
y pratique des incisions très-superficielles.
Ariiolt, chirurgien écossais, publia le
premier, en 1797, dit M. Alphonse Odeph
dans les Observations de médecine de la
Société d’Edimbourg, un moyen facile d’ex-
traire l’opium des Pavots des jardins ,
opium, qui, selon son dire, était déjà obtenu
en Angleterre et avait plus de valeur que
celui du Levant.
Depuis cette époque bien des expériences
furent tentées sans arriver à des résultats
très-pratiques, jusqu’au jour où M. Au-
bergier s’occupa de cette question à son tour.
Pour obtenir les beaux résultats auxquels
il est parvenu, « M. Aubergier dut nécessai-
ment, — écrit M. Odeph, — suivre une autre
route que celle de ses devanciers , et aban-
donner les procédés d’extraction employés
en Orient; car pour pratiquer les incisions
à l’aide d’une lame de couteau ou de canif,
sans traverser l’endocarpe et par suite sans
compromettre la graine, il faut une grande
dextérité, et de la part des ouvriers des pré-
cautions qui, en diminuant la rapidité du
travail, augmentent les frais d’extraction et
les mettent hors de proportion avec la valeur
de l’opium obtenu. »
Nous ne parlerons pas de l’importance de
l’opium en médecine. Elle est universelle-
ment reconnue; son usage est recommandé
par tous les médecins. Il joue un rôle im-
mense dans la thérapeutique et fait la base
d’un grand nombre de préparations offici-
nales et magistrales, arrête les effrayants
progrès du tétanos et les prodromes du cho-
léra , et calme des douleurs nerveuses qui
résistent à tous les autres médicaments.
Mais nous voudrions contribuer à la propa-
gation de sa culture en France. Elle est
simple et commode, etses frais sont couverts
par la graine que l’opium donne et qui sert
à la fabrication de l’huile d’œillette. L’in-
fluence climatérique en outre est nulle et les
différences d’opiums ne doivent être impu-
tées au climat. Cela a été prouvé par tous
les noms cités tout à l’heure par nous,
et l’expérience est là pour combattre une
erreur qui s’est accréditée au point de passer
pour une vérité absolue et qui est un obstacle
à la culture de l’opium dans notre beau pays.
(( De plus, dit M. Alphonse Odeph, si
l’on compare l’opium-œillette, qui renferme
15 à 20 p. 0/q de morphine aux opiums
orientaux, qui en fournissent seulement de
3 à 10 p. O/o, 011 verra que notre chère pa-
trie , affranchie du tribut qu’elle paye aux
peuples de l’Orient, pourra prendre sur son
propre territoire un produit national pur
d’une valeur vénale bien supérieure à celle
de ceproduit exotique, qui nous arrive pres-
que toujours falsifié. »
L’initiative privée, ajouterons-nous, de-
vrait patronner cette culture nouvelle. Il suf-
firait de cinq cultivateurs, dans chaque
commune, pouvant disposer chacun de 30
mètres carrés de terrain et de dix heuresde
travail, pour doter la France de cette pré-
cieuse substance. C’est ce qui ressort en effet
des calculs de M. Odeph, qui prouve que ces
cultivateurs pourraient produire 7, L30 kilogr.
d’opium, sans compter l’Algérie et la Savoie.
Rappelons qu’en 1861 l’importation de l’O-
rient s’est élevée à 6,653 kilogrammes.
Cullivons donc l’opium chez nous, puisque
nous le pouvons, mais toutefois ne souhai-
tons pas que sa consommation prenne de
grandes proportions, et craignons le sort des
Chinois.
Georges Barral.
REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER.
Le Botanical Magazine donne les figures I nnibersiâ oIcun, Regel, pi. 5502.
et les descriptions des plantes suivantes : | Belle Broméliacée, que le jardin de Kew
57
REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER.
a reçue, en 1856, de M. Regel, directeur du
jardin de Saint-Pétersbourg. La patrie de
celle espèce n’est pas bien connue, mais
tout porte à croire que c’est un habitant de
l’Amérique tropicale. Les feuilles intérieures
qui entourent l’épi floral, composé de fleurs
violettes pourprées, sont d’un beau pour-
pre.
Astolla üiolandri. A. CUNNINGHAM, pl. 5503.
Le genre Astelin, que M. le Hooker
place près des Pbormiums et Cordjlinis,
dans la famille des Liliacées, trouve, chez
Endlicher, sa place comme type du petit
c^roupe des Asteliées, parmi les Joncacées.
La fmure du Boianical Magazine représente
un pfed mâle de VAstelia Solandri originaire
de la Aouvelle-Zélande. C’est une des espe-
ces les plus grandes de ce genre. Les feuilles,
recourbées, larges de 0'".10 a leur base,
sont linéaires-subulées et longues de O .od.
Les fleurs mâles, qui pourtant sont pourvues
d’un ovaire restant stérile, sont disposées
sur la hampe florale dressée en quatre à six
larges épis serrés, en partie enveloppes
dans les aisselles de larges feuilles lanceo-
lées-pointues; ces fleurs sont d’une couleur
verdâtre et assez insignifiantes.
Caltleya quacirîcolor, BATEMANjpl. 5o04.
Cette belle Orchidée, de la Nouvelle-Gre-
nade, a été envovée, il y a déjà longtemps,
à M. Rucker, dans la collection duquel elle
a fleuri pour la première fois. Elle avait
été découverte aux bords du Rio-Magdalena.
M. Lindlev a donné à cette plante son nom
spécifique'^ à cause des quatre couleurs blanc,
jaune, lilas et pourpre, que présente son
ample labelle, tandis que les autre paities
de la fleur sont blanches.
yiasclcvallia tovarciïsîs, ReichENBACH FILS,
pl. 5505.
Belle Orchidée originaire de Tovar, en
Colombie. Les grandes fleurs d’un blanc
pur, à labelle très-petit, sont supportées
deux par deux sur chaque hampe florale.
Les feuilles sont oblongues, un peu spatu-
lées-, elles n’atteignent pas complètement
la longueur de la hampe florale.
yionocliætum dleranantlieruiii,NAUDIN,
pl. 5506.
Ce joli arbuste, avec ses amples panicules
floraux garnis de fleurs pourpres, est origi-
naire de" la Nouvelle-Grenade, de l’Equateur
et du Pérou. R atteint la longueur de 0"".-40
à 0"L60. R est très-rameux, sa tige et ses
rameaux quadrangulaires, rouges ainsi que
les feuilles largement lancéolées, courte-
ment pétiolées, sont couverts de poils rai-
des.
Arisæma Wightii, SCHOTT, pl. 5507.
Aroïdée du sud de l’île de Ceylan, d’où
le jardin de Kew l’a reçue par l’interme-
diaire de M. Thwaites. Chaque pied porte
une ou deux feuilles, composées de cinq
folioles elliptiques-lancéolées,^ longuement
pointues. La spathe et le spadice sont d’un
vert jaunâtre.
C'ypri|U>fliiim lævlgalum. BatemAN, pl. 5508.
Très-belle espèce découverte par M. 1.
G. Veitch, aux îles Philippines, et envoyée
par lui à l’établissement de son père â
Chelsea, où on l’a vu fleurir pour la pre-
mière fois en mars dernier. Les feuilles
distiques ont environ 0"\30 de longueur. La
hampe florale, d’une longueur double, porte
de deux à cinq grandes fleurs dont le sé-
pale dorsal, largement ovale, est long de
0‘".03 et garni intérieurement^ de lignes
longitudinales d’un pourpre violacé. Les
pétales, très-étroits, atteignent une longueur
de 0"^ 15 â 0^.20; ils sont d’un jaune un
peu verdâtre à leur base, lavés de pourpre
dans la partie supérieure. Le labelle est
jaune.
Arum palœstinum. BOISSIER, pl. 5509.
Cette espèce, découverte par M. Baissier
près de Jérusalem, n’est pas une des plus
belles Aroïdées qu’on cultive. Les feuilles
sont sagittées-trilobées et leur grand lobe du
milieu est ovale-oblong. L intérieur de la
large spathe et la partie supérieure nue du
spadice sont d‘un pourpre noirâtre, comme
dans VArum Dracunculus.
Raphiolepis Japonîca. SiEBOLD et ZUCCARINI.
var. integerrima, pl. 5510.
Ce bel arbuste, de la famille des Rosacées,
es't originaire du Japon et de la Corée. Ses
feuilles persistantes, longues de 0^.06 à
Ora.lO, largement obovales, courtement pé-
tiolées, sont d’un vert foncé et brillantes.
Les fleurs bien plus grandes que celles du
Rapkiolepis Indica, sont disposées en
grappes terminales assez serrées, qui â leur
état de bourgeon sont enveloppées d’un in-
volucre de larges bractées.
Ilypœstes sanguinolenta, HoOKER, pl. 5511.
Acanthacée de Madagascar, remarquable
surtout par son feuillage. Les feuilles, lon-
gues de 0"“.lO environ, courtement pétio-
lées oblongues, obtuses au sommet, offrent
autour de"leur nervure médiane et des
nervures latérales secondaires une bordure
d’un beau rose. Les fleurs, d’un pourpre
pâle, sont disposées en panicules terminales.
Aueuba Jnponiea, ThUNBERG, pl. 5512.
Tout le monde connaît la variété à feuilles
panachées de cette plante dont un pied fe-
melle fut introduit du Japon en 1783 par
J. Graeffer. Tous les pieds existant aujour-
d’hui en Europe, et dont le nombre se
compte par millions, proviennent de cet
exemplaire unique. Ce n’est que tout re-
38
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ
cemment que M. Fortune a introduit en.
Europe et la plante mâle et la forme type
de cette espèce, c’est-à-dire la plante à
feuillage uniformément vert que publie le
CENTRALE D’HORTICULTURE.
Botanicdl Magazine. Les fruits, d’un rouge
écarlate, comme ceux du Houx, mais d’une
grandeur .double, produisent un effet déli-
J. Grœnland.
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’HORTICULTURE.
Séance du U décembre. ~ La lumière
n’est pas la cause déterminante essentielle
de la faculté qu’ont les plantes volubles de
s’enrouler autour des objets placés près
d’elles. Cette proposition, admise jusqu’à ce
jour dans la science , malgré quelques opi-
nions divergentes , vient d’être soumise à
un nouvel et minutieux examen par M. Du-
chartre, et le savant académicien est arrivé
à des conclusions en partie contraires à la
théorie professée généralement par les bo-
tanistes.
En faisant part de ses observations à la
Société d’horticulture, M. Duchartre rap-
pelle que la question dont il s’agit a déjà
été débattue en Allemagne. La Faculté de
médecine de l’Université de Tubingue avait
proposé , en 18"26, pour sujet de prix, l’é-
tude des plantes à tiges volubles ; elle cou-
ronna, 1 année suivante, à la fois un mémoire
de L.-II. Palm et un travail considérable de
M. Hugo MoliL Ces deux botanistes avaient
nécessairement étudié l’influence que la lu-
niière peut exercer sur l’enroulement des
tiges. Or, leurs expériences les avaient con-
duits, sur ce sujet, à deux manières de voir
tout opposées ; et, tandis que Palm con-
cluait que , sans la lumière , renroulement
Il avait pas lieu, M.JIugo Mohl affirmait que
la privation de cette lumière n’empêchait
pas les tiges des plantes volubles de s’en-
tqitiller autour de leurs soutiens. « H serait
difficile, dit M. Duchartre, de voir une con-
tradiction plus tranchée entre deux opi-
nions; )) or, celle de M. H. Molli prévalut,
comme nous 1 avons dit; elle fut corroborée
par Jul. Sachs et maintenue en partie par
Darwin, à la suite d’observations où il re-
connaissait que la lumière accélère , il est
vrai, le mouvement révolutif, tandis que
l’obscurité le ralentit ; mais que là se borne
son action, car elle n’est pas la cause dé-
terminante de ce mouvement.
C’est dans cet état de la question que
M. Duchartre entreprit ses expériences, qui
portèrent d’abord sur des Ignames de Chine
{Dioscorea hatatas). Celles-ci furent choi-
sies parce que l’amas de matières nutritives
contenues dans le tubercule devait permet-
tre à la plante de résister pendant plus long-
temps aux circonstances défavorables qu’a-
inenent Pübscurité et l’étiolement qui en est
la conséquence. En effet , des Ignames ont
pu être conservées en végétation, pendant
plusieurs mois de suite, dans une, com-
plète obscurité. M. Duchartre plaça dans
des pots plusieurs tubercules d’ignames.
Lorsque les tiges comm.!ncèrent à paraî-
tre, il descendit les pots dans une cave ob-
scure, et , après plusieurs semaines , il put
voir que les plantes , ayant atteint un grand
développement , ne montraient aucune ten-
dance volubile ; les ayant transportées en-
suite du jardin à la cave, elles avaient repris
leurs facultés ordinaires et s’étaient enrou-
lées autour de leurs tuteurs. L’exemple le
plus concluant fut celui d’une tige d’igname
qui, en raison de ses stations alternatives à
la lumière et à l’obscurité , offrait successi-
vement :
Une portion enroulée; 2® une por-
tion rectiligne; 3^ une deuxième portion
enroulée ; ¥ une deuxième portion rectili-
gne, et 5« enfin, une troisième portion en-
roulée qui se produisit lorsque, l’expérience
étant jugée suffisante, on abandonna le pot
dans un coin du jardin.
On pouvait attribuer à la différence de
température la différence des phénomènes.
M. Duchartre fit alors, sur un Mandevillea
suaveolens , une nouvelle expérience , con-
sistant à enfermer l’extrémité de la tige
dans un tube de zinc bouché avec de "la
mousse, et par conséquent complètement
obscur à l’intérieur. La plante resta dans le
jardin, coiffée de son tube de zinc, pendant
quinze jours; au bout de ce temps , la por-
tion de tige développée dans l’obscurité était
parfaitement droite. Débarrassée de son
capuchon , le Mandevillea ne tarda pas à
reprendre, en s’allongeant, le volubilisme
qu’il avait perdu momentanément.
^ On voit donc que la lumière seule , sans
l’intervention de la température , détermi-
nait chez le Dioscorea et le Mandevillea la
tendance à s’enrouler. Mais toutes les tiges
volubles sont-elles soumises à cette loi?
M. Duchartre voulut s’en assurer sur \lpo-
mea purimrea ou Volubilis ordinaire de nos
jardins. Il fit passer cette plante par les mêmes
alternatives que ses D/oxToren, et jamais il ne
remarqua, dans l’obscurité, le moindre af-
faiblissement du volubilisme. «Il existe donc,
conclut le savant secrétaire-rédacteur de la
Société^ deux catégories bien distinctes dans
les plantes, relativement à l’influence que
la lumière solaire exerce sur l’enroulement
de leur tige ; et il y aurait intérêt à sou-
mettre à l’expérience le plus grand nombre
de plantes possible, afin de reconnaître celles
59
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’HORTICULTURE.
qui appartiennent à l’une ou à l’autre de ces
catégories. »
— Une autre question intéressante a été
agitée devant la Société dans cette séance.
C’est celle de la multiplication du E’iguier
commun (Ficus Carica), au moyen de bou-
tures faites à l’air libre par un nouveau
procédé. Un des ouvriers attachés au jardin
du Luxembourg eut la pensée, vers le 15
décembre de l’année 186-4, de couper des
brancluîs de Figuier et de les enterrer hori-
zontalement dans une plate-bande de 0^. 40
ou 0‘“.50 de profondeur. Ces branches res-
tèrent ainsi jusqu’au 10 mai suivant. A cette
époque, il les relira de la fosse et en coupa
les extrémités par petits tronçons de 0‘".15
à 0“>.20 de longueur, en ayant bien soin d’y
conserver l’œil terminal. Ces tronçons
furent enfoncés perpendiculairement dans
un sol préalablement labouré, de manière
que chaque extrémité fût recouverte com-
plètement d’une couche de terre de 0'«,03
d’épaisseur. Après la plantation, un léger
arrosement fut donné. Au bout de quelque
temps, les bourgeons de ces boutures sor-
tirent de terre, et, dans l’espace de quatre
mois, les pousses atteignirent unehauteurde
Ü'".50 à 0“^95, et se couvrirent de fruits,
trop tardifs, il est vrai, mais qui font suppo-
ser qu’en couchant, cet hiver, ces jeunes
rameaux dans des fosses préparées comme
cela se pratique à Argenteuil, on pour-
rait, dès l’an prochain, obtenir quelques
fruits qui parviendraient à maturité. M. Ri-
vière, en exposant les détails de ce procédé,
fait remarquer que cette opération a été
faite à l’air libre, c’est-à-dire sans le secours
d’aucune cloche, d’aucun châssis, et que,
sur cinquante boutures ainsi préparées, pas
une seule n’a manqué. En outre, malgré la
sécheresse exceptionnelle de 1865, ces jeu^
lies boutures n’ont eu besoin que de deux
arrosages pendant toute la durée de leur
végétation. M. Rivière pense que ce système
de multiplication pourrait s’étendre à d’au-
tres végétaux ligneux, particulièrement à
ceux dont les feuilles sont caduques. M. Mar-
gotlin ajoute que le procédé de M. Rivière
est employé avec succès, pour la multipli-
cation des Rosiers à bois dur. C’est ce qu’a
fait depuis longtemps M. Lucy, qui se pro-
pose de continuer ses expériences en décor-
tiquant, cette fois, l’extrémité des Rosiers
destinés à faire de nouveaux sujets.
— M. Gaudais, de Nice, donne, dans une
lettre, des détails sur les avantages qu’offre
la peinture des vitres des serres par*
bandes longitudinales alternées bleues ,
blanches ou vertes, pour remplacer les toiles
et claies. Celte pratique est surtout bonne
pour les contrées exposées à des vents vio-
lents, comme la Provence, où le jnistral ne
laisse subsister aucun abri.
— A propos d’une note de M. Guidon,
d’Epernay, sur une fructification de VlJro-
stigma iufestum ou Ficus scandens, M.
Rrongniart rappelle que cette plante a déjà
porté des fruits, il y a au moins 25 ans,
dans les serres du Muséum. MM. Rivière et
Pépin signalent aussi le même phénomène,
qu’ils ont observé, l’un dans les serres du parc
de Monceaux, et l’autre dans le célèbre jar-
din de M. Roursault, à Paris. M. Rrou-
gniart fait remarquer, à ce sujet, que les
branches fructifères ne sont pas semblables
aux autres branches ; qu’elles deviennent
buissonnantes au lieu de grimpantes , et
qu’elles portent des feuilles beaucoup plus
grandes.
— M. Rivière pense que les plantes gras-
ses sont habituellement tenues trop à sec
dans nos cultures et qu’on a tort de redou-
ter pour elles l’humidité autant qu’on le
fait. Il se fonde, pour émettre celte opinion,
sur une expérience qu’il poursuit depuis
1858. Il a conservé en bon état, depuis cette
époque, une douzaine de Cactus plongeant
uniquement dans l’eau; pendant ce long es-
pace de temps, cesplantes se sont conservées
vivantes, sans pourrir, mais sans donner de
pousses. Chaque année, pendant la belle
saison, elles ont développé dans l’eau beau-
coup de racines qui plus tard pourrissaient,
mais qui laissaient, en manière de souche,
une base persistante d’où partaient de nou-
velles racines, au printemps suivant. Plu-
sieurs personnes citent des faits analogues
en même temps que des faits contradic-
toires : des amateurs de Cactus, par exem-
ple, possédant de remarquables collections
qu’ils n’arrosaient jamais ; d’où il faut con-
clure, dit M. Forest, que les Cactus sont
des plantes on ne peut plus robustes, capa-
bles de résister pendant longtemps à un
excès de sécheresse aussi bien qu’à un excès
d’humidité.
— M. Lesèble a adressé à la Société,
dans cette séance, des Haricots blancs ré-
coltés chez lui, et qu’il nomme Haricots de
Smyrne. La qualité en est excellente, la
graine à peu près sans peau; la plante
donne sans interruption jusqu’aux gelées.
M. Louesse croît reconnaître dans cette
variété le Haricot d’Espagne blanc, qui est
cultivé en grand en Angletere.
— • Parmi les autres objets présentés,
nous avons remarqué deux Poires Resi du
Quessoi d’hiver, envoyées par M. Roisselot,
de Nantes. L’un de ces fruits, de couleur
jaune, provenait d’un arbre en espalier ex-
posé au midi; l’autre, roux, avait été récolté
sur un arbre en plein vent. Celte variété
est fort répandue en Bretagne. C’est sous le
second aspect qu’elle se présente ordinai-
rement.
A. Ferlet.
REVUE COMMERCIALE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JANVIER1866).
Légumes frais. — La plupart des légumes
vendus à la Halle de Paris ont subi un peu de
hausse pendant la seconde quinzaine de janvier.
Les Carottes ordinaires valeo t de 20 à dO fr.
les 100 bottes, avec 5 fr. d’augmentation ; celles
pour chevaux se vendent toujours de 10 à
15 fr. — Les Choux ordinaires ont haussé de
5 fr. par 100 et se payent aujourd’hui 10 fr. ;
les plus beaux, après être montés à 25 fr.,sont
cotés 20 fr. — Les Chou.\ -fleurs de Paris se
vendaient, au milieu du mois, de 25 à ICO fr. le
100; huit jours plus tard, ils ne valaient plus
que de 25 à 80 fr. Aujourd’hui ils ont disparu
du marché ; ceux de Bretagne sont cotés de 25
à 75 fr. — Le prix des Oignons en grains est
monté progressivement jusqu’à 10 et 14 fr.
l’hectolitre, suivant la qualité. — Les Panais
conservent la hausse qu’ils ont acquise il y a
quinze jours et se vendent de 20 à 24 fr. les
100 bottes. — Le Poireaux sont un peu en
baisse ; ils ne valent plus que de 20 à 30 fr. —
Les Piadis roses sont cotés de OC 50 à OC 75 la
botte, en hausse de 15 à 25 centimes. — Le
Céleri commun vaut toujours 0C40 la botte; le
plus beau se vend 2 fr., c’est le double du prix
de la première quinzaine de janvier. — Les
Champignons valent de OCIO à 0C15 le mani-
veau.
Herbes et assaisonnements. — Les prix de
ces denrées sont peu changés depuis notre
dernière Revue. — L’Oseille a haussé de 0C20
par paquet pour la première qualité ; c n la cote
de 0C40 à 0C60. — Les Épinards valent tou-
jours de 0C40 à 0C60 le paquet. — Le Cerfeuil
se vend de 0C20 à 0C30 la botte, ainsi que le
Persil. — L’Ail a augmenté vers le milieu du
mois, mais il est redescendu au prix de 2 à
3 fr. le paquet de 25 têtes. — Il en est de
meme de la Ciboule, qui valait il y a quinze
jours de 0C15 à 0C25 la botte, et que l’on cote
aujourd’hui deOC lO à 0C15. — Les Echalotes
se vendent toujours de 0C40 à 0C80 la botte.
Pommes de terre. — Hollande, 6 à 7 fr.
l’hectolitre. — Vitelotte nouvelle, lÜ à 11 fr.
— Pommes de terre rouges, 6C50. — Pommes
de terre jaunes, 4 à 5 fr.
Salades. — La Laitue est diminuée de 2 fr.
par lüO depuis 15 jours; eUe se vend de 3 à
5 fr. — Le Cresson ordinaire est augmenté; le
22 janvier, il valait de 0C7U à 1C4Ü la botte de
12 bottes, mais depuis, son prix est aflaibli et il
ne coûte plus que de Üf.50 à It.lO. — La Chi-
corée frisée est cotée de 6 à 16 fr. sans chan-
gement depuis le milieu du mois. — L'Escarole
est restée au prix de 5 à 20 fr. le 100.
Fruits frais., — Les Poires ont augmenté de
10 fr. depuis quinze jours; les plus médiocres
valent 35 fr. le 100; les plus belles se vendent
jusqu’à 130 fr. — Les Pommes ont également
subi de la hausse; c’est vers le 16 janvier que
cette hausse a été la plus forte; aujourd’hui
les prix extrêmes sont de 4 fr. et de 1 15 Ir. le
100. — Le Chasselas de serre est coté de 4 à
7 Ir. le kilogramme, avec 2 fr. d’augmentation.
Marchés aux fleurs. — Les Jacinthes, les
Rhododendrons, les Azalées et les Camellias
fleuris étaient plus beaux et plus abondants en-
core que pendant le commencement du mois.
Les prix étaient à peu de chose près les mêmes
que ceux de notre dernière Revue.
Pla72tes à feuillage, pour décoration de jar-
dinières, meubles, lampes et vases d'apparte-
ment. — Agave, 1 f.50 à 5 fr. — Aloës, 1 à 3 fr.
— Aralia, 3 à 10 fr. — Arbousier, li 50 à 2 fr.
— Aspidistra, 2050 à 10 fr. — Acacia lo-
phanta, 0050 à 1050. — Aucuba, 1 à 3 fr. —
Alaternes, 1 fr. à 2 fr. — Bégonia, 0*‘.75 à 2050
et 3 fr. — Buis, 1 à 2 fr. — Canna, 1 à 2 fr. —
Cyperus alternifolius, 1050 à 5 fr. — Chamæ-
rops, 5 à 15 fr. — Curculigo, 5 à 10 fr. — Ci-
néraire maritime, 0075 à 1 fr. — Caladium et
Colocasia, 2050 à 10 fr. — Carex japonica,
0050 à lf.50. — Cereus flagelliformis, 1050 à
2050 fr. — Calathæa zebrina, 2050 à 5 fr. —
Cactées et Crassulacées diverses, 0050 à 1050.
— Cotoneasters, 0075 à lf.50. — Delairea,
0075 à 1 fr. — Dracœna congesta, 1050 à 3 fr.
— Dracœna rubra, 2050 à 5 fr. — Dracœna
terminalis variegata, 5 à 15 fr. — Dracœna
australis, 3 à 10 fr. — Dracœna brasiliensis,
5 à 15 fr. — Ficus elastica, 3 à 10 fr. — Fou-
gères, 0075 à 5 fr. — Fusains verts et argen-
tés, 1 à 2 fr. — Gynérium, 1050 à 10 fr.; 0*'.75
à 1050. — Grevillea robusta, 1050 à 2 fr. —
Géranium à feuilles de Lierre, 1 à 2 fr. — Ge-
névriers, 1 à 2 fr. — Houx, 1050 à 2050. —
Isolepis gracilis, 0075 à lt.25. — Iris pana-
chés, 0075 à lt.50. — Latania, 10 à 20 fr. —
Lycopodes, Sélaginelles, 0050 à 1 fr. — Lierre,
0t.50 à 1 fr. — Laurier de Colchide, 1 fr. à
2050. — Mahonia, 1 fr. à 1075. — Magnolia,
3 à 15 fr. — Mimosa lophanta, 1025 à 2 fr. —
Maranta, 3 à 10 fr. — Opuntia, 0050 à 1050.
— Pandanus, 10 à 20 fr. — Pitcairnia, 3 à 5 fr.
— Palmiers divers, 10 à 25 fr. — Pervenches
panachées, 1 à 2 fr. — Phormium, 2050 à 5 fr.
— Puya, 3 à 5 fr. — Phœnia, 10 à 20 fr. —
Photinia, 1 à 2 fr. — Pins, 0050 à 2t. 50. —
Piltosporum, 2f.50 à 5 fr. — Romarin, Ot.50 à
Of.75. — Sapins, 1 à 3 fr. — Rhapis, 8 à 15 fr.
— Richardia, 0f.50 à lt.50. — Sabal, 10 à
20 fr. — Séquoia, 2 à 4 fr. — Rhododendrons,
2f.50 à 5 fr. — Sapinettes, 1 à 3 fr. — Troè-
nes, 1 à 3 fr. — Tradescantia repens, K. 50 à
2t. 50. ; zebrina, 2 à 3 fr. — Tillandsia, 3 à
5 fr. — AYellingtonia, 3 à 10 fr. — Thuya,
Ot.75 à lt.50 et plus. — A'ucca , lt.50 àlOfr.
Plantes fleuries en pots. — .\nthenisjrutes-
cent, 1 fr. à lt.25. — Azalées, 3 à 5Jr. —
Bruyères du Cap (Phylica), 1 fr. à 1050. —
Bruyères (Erica) diverses, 0f.50 à lt.5t0^--
Billbergia, 5 à 10 fr. • — Cinéraires, Ot.75 à
lt.25. — Camellias, 3 à 10 fr. — Citronniers,
lt.50 à 2fr. — Cyclamen de Perse, 1 fr, à 2t.50.
— Crocus, Ot.25 à 0t.50. — Deutzia gracilis,
lt.50 à 2 fr. — Daphné, lt.50à2 fr. — Epiphyl-
lum truncatum, 2t. 50 à 5 fr. — Epacris, lt.50
à 2 fr. — Fuchsia, lt.25 à 2 fr. — Iberis sem-
perflorens, (Jt,75 à lt.25, — Héliotropes, 1 fr, à
lt.50. — Jacinthes, 0t.50 à 1 fr. — Lilas, lf.50
à 2 fr. — Metrosideros, 3 à 5 fr. — Q’]illets
remontants, lt.25 à lt.50. — Orangers, 3 à
5 fr. — Pensées, 0t.50 à Ot.25. — Primevères
de Chine, 0t.35à0t, 75. — Rosierslt.25à 2f.50.
— Réséda, Ot.75 à Ifr. — Rhododendrons, 3 à
10 fr. — Solanum amomum 0t.40 à Ot.75.^—
Spirée, lt.50 à 2 fr. — Tulipes hâtives, 0025 à
0t.50. ■ — Véroniques, 1 fr. à lt.50. — \iolette
des quatre saisons, 0t,25 à 0t.50. — A’iburnnm
Tinus 1 fr. à lt.50. A. Ferlf.t.
CimONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE FÉVRlEi;).
Prochaines Expositions de Mulliouse, Strasbourg, La Rochelle, Valojçnes, Soissons, — Cours d’arboricnltur»-
de M. l.jvierc, dans la pépinière du Luxelnbour„^ — Création d’une Société d’émulation horticole vi"-ne-
roiine et forestière dans l’Auhe. — Cours d’arboriculture de M. Gressent, à Paris, et de M. Cliauvelot dans
le Doubs, — Lettre de M. de Ternisien sur le Cryptog-ame du Céleri à Cherbourg. — Lettre de M Rrianza
sur la nonieuclature des variétés potagères. — Les Ellébores. — Deux nouveaux Cainellias Deux
Euchresta. — La Loire Duchesse de Moucliy, nouvelle variété. — La 82e livraison du Jardin fruUler du
i\luseunide M. Decaisue. — Les Pôciies Grosse Mignonne et Nivelte. — Les Poires Coloina et Faux-
Rousselet, — Douceur de l’hiver de 1886.
Nous avons à annoncer cinq Expositions
(le Sociétés horticoles françaises. Elles au-
ront lieu à Mulhouse,- (lu 17 au mai; à
Versailles, du au mai ; à La Rochelle,
du au dO mai; à Soissons, du iO au
18 juin, et enliu à Valognes, du 18 au !21
août. ^
Le programme de FE-sposition de la So-
ciété d’horticulture de Mulhouse se compose
de quatre parties. Dans la première partie,
deux concours parallèles ont lieu, d’une
part entre les jardiniers, d’autre part entre
les ainateurs, pour les plus beaux lots de
Géraniums, d’Azalées, de légumes, soit de
primeur, soit de saison, et de fruits forcés.
La seconde partie du concours a lieu entre
tous les exposants, pour des objets réelle-
ment dignes d’ètre primés, et consistant
dans la plus belle collection de plantes en
tleurs ; le plus beau lot déplantés de déco-
ration ; le plus beau lot de Conifères; le
plus beau lot de plantes vivaces de pleine
terre lleuries; le plus beau lot d’Orchi-
dées; les plus belles collections de plantes,
tels que Géraniums, Rhododendrons, Gruyè-
res, Fuchsias, Repnias, Pétunias, etc. ; la
plus belle collection de Rosiers; les plus
beaux bouquets, et les meilleurs outils. La
troisième partie consiste en un concours
ouvert entre tous les jardiniers du Haut-
Rhin, pour ceux qui auront le mieux soigné
les arnres fruitiers Enfin la quatrième est
destinée aux instituteurs du Haut-Rhin pour
ces trois olqels : H avoir fait faire par leurs
soins le plus de progrès à l’horliculture
dans leurs communes ; pour avoir donné
des leçons d’horticulture pratique à leurs
élèves; 3» à ceux dont les jardins seront le
mieux tenus.
La Société d’horticulture du département
de Seine-(3t-0ise fait depuis longues années
(le tres-brillantes Expositions. G’est que ni
1 espace ni les les ressources ne lui man-
quent. Dans tous les concours, les exposants
forment deux séries de concurrents : les
horticulteurs commerçants et les horticu.1-
teurs amateurs, et chaque série concourt
séparément. Dans ses concours, la Société
(le Seine-et-Oise embrasse d’ailleurs tout
1 ensemble de la production végétale.
^ L’exposition de La Rochelle doit avoir
beu a l épof|ue du Concours régional agri- j
18 Fi-vr.i;:R 1S"6,
cole, pour rehausser l’éclat de cette solen-
nité, en meme temps que se feront une
Exposition des lieaux-arts et de l’indus-
trie et une Exposition chevaline. Ces ditfé-
rentes solennités sont organisées parle con-
seil municipal de La Rochelle.
D(^jà l’an dernier, nous avons eu l’occa-
sjon de dire (page 81) que la Société d’hor-
ticulture de l’arrondissement de Valognes
donnait à ses lauréats la faculté d’échanger
leurs médailles contre des ouvrages d’horti-
culture dont nous avons donné la liste dé-
taillée. Le programme de cette Société ,
pour la prochaine Exposition, est exacte-
ment le même que pour celle de l’année
dernière; tout y parfaitement organisé.
— Nousavonsinséré,ily a quinzejours, un
mot de protestation de M. de Rongars, con-
tre la mutilation du jardin du Luxembourg.
Parmi les titres de cet établissement à l’in-
térèt du public, il faut citer le cours d’ar-
boriculture et de taille professé par M. Ri-
vière, son jardinier en chef, et qui réunit
chaque année un nombre d’auditeurs de
plus en plus considérable. Ce cours vient
d’ouvrir, pour 18G6, le 9 février. Il conti-
nuera, comme les années précédentes, le
lundi, le mercredi et le vendredi, à lOheures
du matin, dansla pépinière du Luxembourg.
— ^Le département de l’Aube possède déjà
un cours d’arboriculture sur lequel nous
avons attiré l’attention de nos lecteurs, et
qui rend des services importants.
^ Maintenant on y organise une Société
d' émulât ion horticole^ vigneronne et fores-
tiere^^ sur des bases larges et nouvelles.
V()ici, d’après le programme des fondateurs
(circulaire signée : Dosseur, Dupo^nt-Poulet,
Rourgouin, Léger, Charles Baltet, Lyé-Petit) ,
ses principaux moyens d’action:
Expositions et conférences publiques sur tous
les points de la région;
Distribution de graines, boutures, grelfes et
plantes ;
Propagation des lions livres et outils;
Plantalion des friches;
Cotisation des communes;
Admission gratuite des instituteurs et ouvriers
aux séances mensuelles;
Annales trimestrielles ;
Caisse permanente de secourspour les ouvriers
malheureux ;
Célébration annuelle de la fètepatronale, etc.
T. 1. — 4.
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE fÉVRIER).
t>2
Le prix modique de la cotisation annuelle
(5 fr.) a déjà amené plusieurs centaines
d’adhérents, qui se doubleront encore lors-
que l’association fonctionnera; car une des
premières en ce genre, elle aura répandu
à profusion, et sur une large échelle. Tins-
truction dans nos campagnes, en même
temps que les bonnes méthodes de culture
et les meilleures espèces végétales.
— M. Gressent, professeur d’arboriculture
du département du Loiret et de la ville
d’Orléans , professeur à l’Institut régional
agricole de Beauvais , à l’école normale de
Châteauroux , chargé de plusieurs^ cours
dans les départements du Nord, de l’Aisne,
de l’Ain, de Seine-et-Oise, vient d’ouvrir, le
15 février, un cours public et gratuit d’ar-
boriculture et de potager moderne, à Paris,
dans la salle des conférences littéraires et
scientifiques, 7, rue Scribe. Les leçons au-
ront lieu les 15, IG, 17, 19, 21, 23, 26 fé-
vrier, 2, 4, 5, 6 et 7 mars à 1 heure.
M. Gressent fera en outre un cours pratique
particulier dans plusieurs jardins de Paris
et des environs, les 20, 22, 24, 27 février,
ler^ 3 et 8 mars. On peut se procurer des
cartes d’entrée à ce dernier cours, rue Scribe,
5 et 7, à la salle des conférences, et au bu-
reau de l’hôtel de Rennes, 11, rue d’Or-
léans-Saint-Honoré, au prix de 30 francs.
Enfin nous sommes heureux d’annoncer
encore les leçons que notre collaborateur,
M. Chauvelôt, va faire à Montbéliard, l’Isle-
sur-le-Doubs, Clerval, Sancey, Rougemont,
Baume-les-Dames, Yercel, Besançon etPon-
tarlier, au nom de la Société pratique d’hor-
ticulture et d’arboriculture du Doubs. Ces
leçons porteront cette année particulièrement
sur la taille des arbres fruitiers, sur la Yigne,
la culture de l’Asperge, du Fraisier, du
Framboisier et des Cucurbitacées.
— Nous avons inséré dans notre numéro du
16 janvier un article intéressant de M. de
Ternisien sur le Cryptogame qui attaque le
Céleri dans les cultures des environs de
Cherbourg. A ce sujet, notre excellent col-
laborateur nous envoie les rectifications et
développements qui suivent :
« Cherbourg, le 27 janvier 1866.
« Monsieur,
« Je viens vous prier d’avoir l’obligeance de
publier l’article rectificatif suivant concernant
celui que vous avez inséré récemment (no du 16
janvier, page 34) sur le Cryptogame qui attaque
le Céleri.
« Les sporidies étant difficiles à prépper pour
arriver à bien les reconnaître, je m’étais trompe
en nommant le Cryptogame qui attaquele Céleri
Uredo apii graveolentis. Après une étude plus
approfondie, j’ai lieu de croire que c’est une
Puccinia apü dulcis (nobis). Voici d’ailleurs les
caractères que j’ai reconnus dans un bon micro-
scope, que je n’avais pas dans le principe.
« Pnmnin apii dulcis (nobis). — Sporidies
brunes fauves pédicellées, oblongues étranglées
dans le milieu ; articles oblongs , obtus.
Pédicelle blanc, long sous l’épiderme, qui se
rompt irrégulièrement à la maturité et forme une
espèce depmdmw. Pustules brunes assez groses,
rondes sur la face supérieure des feuilles de Cé-
leri et sur les tiges , elles sont allongées dans le
sens des fibres de ces tiges.
« Recevez, etc.
« De Ternisien. »
Voici une lettre peut-être un peu trop hu-
moristique ; mais le fond en est si sensé que
M. Bossin tout le premier nous pardonnera,
nous l’espérons, de l’insérer.
« Milan, l®*" février 1866.
« Monsieur,
(( Vous voudrez bien me pardonner, si je
prends la parole à propos de la nomenclature
latine des végétaux maraîchers. Mais après les
articles très-judicieux contenus dans la Revue
horticole, celui de M. Bossin (uo du 16 janvier,
page 35), m’a paru tout à fait un non-sens.
« 11 est à présent admis universellement parmi
les botanistes que les variétés des espèces doi-
vent s’exprimer dans la langue du pays de leur
obtention , et où elles sont connues. Il y a tant
de raisons pour cela, que les répéter ici serait
abuser de la patience de vos lecteurs, d’autant
plus que M. de Candolle et plusieurs auteurs ont
traité ce sujet très-récemment en maîtres dans
les journaux. M. Koch, dans le Wochenschrift
(1865, n°21), en a exposé tousles inconvénients
et le moyen de les éviter. Je crois même que
dans le prochain congrès de Londres on y revien-
dra. Mais comment M. Bossin peut-il se persua-
der que les horticulteurs pourront mieux s’en-
tendre et savoir à quoi s’en tenir en faisant usage
de son dictionnaire drolatique?
(( Si tout le monde comprend très-bien ce que
veut dire: Haricot de Soissons, croit-il qu’en di-
sant Phaseolus suessionensis, on verra plus clair?
Le Chou de Bruxelles, appelé Brassica multi-
pticata ou polyccphala fera pâmer d’aise les
pédants et les sots, mais il ne fera que prêter à
rire aux hommes sensés. Et les Pisum viruhim
elexorticatum, à quelle langue appartiennent-
ils?
«Le progrès actuel ne tend-il pas à faire exclure
tout ce fatras prétentieux de fusage commun?
Les apothicaires n’ont-ils ])as déjà secoué ce
joug? On veut encore estropier cette belle lan-
gue des Romains anciens, en la donnant en proie
à ceux qui n’ont pas eu la culture intellectuelle
nécessaire pour en comprendre la beauté?
« Je vois bien que la tentative n’est pas sé-
rieuse, et il n’y a pas lieu de s’en alarmer ; mais
je plains la voie où un praticien aussi distingué
que M. Bossin va s’engager pour amuser le pu-
blic.
« Veuillez agréer, etc.
« G. Brianza. »
Nous voulons la réforme de la nomen-
clature botanique pour 8a simplification, et
nous serions vraiment désolé qu’on y in-
troduisitun efoule de noms latins qui ne fe-
raient qu’augmenter la confusion.
— ^ Le Gaî^deners' Chronicle se demande
pourquoi la faveur du public Laisse dansl ou-
63
CHRONIQUE HORTICOUE (PREMIÈRE QUINZAINE UE FÉVRIER).
bli plusieurs plantes qui peuvent rivaliser
avec avantage pour l’éclat et la grâce avec
les Roses de Noël, et dont la culture est aussi
facile. Parmi ces plantes oubliées, lerédacteur
signale les Ellébores. V Ellébore rouge som-
bre (Helleborus atrornbens), dit le rédacteur,
est-elle donc une plante inférieure aux Roses
de Noël, avec ses fleurs magnifiques, dont
la coloration violette éblouit et fascine. Que
dira-t-on de VHelleborus purpurescens, de
VHellebortis olympiens, de t Helleborus argu-
lifolius, que Pon peut aisément obtenir et
conserverdans toutes les serres? On sait que
l’Angleterre possède VHelleborus viridis et
VHelleborus Bocconi, qui méritent d’être
signalés à tous les points de vue de la bota-
nique. Avec tous ces éléments, il est incon-
testable qu’on pourrait obtenir des variétés
nouvelles et remarquables. Pourquoi les hor-
ticulteurs ne s’y appliquent-ils point? Pour-
quoi ne cherchent-ils pas à travailler sur un
champ inconnu d’investigations pleines d’in-
térêt? Le Gardeners'Clironicle s’étonne de
cette indifférence à Pégard d’un point aussi
digne d’attention,
— M. Bull, de Chelsea, vient d’obtenir
une variété de Camelliaà laquelle il se pro-
pose de donner le nom 6e CamelHajaponica.
Ce Camellia, de la variété Apicœformis , est
connu vulgairement en Angleterre sous le
nom de C. q ueue de poisson (Fish-lailed Ca-
mellia). M. Bull écrit: « Je crois que c’est la
première fois que cette plante fleurit dans
notre pays ; c’est aux derniers voyages au
Japon de M. Fortune que nous en sommes
redevables. >
Celte variété constitue une plante très-
intéressante ; les feuilles sont elliptiques et
divisées au sommet en deux ou trois pointes
très-aiguës et d’un jaune doré, tandis que
des taches irrégulières de la même couleur
métallique sont disséminées sur le corps
même de l’organe. Les fleurs sont petites,
gracieuses, avec trois rangs d’étamines, qui
confondues à lal)ase,dëviennentparfaitement
distinctes à la partie supérieure où leurs
extrémités libres retombent.
Mais le plus grand intérêt de cette variété
au point de vue horticole réside dans la dis-
position curieuse et distinguée des feuilles.
R y a peut-être là une perspective d’accli-
matation pour une nouvelle espèce de Ca-
mellia à crête d’or {golde^i-crested Camellia)
si cette variété peut se maintenir perma-
nente en Angleterre.
Le Journal of Botamj du D*’ Seeman pour
le mois de janvier 186(3 contient une belle
gravure d’un Camellia qu’il désigne sous le
nom de Camellia japonica variegata. Celte
plante, provenant des serres de M. Bull ,
a été également introduite en Europe par
M. Fortune à son retour de la Chine, mais
elle diffère de celle que l’éminent horticul-
teur vient d’obtenir, en ce que la fleur en
est plus petite et que les feuilles, moins lar-
ges, ne présentent pas cette disposition sur
laquelle nous avons appelé l’attention et
qui donnent au Camellia japonica apicœ-
formis un caractère peu commun de dis-
tinction et d’originalité.
— Le dernier numéro du Gardenflorao^îre
une fort belle gravure représentant VEu-
clir esta japonica. Cetie plante, qui appartient
à la famille des Légumineuses, se trouve en
abondance dans les environs de Nangasaki.
Les feuilles affectent la disposition trifoliée
et les folioles très-épaisses ont une forme
ovale.
Parmi les espèces voisines nous trouvons
VEuchresta Bennel et V Euchresta Horsfleldi
%Bennet. Cette dernière présente trois ou
quatre pétales; les feuilles sont unies deux
à deux, et les folioles, très-aiguës et très-
effilées, présentent une longueur considéra-
ble. Les caractères génériques diffèrent fort
peu d’ailleurs de ceux des Euchresta que
nous possédons.
— Nous nous empressons toujours défaire
connaître les nouvelles variétés de fruits.
On nous en signale aujourd’hui une remar-
quable. C’est une Poire mise au commerce
p^yM. Florentin Delavier, à Beauvais, rue St-
Gilles, no 2. Cette Poire, qui se nomme Du-
chesse de Mouchy, est un très-beau fruit.
L’épiderme est d’un vert jaunâtre à la
cueillaison, et d’un jaune-citron à la ma-
turité. Quant à ses qualités, nous reprodui-
sons textuellement le jugement qu’en a fait
la commission du comité pomologique de
la Société impériale d’horticulture de Paris,
dans sa séance de mai 1864: « Fruit gros,
chair demi-fine , juteuse suffisamment su-
crée, légèrement parfumée, en un mot très-
bonne pour la saison très-tardive dans la-
quelle il mûrit ; fruit bon à propager ,
puisque, outre ses qualités, il se plait à toute
exposition. «Cette poire mûrit en mai et juin,
l’arbre est très-fertile et d’une végétation
remarquable. M. Delavier le vend 5 francs
greffé d’un an et 7 francs pour une greffe de
deux ans.
— La 82e livraison du Jardin fruitier du
Muséum a paru ; elle est consacrée aux
Pêches Grosse Mignonne ordinaire et Ni-
velle, et aux Poires Goloma et Faux- Rous-
selet.
La Pêche Grosse Mignonne ordinaire est
un ancien fruit que Merlet, Le Berryais,
Duhamel, etc., ont déjà décrit. Tous ces
pomologistes se sont accordés à la regarder
comme une de nos meilleures Pêches. Sa
qualité et la fertilité expliquent l’extension
de sa culture. L’arbre est à rameaux bien
nourris, couverts d’uiie écorce rougeâtre ou
rouge sur les parties soumises à l’insola-
tion. Les fleurs sont très-grandes et d’un
beau rouge foncé; les feuilles sont moyen-
nes ou petites et assez rares. La Grosse
64.
CIÎROT^IQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE FÉVRIER).
Mignonne, dite aussi Veloutée, mûrit dansla
dernière quinzaine d’août ou en septembre
pour les arbres plantés à des expositions peu
avantageuses. M. Carrière , qui rédige ,
comme on sait, ce qui concerne les Pêcbes
dans le Jardin frmtier du Muséum, eu
donne la description suivante :
Fruit gros ou très-gros, inégalement dé-
primé, présentant souvent un côté Imaucoup
plus élevé que l’autre, marqué d’un sillon ar-
rondi, peu profond, qui va se perdre au som-
met dans une dépression ou sorte de cuvette
régulière. — Cavité pédonculaire assez pro-
fonde, mais parfois refermée. — Peau duve-
teuse, se détachant facilement de la chair,
vert jaunâtre à l’ombre, rouge foncé sur toutes
les parties exposées au soleil. — Chair blanche,
rouge violacé près du noyau; eau abondante,*
sucrée, relevée. — Noyau rond, brun, large,
ovale, un peu atténué et arrondi à la base, à
peine mucronulé au sommet, à surlace très-
rustiquée; suture ventrale convexe, saillante,
munie d’un large sillon; suture dorsale légè-
rement saillante, accompagnée de chaque côté
d’un sihon.
La Pèche Nivelle est aussi un beau et ben
fruit décrit dès le XVIP siècle. Elle ne mûrit
que vers la Un de septembre. Elle est aussi
appelée Veloulée. Son arbre est assez vigou-
reux; mais elle est moins bonne que la pré-
cédente. Les rameaux sont d’un vert ber-
bacé passant au roux foncé; ils portent des
fleurs très-petites d’un rose pâle cuivré et
des feuilles assez larges. Voici la descrip-
tion que donne M. Carrière de celle Pêche:
Fruit de bonne grosseur, sphérique, ou plus
rarement inéquilaîéral, élargi à sa base, par-
couru sur l’un des côtés par un sillon peu pro-
fond, étroit, si ce n’est vers le sommet du
fruit, où il s’élargit pour se confondre avec la
dé})ression terminale. — Cavité pédonculaire
})etite et ])eu profonde. — Peau duveteuse, pre-
nant sur toutes les parties exposées au soleil
une couleur rouge-carminé très-foncée, lavée
ou simplement fouettée de- rouge sur les })ar-
ties exposées à l’ombre. — Chair non adhérente
ou à peine adhérente au moyen de faisceaux
tibreux, blanche à la circonférence, rouge foncé
auprès du noyau, couleur qui s’éteiiLi même
quelquefois assez avant lorsque le fruit est-
très-mûr et fortement isolé; eau très-abon-
dante, parfumée, légèrement acidulée. —
Noyau ovale, très-court et régulier, de couleur
rousse, sensiblement velu lorsqu’on le relire de
la chair, à surface parcourue par des sillons
peu profonds, munie d’une suture ventrale un
peu convexe et d’un assez large sillon; suture
dorsale saillante, surtout vers la base, accom-
pagnée de chaque côté d’un large sillon.
La Poire Coloma est un fruit remarquable
par son aspect plutôt que j)ar sa qualité.
Elle porte le nom du comte de/Ccloma, ba-
ron deMullem, NVesl-Acker, Oost-bove, etc.,
né à Malines le 28 juin 1740, mort dans
la même ville le 24 juillet 18Ü), qui était
grand amateur d’horticulture et proprié-
taire du terrain jadis occupé par le couvent
des Urbanistes de Malines. Elle vient sur
un arbre très-fertile, qu’il convient surtout
de cultiver en pyramide. M. Decaisne la
décrit ainsi :
Fruit assez semblable à celui du Poirier
Saint-Germain, commençant à mûrir en sep-
tembre, moyen, oblong, quelquefois légère-
ment bosselé; à queue droite, insérée dans
l’axe du fruit, c’ylindracée ou un peu épaissie
aux extrémités, verte ou bronzée, — Peau à
peu près uniformément verte, rarement lavée
de roux au soleil, parsemée de nombreux points
bruns, gercées, méniscoïdes. — Œil à Heur de
fruit, placé au milieu d’un léger aplatissement
régulier, à divisions rapprochées, accompa-
gnées de petites bosses ou de sortes de* petits
plis. — Cœur grand, dessinant sur la coupe du
fruit une sorte de losange entouré de granula-
tions; loges grandes; pépins bruns; lacune cen-
trale subéreuse, atténuée vers l’œil. — Chair
blanchâtre, demi-line ; eau abondante, sucrée-
acidulée, légèrement parfumée. — Fruit de
deuxième ordre.
M. Decaisne ajoute les renseignements
suivants, qu’il est utile de signaler ici :
« Il ne faut pas confondre la Poire Coloma
avec la Poire Beurrée Coloma d’automne, ni
avec le Colmar Bonnet, comme l’a fait le Con-
grès pomologi({ue dans la session qu’il a tenue
à Nantes, le"2G septembre 18G4. Notre fruit se
trouve très-exactement décrit et liguré par
Poileau dans la Pomologie de la Seine-Infé-
rieure, sous le nom de lleurrée du Coloma. »
La Poire nommée Faux-Rousselet par
M. Decaisne est d’origine belge; elle a été
décrite en 1849 parM. Bivort sous plusieurs
autres noms. Elle vient sur un arbre pyra-
midale propre â former des plein-vent.
M. Decaisne lui assigne les caractères sui-
vants :
Fruit mûrissant en septembre, pyriforme,
ventru ou turbiné, petit ou (je grosseur
moyenne; pédoncule assez long, arqué, lisse,
brun olivâtre, rentlé â son insertion sur le fruit
avec lecpiel il se continue régulièrement ou
)rès duquel il offre un bourrelet charnu. —
’eauun peu rude, jaune indien à l’ombre, rous-
sâtre ou rarement d’un rouge-brun au soleil,
parsemée de points gris entremêlés de quel-
ques petites taches fauves, et quelquefois
marquée de fauve autour du pédoncule. Œil
â Heur de fruit, â divisions lancéolées, rélléchies
ou dressées, cotonneuses ou glabres, entourées
de lines zones concentriques et quelquefois
accompagnées de petites bosi:es. — Cœur petit,
dessinant une sorte de losange sur la coupe
longitudinale du fruit, entouré de petites gra-
nulations ; loge moyenne; pépins bruns; lacune
centrale assez large, subéreuse. — Ciiair blan-
che, line, fondante ou demi-fondante, juteuse;
eau sucrée, acidulée, iiarfumée, non musquée,
ne rajipelant en rien la saveur particulière des
Rousselets.
L’illustre professeur du Jardin des Plan-
tes ajoute â sa description la remarque sui-
vante :
« C’est malgré moi que je me suis vu obligé
65
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE FÉVRIER).
de changer les noms de Double Rousselet et
Rousselet ?]speren donnés à cette variélé par
les pépiniéristes lielges, puisqu’elle ne présenle
aucun des caractères des Housselets proprement
dits. Je n’ignore }>as que l’impropriété d’un
nom spécili((ue ne suffit pas pour autoriser son
cliangemenl, à moins que celui-ci n’impliiiue une
idée absolument fausse, comme c’est ici le cas,
puisque, de l’aveu même de M; Ilivort, son
Double Rousselet ne rappelle ni le port de l’ar-
bre, ni la forme, ni la couleur, ni la saveur des
fruits du type si caractérisé des Rousselets. »
Nous terminons cette Chronique sous un
ciel printanier. Le soleil darde comme au
mois d’avril dans notre jardin, les arbres
ont des bourgeons qui s’ouvrent. Puisse ce
printemps hàlif ne pas être bientôt effacé
par un hiver tartif.
J. A. Barral.
A PROPOS DES PLANTES GRIMPANTES.
Deux opinions se partagent aujourd’hui
les savants : pour les uns, le monde est en-
core tel que le jour où il est sorti tout fai!
des mains du Créateur; pour les autres, il
n’a cessé d’évoluer et de changer de figure
avec les âges. Cette dernière hypothèse,
que quelques-uns regardent comme favo-
rable à l’athéisme, et qui n’est, en réalité,
pas plus athée que la première , n’est autre
chose que l’application, à l’ensemble des
êtres organisés, des lois qui régissent cha-
cun d’eux en particulier. S’il faut l’inter-
vention divine pour faire sortir l’univers du
néant, celte intervention n’est pas moins
nécessaire pour déterminer ses évolutions
successives. Au fond, c’est le même fait :
tout phénomène, tout changement de rap-
ports dans les choses est une création en
petit, rigoureusement équivalente quanta sa
cause, sinon quant tà ses effets, à la création
du tout, et qui suppose, aussi bien que cette
dernière, une puissance douée de sponta-
néité et intelligente. Qu’il s’agisse d’un fétu
ou d’un monde. Dieu est l’initiateur des
faits; c’est lui qui donne le branle et qui
met le concert dans les éléments sans nom-
bre, dont les activités empruntées , mais
variées à l’infini, constituent la vie univer-
selle. En somme , les brillants athées de
notre temps se sont trop pressés d’étayer
sur la théorie de l’évolution, si admirable-
ment exposée par NI. Darwin, leur thèse fa-
vorite, dont, soit dit en passant, nous n’a-
percevons l’utilité ni pour les progrès de
l’esprit humain, ni pour la pratique de la vie.
N oilà un préambule qui ne ferait guère
supposer ce que je voulais dire en commen-
çant cet article; cependant il s’y rattache
assez étroitement, ainsi qu’on va le voir.
Les plantes actuellement grimpantes ont-
elles grimpé dès l’origine, ou bien leur
cUmalisme^ n’est-if qu’une faculté acquise,
un expédient, si je puis m’exprimer ainsi,
pour taire lace a des nécessités ([ui aupara-
vant n’existaient pas? Les partisans de l’im-
mobilité ne manqueront pas de répondre
^ Je nomme ainsi la faculté cle grimper. Aucun
mot n’existant en français pour exprimer cette idée,
je n ai pas hésité à en fabriquer un, qui est, je crois,
couforme à la règle.
(jue, de tout temps, des plantes ont grimpé;
que le Haricot et le Houblon, par exemple,
ont été créés tout enroulés sur les tiges
d’autres plantes, sur des tuteurs quelcon-
ques créés en même temps qu’eux et exprès
pour eux. Il en serait de même relativement
à la question du parasitisme : dans la théorie
de l’immobilité et de l’invariabilité, la logi-
que veut qu’on admette que les animaux et
les végétaux ont été créés avec leurs para-
sites; que le premier pied de Luzerne était
déjà infesté par la cuscute , et que le pre-
mier homme logeait des poux dans ses che-
veux. Four nous autres évolutionnistes, il
n’en est point ainsi : le parasitisme n’est pas
de première création, non plus que le clé-
matisme; ce sont seulement des adaptations
d’êtres déjà existants à des conditions nou-
velles. La même puissance créatrice qui les
a fait naître les .a, à un moment donné,
modifiés conformément à des finalités (jui ,
jusque-là, n’avaient pas eu de raison d’être.
En ce qui concerne le clématisme, une très-
belle étude de M. Darwin ne laisse pour
ainsi dire aucun doute sur ce point. Pour
liii, le clématisme est né de la nécessité.
Etouffée sous l’ombre épaisse des forêts , la
plante était condamnée à mourir ou à aller
jusqu’au faîte des arbres chercher de l’aii’
et un rayon de soleil. Un grand nombre,
sans doute, ont péri dans le combat; quel-
ques-unes en sont sorties victorieuses, et,
se faisant un point d’appui du tronc de leurs
oppresseurs, elles ont fini par dominer leurs
cimes. C’est ainsi qu’on a vu plus d’une fois
un peuple conquis conquérir à son tour son
vainqueur, l’absorber et en quelque sorte
l’annihiler par Finlluence irrésistible de ses
idées et de ses mœurs.
M. Darwin divise les plantes grimpantes
en trois groupes * : les plantes enroulantes
^ En traitant des plantes grimpantes dans notre
second volnnie du Manuel de rAmaleur de jardins,
actuellement sous presse et devant paraître prochai-
nement, nous avons distingué quatre modes de clé-
matisme, c’est-à-dire les clématismes par enroule-
ment, par préhension, par enchevêtrement et par
Juxtaposition, qui nous paraissent comprendre tous
les cas possibles de là faculté de grimper. Cette di.-?-
tinction était nécessaire au point de vue de la cul-
ture des plantes grimpantes, dont les emplois, dans
la pratique, sont très-dilTérentes s_^uiva:it leur ma-
nière de grimper.
X PROPOS DESPLA^TES GRIMPANTES.
OU volubiles, celles qui s’aident de leurs
feuilles ou de leurs pétioles pour en esca-
lader d’autres , et celles enfin qui s’accro-
chent, à l’aide de vrilles , à-tout ce qu’elles
peuvent saisir. Ces trois groupes ont été, de
sa part, l’objet d’expériences et d’observa-
lions très-attentives et très-suivies. On peut
présumer, dit-il, que les plantes ne sont de-
venues grimpantes que par le besoin qu’el-
les ont eu d’aller chercher au loin l’air et
la lumière que leur interceptaient d’autres
végétaux, et ce but a été atteint par un
moyen si simple et une si faible dépense de
matière organique, qu’on a lieu d’en être
surpris, si l’on compare le volume des ar-
bres avec celui des plantes grimpantes de
même hauteur auxquelles ils servent de sou-
tiens. Les plantes volubiles ne sont telles
que parce que leurs entre-nœuds ont une
tendance à se tordre en spirale, et la même
propriété a dû exister et même existe en-
core, plus ou moins prononcée, chez celles
dont les pétioles ou les evtréinités des feuil-
les, doués d’une certaine sensibilité, sont
devenus des organes de préhension. Il est
bien visible, en effet, que, sans cette ten-
dance des tiges à la torsion, les feuilles et
leurs pétiole's n’auraient pu que rarement,
et comme par hasard, se trouver en contact
avec les objets qu’elles devaient saisir. A
moins donc de. supposer que les rdantes qui
s’aident de leurs feuilles pour grimper aient
acquis simultanément les deux propriétés
dont il vient d’être question, il semble pro-
bable qu’elles ont été, dans le principe,
simplement volubiles, et que c’est posté-
rieurement que s’est développée la préhen-
silité de leurs organes appendiculaires. Poui
des raisons semblables, on est autorisé à
croire que les plantes munies de viiaes ont
été primordialement volubiles, ou, plus
exactement, qu’elles descendent d’espèces
ayant eu celte propriété, qui s’est graduel-
lement affaiblie ou entièrement perdue dans
leur descendance. Il est de fait que, dans la
majorité des plantes cirrhifères (pourvues
de vrilles), les entre-nœuds se tordent cà
quelque degré, comme chez les plantes vo-
lubiles ; il y en a même dont les tiges peu-
vei.t encore s’enrouler autour de tuteurs
verticaux, mais il y en a aussi chez lesquel-
les cette faculté a compléteriient disparu
des tiges pour se réfugier à l’extrémité des
vrilles, et ce sont celles- là qu’on doit con-
dérer comme ayant suhi les modifications
les plus profondes et les plus nombreuses.
Les trois grandes familles grimpantes qui
ont perdu le plus complètement la faculté
de s’enrouler sont les Cucurbitacées, les
Passiflorées et les Ampélidées. Les faits
abondent pour prouver que, chez les
plantes qui grimpent à l’aide de leurs feuil-
les, un organe foliacé peut, tout en conser-
vant sa fonction propre, devenir sensitif au
contact d’un corps étranger et se modifier
en vrille pour le saisir. Ainsi, de vraies
feuilles acquièrent, dans certains cas, tou-
tes les propriétés' des vrilles, la sensibilité,
le mouvement spontané et la faculté de
s’endurcir pour constituer une attache so-
lide. Si leur limbe venait à disparaître, elles
se trouveraient transformées en véritables
vrilles, et on pourrait citer des exemples de
cette transformation à tous les degrés. D’a-
près cette manière de voir, les plantes qui
grimpent au moyen de leurs feuilles ont été
primordialement des plantes enroulantes, et
celles qui portent des vrilles ont grimpé
avec leurs feuilles avant d’être pourvues de
vrilles par faites. On aperçoitdu premier CO up
d’œil la relation de ces trois modes de clé-
matisme et la succession de leur apparition
dans la nature.
La manière dont ces différents cléma-
tismes se distribuent dans les familles et
autres groupes naturels est une preuve
presque indéniable de leur affinité. G est
ainsi, par exemple, que les nombreuses es-
pèces qui grimpent à l’aide de leurs feuilles
dans les Antirrhinées, les Solamnn, les
Cocciiliis, lesMéthoniques, etc., sont proches
parentes d’autres espèces de mêmes familles
ou de mêmes genres qui sont décidément
volubiles. D’un autre côté, les Clématites,
qui s’aident de leurs pétioles pour grimper,
sont pareillement très-voisines du Anrarc/m,
genre pourvu de vrilles. Le groupe si ho-
mogène des Fumariacées renferme de même
des espèces cirrhifères et des espèces grim-
pantes par leurs feuilles. Enfin, il y a une
espèce de Bignonia qui réunit ces deux ca-
ractères à la fois, tandis que d’autres, parmi
ses congénères, sont strictement volubiles.
Les vrilles, qui résultent de pédoncules flo-
raux modifiés, nous montrent de même tous
les passages entre leur état primitif et celui
de vrille; c’est ce qu’on voit dans la Vigne,
où des vrilles se rencontrent tantôt sous
leur forme normale, tantôt sous celle de
«rappes plus ou moins fournies. Il y a donc
des vrilles qu’on peut appeler foliaires ou
appendiculaires, et des vrilles d’origine
axile, c’est-à-dire de même nature que les
tiges, les branches et les rameaux; mais,
quel que soit leur point de départ organi-
que, leurs fcnctions sont toujours identi-
quement les mêmes.
Un point bien intéressant dans l’histoire
naturelle des plantes grimpantes, intéres-
sant pour les hommes qui aiment à réfléchir,
c’est leur motilité , lente sans doute , mais
très-visible , dont le but est de chercher
l’objet qui doit leur servir de soutien. Les
organes les plus différents par leur nature ,
la lige, les pédoncules floraux, les pétioles,
les nervures des feuilles prolongées au delà
du limbe, les folioles, et jusqu’à un certain
point les racines aériennes, toutes ces par-
A PROPOS DES PLANTES GRIMPANTES.
67
lies jouissent de la faculté de semouvoir.Les
plantes grimpantes, continue M. Darwin, sont
si nombreuses, qu’elles deviennent un des
traits saillantsdu règne végétal. Ellesappar-
tiennent aux familles les plus variées d’orga-
nisation, et, dans la plupart de ces familles,
elles otfrent tous les degrés et tous les gen-
res de clémalisme. Sur les cinquante-neuf-
alliances ou groupes de familles admises
par Lindley dans son Règne vêgétaU il y en
a trente-six (plus de la moitié) qui contien-
nent des plantes grimpantes, et il s’en trouve
jusque dans l’embranchement des Crypto-
games. Si, d’une part, nous réfléchissons à
ce fait, et que, d’autre part, nous remar-
quions que, dans certaines familles à la fois
très-étendues et nettement définies, comme
les Composées, lesRubiacées, les Scrophii-
larinées, les Liliacées, etc., il n’y a com-
munément que deux ou trois genres dont
les espèces soient douées de la îacuUé de
grimper, nous arrivons presque invincible-
ment à conclure que cette faculté est en
puissance, quoique non réalisée, dans pres-
(|ue toutes les espèces du rè;ne. L’obser-
vation des plantes grimpantes , continue
M. Darwin, nous force à reconnaître, dans
la structure des végétaux, un degré de per-
fection que peut-être on n’y soupçonnait
|)as jusqu’ici. Pour nous en faire une idée ,
examinons ce qui se passe dans les espèces
cirrhifères, que nous avons dit être les [)lns
complètes [)armi cellçs qui jouissent de la
j)ropriélé de grimper. Nous les verrons ten-
dre leurs vrilles, toutes prêtes à agir, de la
même manière qu’un polyjie tend ses tenta-
cules; si ces vrilles sont dérangées par un
accident, elles reviennent d’elles-mêmes à
leur direction première ou rencontrent ail-
leurs le corps qu’elles ont besoin de saisir.
Tantôt elles sont sensibles à l’action de la
lumière, se dirigeant de son côté ou s’en
écartant, tantôt elles y sont indifférentes ,
suivant qu’elle peut être utile à la plante.
Pendant des jours entiers on voit la vrille,
ou tout l’entre-nœud auquel elle tient, exé-
cuter des révolutions de droite cà gauche ou
de gauche à droite, en quête de l’objet à
saisir. A peine cet objet est-il en contact
avec son extrémité, qu’elle l’enveloppe de
ses replis etleretienténergiquement; bientôt
même elle se contracte en se roulant en spi-
rale et rapproche la plante de son soutien.
Tout mouvement cessealors, maisle travail se
continue dans l’intérieur de la vrille, qui s’en-
durcit et acquiertune merveilleuse ténacité * .
Il y a des cas où l’adhérence de la vrille aux
CULTURE DE LA VIGNE
Une culture de lavigne sans façon estchose
aisée àconcevoir. Une culture de la Vigne sans
^a<7/eeslundéfiàrintelligence.Eneffet,main-
tenir indéfiniment la charpente d’un cep à 4
Au nombre des principes absolus sur les-
quels repose la philosophie il en est un
qu’il est bon de rappeler; c’est celui-ci : le
sol n'agil pas sur le soi. Cependant, voilà
des plantes ({ui modifient leurs habitudes et
leur structure; qui, pour ne pas périr étouf-
fées, s’allongent démesurément, et qui, de-
venues débiles par cet allongement même,
cherchent un appui sur des végétaux plus
robustes et s’y cramponnent par les moyens
les plus ingénieux et les plus variés. C’est
tout une mécanique, et des plus savantes,
qui ferait attribuer aux plantes le sentiment,
l’intelligence et la spontanéité. Mais qui ose-
rait soutenir que la plante a conscience de
ses besoins , qu elle raisonne et agit comme
si elle voyait ce qui est en dehors d’elle? Le
soi n’agissant pas sur le soi, il n’est pas da-
vantage possible de soutenir qu’elle se mo-
difie elle-même pour s’accommoder aux cir-
constances. Il est donc de toute évidence que
dans ses évolutions , elle obéit à uiu'
puissance supérieure ; et, comme cette puis-
sance doit être intelligente sous peine de
laisser périr les choses, il n’y a qu’une seuh‘
explication possible du fait ; c’est que Dieu
est partout présent et sans cesse agissant
dans la nature; qu’en un mot, il crée encore
aujourd’hui tout aussi effectivement que
dans le principe, et qu’il est la cause uniqut.‘
et déterminante des phénomènes. Quand je
considère combien la doctrine de révo-
lution agrandit le rôle de Dieu da^s nos con-
ceptions de l’univers, je suis surpris ipie
des hommes qui se disent libres-penseurs se
soient avisés d’y chercher des arguments
pour leur tiiéorie; mais ce qui me surprend
bien davantage, c’est que leurs adversaires,
encore plus aveugles, les aient laissés ex-
ploiter à leur profit des aperçus qui préci-
sément établissent le mieux l’action provi-
dentielle dans le monde.
Naudin.
corps avec lesquels elle se met en contact se fait
d’une autre manière. Au lieu de saisir le corps eu
s’enroulant autour de lui , l’extrémité de la vrille
s’épate par un développement particulier de sou
tissu, et forme une ventouse très- adhésive , après
quoi elle se contracte en se roulant eu spirale ,
comme il a été dit ci-dessus. Ce fait s’observe dans
quelques espèces de Vignes , et mieux encore dans
({iielques Cucurbitacées américaines, qui peuvent ,
au movcii de ces vrilles-ventouses, adhérer so-
lidement aux corps les plus lisses. No\is les avons
vues, au Mu'^éum, appliquer les digitations de leurs
vrilles sur les vitres des châssis et s’y coller avec
une telle force, qu’il était plus facile de les rompre
que de les en détacher. C’est là un nouveau perfec-
tionnement du clématisme à ajouter à ceux dont
il a été question ci-dessus.
SANS TAILLE NI FAÇON.
mètres carrés de surface et rendre en même
temps ce cep annuellement productif sans
le secours de la taille, c’est poser un pro-
blème que hauteur cherche à résoudre dans
68
CÜLTl’i'E DE LA VIGîsE
le clair-obscur de ses rccenles explications,
et qui userait, sans profit pour la viticul-
culture, toutes les ressources d’esprit et
d’essais des crédules vignerons.
De deux choses l’une : ou la Tigne, qui ne
donne ses grappes que sur le bois d’un an,
ne portera \le fruits, par la suppression de
la taille, qu’à un point chaque année plus
éloigné de la souche, conséquemment en
étendant, indéfiniment sa charpente au delà
des limites qui lui sont tracées; ou bien la
Vigne, après avoir acquis une charpente de 4
mètres carrés de surface, ne pourra être
maintenue à cette dimension que par la
taille ou bien par l’éborgnage et le pinçage,
mais à la condition, dans ce dernier cas,
d’une complète stérilité.
Cette objection capitale s’est présentée à
ma pensée à la seule inspection du titre de
l’article publié par M. Pigeaux. Je dois
l’adresser d’abord à l’auteur, car avant de
suivre son conseil et de recourir à l’expé-
rience, il hiut être bien fixé d’avance sur la
manière de la faire et perdre la certitude
que l’expérience, telle qu’on la comprend,
aboutit aune impossibiliité.
Cette certitude serait un peu ébranlée
peut-être si les considérations que l’auteur
fait valoir à l’appui de sa méthode de viti-
culture n’avaient pas elles-mêmes une exac-
titude approximative.
Résumons-les dans leur ordre de succes-
sion :
D’après M. Pigeaux, la culture de la Vigne
est défectueuse au point de rendre plus à
celui qui cullire le moins son champ et lui
fournit le moins de substances réparatrices.
Ainsi, dans certaines contrées du Midi, la
Vigne donne jusqu’à 300 hectolitres à
l’hectare, alors qu’elle en donne à peine
20 à 30 dans les contrées du Centre :
Je fais d’abord observer à l’auteur :
Jo Que dans les contrées du Midi où la
Vigne donne par hectare jusqu’à 300 hecto-
litres, maximum de production dans toutes
les régions viticoles du globe, les ouvriers
travaillent dans les Vignes tonte l'année et
qu’ils les couvrent d'engrais;
2» Que dans ces contrées, les Vignes sont
soumises à la taille et taillées à court bois,^
contrairement aux vues de l’auteur qui
supprime la taille et ne veut que du long
bois.
« Les racines superficielles, dit M. Pi-
geaux, généralement détruites ou détério-
rées par les façons qu’on donne à la \igne,
sont les plus utiles pour les productions
fruitières auxquelles elles correspondent,
ainsi que le démontre la remarquable pro-
duction delà Vigne cultivée dans nos cours,
sous les pavés qui la préservent de toutes
•les façons et entretiennent à ses pieds une
humidité modérée, telle qu’elle plaît etcon-
vient à cet arbrisseau. )'>
SAKS TAILLE Kl FAÇOK.
La fertilité remarquable des treilles dans
des cours pavées tient-elle uniquement à ce
que les racines superficielles ne sont pas
détruites ou détériorées par les labours?
Une réparation faite dans la cour de la mai-
son qu’habitait ma famille amena le dé-
chaussement d’une treille à plus de 2 mè-
tres du mur contre lequel le cep était fixé.
La suppression et la mutilation des racines
superficielles n’ont pas porté la moindre
atteinte à la production. J’admets toutefois
le principe, en rappelant seulement que la
démonstration donnée n’a en ce cas qu’une
exactitude approximative.
M. Ihgeaux propose ensuite de bien défon-
cer à 0"'.30 au 0"'.G0 au plus et d’amender
une fois pour toutes, c’est-cà-dire pour cent
ans ou moins, le champ qu’on veut planter
en Vigne.
Le choix d’un défoncement entre 0"i. 30
ou 0»eG0 est fort embarrassant pour le plan-
teur, qui naturellement préférera dépenser
deux fois moins et qui ne comprendra pas
ensuite comment on amende un champ pour
cent ans au moins.
La multiplication de la Vigne parla plan-
tation de boutures en plein mois d’août et
en plein soleil, pourrait, sous notre climat,
fournir en très-peu de temps de petits fagots
de bois sec.
Les explications données par l’auteur sur
le mode d’obtention de la charpente de ses
Vignes s’arrêtent juste au point où le lec-
teur les juge le pins nécessaires. Que lait-
on de la charpente complètement obtenue,
la laisse-t-on s’étendre ou la renouvelle-
t-on? Si on la laisse s’étendre, les 4 mètres
de surface réservés à chaque cep ne suffi-
sent plus, et le vignoble dès lors j3ue la
forêt vierge. Si l’on renouvelle la cheypente
dans une de ses parties, comment évite-t-on
la taille?
L’expérience faite sur un pied de Vigne
auquel M. Pigeaux a laissé 100 grappes avec
l’intention de doubler la surcharge l’année
prochaine, à titre d’essai et d’étude*, me sein-
hle bien jeune et Jiien restreinte pour justi--
fier des conclusions favorables à la santé, à
la vigueur et à la durée des ceps conduits
d’après son système.
D n’est question ni de binage ni de façon.
« D faut laisser, ajoute l’auteur, à la Vigne
et à l’ombre de son feuillage le soiii de
détruire entièrement les herbes parasites,
ce qui ne manquera pas d’arriver dès la troi-
sième ou quatrième année.»
M. Pigeaux croit que la Vigne tue le Chien-
dent. On avait su jqtosé jusqu’ici tout le con-
traire.
((. Un des pins grands avantages de cette
nouvelle méthode de la culture de la Vigne
est de n’employer que 2,500 pieds par hec-
tare, car chaque pied couvre 2 inètres en
tous sens ou 4 mètres de superficie, ce qui
69
’ CULTURE DE LA VIGNE
dorme aux racines de la {)lante un dévelop-
pement équivalent. Entre chaque rangée de
ceps, il faudra maintenir en bon état un sen-
tier de 0"h3üpour faciliterla culture... »
Si riiectare contient 2,500 ceps, et si cha-
que cep couvre une surface de 4 mètres
carrés, il ne reste rien pouj’ les sentiers de
0"L 30, ce qui permet une nouvelle écono-
mie de main-d’œuvre.
« Il ne faut pas craindre que l’exubérance
de production nuise en aucune manière tà la
maturité et par suite à la qualité du vin, car
dans la méthode que nous préconisons,
chaque grappe se trouve isolée et répandue
sur une surface de plusieurs mètres et
toutes sont exposées également aux rayons
solaires. »
Est-il certain que Ve.mbérance de produc-
tion ne nuit pas à la qualité du vin? L’ex-
périence ne confirme pas ce principe.
i\’est-il pas démontré par les faits que lors-
que les grappes se trouvent isolées et répan-
SANS TAILLE NI FAÇON.
dues sur une surface de plusieurs mètres,
la maturation est lente, successive, inégale,
mônie quand les Raisins sont également ex-
posés aux rayons solaires, supposition, en
ce cas, difficilement admissible, puisque
l’auteur compte sur l’épaisseur de l’ombre
pour tuer le Chiendent.
N’est-il pas aussi démontré par les faits que
dans une charpente composée de branches
disposées en arcs de cercle, la végétation
est fort irrégulière, la production aussi et
la maturation plus encore?
Enfin la disparition des plants Gama x,
que l’auteur nous promet comme consé-
quence et récompense de l’adoption de son
système, ne doit pas encourager ceux qui,
comme moi, savourent du vin de petil
Gamay^ devant lequel M. Pigeaux, tout con-
fus de sa proscription, finira t peut-être
par abjurer à la fois ses hérésies vinicoles
et viticoles.
Laujoulet.
ACACIA LOPIIANTA OU MIMOSA DISTACIIYA.
Pour tirer do cet arbuste tout le parti que
comporte le climat du midi de la France
dans l’ornement des jardins, il faut le semer .
en terrines placées à bonne exposition en
avril, après avoir un peu incisé les graines
pour hâter la germination, repiquer les jeu-
, lies plants un par un dans des petits pots,
les rempoter dans le cours de l’été autant
de fois qu’il en est besoin, les rentrer l’hi-
ver pour les préserver des grands froids et
enfin les mettre en pleine terre en avril sui-
vant, c’est-à-dire lorsqu’ils ont un an d’âge;
et dans le cours de leur deuxième année ils
atteignent les dimensions que comporte
l’espèce : 4, 5 mètres, ou plus pour peu
qu’on les ait arrosés pendant l’été.
On ne peut rien voir de plus gracieux, de
plus élégant que ces arbustes" â feuillage
délicat, ramifiés sur toute leur longueur
en formant naturellement la pyrarnide.^Leur
floraison, qui a lieu en novembre ou décem-
bre, s’accomplit assez bien; mais on ne peut
espérer que rarement de voir mûrir leurs
graines sous notre climat, alten lu qu’elles
ne mûrissent qu’au printemps suivant, et
que la plante est gravement endommagée
et périt même souvent en hiver sous l’in-
tluence d’une température plus base que
5» centigr. au-dessous de zéro, qui est la
limite extrême du froid qu’elle peut sup-
porter en plein air. Mais on peut en semer
chaque année au moyen de graines tirées de
l’Algérie oû elles mûrissent sans difficulté.
Comme c’est en automne, lorsque la tempé-
rature moyenne est de 8» centigr. environ,
que cet arbuste croît avec le plus de vigueur,
il est présumable que le climat du centre de
la France lui serait favorable pendant la
belle saison, et qu’il serait possible de l’y
cultiver en plein air pour Uornement des
jardins.
A. Guillier.
ROSA FORTUNEII.
Lm certain nombre de Rosiers ont été
récemment introduits du Japon, parM. Ro-
bert Fortune.
Parmi eux, j ai particulièrement remarqué
le Rosa Fortuneii, parce qu’il est fran-
chement remontant. _ Son feuillage a assez
de rapport avec celui du Bengale ordinaire,
quoique d’un vert plus tendre et d’une fac-
ture plus délicate.
La fleur est un peu plus que semi-double,
d une forme gracieuse; le coloris en est blanc
mat; quelques pétales sont striés de rose
vif.
Ce Rosier se force très-facilement (en
serre tempérée), et n’a pas, comme la plupart
des hybrides, une tendance â s’étioler.
^ Si je le signale aux amateurs de Roses,
c’est que je ne l’ai encore vu figurer sur
aucun catalogue. Je crois que, par la fé-
condation artificielle, celte charmante Rose
pourra produire une nouvelle et très-inté-
ressante série. je,vn Sisley.
SANVITALIA COUCHÉ A FLEURS PLEINES.
Cette variété s’est produite accidentelle-
lueut dans un semis de Uespèce à fleur
simple; depuis deux ans elle est cultivée
chez nous. La duplicature se reproduit
presque constamment par graines, car seu-
lement une très-petite proportion de plantes
de semis (environ 10 p. lOu) rentrera dans
l’espèce simple.
Une grande médaille d’argent a été ac-
cordée au Sanvitaliaprocumbens florepleno.
lors de la grande Exposition qui s’est tenue,
en septembre dernier à Erfurt, et il n’est pas
à douter que c’est une des acquisitions les
plus méritantes qui soient mises au com-
merce depuis quelques années. On pourra
juger de la beauté de cette plante par les
dessins ci-joints qui ont été faits sur nature
et qui reproduisent (fig. 5) le port de la
plante et (fig. 6) la forme des fleurs aussi
fidèlement que possible.
Fig'. 5. — Sanvitalia procimibcns flore plciio.
Dans toutes les plan-
tes la transformation
des fleurs simples en
fleurs doubles est le
signe d’une végétation
surabondante; par con-
séquent, les doubles
sont plus vigoureuses
et ]dus luxuriantes
que les simples. C’est
du moins un fait in-
contestable dans notre
Sanvitalia à fleurs
doubles, qui, sous ce
rapport, surpasse de
beaucoup l’espèce sim-
ple. Le disque noir
qu’ont les fleurs de
cette dernière, et que
personne ne trouvera
bien beau, a complè-
tement disparu dans
l’espèce double; les
Fig. 6. — Fleurs de Sanvitalia procumbens de grandeur
naturelle.
fleurs sont alors plei-
nes jusqu’au centre,
d’un beau jaune bril-
lant uniforme, elles
se conservent aussi
beaucoup plus long-
temps que les sim.ples,
et par suite la plante
paraît douée d’une plus
grande floribondité.
On peut en faire de
très -jolis massifs nains
ou des bordures, qui
sont d’un bel effet. Les
fleurs se prêtent ad-
mirablement à la con-
fection des bouquets
et à la décoration des
jardinières et vases
d’appartement.
Haage et Schmidt.
Horticulteurs, à Erfurt
(Prusse).
na Pmx^.
knp. Zano{e,iU(^ des H, plar:^ersj3, Paris
le Horticole’.
\’erveine populaire.
lieriK’ lloiiu'olc
Â.Lefevre P/nx^
!mp ZanoLe rue des Boulangers, 15, Pans
^3i^e Amélie Leclei'c
POIRE AMÉLIE LECLERC.
L’arbre qui porte celte nouvelle variété
est d’une végétation moyenne, il est d’un
bon rapport, il végète mieux sur franc que
sur Cognassier, se forme bien à l’espalier
et à la pyramide.
Le fruit mesure ordinairement 0^.07 de
hauteur sur 0'«.08 de diamètre; il est pres-
que oviforme.
Le pédoncule estlongdeO'^. 015 à 0'“.0^20,
assez gros, fort, un peu charnu, légèrement
courbé, sa couleur est le brun-roux clair;
il est placé un peu de coté dans une cavité
peu profonde.
Le calice, petit, à divisions courtes, min-
ces, roides, se trouve dans une cavité plate
asùoz évasée, dont il dépasse un peu l’orifice.
La peau assez fine, vert clair fortement
chargé de rouille, jaunit à l’époque de la
maturation, qui a lieu ordinairement vers la
tin d’octobre; alors la poussière qui la
couvre en partie tombe et laisse voir de
belles macules d’un joli vermillon clair.
La chair est très-fine, très-fondante; son
eau est abondante, sucrée et bien parfumée.
VERVLINE
L’un des plus gracieiix ornements de nos
jardins et l’un des plus p(»pulaires est une
corbeille de Verveines, à fleurs si diversi-
fiées de coloris, éclatant ou vit, délicat ou
tendre, où se disputent le pourpre, le rouge,
le cramoisi, l’orangé, le carné, le blanc, le
rose pâle ou foncé, etc.
Il serait fort difficile de remonter aujour-
d’hui aux types vrais d’où sont issues, par les
croisements et les semis, les nombreuses
variétés plus ou moins hy bridées qu’on cul-
tive dans les jardins. Mais on peut, avec
((uelque certitude, admettre au nombre des
jiremiers, les Verbena teucrioides^ cliamæ-
dïif folia \ phlogiftora, Tweediana^ panicu-
latn^ sulfurea, etc.
’ Et non chamxdrifolia, comme on l’écrit ordi-
.oairement.
L’arbre qui produit l’excellent fruit que
nous venons de décrire provient d’un des
nombreux semis de pépins de Poiriers lais-
sés par M. Léon Leclerc, de Laval, déjà
bien connu par quelques heureux gains,
entre autres la Poire Van Mons (Léon Le-
clerc), puis la Poire Jacques Chamant, qui
a obtenu une médaille de deuxième classe
de la Société impériale et centrale, et celle
Jules d’Airoles (Léon Leclerc) à laquelle la
même Société a décerné une médaille de
première classe sur la présentation de
M. François Hutin, pépiniériste à Laval, rue
(lu Petit-Tuyau, à (pii M. Léon Leclerc a
laissé tous ses semis ’ .
Le semis du sujet Amélie Leclerc re-
monte à 1839; le premier rapport, à 1856, et
sa première dégustation par nous, à 186-i.
Jules de Lirün d*Airoles.
Los lecteurs de la Revue doivent se rappeler
que nous leur avons donné les descriptions des
Poires Iules d’Airoles et Jacques Chamant; nous en
avonsencue plusieurs à l’étude de la même prove-
nance.
POPULAIRE.
La variété dont la Revue publie ci-contre
un excellent tSessin colorié mérite tout spé-
cialement le nom spécifique qui lui a été
appliqué, surtout par cette raison qu’elle se
range tout d’abord dans les plantes à la
mode en ce moment, par la superbe pana-
chure dorée de son feuillage. C’est même
une des plus brillantes de cette catégorie.
Elle a été gagnée de semis et baptisée en
Angleterre. Il faut joindre au mérite de sa
panachuie celui de ses gros bouquets flo-
raux, du plus riche rouge cocciné. L’his-
toire littéraire du genre Verbena a été
écrite par nous dans V Illustration horticole
(tome XII, sub pl. 434). nous y renvoyons
ceux de nos lecteurs de la Revue horticole
qui seraient curieux de la connaître.
Ch. Lemaire,
Professeur de botanique à Gand.
ARBRE GÉNÉALOGIQUE DU GROUPE PÊCHER. - VP.
L’étude des deux premiers membres qui
constituent le groupe Pêcher proprement
dit ayant été faite, il nous reste à exami-
ner et à tâcher d’expliquer l’apparition des
Brugnonniers. La chose est difficile, et, ici
1 Voir la Revue de 1865 , pages 292, 354, 417,
et les du l^r et du 16 janvier 1866, pages 12 et
32.
encore, comme il est impossible d’avoir l’o-
rigine vraie, nous sommes de nouveau forcé
de recourir aux hypothèses. Deux sont pos-
sibles : admettre que les Brugnonniers sont
une forme particulière obtenue de semis, ou
bien qu’ils résultent, comme on le dit en
horticulture, d’un accident. Les deux hypothè-
ses sont admissibles, puisque, dans les semis
72
ARBRE GÉNÉALOGIQUE DU GROUPE PÊCHER. — M.
qu’on lait denoyaux dePêclier, on rencontre
parfois des Brugnonniers, et que, d’une autre
part aussi, il arrive fréquemment que, sur
une même l)ranclie d’un Pêcher, on ren-
contre des Brujïnons côte à côte, pour ainsi
dire, avec des Pêches; on a même vu, sur
un Pêcher, des branches ne porter que des
Brugnons.
Bien ne pouvant expliquer cette appari-
tion soudaine de Brugnons sur des Pêcliers,
nous admettrffis qu’elle est le résultat d’une
force expansive interne qui s’exerce conti-
nuellement. On ne peut, on effet, expliquer
ce fait par la supposition de fécondations
étrangères quelconques; car, quelles que
soient celles-ci, elles n’agiraient que pos-
térieurement, c’est- cà-dire sur les généra-
tions qui naîtraient des heurs fécondées, et
non directement, ainsi qn’on l’observe jonr-
nellement. D’antre part, il n’est guère pos-
sible non plus d’admettre que le Brugnon-
nier est un hybride, parce que cette raison
soulèverait des contradictions manifestes
avec certain^ théories que la science sou-
tient; par exemple, avec celle-ci : « Que
deux espèces, lorsqu’elles se fécondent, ne
peuvent produire que des individus stériles,
ou, s’ils sont fertiles, qu’ils ne lardent pas,
par leur descendance, à retourner aux deux
types dont ils sont sortis, et que jamais ils
ne pourront constituer une race intermé-
diaire indéfiniment fertile. » Or, ce serait
précisément le fait du Brugnonnier, puisque
dans le plus grand nombre de cas (il y a
même peu d’exceptions), en semant des
noyaux de Brugnons on obtient des Bru-
gonniers, et que même si les noyaux pro-
viennent de Brugnons h chair jaunej il est
rare qu’on n’obtienne pas de Brugnonniers
tà chair jaune, etc. '
Mais, du reste, en admettant que le Bru-
gnonnier est un hybride, on aurait déplacé,
mais non résolu la difficulté; car il faudrait
admettre que l’hybridation s’est faite entre
le Pêcher et l’Abricotier ou entre le
Pêcher et le Prunier, puisque les Pêches
ont 1,1 peau velue et que les Brugnons ont
la peau glabre; deux choses que la science
regarde comme impossible, mais sur
lesquelles nous ne nous prononçons
pas.
Nous admettons donc que le Brugnonnier
' n’estqu’un fait de dimorphisme, ou, comme |
on le dit, un accident du Pêcher. Du reste,
quel que soit son mode d’apparition, ce
qu’il y a de certain, pournousdumoins, c’est
qu’il sort des Pêchers, cela nous suffit. Ceci
reconnu, nousallons, ainsi que nous l’ayons
fait des Pêchers, tâcher de faire ressortir la
marche extensive qu’a suivie le Brugnonnier,
et montrer comment s’estopérée la formation
successive des diverses races que ce sous-
genre présenie aujourd’hui. Pour cela, nous
supposons que le Brugnonnier type est né
sur l’axe principal de notre arbre ^ au point
A’ par exemple. On remarque, au-dessus de
ce point, à gauche, une grosse branche D D
qui est le premier membre du sous-genre
Brugnonnier, de même que le membre BB,
qui lui est parallèle, est le premier membre
du sous-genre Pécher. Toutes les ramifica-
tions qui partent de ce membre D D ont un
même caractère général essentiel, celui
d’avoir les fruits k chair adhérente au noyau,
caractère qui constitue la Tribu des Bru-
gnonniers-Perséquiers.
La ramification g g, que présente ce mem-
bre, et qui constitue la première section de la
troisième tribu, est supposée représenter le
Brugnonnier primitif, c’est-à-dire le Bru-
gnonnier avec ses caractères les plus sim-
ples, ceux que nous considérons comme
s’étant montrés dès son apparition. Toutes
lès variétés qui naîtront sur cette ramifica-
tion, quelle qüe soit la race à laquelle
elles appartiennent, auront pour caractère
commun essentiel des feuilles munies de
glandes ré ni for mes.
Nous croyons inutile d’indiquer comment
s’est opérée, suivant nous, la formation des
diverses variétésqui, successivement, se sont
développées sur ce premier membre. Nous
admettons qu’elles ont suivi une marche
analogue à celles qu’ont suivie celles des ra-
mifications du membre B B; fait, du reste,
clairement démontré par la figure.
La deuxième ramification h h, qui part
de ce membre D D, et qui constitue la
deuxième section de cette tribu, ne diffère de
la première G G que par les glandes de ses
feuilles qui sont gtolmteuses, caractère gé-
néral commun à toutes les variétés que
porte cette ramification.
La troisième ramification ii, qui constitue
la troisième section de ce même membre,
a pour caractère essentiel des feuilles dé-
pourvues de glandes, caractère également
commun à toutes les variétés qu’elle porte.
Toutes les ramifications secondaires, ter-
tiaires, etc., de ces trois sections caracté-
risent les diverses variétés ou races qu’elles
portent, et comme ces ramifications suivent
dans leur développement une marche tout
à fait analogue à celle que nous avons con-
statée chez toutes celles des membres B B et
G G, que nous avons fait connaître, nous
croyons qu’il est inutile de les répéter et
d’entrer, à ce sujet, dans de plus longs
détails.
Le membre E E, qui, on peut le dire, est
tout à fait l’analogue du membre D D, est
comme celui-ci un des principaux membres
du sous- ^enre Brugnonnier; toutes les ra-
mifications qui en partent ont pour carac-
tère général commun des fruits à chair
' Voir la planche publiée tlans le numéro du
jei' août 1865.
73
ARBRE GÉNÉALOGIQUE DU GROUPE PÊCHER. — VI.
libre, c’est-à-dire à chair non adhérente an
noyau; c’est ce caractère qui constitue la
Tril)u des Brugnonniers-Alrergiers.
Quant aux diverses raniifications que pré-
sente ce membre E E, nous ne croyons pas
nécessaire de les énumérer ni d’en faire
connaître la marche évolutive, non plus
que les divers caractères qu’elles présen-
tent, attendu que toutes ces choses étant
exactement semhlahles à ‘celles des autres
membres, et que nous avons fait connaître,
nous n’aurions qu’à nous répéter. Toutefois,
avant de (pjitter le Brugnonnier, nous fe-
rons observer que ses deux membres «ont
exactement semblables entre eux, qu’ils pré-
sentent un même nombre de ramifications,
mais que celles-ci sont moins nombreuses
que celles que présentent les deux membres
B B ci c e du Pêcher proprement dit, et
aussi, que ces deux derniers sont également
parfailenwnt semblables entre eux, de sorte
que chacun des deux membres soit du Pê-
cher proprement dit, soit du Brugnonnier,
semble avoir été calqué, on pourrait dire,
sur l’autre.
En résumant tout ce qui précède, et en
examinant l’arbre généalogique que nous
avons fait, du groupe Pêcher, afin de bien
fixer les idées, il est facile de reconnaître
qu’on peut d’abord le diviser en deux par-
ties principales, que, pour notre commodité,
nous pouvons considérer comme constituant
deux genres : Pécher et Brugnonier, A et
A', genres qui, à leur tour, peuvent se sous-
diviser en deux parties complètement ana-
logues, et constituer (toujours au point de
vue pratique) deux sous- genres; d’où ré-
sultent les quatre grandes tribus B, C,D, E.
Chacune de ces grandes divisions ou tribus
se partage à son tour en trois sections, ce
qui forme pour le tout 12 sections carac-
térisées, soit par la présence, soit par l’ab-
sence des glandes, soit, lorsqn’elles exis-
tent, par la forme que présentent ces glan-
des. Toutes ces divisions, par suite des ca-
ractères particuliers propres, à chacune d’el-
les , comprennent donc, non - seulement
toutes les variétés actuellement connues du
groupe Pêcher, elles pourront même rece-
voir toutes celles qui pourront se produire..
De plus, la délimitation de leurs caractères
permet de rapporter à chacune d’elles tou-
tes les variétés qui s’y rattachent.
Nous essayons plus loin de le démon-
trer.
D’après les divisions que nous venons
d’établir, on aura donc, dans le groupe
Pêcher ;
Peau velue genre : Pécher, A.
Peau lisse, genre : Brugnonxier A’.
/Chair adhérente, sous-genre : Pécher-
X Pfciier; I’kkséqijier, R.
/Cliair non adhérente, sous-genre ; PÈ-
" cher-Albergier, C.
A’.
/Chair adhérente, sous-genre •
P , , \ Brugnonnier Perséquiek, 1).
GRUGNONNIER uoii adhérente, sous-genre ;
' Rrugnonnier-Alrergier, e.
Un fait très-digne de remarque, ainsi que
nous l’avons déjà fait observer, est l’analo-
gie-qui existe entre le Brugnonnier et le
Pêcher proprement dit, dans l’évolution de
leurs diverses parties; ce sont exactement
les deux parallèles. En effet, de même que
chez le Pêcher, on trouve, chez le Brugnon-
nier, des races dont les feuilles sont, les
unes pourvues, les autres dépourvues de
glandes et, aussi, que ces glandes sont réni-
for mes ou globuleuses. Chacun de ces deux
sous-genres présente également deux sortes
de fleurs, les unes canipanulacées (petites),
les autres rosacées (grandes). Il n’y a de
différence dans les fleurs qu’en ce qui con-
cerne les couleurs. Ainsi, tandis que cha-
cune des deux tribus que compreml le sous-
genre Pêcher renferme des fleurs blanches,
les Brugnonniers n’en ont que des roses,
plus GU moins foncé. On constate dans les
fruits le même parallélisme que nous avons
constaté, soit dans les glandes, soit dans les
fleurs. Ainsi il est des races de Brugnonniers
dont la chair est blanche (plus ou moins
rosée autour*du noyau), il en est aussi dont
la chair est soit à peu près complètement
jaune , soit jaune plus ou moins rosée
autour du noyau, non adJmrente ou plus ou
moins adhérente dans les deux cas. Mais
comme il n’existe pas encore de Brugnon-
nier à fleurs blanches, il n’en existe pas non
plus dont la chair des fruits soit entière-
ment blanche, excepté pourianiie Brugnon-
nier à fruits blancs et le Brugnonnier
noce bianco, dont la chair est à peu près
complètement dépourvue de couleur. Pour-
tant nous devons faire remarquer que, à
cause de leurs fleurs roses, il peut arriver
que, dans certains cas, la chair prenne une
teinte ro‘=:^*^ autour du noyau, ce qui n’arrive
jamais pour les Pêches à fleurs complète-
ment blanches. D’une autre part, il n’existe
pas non plus de Brugnonniers à chair com-
plètement rouge; sous ce rapport, les Bru-
gnonniers n’ont pas encore non plus, comme
les Pêchers, leur race de sanguines.
Tous ces fiiits semblent démontrer de la
manière la plus nette que, ainsi que nous
l’avons dit ci-dessus, l’origine des Brugnon-
niers est beaucoup plus récente que celle
des Pêchers. La mère est plus vieille et
plus complète que l’enfant. Cela devait
être.
B est bien entendu, toutefois, que la
marche extensive du groupe Pêcher que
nous indiquons ici n’a rien d’absolu, quant
à la régularité et à l’ordre dans lesquels se
sont produites les modifications, et que les
diverses phases d’évolution peuvent avoir
suivi une marche ou un ordre d’apparition
différents de ceux que nous indiquons, mais
74, . ARBRE GÉNÉALOGIQUE Dl
ce dont il n’est pas permis de douter, c’est
flue ces phenomenes ont ete successifs.
Il va sans dire aussi que nous n’assignons
aucune partie du globe où toutes les modi-
fications que nous venons de rapporter se
seraient tout particulièrement passées. Elles ^
ont dû se produire sur divers points à la
fois, soit en Europe, soit en Asie, soit même
en Amérique, et aussi plus ou moins vite,
suivant les conditions de milieu ou de cul-
ture dans lesquelles, d’après les relations
sociales , les types ou lenr descendance
ont pu se trouver placés. Ainsi, bien que
les apparences puissent faire supposer que
lesBrugnonniers sont d’origine européenne,
nous ne serions pas surpris que, par suite
de l’extension continuelle de nos relations
avec la Chine et avec le Japon, il nous en
arrive bienlôt de ce pays.
Si l’ordre d’apparition, de modification,
puis d’extension, que nous venons d’indi-
quer, concernant le groupe Pêcher, n’est
pas rigoureusement exact, on peut, en gé-
néral, le considérer comme très-probable,
car il nous paraît s’accorder parfaitement
avec les faits. Nous voyons en effet que
le Pêcher, dont l’origine est beaucoup plus
ancienne que le Brugnonnier, a aussi plus
de branches, et que celles-ci sont égale-
ment plus ramifiées. Il est plus complet.
Il ne faudrait pas croire pourtant que
révolution progressive des diverses parties
de notre arbre généalogique n’a pu se pro-
duire à la fois sur plusieurs de ses membres
ou sur les fortes ramifications de ceux-ci.
Une fois ces membres apparus, le progrès
évolutif a pu se manifester à la fois sur plu-
sieurs d’entre eux, de manière que, pendant
un certain temps, l’extension se faisait simul-
tanément sur les branches mères B B, C C,
plus tard aussi sur la branche DD, puis,
plus tard encore, sur les branches E E, c’est-
GROUPE PÊCHER. — VI.
à-dire sur les quatre membres à la fois, ce
qui explique leur similitude. C’est du moins
cette dernière évolution qui semble se mani-
fester de nos jours.
On pourrait certainement, pour expliquer
l’extension théorique du groupe Pêcher, se
servir d’une tout autre tonne que celle que
nous avons choisie, par exemple représen-
ter un arbre dont les branches, au lieu
d’être symétriques et régulières, présente-
raient des ramifications plus ou moins irré-
gulières, à peu près comme celles qu’on ren-
contre sur un arbre à l’état de nature. Un
tel arrangement pourrait paraître plus natu-
rel, mais nous croyons qu’il serait désavan-
tageux au point de vue de la démonstration,
de sorte qu’en l’admettant, nous n’aurions
pas atteint le but ({ue nous nous proposons.
En effet, voulant faire comprendre la mar-
che qu’a suivie le groupe Pêcher dans l’évo-
lution successive des races et des variétés
qu’il a produites, nous devions choisir et
combiner nos modèles de la manière la plus
convenable pour atteindre ce but; or, ce sont
les figures les plus simples qui présentent
cet avantage, et celles-ci sont précisément
les plus régulières. Du reste, ce fait n’a
pour nous qu’une importance secondaire,
car ne pouvant que formuler des hypothèses
sur cette évolution, et, d’une autre part,
cette évolution ne pouvant être niée, il
s’agissait tout simplement de chercher quel
était le meilleur moyen de la démontrer
théoriquement. Après maints tâtonnements,
nous nous sommes arrêté au modèle que
nous avons représenté, qui, si il n’est pas
absolument vrai, est au moins très-vraisem-
blable, car, ainsi que nous l’avons dit, il a
l’avantage de s’accorder avec les faits, ce
qui lui donne une très-grande valeur .
Carrière.
PERSISTANCE ET FI.ORAISON DES VÉGÉTAUX EN PLEINE TERRE
DEPUIS LE MOIS DE NOYEMoRE 1863 JUSQU’A LA FIN DE JANVIER 1866.
Pendant le mois de novembre et les pre-
miers jours de décembre de l’année 1865
on a pu remarquer dans plusieurs jardins,
par suite de la température élevée de l’été
et la douceur de l’atmosphère à l’arrière-
automne, un assez grand nombre d’arbres
et arbustes qui, ayant perdu leurs feuilles à
la fin de l’été, en ont reproduit de nouvelles
à l’automne ; de nouveaux rameaux ont
émis pour la seconde fois de l’année des
fleurs, presque aussi nombreuses et aussi
belles que celles du printemps. Ainsi j’ai vu
des Cerisiers anglais, qui non-seulement
étaient couverts de fleurs, mais qui encore
ont produit des fruits assez gros. Ces fruits
outefoisn’ontpu, faute dechaleur suffisante,
arrivera maturilé. Parmi les arbres fruitiers
je citerai nombre de Poi/’iers et ô.QPo)U))ii6i s.
Le Prunus redina, espèce américaine, était
couvert aussi de nombreuses et jolies fleurs
d’un blanc violacé. Un fort Æsculus ruht-
cunda (Marronnier à fleurs rouges) était en
pleine fleur; c’est la première fois que je
vois une seconde floraison de cet arbre pen-
dant le courant de l’année. , .
Je ne parlerai que pour mémoire du Mar-
ronnier commun à fleurs, blanches (Æsni/icv
hii)pocastamim),àoni\essn]els, plantés dans
les terrains secs et calcaires, ont fleuri abon-
damment à la fin de l’été. Ces arbres étaient
dénudés deleurs feuilles dès juillet parl’elfet
de la chaleur et le manque d’humidite.
PERSISTANCE ET FLORAISON DES VÉGÉTATX EN PLEINE TERRE.
75
Quelques Lilas et surtout les Rosiers ont
épanoui leurs fleurs à l’arrière-saison. Les.
Chrysanthèmes, les Pélargonium et un.
s^rand nombre de plantes exotiques livrées
a la pleine terre ont continué à végéter et
à développer leurs magnifiques corolles.
A la suite de celte végétation tardive et
anticipée, nous avons eu un fait atmosphé-
rique assez remarquable et qu’il est bon de
signaler, attendu qu’il ne se voit que très-
rarement dans le climat de Paris et de ses
environs. Je veux parler de la douce tempé-
rature qui s’est prolongée jusqu’au 13 dé-
cembre, où le matin de ce même jour, le
thermomètre est descendu à 2® au-dessous
de zéro, ce qui a permis de voir jusqu’à ce
moment les plantes exotiques livrées pendant
l’été à la pleine terre, dans toute leur végé-
tation. Il s’en trouvait même un grand nom-
bre qui développaient de nouveaux rameaux
et en même temps de nouvelles fleurs. On
remarquait surtout diverses espèces de Sal-
via et notamment le Salvia fulgens, très-
susceptible au froid, et dont la moindre gelée
blanche détruit les feuilles et les rameaux.
Les végétaux que j’ai remarqués en pleine
fleur à l’air libre, le 12 décembre, étaient
les Pélargonium zonale, Pelargo7iium in-
quinans, Engelmmmia innnalifda, Cassia
corymbosa, C. floînbunda, leronica au-
‘ iralis, V. Andersonii, Solanum laciniatum,
S. Rantonneli, Chrysanthemum frutescens,
C. grandiflorum, C. fœnicule^ceum, Ce-
sirum Parqui, Nicotiana glauca^ les Rosiers
du Roi, Aimé-Viberi, du Rengale, ainsi que
plusieurs autres variétés de ce genre.
Parmi les plantes vivac es et annuelles je
citerai la Capucine {Tropœlum majus) et ses
variétés. Cette plante est extrêmement sen-
sible; elle était couverte de fleurs. Il en
était de même de la Ficoïde glaciale (Me-
sembryanthemum cristallinum), des Réséda
odorata, Venidiiim cal en dulæ folium, Pétunia
alba, P. vinlacea et ses variétés; Nicotiana
iabacum, Physilis barbadensis. Agératum
mexicanum, A. nanum, Pyrethrum indi-
cum, P. sinense (Clmjsanihemuni).
Les Verveines (Verbena melindres), et ses
nombreuses variétés, semées au printemps
et cultivées aujourd’hui comme plantes an-
nuelles, montraient encore les diverses
nuances de leurs nombreuses fleurs.
Le 14 décembre au matin, le thermomètre
marquait 4 degrés au-dessous de zéro, et la
, jdupart des végétaux qui avaient ainsi con-
tinué à végéter en pleine terre par ces lon-
gues nuits fraîche» et humides ont succombé
à cette basse température, tels que les Ca-
pucines, Ficoïdes glaciales, etc. Quelques
Yucca ont eu leurs fleurs flétries. Mais il en
est aussi plusieurs qui ont résisté à ces deux
ou trois jours de gelée où le thermomètre
est descendu à — 5 et ^ — b degrés. Je suppose
que L'intensité du brouillard que nous avons
eu pendant ce temps aura protégé ces vé-
gétaux du rayonnement, car, malgré le givre
qui les couvrait de ses curieux et nombreux
festons, je n’ai remarqué aucun dégât sen-
sible. Ainsi l’on voit encore dans beau-
coup de jardins de Paris des Pélargonium,
dont les bourgeons n’ont pas cessé de vé-
géter, ce que je n’avais pas observé depuis
longtemps. Les Veronica auslralis, Ander-
sonii et autres variétés n’ont aucunement
souffert et ont continué à pousser.
Dès la fin du mois de décembre la tem-
pérature s’est adoucie, et elle a continué
pendant tout le mois de janvier, au point
que le 15 de ce mois on voyait en fleurs
les Amydalus orienta lis, Eranlhis hyemalis,
Scilla sibirica, Galanthiis plicatus, Aubrie-
lia deltoïdea, Helleborus airopurpureus.
Les oignons de diverses Liliacées, telles
que Saxifraga Ugnlata, Hepatica Iriloba
et ses variétés; Crocus, Hyacinthus, Nar-
cissus, etc., soulevaient, par un commen-
cement de végétation, la couche qui les
couvrait.
La température du premier mois de l’an-
née a été d’autant plus remarquable que
malgré que les nuits aient été très-claires
et étoilées, le thermomètre n’a pas descendu
le matin à plus de 1« au-dessous de zéro et
bien souvent il marquait de 3« à 7» au-des-
sus.
Nous nous proposons de continuer nos
observations pendant les mois de février et
mars, afin de suivre la floraison d’un grand
nombre de végétaux de pleine terre que
doit nécessairement provoquer une tempé-
rature aussi anormale que celle que nous
avons en ce moment sous le climat de Paris.
Pépin.
CULTURE DES VERGERS.
Sous le nom de verger, nous nous occu-
perons dans cet article des arbres fruitiers
à haute tige, que l’on cultive dans les champs,
dans les grands jardins et même sur le bord
des chemins, et auxquels on ne donne or-
dinairement que fort peu de soins.
Les arbres fruitiers cultivés dans les jar-
dins, et soumis à la taille annuelle, sont
maintenant en général bien traités. La cul-
ture de ces arbres a fait d’immenses progrès
depuis un certain nombre d’années, tant à
cause de la facilité que l’on a de vendre
I avec avantage les fruits sur tous les marchés
I qui avoisinent les voies ferrées, que pap
^ .3/ïaaT a^iajq '/i3 OTOiiîiRiÉ’i)]
cdèBtailik efiriraeoMl éans
‘F rance. Ces
côWis«plii)^iFs^^H^uttigrand bien en stimu-
Wîi1,ffè^ïè1ê-‘de-ceux qui se livrent déjà à
OtooricuUure, et en faisant connaître, àceux
(lui ignorent les principes de cette science
utile et agréable, comment on arrive à ob-
tenir des arbres fruitiers une production de
fruits abondante et soutenue.
Enfin , il existe de nombreux traités de
taille dans lesquels se trouvent développés
les moyens d’élever les arbres sous toute
espèce de formes.
Il n’en est pas ainsi pour les arbres a
haute tige. Les conseils dont on pourrait
avoir besoin pour créer un verger tout pres-
que complètement défaut. On parle raiement
des vergers dans les cours publics, et quel-
ques livres seulement fournissent oes indi-
cations sur ce sujet, mais les renseigne-
ments qu’on y trouve sont incomplets et in-
suffisants, surtout pour les climats de l’est
et du sud de la France.
Cependant, quand on pense qu’un Foirier
et un Pommier à haute tige , plantés et soi-
gnés convenalilement peuvent donner des
fruits pour toute une famille , on est étonné
de voir que cette culture si simi)le n’ait pas
été plus recomn andée.
En signalant nos observations, en faisant
part de "tous nos essais, et en indiquant les
bons résultats que nous avons finalement
obtenus, nous pensons être utile à toutes
les personnes qui ont pu se laisser décou-
rager par la non-réussite des plantations
d’arbres fruitiers à haute tige qu’elles ont
pu entreprendre, et nous espérons aussi faire
saisir tout l’intérêt qui se rattache à ces
sortes de plantations.
Il est triste d’avoir à constater l’étal déplo-
rable dans lequel se trouvent non-seulement
les vergers de nos localités, mais encore
ceux de beaucoup d’autres contrées, ün y
voit des arbres de 15 à 25 ans, rabougris,
couverts de mousses. Ces arbres, qui de-
vraient être à cet âge en pleine vigueur,
donnent à peine signe de vie; leurs fruits
sont généralement petits, rarement de gros-
seur'moyenne , presque toujours de qualité
médiocre.
Quand un de ces arbres meurt ou ne
pousse plus du tout, on le remplace par un
autre arbre qui dure encore moins long-
temps; après un troisième, et même un
quatrième remplacement, on se lasse et 1 on
se croit autorisé à dire que le terrain ne
convient pas aux arbres à haute tige , et
qu’il est inqiossible de les y faire prospérer,
malgré les fumures et les soins qui peuvent
leur être donnés.
Il faut chercher ailleurs que dans la na-
ture du terrain, la cause de cette non-réus-
site; nous la trouvons dans l’usage où l’on
est de planter les hautes tiges dans les
prairies , rarement ailleurs. Cet usage est
mauvais, et nous le condamnons d’une ma-
nière absolue, dans les Dombes surtout; tout
en reconnaissant qu’il existe dans les prai-
ries de certains pays de l’ouest et du nord
de la France des arbres séculaires et d’une ,
fertilité fabuleuse.
Cette différence dans la végétation est due
principalement au climat et peut-être un
peu aussi au sol ; ne pouvant pas modifier
le climat de notre pays, plus chaud et moins
humide en été que celui de la Bretagne, de
la Normandie et de la Picardie, nous ne de-
vons pas nous obstiner à prendre pour mo-
dèles les plantations des vergers faites dans
ce pays, quelque belles qu’elles soient.
Nous allons d’abord citer quelques faits
afin du bien établir comment se coniportent,
dans notre pays, les plantations faites dans
telles ou telles conditions.
Il existe, à 2 kilomètres de l’Ecole de
laSaulsaie, dans une petite prairie longue
et étroite, une soixantaine de Pommiers
plantés depuis environ vingt ans. Ils sont
protégés des vents du nord et du sud par
deux petits coteaux boisés. Malgré cet abri,
ils poussent très-peu, sont depuis longtemps
déjà couverts de mousses et de lichens, et
ne donnent chaque année que quelques pe-
tites Pommes qui sont loin de compenser,
)»ar leur produit, le tort qu’ils font à la
prairie.
C’est ainsi que végètent les arbres plantés
dans les prés de nos environs, et beaucoup
d’entre eux u’alteignent pas l’àge de ceux
que nous avons pris pour exemples.
Mais si on examine les quelques arbres
qui sont, en trop petit nombre, dans les jar-
dins de ferme, on les voit pousser vigou-
reusement, donner des produits abondants,
quoique souvent ils aient plus d’un demi-
siècle.
Cette croissance et cette fertilité sont dues
à ce que la terre du jardin est travaillée cha-
que année et fumée de temps en tenips.^Si
l’on abandonne le jardin et que l’herbe s’en
empare, on voit aussitôt les arbres cesser
de pousser avec la même vigueur, et ils ne
tardent pas à devenir rabougris. ^
Examinons maintenant la végétation des
arbres dans les plaines riches et fertiles du
bord du Bhône, en partant de Montluel pour
nous arrêter à Miribel. Là, la terre végétale
atteint, sur certains points, une épaisseur de
plusieurs mètres, et comme elle repose sur
l’ancien lit du Rhône, qui est formé de cail-
loux roulés, on peut la considérer comme
étant convenable:nent drainée.
Nous verrons sur ce sol profond les ar-
bres fruitiers à haute tige i)lantés dans les
prairies pousser un peu .mieux qu’en Dom-
bes, mais ils sont loin d’avoir une vigueur
convenable : la plupart ne produisent pres-
que rien et atteignent rarement une tren-
CULTURE DES VERGERS.
77
taille d’années ; tandis que ceux qui, dans
ces memes localités, se trouvent dans les
vignes et dans les jardins, sont beaucoup
plus beaux et arrivent à un âge très-
avancé.
Ici, comme ailleurs, on peut donc con-
staler les bons effets de la culture annuelle
du sol sur la croissance et la durée des
arbres.
Si, de Monlluel, nous remontons du côté
de Meximieux, nous trouvons une plaine
sableuse et graveleuse, avec une faibie cou-
che de terre végétale, dans laquelle nous
avons vu les arbres fruitiers végéter très-
mal et mourir en peu de temps quand ils
sont plantés dans les^prés.
Mais revenons à l’École de laSaulsaie, où
nous pourrons montrer des exemples nom-
breux et convaincants d’une végétation pro-
spère ou souffreteuse applicables à toutes
espèces d’arbres , suivant qu’ils ont été
plantés dans des terres cultivées ou dans
les prés.
En 185d, nous avons, pour créer une
école dendrologique, planté au printemps
plus de 400 arbres et arbrisseaux sur un ter-
rain qui avait été défoncé et drainé à l’au-
tomne : l’année suivante, tout le terrain a
été semé en gazon, à rexception des che-
mins et en réservant une surface d’un mètre
au pied de chaque arbre pour donner les
binages nécessaires. Tous ces arbres et ar-
brisseaux, plantés isolés, ont assez bien
poussé pendant cinq à six ans ; puis, tout à
coup, la végétation s’est arrêtée et plusieurs
arbrisseaux ont péri. Beaucoup d’arbres ont
été remplacés en vain plusieurs fois. Les
Chênes et les Charmes, quoique indigènes
et venant bien dans les bois de notre pays,
n’ont jamais pu pousser assez vigoureuse-
ment dans ce sol gazonné, pour se former
une tête convenable.
Les arbres de cette école n’étaient pas
seulement plantés pour agrément, ils étaient
s.irtout des arbres d’étude, et il était im-
portant d’améliorer promptement leur état
de végétation.
A l’automne de 1861, nous déplantâmes
tous les arbrisseaux et la plus grande partie
des arbres, et nous fîmes défoncer de nou-
veau, à 0"L65 de profondeur, de petites par-
ties de terrain sur lesquelles nous replan-
tâmes au printemps suivant ces mêmes ar-
bres et arbrisseaux qui furent ainsi mis en
groupe, au lieu d’être isolés comme ils
l’étaient dans le principe. Le gazon fut com-
plètement labouré sur tout le reste de la
la surface afin de pouvoir donner dans la
suite au terrain les labours et binages néces-
saires pour maintenir la terre propre et la
rendre pénétrable aux agents atmosphé-
riques.
Jamais nos travaux n’ont été couronnés
d’un pareil succès, arbres et arbrisseaux
replantés ou restés en place ont poussé
l’année même, ainsi que les suivantes, avec
une vigueur étonnante.
Rappelons un autre fait qui prouve, com-
me le précédent, l’influence de la culture
du sol sur l’avenir des plantations faites
dans notre pays.
Une Mûraie fut plantée en 1853, sur les
terrains de l’École ; dans ce but, des bandes
de terre de 6 mètres de largeur furent dé-
foncées à 0'".65 de profondeur; au milieu
de chacune de ces bandes, espacées entre
elles de 10 mètres, on planta une ligne de
Mûriers nains, â 5 mètres les uns des autres.
La moitié des terrains sur lesquels ils ont été
plantés, fut ensemencée en prairie, tout en
laissant une bande de deux mètres sur les
lignes d’arbres, pour être travaillée au be-
soin. L’autre moitié fut réservée pour faire
différentes cultures â la charrue.
On a cessé de tailler les Mûriers en 1861,
pour les laisser croître en liberté : ceux de
la partie cultivée ont donné depuis quatre
ans, des branches de 3 à 4 mètres de lon-
gueur, tandis que les pousses des autres
Mûriers de la partie en pré ont à peine at-
teint 1"‘.50. Les premiers sont trois fois
aussi gros et trois fois aussi étendus que les
derniers.
Terminons en citant encore deux lignes
de Frênes, plantés sur le bord d’un chemin,
il y a une douzaine d’années; d’un côté, ils
sont dans un champ cultivé â la charrue, et
de l’autre dans une prairie où la terre est
profonde et bonne. Les Frênes dans la prai-
rie ont 0"L27 de circonférence à l’inbO au-
dessus du sol; ceux de la terre cultivée en
ont 0"L6Ü à la même hauteur.
Parlons maintenant de ta manière dont
nous avons d’abord établi des vergers à
l’École de la Saulsaie. Deux champs, ayant
chacun plus de 2 hectares et demi, fu-
rent désignés, en 1851, pour être convertis
en verger et en prairie. L’un, au sud des
bâtiments, dans un terrain facile â travailler,
et profond de 1 mètre environ; l’autre, au
nord, dans un sol plus dur et recouvert, sur
certains points, de terre provenant de diffé-
rentes fouilles.
Des bandes, espacées entre elles de
^20 mètres, furent défoncées â Om. 65 de pro-
fondeur, sur 6 à 8 mètres de largeur, et
malgré la pente du terrain, un drainage en
tuyaux a été pratiqué afin d’éviter l’humidité
du sous-sol.
Les arbres plantés au milieu de chaque
bande de terre, en 185i2 et 1853, ont été
espacés entre eux de 10 mètres, dans le but
de ne pas nuire à la prairie qu’on y allait
faire, et un espace de 2”L50 de diamètre a
été réservé au pied de chaque arbre, pour
donner annuellement les labours et binages
I convenables. Mais quoique la terre ait été
I fumée pendant deux ans, vers la cinquième
7t
ccltüre7D-es:\i:rgers.
armée on s’aperçut déjà que h"» végétation
devenait languissante ; les arbres prirent de
la mousse et des lichens, et au bout de dix
ans, n’ayant plus l’espoir de les voir reprendre
de la vigueur, malgré les fumures et autres
>üins, on se décida à faire disparaître com-
plètement le verger situé au sud* des bâti-
ments.
Les 150 arbres dont il était ' composé,’
Poiriers, Pommiers, Pruniers et Cerisiers
ne nous ont pas donné un décalitre de fruits,
pendant les dix années qu’ils ont vécu.
L’autre verger, au nord de l’Ecole, existe
encore, mais les arbres ne produisent pas
plus que ceux qu’on a arrachés. Nous dirons
cependant que les Cerisiers, ainsi que les
Pruniers et les Abricotiers donnent de temps
en temps quelques fruits L
Passons au jardin-potager-fruitier; nous
y verrons des arbres que des connaisseurs
en arboriculture ont trouvé magnifiques sous
tous les rapports. Ce jardin est planté de
plus de deux mille pieds d’arbres : un cer-
tain nombre se trouve sur un petit coteau,
dans un mauvais gravier. Tous ces arbres
sont aujourd’hui dans leur quinzième année,
poussent toujours avec une bonne vigueur
et sont depuis longtemps déjà d’une grande
fertilité. Et pourtant les arbres fruitiers et
autres, dont nous avons parlé précédemment,
et dont nous avons constaté et fait ressortir
le triste état de végétation, sont plantés tout
autour du jardin fruitier, et par conséquent
se trouvent dans le même sol. A quoi attri-
buer cette différence? On serait porté à
croire qu’elle est due à la taille : il n’en est
rien ; la taille ne peut donner de la force à
un arbre rabougri, surtout quand cet état
provient du sol. Mais tout cela s’explique,
quand on sait que, dans le jardin potager-
fruitier, la terre est cultivée et remuée sou-
vent, et que dans les carrés qui ne sont pas
cultivés, parce que les arbres, étant très-
rapprocbés les uns des autres, nuiraient
aux cultures, ou donne, après un léger la-
bour d’hiver, quatre à cinq binages en
été.
Dans les vergers, l’herbe ou les plantes
qui forment le pré sèchent la terre en été,
nuisent par conséquent à la végétation des
arbres. En eftét, si la sécheresse se pro-
longe, l’herbe a bientôt enlevé, même à une
grande profondeur, l’humidité du sol, et les
racines des arbres ne trouvant plus ce dont
elles ont besoin pour vivre, cessent alors de
végéter.
Le mal est d’autant plus grand que le
sous-sol est plus dur, parce que, dans un
’ L’Abricotier vient très-mal dans la Bombes ; il
est toujours malade; les fruits qu’il produit sont
galeux, petits et mauvais. C’est un arbre à exclure
de nos cultures, ainsi que le Pêcher dont les fruits
sont plus mauvais encore. Il faut absolument à ces
deux arbres l’espalier au levant.
sol de cette nature, l’action si utile de la ca-
pillarité est bien faible L
< Il semble que, dans les prés irrigués, les
arbres -devraient pousser convenablement ;
mais les racines y souffrent généralement
d’un excès d’humidité. Il n’y a que dans les
terrains profonds et à sous-sol humide que
les arbres .poussent bien, et encore faut-il
que cette humidité ne soit ni trop grande ni
continue.
De tous les faits que nous avons cru de-
voir citer, il résulte que les arbres fruitiers,
nains ou à haute tige, viennent loujcurs bien
partout, dans un sol convenable, quand on
cultive la terre dans laquelle ils sont plan-
tés, ou même quand on donne à cette terre
seulement des binages, de manière à facili-
ter l’introduction de la pluie, de l’air et de
la chaleur, en détruisant les mauvaises her-
bes, qui sont bien plus nuisibles qu’on ne le
pense généralement. Celte remarque expli-
que pourquoi dans les prairies on voit rare-
ment les arbres y donner des produits satis-
faisants, surtout dans la Dombes.
Ce n’est qu’au bout d’un certain temps,
qui est plus ou moins long, selon la qualité
du sol, quand les arbres plantés rapprochés,
à 6 ou 7 mètres par exemple, sont sur le
point de se toucher par l’extrémité de leurs
branches et qu’ils projettent leur ombre sur
toute la surface du terrain, que l’on peut
semer au-dessous d’eux un pré pour servir
(le pâturage. Les arbres seront alors assez
forts pour résister à la sécheresse, et le bé-
tail ne pourra les endommager.
C‘est alors seulement que l’herbe ne leur
portera pas ou du moins leur porterera peu
de préjudice ; mais il vaut toujours mieux,
dans l’intérêt des arbres, donner au sol des
binages nécessaires pour détruire les mau-
vaises herbes tout en le rendant plus per-
méable.
En examinant ce qui se passait autour de
nous, il nous était facile de comprendre, en
arrivant dans ce pays, que nous aurions
beaucoup de peine à faire prospérer les
arbres dans des terrains gazonnés, dans les
prairies par exemple ; nous nous sommes
pourtant mis consciencieusement à l’œuvre,
nous avons essayé , et aujourd’hui nous
n’hésitons pas à dire que la culture des ar-
bres fruitiers à haute tige, telle que nous
l’avons d’abord pratiquée, est à peu près im-
possible dans la Dombes.
Aussi , nous avons procédé autrement
pour créer un nouveau verger, il y a si^
1 En Dombes, nous avons remarqué que, après
une bonne pluie survenant en été à la suite d’une
sécheresse, quand la terre cultivée et travaillée est
trempée de O'". 30 à 0"’.40 de ]trofondeur, le sol de
la prairie l’est de 0"'.05 à 0'".10 seulement ; il faut
les longues pluies d’automne ou d’hiver pour attein-
dre O"' .60 à 0"\80. On comprendra alors combien,
si l’été n’est pas pluvieux, les arbres auront à souf-
frir longtemps de la sécheresse du sol.
CULTURE DES VERGERS.
79
ans, à l’extrémité sud-est dujardin potager.
La terre qui avait été défoncée une première
fois, il y a quinze ans, à 0"L65 de profon-
deur, le fut de nouveau à O*". 80, el soixante-
dix arbres fruitiers de différentes espèces y
ont été plantés en quinconce à 6 mètres
de distance.
Sur cette terre fumée tous les deux ans,
nous cultivons chaque année des légumes,
en laissant une surface de ^2 mètres de dia-
mètre auprès de chaque arbre sans la livrer
à la culture, mais cette surface est binée
pdur ameublir le sol.
Au moment des labours du reste du
champ, on a soin de ne pas aller profondé-
ment, pour ne pas endommager les racines
REVUE DES PUBLICATMS 1
Le Botanical Magazine nous donne les
figures et les descriptions des plantes sui-
vantes :
Cyprlpedium concolor, HoOKER. pl. 5513.
Espèce or'ginaire de Moulmein, où elle
croît sur les rochers calcaires. Elle est re-
marquable autant par ses belles feuilles,
très-étalées, pourpres en dessous, ornées de
nombreuses bandes transversales blanches
sur un fond vert foncé en dessus. Ses gran-
des fleurs, disposées deux à deux sur des
hampes florales très-courtes, sont d’une cou-
leur jaune pâle uniforme.
Vello.«ila eandida, MlKAi', pl. 5514.
Les fleurs blanches de cette belle Hæmo-
doracée ressemblent beaucoup, par. leur
forme et leur grandeur, à celles d’un Lis
blanc, bien qu’un examen plus approfondi
nous apprennent que nous n’avons pas ici
affaire à une Liliacée, car les fleurs sont à
ovaires inférieurs, aux étamines polyadel-
phes nombreuses. La patrie de cette belle
plante, dont les feuilles linéaires rappellent
celles des Graminées, est le Brésil, et elle
ne paraît pas être rare aux environs de Rio-
de-Janeiro.
Dendrobium hedyosiim, Rateman, pl. 5515.
Espèce originaire de Moulmein, où elle fut
découverte par M. Parish , et envoyée par
lui il y a deux ans, à MM. Hugh Low à G® ,
à Clapton. sous le nom de Dendrobium al-
boviride. C’est une espèce très-florifère, à
fleurs de grandeur moyenne, d’un blanc
pur, sauf le labelle qui, dans sa partie in-
férieure, est vert; le grand lobe du milieu
est jaune et orné de stries longitudinales
orangées.
qui partent du pied des arbres et se trou-
vent toujours à une faible profondeur.
Nous pouvons déjà dire, dès aujourd’hui,
à l’aspect satisfaisant des arbres, que ce
petit verger ne nous fera pas défaut. Nous
avons la ferme conviction que notre essai
sera le modèle à suivre pour la plantation
de tous les vergers qu’on voudra établir en
Bombes et même ailleurs. Nous croyons
donc avoir vaincu une des plus grandes dif-
ficultés qui se soit jusqu’à présent oppo-
sée à la propagation des arbres fruitiers.
Verrier,
Jardinier-chef à l’Ecole d’agriculture de
La Saulsaie (Ain),
)RTIC0LES DE L’ÉTRANGER.
Acanthus montanus, ÂNDERSOX, pl. 5516.
Cette belle plante a été découverte par
Vogel, à Fernando-Po, et depuis récoltée au
même endroit par M. Man, à une élévation
de 700 mètres au-dessus du niveau de la
mer.
Ses grandes feuilles, très-ornementales,
sont oblongues ou oblongues-lancéolées,
pinnatifides et épineuses. Ses fleurs, à am-
ples limbes roses, sont disposées en épis
terminaux.
Rallliardta ciliolata, De Candolle, pl. 5517,
Joli petit arbuste de la ‘famille des Com-
posées, qui, au premier coup d’œil, fait
l’effet d’un Cerinthe, ou de quelque Borra-
ginée voisine, à cause de ses capitules flo-
raux disposés unilatéralement aux sommets
des rameaux. Les feuilles décussées, lan-
céolées-linéaires, sont hispidescomme celles
d’un grand nombre de Borraginées , ce qui
ajoute encore à la ressemblance dont nous
venons de parler. Celte plante est originaire
de Hawaïï, aux îles Shandwich d’où elle a
été envoyée au jardin de Kew, par le D*' Hil-
lebrand.
Anenione (Hepatical angulosa, LamarK,
pl. 5518.
Cette belle Renonculacée printanière
très-rustique , avec ses feuilles radicales
aimées à trois ou cinq lobes crénelés au
ord, est considérée par M. Spach comme
n’étant qu’une variété de l’Hépatique ordi-
naire, si commune sur nos marchés au
printemps. En effet, la plante figurée dans
le Botanical Magazme ne paraît se distin-
guer de notre variété indigène que par la
différence de forme de ses feuilles.
J. Groenland.
REVUE COMMERCIALE (pra<:MiERE quinzaine de février).
Légumes frais. — H y a eu baisse générale
sur lés prix de toutes les denrées vendues à la
Halle de Paris, pendant la première quinzaine
de février. Cette baisse, peu considérable, mais
soutenue, semble être le résultat de la douceur
de rinver que nous traversons. Les Carottes
pour chevaux valent aujourd’hui de 10 à 12fr.
les 100 bottes, au lieu de 10 à 15 fr.; les Ca-
rottes ordinaires se vendent de 40 à45 fr., avec
une diminution de 5 fr. sur le prix maximum. —
Les Panais sont cotés de 18 à 44 fr., au lieu de
40 à 44 fr., et tes Poireaux , de 40 à 45 fr. les
100 bottes, au lieu de 40 à 30 fr. — Les Choux
ordinaires. sont diminués de moitié depuis le
1er février, et se vendent de 5 à 15 fr. Ip 100. —
Les Choux-lleurs de llretagne ordinaires sont au
prix de 40fr. le 100 avec 15 fr. d’augmentation;
mais les plus beaux valent 5 fr, de moins qu’il
y a quinze jours, c’est-à-dire, 70 fr. — L’hecto-
litre d’Oignons en grains est coté de 14 à 15fr.
— Les Uadis roses valent de 0L50 à 0C45 la
botte au lieu de OC50 à Ot.75. — Le maniveau
de Champignons est revenu à son coursnormal
de 0L5 à OCIO. — Les Céleris raves sont cotés
de Of.lO à OUI 5 la pièce.
Herbes et assaisonnements. — Les Epinards
valent de 0L40 à OCiO le paquet, au lieu de
0f.40 à OLOO. — L’Oseille se paie de 0030 à
Of. 40 avec une baisse de 0040 p‘'r paquet. —
Le Cerfeuil ordinaire est coté OLIO la botte
au lieu de 0L40; le plus beau reste toujours au
prix de 0L30 — Le Persil ne vaut plus que de
0f,10 à 0C40 la botte ; au calais on le paie de
0*4 5 à 0C30. —L’Ail se vend de 4 Ir. à 4L50 le
paquet de 45 boites avec une diminution de
Of 50 sur le prix maximum. — La Ciboule etle
Th'ym se vendent de Of.lO à 0f.15 la botte. —
Les Échalotes sont cotées de 0f.30 à 0f.50 au
lieu de 0f.40 à 0f.80. .
Pommes de terre. — La Hollande se paie
de 0 fr. à 0f.50 riicctolitre. — La Vitelote vaut
de 9f.50 à 10; les Pommes de terre jaune, de
4 à 5 fr.-, et les rouges de 0 à G 50.
Salades. — La Laitue, dont le prix s’était ar-
reté à la fin de janvier à 3 et 4 fr le 100, est
revenue aujourd’hui à son ancien cours de 4 à
5 fp. — Le Cresson ordinaire a diminué de
()f.15en moyenne par botte; on le vend de
Of. 15 à 0f.80. — La Chicorée frisée vaut de 4 à
15 fr. le 100 avec 4 fr. de diminution. — L’Es-
carole est cotée de 10 à 15 fr. le 100 au lieu de
5 à 40 fr.
Fruits frais.— Les Poires les plus ordinaires
en ce moment ne se vendent pas à moins de
40 fr. le cent; les plusbelles valent jusqu’à 1 fr.
la pièce. — Les Pommes de première grosseur
et qualité se vendent presque aussi cher, Of.95
la pièce; mais les Pommes communes sont seu-
lement à 4f.50. — Le Chasselas de serre vaiit
toujours 4 fr. au plus bas prix; le prix maxi-
mum est un peu abaissé depuis quinze jours; il
est de 5 francs.
Plantps à feuillage, pour décoration de jar-
dinières, meubles, et vases d'appai tement. —
Agave, 4 à 5 fr. — Aloës, 1 à 3 fr. —
.i-alia, 3 à 10 fr. — Arbousier, If 50 à 4 fr.
A
— Aspidistra, 4f.50 à 10 fr. ‘ — Acacia lo-
phanta, 0f.50 à lf.50. — Aucuha, 1 à 3 fr. —
Alaternes, 1 f.45 à 4 fr. — llcgonia, Of.75 à4f.50
et 3 fr. — P)uis, 1 à 4 fr. — Canna, 1 à 4 fr. —
Cyperus alternifolius, lf.50 à 5 fr. — Chamæ-
rops, 5 à 15 fr. — Curculigo, 5 à 10 fr. — Ci-
néraire maritime, Of.75 à 1 fr. — Caladium et
Colocasia, 4f.50 à 10 fr. — Carex japonica,
()f.50 à lf.50. — Cereus llagelliformis, If.IjO à
4f.50 fr. — Calathæa zebrina, 4f.50 à 5 fr. —
Cactées et Crassulacées diverses, 0f.50 à lf.50.
— Cotoneasters, Of.75 à lf.50. — ■ Delairea,
Of.75 à 1 fr. — Dracœna congesta, lf.50 à 3 fr.
— Dracœna rubra, 4f.50 à 5 fr. — Dracœna
terminalis variegata, 5 à 15 fr. — Dracœna
australis, 3 à 10 fr. — Dracœna brasiliensis,
5 à 15 fr. — Ficus elastica, 3 à 10 fr. — Fou-
gères, Of.75 à 5 fr. — Fusains verts et argen-
tés, 1 à 4 fr. — Gynérium, lf.50 à 10 fr.; Of.75
à lf.50. — Grevillea robusta, lf.50 à 4 fr. —
Géranium à feuilles de Lierre, 1 à 4 fr. — Ge-
névriers, 1 à 4 fr. — Houx, If. 50 à 4f.50. —
Isolepis ’gracilis, Of.75 à ff.45. — Iris pana-
chés, Of.75 à lf.50. — Latania, 10 à 40 fr. —
Lycopodes, Sélaginelles, 0f.50à 1 fr. — Lierre,
01.50 à 1 fr. — Laurier de Colchide, 1 fr. à
4f.50. — Mahonia, 1 fr. à If. 75. — Magnolia,
3 à 15 fr. — Mimosa lophanta, 1f.45 à 4 fr. —
Maranta, 3 à 10 fr. — Opuntia, 0f.50 à lf.50.
— Pandanus, 10 à 40 fr. — Pitcairnia, 3 à 5 fr.
— Palmiers divers, 14 à 45 fr. — Pervenches
panachées, 1 à 4 fr. — Phormium, 4f.50 à 5 fr.
— Puya, 3 à 5 fr. — Phœnia, 10 à 40 fr. —
Photinia, 1 à 4 fr. — Pins, Üf.50 à 4f.50. —
Piltosporum, 4f.50 à 5 fr. — Itomarin, 0f.50 à
Of.75. — Sapins, 1 à 3 fr. — lUiapis, 8 à 15 fr.
— Piichardia, 0f.50 à lf.50. — Sahal, 10 a
40 fr. — Séquoia, 4 à 4 fr. — Rhododendrons,
4f.50 à 5 fr. — Sapinettes, 1 à 3 fr. — Troè-
nes, 1 à 3 fr. — Tradescantia repens, lf.50 à
4f.50. — Tra'descantia zebrina, 4à3fr. — AAelling-
tonia, 3 à 10 fr. — Thuya, Of.75 à lf.50 et
plus. — Yucca, lf.50 à 10 Rancs.
Plantes fleuries en pots. — Anthémis frutes-
cent, 1 fr. à ff.45. — Azalées, 3 à 5 fr. —
liruyères du Cap (Phylica), 1 tr. a lf.50. —
bruyères (Erica) diverses, t)f.50 à iC50_.^--
billhergia, 5 à 10 fr. — Cinéraires, OL75 a
je. 25. — Camellias, 3 à 10 fr. — Citronniers,
1.50 à 4 fr. — Cyclamen de Perse, 1 fr. à 4f.50.
— Crocus, Of.45 à Of.50. — Deutzia gracilis,
ff.50 à 4 fr. — Daphné, lf.50à4fr. — Épiphyl-
lum truncatum, 4f.50 à 5 fr. — Epacris, lf.50
à 4 fr. — Fuchsia, ff.45 à 4 fr. — Iberis sem-
perllorens, t)f.75 à ff.45. — Héliotropes, 1 Ir, a
lf.50. — Jacinthes, t)f.50 à 1 fr. — Lilas, JL50
à 4 fr. — Metrosideros, 3 à 5 fr. — Q*]illets
remontants, lf.45 à lf.50. — Orangers, 3 a
5 fp. _ Pensées, Qf.50 à Of.45. — Pninevères
de Chine,0f.35 àt)f,75. — Rosiers, 1L45 a 4f.50.
— Réséda, 0f.75à Ifr. — Rhodod endrons, 3 à
10 fr. — Solanum amomum, Of.40 à Of.75. —
Spirée, ff.50 à 4 fr. — làdipes hâtives, 0L45 à
0f.50. — VéronictLles, 1 fr. à lj.50. — \iolette
des quatre saisons, 0f,45 à 0f*50. — Viburnmn
Tinus, 1 fr. à lf.50. A. Frri.et.
CimONlQÜE HORTICOLE
(DEUXIÈME QUIXZAIXE DE FÉVRIER).
) Prochaines Expositions de Cannes, Metz, Saint-Germain-en-Laye, Nantes. — ■ Fondation de la Société
agricole et horticole de Cannes et de l’arrondissement de Grasse. — L’horticulture dans les concours
régionaux agricoles. — Rapport fait sur ce sujet à la Société Nantaise par M. de Courmaceul. — Pétition
delà Société d’horticulture de la Haute-Garonne à l’Empereur. — Réponse du Ministre de l’agriculture. —
Subventions accordées aux Sociétés d’horticultui'e par l’Etat. — Règlement de l’Exposition horticole de Metz.
— Scission dms la Société d’horticulture de l’Aube. — (Questions mises au concours par la fédération
des Sociétés d’horticulture belges. — Question mise au concours par la Société centrale d’horticulture
de Paris. — Le Géranium Gloire des Forges d’Abaincourt. — Lettre de M. Didier. — Protestation de
M. d’Auvers contre un article fini lui est attribué dans le Bulletin de la Société de Melun et Fontainebleau.
Il Nous avons à annoncer plusieurs Expo-
silions horticoles printanières, à Cannes,
du 7 au 10 avril; à Metz, du 5 au 7 mai; à
: Saint-Gerinaiîi-eL-Laye, du 10 au 10 mai;
et enfin à Nantes, dans la première quinzaine
! du môme mois.
[ L’Exposition de Cannes est la première
j qui aura lieu dans celle ville; elle se répé-
; lera désormais tous les ans; elle sera
i dirigée par une Société qui s’est fon-
I dre, à la fin de 1805, sous le titre de So-
! ■ ciélé agricole et horticole de Cannes cl
r de h arrondissement de Grasse. Nous sou-
haitons la bienvenue avec plaisir à une as-
sociation qui doit contribuer à augmenter
la prospérité d’une contrée dont le climat
est privilégié entre tous les séjours que
l’homme peut occuper sur notre planète.
Le but de la Société agricole et horticole de
Cannes est d’ailleurs aussi général que pos-
, sible; il consistera à travailler au dévelop-
pement de l'agriculture et au perfectionne-
ment des diverses races d’animaux qui y
sont attachées; à encourager les cultures
industrielle^ florales et maraîchères les plus
avantageuses au pays; à favoriser dans la
I contrée l’introduction des plantes et végé-
taux utiles et agréables; à accroître le nom-
bre et l’importance des pépinières; à sur-
veiller et à diriger la taille des arbres ; à
propager les nouveaux procédés et les
meilleures méthodes; en un mot à s’occuper
de l’amélioration de tout ce qui se rattache
aux sciences horticole et agricole.
I La liaison de l’horticulture et de l’agri-
culture doit se faire de plus en plus intime.
C’est le vœu de tous les horticulteurs C’est
dans ce but que beaucoup d’associations hor-
ticoles organisent des Expositions des pro-
duits des jardins, pour les faire annexer aux
Concours régionaux d’agriculture, comm-e
vient de le décider encore la Société Nan-
taise d’horticulture. Celte Société espère
I qu’il y aura dorénavant participation de
l’horticulture à la prime d’honneur et
aux diverses récompenses à décerner aux
produits du sol dans les Concours régionaux.
A ce sujet, il a été fait le rapport suivant
\ dans la séance du 21 janvier dernier delà
J Société Nantaise :
M. le Ministre de l’agriculture, du commerce
et des travaux publics doit prendre très-pro-
chainement l’arrêté qui fixera les conditions des
I®'’ MARS 1866,
douze Concours régionaux de 1866. Il n’est pas
douteux que riiorliculture ne soit appelée à y
occuper un rang dist ngué, et déjà les Sociétés
ont reçu, tant de la pari du gouvernement que
de la part des autorités locales, l’invitation de
se préparer à ces solennités.
Cependant, admise en fait à y participer, l’on
a émis un doute sur le droit de l’industrie hor-
ticole à concourir, comme toutes les autres bran-
ches de la culture, aux médailles et primes ac-
cordées, dans cette circonstance, aux exposants.
Des Sociétés se sont émues de cette situation
qui constituerait les intérêts qu’elles représen-
tent dans une infériorité injuste. Un incident
surtoi^t a éveillé leur sollicitude : en 1861, l’hor-
ticulture avait été tenue à l’écart, lors du Con-
cours régional de Toulouse.
La Société de la Haute-Garonne fit valoir, à
cette époque, diverses considérations de nature
à modifier, pour l’avenir, cet état de choses.
En 1865, elle adressa à l’Empereur une pétition
dans laquelle, faisant ressortir le rôle considé-
rable et bienfaisant deLhorticulture, elle deman-
dait que ledroitdes exposants de cette catégorie
fût consacré par les programmes officiels et que
le stimulant des récompenses fût mis en rapport
avec les sacrifices, les avances et les risques
des producteurs; elle appuyait principalement
sur la nécessité de les admettre à disputer,
concurremment avec les agriculteurs, la Prime
d’honneur.
Cette pétition a été prise en considération par
le gouvernement, et M. Béhic, ministre de l’a-
griculture, y a répondu par une lettre qui doit
servir de règle pour l’avenir.
Le Ministre constate que les instructions re-
latives à la {‘rime d’honneur, étant conçues en
termes généraux, comprennent toutes les bran-
ches de l’industrie rurale, et, par conséquent,
Vhorticultiire. 11 ajoute que les produits de
l’horticulture prennent part aux récompenses
offertes dans la 4e division des programmes des
Concours, laquelle propose des médailles aux
produits agricoles et matières utiles à l’agri-
culture.
« Une saurait, dit le Ministre, y avoir doute à eet
égard, la rédaction moins explicite adoptée aujour-
d’hui n’ayant fait que remplacer les teimes beau-
coup plus précis des arrêtés organiques des exhi-
bitions régionales, lesquelles décernaient des mé-
dailles aux produits agricoles, tels que grains,
égumes, fruits, etc. »
Cette déclaration si nette du Ministre a été
acceptée avec reconnaissance par toutes les
Sociétés horticoles qui avaient conçu les mêmes
inquiétudes. Il demeure acquis désormais que
les exposants de l’horticulture sont admis à ces
grandes exhibitions sur le pied de l’égalité la plus
parfaite avec les exposants des autres catégories;,
S
I
CIIRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE FÉVRIER).
8â
qu’ils ont le droit d’aspirer aux mêmes récom-
penses, et qu’à l’avenir MM. les Inspecteurs
généraux chargés de diriger l’organisation des
Concours régionaux devront veiller à ce que
les produits de l’horticulture soient placés au-
près des objets relatifs à l’agriculture.
Il en sera ainsi, nous l’espérons, lors de l’Ex-
position régionale qui s’ouvrira à Nantes au
mois de mai prochain. L’horticulture de notre
pays, si avancée dans ses procédés, si recom-
mandable par les efforts qu’elle a faits depuis
vingt ans dans la voie du progrès, occupera
une place considérable dans cette fête, assises
périodiques où doivent figurer toutes les bran-
ches de culture de notre contrée. Conviée à y
prendre une part active, la Société Nantaise
d’horticulture organise avec zèle l’exposition
qu’elle est chargée de diriger, et prélude ainsi
à la . grande manifestation qui se prépare, dans
les départements de l’Ouest, pour l’Exposition
universelle de 1867.
Le Secrétaire général adjoint,
Y. DE COURMACEUL.
Nous désirons que l’horticulture soit
vraiment appelée à occuper une grande
place dans les concours régionaux. Mais
jusqu’à présent, ce n’est tout à fait que par
exception que les produits horticoles ont été
récompensés dans ces solennités. Générale-
ment, l’horticulture n’a été considérée que
comme un accessoire presque toujours sé-
paré du concours régional. En outre, nous
n’avons jamais entendu, pour ainsi dire,
parler des jardins dans les rapports faits
sur les primes d’honneur; s’il a été question
de l’horticulture, c’est tout à fait exception-
nellement. Nous craignons que le rapport
fait à la Société Nantaise d’horticulture se
soit fait des illusions sur la portée de la
réponse faite à la Société d’horticulture de
la Haute-Garonne par M. le Ministre de
l’agriculture. Pour que l’on puisse se faire
une opinion, nous allons donner du reste le
texte même des documents auxquels M. de
Courmaceul a fait allusion. Yoici d’abord la
pétition adressée à l’Empereur à la date du
2 juin dernier:
Sire,
Les parcs, jardins et vergers représentent la
vingt -et-unième partie du sol cultivé en France ; sous
le rapport de l’étendue, ils égalent la plupart des
diverses cultures prises isolément, et, en considé-
rant l’abondance et la valeur de leurs produits, ils
doivent être mis au rang des branches de l’indus-
trie du sol les plus utiles et les plus fécondes.
La statistique ne fournit pas, il est vrai, des don-
nées très-précises sur l’importance de la production
horticole. A parties états des douanes relatifs à l’ex-
portation des fruits frais, les comptes de quelques
compagnies de transport et les renseignements spé-
ciaux à la ville de Paris, on ne peut connaître au
juste ce qui se produit, se vend et se consomme
en France, en fait de fruits et légumes frais, de
plants d’arbres et d’arbustes à fruits ou d’ornement,
forestiers, ou d’alignement, enfin, en fleurs et plantes
lleuries. Les chiffres élevés fournis par les docu-
ments officiels qui viennent d’ctre mentionnés, limi-
tés pourtant à quelques produits et à certaines con-
trées, laissent entrevoir toute l’étendue de cette
jiroduction. La réllexion et le raisonnement condui-
sent bientôt à admettre qu’elle représente plusieurs
centaines de millions. Qu’on laisse un instant de
côté les produits exportés, les consommations de
luxe, qu’on envisage seulement les denrées de pre-
mière nécessité destinées aux besoins de chaque
jour, qu’on fixe à un chiffre très-réduit la dépense
de chaque ménage en fruits et légumes frais, et l’on
verra que cette consommation suppose une produc-
tion immense.
L’art horticole ne porte-t-il pas d’ailleurs le ren-
dement du sol à son maximum d’intensité, et le
jardin n’est-il })as le type proverbial de la plus haute
richesse territoriale? Cette industrie répond à des
besoins nombreux et de premier ordre ; elle rend
au pays les plus grands services et vient en aide
aux autres branches de la culture du sol.
Les produits des jardins occupent une telle place
dans l’alimentation générale que, s’ils venaient à
manquer, une grande perturbation serait apportée à
la santé publique.
L’horticulture remplit la mission non moins utile
d’aller dans tous les pays du globe à la recherche de
tous les végétaux propres à la nourriture de l’homme
ou de nature à satisfaire ses besoins ou ses jouis-
sances. Elle étudie les conditions de leur dévelop-
pement, leur mode de multiplication; elle les plie
et les soumet à nos exigences, elle parvient à en
obtenir des types plus féconds et plus rustiques dont
elle enrichit la grande culture. C’est ainsi qu’elle lui
a livré la pomme de terre, la betterave, et de nom-
breuses variétés d’arbres fruitiers qui sont autant
de précieuses et immenses ressources.
A l’égard des procédés techniques, l’horticulteur
fournit à la culture générale plus d’un enseigne-
ment, car, la première entre toutes, elle a su tirer
parti des engrais les plus variés, de l’irrigation, du
drainage, de la composition diverse des sols, et de
la rotation des cultures.
Elle contribue au repeuplement des forêts, à la
mise en culture des dunes, et des friches, en four-
nissant en abondance des semences ou de jeunes
sujets d’espèces exotiques ou indigènes appropriés
aux divers terrains, à chaque climat et à toutes les
situations.
Les jardins d’agrément, les parcs et les serres,
pris comme objets de luxe, appartiennent sans doute
à la fantaisie la plus élégante, au luxe le plus pur
et le plus élevé. Leur rôle est au fond plus sérieux,
car ils profitent à la fois à l’art et à la science, au
commerce et à l’industrie, et souvent à l’améliora-
tion morale et matérielle de l’homme.
L’art emprunte aux végétaux de nos jardins les
plus gracieuses décorations ; la science y trouve des
sujets d’études.
Le commerce et l’industrie y recueillent les avan-
tages et les bénéfices d’une production considérable
et de nombreux échanges.
Au sein des villes, les jardins publics assainis-
sent et purifient l’air, répandent la joie et la fraî-
cheur : leur vue et leur ombrage reposent l’ouvrier
de ses travaux, élèvent sa pensée et lui donnent
une salutaire distraction.
Aux champs, le charme des jardins attire et re-
tient au profit de l’agriculture des esprits d’élite
que le besoin des relations sociales et des satisfac-
tions intellectuelles entraînerait vers la ville.
En présence du rôle considérable et bienfaisant
de l’horticulture, on se demande pourquoi elle seule
a été exclue de ces grandes assises périodiques où
viennent figurer, dans les différentes parties de la
France, toutes les branches de la culture. Sans
doute, presque partout, sur l’initiative des associa-
tions particulièies, ou sur l’invitation des adminis-
trations locales, les produits des jardins, des pépi-
nières et des serres viennent contribuer à l’éclat
des concours régionaux agricoles, mais ils ne pren-
nent point part aux importantes l écompenses dé-
cernées aux autres productions du sol.
La Société d’horticulture de la Haute-Garonne ne
méconnaît pas le haut prix des lém oignages de bien-
veillance qui lui sont donnés. Toutefois ces encou-
ragements de pure faveur, plus honorifiques que
lucratifs, malgré leur heureuse influence, ne coin-
83
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE FÉVRIER).
pensent pas toujours les sacrifices considérables
que s’imposent les producteurs et les associations
horticoles .
La publicité des Expositions ne détermine pas
seule les ellorts de riiidustrie vers le progrès; il
faut y joindre le stimulant de récompenses (pii
soient en rapport avec les sacrifices, les avances et
les risques des producteurs. Sur cette considération
est fondée l’institution des primes d bonneur ; de
là dérivent aussi les primes accompagnant les mé-
dailles dans les concours régionaux, et enfin les
prix importants offerts aux concurrents de nos hip-
podromes.
Plus un pays possède de richesses, de lumières
et de civilisation, plus l’horticulture s’y développe
et y est encouragée. L’exemple de la France, de
l’Angleterre, de la Belgique, de la Hollande et de
l’Allemagne le démontre.
Sire, la France, par la diversité de son sol et
de son climat, par l’extrême division des propriétés,
semble destinée, plus que tout autre pays, à voir la
culture des jardins s’étendre, au grand profit de la
richesse nationale et du bien-être de sa population.
Cette culture est donc pour elle d’un grand intérêt,
et son avenir et son perfectionnement méritent, au
plus haut degré, d’être pris en considération et
doivent être favorisés à l’égal des intérêts agricoles
et par les mômes moyens.
Le bien qu’a produit, à l’égard de l’agriculture,
l’institution des concours régionaux, est un indice
des avantages que l’horliculture peut espérer si les
programmes de ces solennités, basés sur une équi-
table et logique synthèse, l’admettent à participer
aux mêmes faveurs et aux mêmes récompenses
que les autres cultures.
Sire, la Société d’horticulture de la Haute-
Garonne verrait avec profonde reconnaissance être
favorablemeut accueilli par Votre Majesté le vœu
qu’elle a l’honneur de lui soumettre relativement à
l’admission de l’horticulture dans le’programme des
concours régionaux, au même titre et avec les mê-
mes avantages que les autres branches de l’exploi-
tation du sol.
J’ai l’honneur d’être, avec le plus profond respect
Sire, de Votre Majesté le très-humble serviteur et
sujet.
Au nom de la Société.
Le Président : Duplân,
Membre du Corps législatif.
A la date du 8 août, M. le Ministre de
l’agriculture a envoyé la réponse suivante :
A Monsieur le Président de la Société
d’horticulture de Toulouse.
« Monsieur,
« Vous avez adressé à l’Empereur une pétition
pour demander que des encouragements plus nom-
breux soient accordés à l’horticulture, et notamment
que celle-ci soit admise à concourir pour la prime
d’honneur.
« Votre pétition m’ayant été renvoyée du cabinet
de Sa Majesté, je vais avoir l’honneur d’y répon-
dre.
« Je vous ferai d’abord remarquer que les instruc-
tions relatives à la prime d’honneur, étant conçues
en termes généraux, comprennent toutes les bran-
ches de l’industrie rurale et, par conséquent l’hor-
ticultnre.. C’est ainsi qu’en 1857 et 1858 des pro-
priétaires des départements de la Loire et du Lot,
sans obtenir la prime d’honneur, ont reçu des
médailles d’or comme récompenses des résidtals
auxquels ils étaient parvenus en horticnlture.
Quant aux produits de l’horticulture, ils viennent
preiulre part aux récompenses offertes dans la
quatrième division des programmes des Concours,
laquelle propose des médailles aux produits agrico-
les et matières utiles à l’agriculture. Et il ne sau-
rait y avoir de doute à cet égard, la rédaction moins
explicite adoptée aujourd’hui n’ayant fait que rem-
placer les termes beaucoup plus précis des arrêtés
organiques des exhibitions régionales, lesquelles
décernaient des médailles aux produits agricoles,
tels que grains, légumes et fruits, etc. De plus,
chaque année, des subventions importantes, dont
le chiffre s’est élevé, en 18G4, à près de 25,000 fr.,
sont allouées aux Sociétés s’occupant exclusivement
d’horticulture, sans parler des nombreuses médail-
les d’or, d’argent et de bronze mises à leur disposi-
tion.
« Les encouragements de l’Etat ne font donc pas
défaut à l’horticulture, et je ne saurais donner suite
à la demande que vous avez présentée au nom de
la Société d’horticulture de la Haute-Garonne.
« Recevez, Monsieur, l’assurance de ma considé-
ration très-distinguée.
« Le Mimstre de rcKjricultute, du commerce
et des travaux publies,
« Armand Béhic. »
Il résulte de cette lettre de M. le Ministre
que l’admission des produits horticoles ne
peu être refusée dans les concours ré-
gionaux. Mais il est juste de dire qu’ils n’y
ont figuré jusqu’ici que par exception, el
que, dans tous les cas, les jurys qui jugent
les produits" de ces concours sont presque
complètement et partout étrangers à l’horti-
culture.
M. le Ministre fait remarquer que les
Sociétés s’occupant exclusivement d’horti-
culture reçoivent par an des subventions
pour une somme d’environ 25,000 fr.
Nous venons de relever, dans VAnnuairc
du Ministère de F agriculture, du commerce
et des travaurr, publics pour ISOi, toutes les
associations de ce genre qui y sont mention-
nées, et nous en avons trouvé 58. La sub-
vention moyenne n’a donc été 1864- que de
431 fr. pour chaque Société. Ce subside est
évidemment peu considérable; en Belgique,
l’Etat donne beaucoup plus à ses nomljreu-
ses associations horticoles. Nous savons
bien que l’Empereur, l’Impératrice, et d’au-
tres princes ou princesses de la famille
impériale gratifient souvent les associations
horticoles de médailles qui sont vivement
recherchées. Mais nous maintenons qu’en
fin de compte, l’horticulture ne reçoit pas
de l’État des encouragements proportionnels
à son importance. Si l’Etat n’encourageait
pas par de plus fortes subventions d’autres
arts, il n’y aurait rien à dire; mais dans
l’état actuel des choses, les réclamations
continuent, selon nous, à être légitimes.
— La Société d’horticulture delà Moselle,
en arrêtant le programme de sa prochaine
Exposition, a pris quelques mesures qui
méritent d’être citées, parce qu’elles font
intervenir jusqu’à un certain point, comme
cela nous paraît de toute justice, les horti-
culteurs exposants dans l’organisation même
de l’Exposition. Voici le texte du règlement ;
Les horticulfèurs et les amateurs du département,
ceux de la France et de l’étranger, sont invités à
prendre part à cette Exposition.
Tous les produits de l’horticulture, ainsi que les
objets se rattachant à l’art et à l’industrie horticoles,
pourront être présentés. Un comité d’admission sera
chargé de recevoir tout ce qui lui paraîtra digne
de figurer à l’Exposition.
Les récompenses consisteront en médailles de ver-
84
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE FÉVRIER).
meil, d’argent et de bronze de différents modules, et
en primes payables en numéraire.
Les lauréats auront la faculté de demander la con-
version des primes d’argent en médailles, instru-
ments ou livres d’horticulture de valeur égale.
Si les exposants souhaitent que l’Exposition ait
lieu près du champ de foire, dans la grande serre du
Jardin-Fabert, ils devront en faire connaître le désir
au plus tard le 1®’' avril, en écrivant à M. de Tin-
seau, secrétaire de la Société, rue de la Chèvre,
n° 1 l)is, à Metz.
L’Exposition aura lieu dans cette grande serre si
le nombre des demandes parvenues au avril est
suffisant pour en occuper la majeure partie; dans le
cas contraire, l’Exposition aura lieu au Jardin bota-
nique. .
La Société prend à sa charge les frais de transport
des produits exposés par les maraîchers habitant le
département et qui en auront fait la demande par
écrit.
Les exposants pourront vendre leurs produits, et à
cet effet, indiquer par une étiquette les prix de vente.
Les produits vendus ne pourront cependant être en-
levés qu’après la clôture de l’Exposition.
t.e jury se réunira le samedi 5 mai 1866, à huit
heures précises du matin.
Immédiatement après les décisions du jury^ il
sera placé au centre de chaque lot une pancarte in-
dicative des noms et adresse de l’exposant ainsi
que de la récompense obtenue.
L’Exposition sera ouverte au public le samedi 5, ■
à une heure après midi, le dimanche 6 et le lundi
7 mai,, depuis huit heures du matin jusqu’à six
heures du soir.
L’entrée sera gratuite pour les dames patronesses,
pour les membres du jury et pour les exposants.
Toutes autres personnes payeront un droit d’en -
trée de 0L25.
— Dans notre dernière chronique, nous
avons annoncé la création d’une Société
liorlicole, vigneronne et forestière dans le
département de l’Aube. D’après un docu-
ment qu’on nous communique, cette nou-
velle association serait le résultat d’une re-
grettable scission dans la Société d’horti-
culture de ce département, qui existe depuis
quinze ans. Il est toujours fâcheux de voir
les hommes se diviser. Nous soub.aituns que
la Société d’horticulture de l’Aube ne se
laisse pas décourager; dans un remarquable
discours prononcé dans la séance du 4- fé-
vrier dernier, son président, M. Le Drun-
Dalbanne, a promis que les services rendus
par cette association continueraient à gran-
dir. Ce sera pour elle un moyen certain de
rappeler dans son sein les infidèles ou les
ingrats.
— Tout à l’heure, nous avons parlé des
associations horticoles de Belgique. On sait
qu’elles sont englobées dans une fédération
qui n’ôleà aucune d’elles son initiative ni sa
force propre; mais la fédération permet des
congrès et des concours plus généraux.
Voici le programme des questions mises au
concours pour 1866 et 1867 :
Première question,. — Ecrire l’histoire de l’horti-
culture en Belgique; faire connaître les rapports
qu’elle a eus avec l’étude et les progrès de la bota-
nique; la date des principales introductions dans
notre pays; les explorations faites par des Belges;
la fondation et l’histoire des principaux établisse-
ments d’horticulture; et terminer par un aperçu
général de l’état actuel de l’horticulture dans le
royaume .
Deuxième question. — La composition et l’ana-
lyse des sols arables, particulièrement des terres
employées en jardinage, telles que terre de bruyère,
hoschqromU terreau, humus, compost, etc.
Troisième question. — On demande un travail
sur la construction des serres, l’exposé des princi-
pes généraux de cette matière, comprenant toutes
les indications sur l’Exposition, la nature des ma-
tériaux, la forme générale, l’architecture, les systè-
mes de chauffage, etc., des différentes catégories de
S6rrcs
Quatrième question. — La culture maraîchère,
la production des primeurs et celle des champi-
gnons sont susceptibles de s’étendre et de s’amélio-
rer en Belgique, non-seulement en vue de la con-
sommation intérieure du pays, mais encore en vue
de l’exportation. On demande d’indiquer les moyens
et les connaissances spéciales nécessaires pour arri-
ver à ce double but .
Cinquième question. — La théorie des engrais et
celle des assolements méritent une étude des plus
ap})rofondies; ces deux sciences, si nécessaires en
agriculture, sont d’une utilité non moins contestée
en culture maraîchère. On demande d’indiquer les
moyens de réparer les pertes du sol épuisé par des
récoltes successives, en y suppléant par la combi-
naison des nouveaux principes de fécondité que la
science met à la disposition du maraîcher, et d’in-
diquer en même temps un ordre de succession de
légumes qui permette de fatiguer le sol le moins
possible et de pouvoir faire un grand nombre de
récoltes sur le même terrain.
Sixième question. — Ecrire l’histoire et la mo-
nographie botanique et horticole d’un groupe na-
turel (genre ou famille) de plantes assez générale-
ment cultivées en Belgique. Le choix du groupe est
laissé aux concurrents à l'exclusion de ceux qui ont
déjà été traités dans les bulletins de la fédération.
Septième question. — De l’influence réciproque du
sujet et de la greffe.
Huitième question. — Donner l’histoire naturelle
et horticole des animaux nuisibles que l’on rencon-
tre dans les serres, tels que les fourmis, pucerons,
acares, etc., et discuter les moyens proposés pour
les détruire ou pour remédier à leurs ravages.
Neuvième question. — Décrire les maladies aux-
quelles le sapin est exposé en Belgique, spéciale-
ment celles qui sont provoq\iées par les insectes ou
par des crytogames, et faire connaître les meilleurs
moyens pour les combattre.
Dixième question. — Déterminer, par un bon
exposé et une discussion sommaire des faits connus,
l’état actuel de nos connaissances sur les rapports
de l’azote à l’état simple ou de combinaison avec la
végétation.
Onzième question. — On demande un manuel
pratique de la culture forcée des plantes d’agrément,
accompagné d’une dissertation sur l’état actuel de
nos connaissances en physiologie végétale concer-
nant les floraisons anticipées.
Douzième question. — Ecrij-e la monographie bo-
tanique et horticole des Fougères cultivées en Bel-
gique.
Treizième question. — Ecrire la monographie bo-
tanique et horticole des Conifères susceptibles de
constituer en Belgique des essences forestières.
Quatorzième question. — Un demande un traité
de l’emploi des engrais dans la culture des plantes
d’agrément.
Quinzième question. — On demande une discus-
sion théorique et pratique des meilleurs renseigne-
ments connus sur le chauffage des serres et subsi-
diairement sur leur aérage et leur ventilation.
Seizièîiie question. — Apprécier l’œuvre pomolo-
gique de Van Mous et donner un résumé de ses
travaux et de ses opinions, avec les indications bi-
bliographiques nécessaires pour la connaissance
exacte et complète des écrits et des fruits qu’il a
produits. . ,
Dix-septième question. — On demande un traite
des maladies du Poirier en Belgique.
Dix-huitième question. — On demande un travail
CHRONIQUE HORTICOLE (REUNIÈME QUINZAINE DE FÉVRIER).
sur l’ascension de la sève, la cause, la nature, la
force, la vitesse de ce mouvement.
Les dispositions pour prendre part à ces
Concours sont les suivantes :
Art. XXVIII. Des prix d’une valeur de 100 à 500 fr.,
consistant en médailles ou une somme d’argent,
sont affectés à chacune des questions du concours,
Art. XXX. Les réponses aux questions seront ju-
gées par une commission de trois membres nommés
par le comité directeur de la fédération.
Art. XXXI. Ne sont admis pour le concours que
les ouvrages et les planches manuscrits.
Art. XXXII. Les auteurs des réponses aux ques-
tions des concours ne mettent pas leur nom à ces
ouvrages, mais seulement une devise, qu’ils répètent
dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur
adresse. Ceux qui se font connaître, de quelque
manière que ce soit, ainsi (iue ceux dont les mémoi-
res sont remis après le ternie prescrit, sont exclus
du concours; les réponses doivent être écrites lisi-
blement en français ou en flamand; elles devien-
nent, par le fait de leur envoi, la propriété de la
fédération et restent déposées dans les archives;
toutefois, les auteurs ont droit gratuitement à cent
exemplaires de leur travail, quand l’impression en
a été votée par l’assemblée générale.
Les auteurs des mémoires couronnés conservent
le droit de publier une édition particulière de leur
ouvrage.
Les mémoires en réponse aux questions doivent
être adressés, francs de port, avant le 15 octobre
1866, à M. A. Royer, président de la fédération, à
Namur, ou à M. Ed. Morren, secrétaire, à Liège.
L’accusé de réception paraîtra au Monileur belge.
La fédération a décidé que toutes les questions
auxquelles il n’aura pas été répondu au 15 octobre
1866, sont maintenues au concours pour 1867.
La Fédération des Sociétés d’horticulture
a décidé que les quesdons portées au pro-
gramme du Congrès horticole de Bruxelles,
en 1864, formeraient un Concours extraor
dinaire. Toutes les conditions générales
relatives aux concours ordinaires de la Fé-
dération sont également applicables cà celui-
ci. Cependant les questions étant ici peu
définies, la plus grande latitude est laissée
aux concurrents. La Fédération, au lieu
d’ouvrir un Concours proprement dit, adresse
plutôt un appel à tous les savants et à tous
les horticulteurs pour les engager à lui
faire des communications relatives aux
questions déjà soumises au Congrès.
Les mémoires peuvent être envoyés en
tout temps au secrétariat de la Fédération,
à Liège. Ils peuvent être signés. Voici le
programme de ce Concours :
I. Acclimatation, naturalisation, domestication des
végétaux.
_ II. Hybridap'on, croisements et fécondations artifi-
cielles en général; caractères des hybrides ;leur stéri-
lité ; leur polymorphisme, conservation du pollen, etc.
III. Théorie delà variation des espèces ou de l’o-
rigine des variétés et des races. — Théorie de Van
Mous, de Vilmorin et autres. — Réforme dans la
nomenclature des variétés.
IV. De la dynamique des végétaux et des phé-
nomènes périodiques de la végétation. — Intluence
de la température sur la germination, la feuillaison,
la floraison et la fructilicaliou des végétaux. Des
floraisons anticipées (forcées) et intempestives (re-
montantes et autres).
V. Alimentation végétale. Rôle de l’atmosphère :
influence des azotates, de l’ammoniaque, des phos-
phates. Théorie des engrais, des composts, etc.
85
VI. Esthétique florale : du beau dans les fleurs
simples et doubles. — Harmonie des couleurs.
VIL Colaration des plantes. — De la panachure
(variegatio) e' du dimorphisme qui en est la consé-
quence. La panachure est-elle héréditaire par le
semis et contagieuse par la greffe?
VIII. Histoire de l’horticulture. — Documents his-
toriques; biographies; explorations; voyages; in-
troductions; rectifications.
IX. L’humidité, l’eau, sont-elles absorbées direc-
tement par le feuillage ?
X. Pathologie végétale; maladie des plantes; re-
mèdes.
XI. Insectes et autres animaux nuisibles; leur
destruction.
XII. Architecture des jardins ; caractères du style
actuel.
En présence de ces nombreux sujets pour
lesquels des prix relativement considérables
sont proposés, nous n’avons à citer que la
question suivante, mise au concours par
notre Société centrale d’horticulture dans
ces termes:
Au commencement de l’année 1864, la Société
impériale et centrale d’horticulture avait mis au
concours l’étude du bouturage considéré aux prin-
cipaux points de vue sous lesquels il peut être en
visagé. Une médaille d’or, de la valeur de 300 fr.,
devait être le prix du concours, et le termie de ri-
gueur pour la présentation des mémioires était le
31 décembre 1865. Aucun mémoire n’ayant été
présenté à cette date , le conseil d’administration a
craint que le temps n’eût manqué aux concurrents
pour mener à bonne fin les expériences et les ob-
servations qu’ils voulaient prendre pour base de
leurs travaux; considérant, d’un autre côté, que la
question proposée en 1864 est l’une de celles qui
intéressent le plus directement l’horticulture, il a
pensé qu’il convenait de la conserver comme sujet
de prix et, par conséquent, d’accorder aux personnes
qui auraient commencé à en faire l’objet de leurs
études un délai pendant lequel elles pussent les
terminer. Il a donc prorogé jusqu’au 31 décem.bre
1867 le concours ouvert sur cette question formulée
de la manière suivante :
« Exposer, eu s’appuyant sur des observations
précises, l’histoire du bouturage considéré aux
points de vue :
« 1° De l’influence qu’exercent sur la reprise
l'humidité, la chaleur, le sol, la lumière et l’air;
« 20 rapport qui existe entre le temps nécessaire
pour la reprise et le degré de lignification de la bou-
ture, la nature de ses sucs laiteux, résineux ou non, etc.
« 30 Des points sur lesquels se développent les
racines et du mode de développement de celles-ci. »
Le prix sera une médaille d’or de la valeur de
300 francs.
Les mémoires pourront ôtre présentés jusqu’au
31 décembre 1867, au siège de la Société, rue de
Grenelle-Saint-Germain, 84.
Ils devront être écrits en français.
Les noms des auteurs seront luis ^sous pli cacehté
portant pour suscription l’épigraphe inscrite en tête
du travail.
— Notre chronique est déjà bien longue
et nous aurions maintenant à insérer un as-
sez grand nombre de lettres sur diverses
questions de polémique. Nous devons les
ajourner, eu plaçant seulement ici deux
communications tout à fait actuelles. L’une
est relative à un nouveau Géranium, que
M. Victor Didier décrit en ces termes :
« Monsieur,
« Je vous prie de faire connaître ’aux ama-
teurs de belles et bonnes plantes le Géranium
zonal Gloire des forges d’Abainville, nouvelle
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE FÉVRIER).
variété, provenant de mes cultures, qui sur-
passe de beaucoup la plupart des semis nou-
veaux mis au commerce ces années-ci. C’est un
semis de 1863, que j’ai tenu secret jusqu’au-
jourd’hui; ce n’est qu’à la suite de plusieurs
voyages horticoles que j’ai faits cette année,
que j’ai reconnu toute la valeur de ma plante
comparativement à ce que j’ai vu de beau et bon
en Géraniums.
« Voilà les caractères de mon gain :
(( Plante ne dépassant pas ü”.30 à 0^.40
de haut, suffisamment vigoureuse et très-
ramifiée. Branches au nombre de 5 à 7, d’égale
longueur et d’égale force, ne s’emportant
jamais. Feuilles mesurant 0”.08 dans leur plus
grande largeur; d’un vert ga\ avec une
large zone brune. Fleurs de forme parfaite, por-
tées sur un pédoncule gros et fort dépassant la
plante de quelques centimètres; pétales assez
courts et très-larges d’un rose tout particulier,
d’un éclat extraordinaire et d’un effet sur les
gazons impossible à décrire.
« La plante est rustique, et d’une floraison
continue, sans interruption aucune. Je ne pon-
nais pas de variété aussi florifère et aussi re-
montante. La fleur résiste parfaitement aux
pluies et autres intempéries.
« En un mot, c’est une plante de premier mé-
rite et de premier choix pour la culture en pol
et en pleine terre.
(( Les pétales de la fleur se tachent par mo-
ments de petits points du blanc le plus pur, et
que l’on pourra probablement fixer en travail-
lant la plante.
« Le Géranium Gloire des Forges d’Âbain-
ville se trouve multiplié de manière à me per-
mettre d’en céder à un prix modéré aux per-
tonnes qui m’en feraient la demande par lettre
affranchie; ou mieux encore, j’en céderais la
propriété en toute garantie, sur demande faite
avant le 15 mars.
(( Àorréez, etc. « Victor Didier,
O 7
« Jardinier chef aux Forges d’Abainville (Meuse) »
L’autre communication est une protesta-
tion d’un de nos collaborateurs M. d’Auyers,
relative à un article qui lui a été attribué
dans le Bulletin d’une Société d’horticul-
ture. Cette protestation est ainsi conçue :
Fontainebleau, 16 février 1866.
€ Monsieur le Directeur,
« Je viens invoquer la publicité de votre ex-
cellent journal, pour lépudier la paternité
d’un article sur la culture de l’Igname, inséré
sous mon nom, dans le 17e bulletin de la So-
ciété d’horticulture de Melun et Fontainebleau,
« Cet article, qui n’est ni la reproduction
textuelle, ni l’analyse fidèle d’un petit travail
que j’ai fait sur ce sujet, a été publié sans
m’avoir été communiqué. Je décline donc for-
mellement la responsabilité des erreurs et de.s
non-sens qu’il contient, et que je n’ai pu ni
signaler, ni corriger.
« Veuillez agréer, etc. « E. d’Auvers.»
Nous publierons dans notre prochaine
chronique des lettres de MM. Boisbunel,
Pigeaux , Buchetet , Bossin et de Liron
d’Airoles. Nous prions nos collaborateurs
de nous excuser de les faire attendre.
J. A, Barral.
CULTURE DES VERVEINES COMME PLANTES ANNUELLES.
Depuis trois ou quatre ans les Verveines
(Verbena melindrys) ont été atteintes dans
tous les jardins d’une maladie qui a consi-
dérablement atténué le développement et
la vigueur de ces charmantes plantes et qui
eu a même détruit un très-grand nombre.
Cette maladie a été occasionnée par ce que
l’on nomme vulgairement le blanc, espèce
de Champignon qui se développe sur les
tiges et les feuilles de la Verveine, et quia
beaucoup d’affinités avec celui que l’on re-
marque fréquemment sur les feuilles et les
jeunes rameaux du Pêcher. Malgré tous les
moyens qui ont été employés pour le dé-
truire ou le combattre, on n’a pu obtenir
sur les Verveines qu’une végétation chétive
et des fleurs de petite dimension.
M, Ilélye, l’un des chefs jardiniers du
Muséum d’histoire naturelle, a eu l’idée,
pour régénérer cette jolie plante, de semer
ses graines en pleine terre au mois de mars
et de traiter les Verveines comme les plantes
annuelles, soit en les laissant en place, soit
en les repiquant en lignes ou en plates-
bandes. Elles ont produit un très-bel effet
pendant une partie de l’année, par le grand
nombre de leurs fleurs qui se sont succédées
jusqu’aux premières gelées.
C’est ordinairement au mois de mars que
M. Hélye sème ses graines de Verveines. En
1865, la saison n’ayant pas permis de les
semer à cette époque, il ne put faire cette
opération que dans la première quinzaine
du mois d’avril, et l’on a pu remarquer dans
le fleuriste du Muséum, depuis juillet jus-
qu’en novembre, l’effet que produisaient ses
planches de Verveines qui n’ont cesse
d’être couvertes d’innombrables fleurs d’en-
viron vingt-cinq à trente variétés de cou-
leurs différentes.
Les graines de Verveines doivent être se-
mées en terre légère et surtout bien ter-
reautée ; les plantes demandent une exposi-
tion bien aérée et chaude, des arrosements
assez fréquents pendant les journées de
chaleur.
Par le procédé de la culture des plantes
annuelles on obtient une végétation très-
vigoureuse et des fleurs beaucoup plus
grandes que celles des mêmes plantes culti-
vées en pots. Les graines sont abondantes,
bien conformées, et les plants n’ont eu jus-
qu’à ce jour aucune trace de maladie.
Les variétés de Verveines sont vivaces
comme le type d’où elles sont issues. On
cultive dans les jardins comme plantes an-
CULTURE RES VERVEINES COMME PLANTES ANNUELLES.
nuelles certaines plantes vivaces qui, comme
les Verveines, donnent des fleurs beaucoup
plus belles la première année du semis que
la seconde. Il en est ainsi des variétés de
Ricins , qui deviennent de véritables arbres
atteignant, dans de certaines régions, plu-
sieurs mètres d’élévation, et que nous cul-
87
tivons dans nos jardins comme plantes an-
nuelles. Mais en transformant ainsi les Ver-
veines en plantes annuelles, M. Hélye a eu
seulement pour but de sauver ces plantes
de la maladie qui les avait envahies et d’ob-
tenir par cette culture des plantes vigoureu-
ses et une abondante floraison.' pépin.
BIBLIOGRAPHIE HORTICOLE.
L’Arboriculture fruitière, théorie et pratique, par
M. Gressent, 1 vol. in-12 de 562 pages avec 234
figures, 3e édition, prix, 6 francs. — Librairie
Coin, et chez fauteur, à Orléans.
L’enseignement de M. Gressent est très-
justement devenu populaire en France.
Depuis que Factif professeur s’est voué, et
par la parole et par l’exemple, à la grande
cause du progrès horticole, l’arboriculture
fruitière et la culture des légumes ont rapi-
dement avancé, et là où l’une se pratiquait
d’une façon barbare, et l’autre était nulle,
aujourd’hui elles se font toutes deux d’une
manière ingénieuse et sont établies sur une
grande échelle.
Il fallait pour cela toute l’ardeur et toute
la foi de M. Gressent, qui s’est fait l’apôtre
de ces deux branches delà science horticole,
et combat, par la théorie comme par la
pratique, toutes les routines de l’ancien
temps.
Avant d’écrire son excellent traité sur
V Arboriculture fruitière, M. Gressent avait
longtemps étudié, expérimenté et enseigné.
Ce n’est que vivement pressé par ses nom-
breux auditeurs de toutes les contrées de
France, et qu’à force de prières, qu’il a
réuni en un volume ses instructions si
nettes et si claires.
La culture que recommande et qu’en-
seigne l’honorable professeur peut s’appeler
la culture intensive des arbres fruitiers.
C’est lui-même cjui le dit. En effet, depuis
que ses disciples appliquent toutes les théo-
ries et essayent la pratique de M. Gressent,
les résultats obtenus sont très-remarquables
et très-encourageants pour l’avenir.
Nous n’avons pas besoin d’analyser ici le
livre de M. Gressent sur V Arboriculture
fruitière. La plupart de nos lecteurs le con-
naissent ou pour l’avoir étudié, ou pour
avoir assisté à l’enseignement du profes-
seur soit à OrUans, à Beauvais, à Château-
roux, à Etaippes, àBeaugency, etc., soit dans
des jardins particuliers, car partout où il y
a à plaider pour la cause du progrès,
M. Gressent arrive, répand son enseigne-
ment, et sans trêve ni repos, va recommen-
cer plus loin.
Le livre de M. Gressent, après avoir
traité du jardin fruitier, là où est le véri-
table avenir de l’arboriculture et de sa ri-
chesse, n’a pas voulu omettre le verger
dans cette édition, « afin d’éviter d’incessan-
tes écoles aux propriétaires et de les mettre
à même de se créer un nouveau revenu avec
le verger. »
Nous trouvons dans un des chapitres du
volume une excellente définition du verger
et du jardin fruitier que l’on confond sou-
vent dans les conversations.
c( Le jardin fruitier est destiné à produire
les fruits les plus beaux et les plus rares,
des fruits de table en un mot. Tous les ar-
bres sont soumis à la taille et à des formes
régulières, susceptibles de porter un abri.
— Le verger est un champ clos dans lequel
on cultive des arbres à haute tige seulement,
avec les gros légumes, un fourrage ou des
arbres à fruit uniquement. »
L’un est la culture intensive ; le second
est la culture extensive des arbres fruitiers.
Toutes les démonstrations de M. Gressent
sont nettes comme ses définitions, et qu’on
le lise et qu’on l’entende, on ainif^ra tou-
jours à appliquer son enseignement.
Le Potager moderne, 1 vol. in-12 de 460 pages avec
64 figures explicatives, par M. Gressent. Prix,
6 francs. — Chez Coin, à Paris, et chez l’auteur, a
Orléans.
Ce traité de M. Gressent est de date plus
récente. Il est venu combler une lacune que
les grands propriétaires, comme les loca-
taires de petits jardins, se réjouissent de
voir remplie désormais. « Le Potager mo-
derne est appelé à opérer dans le potager
ancien, dit l’auteur dans sa préface, la
révolution que V ArboîHculture fruitière a
accomplie dans la culture des arbres a
fruits. Simplification des cultures, économie
de main-d’œuvre et d’engrais, augmentation
considérable des produits, tel est le but qui
sera facilement obtenu avec le Potager
moderne, livre émettant des idées neuves,
enseignant aussi une culture neuve, mais
facile, et dont les effets sont sanctionnés par
une expériei^e de plusieurs années. Le Po-
tager moderne ne traite pas de la culture
des légumes au point de vue de la spécula-
tion. Son but n’est pas de former des mar-
chands de légumes, mais d’apprendre à tous
à retirer de leurs jardins une abondante ré-
colte, d’excellents produits à un prix infé-
rieur à celui du marché, quand toutefois les
88
BIBLIOGRAPHIE HORTICOLE.
frais ne seront pas encore diminués par la
vente de l’excédant des produits.
M. Gressent commence par placer en de-
hors de l’examen de la culture des légumes :
jo la culture des maraîchers de Paris et des
grandes villes deFrance; 2® celles des pota-
gers de châteaux.
Il a fait son livre pour ceux qui ne savent
pas et qui vivent loin des grands centres de
population. Le Potager moderne, en effet,
rendra de grands services au peiit locataire,
au fermier, au presbytère, aux communau-
tés, aux instituteurs, aux employés des gares
et des stations de chemins de fer, aux mili-
taires dans les camps, qui établissent main-
tenant des jardins.
Cet ouvrage se divise en quatre parties.
La première expose la situation de ce
qui est en disant ce qui devrait être.
Elle démontre comme il faut s’y pren-
dre pour créer un potager, et donne des
instructions utiles sur le plan, la prépara-
tion du sol, l’emploi des engrais. La se-
conde partie est consacrée aux cultures
générales, et la troisième aux cultures spé-
ciales. La quatrième et dernière partie ra-
conte et prévoit les insuccès que l’on peut
encourir, et dévoile aux yeux du lecteur
les maladies, les insectes, les intempéries
des saisons, tous les ennemis, en un mot,
qu’on aura à combattre, soit qu’ils viennent
du ciel, de la terre, ou des plantes elles-
mêmes. Les dernières pages de ce traité ré-
sument mois par mois les travaux du pota-
ger. Le praticien qui commence n’aura qu’à
suivre pas à pas les indications et les con-
seils de M. Gressent. S’il trébuche en route,
qu’il ne se décourage pas. Derrière lui, il
sentira toujours une main qui le soutiendra,
et s’il tombe, l’expérience de M. Gressent
viendra bientôt le relever.
Les Fleurs de pleine terre, par MM, Vilmorin-
Andrieux, 2e édition, 1 vol. de 1,300 pag., prix :
7 fr, — Chez les auteurs.
Le goût des jardins s’est tellement déve-
loppé aujourd’hui dans les villes comme cà
la campagne, qn’un livre donnant unique-
ment la description et la culture des fleurs
de pleine terre, vivaces et annuelles, était
devenu indispensable. Le public qui crée
des jardins ou des squares dans ses pro-
priétés demandait qu’on lui indiquât l’em-
ploi et l’époque de la floraisan de ces plan-
tes, et qu’on lui donnât quelques notions
claires et simples sur rornementation des
parterres. Nulle n’était plus apte â faire
cet ouvrage que l’illustre maison Yilmorin-
Andrieux. Tout le monde s’y est mis, et elle
a signé de sa Raison sociale \e\o\mne dont
nous parlons, et qui en est â sa deuxième
édition.
Une description soignée donne une idée
suffisante du port, de la conformation, de
la forme, de la dimension et de la couleur
des plantes. Les noms vulgaires et l’étymo-
logie ' des termes scientifiques accompa-
gnent chaque description. A la fin de l’ou-
vrage, sous forme de vocabulaire, le lec-
teur trouvera, en outre, en anglais, en al-
lemand, en espagnol, en italien et en por-
tugais, les noms des principales plantes
qui ont une dénominatian dans ces diffé-
rentes langues.
Les auteurs ne se sont pas restreints à
décrire les plantes annuelles et vivaces, qui
sont dans le commerce, ils ont placé â côté
celles qui donnent rarement des graines ou
qui n’en donnent pas. Aussi aux plantes vi-
vaces, â racines fibreuses, ont-ils été obli-
gés d’ajouter celles à racines tubéreuses et
les plantes bulbeuses.
Dans les plans de jardins, placés â la fin
de l’ouvrage, les meilleures dispositions de
massifs de fleurs et leur succession pen-
dant le cours d’une saison sont données
avec soin, et d’après des renseignements
pris aux endroits connus du public. Dans
un chapitre intitulé Plantes aquatiques^ les
auteurs ont donné une liste étendue des
plantes pour les aquariums qui se multi-
plient chaque jour et dans les serres et dans
les salons.
Le volume se termine par un diction-
naire de termes techniques dont la significa-
tion n’est pas assez connue du public pour
que la maison Vilmorin-Andrieux ait pu
croire pouvoir employer sans donner leur
1 explication. Georges Barrae.
LES AUCUBAS.
Il iTest assurément aucun de nos lecteurs
qui ne connaisse YAucuha Japonica^ ce bel
arbuste â feuilles persistantes, qui, comme
son nom l’indique, est originaire du Japon.
Mais ce que beaucoup ignorent peut-être, et
que nous devons leur dire, c’est que l’Au-
cuba est dioïque, c’est-à-dire que les fleurs
femelles ne sont pas placées sur les mêmes
pieds que les fleurs mâles, de sorte que,
comme à peu près toujours les deux sexes
sont indispensables à la production des grai-
nes, et que jusqu'à ces dernières années on
ne possédait en Europe que des individus
femelles, on ne pouvait non plus obtenir
aucune variété. On en avait pourtant obtenu
une, VAucuba Japonica latimaculata, qui
était le produit d’un accident. Aujourd’hui
il n’en est plus ainsi et grâce aux relations
qui tendent à s’établir de plus en plus-entre
l’Europe et le Japon , on possède dans les
[ÆS AUCllBAS.
89
cultures une douzaine de variétés parmi les-
quelles il y a des mâles et des femelles, de
sorte que , bien que ces variétés soient en-
core très-petites, beaucoup d’individus sont
déjà couverts de fruits.
Nous allons donner une énumération suc-
cincte de toutes les variétés iVAucuba que
possède aujourd’hui l’horticulture, en com-
mençant par la variété européenne :
Alt cuba Japonica latmaculata (femelle). —
Cette variété se distingue du type par ses feuilles
souvent plus grandes et alors un peu chagrinées,
bulbées, marquées irrégulièrement de grandes
taches d’un jaune pâle ou blanchâtre. Elle est
très-inconstante.
Aiicuba Japonica bicolor (mâle). — Feuilles
grandes, portant au centre, près de la nervure
médiane, une très-large tache jaunâtre. Plante
très-vigoureuse.
Aiicuba Japonica picta^ Siehold; Aucuba
Japonica limbata, Standish (femelle). — Feuil-
les bordées de jaune. Cette variété est très-
constante; elle conserve ses panachures qui,
bien qu’elles s’affaiblissent lorsque les feuilles
vieillissent, restent néanmoins toujours visibles.
Il arrive fréquemment aussi que les très-jeu-
nes feuilles sont entièrement jaunâtres et comme
chlorosées, particularité qui disparaît bientôt
pour ne laisser de jaune que le bord des feuil-
les.
Aucuba Japonica viridis pygmœa (femelle).
— Feuilles vertes. Plante naine, excessivement
floribonde,
Aucuba Japonica pygmcca, Siebold (mâle).
— Feuilles vertes. Plante très-naine.
Aucuba Japonica picturata (mâle). — Feuil-
les tourmentées, vertes, parfois marquées au
centre d’une tachejaune comme chez la variété
bicolor.
Aucuba Japonica macrophylla. — Cette va-
riété, obtenue par MM. Thibaut et Keteleer, est
excessivement vigoureuse ; ses feuilles coriaces,
d’un beau vert luisant, dépassent parfois 0”^.30
de long sur 12 à 15 de large ; elles sont large-
ment, irrégulièrement et profondément den-
tées.
Aucuba Japonica dentata, Aucuba Japonica
macrophylla dentata, Hort. — Obtenue comme
la précédente par MM Thibaut et Kélelèôr,
cette variété est excessivement vigoureuse; ses
feuilles, qui sont aussi très-grandes, sont ver-
tes, largement ovales-elliptiques, largement et
longuement dentées, acuminées-cuspidées au
sommet ; à dents penchées.
NOUVEAU TRAITEME
SUR LES ARBRES
Dans nos plantations d’arbres fruitiers,
notre première attente est la fructification.
Tous nos soins, nos tailles longues sur les
branches charpentières, et même la non-
taille, en sont une preuve. Nous obligeons
la jeune branche à produire des dards
courts, sur le tiers environ de sa longueur.
C’est là notre première récolte et nos meil-
Aucuba Japonica ovata, Siebold (mâle). —
Feuilles vertes, courtement ovales, parfois plus
allongées, dentées, souvent marquées sur le
limbe de petites ponctuations rondes, jaunes.
Feuilles variables de forme.
Aucuba Japonica maculala (mâle). — Feuil-
les grandes, plus ou moins maculées ou piclées
de blanc jaunâtre. Belle variété assez vigou-
reuse. _ '
Aucuba Japonica longifolia^ Standish (fe-
melle). — Feuilles vertes longuement et étroi-
tement lancéolées-elliptiques, acuminées-aiguës
au sommet, sensiblement dentées, parfois cour-
tement surdentées.
Aucuba Japonica angustifolia, Kételeèr; Au-
cuba Japonica longifoUa, Veitch. — Feuilles
vertes, très-étroitement lancéolées, acuminées-
aiguës, à peine dentées. Dilfère de la précé-
dente par des feuilles plus étroites et plus cour-
tement dentées.
Aucuba Hgmalaïca. — Feuilles vertes, lon-
gues et relativement étroites, tourmentées,
irrégulièrement dentées, à dents obtuses.
Aucuba Hymala'ica macrophylla. — Feuil-
les vertes, beaucoup plus grandes que celles du
type.
Ces deux dernières formes, sans aucun
doute, appartiennent au type japonais, dont
elles diffèrent cependant un peu par leurs
fruits plus longs et plus atténués. Les fruits
des Auçubas mûrissent la deuxième année.
Si toutes ces variétés A Aucuba n’ont pas
la même valeur ornementale, toutes n’en
sont pas moins dignes de figurer dans les
collections, et comme le mérite ne ressort
que par comparaison, il est bon de lés pos-
séder toutes afin de pouvoir les juger. Tou-
tes sont belles relativement ; la supériorité
n’est que le superlatif, et celui-ci n’existe
que dans le cas de diverses choses d’une
même section mais de valeur différente.
On trouve toutes ces variétés chez
MM. Thibaut et Kételeér , horticulteurs ,
146, rue de Charonne, â Paris.
Nous ajoutons, en terminant, que les
Aucuba ne sont pas moins beaux par leurs
fruits que par leurs feuillles, et que le
contraste de ceux-là qui sont d’un beau
rouge, produit avec celui des feuilles un
effet des plus ravissants.
Carrière.
T DES LAMBOURDES
FRUITS A PEPINS.
leurs lambourdes, puisqu’elles sont placées
immédiatement sur une branche, et qu’elles
jouissent favorablement des abris, si besoin
en est, selon les variétés.
Mais ces sortes de productions, obtenues
par les procédés en usage jusqu’à ce jour
dans la conduite des arbres fruitiers, restent-
elles toujours ainsi constituées, et nous
90
NOUVEAU TRAITEMENT DES LAMBOURDES SUR LES ARBRES A FRUITS A PERINS.
donnent-elles continuellement des fruits
sans s’allonger au delà des bourses anté-
rieures. Non, malheureusement. Les unes,
et ce sont celles du plus petit nombre, por-
tent sur les bourses un ou plusieurs dards,
dont le plus éloigné commence le premier
à produire (ce sont les meilleurs de l’ancien
système); mais d’autres ne possèdent qu’un
long dard, de 0«‘.06 à 0"‘.08 au moins,
comme sur le Bon Chrétien d’hiver, le Beur-
ré Diel, etc.: et elles sont terminées par un
bouton à fruit, tout en laissant au-dessous
de celui-ci une longue partie dénudée et
endurcie, comme on peut le voir dans la
figure 7 . Le plus grand nombre de toutes
ces lambourdes, nées di-
rectement sur la branche ou
sur des rameaux, dévelop-
pent, non pas des dards,
mais bien des bourgeons vi-
goureux que nous sommes
obligés, dans le traitement
ordinaire actuel, de pincer de
nouveau à trois feuilles à peu
]irès, comme les rameaux an-
térieurs, selon les variétés, à
tin de forcer cette lambourde
à donner de nouveaux fruits.
C’est là une faute grave que
nous commettons; nous ne
savons pas conserver ce que
nous avons obtenu de prime-
abord, c’est-à-dire des lam-
bourdes composées de tissus
mous et devant rester telles,
sans jamais reprendre la con-
sistance dure et boisée du
rameau. Aussi, de celte er-
reur, il résulte tout naturel-
lement qu’une déviation de
sève a lieu aux
dépens de la
fructification,
du prolonge-
ment de la char-
pente, et de l’a-
bandon sur les
brindilles nées
des parties infé-
rieures de l’arbre
comme l’a fait si
bien remarquer
notre savant pro-
fesseur du Lu-
xembourg,!. Ri-
vière, lorsqu’il a dit qu’il fallait inciser
longitudinalement ces faibles productions
privées ou de lumière ou de vitalité. Ce dé-
faut de vitalité des productions faibles est
dû, selon moi, à l’allongement démesuré
d une certaine quantité de lambourdes pla-
cées plus convenablement que celles-ci.
^ Avec le procédé dont je vais parler, cet
inconvénient disparaît; car une lambourde.
dès qu’elle est fruitière, restera fruitière sans
allongement apparent ni tranformation en
organe improductif, tout en laissant la sève
agir sur le prolongement de l’arbre et vivi-
fier les rameaux qui jusqu’alors étaient
déshérités et ne produisaient pas.
Ce procédé, simple et sûr, consiste à sur-
veiller les bourses fruitières qui ont fleuri
ou qui portent fruit à l’époque habituelle
oû l’on opère les pincements. Chaque bour-
geon qui se développera sur chacune d’elles
ne sera pas pincé comme on le faisait or-
dinairement, mais bien rabattu totalement
jusque dans son empâtement rez la bourse
(fig. 8 et 9), et cela lorsqu’il aura atteint au
moins la longueur de O'". 15.
Celte opération brusque re-
foule la sève, qui, gênée dans
son ascension, fait alors pres-
sion sur la portion ridée pla-
cée inférieurement à chaque
bourse, et fait sortir de leur
léthargie une nombreuse
quantité de boutons fruitiers.
Sur le Pommier (fig. 9), ces
bourgeons prennent, avant
Fi
, — Lambourde fruitière sou-
mise à l’aucicu système de taille,
dénudée et endurcie au-dessous de
la bourse . ■
Fi". 8, — Lambourde de Poirier
soumise au trailemeul du systè-
me Delaville, opérée’éu juin 18ü5.
l’arrêt de la sève, la consti-
tution de boutons fruitiers,
pour s’ouvrir au printemps
suivant. Sur le Poirier, ces
mêmes boutons ne donnent
leurs fruits le plus souvent
que la seconde année, mais
le résultat est le même dans
les deux cas : des fruits en
abondance et sans intermit-
tence , dus à la conservation
du tissu mou qui constitue
les bourses, puis au rappro-
chement continuel de ces
bourses sur les
branches de
charpente.
Distribution ré-
gulière de la sè-
ve sur toutes les
parties de l’ar-
bre, production
de gros fruits
ainsi que sim-
])li fl cation du
travail, tels sont
donc, à mon a-
vis, les résul-
tats de la nou-
velle méthode que j’expose, et qui a reçu
l’approbation des nombreux auditeurs (|ui
suivent habituellement mes leçons gratuites
d’arboriculture, faites sous le patronage
de la Société de Clermont (Oise).
Delaville,
Jardinicr-itrofesseur de la Société
d’horticulture et de botanique de
Beauvais.
Fig. 9. — Lambourde de Pommier
soumise au traitement du système
Delaville, opérée à la même époque^
A.Lefèvre Pmxf
lmp. Zanote rue des Boulangers 15, Pans
Fi*amboise Belle de Fontenay.
J
Rci'uc HorticoU
'/9'4\ ' ■•""■«"
Imp.Zanoie rae des Boulangers, 15, Parh
! erna
\Maré,oniiini Gloire' de Coi'benv
PELARGONIUM GLOIRE DE CORRENY.
Au mois de juillet dernier, les visiteurs
de l’Exposition d’horticulture ouverte par la
Société impériale et centrale s’arrêtaient
volontiers devant un petit groupe de Pélar-
goniums nouveaux, d’une seule, mais d’une
charmante variété.
C’était le Pélargonium Gloire de Corbeny.
La pureté de son coloris, l’ampleur de
ses ombelles et leur grand nombre , la
tenue parfaite de cette jolie plante, avaient
attiré déjà les regards et les sidfrages du
jury, dont nous avions l’honneur de faire
partie.
Une médaille d’argent lui fut attribuée
d’un seul accord.
Le cachet réglementaire fut brisé; on lut
sur le billet qui accompagnait Penvoi le
nom que l’obtenteur désirait donner à sa
plante : Gloire de Corbeny, semis de M. Ba-
bouillard.
Ni l’un ni l’autre de ces noms ne sont
inconnus à nos lecteurs. On se souvient
que c’est de Corbeny (Seine-et-Oise) que
sont sortis ces coloris nouveaux de Pélar-
goniums zonals, gagnés par M. Babouillard,
et dont il paraissait s’être réservé le secret.
Antony Lamotle, Henri de Beandot, et le
plus beau des gains, Madame Vaiicher, n’é-
taient que le prélude de cette véritable con-
quête dont nous avons parlé dans ces co-
lonnes (18G3, page 170) et que tous les
jardins possèdent aujourd’hui , sous le nom
d’Eugénie Mézard.
Donc, M. Babouillard continue de plus
belle le cours de ses succès. Gloire de
Gorbeney est évidemment supérieure à tous
ses autres gains et il espère bien ne pas
s’arrêter en si beau chemin.
La plante se reconnaît aux caractères que
voici : Port trapu, ramassé, arrondi, régu-
lier. Rameaux courts, bien garnis de feuil-
les moyennes, courtement pétiolées, arron-
dies, réniformes, lobées et grossièrement
dentées, d’un vert tendre plus foncé au
centre, avec une zone continue d’un brun
fauve ressortant nettement sur le fond.
Les ombelles sont portées par des pédon-
cules dressés, s’élevant régulièrement au-
dessus du feuillage et d’une tenue irrépro-
chable. Les pédicelles, fermes et bien déve-
loppés, suportent des corolles grandes ,
rangées en ombelle hémisphérique fournie,
bien épanouie, d’une floraison très-prolon-
gée et renouvelée sans cesse par l’épanouis-
sement successif des boutons qui forment
une réserve par-dessous. Les pétales, d’une
contexture délicate, sont entiers, arrondis,
bien ouverts, et forment une corolle rosacée,
presque régulière, d’un coloris saumon -ce-
rise, vif au centre, pâlissant sur les bords
presque transparents, et d’une pureté qu’au-
cuneautre variété nedépasse. Un légerréseau
de lignes d’un rouge plus vif parcourt les
pétales comme autant de fines artères écar-
lates. La teinte générale est plus vive que
celle indiquée par la planche ci-jointe.
Une qualité importante de la Gloire de
Corbeny, c’est de ne pas grainer dans la
fleur. On applique ce terme aux variétés
dont les fleurs premières épanouies percent
de leurs longues graines en bec de cigogne
l’ombelle encore épanouie. Ce défaut d’en-
semble est grave et exclut des collections
plusieurs variétés, très-belles d’ailleurs.
Goznme Eugénie Mézard, notre planteoffre
une précieuse ressource pour lacomposition
des corbeilles de plein air. Elle est d’une
floraison aussi abondante, aussi continue
pendant toute la belle saison, et ses corol
les offrent le rare avantage de n’être pas
attaquées par le soleil. C’est une qualité fort
recherchée dans les Pélargoniums zonals.
Les coloris saumonés ne l’offrent que rare-
ment. Si donc on peut l’ajouter aux autres
mérites que nous avons signalés, c’est un
double intérêt, et M. Mézard, horticulteur
à Rueil, qui le met en vente à un prix fort
modéré, en écoulera un grand nombre, ce
printemps, dans le public ami de l’horticul-
ture.
Ajoutons qu’on la cultivera en serre avec
grand avantage, et que la floraison y sera
plus abondante peut-être encore qu’au grand
air. Les soins que nous avons indiqués pour
ce mode de culture dans l’article cité plus
haut, sont de tout point applicables à la
Gloire de Corbeny.
Nous voyons avec grand plaisir cette ir-
ruption nouvelle des variétés à tons délicats
dans nos cultures d’été. Nos Pélargoniums
zonals sont restés si longtemps clans les
tons de feu et de carmin analogues à Tom
Pouce et Nozegay, et malgré cela ils sont si
indispensables à nos garnitures de jardins,
que c’est une bonne fortunede les voir varier
ainsi à l’infini, et faire une heureuse diver-
sité avec toutes les plantes ciui les entou-
rent.
Ed. André.
FRAMROISE BELLE DE FONTENAY.
La Framboise représentée dans la figure
coloriée ci-contre existe depuis longtemps
déjà dans les cultures sous le nom de Belle
de Fontenay.
92
FRAMBOISE BELLE DE FONTENAY.
Il y a une dizaine d’années, elle nous est
revenue du sud-est de, la France sous le
nom de Victoria.
Depuis on l’a annoncée, comme nou-
veauté, sous le titre de Belle d'Orléans.
C’est afin de prévenir nos lecteurs contre
cette synonymie désespérante, qui menace
de s’accroître encore, que nous appelons
leur attention sur ce sujet.
Le plant est très-vigoureux; il a le tort
de trop pulluler, ce qui nuit à sa fructifica-
tion, si l’on n’y porte remède par un éclair-
cissage sévère au début de la végétation.
LES ŒILLETS
S’il faut ajouter foi aux récits de certains
écrivains horticoles, l’Œillet fut connu et
cultivé dès la plus haute antiquité; mais
ceci est d’un très-mince intérêt pour l’hor-
ticulture de nos jours; car les anciens,
ceux d’il y a 2,000 ans, (comme qui dirait
hier : qu’est-ce en effet que 2,000 ans dans
l’immensité du temps?), nous ont laissé peu
ou point d’écrits racontant l’origine et la
culture des plantes qu’ils connaissaient. Il
n’y a donc là qu’un intérêt de curiosité.
Quoique d’autres auteurs affirment que
l’on cultivait l’Œillet avec passion il y a
quatre siècles, ceux qui s^y livraient ne
nous ont laissé aucune trace de leur savoir,
et l’on peut soutenir, sans crainte d’être
contredit, que ce n’est vraiment que de
notre époque que date la véritable culture
des Heurs, que l’on s’occupe de connaître
l’origine des différentes espèces qui ornent
nos jardins et nos serres, que l’on s’appli-
que à les perfectionner et les assujettir à
nos goûts, à nos besoins.
Quoiqu’il y ait encore beaucoup à faire
pour bien connaître l’origine de la plupart
des plantes que nous cultivons, il faut
néanmoins convenir que nous sommes en
progrès et que nous sommes entrés dans la
bonne voie, celle de pouvoir tracer (comme
pour les animaux de prix) la généalogie des
plantes.
Les Œillets des fleuristes (Dianthus ca-
ryophyllus) ont eu pendant longtemps une
grande vogue; mais le port peu gracieux de
la plante, ses longues liges florales, qui ne
peuvent se soutenir sans tuteurs, ont fait
abandonner leur culture par la plupart des
amateurs, et l’on pourrait presque affirmer
qu’il n’y a plus, ou du moins très-peu, d’a-
mateurs des anciens genres flamands et
fantaisies.
Une autre cause du délaissement que je
constate est les soins assidus que réclame
cette plante pendant toute l’année, pour une
très-courte jouissance.
L’Œillet remontant, et surtout FŒillet
remontant nain est venu à propos, pour
Le fruit est gros, de couleur foncée et de
bonne qualité; mais une culture mal en-
tendue produit des fruits petits, en faible
quantité.
C’est surtout à l’arrière-saison que la
production est remarquable.
Le Framboisier Belle de Fontenay réclame
donc une taille moyenne, une extraction ri -
goureuse des rejets surabondants, et le re-
nouvellement triennal au minimum de la
plantation.
A. Ferlet.
REMONTANTS.
ranimer le goût pour cette charmante fleur
qui, outre ses coloris variés, offre l’a-
vantage de posséder l’odeur la plus suave.
L’Œillet remontant a été créé à Lyon.
Ce fut M. Dalmais, jardinier chez le re-
grettable M, Lacène (ce zélé patron de
l’horticulture lyonnaise et le fondateur de
notre Société d’horticulture), qui produisit le
premier Œillet frarchement remontant. Il
le mit dans le commerce en 1844, sous le
nom d'Atini.
Cet Œillet était le produit de la féconda-
tion d’une espèce connue dans nos contrées
et dans le Midi sous le nom vulgaire d’Œil-
let de Mahon, par l’Œillet Bichon (le pre-
mier était aussi connu sous le nom d’Œillet
de la Saint-Martin, parce qu’il se fleurissait
presque régulièrement vers la mi-novem-
bre) .
Ce premier gain fut ensuite fécondé par
les Œillets flamands et fantaisies, et il en
sortit, dès 1846, une nombreuse série de va-
riétés des coloris les plus divers.
M. Schmidt, un de nos horticulteurs les
plus intelligents, suivit M. Dalmais dans la
voie qu’il lui avait tracée et augmenta les
collections de plusieurs variétés remarqua-
bles, entre autres Arc-en-Ciel et Etoile
polaire, qui sont encore considérées comme
(les plantes de mérite. Mais, vers 1850, une
maladie s’étant déclarée parmi ses Œillets,
M. Schmidt se découragea et les délaissa.
Ce fut vers cette époque que M. Aléga-
lière s’adonna à cette culture et, en peu de
temps, lui fit faire des progrès rapides. C’est
à cet habile et persévérant horticîulteur que
nous devons toutes les belles variétés naines
qui sont aujourd’hui estimées en Angleterre,
en Allemagne et en Italie.
Quoique M. Alégatière se soit de suite
placé au premier rang par ses fécondations
artificielles faites avec le plus grand discer-
nement, il sentit qu’il lui restait une tâche
à accomplir pour réhabiliter complètement
sa plante de prédilection, celle de créer des
Œillets dont la tige tlorale pût se soutenir
sans aucun support.
93
LES OEILLETS
Il s’est imposé cette tâche, et il vient de
l’accomplir.
Il a obtenu, par des croisements réitérés,
un Œillet hybride, très-nain, très-remon-
tant, dont la tige florale est forte et ferme,
qui, quand on veut la ployer, se redresse
comme un ressort.
C’est une conquête admirable.
Les fleurs sont d’une forme parfaite; les
pétales sont presque aussi ronds que ceux
du genre flamand; la plante est d’un port
agréable, d’un beau vert, très-florifère, les
tiges florales ne s’élèvent guère au delà de
0"'.25 à 0"\30.
M. Alégatière, qui en a livré au commerce
celle année, n’a voulu publier sa conquête
(sa création) qu’après s’êlre assuré qu’il
avait obtenu un type nouveau, qui paraît
devoir se perpétuer, puisqu’il se reproduit
par le semis et qu’il en existe déjà quatre
coloris bien distincts : ce qui donne l’espoir
que celte nouvelle plante nous fournira
sous peu toutes les nuances des autres gen-
res d’Œillets et les remplacera tous.
M. Alégatière l’a baptisée Dianthus si-
derocaiilis (lige de fer).
J’entends quelques personnes se récrier:
Comment! ce monsieur a la prétention de
créer une espèce.
Et pourquoi pas, s’il vous plaît? Pour ma
RÈMONTAISTS.
part, je pense que, jusqu’à ce que les sa-
vants se soient mis d’accord sur Vorigine
des espèces, chacun de nous a le droit de se
dire le créateur d’une espèce, quand il pro-
duit, par une sélection consciente et un
travail assidu, une plante différente de cel-
les qui existent, et qui se perpétue par le
semis, comme celles que les botanistes ap-
pellent des espèces^
Ceux qui, comme moi. croient plutôt à la
théorie de Ch. Darwin qu’à toute autre, ne
trouveront pas M. Alégatière trop présomp-
tueux.
Je dis plutôt, parce qu’il est raisonnable,
aujourd’hui que toutes les anciennes théo-
ries sont avec raison controversées, de ne
croire absolument qu’à ce qui est mathé-
matiquement démontré.
Mais revenons aux Œillets remontants
nains, se tenant sans tuteurs.
Cette race, cette espèce, quand elle sera
bien connue, et appréciée à sa juste valeur,
sera employée à faire de magnifiques mas-
sifs et aura sur le Dianthus semperflorens
' (Œillet Flon) l’avantage d’avoir de grandes
fleurs, les coloris les plus variés et l’odeur
suave des Caryophyllus.
Jean Sisley.
‘ Une race permanente est presque une espèce que
nous avons créée. (Henri Lecoq.)
LA LAITUE BOSSIN.
En visitant les jardins d’une petite ville
de l’Auvergne, ainsi que j’ai l’habitude de
le faire partout où je passe, j’aperçus
dans l’un d’eux une Laitue dont l’ampleur et
la couleur des feuilles, et la grosseur déme-
surée de sa pomme, me frappèrent d’admi-
ration. Nous désirerions, soit dit en passant
et sans critique aucune, que les délégués
de la Société impériale et centrale d’horti-
culture, qui acceptent le mandat de juré
près les Expositions horticoles internationa-
les, régionales et autres, s’occupassent un
peu des plantes potagères, et je crois, que
s’ils le voulaient, ils rapporteraient à la Société
mère, soit des légumes nouveaux ou peu
connus , soit des méthodes ou des procédés
de culture qu’il serait utile de répandre.
Ils n’auraient en cela qu’à imiter l’exemple
de notre bon collègue Jamin (Jean-Lau-
rent), auquel nous devons tant en pomo-
logie; c’est au moyen de ses voyages en
France et à l’étranger, qu’il nous a doté
d’une quantité considérable de bons fruits.
Ne pourrait-on pas faire de même pour les
légumes, dont le nombre est assez restreint
dans les potagers? La question est facile à
résoudre, il me semble, et je reviens à mon
sujet.
Le vieux etmodeste jardinier qui possède
cette énorme Laitue en est très-jaloux, et il
n’en veut pas donner à ses confrères; ce
n’est qu’après des visites réitérées et des
instances inouïes qu’il consentit à m’en
céder quelques semences. Je reste con-
vaincu que s’il n’y avait pas eu entre lui et
moi une distance de cent lieues, il ne m’en
aurait pas donné une seule graine. Ce vieux
et malm jardinier, duquel je tiens cette
bonne variété fixe, n’a pas su ou n’a pas
voulu m’en dire l’origine. Je n’avais jamais
vu nulle part cette Laitue monstrueuse, et
je déclare ici très-humblement ne la con-
naître que depuis que je l’ai trouvée chez
lui et depuis surtout qu’elle est chez moi à
l’état d’étude. Je l’ai cherchée aussi dans
l’excellent ouvrage de M. Vilmorin, inti-
tulé ; Description des plantes potagères ],
et je ne l’ai pas découverte; je croirais
donc qu’elle n’y est pas décrite, et que,
partant, la Laitue Bossin est peu ou pas
connue et encore moins répandue. C’est ce
que nous serons en mesure de constater
probablement l’année prochaine.
La Laitue dite Bossin {monte à regret),
qu’il ne faut pas confondre avec les autres
variétés qualifiées de lente à monter, de
monter à peine, paresseuse, etc., est une Lai-
tue à grosse pomme plate, très-dure; elle
^ Éditif^n de 1856. A la Librairie agricole et hor-
ticole, rue Jacob, ir° 26, et chez l’auteur.
94
LA LAITUE BOSSIN.
ne monte que très-difficilement à graine, et
si on ne fendait pas la pomme avec un in-
strument, je crois que la tige se romprait sous
les étreintes de ses amples feuilles blondes,
un peu ondulées, se cuivrant légèrement à un
tiers environ de leurs extrémités ; les bords
soiità crénelures un peu larges et arrondies ;
les côtes sont également très-larges; celles
de l’intérieur sont creuses et contiennent une
certaine quantité d’eau, que souvent j’ai
estimé à un centilitre à peu près dans quel-
ques fortes plantes- Cette faculté de conte-
nir un certain volume d’eau est commune
à toutes les Laitues pommées, il est vrai,
mais j’ai cru remarquer que la présence de
cette partie aqueuse était bien plus forte
chez la Laitue Bossin, que dans aucune au-
tre. Est-ce un avantage? je n’en sais rien;
cependant cette excès de sécrétion me por-
terait à croire, ou tout au moins cà supposer,
que cette disposition l’aiderait à triompher
plus facilement des fortes et longues séche-
resses, je laisse le soin de traiter cette ques-
tion à de plus savants que moi.
Il y a plusieurs années que je cultive cette
Laitue à Hanneucourt, avec le plus grand
succès ; j’en ai donné des graines et des
plants à plusieurs de mes voisins, qui ont
été, comme moi, satisfaits de son bon ré-
sultat. Plantée pour comparaison, à côté
des Laitues Batavias blonde et brune, de la
Laitue Chou de Naples, de la Laitue turque,
de la Laitue de Malte, et autres grosses va-
riétés, elle s’est constamment montrée su-
périeure à elles, en qualité et en grosseur.
Elle monte cà graine au moins trois semaines
après ces dernières. Que celte Laitue soit
ancienne ou nouvelle, qu’elle soit connue
ou non dans certaine localité, elle n’en sera
pas moins, j’en suis sûr, une bonne acquisi-
tion de plus pour tous les jardins potagers
et pour la table.
La Laitue dite Bossin, nom qu’on a bien
voulu lui donner dans mon voisinage, est
tendre, juteuse, cassante, croquante et
d’un excellent goût, qui la fait distinguer
aisément quana on l’associe à ses congé-
nères dans un saladier. Ce sont tous ces
avantages réunis qui m’engagent à la pro-
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ i
Séances des 28 décembre 1865 et 11
janvier 1866. — La séance du 28 décembre
a été remplie presque entièrement par les
élections des membres du bureau de la
Société. La Bevue horticole a fait connaître
il y a un mois (n« du 16 janvier, page 2-i)
le résultat de ces élections. Dans la séance
du 11 janvier, il a été lu plusieurs rapports
concernant les affaires intérieures de la
Société, parmi lesquels nous signalerons
pager et à la faire connaître aux amateurs
de bonnes salades, cuites ou crues, qui ne
la connaissent pas, et qui désireraient cul-
üver une bonne Laitue de plus dans leur
jardin, elle ne demande pas plus de soins
que les autres et son produit est beau-
coup plus considérable.
Cette Laitue est une desmeilleuresLaitues
d’été, si ce n’est la meilleure? Mes premiers
semis ont lieu sur couches dès la fin de fé-
vrier, et je continue ainsi à en semer de mois
en mois, de la même manière que les autres
Laitues jusqu’à la fin de juin. Plantée en
planches, je l’espace de 0«i.40 à 0*".60 en
tous sens, je lui donne des binages et
des arrosements au besoin; en un mot, je
la traite comme les autres ij .itues, ni plus
ni moins. La Laitue Bossin serait aussi un
peu d’hiver, puisque 22 pn ds sur 40 ont
supporté l’hiver de 1864«1865. Au prin-
temps elle était quatre fois plus forte que
les Laitues passion , morine, etc.
Dans mon terrain crayeux sec et brûlant,
la Laitue Bossin n’a jamais excédé le poids
de 3 kilogr. (6 livres), mais dans certains
terrains privilégiés, frais et substantiels, elle
pèse souvent de 3 à 6 kilogr. (6 à 12 livres).
J’en ai vu de cette étonnante grosseur chez
le donateur et ailleurs. La floraison n’en est
pas simultanée comme cela arrive chez les
autres Laitues; par cela même, la récolte
des graines n’en est que plus difficile et
plus longue à opérer. Tous les matins, à la
fraîche, en est obligé de faire la cueillette,
en détachant un à un, avec précaution, cha-
cun des réceptacles communs, qui, en s’ou-
vrant, laissent voir leurs semences surmon-
tées de leur aigrette. Elle donne beaucçup
moins de graines que les autres variétés, et
si on ne prenait pas les précautions que j’in-
dique, 011 en récolterait très-peu. Les se-
mences en sont de couleur bruiie. On peut
se les procurer chez MM. Fontaine et Dullot,
marchands de graines, quai de la Mégisse-
rie, n» 2, à Paris.
Bossin,
Propriétaire à Hanneucoiirl,
parMeulaii (Seine-et-Oisc).
ÎNTRALE D’HORTICULTURE.
seulement celui de M. Michelin sur les tra-
vaux du comité d’arboriculture et de la
commission permanente de pomologie,
parce que ce rapport a ravivé la discussion
sur la question de l’ablation des fleurs cen-
trales des bouquets des arbres fruitiers
pour obtenir une fructification plus cer-
taine. La priorité de cette remarque a
encore été revendiquée en faveur de plu-
sieurs personnes, M. Duchartre a rappelé à
95
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’HORTICULTURE.
) I ce sujet qu’il l’a vue consignée, il y a envi-
I ron dix ans, dans un journal anglais. Plu-
sieurs membres éminents ont du reste pré-
; conisé cette pratique dans des termes assez
» convaincus pour que nous engagions nos
I lecteurs à en faire l’essai au printemps pro-
i Chain.
M. Margottin a donné quelques éclaircis-
sements à propos de la note de M. de Bazil-
é lac sur les phénomènes qui se sont produits
î dans des expériences d’hybridation de Ro-
i siers. (Voir la itcuwc de 1865, page 469.)
I L’obtention de variétés nouvelles par la
l; greffe, dit M. Margottin, a souvent lieu sur
) des sujets très-vigoureux, comme l’est la
î Rose Général Jacqueminot ; c’est un effet
) de la force devégétation de la plante. Quant
I à la panachure, c’est, au contraire, sur
les sujets faibles et m_aladifs qu’onda remar-
que de préférence, telles que les variétés
issues de la Rose Baronne Bivort. Ces va-
riétés panachées, du reste, retournent tout
de suite au type. La greffe n’a donc pas d’in-
fluence sur l’hybridation des variétés, et
celle-ci reste toujours le produit du mé-
lange des pollens, et non du mélange des
' sèves, comme l’avait supposé M. deBazillac.
Plusieurs membres ont présenté, aux
deux séances dont nous parlons, des plantes
deserre remarquables. C’était, entre autres,
un magnifique exemplaire de VAstrapœa
Wallichü en pleine floraison, venant de
chez M. Burel ; un Oncicliim ornithonjn-
chuni, exposé par M. Lucy. M. Baudin a
montré un bel échantillon de Cyrtanthera
Ghiesbreighiü à fleurs colorées d’un rouge
brillant ; VHamiltonia scahra, dont le par-
fum est des plus agréables ; le Peristrophe
speciosajVEranthemuni strictum, et enfin
un Goldfassia alyssophila venu en pleine
terre.
Dans la section des fruits présentés, on
remarquait quatre Poires Doyenné d’hiver
présentés par M. Gallois, propriétaire à Gacé
(Orne), par l’eîffremise de M. Pépin; ces
fruits ont obtenu une prime de 3^ classe. —
M. Taroux avait envoyé des Pommes d’une
variété connue à Marseille sous le nom de
Pomme Glacée. La partie qui entoure l’œil
est verte et tout à lait transparente ; mais
la chair en est dure et sans goût; l’autre
partie est jaunâtre et non transparente, avec
une chair blanche médiocre. — M. Lepère
fils avait apporté des Pommes d’Allemagne,
où elles sont très-estimées sous le nom de
Rosmarin du Tyrol. Les fruits ont paru au
comité être d’une qualité ordinaire ; mais le
présentateur attribue cette dépréciation au
voyage qu’ils ont dû faire, et il assure que
la Pomme Rosmarin tyrolienne serait une
bonne acquisition pour la France.
M. Margueritte, jardinier de l’Institut des
nobles, à Varsovie, en envoyant des échan-
tillons de Persil à grosses racines, a donné
quelques détails de culture qui permettront
d’essayer de produire ce nouveau légume
dans notre pays. Il faut semer dans une
terre plutôt légère que forte pour que le
pivot ne se ramifie pas; tenir le semis es-
pacé, pour que les pieds de Persil puissenj
prendre tout le développement dont ils sont
susceptibles; enfin, faire ce semis de bonne
heure, en même temps que celui des Carot-
tes hâtives, parce que la plante reste long-
temps faible, et ne prend de développement
qu’à partir des chaleurs.
M. Louis Fahy, professeur d’arboriculture
à Angoulême, a imaginé de palisser ses ar-
bres fruitiers, non pas à la loque, ni en les
fixant sur un treillis de lattes ou de fil de
fer, mais seulement en attachant les bran-
ches fruitières aux branches-mères. Avec
cette méthode, M. Fahy obtient une grande
précision dans les formes qu’il veut donner
à ses arbres, comme le montrent des pho-
tographies d’espaliers de Pêchers figurant
des noms, qu’il expose et dont il fait hom-
mage à la Société.
— A la séance du 25 janvier, on remarquait
de très-beaux spécimens de Camellias pré-
sentés par M. Forest, de la part de M. Co-
chet, de Suisnes. Ces Camellias, plantés en
pleine terre de bruyère à une exposition
septentrionale, ont fleuri dès la fin de jan-
vier à l’air libre, sans couverture aucune.
La Société décerne à M. Cochet une prime
de D® classe.
M. Rivière a donné dans cette séance un
intéressant compte rendu détaillé d’un
voyage qu’il venait de faire dans le midi de
la France. Ses observations ont porté prin-
cipalement sur des faits de floraison do
plantes ornementales en pleine terre, plan-
tes dont la plupart sont privées de fleurs
sous nos climats ou réclament l’abri des
serres pour végéter.
D’abord, dans le jardin de M. Talabot, à
Marseille, M. Rivière a vu VEvonymus japo-
nica fleurissant et fructifiant ; on sait que
cet arbuste, à Paris, forme des buissons isolés
et infertiles ; à Marseille, c’est presque une
plante grimpante qui s’élève le long des ar-
bres et des murs; le SîJiüax aspera, autre
plante grimpante , poussant sur le Pinus
halepensis, et portant des feuilles larges
comme la main ; des Callicarpa ornés de
branches de 2 mètres de longueur couvertes
de fruits d’une blancheur éclatante ; enfin
une Bruyère indigène de Marseille, très-vi-
goureuse et très-belle, que l’on pourrait im-
porter à Paris.
A Cannes, VEiicalyptus globuliis fleurit
parfaitement ; M. Rivière en a admiré des
sujets de 6 mètres de Imuieuv'^V HabrotJiam-
' nus elegans était couvert de fleurs, comme
le Lilas Fest ici au mois d’avril. Le Bud-
dleiya madagascariensis est encore une
plante qui donne abondamment en plein
1
(
I
‘ SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’HORTICULTURE.
96
air, à Cannes, ses gracieux épis de fleurs
jaunes. Les Roses, lesAcacias, les Bignoni^i
capensis y étaient en fleurs, ainsi que le
Russelia funcea^ que l’on y cultive en inas-
' \k. VIlexace7itris coccAnca, les Tacsonia
iiiollissima et passiflora sont des plantes de
serres qui, à Cannes, à la fin de janvier,
étaient déjà couvertes en pleine terre de leur
élégante parure florale.
A Antibes, l’éminent jardinier en chef du
Luxembourg a constaté les mêmes phéno-
mènes , bien que récemment on y eût ob-
servé plusieurs jours de gelée. Mais sous
ces heureux climatsla constance des saisons
permet aux plantes, dès que les froids sont
passés, d’entrer immédiatement en végéta-
tion, sans avoir à craindre les retours d’in-
tempéries qui sont si funestes dans nos ré-
gions septentrionales. C’est ainsi que des
Camellias de 3 ans, ayant 2 mètres de hau-
teur, étaient émaillés de fleurs au commen-
cement de janvier.
Les Azalées viennent aussi très-bien en
pleine terre sur les côtes de la Provence.
L*on y cultive encore avec succès les arbres
fruitiers et surtout le Poirier, mais en leur
donnant des arrosements fréquents. Les
Pommiers y sont envahis par le puceron
lanigère, malgré la sécheresse du climat, et
contre l’opinion de plusieurs personnes,
qui affirment que le puceron est un produit
de l’humidité.
A propos de ce parasite, M. Rivière rap-
pelle le remède, seul efficace selon lui, qui
consiste à toucher les insectes avec un pin-
ceau imbibé d’alcool. Contrairement à toutes
les autres substances corrosives telles que
essences, huiles lourdes ou volatiles, ex-
traits, etc., que l’on a conseillées, l’alcool
n’attaque même pas les jeunes bourgeons
en voie de développement, et il a la pro-
priété de dissoudre la matière blanche pul-
vérulente qui recouvre le puceron et qui lui
a fait donner le nom de lanigère. A ce titre,
l’alcool peut aussi être employé avec succès
contre le Coccus adonidum, qui porte de
même une matière blanche laineuse. M. le
maréchal Vaillant a du reste, confirmé dans
une lettre récente, l’efficacité de l’emploi
de l’alcool pour détruire le puceron lani-
gère.
M. Rivière a visité les remarquables cul-
tures de la presqu’île de Reaulieu, près de
Villefranche, ville située sur le littoral des
Alpes-Maritimes, près de Nice. Là, les ha-
bitants trouvent moyen de tirer simultané-
ment trois récoltes d’un même sol. Ils cul-
tivent d’abord en lignes des Oliviers sou-
mis à la taille; au-dessous, ils ont des
Orangers et surtout des Citronniers, et en-
fin, au-dessous de ceux-ci, des Violettes, de
Parme.
Cette culture est très-lucrative. Malheu-
reusement, depuis l’année dernière, les Ci-
tronniers sont atteints d’une maladie ana-
logue à la fumagine des Oliviers et dans la-
quelle les feuilles et les fruits sont couverts
d’une matière noire exsudée parles insectes.
Sur les Citronniers de Beaulieu, c’est une
fausse cochenille qui cause ces ravages,
contre l’intensité desquels les habitants
sont sans remède et sans défense.
— Une dame patronesse de la Société, qui
est en mên e temps amateur très-éclairé
d’horticulture, avait envoyé d’une autre ré-
gion méridionale de la France, de Bayonne,
deux belles inflorescences de Tecoma vp-
nusta, qui ont excité l’admiralion de tous.
Nous aurons très-prochainement à revenir
sur les cultures de Madame Léon, à propos
d’un récent envoi d’Oranges, de Manda-
rines et de Citrons, fruits qu’elle obtient
sur des arbres plantés en pleine terre,
abrités seulement pendant l’hiver par des
vitrages .Des Orangers ainsi cultivés ont porté
jusqu’à 250 fruits.
— On sait que plusieurs personnes attri-
buent uniquement la beauté des fruits aux
seins donnés à l’écorce des arbres fruitiers
pour la maintenir dans un constant état de
propreté. De ce nombre est M. Lahaye, qui
présentait à la Société une corbeille de fruits
bien conservés. Nous ne croyons pas que les
soins donnés aux écorces suffisent seuls
pour obtenir de beaux produits ; mais le
conseil n’en est pas moins bon à suivre : on
ne doit rien négliger pour maintenir les
arbres en vigueur et en bonne santé. La Rev'UP
publiera prochainement d’ailleurs un travail
de M. Lahaye sur le tavelage et diverses au-
tres maladies des fruits, travail dans lequel
toutes ces questions sont traitées à fond.
A. Ferlet.
CULTURE DES VERGERS. - lU.
Etablissement d’un verger. — Avant
tout, il faut placer le verger à l’abri du
vent pour ne pas voir tomber les fruits
avant qu’ils aient atteint leur maturité ; si
cet abri n’existe pas, on le créera en plan-
tant une ligne double de Peupliers d’Ralie
^ Voir le numéro du 16 février, page 75.
éloignée de 20 à 25 mètres du verger. Le
Peuplier noir et celui de Virginie convien-
nent également bien. Les Peupliers d’Ralie
seront espacés entre eux de 4 mètres envi-
ron, et les lignes parallèles à la même dis-
tance. Les deux autres Peupliers se déve-
loppant beaucoup plus en largeur, devront
CULTURE DES VERGERS. — II.
97
être espacés à 5 ou 6 mètres Il faut, |
bien entendu , défoncer des bandes de terre
pour les planter convenablement, et ne pas
les mettre dans des trous où ils réussiraient
mal, à moins que la plantation ne se fasse
dans un terrain profond à sous sol un peu
humide. . .
On aura toujours avantage à choisir le
meilleur terrain pour faire la plantation, il
devra être assez en pente pour que les eaux
du souS'Sol puissent s’écouler ; dans le cas
contraire, un drainage devra être pratiqué.
L’expérience des jardins de l’Ecole de la
Saulsaie nous a appris qu’il fallait préférer
les tuyaux aux cailloux ; cependant, quand
on a ces derniers sous la main , ils peuvent
ùtre très-bons en les employant avec précau-
tion. Nos drains ont été placés à 8 mètres
d’écartement sur une profondeur de i“.30,
et, depuis quinze ans, ils fonctionnent tou-
jours bien. Un terrain perméable n’a pas
besoin d’être drainé.
Dans la Bresse, et surtout dans la Dombes
en particulier, le terrain est à peu près bon
partout. Toutefois, les plantations ne réus-
sissent pas toujours bien dans les terres
mélangées de cailloux roulés.
Ailleurs, les sous-sols argileux ou cal-
caires ne valent rien non plus; il vaut mieux
augmenter la couche de terre végétale en
amenant de bonnes terres au-dessus du sol
,à planter, que d’entamer ces sous-sols et les
ramener à la surface.
Dans tous les terrains à graviers , ainsi
que dans ceux qui sont trop sableux, les
arbres ne peuvent y prospérer, à moins de
faire comme il vient d’etre dit ci-dessus.
Plantés près des habitations, les arbres
fruitiers seront mieux soignés, parce qu’on
les aura sous la main ; les fruits pourront
être cueillis à temps et il seront moins expo-
sés aux maraudeurs.
La terre devra être défoncée à 0'".80 envi-
ron de profondeur, par un beau temps si cela
est possible ; l’automne est une bonne sai-
son pour faire ce travail.
Il ne faut jamais reculer devant la dépense
qu’exige la défonce en plein ; l’avenir d’une
plantation est presque tout entier dans la
préparation du sol. On ne se repentira jamais
d’aller à une profondeur d’un mètre dans
notre sous-sol imperméable ; tandis que
dans les terrains riches et profonds, 0"\60
peuvent suffire. Après la défonce, un chau-
lage de 50 à 60 hectolitres de chaux à l’hec-
tare est nécessaire ; on le recommencera
tous les dix à douze ans, afin d’introduire
du calcaire dans notre terrain qui en est
totalement dépourvu-.
^ Dans d’autres localités , d’autres essences
d’arbres pourront être plus convenables.
2 Voici d’après l’analyse chimique de M. Pouriau,
la composition du sol de la Dombes; silice fine, 85.18;
alumine, 7.04; fer, 6.46; carbonate de chaux, 0.35;
carbonate de magnésie, 0.50.
La plantation aura lieu de préférence à
l’automne ; en novembre ou décembre ; ou
le plus tôt possible, au printemps; toujours
par un beau temps.
Les arbres devront être achetés en sep-
tembre ou octobre. On les choisira sains et
vigoureux. La tête de l’arbre devra déjà avoir
reçu une ou deux tailles.
Au moment de la plantation , on coupera
avec un instrument bien tranchant toutes les
racines à 0"L^5 ou de longueur à par-
tir de leur insertion sur le collet de l’arbre;
celles qui seraient meurtries ou brisées près
de leur naissance , seront coupées jusqu’à
la partie saine L Le chevelu, ordinaire-
ment desséché, devra être enlevé.
Il sera bon de se procurer, avant la plan-
tation, du terreau, c’est-à-dire du fumier
très-décomposé, qui sera mélangé avec de
la bonne terre sableuse ou rendue telle par
l’addition de sable. Au moment de planter,
on la mélangera par moitié avec la terre du
sol pour mettre entre les racines et un peu
au clelà. Cette terre douce, perméable et
riche en humus, permettra aux nouvelles
racines de se développer avec facilité et de
trouver à leur portée un engrais propre à
être absorbé ; alors la reprise des arbres en
sera d’autant plus assurée.
Il est inutile de faire des trous larges et
profonds dans un terrrain nouvellement
défoncé, on les fera assez grands pour que
les racines des arbres puissent y être à leur
aise.
Quand l’arbre sera planté, les racines
supérieures devront se trouver au niveau
du sol, et pour les protéger de l’action de
l’air qui les dessécherait, on fera une large
butte au pied de l’arbre afin de les recouvrir
de 0"\20 de terre. C’est une grave erreur
que de planter les arbres profondément,
sous prétexte de ne pas endommager les
racines en labourant le sol à leur pied. Cette
épaisse couche de terre au-dessus des raci-
nes nuit à la fertilité.
La tête restera intacte jusqu’à l’année sui-
vante, nous dirons plus loin ce qu’il y aura
à faire.
La tige des arbres venus dans les pépi-
nières s’est développée sous l’intluence
d’une lumière peu intense et à l’abri des
grands vents; après la plantation, elle se
trouve tout à coup exposée à l’action du
soleil et des vents desséchants. Il en résulte
que l’écorce se durcit, perd de son élasti-
cité, et quelle ne se prête plus'au grossisse-
ment de la tige. La sève des racines, gênée
^ Des expériences comparatives faites , depuis
plus de vingt ans, sur les racines des arbres de dif-
férentes espèces, sous différents climats et dans
des sols divers , nous ont amené à reconnaître
que la taille un peu courte que nous indiquons n’a
rien d*exagéré. C’est le point le plus convenable
pour la formation du bourrelet , dans le voisinage et
sur lequel naissent les nouvelles racines.
98
CULTURE DES VERGERS. — II.
dans sa circulation ascendante, provoque la
sortie de nombreux bourgeons à la base de
la tige.
Pour éviter cet inconvénient, qui déter-
mine quelquefois la mort de la tête de l’ar-
bre, on enveloppe la tige d’une légère cou-
che de paille placée en long depuis le niveau
du sol jusqu’aux premières brandies; cette
paille est retenue par des liens d’osier pla-
cés tous les 0™.30 environ, et au bout de
trois ou quatre ans elle devient inutile. Après
avoir placé la pàille, il est bon d’assujettir
les arbres contre lèvent, au moyen de bons
tuteurs auxquels on les attache en mettant
de la paille ou de la mousse entre l’arbre et
le tuteur, à l’endroit des liens.
Le balancement que les arbres éprouvent
souvent lorsqu’ils n’ont pas de tuteurs, dé-
truit au fur et cà mesure qu’elles se dévelop-
pent les nouvelles racines qui naissent sur
le collet et près de la surlace du sol; ces
racines sont, comme on le sait, les meil-
leures.
La sécheresse du sol est très-nuisible
aux nouvelles plantations. Les binages répé-
tés plusieurs fois en été sont un excellent
moyen pour en atténuer les mauvais effets ;
mais le meilleur moyen est sans contredit
le paillis. A cet effet, on emploie du grand
fumier peu consommé, ou cà son défaut de
la paille, de l’berbe, des Genêts, des Ajoncs,
etc., sur lesquels on place quelques pierres
pour que le vent ne les enlève pas. Ces
couvertures, placées en avril ou mai au pied
de l’arbre, sur une largeur de deux mètres,
doivent être assez épaisses pour cacher le
sol. Elles ont besoin d’être renouvelées
encore l’année suivante seulement.
Malgré ce paillis, qui empêche l’évapo-
ration du sol, il faut encore dans les années
très-sèches, comme celle de 1865, par
exemple, arroser copieusement le pied de
l’arbre tous les quinze à vingt jours ,
l’année qui suit la plantation. Sans cet arro-
sage, on s’exposerait cà voir périr les carbres
ou tout au moins à les voir végéter faible-
ment. A chaque arrosement fait sur les pcail-
lis, on emploiera quinze à vingt litres d’eau
pour tremper la terre à fond.
Tous ces soins, minutieux en appearence,
sont d’une nécessité absolue pour obtenir
une réussite complète. Nous avons eu tant
de déceptions depuis plus de trente ans ejne
nous plantons, que nous avons cru utile
d’entrer dans tous ces détails afin que ceux
qui se trouveront dans les mêmes circon-
stances que celles dans lesquelles nous
étions placé réussissent sans tâtonnement
et sans perte de temps.
Distance à résercer entre les arbres frui-
tiers. — En lignes isolées, les arbres sont
un peu plus fertiles que ceux plantés en
groupe, par la raison qu’ils ont plus de lu-
mière et d’air ; mais les vents violents qui
régnent fréquemment dans notre pays, ainsi
que la nature du sol, nous obligent à faire les
plantations en massif. Une distance de 6 à
7 mètres* entre chaque arbre, en quin-
conce ou en carré, est suffisante pour le
développement qu’ils acquièrent dans les
Dombes. Mais dans un meilleur terrain,
on fera bien de les planter à 8 mètres
environ.
Formation de la tête des arbres. —
On a dû ne rien retrancher à la tête de
l’arbre l’année de la plantai ion. Cependant,
on a dit et écrit qu’il fallait mettre la partie
aériennne en équilibre avec la partie souter-
terraine; c’est là une théorie qui n’est pas
justifiée par la pratique. M^iis l’annéed’après
la plantation, on coupera au printemps les
deux ou trois plus belles branches de la tête
de l’arbre à O*". 20 ou 0"\25 de leur point
d’insertion. S’il se trouvait d’autres branches
fortes ou faibles, on les enlèverait complè-
tement. Ces deux ou trois branches sont
destinées à former la nouvelle charpente
elles portent ordinairement des dards et
des brindilles qu’il faut également retran-
cher afin qu’il naisse à l’extrémité de cha-
cune d’elles deux ou trois bourgeon vigou-
reux.
L’année suivante , on a ordinairement
4, 5 ou G rameaux sur lesquels on fait la
seconde taille à O'”. 50 ou O'”. 60 de leur
insertion; ils doivent former, autant que *
possible, le vase ou gobelet. Ceux qui se
seraient développés au-dessous d’eux, étant
iuutiles, seront retranchés; mais on ména-
gera les dards et les brindilles, qui donne-
ront plus tard des fruits.
Ces deux tailles suffisent ordinairement
dans le plus grand nombre de cas pour avoir
une charpente composée de cinq branches
au moins et de huit au plus. Ensuite, on
laisse pousser l’arbre en liberté.
Si, au moment de la deuxième taille, les
rameaux ne dépassentpas0»u60, on les laisse
entiers; mais, si un ou plusieurs dépassent
cette longueur , il faut les tailler au niveau
des moyens qui resteront toujours entiers.
En opérant la taille de ces branches , on
choisit, pour l’établir, les rameaux placés
de côté, et on retranche ceux qui se dirigent
dans l’intérieur de l’arbre et qui nuiraienl
par la suite en faisant confusion.
Les arbres ainsi formés sont bien préfé-
rables à ceux abandonnés à eux-mêmes dans
leur jeunesse, parce que ces derniers sont
presque toujours épuisés par une fructifica-
tion prématurée, n’ont que quelques bran-
ches courbées par le poids des fruits, sou-
vent mal placées, et sur lesquelles d’autres
branches prennent naissance pour faire une
nouvelle charpente qui a le même inconvé-
nient que la primitive.
Ce que nous venons d’indiquer s’applique
à toutes les espèces d’arbres fruitiers ; ex-
99
CULTURE DES VERGERS. — II.
cepté au Poirier qui , par sa nature, prend
souvent une direction pyramidale; il con-
vient alors de lui laisser le plus beau rameau
vertical sur lequel on obtient, par la taille
faite à 0«^.50 environ, quatre à six rameaux
latéraux qui formeront les branches de la
charpente.
Verrier,
JarJiaicr-chcf à l’école d’a£?ricuUurc
de La Saulsaie (Ain).
SUR LES LONICERA CHINENSIS ET DIVERSIFOLIA.
he LoniceraChinensis,^Nsiis, etleL. diuer-
sifolia, Wallicli(L. brachypoda, hort.) sont-
ils des espèces distinctes, ou bien Tun n’est-
il qu’une variété de l’autre, et, dans ce cas,
quel est le type ?
Cette question est complexe, et, comme
toutes celles de cette nature, on ne peut la
résoudre que par l’expérience. Ayant tenté
celle-ci, je vais faire connaître les résultats
que j’ai obtenus.
Mais avant d’aborder cette question, écar-
tons-eii une autre qui la complique tout en
la faussant ; faisons disparaître la synonymie
brachypoda qui n’a rien à faire ici, puisque
le L. brachypoda des auteurs appartient à
la section Chamœcerosus ; c’est une plante
buissonneuse à tige droite, par conséquent
complètement dilférente du L. diver si folia,
qui, comme le L. Chinensis, est une plante
essentiellement volubile.
Le L. brachypoda' étant évincé , il me
reste à parler des Lonicera Chinensis et
dkersifolia, plantes très-voisines par les
fieurs et par les fruits, qui ne présentent
que quelques légères différences dans ie
faciès. Le Lonicera Chinensis a les feuilles
plus allongées, plus pointues, de couleur
rougeâtre surtout en dessous, et couvertes,
surtout sur les nervures, de poils roux assez
longs ; les jeunes pousses sont également
très-colorées , et couvertes de poils roux-
foncé, mous.
Le Lonicera diver sifoUa Wall. (L. bra-
chypoda, hort. , non Decandolle) a les feuilles
glabres, lisses et luisantes, ovales-obtuses,
entières, parfois lobées-crénelées; les jeunes
pousses sont glabres, plus rarement velues,
en général peu colorées. Les fleurs, à peu
près de même forme et de même couleur
que celles du L. Chinensis, ré\i3Lndeni comme
celles de ce dernier une odeur très-
agréable.
Si, pour établir la spéciéité de ces deux
plantes, on recoure à l’expérience, on con-
state que \e Lonicera diversifolia se repro-
duit assez bien par graines. Si, au contraire,
on sème des graines de Lonicera Chinensis
on n’obtient jamais que du L. diversifolia.
.L’expérience semble donc démontrer que le
L. Chinensis n’est pas une espèce, mais tout
simplement une variété ou une forme locale
du L. diversifolia, ce qui justifie le litre qui
est en tête de cet article.
Mais le fait le plus singulier, dans cette
circonstance, qui semble contredire ce que
l’expérience démontre, c’est la rusticité de
l’une de ces formes, tandis que l’autre est au
contraire relativement sensible au froid.
Ainsi le L. diversifolia ne souffre jamais
l’hiver ; le L. Chinensis, au contraire, gèle
fréquemment. Comment se fait-il donc que
le L. Chinensis, frileux et gelable, produise
toujours des enfants robustes et à peu près
insensibles au froid? Je n’en sais rien. Je
rapporte seulement des faits dont j’ai été bien
des fois témoin; ceux qui douteraient de leur
exactitude pourront les vérifier quand ils
voudront. Rien n’est plus facile, puisque les
deux plantes fructifient dans nos cultures :
le Lonicera Chinensis moins toutefois que
le Lonicera diversifolia (L. brachypoda,
hort.).
Une variété très-jolie et très-remar-
quable-du Lonicera diversifolia, récemment
introduite du Japon, est le L. aureo-retica-
lata, dont les feuilles sont marquées d’une
très-belle couleur jaune d’or, disposée en
une sorte de réseau à mailles très-serrées,
d’où la qualification iV aureo-reliculata.
Comme sa mère, celui-ci est rustique.
J’ai cru devoir appeler l’attention sur les
faits qui précèdent, pour plusieurs raisons :
d’abord, parce qu’ils nous montrent que,
parmi des individus sortis d’une même mère,
il peut parfois y en avoir qui aient un tem-
pérament différent: les uns rustiques, les
autres, au contraire, frileux. Ils démontrent
de plus que parce que telle variété gèle, ce
n’est pas toujours une raison pour admettre
qu’elle sort d’une plante gelable ; ou bien,
parce que telle autre est rustique, on n’est
pas pour cela en droit d’admettre d’une
manière absolue qu’elle sort d’une espèce
rustique.
Ce ne sont là, bien entendu , que des
exceptions, mais comme je l’ai dit déjà bien
des fois, les exceptions sont des sortes de
chemins qui conduisent d’un endroit à un
autre en renversant les obstacles qui étaient
placés entre ces points : ce sont des médiums
qui, en s’interposant entre deux théories dif-
férentes, parfois contraires, tendent à les
unir en les confondant.
Carrière.
REVUE COMMERCIALE (DEUXIÈME QUINZAINE DE FÉVRIER).
Légumes frais. — Il y a eu baisse générale
sur les prix de toutes les denrées vendues à la
Halle de Paris, pendant la seconde \juinzaine
de février. Cette baisse, peu considérable, mais
soutenue, semble être le résultat de la douceur
de Uhiver que nous traversons. Les Carottes
pour chevaux valent aujourd’hui de 10 à I2fr.
les 100 bottes, au lieu de 10 à 15 fr.; les Ca-
rottes ordinaires se vendent de :20 à25 fr., avec
une diminution de 5 fr. sur le prix maximum. —
Les Panais sont cotés de 18 à 22 fr., au lieu de
20 à 24 fr., et les Poireaux , de 20 à 25 fr. les
100 bottes, au lieu de 20 à 30 b’- -- Les Choux
ordinaires sont diminués de moitié depuis le
1er février, et se vendent de 5 à 15 fr. le 100. —
Les Choux-tleurs de Bretagne ordinaires sont au
prix de 40 fr. lelOO avec 15 fr. d’augmentation;
mais les plus beaux valent 5 fr, de moins qu’il
y a quinze jonrs, c’est-à-dire, 70 fr. — L’hecto-
litre d’Oignons en grains est coté de 12 à 15fr.
— Les Radis roses valent de 0L50 à 0C251a
botte au lieu de 0C50 à 0C75. — Le maniveau
de Champignons est revenu à son cours normal
de 0'.5 à OCIO. — Les Céleris raves sont cotés
de OCIO à 0C15 la pièce.
Herbes et assaisonnements. — Les Epinards
valent de 0‘.20 à 0C40 le paquet, au lieu de
0f.40 à OCGO. — L’Oseille se paie de 0C30 à
0C40 avec une baisse de 0^.20 p‘<r paquet. —
Le Cerfeuil ordinaire est coté OLIO la botte
au lieu de 0C20; le plus beau reste toujours au
prix de 0f.30 — Le Persil ne vaut plus que de
0f,10 à 0C20 la botte ; au calais on le paie de
0C25 à OC30. — L’Ail se vend de 2 Ir. à 2C50 le
paquet de 25 botfes avec une diminution de
qC50 sur le prix maximum. — La Ciboule etle
Th.ym se vendent de OCIO à 0C15 la botte. —
Les Échalotes sont cotées de 0L30 à 0C50 au
lieu de 0C40 à 0C80.
Pommes de terre. — La Hollande se paie
de G fr. à GC50 l’hectolitre. — La Vitelote vaut
de 9C50 à 10; les Pommes de terre jaune, de
4à 5 fr., et les rouges de G à G 50.
Salades. — La Laitue, dont le prix s’était ar-
rêté à la fin de janvier à 3 et 4 fr, le 100, est
Revenue aujourd’hui à son ancien cours de 4 à
O fr. Le Cresson ordinaire a diminué de
OClRen moyenne par botte; on le vend de
1C15 à 0C80. — La Chicorée frisée vaut de 4 à
q5 fr. le 100 avec 2 fr. de diminution. — L’Es-
carole est cotée de 10 à 15 fr. le 100 au lieu de
5à20fr. ,
Fruits frais. — Les Poires les plus ordinaires
en ce moment ne se vendent pas à moins de
40 fr. le cent; les plusbelles valent jusqu’à 1 fr.
la pièce. Les Pommes de première grosseur
et qualité se vendent presque aussi cher, 0C95
la pièce; mais les Pommes communes sont seu-
lement à 4C50. — Le Chasselasde serre vaut
toujours 4 fr. au plus bas prix; le prix maxi-
mum est un peu abaissé depuis quinze jours; il
est de 5 francs.
Plantes à feuillage, pour décoration de jar-
dinières., meubles, et vases d'appartement. —
Agave, 2 à 5 fr. — Aloës, 1 à 3 Ir.
Aralia, 3 à 10 fr. — Arbousier, If 50 à 2 fr.
— Aspidistra, 2L50 à 10 fr. — Acacia lo-
phanta, 0C50 à 1C50. — Aucuba, 1 à 3 fr. —
Alaternes, 1 C25 à 2 fr. — Bégonia, 0C75 à2L50
et 3 fr. — Buis, 1 à 2 fr. — Canna, 1 à 2 fr. —
Cyperus alternifolius, 1C50 à 5 fr. — Chamæ-
rops, 5 à 15 fr. — Curculigo, 5 à 10 fr. — Ci-
néraire maritime, 0C75 à 1 fr. — Caladium et
Colocasia, 2C50 à 10 fr. — Carex japonica,
Of.50 à 1C50. — Cereus flagelliformis, 1C50 à
2C50 fr. — Calathæa zebrina, 2f.50 à 5 fr. —
Cactées et Crassulacées diverses, 0L50 à 1C50.
— Cotoneasters, 0C75 à 1C50. — Delairea,
0C75 à 1 fr. — Dracœna congesta, 1L50 à 3 fr.
— Dracœna rubra, 2C50 à 5 fr. — Dracœna
terminalis variegata, 5 à 15 fr. — Dracœna
australis, 3 à 10 fr. — Dracœna brasiiiensis,
5 à 15 fr. — Ficus elastica, 3 à 10 fr. — Fou-
gères, OC 75 à 5 fr. — Fusains verts et argen-
tés, 1 à 2 fr. — Gynérium, 1C50 à 10 fr.; OC 75
à 1C50. — Grevillea robusta, 1C50 à 2 fr. —
Géranium à feuilles de Lierre, 1 à 2 fr. — Ge-
névriers, 1 à 2 fr. — Houx, 1C50 à 2C50. —
Isolepis ’gracilis, 0C75 à 1C25. — Iris pana-
chés, 0C75 à 1C50. — Latania, 10 à 20 fr. —
Lycopodes, Sélaginelles, 0C50à 1 fr. — Lierre,
0f.50 à 1 fr. — Laurier de Colchide, 1 fr. à
2C50. — Mahonia, 1 fr. à 1C75. — Magnolia,
3 à 15 fr. — Mimosa lophanta, 1C25 à 2 fr. —
Maranta, 3 à 10 fr. — Opuntia, 0C50 à 1C50.
— Pandanus, 10 à 20 fr. — Pitcairnia, 3 à 5 fr.
— Palmiers divers, 12 à 25 fr. — Pervenches
panachées, 1 à 2 fr. — Phormium, 2C50 à 5 fr.
— Puya, 3 à 5 fr. — Phœnia, 10 à 20 fr. —
Photinia, 1 à 2 fr. — Pins, OC50 à 2C50. — -
Pittosporum, 2C50 à 5 fr. — Romarin, 0C50 à
0C75. — Sapins, 1 à 3 fr. — Rhapis, 8 à 15 fr.
— Richardia, 0C50 à 1C50. — Sahal, 10 à
20 fr. — Séquoia, 2 à 4 fr. — Rhododendrons,
2C50 à 5 fr. — Sapinettes, 1 à 3 fr. — Troè-
nes, 1 à 3 fr. — Tradescantia repens, 1C50 à
2C50. — Tradescantia zebrina, 2 à 3 fr. — Welling-
tonia, 3 à 10 fr. — Thuya, 0C75 à 1C50 et
plus. — Yucca, 1C50 à 10 francs.
Plantes fleuries en pots. — Anthémis frutes-
cent, 1 fr. à 1C25. Azalées, 3 à 5 fr. —
Bruyères du Cap (Phylica), 1 fr. à 1C50. —
Bruyères (Erica) diverses, 0C50 à 1C50. —
BiUliergia, 5 à 10 fr. — Cinéraires, 0C75 à
1C25. — Camellias, 3 à 10 fr. — Citronniers,
1.50 à 2fr. — Cyclamen de Perse, 1 fr. à 2t.50.
— Crocus, 0C25 à 0C50. — Deutzia gracilis,
lf.50 à 2fr. — Daphné, lf.50à2 fr. — Epiphyl-
lum truncatum, 2C50 à 5 fr. — Epacris, 1C50
à 2 fr. — Fuchsia, D.25 à 2 fr. — Iberis sem-
perllorens, 0C75 à 1C25. — Héliotropes, 1 fr, à
1C50. — Jacinthes, 0C50 à 1 fr. — Lilas, 1C50
à 2 fr. — Metrosideros, 3 à 5 fr. — Œillets
remontants, 1C25 à 1C50. — • Orangers, 3 à
5 fr. _ Pensées, 0C50 à 0C25. — Primevères
de Chine,0C35à0f, 75.— Rosiers, lf.25à 2C50.
— Réséda, 0C75à Ifr. — Rhodod endrons, 3 à
10 fr. — Solanum amomum, 0C40 a 0>.75. —
Soirée, 1C50 à 2 fr. — Tulipes hâtives, 0C25 à
0C50. — Véroniques, 1 fr. à 1C50. — Violette
des quatre saisons, 0f,25 à 0C50. — Viburnnm
Tinus, 1 fr. à 1C50. A. Fkrlf.t,
ClinOWlQUE HORTICOLE (PREMIÈRE oElîSZAl^E DE MAP, S)
Pidchaines Expositions horticoles à Lyon et à la Fcrté-soiis-Jouarre. — Aperçu de l’Exposition tenue en
lévrier par la Société royale d’horticulture d’Angleterre. • — Congrès hotanifpie do Londres en 18G6. —
Exposition universelle d’horticulture à Saint-Pétersbourg en 18G8. — Retour de M. Veitch d’une ex-
ploration botanique et. horticole en Amérique. — Flores botaniques spéciales aux comtés en Angleterre.
- Lettre de M. Durand sur les cours publics de taille faits à Bourg par M. Verrier. — Lettre de M. Pasz-
kicwicz relative à l’elïèt de l’hiver 18G5-18GG sur la végétation des arbres fruitiers. — Grande chasse
aux hannetons organisée dans le département de l’Isère. — Difformités des Heurs de Crocus en Angleterre.
— Lettre de M. Bossin. — Floraison en France du Chou de Shang-ton. — Les Crocus dans nos jardins.
— Floraisons hâtives de ce printemps. — Les arbres fruitiers dans les l’yrénées-Orientales. — Erreurs
typographiques. — Lettre de M. le D*' Pigeanx en réponse à M. Laujoulet à propos do la culture de la
vigne sans taille ni façon. — Lettre de M. Buchelet relative à la nomenclature botanico-horticole.
Nous avons reçu les programmes des
deux procliaines Expositions que doivent
tenir la Société d’horticulture pratique du
lUiôiie et la Société d’horticulture de l’ar-
rondissement de Meaux. La première aura
lieu à Lyon du 10 au 13 mai, dans la cour
et dans l’ancienne salle de la Bourse; elle
est ouverte aux plantes utiles ou d’agrément;
aux fleurs coupées, aux fruits, aux légumes;
aux devis, plans et ouvrages horticoles; en-
fin aux outils, instruments, poteries, mo-
dèles de moulins et autres objets d’art ou
d’industrie ayant un rapport direct avec
l’horticulture. L’autre Exposition se tiendra
à la Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne), du
24 au 27 juin; elle sera ouverte aux memes
objets que celle du Pdiône, mais en outre
elle sera l’occasion de concours entre les
garçons jardiniers qui voudront subir des
examens pour l’obtention de certificats de
capacité.
— En Angleterre , l’hiver n’arrête pas
les expositions horticoles, et nous avons à
mentionner aujourd’hui l’Exposition florale
tenue le 10 février dernier par la Société
royale d’horticulture. C’est à M. Cutbush
et fils, de Wighgate, qu’est revenu le prin-
cipal honneur de la journée, ainsi que l’a
constaté le Gardeners’ Ghronicle, on y re-
marquait en premier lieu un très -joli groupe
de 18 bulbes, obtenus en serres et consistant
en Jacinthes et en Tulipes, dont les fleurs par-
faitement développées, épanouies, attiraient
tout d’abord l’attention, avec des masses de
Crocus de plusieurs variétés. Une de ces va-
riétés, connue sous le nom de Crocus Albion,
se distinguait entre toutes parles dimensions
de ses pétales, aussi grands que ceux des
Tulipes et présentant de larges rayures d’un
pourpre sanguin velouté. 11 y avait encore
de- jolis spécimens du Polygonalum offici-
nale et douze groupes abondants du Prunus
sinensis en pleine floraison. A coté de ses
buissons nains qui constituent un des plus
jolis produits des serres à cette époque de
l’année, MM. F. Smith et A. Smith avaient
exposé un groupe intéressant de Primula
duplex et de Primula sinensis, parmi les-
quels on remarquait un Primula incarnala,
qui, par la teinte de ses pétales, tient le milieu
entre la variété double-rouge et la variété
rouge pcàle, les Primevères appelées Queen of
PmjlandàileuTs larges et claires, Kermesina
16 MARS 1866,
splendens d’un rose net avec une légère
teinte carminée, Fainj, plante naine d’un
rouge magnifique, ont obtenu un grand suc-
cès. Trois grandes médailles ont été accor-
dées exceptionnellement à MM. Cutbush, les
propriétaires des Tulipes, des Jacinthes et
des Polygonalum. Les autres horticulteurs
récompensés sont M.Young,M. Barclay, Esq.
et M. Bartlett, pour les perfectionnements
qu’il a apportés dans sa culture des plantes
à bulbes.
Tous les journaux agricoles s’occupent
avec intérêt des préparatifs et de la dispo-
sition de l’Exposition internationale d’hor-
ticulture de Londres, dont l’ouverture est
maintenant assez rapprochée. Nous avons
tenu les lecteurs au courant de tout ce qui
se rattache à l’exécution d’un plan aussi
gigantesque et qui est sans précédent dans
l’histoire de la botanique appliquée.
A côté de cette Exposition smuvrira, pour
s’associer et concourir au même but, le
Congrès botanique dont on n’avait pas en-
core déterminé l’emplacement. Nous appre-
nons d’une manière positive que le Bota-
nical Congress se tiendra dans le Kensington
Muséum. Les commissaires du Comité d’é-
ducation {Lords of (lie commiltee of council
on educalion) ont spontanément mis la
salle Raphaël à la disposition du Congrès
botanique, voulant ainsi concourir pour
leur part au brillant succès qui est réservé
à cette utile institution.
Il se prépare en ce moment plusieurs
journaux spécialement destinés à faire con-
naître au public les travaux de la Société
et les motions des adhérents et des mem-
bres : il est évident que rien ne manquera
pour donnera cette solennité scientifique,
qui réunira toutes les illustrations hortico-
les du globe, tout l’intérêt que son objet
réclame.
Le D*‘ Seeman, dont les travaux sont bien
connus de tous ceux qui ont suivi depuis
dix ans les progrès de la botanique, avait
été tout d’abord désigné pour remplir les
fonctions de secrétaire. Il vient de donner
sa démission au moment où personne ne
s’attendait à un pareil changement. Nous
savons de source certaine qu’il est chai’gé,
par le gouvernement anglais, d’une mission
dans l’Amérique centrale.
Le successeur désigné est le B>’ Masters;
6
CUUOMQl'E UÜUTICOLE (PUEMIÉUE QUINZAINE DE MARS).
bien (iu’il soit moins connu que le D'’ See-
inan, sa nomination a été accueillie avec
laveur par la presse horticole de la Grande-
Bretagne.
Le D*' Regel, vice-président de la Société
liorticole de Saint-Pétersbourg, vient de pu-
blier une circulaire annonçant l’ouverture
d’une grande Exposition d’horticulture dans
cette capitale en 1808. L’Exposition est
placée sous le patronage du grand-duc Ni-
colas. Elle sera accompagnée, comme la
grande Exposition qui se prépare en Angle-
terre, d’un Congrès botanique constitué par
des botanistes, des horticulteurs et des
amateurs. Il paraît que tous les objets d’art,
d’industrie, etc., seront encore admis à cette
Exposition. Le Regel demande instam-
ment qu’on veuille bien l’informer des
moyens les plus aisés pour transporter les
objets exposés. li est certain que la ques-
tion de transport possède ici son impor-
tance et pourra bien retenir un grand nom-
bre d’exposants. Si les gouvernements et
les compagnies de chemins de fer ne rédui-
sent pas les tarifs d’une manière considé-
rable, il n’y aura pas grand intérêt pour les
horticulteurs de l’Europe à faire faire h
leurs productions le long voyagm qui nous
sépare de la capitale de la Russie.
— Le Gardeners’ Clironicle annonce
l’heureux retour en Angleterre de M. J. G.
Veitch qui a, pendant ces deux dernières
années, exploré le centre de l’Amérique. Ce
savant rapporte, dit- on, des matériaux cu-
rieux et une foule de graines dont il doit
tenter l’acclimatation en Europe. Nous fe-
rons connaître plus tard les résultats de ces
études qui intéressent à un aussi haut point
l’horticulture.
— On peut observer, en ce moment, une
grande émulation en Angleterre pour l’avan-
cement de la botanique. Chaque- comté
possède sa flore décrite par des auteurs au-
torisés. On connaît les llores d’Essex et de
Cambridgeshire; nous apprenons que c’est
sur le plan de ces deux derniers ouvrages
(pie M. W. Thiselton Dyer et le D'’ Henry
Trimen vont publier une flore du comté
de Middlesex. Si les comtés voisins suivent
cet exemple, auquel nous ne saurions trop
applaudir, la Grande-Bretagne possédera
dans un petit nombre d’années une des-
cription de tout ce que son sol renferme
d’intéressant au point de vue de la physio-
logie et de la classification des plantes.
Le mouvement vers l’étude complète de,
la botanique, par l’établissement de llores
particulières, se propage de plus en plus.
Les auteurs de ces excellentes tentatives sa-
vent bien que leurs efforts répondent aux
tendances du public : ils font appel aux
renseignements que les bommes compé-
tents peuvent leur fournir pour enrichir et
pour compléter leur œuvre. Nous signalons
avec plaisir la lettre circulaire de M. A\ . R.
Ilemsley aide-botaniste, au jardin de Kew,
qui demande des renseignements pour la pu-
blication de sallore de Sussex. M. James Brit-
ten, de son côté, réunit les matériaux d’une
flore du comté de Buckinghamshire. Les plus
petites communications, dit-il, seront re-
çues avec reconnaissance. Voilà du dévoue-
ment à la science; cette quête au denier
mérite 1 approbation de tous les savants. On
nous annonce également la publication
d’une flore du AVarwicLshire, qui serait
faite par M. R. J. Culham.
— L’étude de l’horticulture se développe
en France par d’autres moyens que ceux
que nous signalons dans la Grande-Breta-
gne; à côté des expositions, nous avons eu
surtout à faire remarquer la création d’un
grand nombre de cours, et c’est encore sur
ce sujet que. la lettre suivante appelle Lat-
te n lion de nos lecteurs :
« La Saulsaie, 9 mars 1866.
« Monsieur,
(( Vous avez indiqué, dans votre chronique de
la Revue horticole, plusieurs cours publics de
taille faits cette année en province ; je viens
VO IS en signaler un nouveau, professé le mois
dernier à Bourg, par M. Verrier, jardinier-
ciicf à l’Ecole de la Saulsaie. ^
« Depuis trois ans, M. Verrier est appelé par
la Société d’horticulture de l’Ain, pour faire à
Bourg un cours pratique de taille. Les jour-
naux du département ont toujours fait l’éloge
de ses leçons et ont constaté leur utilité en se
fondant sur le nombre considérable des per-
sonnes qui les ont suivies.
(( Le cours de cette année a compris 5 le-
çons; à chacune d’elles ont assisté plus de
200 auditeurs.
« Recevez, Monsieur, etc.
« E. Durand,
« Professeur à l’Ecole de la Saulsaie. »
Nous sommes heureux de l’occasion (|ui
se présente de pouvoir féliciter M. Verrier
du succès de son enseignement public hor-
ticole; ce succès est la récompense bien
méritée du dévouement de cet exellent pro-
fesseur d’horticulture pratique.
— L’hiver astronomique touche à sa lin ; il
est donc probable que l’hiver météorologi-
que n’aura pas eu lieu; il a été remplacé par
une sorte d’automne. Sur les singularités
de celte saison et ses elfets nous recevons
de M. Paszkiewicz cette très-intéressante
communication :
« Mazicros (Cher), 5 mars 1866.
(( Monsieur le Directeur,
« Déjàl’année dernière (vol. de 1865, page 221)
je vous ai adressé (juelques nouvelles de Létal
he la végétation des arbres fruitiers et vous
avez bien voulu les accueillir. Je viens aujour-
d’hui vous communiquer quelques observations
sur l’état où se trouvent ces mêmes arbres
après l’hiver exceptionnellement doux (]ue
nous venons de traverser, obs('rvalions (jui, je
l’espère, pourront être agréables aux lecteurs
de la Revue,
103
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MARS).
<f Nous touchons à la lin d’un hiver exempt de
neiges et à peu près sans glace; des pluies, des
pluies, rien que des pluies. Les terres détrem-
pées sont d’une culture difficile, et si la végé-
tation est en avance, heaucoup de travaux sont
en retard. Cette humidité, jointe aune teinpé-
rature entièrement douce, a avancé réjioqueha-
hituelle de végétation des arbres; les moindres
rameaux sont gorgés d’une sève abondante qui
révèle sa présence par le grossissement des
yeux à bois, et surtout par le développement
des boutons à Heurs,
(( Encore quelques jours, et les arbres vont
revêtir leur parure printanière de verdure et
de Heurs.
« Les Abricotiers, toujours les premiers, sont
Heuris depuis le 20 février {arbres en espalier);
ceuxdepleinvententr’ouvrent leurs boutons. —
LesPècbersd’espaliersépanouissentleursHeurs;
et leurs yeux à bois laissent apercevoir l’extré-
mité effilée des premières feuilles. Ces deux
espèces, tant en plein vent qu’en espalier, sont
couvertes de boutons; combien en résistera-
t-il? — Les Poiriers, eux aussi, sortent de leur
apparent sommeil de l’biver et leurs corymbes
font éclater les enveloppes qui les emprisonnent
encore à demi.
« Je me souviens d’avoir lu, l’automne der-
nier, que la formation des boutons à fruits des
Poiriers, entravée par la sécheresse persistante
de l’été, n’avait pu s’elïectuer convenablement,
et qu’il ne fallait pas s’attendre à une récolte
abondante pour 18GG. 11 en est malheureuse-
ment ainsi pour certaines variétés; d’autres, au
contraire, ordinairement fertiles, il est vrai,
telles que les Duchesses d’Angoulême, Louise
bonne d’Avrancbes, Beurré d’Anjou, Vauque-
lin. Seigneur Esperen, Saint-Germain d’hiver,
Doyenné d’été, etc,, sont couvertes de pro-
messes, Quand aux Cerisiers et Pruniers,
leurs boutons très-nombreux s’accroissent ra-
pidement et ne tarderont pas à étaler leurs
blanches corolles.
(5 Si la végétation se réveille, les ennemis ne
restent pas en repos; et je crains bien que,
cette année, leur nombre soit encore plus con-
sidérable, si cela est possible, que l’année der-
iiière. J’ai remarqué avec peine, il y a quelques
jours, beaucoup de boutons à Heurs des Pêchers
en espalier rongés et détruits ; ce sont des
chenilles de dilférentes espèces qui causent ces
dégâts désolants. J’en ai trouvé de grisâtres,
de presque noires et de rayées et velues. Les
})ucerons ont aussi fait leur apparition, et
chaque rayon de soleil en fait éclore de nou-
velles générations. Si, comme je le crains, leur
multiplication se continue , nous aurons ce
pidntemps bien des combats à leur livrer.
« Je termine cette lettre déjà bien longue,
iMonsieur le Directeur, en relatant un fait qui
vient a l’appui de ce que je disais à propos des
plantations d’automne dans un récent article
(I 8G5, p. 352 et 433). J’ai eu, ces jours derniers, à
déplanter plusieurs arbres de dilférentes es-
pèces, Poiriers, Cerisiers, Pruniers, Abricotiers.
Ces arbres avaient été mis en place au mois de
novembre dernier. Ce qu’ils ont produit de
nouvelles radicelles, depuis celte époque, est
vraiment étonnant, l^es grosses racines, taillées
avant leur mise en place, avaient l’extrémité
recouverte d’un énorme bourrelet d’où })ar-
taient une multitude de radicelles blanchâtres;
d’autres radicelles sortaient du corps des gros-
ses racines; enfin ces arbres avaient préparé
pendant l’iiiver tout un nouveau système de
lacines et commençaient à l’émettre. Si je n’a-
vais pas été obligé de les déplanter, leur re-
prise était certaine. Que l’on compare donc de
tels arbres qui ont, tout ]>réparé, un système
absorptif quand l’époque de la végétation ar-
rive, à d’autres arbres qui, à cette même épo-
que, ont, par le fait d’une plantation tardive, à
produire à la fois des feuilles, des bourgeons et
des racines pour les nourrir. — Les avantages
des plantations d’automne me paraissent telle-
ment évidents , que je suis toujours à me
demander pourquoi on les néglige si souvent.
(( Veuillez agréer, etc.
« L. Pâszkiewicz. »
La remarque de M. Pâszkiewicz sur la
multiplication des racines des plantes favori-
sées par la douceur de la température pa-
raîtra certainement très-juste à tous les
horticulteurs. Aussi trouvera-t-on opportun
la grande chasse pour la destruction des
hannetons qui^est organisée sous le patro-
nage du préfet de l’isère. Il est fait appel
aux enfants ; les communes sont invitées
à allouer une prime de OLIO par ki-
logramme de hannetons recueillis pour être
détruits; un crédit de 1,000 fr. sera ouvert
au budget départemental pour augmenter
les ressourcesdes communesqui prendraient
part à cette chasse générale. H serait désira-
ble que de telles mesures fussent imitées
dans toute la France.
— ■ Les journaux anglais signalent une
déformation spéciale qu’un grand nombre de
Crocus subissent actuellement et qui tient
peut-être à l’état précoce de la température.
Voici en quoi elle consiste : Les segments de
la fleur adhèrent l’un à l’autre, et cette ad-
hérence, complète au centre de la fleur, di-
minue à mesure qu’on s’en éloigne, et ne
s’observe pas sur la périphérie ; la réunion se
fait quelquefois d’un pétale à une étamine
ainsi qu’on en a cité quelques exemples.
Quelle est la cause positive de cette anoma-
lie; tient-elle à l’état de la température, à
la nature du sol, au mode vicieux de la cul-
ture qu’on y applique? Le Gardeners’
Chronicle se reconnaît incapable de décider
la question et demande l’avis des horticul-
teurs compétents pour éclairer ce point
nouveau de la pathologie des fleurs.
— Dans la lettre suivante de M. Bossin, on
trouvera quelques autres observations sur
le Crocus et sur les floraisons remarquables
que ce printemps donne lieu de constater :
« Monsieur et cher Directeur,
Je vous annonce avec ])laisir le commence-
ment de la floraison, — la première peut-être
en Franco, — du Chou de Shaucpton, nouvelle
et excellente plante potagère d’auloir.ne et d’hi-
ver, d’introduction récenle dont je me propose
d’enlrelenir les lecteurs de lai’crec, dans l’i-ndes
prochains numéros. En même temps, je donnerai
nom opinion sur la salade chinoise et sui- le
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MARS).
Chou-navet de Chine,, en faisant connaître la
valeur culinaire et relative de ces trois plantes
du Céleste-Empire.
Toutes les jolies variétés de Crocus rernus
sont en fleur, dans mon jardin, depuis la fin de
janvier, ainsi que les Galanthus nivalis^ à fleurs
simples et à fleurs doubles. Ces élégantes corol-
les, aux nuances si diverses et si délicates, de-
vraient étaler chaque année dans cette saison la
richesse de leur coloris dans tous les jardins,
dans toutes les serres et dans tous les salons,
mais il n’en est pas ainsi et je n’en comprends
pas la raison.
Mes Pivoines en arbre ont déjà le bouton
formé, il est, dans quelques variétés, de la gros-
seur du pouce. Les thyrses rudimentaires du Lilas
se font voir en ce moment sur les pieds les plus
précoces; leur coloris se détache parfaitement
du vert des jeunes feuilles qui les accompagnent,
et, si la saison continue ainsi sans accident, je
veux dire sans gelées, nous verrons en 1866 les
prodiges d’une rare précocité.
c( Mes Abricotiers, mes Pêcbers et mes Aman-
diBrs entrent également en fleurs. Tout cela
dans mon jardin d’Hanneucourt.
« Je crois devoir ajouter quelques renseigne^
ments que je reçois de M. Rouffia, d’Estagel,
(Pyrénées-Orientales), ils sont, je crois, assez
intéressants pour les faire passer sous les yeux
de vos lecteurs. Les voici : la lettre de M.
Rouffia est datée du 4 mars 1866.
« Je ne vous envoie pas de graines de Colon
parce que je sais que le Ministre de l’agriculture en
a mis à la disposition de ceux qui lui en demarident.
Il en a envoyé à la Société d’agriculture de notre
département. »
M. Rouffia a cultivé le Colon aux environs de
Perpignan avec un plein succès, il y a quel-
ques années. 11 ajoute.
« Nos arbres fruitiers sont en fleurs; la Luzerne
a déjà de 0n*.30 à 0>^.4.0 de hauteur. Mais nous
éprouvons les effets d’une grande sécheresse,
liier il nous est tombé un peu de pluie; il y a plus
de dix mois qu’il n’a pas plu tout de bon; nous
avons aujourd’hui un très-beau jour de printemps. »
« Accordez-moi, maintenant, mon cher Direc-
teur la permision de relever quelques erreurs
typographiques.
(( Dans ma note sur les adjectifs latins publiée
dans le n» de la Revue horticole du 16 janvier,
on me fait dire ; 1® à la sérié des Choux, Brassica
mullipUcata, au lieu de Brassica multicapilata;
2o au petit alinéa concernant Poiteau au mot
plantes^ on a omis de compléter la phrase :
par celui àe potagères; S^on a, dans la meme co-
lonne, imprimé le comte de Cussey au lieu du
comte de Cessy, président, etc.; au-dessous on
lit Nantes, au lieu de Mandes, qui devrait y
cire au sujet de M. Lecureur, botaniste.
« Personne plus que moi n’est partisan de
la libre discussion, mais M. Brianza me paraît
avoir dépassé un peu les limites permises. Il
est vrai qu’il est étranger et qu’il ignore peut-
être les bornes que n’aurait pas dû franchir
un langage parlementaire.
« Aux quatre erreurs typographiques que je
viens de signaler, et qui existent dans ma note
sur les adjectifs /«/ms insérés dans la Revue
horticole du 16 janvier, veuillez ajouter celle-
ci. A l’article Pois, Pois sans parchemin, au
lieu de Pisinn exorticatum , il faut lire Pisum
excorticatum. Ce latin si stupide aux yeux de
M. Brianza n’est pas de moi^ q ^
Dumont de Courcel, leipiel peut, selon moi, être
opposé à mon critique italien.
« Veuillez agréer, etc.
« BossiN. *
Puisque nous venons de relever quelques
erreurs typographiques, nous devons placer
ici la rectification suivante que nous envoie
M. Jean Sisley, relative à la vente des Œil-
lets deM. Alégatière.
V Lyon, le 4 mars 1866.
(( Monsieur,
(( En vous remerciant de l’insertion de mon
article sur les Œillets de M. Alégatière dans le
dernier n» de la Revue (fer mars, page 93), je
vous prie de rectifier une erreur importante.
On a imprimé « qui en a livré au commerce
cette année » , il fallait mettre « qui en livrera»
M. Alégatière ne vendra ses Œillets qu’en mai.
« Veuillez agréer, etc. « Jean Sisley. »
M. de Liron d^’Airoles nous adresse aussi
de son côté la demande de rectification sui-
vante :
(( En donnant la description de la Poire
Amélie Leclerc, j’ai voulu citer la Poire Jac-
ques Chamaret, que la Revue a publiée dans le
volume de 1863, page 411, et non pas la Poire
Jacques Charmant. »
Nous donnerons place maintenant à deux
lettres de polémique. Voici d’abord ce que
répond M. le Pigeaux à M. Laujoulet
sur la culture de la Vigne sans taille ni façon.
« Mon cher Monsieur Barrai,
(( Certes il faut reconnaître la sagesse et la
prévoyance du philosophe qui conseillait de ne
pas ouvrir la main remplie de vérité, si l’on
veut vivre tranquille. J’ai trop oublié ce précepte
en publiant l’article auquel vient de répondre
si victorieusement M. Laujoulet^ ; non-seulement
j’y suis, sans ménagement aucun, atteint et
convaincu d’ignorance viticole , ce qui
semble beaucoup plus grave , d’hérésie vini-
cole; laps et relaps, tel est mon lot c’est à
peine si l’on ose croire à ma conviction à moins
(jue je ne sacrifie au jus du petit gamay dont l’i-
vresse provoque la récipiscence, au dire de M.
Laujoulet. Fort heureusement on ne brûle plus
aujourd’hui les hérétiques, mais chez^ nous ils
sont atteints d’un ridicule qui n’est guère moins
dangereux. Songeons à nous en défendre encore,
M. Laujoulet eût été un excellent inquisiteur, il
n’eût certes pas reculé devant la condamnation
de Galilée, sa rétractation ne l’eût pas désarmé.
Que voulez-vous? Il faut bien lui pardonner sa
conviction, car elle est sincère et qui plus est
ancienne; à ses yeux, bien osé est celui qui
veut lui faire abandonner la routine, il y tient
comme tous les tailleurs d’arbres qu’on appelle
professeurs d’arboriculture. Ils sont dans leur
droit; mais qu’objectera-t-il au fait, au fait
positif, à l’expérience en grand de mon système,
dont je me croyais l’inventeur et dont, après
tout, je ne serai plus que le plagiaire quand il
aura été adopté. M. le D*' Guyot, dont chacun se
plaît à reconnaître l’expérience et le savoir en
viticulture, m’avait dès l’année dernière accablé
des mêmes objections (à part les longs bois
1 Voir les des et 16 février, p. 46 et 67.
105
CHRONÎQUE HORTICOLE (1‘liEMlÈlîE nüINZAlISE ÜE MARS).
dont il est partisan) que M. Laiijonlet. Force
m’avait été d’ajourner l’espoir de le lui voir pré-
coniser dans ses tournées viticoles, lorsqu’à
une récente visite il me fit voir de fort Ijeaux
dessins pris sur nature, où de nombreux hectares
étaient cultivés d’après le système que je croyais
tnien, et avec le plus grand succès. Au lieu de
2,500 pieds, il n’y en avait plus que 600 par hec-
tare, car chaque plant couvrait 16 mètres au
moins de superficie, et la production attei-
gnait sans peine 140 à 150 hectolitres à l’hec-
tare : 1 litre et demi par mètre superficiel, sans
nuire à la qualité tant s’en faut. — Le fait,
avec témoignage irrécusable, sera publié dans
la prochaine publication de M. le Dr Guyot, au-
quel la viticulture et même la viniculture auront
(le si notables obligations, — Je n’en dirai pas
davantage pour lui en laisser la primeur.
(( En présence d’objections si accablantes, que
vont dire MM. Laujoulet et consorts? Nier le fait
est impossible, maisils sauront le contourner, ils
y adapteront des théories spécieuses. N’y a-t-il
pas au xixe siècle des individus qui proclament
encore erronée la théorie de Pythagore si pé-
remptoirement démontrée par Galilée. Le sys-
tème qui supprime la taille des arbres fruitiers
et de laYigne est aujourd’hui hérétique; quand il
aura été adopté généralement, M. Laujoulet ne
sera plus pour lui jeter la pierre, mais d’autres
après lui entreprendront la tâche glorieuse
d’imposer un fardeau inutile à la pauvre huma-
nité. Aussi je réserve pour ceux-là les controh-
jec lions à tous les Laujoulet à venir. Quant à
mon contradicteur^ je renonce à le convertir,
car il n’a pas même saisi l’appel bienveillant
que je sollicite de tous les viticulteurs en les
invitant à sacrifier quelques ares à titre de con-
trôles et d’épreuves ; il a mieux aimé ne voir
que les imperfections inhérentes à toute tenta-'
tive dans un champ vierge. A chacun sa res-
ponsabilité, je ne décline pas la mienne; j’ai
reçu de nombreuses lettres plus ou moins aigres-
douces, comme on en doit à tout novateur. J’y
répondrai dans mon temps et à mon heure
quand la furia francese se sera épuisée, ce
qui ne saurait tarder en présence de mon silence.
« Quant à M. Laujoulet, en considérant son
peu de charité, nous faisons pour lui une ex-
ception, et pour punition nous lui souhaitons de
tout cœur qu’il puisse encore pendant de nom-
breuses années boire le jus du petit Gamay,
travailler, amender, façonner sa Vigne; sa
sueur inutilement versée sera la seule vengean-
ce que j’espère en tirer. Amen.
(( Veuillez agréer, etc. « J. Pigeaux. »
Nous ne nous mêlerons pas à ce débat.
Pour le moment, nous devons rester té-
moins entre deux adversaires si bien ar-
més.
— Sur la nomenclature botanique, tout n’a
pas encore été dit, ainsi que l’a prouvé notre
numéro du février. Aussi M. Buchetet
rentre-t-il en lice par la lettre suivante:
« Monsieur le Directeur,
-< La question de la nomenclature horticole,
je m’en étais bien douté, — ne manquait
pas d’un certain à-propos au moment où je l’ai
soulevée; de même (pie toute question qui in-
éresse, elle ne pouvait pas non plus disparaî-
h’e pour toujours, et, si je ne me trompe, voici
(|uc, cahin-caha, elle revient prendre sa petite
[>lace dans la llevue horticole.
« On la croyait enterrée, on n’en voulait plus
rien dire; le sujet était épuisé; si l’un ou l’au-
tre en parlait enc.ore une fois, c’était pour
proclamer qu’en fin de compte c’est lui qui
avait raison, — cela va sans dire, — et pour dé-
clarer ensuit"' (pie dès lors il ne s’en occupe-
rait plus guère. Promettre, c’est bien ; mais
tenir ! Peu à peu sont revenues les allusions,
puis les escarmouches, puis les attaques plus
décidées, et enfin la défense à découvert.
« Dire cpi’en ce moment, je ne serais pas un
peu tenté, moi aussi, de me faufiler derechef
dans le champ clos dont, il y a deux ans, j'ai
ouvert le premier la barrière, je ne l’oserais
pas ; on n’aurait (pi'à ne me pas croire; mais
parmi les combattants que j’y retrouve, les uns,
Dieu merci ! se passeront parfaitement de mon
aide, les autres se riraient parfaitement de mon
atta([ue; je me tais, c’est le plus sage. D’autant
plus — et c’est là que je voulais en venir —
que je crois maintenant toute discussion inutile;
les (ieux partis ne s’entendront pas.
(( On ne s’entendra pas parce que, dans tout
conflit, pour qu’une entente devienne possible,
il faut que, de chaque côté, l’on concède au
moins un -point, et c’est ce que je ne trouve pas
ici. Je vois bien ceux f|ui défendent les déno-
minations françaises dire continuellement à
leurs contradicteurs : « Nous ne vous blâmons
pas d’adopter pour vous, hommes de science,
une nomenclature scientifique, mais souffrez
(jue nous, simples amateurs, et nos jardiniers,
nous conservions les noms covomims 'pour notre
usage. » C’est ce qu’ont toujours dit ceux qui
ont partagé mon opinion. Mais ce que personne
n’a entendu encore, c’est le parti amoureux de
la nomenclature grœco-latine dire à ses adver-
saires ; « Vous avez raison, pour votre usage per-
sonnel, dans votre jardin, dans votre potager, sur
votre fenêtre^ de conserver les noms connus de
tout le monde depuis des siècles ; mais permettez
que nous, savants ou botanistes, nous ayons
notre nomenclature , notre classification parti-
culière, qui nous est tout à fait indispensable. »
(( Voilà ce que nous n’avons pas vu encore,
et voilà. Monsieur le Directeur, pourquoi l’on ne
s’entemlra pas. Aussi, je le répète, à mon avis,
toute discussion à ce sujet restera oiseuse ; c’est
à chacun de nous, par son exemple, ses raison-
nements et ses conseils, à se faire des prosé-
lytes, et, le bon sens aidant, peut-être, arrête-
rons-nous le mal.
« Ce que je demande toutefois, c’est qu’on ne
nous fasse jamais dire plus que nous n’avons
dit dans cette question. Pour ma part, je ter-
minerai par une comparaison, laquelle, suivant
moi, résume parfaitement mon opinion et l’opi-
nion de tous ceux qui, publiquement ou en par-
ticulier, me sont venus en aide :
« J’entre dans un laboratoire de chimie; je
lis sur un bocal ; Chlorure de sodium', je dis:
C’est parfait !
« J’entre dans une cuisine ; sur un pot de
sel je lis encore : Chlorure de sodium ; je dis :
C’est stupide !
« Toute la question est bi.
» Tii. Rucheteî. »
En effet, chaque chose à sa place.
J. A. Rap.ral.
ABIES NUMIDICA.
L’espèce qui lait le sujet de cet article, et
dont je vais exposer les caractères, paraît
confinée dans la Kabylie algérienne, cette
ancienne province à laquelle les Romains
avrient donné le nom de JSumidie. Elle ha-
bite tout particulièrement les monts Ta-
babor et Grand-Babor, à une altitude assez
élevée pour que, dans certains endroits, la
neige soit presque permanente.
ÛAbies nnmidica, de Lannoy, que les au-
teurs ont regardé comme une variété de
VAbies Pinsapo, est très-distinct de ce
dernier. Les échantillons adultes que j ai
vus, soit de cônes, soit' de branches, soit
môme de jeunes plantes, me permettent^de
dire que c’est une forme nouvelle , et d en
indiquer les caractères de la manière sui-
vante :
Jeunes plantes : Cotylédons, 5-7, le plus sou-
vent 5, très-rarement 4, longs d’environ O'». 04,
faUpiés ou contournés, convexes et carénés en
dessus, d’un vert gai, luisant en dessous. —
Tigelle rouge foncé, assez robuste, d’environ
0"\08 de hauteur. — Jeune tige assez grosse,
‘ garnie de feuilles éparses, brusquement arron-
I (lies, obtuses, parcourues en dessous de deux*
lignes glauques séparées par une bande verte
Irés-étroite ; quehjuefois également marquées
en dessus de lignes glaucescentes.
Plante adulte : Tige droite, robuste, recou-
verte d’une écorce gris-cendré, lisse, fmüle-
ment rugueuse. — branches très-ramilîées,
iiomhreuses, verticillées, étalées, assurgentes ou
sul)dressées; les ))lus inférieures relativement
grêles, délléchies. — bourgeons gros, écailleux,
parfois résineux, à écailles gris-cendré, assez
lâchement imbriquées. — L.euilles très-rappro-
chées, cachant souvent presque complètement
les rameaux, longues de 15-20 millimètres,
larges de 2-3, fortement carénées en dessous,
et marquées de clia(|ue côté de la carène d’un
sillon })rofond et glaïupie, à hords épaissis;
celles de la flèche et des grosses branches,
coiirtement acuminées, parfois pointues; celles
des ramilles beaucoup plus courtement arron-
dies, brusquement obtuses et mutiques. —
Cônes dressés, souvent, réunis par 4-5,^ plus
rarement solitaires, longs de 12-20 centimètres,
larges de 5-6 ,i naissant sur les branches de
deux ans. — hcailles réniformes, peltées, très-
caduques, gris-cendré, assez longuement stipi-
tées, très-amincies sur les Imrds, limbriées
latéralement, ainsi qu’à la partie tournée vers la
base. — bractées incluses, scarieuses, roux-
brun, presque de meme largeur dans toute la
longueur, linement denticulées au sommet, por-
tant vers le milieu un mucronule sétiforme. —
Graines irrégulièrement trigones, à testa d’un
jaune roux, à aile membraneuse blanchâtre ou
d’un gris-roux, mince , scarieuse, arrondie et
obliquement tronquée au sommet, fortement di-
latée, amincie et roncinée sur l’un des côtés.
1 VAbies Numidica sera, sans aucun doute,
: rustique sous notre climat; fait qui va res-
i sortir du passage d’une lettre que m’a
I adressé M. de Lannoy, ingénieur des ponts
j et chaussées dans la province de Constanline,
(Itii l’a découvert en 1863:, Sûr le mont T.>
babor, dans la Kabylie, et à qui on doit les
quelques individus qu’on rencontre aujour-
d’hui en France. A plusieurs reprises, il a
eu l’obligeance de m’envoyer des échantillons
à divers états de cette espèce, et c’est d'après
ceux-ci c[ue j’ai fait la description ci-
dessus. Dans une des lettres que m’a adres- ,
sées M. De Lannoy, il se trouvait un passage
que je crois devoir citer, car ce passage éta-
blit non-seulement l’identité de VAbies Nu-
midica, mais encore il précise graphique-
ment le lieu où on le trouve. Voici ce pas-
sage : (( En examinant une carte de l’Al-
gérie, vous trouverez écrit, à peu près vers
le milieu d’un triangle dont les villes de
Djisjeri, Bougie et Sétif seraient les sommets ,
le Grand-Babor (1,990 mètres d’altitude).
Le Tab'abor n’est séparé du Grand-Babor,
que par un ravin; son altitude est la même,
à cjuelques mètres près.
« Arrivé sur celte montagne (c’était le
2G juin 1 8G3) à une altitude de 1 ,G00 mètres,
mes yeux furent frappés par un grand nom-
bre de beaux Gèdres de LAtlas, très-verts et
très-vigoureux, mais qui, découronnés par
la violence des vents, avaient pris un grand
développement dans leurs branches latérales.
Je ne fus pas longtemps à découvrir l’Abies
signalé et en apercevant plusieurs sujets, je
ne pus m’empêcher de m’écrier : (( Mais ce
n’est pas là VAbies Pinsapo. »
(( L’apparence de l’Abies du Tababor
est, en elfet, tout autre que celui du Pinsa-
po; les arbres que j'avais devant moi for-
maient une pyramide compacte, extrême-
ment garnie et touffue, ayant assez l’aspect
du Gèdre de l’Atlas dans sa jeunesse. Les
jeunes feuilles étaient d’un vert gai; les an-
ciennes, d’un vert foncé, étaientremarquables
par leurs nervures argentées. Toutes les
feuilles étalent épaisses, trapes et parfai-
tement arrondies à leur extréinité. Ce n’est
que depuis peu de jours que j’ai remarqué
des feuilles apiculées sur un Abies venant
du Babor, mais ces feuilles, qui sont une
exception, appartiennent à des rameaux
très -jeunes, gorgés de sève; toutes les
feuilles des rameaux adultes, même les jeunes
rameaux des branches inférieures, sont uni-
formément arrondies à leur extrémité.
« La largeur des cônes de l’Abies du Ta-
babor est de 55 à G5 millimètres; leur lon-
gueur varie de 10 à 20 centimètres.
(( J’ai tout lieu de penser que l’Abies du
Tababor est un grand arbre; les sujets que
j’ai vus et qui avaient crû dans des roches
calcaires, à peine couvertes d’humus, avaient
environ 0"L25 a O^bSO de diamètre;
mais il s’en trouve, m’a-t-on assuré, de
beaucoup plus grands. Il sera rustique en
Fronce et même dans des pays très-lroids.
Le Tababor garde de la neige/ toute rannée
dans des ravins exposés à l’est, et pendant
I'
ABIES NUMIDIEA.
107
l’hiver, les végétaux qui le recouvrent sup-
portent des froids très-vifs. »
Dans une autre lettre, M. de Lannoy m’é-
crivait : « ...J’ai vu des arbres d’environ
0'».30 de diamètre, dans des conditions in-
croyables, dans des roches calcaires, où il
n’y a que très-peu d’humus; c’est donc un
arbre rustii^ue, et surtout peu délicat. Du
reste, si vous voyez le terrain où cet arbre
croît, vous vous étonneriez que des végétaux
ligneux puissent y croître. Les pentes sont
lellenient abiaiples que l’on a de la peine à
se tenir debout, et la roche est nue presque
partout. »
Tous ces détails démontrent de la manière
la plus nette, que VAbies Niimidica, dont
le port et le faciès sont très-beaux, sera
aussi très-rustique et peu délicat ; toutes
choses qui lui assurent une place dans l’or-
nementation.
Carrikre.
FLORAISON ET FRUCTIFICATION A PARIS
DU STYPlINOLOliKJM JAPONICUM PENDULUM.
Le 3 septembre 186'2, j’assistais
comme membre du jury à l’Exposition agri-
cole et horticole du département du Gers
qui, cette année, avait lieu, dans la ville de
Condom. Après avoir examiné l’exhibition
des divers produits qui s’y trouvaient réu-
nis, je fus visiter les établissements et jar-
dins de la localité, afin d’apprécier les dif-
férents modes de culture appliqués aux
végétaux dans ces contrées.
Dans l’établissement horticole de M. Pas-
chère, je vis avec intérêt deux magnifiques
Sophora pleureur.A hauts de plus de 10 mè-
tres, couverts depuis leur base de nombreu-
ses panicules de Heurs et de fruits déjà bien
formés. Je dois dire ici ([ue les pépinié-
ristes de ces contrées greffent cette variété
de Sophora à quelques centimètres au-dessus
du sol, près le collet du sujet, et que le
rameau produit par cette greffe est dirigé
verticalement sur une perche ou tuteur dis-
posé à cet etïet. Arrivé à la hauteur que
l’on désire avoir, on laisse libres les ra-
meaux supérieurs qui s’inclinent naturelle-
ment. On a eu soin, pendant le développe-
ment de la tige, de tailler dans la longueur
de celle-ci les jeunes rameauxquiy croissent
en pinçant ou taillant ceux qui paraissent
devoir prendre trop de vigueur. On arrive
de cette manière à former non-seulement
des arbres pleureurs avec les branches de
la partie supérieure, mais aussi des colon-
nes de verdure à tons sévères, à cause de
la couleur très-foncée des feuilles. C’est
à l’extrémité des jeunes rameaux de l’année
que se développent en août et septembre
ses panicules de nombreuses Heurs d’un
jaune un peu verdâtre.
C’est à cette époque que je citais, dans un
rapport qui fut imprimé dans les Mémoires
Dont on a fait le genre Siijphnolobiiim.
de la Société impériale et centrale d’agri-
culture de France, année 1802, le Sophora
japonica pendula qui avait fleuri cette
môme année, et que par suite tous ces ar-
bres étaient couverts d’une très-grande
quantité de gmaines que je conseillai de se-
mer avec soin et séparément, lors de leur
maturité, attendu que c’était la première
fois que ce phénomène se produisait.
Dans les premiers jours du mois d’aoùt
de l’année 1805, nous avons pu voir, dans
les pépinières du Muséum d’histoire natu-
relle, un grand nombre de sujets de ces
memes arbres, qui ont produit pendant tout
ce mois de belles et nombreuses panicules
que l’on a, comme à Condom, observées
pour la première fois.
Le Sophora japonica (Styphnolohlmn ja-
I ponicum) a été pendant de longues années
assez rare à se procurer. Cet arbre, comme
le Virgilia lulea^ ne pouvait se multiplier
que par ses graines, mais aujourd’hui on le
trouve assez répandu; aussi on a pu voir
pendant tout le mois d’aoùt dernier un grand
nombre de ces arbres couverts de Heurs, el
ils attiraient partout l’attention des amateurs
qui ne connaissaient encore qu’imparfaite-
rnent son inllorescence, laquelle ne s’était
vue que très-rarement à Paris, si ce n’est
au Muséum d’bistoire naturelle où de forts
arbres y Heurissent tous les ans, mais en
moins grande abondance. Je suppose que
les chaleurs de l’année ont beaucoup con-
tribué à l’abondance de ces Heurs, qui se
sont même épanouies quinze jours avant
leur époque ordinaire. Aussi les graines ont
parfaitement mûri et serviront à la repro-
duction de ce bel arbre dont le bois, aussi
dur que celui de l’Acacia {Robinia pseudo-
acacia), sera employé un jour avec avan-
tage dans diverses industries.
Pépin.
A PROPOS DE LA CULTURE GÉOTHERMIQUE.
Dans la Revue horticole du octobre
1805, M. Naudin, rendant compte d’une
nouvelle méthode de culture géothermique
essayée- |nar M. Cibson, dans le parc de Dat-
tersea, à Londres, fait observer qu’un des
inconvénients de celle méthode est la difli-
A PROPOS DE LA CULTURE GÉOTHERMIQUE.
108
ciilté qu’on éprouve à enlretenir dans un étal
de perpétuelle IVaîcheur le gazon qui recouvre
le talus des massifs de briques terreautés
sur lesquels le jardinier de Battersea cul-
tive et fait fleurir en plein air des plantes de
la zone tropicale. Ce n’est qu’au moyen
d’arrosages copieux qu’on parvient, sous le
climat cependant peu desséchant de Lon-
dres, à conserver ce gazon vert semé sur une
mince couche de terre de 0™.07 à 0»l08.
Dans nos climats bien moins humides,
quelles dépenses d’arrosage ne faudrait-il
pas s’imposer pour arriver au même résul-
tat 9 Pour entretenir quelques mètres carrés
de verdure il faudrait bien des mètres cubes
d’eau et des journées d’hommes. Plutôt que
de se résoudre à une dépense aussi notalde
pour un objet relativement peu important,
nos édilités feraient mieux peut-être de
renoncer h appliquer aux squares de nos
cités le mode de culture géothermique pra-
tiqué en Angleterre; car il faut considérer
qu’en même temps qu’il convient d’importer
dans un pays les choses de bon goût, il y a
un intérêt social cà modérer les dépenses
de pur luxe, surtout lorsqu’il s’agit pour
ainsi dire de marivaudage horticole. Consa-
crer 100,000 fr. pour créer un parc est
bien ; dépenser la même somme pour l’ob-
tention du Dalhia bleu est folie.
Mais on doit aviser s’il ne serait pas pos-
sible de tout concilier et d’embellir nos
squares publics d’un Jardin subtropical sans
s’astreindre à des soins minutieux et coû-
teux pour entretenir les talus de ce genre de
jardin. Il s’agirait seulement, pour atteindre
le but, de remplacer le gazon par quelque
autre végétatioti d’un effet approchant.
Mon ami M. A. P., horticulteur amateur,
me signale comme une plante susceptible
de remplir l’elTet désirable le Sedum sc.ran-
ffularis, plante très-rustique, qui talle très-
bien et peut vivre sur une moindre épais-
seur de terre que le gazon. Il y a des années
que mon ami cultive ce Sedum en bordures,
et il a observé que les plus grandes séche-
resse ne font point perdre à ses bordures
leur teinte verte, alors même qu’il les
arrose rarement , de semaine en semaine
tout au plus.
Pour cultiver le Sedum sexangularis sur
les talus, il faut en avoir en pépinière; on
en arrache des touffes, et on les plaque,
comme le gazon, à l’endroit qu’on veut gar-
nir; la reprise est à peu près assurée.
Pierre Valin.
LES PLANTES A FEUILLAGE ORNEMENTAL
OU PLANTES PITTORESQUES,
Si on pouvait douter des progrès moder-
nes de la culture d’agrément, il suffirait,
pour se convaincre de leur réalité, de par-
courir les anciens traités de jardinage et
surtout de jeter les yeux sur nos janlins
d’aujourd’hui. Condîien ne les trouverions-
nous pas plus riches et plus variés qu’ils ne
l’étaient il y a trente ans! Combien de plan-
tes d’élite sont venues depuis lors grossir le
répertoire de la floriculture ! Mais Ce qui
frapperait le plus dans cette inspection som-
maire, c’est l’adjonction à l’ancien état de
choses de toute une branche nouvelle du
jardinage décoratif, celle qu’on désigne sous
le nom de plantes à otxind feuillage^ jjlantes
pittoresques ou de haut ornement, si juste-
ment prisées depuis quelques années, et si
propres en effet, à orner les jardins publics.
Arrivées d’hier, ces belles plantes sont déjà
jiopulaires dans toute l’Europe horticole.
A Paris comme à Londres, en Allemagne
comme en Russie, les plantes à grand feuil-
lage tiennent l’attention des amateurs éveil-
lée; les botanistes s’en occupent pour leur
donner des noms ou en rectifier la nomen-
clature, et les horticulteurs de profession,
partout occupés aies multiplier par milliers
d’exemplaires pour faire face aux besoins de
la consommation croissante, n’ont jamais
eu la perspective de plus beaux et plus ra-
pides bénéfices.
Comme beaucoup d’autres innovations,
l’introduction des plantes à grand feuillage
dans l’horticulture d’agrément a des causes
multiples. L’une d’elles est sans contredit
l’arrivée de ces plantes en Europe, par les
soins des infatigables collecteurs que l’An-
gleterre, la Belgique et l’Allemagne entre-
tiennent sur tous les points du globe ; mais
une autre cause non moins puissante, la
principale peut-être, est le besoin instinctif
que nous éprouvons de varier les objets de
nos distractions et de nos curiosités. Quand
il s’agit de l’homme, la psychologie entre
nécessairement en jeu, et c’est dans ses
mystérieuses obscurités qu’il faut aller cher-
cher le mobile premier de nos sentiments,
de nos passions et de nos actes. Un chan-
gement survenu dans la manière de planter
un jardin ou de le peupler, n’est pas une
simple affaire de mode, un entraînement ir-
réfléchi et moutonnier à faire ce que les au-
tres fout; il y a là, selon nous, untieuchaut
plus noble et qui demande à être satisfait.
Objets de simple distraction en apparence,
les jardins fleuristes sont en réalité des lieux
d’étude et do réflexion pour ceux (jui les
fréquentent, élude d’autant plus prolitablu
109
LES PLANTES A FELILLAGE ORNEMENTAL, OU PLANTES PITTORESQUES.
qu’elle est voilée sous l’attrait du plaisir et eu
quelque sorte inconsciente. Par le fait d’une
longue habitude, qui avait émoussé le senti-
ment, les anciennes hôtesses de nos jardins
ne parlaient presque plus à l’esprit; les
grandes plantes pittoresques survenues tout à
coup ont secoué cette torpeur. En montrant
dos formes nouvelles où la noblesse du port
et la distinction du feuillage sont les traits
saillants, elles ont fait voir que les Heurs ne
sont pas la seule élégance de la nature, et
que le beau peut s’y présenter sous bien des
aspects dilférents.
Faudra-t-il, pour elles, renoncer aux
anciennes gloires de nos jardins, aux Roses,
aux Œillets, aux Reines-Marguerites, aux
Pélargoniums, ou même à ces jolies lleu-
rettes de fantaisie qui encombrent les pla-
tes-bandes des parterres et en disparaissent
si facilement suivant le caprice de l’ama-
teur? Quelques-uns semblent le craindre;
mais qu’ils se rassurent. R en est des plan-
tes d’agrément comme de ces bons vieux
mots dont parle Horace, qui, longtemps ou-
bliés, sont tout à coup rajeunis et remis en
honneur :
...Multa rena¢ur quæja)\i cecîdere !
De meme que le soleil, les plantes ont
leurs éclipses. Elles meurent horlicolement,
mais tôt ou tard elles renaissent et nous re-
viennent avec Pattraitde la jeunesse et de la
nouveauté. Les grandes plantes pittoresques
ne détruiront rien de ce qui était avant elles;
insensiblement elles se classeront au rang
qu’elles doivent légitimement occuper dans
le domaine de l’art jardinique. Si elles sont
utiles, les plantes lîeurissantes ne sont pas
moins nécessaires. Toutes ensemble, elles
complètent le canevas sur lequel l’architecte I
paysagiste réalisera dans l’avenir ses com-
positions.
^ Un point est à noter ici : c’est dans le
Nord que la première idée est venue d’em-
ploym’ les grandes plantes à la décoration
des jardins, et, pour ce qui concerne les
jardins de la capitale, tout le monde sait
quelle large part en revient à M. Barillet-
Desebamps; mais c’est dans les climats
plus doux de l’ouest et du midi de la France
qu’elles sont appelées h briller de tout leur
lustre, et avec beaucoup moins d’efforts de
la part des horticulteurs que sous notre ciel
trop^ tempéré. Des étés aussi chauds que
celui de 1865 ne se représentent pas trois
fois dans un siècle, et il ne faut pas s’at-
tendre a y voir toiis^ les ans prospérer aussi
bien des plantes qui, en réalité, appartien-
nent cà l’orangerie, ou même à la serre
chaude. Pour obtenir d’aussi beaux résul-
tats que dans celte année exceptionnelle,
il faudra, laplupart du temps, recourir à des
moyens plus compliqués, et particulière-
ment au chauffage artificiel du terrain. |
Heureusement, ainsi que nous l’avons vu
par une note publiée l’année dernière sur
le jardin de Ratlersea, le soleil en pourra
souvent faire les frais; néanmoins il est vrai-
semblable que le chauffage direct d’une
parcelle de terrain, par les tuyaux d’un
lhermosiphon, permettrait d’y cultiver, avec
plus de certitude de succès, des plantes
tropicales, dont le tempérament n’est nul-
lement en rapport avec la chaleur ordinaire
de nos étés.
Quoiqu’il en soit, l’impulsion est donnée,
et les grandes plantes pittoresques ont pris
droit de cité dans nos jardins de plein air.
A ce compte, elles constituent une catégo-
rie horticole nettement déterminée, et "(pii
méritait d’avoir son historien. Cet historien,
elles l’ont trouvé dans l’homme le plus com-
pétent pour nousentretenirde leurs qualités
ornementales et de leurs exigences sous
nos climats, M. E. André, qui a depuis
longtemps fait ses preuves comme horti-
culteur et comme écrivain, deux qualités
qui, soit dit en passant, vont rarement en-
semble. Le petit livre qu’il vient de publier
sur les plantes à feuillage ornementaD se
recommande de lui-même et peut se passer
de nos éloges; néanmoins nous sommes
bien aise de trouver cette occasion d’expri-
mer notre pensée à son sujet, en le signa-
lant aux lecteurs de la Revue. Il est agréa-
blement écrit, très-méthodique, très-com-
plet dans la spécialité qu’il embrasse, et,
ce qui ne gâte rien, orné de figures qui re-
présentent avec fidélité les plantes à feuil-
lage les plus renommées; on peut en juger
par les deux dessins qui accompagnent cet
article (fig. iÛ et 11) et qui représentent
deux belles espèces que nos lecteurs con-
naissent déjeà. Son format, des plus portatifs,
en fait le vade-mecum de tout amateur de
cette spécialité.
La culture en plein air des grandes plan-
tes pittoresques n’en est encore qu’à son
début, et celle des plantes aquatiques n’est
pour ainsi dire pas commencée, mais tout fait
présager que, d’ici à un prochain avenir, les
deux branches de l’horticulture d’agrément
n’auront rien à envier à la culture des fleurs
de parterre et à l’arhusterie^ décorative. Qui-
conque a étudié les diverses climatures
françaises dans leurs rapports avec le jar-
^ Les Plantes à feuillage ornemental, par M. E.
André, jardinier principal de la ville de Paris. —
J. Rothschild, éditeur, 1865. 1 volume petit in-S^
de 2. >4 pag'os.
2 Encore un mot de notre invention. Pourquoi
aussi notre belle langaie française se trouve-t-elle
si souvent à court de mots dont on a besoin? Puisque
les Latins avaient le mot frutetum pour désigner
un lieu planté d’arbustes; puisque les Anglais ont
celui de shruhherg, qui signifie la même chose,
pourquoi n’Hurions-nous pas celui û’arhusterie, qui
nous est tout aussi nécessaire? Comme dit le pro-
verbe, néeessité fait loi. Pe là noire mot, que nous
prions le pu l die d’accepter.
LES PLANTES A FEEILLAGE ORNEMENTAL, OU l’LANTES l'iTTOli ESQl ES.
(linage, pensera comme nous, que ces deux
spécîaHtés horticoles sont destinées à se
développer d’autant plus que le climat sera
plus chaud a plus sec, et par suite moins
lavorahle aux petites plantes tleurissantes.
De toutes les régions de la France, celle
du nord-est, ou dimat vosgien, avec ses
hi\ers longs et rudes, est celle qui se prê-
tera le moins à ces innovations; Paris n’est
pas beaucoup plus favorisé, quühpie déjà
dans des conditions moins mauvaises ; mais
la véritable région, en France, des grandes
plantes pittoresques sera la moitié occiden-
tale et océanique, comme la région des plan-
tes aquatiques sera le périmètre de la Médi-
terranée, et, à un moindre degré, la vallée
du Rhône. Quand nos amateurs et horticul-
teurs auront bien ‘compris que toutes les
parties de la France ne peuvent pas plus
donner les mêmes Heurs que les mêmes
fruits, et qu à chaque grande division clima-
térique doivent correspondre des branches
horticoles particulières, ils seront bien près
d’atteindre à la limite du progrès, u. Nacdin.
ROSE TRIOMPHE RE ROUEN.
La magnifique variété de Piose que nous
mettons sous les yeux de nos lecteurs dans
la planche coloriée ci-contre, a été obtenue,
en 186^2, par M. Garçon, jardinier à Rouen,
d’un semis de graines du Genéïül Jüc-
(jueminot fait en 1859. C’est une hybride
remontante, qui diffère essentiellement de
la variété dont elle est sortie par son colons
et la plénitude de ses Heurs.
La Société centrale d’horticulture de la
Seine-Inférieure a récompensé par une
médaille de vermeil rohtention de la
Rose Triom[)he de Rouen, après l’avoir fait
étudier par une commission spéchde. ’\oici
les principaux caractères de ce gain, déter-
minés par M. Malbranche, botaniste distin-
gué et membre de la commission :
La Rose. Triomphe de Rouen appartient
à la tribu des hybrides remontantes; elle
diffère essentiellement, par sou coloris et
la plénitude de ses Heurs, de la variété
dont elle est issue. L’arbuste est très-vigou-
reux; son bois est gros, vert, poussant droit
et armé d’aiguillons très-nombreux, droits
et recourbés. La feuille, d’un beau vert, a
pétiole pubescent, est munie inférieurement
eimc Hortiœlcy
Rose Triomphe de Rouen
lmp. Zaixoie,Rue des Boulangers, 13, Paris.
I F.Yerna PjrtK^ lmp. Fanote Rue dea Boulangers, 13, Paris
I ^ '
! Pomme Dean s Codlin
•UU;
ROSE TP.iOMPHE DE ROUEN.
111
(le qiiolqiies ; le slipiilo est vert,
ci!li(3c, glautluleux.
I^’inllorescence est corymbironne. Les
fleurs, réunies par trois à dix sur la même
branche, se succèdent; elles sont portées
par des pédoncules forts, droits et glanduleux.
Les sépales, dont deux ou trois plus grands
et foliacés, sont glanduleux et pinnatiüdes.
La Heur, très-grande, mesure de 0'“.10 cà
de diamètre ; elle est en forme de
coupe, très-odorante et très-remontante;
ses pétales larges, arrondis, légèrement
POMME HATIVE
Nos desserts sont le plus bel ornement
de nos tables ; nos jardins, iiiéituisables en
pi’écieuses ressources, nous fournissent, en
même temps que les fruits de chaque saison,
des Heurs (pii, groupées avec goût autour de
ces fruits, en font ressortir tout l’éclat.
Ces riclies tableaux cbarment plus les
yeux par leurs merveilleuses couleurs que
les idns pompeux assemblages des œuvres
de l’art; mais ils ont d’autant plus de prix,
que le choix des produits naturels qui les
composent est étendu et varié, que Vassor-
ii}up}tî en est complel.
Nos horticulteurs contemporains, qui
l’envisagent ainsi, s’appliipient à confondre
les saisons et à olTrir en pleine maturité des
espèces que la nature fait mûrir à des épo-
ipies très-éloignées.
]h)ur atteindre leur but, ils emploient
avec une grande habileté les cultures for-
cées, ils conservent les fruits avec un savoir-
faire éprouvé, et s’adressent tantôt aux plus
tardifs, tantôt à ceux qui, au contraire, de-
vancent les autres par leur précocité.
Les cultures à contre-saison sont diffici-
les et dispendieuses; la qualité des produits
est parfois contestable; les fruits tardifs à
pépins, auxquels leur nature permet d’at-
teindre les limites extrêmes, sont le plus
souvent secs et privés de ces éléments mê-
mes qui donnent la qualité à ceux qui mû-
rissent en pleine saison.
Quant aux tours de force qu’on accomplit
dans la conservation à la fruiterie, j’ai tou-
jours vu qu’ils ne s’exécutaient qu’au détri-
ment des récoltes.
J’aime mieux, à tous les titres, en pareil
cas, avancer que reculer et conséquemment
(U'oir recours aux variétés hâtives.
Dans cette persuasion, je crois utile de
signaler à l’attention des arboriculteurs une
Pomme de première saison encore peu con-
nue et qui, je crois, mérite de l’être, réunis-
sant un bel aspect à un goût très-acceptable.
Le fruit, d’un fort volume, est assez pré-
coce pour figurer au milieu des Pêches et
des Prunes tardives, des Poires de la se-
conde récolle, des Figues et du Fiaisin : à
échancrésau sommet, ont une couleur rose-
carmin vif, à rellet rose violacé et réti-
culé.
M. Teinturier, horticulteur rouennais,
s^’est re nlu acquéreur de cette belle variélé
et de tous les sujets, grands et petits, mul -
tipliés par M. Garçon sur Eglantier tige de
deux ans. Il les livrera au commerce au
prix de 5 fr. le sujet, lorsqu’il aura atteint
le nombre de deux cents souscripteurs, qu’il
s’occupe de réunir en ce moment.
A. Ferlet.
DEAN’S CODLIN.
mon avis, au moment oû il se mange il trou-
verait peu de rivaux.
Nous devons cette variété aux soins intel-
ligents de M. Ferdinand Jamin, de la mai-
son Jamin-Durand, pépiniériste à Dourg-la-
Reine, qui, en l’année 18iL, en rapporta
des grelTes d’Angleterre oû il en avait re-
marqué le fruit sur unégrain, dans le jardin
d’un propriétaire du nom de Dean, à
Cheshunt (Herts).
Ce propriétaire, si toutefois il existe en-
core, est loin de se douter que ce gain qu’il
a lui-même négligé est livré à la culture et
qu’il est destiné tà donner à son propre nom
une publicité bien imprévue; en effet, le
propagateur de ce gain l’a présenté sous la
dénomination de Béants Codtin.
La végétation de l’arbre est satisfaisante;
son fruit (voir la planche coloriée ci-contre)
est gros, allongé, déprimé aux deux extré-
mités, légèrement aplati sur une des faces;
sa forme est cà peu près cylindrique.
La pecau est jaune-citron un peu dorée,
très-fine, rappelant celle des Calvilles : elle
est parsemée, du côté du soleil, de très-
petits points et détachés rouges assez espa-
cées entre elles et sans largeur.
La pédoncule est gros, court, clnarnu
implanté auprès d’une protubércance que
forme la chair.
L’œil est fermé, placé dans une Ccavité cas-
sez profonde, peu évasée ; mais, irrégulière,
plissée et bossuée. La chair est blanche,
jaunâtre, fine, assez ferme et toutefois légè-
re, suffisamment sucrée et cacidulée.
Cet ensemble constitue un fruit agréable
et qui a tout particulièrement ce parfum
et ce goût relevé des Pommes encore un
peu vertes, qui pbaît à certaines personnes.
Cette Pomme se distingue au milieu de
celles également précoces qui, mûrissant aux
environs du mois de septembre, nous font
cattendre nos excellentes variétés d’biver;
car, comme la plupart de celles qu’on ré-
colte en même temps, elle se conserve jus-
qu’à la fin de l’automne.
Le nom de Codlin que M. Ferdinand Ja-
min cajoute à celui de Dccan’s demande ex-
112
POMME HÂTIVE DEAN’S CODLIN.
plication : il est générique et employé en 1 goriede Pommes à laquelle celle-ci se rat-
Angleterre pour désigner une certaine calé- \ tache par sa forme. Henri M!chelin.
LES 25 FRAISIERS DE LA COMMISSION DE
CLLTURE POTAGÈRE
DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE DTIORTICÜLTÜRE.
On ne compte pas moins de 300 à 350
variétés de Fraisiers; aussi l’amateur et le
spéculateur sont souvent fort embarrassés
pour faire un choix.
• C’est pour aplanir cette difficulté que la
commission de culture potagère de la So-
ciété impériale et centrale d’horticulture a
essayé, dit-elle, de rechercher les meilleu-
res variétés, et de réduire à 25 le nombre
des plus recommandables. Nous allons exa-
miner si le choix qu’elle a fait est satisfai-
sant et pratique.
Loin de nous la pensée de faire de la criti-
que; mais nous ne pouvons nous empêcher de
demander quel but s’est proposé la com-
mission. — S’il est réellement utile, pour-
quoi les autres commissions n’en font-elles
pas autant pour les Dahlias, les Chrysanthè-
mes, les Phlox, les Rosiers, les Delphinium
et tant d’autres plantes dont les variétés sont
innombrables?
Nous n’avons d’autre intention, en rédi-
geant ces notes, que de rectifier des erreurs
et de signaler des lacunes qui peuvent être
préjudiciables à ceux qui s’occupent de la
culture du Fraisier, et qui pourraient même
jeter sur elle la déconsidération, ce qui
serait d’autant plus fâcheux que, comme Ta
dit la commission elle-même, cette culture
mérite toute attention.
La commission a divisé son travail en
trois parties : l" Les Fraisiers les plus re-
commandables pour la culture des jardins;
■ — 2" les Fraisiers pour forcer; — 3<^ les
Fraisiers propres à la grande culture et à
l’approvisionnement des marchés.
Pour plus de facilité, nous allons copier
cette liste et faire nos observations à chaque
variété ; cela aura, à défaut d’autre, le mé-
rite de faire connaître les 25 Fraisiers adop-
tés par la commission. (Il y en a 29, sans
doute que les 4 premiers ne sont pas comp-
tés.)
Quatre-Saisons à fruit rouge. ■ — Quelle
variété? Est-ce celle à petit fruit, sans
chair, grainu et sableux, pesant à peine un
gramme, qu’on rencontre presque partout
dans les champs, dans les jardins, et qui
est d’un produit insignifiant? — Est-ce la
variété améliorée à gros fruit? Est-ce la
Reine des Quatre-Saisons? Est-ce?.... Est-
ce?.... Nous en cultivons une variété dont
les fruits pèsent jusqu’à 7 et 8 grammes.
La commission la connaît-elle?
Quatiy-Saisons à fruit brun de Gitbert.
— Variété de nulle valeur; impossible par
sa couleur douteuse, presque repoussante;
impossible par la petitesse de ses fruits qui
ne pèsent pas 1 gramme et 1/2; impossi-
ble par ses graines sèches et dures comme
du saille. C'est une plante d’un produit nul
et d’une culture difficile.
Quatre-Saisons sans fdets à fruit ronge.
—Quelle variété? 11 y en a plus de 20 peut-
être.
Quatre-Saiso7is sans filets à fruit blanc.
■ — Même observation.
Variétés à gros fruits, dites Anglaises
ou Américaines.
Anibrosia (Nicholson), — Bien! Bon
fruit, belle plante; mais non hâtive, comme
le dit la commission, elle est à peine demi-
hâtive; elle mûrit après A'ictoria.
Admirai Dundas (Mijatt). — Fruit mé-
diocre, produit nul la première année,
presque insignifiant les suivantes. Plante
délicate ; nous l’avons supprimée de nos
cultures. Ne réussit que dans les sables
Irais ou les terres franches. Exige des arro-
sements fréquents.
^ Barne large Wilhe. — Assez bon, cu-
rieux par ses fruits d’un blanc un peu am-
bré; mais peu fertile. Peu capable de figu-
rer dans un jardin en raison de la couleur
de ses Iruits, dont on attend toujours la co-
loration, et on ne les cueille guère que
quand ils sont déjà trop avancés.
Belle de Paris '{Bossin elLouesse).- — Fruit
médiocre, plante assez délicate qui ne réus-
sit pas dans les terres légères et sèches.
Bicolore (de Jonghe). — - Plante peu vi-
goureuse, à fruit médiocre. — Générale-
ment abandonnée.
British Quem (MijaU). — L’une des meil-
leures variétés d’il y a quinze ans; aujour-
d’hui abandonnée. Plante délicate et pres-
que stérile. — Nous ne l’avons vu réussir
nulle part. — Elle périt en hiver. En été,
elle végète avec une force surprenante, ses
feuilles atteignent jusqu’à 0‘“.25 de hauteur
pétiole compris. — A supprimer complète-
ment.
Carolina superba (Killeii). — Bien!
La Cliâlonnaise (D>' Nicaise). — Plante
délicate, stérile dans les sols secs et
chauds. Nous ne l’avons vu réussir ni dans
les sols frais, ni dans les sols compactes, ni
dans les sables frais; ni dans les terres
franches. C’est, avec Madame Collonge, La
Sultane^ Uéro, ])élicieuse. Modèle,' Bijou
{de Jonghe), plus impossible des Fraisiers.
— A supprimer!
113
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LFS 25 FRAISIERS DE LA COMMISSION DE GÜLTERE POTAGERE.
La Comlanle (de Jonghe). — Hélas ! nous
aussi, nous avons recommandé ce Fraisier;
mais l’expérience nous a appris qu’il ne ré-
ussit que dans les terres tranches un peu
fraîches et consistantes. Hors de là, il ne
produit que des fruits rares, couverts de
graines dures; puis il dépérit a la seconde
année, et il meurt l’hiver suivant.
Eclipse (Becve). — Plante assez robuste,
mais peu fertile. Fruit médiocre.
Elcanm^ ouEleonor (MyciU). — Plante très-
délicate, peu fertile; fruit passable qui
pourrit facilement. Ne réussit que dans les
sols riches un peu consistants.
Empress-Eugenia (Knevett). — - Très-
bien! Mais demande une culture soignée et
entendue.
Excelle}! le (Lorio). — Bien! Mais il y a
mieux.
07\}sse sucrée (de Jouglie). — Passable !
Exige un sol frais et de moyenne consistance.
Dans les sols secs et légers, il jaunit et ne
produit que des fruits insipides.
Hendries seedling. — Passable. Fruit mé-
diocre; ne vaut pas sa réputation.
Lucas (de Jouglie). — Faisons ici notre
7ued culpâ. — Entraîné par ce qu’en ont
dit l’obtenteur d’abord, les propagateurs
ensuite, et aussi, et surtout, par une an-
née de réussite, nous avons cru, comme
tant d’autres, que ce Fraisier avait un mé-
rite réel et nous l’avons recommandé nous-
inôme. Voici notre appréciation d’aujour-
d’hui : Plante délicate très-peu fertile, à
fruit médiocre; n’ayant encore réussi à
Argenteuil ni dans les terres légères, ni
dans les terres fraîches, ni dans les terres
franches. Avant de le supprimer entièrement
de nos cultures, nous l’avons soumis à une
dernière étude dans un sol exceptionnel.
S’il n’y réussit pas, nous le supprimerons
sans appel.
Murgueiite (Le Breton). — Gros fruit, peu
coloré, bon pour la grande culture sur
place; car il ne supporte pas le transport et
l’emballage. Comme fruit bourgeois, cette
Fraise est médiocre,. Néanmoins nous croyons
qu’on doit conserver cette variété jusqu’à
nouvel ordre, en raison delà grosseur de son
fruit et de sa beauté.
May Queen (Nicholson). — Plante naine,
envahissante par ses coulants; fruit bon,
mais petit. Ce Fraisier est peu productif et
n’a pas de raison d’être dans une collection
de 25 , puisqu’il y est remplacé avantageu-
sement par la Relue des Quntre-Saisous.
Mouslrous-llaulhois. ■ — C’est par erreur
que la commission a classé ce Fraisier dans
les Américains, c’est un Fraisier européen :
il descend, comme tous les Caprons, du
Eiagaria elatior. — Ce Fraisier produit
peu; le parfum de ses fruits est recherché
par les uns et repoussé par les autres : Des
goùls ef des couleurs il ne faul pas disputer :
mais nous nous permettrons de donner ici
notre avis. Les Caprons, en général, sont
des fruits écœurants; ils sont tout au plus
bons à assaisonner ceux qui n’ont pas de
parfum.
Princesse royale (Pelvillain). ■ — Reléguez
ce Fraisier à la culture des champs; mais
pour la table bourgeoise, supprimez-le;
supprimez la Fraise Trognon, comme on
l’a surnommée à la Halle de Paris. — Cette
Fraise a fait son temps : c’est l’ombre de la
bonne Fraise; c’est le Radis de janvier!
Sir Charles Napier (Smilh). — Rien!
la plante est vigoureuse, belle, robuste, et
le fruit assez bon.
Sir Hairy (Underhill). — Encore un
ange déchu! Que d’éloges immérités! Que
d’erreurs à redresser! — Plante très-déli-
cate, d’une culture difficile, fruit beau et
de bonne qualité, mais il ne faut pas comp-
ter sur des récoltes suivies. A supprimer
dans le nord et dans le midi de la France;
à étudier dans le centre (entre Reaune et
Lyon seulement) et encore !...
Vicomtesse Hêricart de Thury (Jamin c/
Durand). — Pourquoi ne l’avoir pas appelé
Prince inipé7ial (Graindorge), car c’est son
premier nom? La commission a rejeté le
Piiuce impé7ial et elle a adopté Vicomtesse
Jléiicmd de Tliimf qui n’est autre que le
Piince impéiial rebaptisé. Il se nomme
aussi Marquise de Latour-Maubourg , à
Finsu, sans doute, de la commission. Sous
quelque nom qu’on le désigne, ce Fraisier
doit être conservé, bien que nous lui repro-
chions l’abondance de ses graines et leur
dureté. Les vieillards qui n’ont plus de
dents et les jeunes gens qui ne les ont pas
creuses n’aperçoivent peut-être pas ce défaut;
mais il y en a beaucoup d’autres qui le dé-
couvrent.
Ce Fraisier est très-rustique, et résiste
aussi bien au froid qu’à la cbaleur et à la
sécheresse. H est très-fertile, malheureuse-
ment le fruit est médiocre, il manque d’eau,
de chair et de parfum dans les terres sè-
ches.
Victoria (Ti^ollop). — Bien ! — Plante très-
rustique et très-fertile; le fruit est passable,
il faut le cueillir avant sa complète maturité
et ne le manger que quelques heures après
sa cueillette. — Ne se conserve pas.
Wonderfull (Jeyes). — Ce Fraisier a une
vieille réputation qu’il ne mérite plus; il est
dépassé. Plante peu productive ; fruit mé-
diocre dans les terres sèches, assez bon
dans les sols ricbes. Quoique vigoureux, ce
Fraisier redoute le froid et la sécheresse.
Variétés propres à forcer.
Quatix-Saisous à fruit 7muge. — Lequel?
Quatir-Saisons à fruit brun de Gilbert. —
A supprimer. Il faut n’avoir jamais mangé
de ce fruit pour le citer.
114
LES 25 FRAISIERS DE LA COMMISSION DE CULTURE POTAGÈRE.
PHftCcm royale. — Oui! Mais il y a
mieux.
Sir IJarry. — Oui ! Mais empotez de bonne
iieure. Il y a beaucoup mieux.
Vicomtesse Héricart de Thwiy, Prince
Impérial ou Marquise de Lalour'Maubourg.
— Oui! Même observation que ci-dessus.
Victoria. — Oui! Bien!
Variétés propres à la culture en grand
et à l’approvisionnement des marchés.
Quatre-Saisons ci fruit rouge. — Lequel?
Quatre-saisons à fruit brun de Gilbert. —
Supprimez, supprimez cent fois! Mauvaise
plante, fruit exécrable, produit nul.
Eléonore. — Pourquoi celui-là plutôt que
vingt autres qui valent mieux que lui?
Elton. — Ce Fraisier est très-cultivé;
mais il ne mérite pas de l’être. Il est d’une
acidité insupporlable. 11 n’a ni eau ni par-
fum. Il y en a beaucoup qui devraient lui
être préférés. La routine seule le fait con-
server, parce qu’on ne se donne pas la peine
de lui chercher un remplaçant parmi les
nouveautés de mérite.
Jucunda (Saller). — Bien!
Princesse royale. — Bien! puisque le
public ne déguste pas. Mais le jour on un
cultivateur intelligent présentera au marché
une bonne Fraise, et il n’en manque- pas
dans les nouveautés, la Fraise à mèche
aura fait son temps.
Vicomtesse Héricart de Thury. — Bien !
Victoria. — Bien!
Que résulte-t-il de tout ceci? Que penser
du travail de la commission? Rien! Sinon
([u’une liste de 25 Fraisiers les plus recom-
mandables est une chose impossible à faire ;
car, pour l’établir sérieusement il faudrait:
En composer une pour chaque sorte
de sol, d’exposition, de climat, etc.;
Remplacer, chaque année, les ancien-
nes variétés dépassées par les ^nouvelles
qui seraient reconnues plus méritantes ;
Etudier chaque variété nouvelle clans
tolis les climats, dans tous les sols et à
toutes les expositions.
Nous le demandons, croit-on, en con-
seillée, qu’un pareil travail, non-seulement
ne soit pas au-dessus des forces de la
commission de culture potagère, mais même
cju’il soit possible?
Plutôt que de chercher à faire l’impossi-
ble et de commander l’opinion publiciue, il
est bien plus facile et, surtout, bien plus sur.
de se laisser guider par elle, de la laisser
faire et de lui obéir. Attendons donc qu’elle
se soit prononcée. Attendons le résultat des
expériences qui se font dans des milliers de
jardins et de cultures, et quand une auto-
rité praticjue et raisonnée viendra se faire
entendre, nous l’écouterons. Jusque-là il
faut laisser la question s’élaborer lentement
et s’étudier en silence.
La commission désire que nous ne soyons
plus tributaires de l’étranger. Nous sommes
tout aussi patriote que quicjue ce soit, mais
nous ne voyons pas qu’il y ait péril pour la
France de tirer de l’étranger ciuelques dou-
zaines de Fraisiers tous les ans. Cette sus-
ceptibilité est grande. Elle a d’autant plus
lieu de nous étonner que la commission dit
qu’il est très-facile d’obtenir des variétés
nouvelles. S’il en est ainsi, que ne se met-
elle à l’œuvre pour nous délivrer de Fenra-
hissenient de la Belgique et de l’Angleterre,
en créant elle-même de nouveaux Eraisiers.
L’obtention de nouvelles variétés peut
être facile en Angleterre et en Belgiciue, là
où il y a des connaissances pratiques spé-
ciales, un climat et un sol des plus favora-
bles ; mais en France il pourrait bien en être
ditféremment. Quant à nous, nous déclarons
qu’elle n’est pas aussi facile que la commis-
sion semble le dire. Tous les ans, nous se-
mons des quantités considérables de graine et
nous obtenons une, deux ou trois variétés
méritantes au plus; peut-être ne connaissons-
nous pas la manière d’opérer? Toujours est-
il que les résultats coûtent cher, souvent
plus qu’ils ne rapportent.
Il est vrai qu’il y a des semeurs qui n’y
regardent pas de très-près et qui trouvent
tout bon dans leurs semis; mais ce n’est pas
là le moyen de nous affranchir du tribut que
nous payons à l’étranger. Quant à nous,
nous continuerons de cultiver et de recom-
mander les variétés anglaises, surtout, tant
qu’elles primeront les nôtres, même celles
que nous aurons obtenues nous-même, parce
({ue nous croirons être utile aux amateurs et
aux spéculateurs.
En résumé, nous déclarons que la liste
des 25 Fraisiers de la commission ne nous
satisfait pas, qu’elle ne satisfera personne,
que ce travail était et reste impossible. Il
valait donc mieux ne rien faire que de foire
une chose incomplète.
V. F. Lebeuf,
Horticulteur à Argeiitcuil.
DU TIGRE.
Le tigre (coccus igri) ou petit kermès,
de la famille des hémiptères, vit sur
tous les arbres fruitiers placés aux ex-
positions chaudes etabritées. Pendant l’hi-
ver, on trouve ces insectes sur l’écorce dos
rameaux, et, à l’automne, sous le limbe des
feuilles dont il a dévoré le parenchyme.
L’insecte parfait a la forme d’une coque
couleur gris-cendré; forme leniiculaire-
ovale do 0”\002 de longueur sur 0.001
DU TIGRE.
115
de largeur ; la partie antérieure eu
pointe, la partie postérieure légèrement
déprimée, l’axe généralement droit, mais
quelquefois recourbé en demi-cercle.
Gomme tous les insectes d’ordre inférieur,
le tigre est très-prolifique. On trouve les
œufs, sousle ventre des femelles, agglomérés
en petites masses sphériques. Les œufs sont,
lors de la ponte, couleurjaune d’or et passent
au blanc presque transparent au moment de
l’éclosion. Pendant le temps de l’incubation,
les œufs sont maintenus entre la carapace de la
mère et une cloison très -mince, appliquée
sur le rameau. Les larves percent cette
cloison pour se répandre sur les branches
et sur les feuilles. Dans les années chaudes,
il y a deux pontes.
Le tigre aurait bientôt envahi nos jardins
et détruit nos arbres, si la nature n’avait
contrebalancé une reproduction rapide par
l’antagonisme d’un autre insecte. Le tigre
a son parasite, son ennemi intime, un petit
iclineumon dont la femelle dépose un œuf
dans le corps du tip’e. Cet œuf devient larve,
cause la mort du tigre, vit du cadavre de sa
victime achève sa transformation, et son in-
secte parfait en perçant la carapace qui l’a
abrité, et sous laquelle il ne laisse qu’une
poussière grise, trace impalpable des cosn-
bats et des phénomènes qui se sont accom-
plis dans ce monde presque microscopique .
Mais riclineumon ne suffit pas, il faut
encore que l’homme travaille directement à
la destruction du tigre. Dans le numéro du
16 janvier 1865 de ïdL Revue horticole nous
avons fait connaître une excellente compo-
sition, très-efficace pour la destruction de^
insectes parasites; depuis, poursuivant tou-
jours nos études et nos expériences, nous
avons essayé de combattre le tigre avec
l’huile minérale de pétrole.
Avant la publication de L’article de
MM. Georges et Jacques Barrai dans la Revues
des essais étaient commencés sur différents
points de la commune de Yitry par des ar-
boriculteurs, qui avaient eu connaissance de
l’article de-M. le D*’ Decaisne, article repro-
duit par le Moniteur du soir.
Un de nos collègues appliqua l’huile de
pétrole sur 50 Pêchers obliques; c’était im-
prudent. Le kermès fut détruit en quelques
jours, les insectes étaient desséchés, mais
hélas! les boutons à fleurs étaient aussi
mortellementatleints; ils noircirent, se des-
séchèrent, et, vers le 20 avril, on fut obligé
SUR LA S
La sélection est une petite puissance
que Dieu a donnée à l’homme; mais jus-
qu’où peut-il aller avec la sélection? On me
dit, les horticulteurs, en choisissant les
(le rabattre sur le pied les 50 beaux Pêchers.
Depuis cette époque, ces arbres n’ont eu
qu’une végétation des plus chétives.
De notre côté, et à la môme époque (dé-
cembre 1864), nous traitions par l’huile de
pétrole des Poiriers en espalier, situés au
midi et couverts de kermès. Trois Poiriers
ont été enduits entièrement; d’autres l’ont
été seulement sur la moitié de leur enver-
gure. Au 5 mars 1 865, les kermès des parties
huilées étaient morts, ceux des parties non
huilées étaient bien vivants. L’épiderme des
jeunes rameaux huilés avait conservé son
aspect normal, et ce n’est qu’au moment de
la végétation que nous nous sommes aperçus
que toutes les parties tendres et spon-
gieuses telles que boutons à fruits, bourses,
yeux etc., étaient atrophiées par l’action
corrosive de l’huile. Sur la jeune écorce,
nous n’avons remarqué que quelques taches
noires sur les parties occupées par les
kermès; sur la vieille écorce, rien à signaler;
l’ensemble de l’arbre dénotait un malaise
général.
Au milieu d’avril 1865, nous avons appli-
quél’huiledepétrole étendue de moitiéd’eau
pour détruire le puceron ; toutes les parties
herbacées ont été brûlées instantanément.
En touchant les chenilles avec un pinceau
de soie, imprégné d’huile de pétrole, on les
fait mourir instantanément.
Des hannetons jetés, à mesure qu’on les
ramassait, dans un baquet d’eau, contenant
de l’eau additionnée de 1 pour 100 d’huile
de pétrole, mouraient immédiatement.
Constatons enfin que l’odeur de l’huile
persiste après 60 jours d’exposition tà l’air
et que peut-être elle peut contribuera éloi-
gner d’autres insectes des arbres.
Tels senties faits sur lesquels j’ai cru de-
voir appeler l’attention des lecteurs de la
Revue, afin d’éviter les mécomptes à ceux
qui prennent trop au sérieux les nombreux
remèdes prônés par les journaux.
Pour finir, je dirai qu’il y a, au point de
vue de l’àcreté et de l’action corrosive, une
très-grande différence entre l’huile de pé-
trole naturelle de Pensylvanie et les autres
huiles vendues sous le môme nom et qui ne
sont que des huiles lourdes de goudron,
plus ou moins rectifiées. Ceux donc qui
voudraient continuer les expériences feront
bien de s’assurer de l’origine des produits
employés par eux.
Jean Lâchaume.
porte-graines, peuvent arriver à changer
l’espèce. Quelles espèces l’homme a-t-il
donc changé? L’a-t-on vu d’un Orme faire
un Chêne. Il est vrai (tue dans sa toute-
1Î6
SUR LA SÉLECTION,
puissance il peut créer des variétés, c’est-
à-dire qu’il peut obtenir des fleurs plus
grandes, des coloris plus brillants; mais
généralement des plantes plus délicates, et
les organes principaux restent toujours les
mêmes. Je prendrai pour exemple une
pauvre petite plante du bon Dieu, je veux
parler de la Pensée (Viola tricoJor). En
choisissant les porte-graines dans les plus
vigoureuses, les mieux colorées, on peut
obtenir des fleurs plus amples, des plantes
plus développées, plus belles et portant des
lleurs aux couleurs plus vives et mieux dis-
tribuées. Qualités que l’on ne conserve
qu’avec une foule de soins, c’est-à-dire, en
donnant à ces plantes une terre substantielle,
en bouturant ou en semant lorsqu’elles
s’aflaiblissent, etc.
L’homme cesse-t-il tous ces petits soins?
Abandonne-t-il en un mot, la plante à la
nature? Oh! elle retourne bien vite à l’état
})rimitif et redevient promptement la Viola
Iricolor de nos champs. Il me serait facile
de citer une multitude d’exemples sem-
blables.
On pourrait me dire encore ; la nature
elle, avec l’éleetion naturelle, agit plus
lentement, mais plus sûrement. L’homme
a-t-il jamais vu, jour me servir de la même
comparaison, l’Orme jirriver progressive-
ment à l’état de Chêne? Je ne pense })as
que M. Darwin puisse jamais démontrer cela.
Tout son système est bâti sur des hypothèses,
et je ne crois pas que l’on puisse extraire
de son livre sur l’origine des espèces une
transformation accomplie. Pourquoi donc
se lancer dans des hypothèses, lorsque l’on
a sous les yeux une foule de réalités?
Dieu a laissé à l’homme, dans sa petite
sphère, une certaine puissance, puissance
bien limitée, il n’a qu’à jeter les yeux vers
les profondeurs du firmament pour s’en
convaincre. Les limites sont posées, et toutes
les fois que l’homme voudra les dépasser,
il errera; il aura beau se débattre dans son
orgueil, il n’ira plus loin. De Ternisien.
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’HORTICULTURE.
Nous avons parlé, dans un de nos précé- i
dents comptes rendus, de la méthode em- |
ployée par M. Rivière, jardinier en chef du
Luxembourg, pour la production de boutu-
res de Figuier enracinées dès la première
année et donnant du fruit plus rapidement
que les autres. Cette méthode consiste à
stratifier des rameaux pendant l’iiiver, en
les couchant en terre dans des fosses de
de profondeur, puis à couper un
tronçon muni de l’œil terminal de ces ra-
meaux, qu’on plante verticalement en ne le
recouvrant que d’une épaisseur de terre de
0"L03. M. Rivière fait connaître qu’il em-
ploie le même procédé pour faire des bou-
tures de Vignes, avec cette différence que
le bouturage ne s’.opère pas avec l’œil ter-
minal seulement, comme pour les Figuiers,
mais bien par tronçons munis d’yeux. En
présentant des boutures de Vignes ainsi
obtenues, M. Rivière annonce qu’il a fait
beaucoup d’expériences sur la multiplica-
tion de cette plante, qu’il se propose d’en
faire encore de nombreuses. Son opinion,
quant à présent, est que les boutures avec
deux ou trois yeux réussissent le mieux.
Il ne croit donc pas devoir recommander
sans réserve le procédé de M. Iludelot, qui
consiste en semis d’yeux unicjues. Selon
M. le Dr Pigeaux, au contraire, le procédé
Iludelot est excellent pour multiplier des
variétés dont on ne possède que peu de
rameaux; on obtient ainsi assez vite un
assez grand nombre de sujets, puisque cha-
que œil en donne un. M. ibgeaux ajoute que
les insuccès de toutes les personnes (}ui ont
tenté l’essai de ce jtrocédé, tiennent à ce
qu’on a négligé Topération de lastratificalion
préalable des sarments, M. Andry rappelle
encore que la stratification donne toujours
de bons résultats, et il cite les expériences
faites depuis longtemps par M. Gaudais de
Nice. Dans une des dernières expériences
exécutées en grand, M. Gaudais, a obtenu,
sur 13,000 boutures faites, plus de 12,000
sujets.
,M. Philibert Raron réclame la priorité
d’un procédé de direction des arbres frui-
tiers, qu’on annonce à tort, selon lui, comme
nouveau, et qui consiste à obtenir des rami -
fications en rapprochant à chaque taille sur
le vieux bois et sur les anciennes produc-
tions. Il présente à l’appui de sa réclama-
tions des lambourdes fruitières bien traitées
qui donnent le modèle de son procédé. La
lettre de M. Philibert Raron fait allusion à
la méthode de traitement de M. Delaville,
dont nous avons publié les spécimens dans
notre dernier numéro (page 88). Une com-
mission a été nommée au sein du comité
d’arboriculture de la Société pour examiner
cette question ; nous rendrons compte de
sa décision.
Encore un exemple de précocité anor-
male. M. Barbarin, horticulteur à Vrcil
(Marne), présente deux Poires cueillies le
18 février dernier et qui ont presque atteint
une grosseur moyenne, quoique ne présen-
tant pas les apparences de la maturité. Ce
fait est connu, du reste; il a été remarqué
fré(iuemment celle année, comme il l’avait
été déjà dans des années présentant une
c-jnstilulion météorologique analogue à celle
de l’hiver que nous venons de traverser.
SÉANCES DE. LA SOCIÉTÉ CENTHALE D’IIOLTICULTURE.
117
Le doyen respecté de nos arboriculteurs,
M. Grill, de Chartres, a voulu montrera ses
collègues de Paris des spécimens de sa mé-
thode de traitement des Pêchers. Il a ap-
porté des branches formées sur lesquelles on
voit le résultat de son pincement, qui con-
siste à couper, au moment de la pousse, les
feuilles stipulaires, environ à leur moitié,
pour faire développer deux yeux à la base.
Ce pincement maintient les yeux au point le
plus rapproché possible de la brandie char-
pentière. M. Grin peut obtenir le même ré-
sultat sur un gourmand.
A propos de cette présentation M. Alexis
Lepère a fait à la Société une longue et in-
téressante communication dans laquelle il à
exposé en détail la méthode de conduile
traditionnelle des cultivateurs de Montreuil. 11
s’est attaché à démontrer qu’on peut tirer
un excellent parti des rameaux anticipés ou
faux bourgeons sans les pincer au premier
œil, et qu’ils peuvent servir à obtenir les
grandes et belles formes que nos pères te-
naient si fort en honneur.
Comme on le voit, le débat soulevé à pro-
pos de la rivalité du procédé chartrain et
du procédé montreuillais pour la conduile
du Pêcher est loin d’être apaisé. M. de La
Roy a très-heureusement caractérisé ce dé-
bat par un seul mot. La méthode de Mon-
treuil, a-t-il dit, est laméthode aristocratique
qu’emploient ceux qui ont du temps et de
l’argent pour obtenir de beaux fruits, tandis
que le système de M. Grin est un système
démocratique, qui, par sa simplicité, met la
culture du Pêcher à la portée du plus grand
nombre.
M. Boisselot, de Nantes, que les lecteurs
de la Revue connaissent comme l’im des
plus zélés propagateurs des bons fruits, a
envoyé à la Société une greffe de Vigne laite
par un moyen nouveau dont il est l’inven- \\
leur c‘t qu’il pratique ainsi : cà l’automne, ;|
lorsque les pr - :1ères feuilles commencent
à jaunir, ou bi i au printemps, avant que la
Vigne ne pleure, il choisit la bifurcation '-î
des branches à fruit la plus rapprochée du
sol et la coupe ras au-dessus du premier œil ; f|
après avoir éclaté ou fendu celte bifurcation p
dans son milieu, il y place un greffon taillé p
en biseau, absolument comme pour la greffe
en fente ordinaire ; puis il ligature fortement '
et il mastique. 11 est préférable que le biseau
du greffon soit plus épais d’un côté que de
l’autre pour ménager la moelle. Pendant la î;
végétation, il pince, à mesure qu’elles se j
développent, les pousses du sommet des
deux chicots surmontant le greffon, et il
fouille plusieurs fois au pied du sujet pour
extirper les drageons gros et nombreux qui
poussent sans interruption au collet des j
racines. Les greffes faites ainsi en octobre j
entrent en végétation en juin, à la Saint- ^
Jean. '
M. Boisselot demande que son nom soit ■
donné à cette greffe. Le comité d’arbori-
culture l’apprécie comme une nouvelle
variété de la greffe en fente, qui lui sem-
ble être ingénieuse et offrir des avantages
pour greffer au-dessus du sol.
Les communications relatives cà l’arbori-
culture ont été, comme on le voit, nombreu-
ses et importantes taux dernières séances de
la Société. Nous avons voulu, en raison de \
l’opportunité qu’elles présentent à cette
époque de l’année, les mettre toutes à la
fois sous les yeux de nos lecteurs. Nous ‘
donnerons, dans notre prochain compte ren-
du, des détails sur les autres sujets lixaités
dans ces mêmes séances, et dont la plupart
ont offert également un vif intérêt. j
A. Ferlet.
REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER.
Le Rolanical Magazine publie les figures
et les descriptions des plantes suiviantes :
Foiircroja KarwinskI et ZücCARlM,
pl. 5519.
Magnifique Amaryllidée arborescente du
Mexique et du Guatemala, où elle atteint des
proportions gigantesques. D’après la des-
cription du baron Karwinski, qui a trouvé
pour la première fois cett3 plante sur le
mont langa, dcans la province d’Oaxaca,
à une élévation de 3,500 mètres au-dessus
du niveau de la mer, les tiges atteignent
jusqu’à 10 mètres de hauteur et l’énorme
panicule tlorale 1:2 à 14 mètres. Le pied
(]ui a fleuri dans le Jardin bottinique de
Begent’s Parkn’a atteint, il est vrai, qu’une
hauteur de 5 mètres, mais, dans ces propor-
tions mêmes, il doit avoir un aspect mer-
veilleux. Le Foucroya longœva produit un
peu l’effet d’un Yucca gigantesque. La tige,
nue jusqu’aux trois quarts de sa hauteur, et
garnie dans cette partie des cicatrices des
feuilles déjà tombées, porte en haut des
feuilles assez semblables à celles d’un Yucca
et très-serrées. Les fleurs, de la grandeur
de celles des Yucca, sont blanches, à six
étamines, dont les filets sont gonllés et
charnus à leur base.
Itemlrobiuuî ^ciiîie, PARisii, pl. 5520.
Le nom spécifique de celte Orchidée, qui
a été découverte à Moiilmeine (Indes Orien-
tales) par M. Parish, fait allusion aux longs
poils blancs dont son pseudobulbe et ses
feuilles sont couverts. Les fleurs, d’un
jaune doré, solitaires ou réunies deux à
deux, se développent sur les vieux pseudo-
REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANCER.
bulbes, dans les aisselles des feuilles déjà
tombées. Celte plante a Oeuri à Knypersley,
en avril dernier.
:?lai*iauthus Druntinomliamm, Be^STHAM,
pl. 5521.
Cette charmante petite Pittosporée grim-
pante, avec ses abondantes et grandes lleurs
d’un bleu pâle, est originaire de l’Australie
occidentale et notamment des bords du
Svvan-River. Celte espèce est encore plus
gracieuse que le Marianthus cœruleopun-
clatus. Ses feuilles sessiles lancéolées, les
inférieures profondément incisées au bord,
presque pinnatifides, les supérieures, en-
tières, sont, ainsi que la tige et les longs
pédoncules et le calice, couverts de . longs
poils dressés.
»rimia altissima, HOOKER, pl. 5522.
Asphodelée bulbeuse du Natal que M. John
Sanderson a envoyée au jardin de Kew, de
d’Urban (près du Port-Natal). Les feuilles
longues de 0™.30 à 0«\45, sont lisses et
obtuses. La hampe florale dressée, qui sort ,
latéralement du bulbe, atteint 1‘". 35 de lon-
gueur et porte au sommet une grappe très-
serrée avant la üoraison, longue environ
d’une paume, composée de fleurs verdâtres
dont les filets des étamines sont d’un beau
pourpre pâle, placées dans les aisselles de
bractées subulées-lancéclées d’un pourpre
])àle à leur base. Quoique le coloris des
lleurs ne soit point très-brillant, celte plante
})roduit néanmoins par son port un très-bel
etfet.
liiifltleiitinnniana ^
Reichekrach fils, pl. 5523.
Cette Orchidée des îles Philippines a
fleuri poür lapremière fois en Europe, dans
les serres de M. Luddemann à Paris. Voilà
pourquoi M. Reichenbacli lui a donné son
nom spécifique. MM Hugli Low et Cie, à
Caplon, qui reçurent cette plante en pre-
mier lieu, ne pouvant pas la distinguer par
ses feuilles du Phnlœnopsis eqnestris (Ph.
rosea), la distribuèrent sous ce nom; et en
effet les lleurs seules permettent de déter-
miner cette espèce. Ces lleurs, disposées au
nombre de trois à cinq en courtes grappes,
sont d’un aspect aussi beau que singulier.
Leurs pétales et leurs sépales sont ornés
de bandes transversales d’un beau poupre
sur un fond blanc ou légèrement lavé de
pourpre. Le labelle est, dans sa partie su-
périeure, d’un pourpre uni.
Bortolonia guttnta, HooKER, pl. 5521.
Belle Mélaslomacée du Brésil, remarqua-
ble surtout par la splendeur de son feuillage.
Les feuilles longuement péliolées, ovales,
pointues au sommet, munies de cimi ner-
vures longitudinales, sont en dessus d’uiivert |
foncé et ornées, entre les nervures, de deu.x
séries de petites macules circulaires ou ova-
les, blanches ou roses. La face inférieure
des feuilles est uniformément pourpre, sauf
les nervures longitudinales saillantes qui
sont d’uu vert clair. Les fleurs roses sont
disposées en cimes au nombre de cinq à
dix.
^cutellaria aiirata, var. suJphurea, pl. '5525.
Cette Labiée brésilienne, native de Para,
y fut découverte par M. Baraquin et envoyée
par lui à M. Verschaffelt, qui, de son côté,
l’envoya en 1804 au jardin de Kew. C’est
une plante assez belle, atteignant 0"L30 à
0^.45 de hauteur, à longues fleurs d’un
jaune de soufre; ces fleurs sont disposées
en une grappe terminale.
fi*sammi8ia loniiçicolla, IIOOKER, pl. 5526.
Belle Vacciniée de l’Amérique du Sud,
dont on ne connaît pas exactement l’origine.
Cette plante, aussi remarquable par son
feuillage que par ses fleurs, a été envoyée
au jardin de Kew par M. James Bateman.
C’est un arbuste à grandes feuilles presque
sessiles, coriaces, brillantes, elliptiques,
pointues au sommet, munies à leur face in-
férieure de trois à cinq nervures longitudi-
nales saillantes. Dans les aisselles des
feuilles se développent les courtes grappes
florales composées de fleurs dontles corolles
allongées sont d’un beau pourpre à leur
partie inférieure urcéolée, qui occupe deux
tiers de leur longueur et dont la partie su-
périeure et le limbe peu étalé sont d’un jaune
verdâtre.
Plmlænop.^i^ sumatrana, Korthaes, pl. 5527.
Cette Orchidée, quia été décrite aussi sous
le nom de Phalœiiopsis zcbrina, provient do
la province Palembang (Sumatra) où elhi a
été découverte, par Korthals, il y a plus de
vingt-cinq ans. Toutefois ce n’est que pen-
dant le printemps de l’année passée qu’on a
vu fleurir celte belle espèce dansla collection
de M. Day. Les grandes lleurs de celte
plante sont blanches, mais les sépales et les
pétales sont garnis de larges boucles trans-
versales d’un pourpre brunâtre. Le labelle
lui-même offre des macules allongées longi-
tudinales de la même couleur. La ligure que
nous avons sous les yeux montre unehauq)e
llorale portant cinq lleurs.
primula LiNNÉ;var. amœiHU
pl. 5528.
Magnifique variété du Primula rorln-
soides plante assez connue dans les jardins.
Cette variété amœna a été iulroduile du Ja-
pon dans les jardins de l’iVngleterre. Elle se
distingue avautageusement du type de la
piaule ([lie nous [lossédous depuis longtemps
[>ar ses grandes lleurs, du pourpre le plus
KEVIE DES l'EBLICATIOKS
riclic, et par son beau feuillage extrêmement
vigoureux.
liil>uri.«< nfi*0|mri»«i*c«, Wir.iiT, pl. 5529.
Orchidée terrestre de Ceylan, assez belle
j)arson feuillage. Cbacpie pied porte deux à
quatre feuilles larges, pointues au sommel,
plissées suivant leurs nervures longitudi-
nales. Les Heurs, disposées en épi terminal,
sont d’un soml)re })ourpre violacé.
l>lialirn»psi.s Weliilloriaiia , RElCHENiîACfi lils,
pl. 5580.
Cette magnitique Orchidée des îles Philip-
pines est probablement connue d’un grand
nombre des lecteurs de la Berne. 1.11e a fi-
guré plusieurs fois dans nos expositions, et
la Société impériale et centrale d’horticul-
ture lui a consacré, en octobre 1802, sur la
j)lancbe ir> XVIJ de son album, une magni-
iique ligure exécutée par la main de maître
de M. A. Riocreux, accompagnée d’un mé-
moire très-étendu deM. P.Ducbartre surcetle
merveille du règne végétal. Nous croyons
devoir nous borner à renvoyer nos lecteurs
à ce travail important.
Al.s(r<rmet'ia tk'iii^iflai'a , Herbert, pl. 5531.
Relie Amaryllidée grimpante introduite du
Pérou parM. Pearce. Latige volubile atteint
jusqu’à prés de 3 mètres de longueur; les
|| feuilles courtement pétiolées sont ovales,
I courtement acuminées au sominet. Les
Heurs, d’un riche rouge- orangé, sont dis-
1 posées en ombelles terminales. La partie
I inférieure des pétales est intérieurement
i garnie de petites macules allongées noires.
REVUE
Les prix des denrées de toute nature ont subi
d’assez notables changements à la halle depuis
I la seconde quinzaine de février. Les produits du
printemps font leur apparition et sont cotés à
I des cours très-élevés qu’on ne peut comparer
! avec ceux de l’hiver. Le Monileur du 11 mars
|i résume du reste parfaitement la situation dans
1 ces quelques lignes. « Les primeurs com-
■; luencent à abonder à la halle; la majeure par-
Ij tie, les petits Pois notamment, nous parvien-
il nent d’Algérie. Le trajet complet n’étant que de
cinquante à soixante heures, ces denrées arri-
i vent dans imparfait état de fraîcheur. On trouve
^ déjà des Asperges au prix de 8 à 12 fr. la botte;
mais les Asperges de Paris, les seules qu’ad-
mettent les palais raflinés, coûtent 50 francs,
j Ouant aux fraises, elles sont encore à un prix
.j: invraisemblable. » Voici le résumé des cours du
i' coinmencement de mars,
i; ^ Légumes frais. — Carottes d’hiver, 8 à 9 fr.
l’hectoliire. — Carottes pour chevaux, 10 à
{[ 12 fr. les 100 hottes. — Carottes ordinaires,
20 à 28 fr. les lOObottes. — Panais, 18 à20 fr.
avec; 3 fr de baisse eu moyenne. — Poireaux,
|! 20 a 30 11', les 100 bottes. — Choux ordinaires.
IRTICOEES DE L’ÉTRAAGER. 119
SiæmaiitiliuN inoarnatiiM, Rurciieu., pl. 5532-
Magnifique Amaryllidée de l’Afrique mé-
ridionale. Les grandes feuilles charnues
sont obovales et obtuses au sommet, cilio-
lées au bord. Les Heurs, disposées en om-
belles serrées, sont d’un délicieux rose ten-
dre.
l.aitkesiCieria Btarteri, lIoOKER, pl. 5533.
Ce sous-arbrisseau, appartenant à la fa-
mille des Acantbacées a été introduit par
des graines que M. Milne envoya de l’Afri-
que accidentale. R peut atteindre une taille
de 1"L35. Les feuilles, ovales-oblongues ou
oblongues lancéolées acuminées, sontjires-
que sessiles, opposées. Les Heurs, d’un beau
jaune doré, orangées au centre, sont dispo-
sées en amples épis serrés terminaux.
Monteiri, IIOOKER, jil. 5534.
Cette espèce fort remarquable a été en-
voyée au jardin deKew, en 18G4, par M. Joa-
chim Monteiro, réminentet infatigable zoo-
logiste auquel les jardins royaux doivent
tant de richesses. Cette plante est originaire
du sud-ouest de l’Afrique. Les feuilles char-
nues, glauques, glaltres, spatlîulées, sessiles,
sont munies dans la partie inférieure des
tiges d’un goiiHement {pod(friuni) qui per-
siste après la chute des feuilles. Les feuilles
des rameaux Horaux sont dépourvues de ce
podarium, qui donne à la lige un aspect
bien singulier. Les Heurs sont entourées
d’un involucre formé de trois feuilles del-
toïdes sessiles; elles sont d’un aspect assez
insignifiant.
J. Grœnland.
(PREMIÈRE QUINZAINE DE MARS).
5 à 20 fr. le cent — Choux-fleurs de Urelagne,
50 à 100 fr. le 1 00. — Oignons en grain, 7 à 9fr.
l’hectolitre. — Radis roses, 1C25 à- lf.50 la
botte. — Radis noirs, 5 à 10 fr. le cent. — Cé-
leris ordinaires, 1 à 2 fr. la botte. ■ — Céleris
raves, 0025 à 0030 la pièce — Salsifis, Of.25
à 0035 Choux de Rruxelles, 0025 à 0030 le li-
tre.— Champignons, 0005 à 0010 le maniveau.
— Pommes de terre de Hollande, G fr. à G050
l’hectolitre. — Vitelottes nouvelles^, 12 à 13 fr.
— Pommes de terre jaunes, 4 fr. à 4f.50. —
Pommes de terre rouges, G fr. à G050 l’hecto-
litre.
Herbes et assaisonnements. — Les Epinards,
après avoir valu de 0025 à OOGO le paquet en
liaisse de 0015, sont revenus au prix de 0030 à
0f.G5. — L’Oseille est toujours cotée de 0030
à 0070 le paquet. — Le Cerfeuil se vend de
0010 à 0030 la botte ; le prix maximum a dou-
blé pendant la première semaine de mars. —
Le Persil est vendu de 0025 à 0035 le calais,
— L’Ail était coté au commencement du mois
de 4 à G fr. le paquet de 25 bottes; il a dimi-
nué ces jours derniers, et ne vaut plus (jue de
3 à 5 fr. — La (uijoule se vend de 0010 à 0015
il
IIEYUE COMMEKCIÂLE (PREMIERE ^EINZAENE DE MAliS;.
la botte; le Thym, de ObiO à avec une
liausse de OblO sur le plus haut prix. — L’E-
chalote se paie do ObAO à 0L70 avec une aug-
•usataliou moyenne de0bl5. — L’Estragon est
coté de0f.50 a 1 IV. la botte.
Salades. — La Romaine valait, à la lin de lé-
vrier, de Üb(i0 à "2 IV. la hotte de quatre lûtes;
elle est un peu diminuée depuis. — La Laitue
se vend de o à 12 fr. au lieu de ï à 8 fr. le 100.
— Le Cresson ordinaire coûte de 0C35 à 0070
la botte de 12 bottillons ; son prix s’est élevé
jusqu’à If. 20 la hotte dans les premiers jours
de mars, mais il est vite retombé et tend a
baisser encore. — La Chicorée frisée est cotée
de O à 12 fr. le 100 au lieu de 4 à 15 fr.^ —
La Chicorée blanche vaut de 0f.l5 à 0f.2^uîa
botte. — Les Mâches se vendent de (à. 25 à
0f.30 le calais, et les raiponces, de Qf.25 à
0f,40. _ L’Escarole se paie aujourd’hui de 5 à
8 fr., elle est diminuée de moitié depuis quinze
jours. — Les Pissenlits valent de Of.35 à 0f.80
le kilogramme.
Fruits frais. — Le Raisin de serre, le plus
ordinaire se vend 2f.50 le kilogramme; le plus
beau se paie jusqu’à 8 fr. — Les Poires sont en-
core augmentées ;on n’entrouve pas au-dessous
de GO fr. le 100; il faut payer les belles
lf.20 la pièce. —Les Pommes communes ne va-
lent que 5 fr. le 100, sans changement depuis
un moiS;, celles de première qualité sont cotées
jusqu’à 105 et 110 francs.
Fleurs et arbustes d'’ ornement. — Les mar-
chés de la quinzaine ont été assez bien fournis ;
certaines plantes, tavorisées sans doute par la
douceur de la température, ont pu être appor-
tées en plus grande quantité que les années pré-
cédentes à la môme époque. De ce nombre, il
faut citer, parmi les espèces chauflées., les
Azalées de l’Inde, les Cinéraires, les Orangers,
les Fuchsias, les Spirées,les Deutzia,les lioteia,
les Pittospornm, les Rosiers, les Mimosa, les
Cenista, les Dielytra ; puis des légions de Ja-
cinthes, de Primevères de Chine, d’Erica, de
Régonias, de Coronilles, d’Anthemis frutescents,
de Lilas, d’Epacris, de Rhododendrons. Les Camel-
lias commencent à être recherchés, la Jloraison
s’en opérant avec difficulté depuis ces derniers
temps humides. (Juant aux plantes à feuillage
et d’appartement, elles arrivent d’autant plus
abondantês sur les marchés que le goût s’en
généralise chaque jour davantage; il y en a pour
tous les besoins et pour toutes les bourses. En-
fin les horticulteurs se mettent de plus en plus
à faire de ces plantes pour satisfaire les exigen-
ces. 11 faut leur savoir gré de s’ètrc décidés à
produire d’une manière plus générale ces plan-
tes qui poussent volontiers dans des pots^ de
dimensions très-restreintes, surtout aujourdhui
que l’on fabrique des vases pour fleurs sans
s’inquiéter ni de la forme, ni des dimensions, ni
des conditions d’existence des _ plantes qu ils
doivent contenir. On en est arrivé aujourd hui
à fabriquer des vases dans lesquels il est im-
possible de lo’ger et de faire vivre les plantes.
C’est un point important que l’on néglige et
qu’il est bon de signaler.
Plantes à fleurs. — Azalées, 2f.50 à 10 fr. —
Anthémis frutescents, 1 à 2 fr. — Rruyères
(^Erica) üf.5ü à ff.50. - bruyères du Cap
(Hiylica), 1 fr. à ff.5ü. — Crocus, (jf.20 à
()f.50. — Camellias, 2f.50 à lüfr. — Cinéraires,
0f.50 à lf.50. — Cyclamen, lf.50 à 2 fr. —
Coronille glaiu|uc, Oi75 à 1C50. — Citronniers
du Japon 1C5U à 2 fr. — Dielytra spectahilis,
1C50 à 2b50. — Deulzia, 1 à 2 fr. — Epacris,
1C50 à 2 fr. — Fuchsias, lf.50 à 2f.50. — Gi-
roflée jaune hâtive, 0f.20 à 0f.30. — Genista
racemosa, lf.25 à lf.50. — Héliotropes, lf.25
à ff.50. — Hépatiques, 0f.50 à Of.75. — Ja-
cinthes, 0f.50àff.5ü. — Lilas, 1 à 2fr. — Laurier
Tin, 1 à3 fr. — Mimosa, ff.50 à 2f. 50. — Oran-
gers, 3 à 10 fr. — Primevères de Chine, Of.25
à 1 fr. — Pensées, Of.25 à 0f.50. — Pitlo-
sporum, 2f.50 à 5 fr. — Primevères de jardins,
0f.l5 à 0f25. — Pâquerettes, 0f.l5 à Of.25
Rhododendrons, 2f.50 à 10 fr. — Rosiers forcés
ff.25 à3fr. — Rosiers Bengale Lawrence, Of. 70
àOf.75. —Réséda, Of.75 à ff. 25.— Pélargonium,
ff.50 à 5 fr. — Spirées, 1 à 2 fr. — Thlas[i
toujours fleuri, 0f.50 à ff.50. — \éromque,
Of.75 à ff.50. — Violette de Parme, Of.,50 à
Of.75; des quatre saisons, Of.25 à 0f.50.
Plantes à feuillage. — Aloës, 0f.50 à 2f.50.
— Agave, 2f.50 à 5 fr. — Aucuba, ff.50 à
2f.50. — Aspidistra, 5 à 15 fr. — Acacia lo-
phaiita, Of.75 à ff.25. — Bégonia, 0f.50 à
2f.75. — Billbergia, 3f.50 à 5 fr. — Cordyline,
ff.50 à 1 Ofr. — Curculigo, 3 à 10 fr. — Cereus,
ff.50 à 2f.50. — Cactées, Of.30 à ff.50. —
Calla d’Ethiopie, Of.75 à ff.35. — Cyperus alter-
nifolius, ff.50 à 2f.50. — Crassula cordata,
1 fr. à ff.50. — Dracœna, 2f.50 à 15 fr. —
Fougères, ff.50 à 5 fr. — Ficus, 2f.50 à 10 fr.
— Fusain du Japon, ff.25 à 2fr. —Géranium à
feuilles de Lierre, 1 à 2 fr. — Houx, f à 2 fr.
Isolepis, 0C50 à Of.75. — Iris panachés, Of.75
à ff.50. — Latania, 15 à 30 fr. — Lierre d’Ir-
lande, 0f.50 à 1 fr. — Lycopodes, 0L50 à 1 Ir.
— Maranta, 2f.50 à 5 fr. — Palmiers, 10 à
20 fr. — Paya, 3 à 5 fr. — Pervenches pana-
chées, Of.75 à ff 25. — Plantes grasses^ diver-
ses, Of.25 à 0f.50. — Phormium, 5 à 15 fr. —
Pitteairnia, 2f.50 à 5 fr. — Saxifrages sarmen-
teux, Of.75 à ff.50. — Tradescanlia zebrina,
0f.50 à ff.50. — Troènes, ff.50 à 2f.50. —
Yucca, 2f.50 à 15 francs.
Arbres fruitiers. — Aliricotiers tiges, iCüO
à 2 fr.; demi-tige, f fr. à ff.25; nain (es-
palier) 0f.08 à 1 fr.; tige formée et palmette
formée, 6 à 10 fr. — Amandiers (rares), ()f.50
à 0f.80. — Cerisiers tige, ff.25 à ff.50; que-
nouille et espalier, 0f.50 à ff.50; arbres for-
més, 2f,50 à 5 fr. — Framboisiers, 10 à 15 fr,
le cent. — Groseilliers à grappes, 25 à 30 fr.
le cent; à maquerieau, 25 à 40 fr. le cent. —
Poiriers tiges, ff.25 à 2 fr. ; pyramides ,J)C 75
à 1L25; espaliers et scions, Of.75 à ff.25; ar-
bres formés, 2 à5fr. et au-dessus. — _Pommiers
tiges, ff.25 à ff.50; pyramides, Of.75 àf fr. ;
nains ou espaliers, 0f.50 à Of.75; paradis pour
cordons, 0f.50 à Of.75; à cidre, fC50 a 2b50.
—Pruniers tiges, ff.25 à ff.50 ; nains ou scions,
0f.50 à 0f.7o. — Pêchers liges, ff.25 à 2 fr. ;
demi-tiges, f fr. à ff.50; nains ou espaliers,
Of.75 à^f f.25; arbres formés, 3 à 10 fr. — Aignes
de Fontainebleau, 0f.40 à 2 fr.
A. Feulet.
CHUONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUmZAIXE DE MARS)
Exposition universelle d’horticulture etcongrès botaniques Saint-Pétersbourg en 1868. — Lettre de M. Reflet
faisant appel aux horticulteurs étrangers.— Prochaines Expositionsde Chartres, Toulouse, Strasbourg, Cou-
loinniiers, Melun. — Concours cantonaux ouverts ]»ar la Société d’Eure-et-l.oir. — Prochaine session du
congrès poinologique de France à Melun. — Prochaines expositions de la Société de Flore de Bruxelles,
d’Audenaerde, de Vienne (Autriche). — Prochaines expositions de Roses à South-Kensington et de Jacinthes
au Palais de Cristal de Londres. — Célél)rités scientilhiues anglaises qui prendront part au corurrès bota-
nique de Londres. — Association de la Société royale d’horticulture d’Angleterre avec tontes les Sociétés
provinciales du Royaume-Uni. — Lettre deM. Bossin, sur la Laitue Bossin et la nomenclature botanique
maraîchère. — Rectification dans un article de M. Lemaire. — La 83® livraison du Jardin fruitier du
Muséum^ de M. Dccaisne. — Lettre de M. Boisbunel sur la Poire Coloma. Une tondeuse de gazons
anglaise.
Nous avons déjà annoncé l’année dernière
«lu’une Exposition internationale d’iiorticul-
Itire s*oiivriraiten 1868 à Saint-Pétersbourg.
Ace sujet, nous recevons aujourd’hui du
savant Regel, président du comité orga-
nisateur de cette Exposition, la lettre sui-
vante :
c( Monsieur,
La Société russe d’horticulture de Saint-
Pétersbourg se propose d’ouvrir, sous le patro-
nage de S. A. 1. M'p le Grand-Duc Nicolas, à
la Pentecôte de l’année 1868, une grande Ex-
position internationale de produits d’horticul-
ture, ainsi que d’objets d’art et d’industrie qui
s’y rattachent, et de convoquer en même temps
un congrès de botanistes, d’horticulteurs prati-
ciens et d’amateurs d’horticulture en général.
f( La réussite de cette entreprise dépendant
avant tout de la coopération que voudront bien
y prendre les personnes vouées à l’étude de
i’horticulture, le soussigné se fait un devoir de
vous faire part de ses intentions et de s’adres-
ser à vos lumières et à votre expérience pour
savoir :
« lo Quelles sont, à votre avis, les meilleures
mesures que la Société devrait prendre pour
faciliter le transport des envois et b voyage
des exposants et des membres du jury?
« 2o Quels sont les objets qui devraient de
)»référence figurer dans le programme de l’Ex-
position?
(( Attachant une haute importance à votre
opinion et à vos conseils sur l’entreprise, le
soussigné se flatte de l’espoir que vous voudrez
bien, Monsieur, lui faire savoir si vous êtes
disposé à concourir à l’oeuvre, soit en envoyant
des produits à l’Exposition, soit en honorant le
congrès de votre présence, et vous prie de lui
* communiquer aussitôt (pie possible vos inten-
tions et votre opinion.
K E. Regel,
« Vicc-prcsidcnt de la Sociéle russe d’horü-
culture de Saint-Pétersbourg.
« Saint-Pétersbourg, le 15 niai’s 18GG. »
Nous croyons nous rendre au désir de
M. Regel en portant sa lettre à la connais-
sance des horticulteurs français, et en les
invitant à y répondre. De celte façon, nous
ne lui ferons pas connaître seulemerit notre
sentiment personnel, mais bien celui des
amis de l’horticulture dans notre pays.
Les préparatifs des expositions horticoles
de celte année se poussent avec activité de
toutes parts. En Erance, nous avons reçu
les annonces ou les programmes des solen-
nités f[ui doivent avoir lieu dans les villes
suivantes : à Toulouse, du au (26 avril;
D'- Avril 1865.
à Chartres, du 17 au 21 mai; à Strasbourg,
du 25 au 27 mai ; à Coulommiers, du 8 au
12 septembre; à Melun, dans le courant de
septembre.
L’Exposition qui aura lieu à Toulouse
comprendra trois classes de produits, ceux
de la culture maraîchère, ceux de la culture
fleuriste et ornementale, et ceux de Tarbo-
riculture fruitière. Les concours ouverts
dans les deux premières classes sont les
mêmes que dans toutes les expositions;
pour la troisième, un premier concours est
établi pour les arbres fruitiers formés et
un second pour les fruits forcés ou conser-
vés à l’état frais. Les exposants seront di-
visés en trois catégories : horticulteurs-mar-
chands, amateurs concourant personnelle-
ment, et jardiniers en condition. Des
récompenses distinctes seront affectées à
chacune des catégories.
A Chartres, l’Exposition printanière de la
Société d’horticulture d’Eure-et-Loir se
tiendra dans l’enclos Saint-Jean. Nous ne
trouvons aucune disposition spéciale à signa-
ler dans son programme qui renferme les
concours habituels deJégumes, fruits, fleurs,
plantes ornementales, arbres et arbustes,
dessins, plans de jardins et produits indus-
triels. Mais, on sait que, outre ses expositions,
la Société d’Eure-et-Loir a institué des
concours cantonaux de culture et d’ensei-
gnement horticoles, qui se tiennent, par
quatre, chaque année, successivement dans
tous les cantons du département. Ces con-
cours auront lieu cette année dans les can-
tons d’ Anneau, Bonneval, Rrezolles et
Authon, aux chefs-lieux desquels les quatre
comices agricoles des arrondissements de
Chartres, Chàteaudun, Dreux et Nogent-le-
Rotrou tiendront leurs solennités. Ils por-
teront, comme ceux des années précédentes,
sur les meilleures cultures pratiques dans
toutes les branches de Thorliculture, et les
mérites des candidats seront constatés par
des visites sur place. Nous recommandons
encore une fois ce système de concours à
toutes les associations horticoles qui tien-
nent à stimuler le progrès d’une manière
sérieuse dans le cercle de leur action.
Nous publierons en leur temps les pro-
grammes des exhibitions d’automne de
Coulommiers et de Melun, ün sait que
celte dernière coïncidera avec la tenue de
7.
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MARS).
].i onzième session du congrès poniologique
de France.
En Belgique, on annonce d’abord l’ex-
posilion de la Société royale de Flore, qui
aura lieu à Bruxelles du 8 au 10 avril ; puis
celle d’Audenaerde, du 29 avril au 1*?»' mai.
La capitale de l’Autriclie verra également
une solennité horticole du 20 au 2G avril.
En Angleterre, voici venir aussi l’époque
où commencent les expositions de prin-
temps. On sait avec quel enthousiasme on
accueille de l’autre côté de la Manche ces
Expositions qui, par l’éclat de leurs pro-
ductions, olTrent un parfait contraste avec
celles de l’hiver, où la patience et l’indus-
trie de l’homme sont supérieuresaux riches-
ses de la nature. On parle beaucoup d’une
Exposition de Roses de serre, de plantes
bulbeuses et d’autres richesses printanières
qui doit avoir lieu le 3 avril à Soutli-Ken-
sington dans le jardin de la Société royale
d’horticulture. C’est un horticulteur distin-
gué,M. AV. Paul, qui ouvre ainsi la marche,
et promet de nombreuses satisfactions à
Fatlention du public.
MM. Culbush et fils, dont les lecteurs de
la Revue horiicole connaissent déjà les
noms, annoncent })Our une époque presque
simultanée, et que l’on ne connaît pas encore
précisément, l’ouverture de leur Exposi-
tion annuelle de Jacinthes et de Üeurs de
saison dans les bâtiments du palais de
Cristal.
D’un autre côté, des détails nous arri-
vent de jour en jour plus complets au sujet
du Congrès botanique qui doit avoir lieu
simultanément cette année à Londres avec
l’Exposition internationale d’horticulture. La
présidence, on ne l’a pas oublié, a été con-
tiée à Funanimité à M. de Candolle, citoyen
de Ceiiève; parmi les célébrités scientifiques
anglaises qui doivent prendre part à cette
grande conférence, où vont s’agiter tant
de questions pleines d’intérêt, nous remar-
quons les noms suivants , dont nous em-
priintons la liste au Gurdeners'Chroniele :
MM. James Bateman, Babington, AV. Barler,
J. J. Bennett, Berkeley, Bentley, AAL Carru-
Ihers, Daubeny, Charles Darwin, Ilogg,
AV. Masters, J. Mac-Nab, A. G. More, D‘’
Moore, T.Moore, J.AIiers,AV. Paul, D. Prier,
J. G. Veitch, D^’ AVelwitsch, Di' AAdght, Ja-
mes Vates, etc.
Beaucoup de botanistes étrangers, ajoute-
t-on, ont déjà envoyé leur adhésion; de
nombreux mémoires ont été présentés pour
être lus à l’époque du Congrès, et les per-
sonnes qui ont pu, par leur position, en
prendre connaissance, assurent que cette
cérémonie fera époque dans l’bistoire de la
science.
Nous croyons devoir rappeler à ceux de
nos lecteurs qui désireraient envoyer leur
adhésion au congrès et y prendre part.
que leur demande doit être adressée au
D*’ Maxwell Masters, secrétaire honoraiie
du congrès, au bureau de l’Exposition in-
ternationale , 1, AAdlliam Street, Lowndes
Square, S. AV. à Londres.
■ — La Société royale d’horticulture de Lon-
dres qui jusqu’ici était demeurée un institut
botanique ayant peu de rapports directs avec
lesapplications de la science dont elle repré-
sentait avec éclat le mouvement théorique,
vient d’entrer dans une voie nouvelle. Elle
a résolu de s’unir à toutes les Sociétés hor-
ticoles du Royaume-Uni, et si cet acte d’asso-
ciation donne à ces diverses sociétés une
autorité et un prestige incontestable, il met,
en revanche, la Société royale d’horticul-
ture en état de recueillir toutes les décou-
vertes que font souvent sans gloire les mo-
destes et sincères amis de la nature, dont
riiorliculture s’honore de toutes parts.
Les privilèges que la Société royale ac-
corde aux Sociétés horticoles et florales de
la province ont été consignés dans une cir-
culaire que nous avons sous les yeux en ce
moment, et dont voici l’analyse. Ghaque
société recevra un exemplaire des comptes
rendus et du Journal de la Société royale
d’horliculture, qui pourront publier de leur
côté les travaux remarquables qui auront
surgi dans les diverses Sociétés provincia-
les. Des cartes seront accordées aux mem-
bres de toutes les Sociétés horticoles de la
province; ils pourront ainsi visiter les jar-
dins, les musées et la plupart des exposi-
tions de la capitale. Enfin chaque Société
participera, autant que possible, aux envois
de plantes, de graines, de fleurs et de fruits
qui seront faits à la Société royale et adres-
sés à Chiswick-Garden.
Toute la presse horticole de l’Angleterre
a applaudi au libéralisme et à l’intelligence
de cette nouvelle mesure. Le temps, assuré-
ment, révélera quelques inconvénients at-
tachés à cette vaste association scientifiipie;
c’est ce qui arrive toujours pour toutes les
grandes choses. Quoi qu’il en soit, il en ré* ♦
sultera de grands et de sérieux avantages
pour l’avancement de la science horticole
dans les provinces. C’était une heureuse
initiative à signaler, et nous ne cesserons
de regretter que la France n’en ait pas pris
une semblable lorsque l’occasion s’en est
offerte.
• — En nous demandant de rappeler que
les graines de la Laitue Bossin se vendent
chez MM. Fontaine et Dullot, marchands
grainiers, 2, quai de la Mégisserie, à Paris,
au prix de 1 fr. le paquet, M. Bossin nous
envoie quelques nouveaux détails intéres-
sants sur cette belle vmàété, ainsi que sur
son projet d’application d’une nomencla-
ture latine aux variétés de plantes potaget-
res. A'oici quelques passages de la lettre île
M. Bossin :
123
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIEME QUINZAINE DE MARS).
<r Monsieur et cher Directeur,
« Je n’ai pas la prétention de dire et d’aflir-
nier que toujours, et partout, on obtiendra des
Laitues Bassin du poids de 5 à 6 kilogr. Mais
je puis assurer que cette Laitue aura le double
des autres, en grosseur. Dites bien cela, je
vous prie, à vos lecteurs, afin qu’il n’y ait pas
de déception résultant, soit d’une mauvaise
culture, soit d’un terrain qui ne conviendrait
pas à cette Laitue, soit enlin du climat et des
conditions essentielles auxquelles la réussite de
toutes les plantes est subordonnée
« De nombreuses adhésions m’arrivent sur
mes adjectifs latins. Tous les auteurs s’accor-
dent sur le principe, mais beaucoup, comme
je m’y attendais, diffèrent sur la manière de
l’appliquer. Les uns voudraient que ce fussent
les marchands de graines, qui prissent l’initia-
tive de cette question à leur usage; les autres
ne le veulent pas, parce qu’il y aurait le dan-
ger de la concurrence commerciale; d’autres
sont pour que les noms de villes et d’hommes ne
soient pas latinisés; d’autres enfin sont d’opinion
contraire
« Nos collaborateurs^ MM. Naudin et André
partagent entièrement mon opinion sur la né-
cessité d’adapter des adjectifs latins aux plantes
potagères. Cette proportion va être publiée
dans le bulletin, sous presse, du congrès
d’Amsterdam. Il faut croire que cette réunion
de^ savants venus de tous les pays a jugé l’uti-
lité et l’opportunité de cette question.
« Veuillez agréer, etc.
« Bossin. »
— Nous avons reçu de notre collabora-
teur M. Ch. Lemaire, professeur de botani-
que à Gand, la rectification d’une erreur
qui s’estglissée dans son article surV Atacxia
cristata inséré dans notre numéro du
février dernier, page 51. A la cinquième
ligne de l’article, au lieu de : l'axis, genre
voisin, il faut lire : Tacca.
— La 83e livraison du Jardin fruitier
du Muséum, de M. Decaisne, vient de pa-
rai tre. Nous donnerons dans notre prochain
numéro l’analyse de cette livraison, dans
laquelle l’illustre professeur décrit les Poi-
riers Zéphirin Grégoire et de Tongres, ainsi
que les Pêchers Caroline incomparable et
noyai George.^ En attendant, nous devons
publier les détails suivants , que nous
adresse M. Boisbunel, de Rouen, sur un
iruit décrit dans la 8;2e livraison du Jardin
fruitier du Muséum, la Poire Coloma (voir
notre n« du If) février, page OT). M. Bois-
bunel s’exprime ainsi :
Monsieur le Directeur,
« J ai lu avec beaucoup d’intérêt dans votre
excellent journnl les renseignements qui ac-
compagnent la description de la Poire Coloma
par M. Decaisne, et desquels il résulte qu’il ne
faut pas confondre ce fruit avec le Colmar Bon-
net, etc. Je suis bien de son avis sur ce point;
et c est pour moi un grand avantage d’avoir le
premier signalé ce fait dans le bulletin de la So-
ciété d’horticulture de Bouen et d’être ainsi
d accord avec le savant professeur du Muséum.
(( Lors du Congrès international de pomo-
logie de Namur, en ISBS, j’ai fait la même ob-
servation à mes collègues de la commission des
Poires, à propos de la présentation d’un faux
Colmar Bonnet donné sous la forme de la Poire
Coloma. Comme j’étais à peu près seul de
mon ayis;, je fus peu écouté et l’on passa
outre. Cependant je ne me tins pas pour battu,
car' dans mon compte rendu présenté à la So-
ciété de Rouen sur le travail du congrès relatif
aux poires, figure cette observation :
« Une seule Poire a été rejetéé et trouvée in-
digne de figurer sur une liste, c’est le Colmar Bon-
net. Nous n’en parlerions pas, si notre délégué à la
section des Poires ne pensait qu’il y a eu erreur;
ayant reconnu dans le fruit présenté, non pas le
Colmar Bonnet, mais le Beurré de Coloma, fruit
d’automne très-médiocre. Il en a fait l’observation
au Congrès; il lui a été répondu que la commission
ne connaissait pas d’autre Colmar Bonnet que celui
présenté; et que sous ce nom, on cultivait dans
beaucoup de contrées le Beurré de Coloma qui était
par conséquent un synonyme. Il a dû céder alors
devant la majorité, mais sans être convaincu et en
vertu du proverbe: Quand tout le monde se trompe,
tout le monde a raison.
« Le Colmar Bonnet que nous connaissons est un
fruit d’automne de bonne qualité, mais différant de
forme et de couleur avec celui présenté au congrès :
il a été obtenu par Van Mons et dédié, il y a trente
ans environ, à M. Bonnet, horticulteur à Boulogne-
sur-Mer. »
« Le Beurré Coloma est d’origine belge et
plus ancien que le précédent ; il est répandu
depuis au moins trente ans dans les pépinières
de Paris et d’Orléans; il a été décrit par Pré-
vost en 1843 {Pomologie de la Seine-Infé-
rieure).
« Du reste le Congrès pomologique de Lyon
n’a pas voulu condamner le Colmar Bonnet tout
à fait sans appel, puisqu’il le cite encore dans
ses listes de fruits à l’étude. 11 a voulu sans
doute profiter des renseignements qui pourront
lui parvenir avant de se prononcer sur son ad-
mission. Il en est de même de plusieurs autres
fruits, qui ont été adoptés définitivement par
le congrès international de Namur , et qui
ne figurent, sur les listes du Congrès français,
que dans la section des fruits à l’étude.
Tels sont : Dr Lenthier, Dr Trousseau, Léon
Grégoire, etc. Ces variétés sont encore nouvel-
les et n’ont pas sans doute été assez étudiées
jusqu’alors. En les conservant, le Congrès veut
sans doute se réserver de la besogne pour l’a-
venir. En procédant ainsi, il est certain qu’il
n’en manquera pas de si tôt.
« Veuillez agréer, etc.
« Boisbunel fils. »
— Voici Tépoque où les pelouses de nos
jardins et de nos parcs demandent beau-
coup de soins d’entretien; dans quelque
temps, il faudra songer à les faucher. Nous
voulons, à cette occasion, recommander aux
horticulteurs français l’excellente machine
àfaucherlcs gazons, inventée par M. Shanks,
de Londres. Elle est applicable partout
où l’on trouve de grandes étendues de gazon
arrosées, que l’on veut entretenir dans un
constant état de fraîcheur, comme on le fait
en Angleterre.
J. A. Barral.
ËPÜOUE FAVORABLE POUR LE ROUTURAGE
])E QUELOrES PLANTES DE SERRE. — I.
Ces simples observations ne s’adressent
point à nos horticulteurs expérimentés qui,
dans leurs serres, continuellement chauffées,
spécialement disposées, peuvent bouturer
eu toute saison et multiplier ainsi par nul-
liers les sujets qu’ils livrent ensuite au
commerce.
J’écris pour l’amateur modeste qui ne
possède point ces appareils puissants, ce
matériel embarrassant et coûteux des grands
établissements de jardinage. La banquette
d’une serre tempérée, d’une petite bâche,
ou l’abri d’un châssis et quelques cloches,
tels sont les ustensiles que l’on trouve le
plus ordinairement chez les personnes qui
s’occupent d’horticulture et (jui tiennent a
multiplier elles-mêmes les plantes qu’elles
achètent chez les jardiniers.
Je me place donc à ce point^ de vue et
j’entre immédiatement en matière.
La bouture est, sans contredit, le moyen
le plus commode et le plus répandu pour la
multiplication des arbustes et des plantes de
serre.
Les anciens, les Romains notamment,
connaissaient et pratiquaient déjà ce mode
de multiplication, lorsque Virgile, enhardi
par Mécène, quittait les jardins de Mantoue
pour venir composer à Rome son immortel
poème des Géorgiqnes. Au livre II, en effet,
on trouve le passage suivant si bien rendu
par les vers que voici ;
Ici des souches d’arbres, ou des rameaux fendus,
Ou des pieux aiguisés à nos champs sont rendus;
C.elui-ci courbe en arc la Itrancbe obéissante,
Et dans le sol natal l’ensevelit vivante;
Cet autre émonde un arbre et plante les rameaux
Oui dans son champ surpris deviennent arbrisseaux;
L’n aride Olivier surpassant ces prodiges.
Des éclats d’uii vieux tronc pousse de jeunes tiges.
De ces temps reculés à notre époque,
les progrès sont immenses sans doute, et
nous avons laissé fort loin le pieu aiguisé
du Saule ainsi que les éclats de l’aride Oli-
vier. Ne croyez pas toutefois qu’il soit au-
jourd’hui parfaitement établi que tous les
végétaux se multiplient par la bouture; nous
trouvons au contraire, chez quelques-uns des
résistances qu’on ne peut expliquer et qui
déjouent tous les raisonnements, toutes les
théories; la pratique sera donc, sur ce point,
comme sur beaucoup d’autres, le guide le
plus sûr.
Voulez-vous cependant quelques don-
nées générales ; on admet que les plantes
les plus riches en sève et en suc propre sont
celles dont les boutures s’enracinent le plus
vite; que les arbrisseaux à feuilles opposées
repreimeiU mieux par le bouturage que
ceux ((ui les ont alternes; que les rameaux
tendres de certains arbrisseaux prennent
plus facilement f[ue le bois dur des grands
arbres; que les plantes a tiges succulentes
ou herbacées s’enracinent plus prompte-
ment que celles dont les branches sont
ligneuses ; que les végétaux qui ^ ont beau-
coup de tissu cellulaire sont d’un boutu-
rage plus facile que les espèces résineuses
ou laiteuses; entin que les boutures her-
bacées, prises sur des sujets tenus en serre
depuis quelque temps, ont beaucoup plus
de cbances de réussite que celles prises sur
des sujets qui sont en plein air. ^
Dirai-je un mot maintenant de l’opération
pratiqua du bouturage en pots.
Lorsqu’un amateur veut faire des bou-
tures, il réunit d’abord des vases de 0*".0L
à Ü'^.OO d’ouverture, il choisit les plus
minces, les plus évasés, les mieux percés.
R prépare ensuite sa terre de bruyère ou
son terreau, qu’il passe au crible tin. R y
mêle un peu de sable, puis il rassemble
quelques tessons et des graviers destinés
à drainer le fond nies pots. R met dans
chaque vase, d’abord un petit tesson a\.ec
une pincée de graviers, il remplit ensuite
avec la terre qu’il tasse assez fortement
ayant soin d’unir la surface avec les doigts
ou la paume de la main.
Ces premières opérations terminées, R
coupe des rameaux sur les plantes qu il
veut bouturer; les plus tendres et les plus
vigoureux sont les meilleurs. R s’assied
devant une tablette où sont déjà rangés les
pots préparés pour recevoir les boutures;
il prend un canif ou un greffoir bien affilé
et repasse un à un tous les rameaux qu’il a
cueillis, pour les réduire à la longueur con-
venable, pour rafraîchir la coupe de ceux
qui ne sont pas trop longs, et pour ôter les
feuilles qui se trouvent à la partie iidè-
rieure.
Le rameau destiné à faire une bouture
doit être réduit à une longueur de 0"L05 à
0'".10 selon la position des yeux, par une
coupe franche et nette, pratiquée immédia-
tement au-dessous d’un nœud. R faut en
outre, comme je viens de le dire, enlever
les feuilles avec beaucoup de précautions
sur toute la partie du rameau qui sera mise
en terre, éviter surtout les déchirures ou
la mutilation des yeux; car l’existence de
ces plaies compromettrait certaiement le
résultat de l’opération.
Ceci fait, l’opérateur plante ses boutures.
R en met une seule dans les pots de 0"bOi
ayant soin de la placer au centre et de ne
l’difoncer qu’après avoir fait un trou avec
un pelit piiiuet, pour ne pas en émousser
la base; il peut en mettre trois ou (piaire
dans les vases de 0"L'00;mais, au lieu de
Ê1‘0QÜE EÀVORABLE POUR LE BOUTE RAGE DE QUELQUES Ï’LANTES DE SERRE. — i,
les placer au centre, il les enfoncera sur le
pourtour, à un demi-centimètre du bord.
Enfin il scellera fortement la terre avec le
doigt ou le gros bout de son piquet.
Quand tous les pots sont ainsi garnis, on
les réunit à l’ombre, sur une banquette de
la serre, on leur donne un arrosement en
forme de pluie; on attend quelques heures
pour qu’ils puissent se ressujier, puis on
les place selon leur nature et leurs exigen-
ces, soit dans la serre tempérée; soit sur
couche tiède et sous châssis, soit enfin sur
couche chaude et sous cloche; dans tous les
cas, il faut enfoncer les pots dans un lit de
sable fin, de son de bois ou de débris de
forge passés au crible.
Les soins à donner pendant la reprise
sont fort importants, surtout pour les bou-
tures qu’on a mises sous cloche. On doit
éviter l’excès de l’humidité dans l’atmo-
sphère de la cloche; il faut y regarder sou-
vent, essuyer au moins une fois par jour,
avec un linge, les parois inférieures, enlever
les feuilles pourries, les boutures qui péris-
sent; entin, dès qu’on aperçoit un mouvement
dans la végétation, on donne de l’air par
degrés, en soulevant l’un des côtés de la
cloche.
Quant aux arrosements, ils doivent être
très-rares. Le plus ordinairement, les bou-
tures, après le premier mouillage, se main-
tiennent et font racine sans qu’il soit besoin
de leur donner une seule goutte d’eau.
Ces principes généraux étant posés, nous
aborderons plus particulièrement notre
sujet dans le prochain numéro.
F. Boxcenme.
ARBRE GÉNÉALOGIQUE DU GROUPE PÊCHER.-VIU.
L’arbre généalogique que nous représen-
tons offre cet immense avantage qu’il peut
recevoir non-seulement toutes les variétés
aujourd’hui connues, mais encore toutes
celles qui pourront se présenter. Pour le
démontrer et pour indiquer la manière de
procéder lorsqu’on aura des variétés nou-
velles à classer, citons des exemples se
rapportant les uns aux Pêchers, les autres
aux Brugnonniers; et afin de rendre la dé-
monstration plus complète, choisissons nos
exemples de manière à ce qu’elles présen-
tent quelques difficultés.
Commençant par les Pêchers, et en ad-
mettant que nous avons à classer une va-
riété dont les Heurs sont jaïuics^y voici
comment il faudrait procéder : S’assurer
d’abord si ses fruits sont à chair libre ou
bien si ils sont à chair adhérente au noyau,
puis chercher, sur l’arbre, quel est le
membre dont les fruits présentent ce carac-
tère. Supposons que la chair adhère au
noyau, dans ce cas, notre variété appartien-
dra à la branche mère BB, c’est-à-dire aux
Pèchers-Perséquiers. Mais cette branche
mère ayant trois ramifications principales
qui constituent les trois sections qu’elle
coinprend, il faut chercher sur laquelle des
trois notre variété devra se placer; c’est
alors la présence ou l’absence des glandes
qui sert de guide. Si les feuilles sont pour-
rues de gbandes, c’est la forme de celles-ci
qui en décidera. Donc, si ses feuilles sont
dépourvues de glandes, notre variété prendra
^ Voir la Revue de 1865, pa^es 292, 354, 417; et
les numéros du l^r janvier 1866, page 12; du 16
janvier, page 32; du 16 février, page 71.
- 11 n’existe pas de Pêchers à Heurs jaunes, nous
en supposons un afin de montrer la marche à
suivre dans le cas où l’on aurait à classer une va-
riété dont on n’u pas encore d’exemple.
place sur la branche ce; si au contraire elles
en sont pourvues, elle appartiendra à la
branche a, a, qui constitue la première sec-
tion, si les glandes sont réniformes : à la
branche b, b, c’est-à-dire à la deuxième
section, si ces glandes sont globuleuses.
Supposons que les glandes sont rénifor-
mes; dans ce cas il faut chercher, sur la
branche rt, a, quelle est la ramification
! sur laquelle cette variété devra se pla-
cer; c’est alors la couleur de la chair
qui en décidera : si celle-ci est à peu près
blanche ou plus ou moins rosée autour du
noyau, et que ses Heurs soient roses j notre
variété se placera sur la branche n® 1, l :
sur la ramification n» 4, si ses Heurs sont
campanulacées ; sur la ramification n» 5, si
elles sont rosacées. Si au contraire la variété
à classer avait la chair jaune, sa place serait*
sur la ramification n» 2,:2 : sur la branche
iF 6 si les Heurs sont campanulacées, sur la
branche n® 7 si elles sont rosacées. Enfin,
si cette nouvelle variété était à chair rouge,
elle appartiendrait à la tribu des sanguines
et prendrait place sur la branche n® 8 si les
Heurs sont campanulacées, sur la branche
110 9 si elles sont rosacées.
Admettons que la variété à classer est à
chair jaune, dans ce cas elle devrait se
placer sur l’une des deux ramifications
principales de la branche n« 2,:2; sur la
ramification no 6 si les Heurs sont campa-
nulacées ; sur la ramification no 7 si les
Heurs sont rosacées. Dans l’un comme dans
l’autre cas, elle formerait une nouvelle ra-
mification et constituerait une série parti-
culière, puisque jusqu’ici il n’existe pas
de variété à fleurs jaunes.
Si, au contraire, la variété qu’il s’agit de
classer était à chair non adhérente, elle
AUmiE GÉNÉALOGIQUE DU CROÉPË i’EÉliEU. - YIL
appartiendrait à la tribu des PÊciiEUS-ALnER-
GiEiis, et devrait être placée, d apres ses
caractères particuliers, dans Tune ou l autre
des sections de la branche mère c,c : dans
la première d, d, si ses feuilles étaient
munies de glandes réniforwes, dans la
deuxième e,e : si les glandes étaient fjlobu-
leiiscs. Enfin, si les feuilles étaient dépour-
vues de glandes, cette variété ferait iiartic
de la troisième section; elle se placerait sur
la branche /■,/’.
Admettons que la variété a classer, dont
la chair est libre, a des feuilles pourvues de
glandes globuleuses et que ses heurs sont
blanches: dans ce cas, sa chair ne pouvant
être que blanche, cette variété ferait partie
de la deuxième section et se placerait, sur
la branche e,e, sur la ramiücation n® i2, si
ses heurs sont campanulaeées ; sur celle qui
porte le ii« 13 si les heurs sont rosacées.
Dans l’un comme dans l’autre cas, elle con-
stituerait une nouvelle ramitication au-des-
sus et du côté opposé a celle qui se rap-
porte à des heurs roses.
Mais si, avec des heurs blanches, la va-
riété à classer avait des feuilles pourvues de
glandes réniformes, elle entrerait dans la
première section et se placerait sur la
branche d, d, sur la ramitication n^ 4 de la
branche n« 1,1; mais comme sur cette ra-
mification il n’y a pas encore de heurs cam-
l)anulacées blanches, il faudrait ajouter une
autre ramification qui constituerait une nou-
velle série, au-dessus et du côté opposé à
celle <[ui est à heurs roses. Il est bien clair
(lue si, avec les caractères que nous venons
de reconnaître à notre variété, ses heurs
étaient rosacées au lieu d’être canipanula-
cées, elle irait se placer sur cette même
branche n» 1, 1, sur la ramification princi-
pale qui porte le n« 5, sur la petite rami-
tication où se trouve déjà la variété While
blos'soni.
Il va sans dire que si la variété à classer
avait des feuilles dépourvues de glandes,
qu’elle devrait se placer sur la branche/ qui
constitue la troisième section. Pour en opé-
rer le classement on agirait ainsi que nous
venons de le dire, en tenant compte de tous
les caractères particuliers que présente
cette variété.
La marche que nous venons d’indiquer
devrait être suivie s’il s’agissait de classer
des variétés qui diffèrent par la forme de
leurs fruits. Ainsi, supposons que la Vtariiité
de Pêchers à fruits qui est originaire
de Chine, et qui par sa forme ressemble à
une Pomme d’api, se reproduise et consti-
tue une race, elle nécessiterait l’adjonction
d’un nouveau rameau, et constituerait une
section particulière dans la tribu et sur la
branche principale dont elle aurait les ca-
ractères généraux : dans la trihu des
Péciiers-Perséquiers, si les fruits étaient à
chair adhérente; dans la tribu des Pèciiers-
Alrergiers, si ses fruits étaient à chair
libre.
Si, au lieu de Pêchers, nous avions affaire
aux Brugnonniers, on procéderait comme il
vient d’être dit. Ainsi supposons que nous
avons à classer deux nouvelles variétés de
Brugnonniers, l’une à fleurs et à fruits
jaunes \ l’autre à fleurs roses et à fruits
rouges. Voici comment il faudrait s’y pren-
dre : s’assurer d’abord si la chair est ou
n'est pas adhérente au noyau, ce qui indi-
querait la tribu à laquelle cette variété ap-
partiendrait, puis chercher sur le membre
qui représente cette tribu quelle est la
ramification sur laquelle devrait se placer
cette variété, ce qu’on reconnaîtrait à l’exa-
men de ses caractères particuliers.
Ainsi supposons que la variété à heurs et
à fruits jaunes, dont il s’agit, est à chair
adhérente, elle ferait partie de la tribu des
Brugnonniers-Perséquiers et devrait se
placer sur la branche g, g, qui forme la
première section de cette tribu, si S(3S
feuilles étaient munies de glandes réni-
f ormes: sur la branche h, h, qui constitue la
deuxième section, si ses glandes sont glo-
buleuses. Enfin, si ses feuilles sont dépour-
vues de glandes, cette variété ferait partie
de la troisième section et prendrait place
sur la branche i, i ; sur l’une ou l’autre ra-
mification du rameau n® 14, suivant que ses
heurs seraient campanulaeées ou qu’elles
seraient rosacées.
Supposons, au contraire que la variété à
classer a les feuilles pourvues de glandes
globuleuses, dans ce cas elle entrerait dans
la deuxième section et prendrait place sur
la branche h, h, et, suivant la forme de ses
heurs, elle se placerait sur l’une ou sur
l’autre ramitication du raineau n» 8 : sur
celle qui porte le n» 11 si les heurs sont
campanulaeées, sur celle qui porte le n« 12
si ses heurs sont rosacées. Mais dans 1 un
comme dans l’autre cas, il faudrait ajouter
une nouvelle ramification puisqu’il n’existe
pas encore de variétés à heurs jaunes.
Quant à la variété à chair rouge, on agi-
rait absolument comme il vient d’être dit
pour en opérer le classement. Ainsi, suppo-
sons que ses fruits sont à chair libre et que
ses feuilles soient pourvues àe glandes réni-
formes, cette variété appartiendrait à la tribu
des Brugnonniers-Albergiers, c’est-à-dire
qu’elle ferait partie du membre mère E, E,
et qu’elle se jilacerait sur la branche prin-
cipale j, j, qui forme la première section de
ce membre. Mais comme dans cette section
jl n’existe pas encore de branches portant
1 II n’y a pas non plus de Rrugnonniers a llcurs
J aunes, si nous en supposons nn, c’est afin de pré-
voir les difficultés, et d’indicpier (luelle serait la
marche à suivre pour les lever dans le cas ou il
s’en présente.”ait.
127
AHimE CÉNÉALOGIQUE DU UDOUPE PÊCHER.— VII.
(les fruits à f/irt/r rouget il faudrait eu ajou-
ter une. Pour cela oi'i prolon^^erait uii peu
cette branche principale j, j, et, pour la
n'gularité, de même que pour l’ordre d’éyo-
liibon, on placerait la nouvelle ramification
au-dessus et du côté opposé à celle à chair
jaune, de manière à avoir quelque chose
d’analogue à ce que montre la branche d, d,
(lu membre C, C, qui lui est parallèlement
opposée.
Si, au contraire, ayant des fruits h chair
libre, notre Brugnonnier avait les feuilles
depoarvaes de glandes, il entrerait dans la
troisième section et se placerait sur la bran-
che /, l : sur la ramification 13, si les
fruits étaient à chair blanche; sur la rami-
fication n" 14, s’ils étaient à chair jaune. .
Si, ayant des fruits à chair jaune, cette
variété avait des feuilles munies de glandes
globuleuses, sa place serait dans la deuxième
section, c’est-à-dire sur la branche k, k:
sur la ramification n» 11, si les fleurs étaient
campamilacées; sur celle ip12, si les fleurs
étaient rosacées. Mais si avec ces caractères
les Heurs étaient blanches, on ajouterait
une petite ramification au-dessus et du côté
op[)osé à celle qui est à fleurs roses, sur la
branche n» 11 ou sur la branche n« 12, sui-
vant que les fleurs seraient canipaniUacées
qu’elles seraient rosacées.
Si nous nous sommes étendu aussi lon-
guement sur ce qui a rapport au classement
des variétés de Pêchers, c’est afin de pré-
voir, autant que possible, les difficultés qui
pourraient se présenter dans cette sorte de
travail, et d’indiquer la marche qu’il con-
viendrait de suivre pour se tirer d’alfaire,
dans le cas où il s’en présenterait, chose qui,
nous osons le croire, serait facile, en se ba-
sant sur les exemples que nous avons cités, et
en procédant comme nous Pavons dit. Nous
terminerons donc sur ce sujet en fiiisani
observer que, lorsqu’il s’agit de classer une
variété nouvelle, on doit en étudier tous les
caractères, à partir des plus importants, et
successivement jusqu’aux moins imporlanls,
de manière à arriver juste à la place que
cette variété devrait occuper. cariuèue.
OBSERVATIONS HORTICOLES FAITES DANSEE SUD-OUEST
PENDANT LTïIVEll 1805-1800.
L’hiver, qui s’est passé sans neiges et sans
fortes gelées, a permis à la végétation de
redonner une vigueur toute nouvelle à nos
arbres indigènes ou exotiques, à nos arbus-
tes et plantes de pleine terre. Je crois utile
de pouvoir comparer les effets de ce phé-
nomène dans ma région du Sud-Est avec
les très-intéressantes communications de
notre savant collègue, M. Pépin. Comme
lui, j’étudie avec quelques soins les divers
mouvements de température et de végéta--
lion, et les remarques que je fais de mon côté
viendront confirmer en grande partie les
curieuses observations qu’il a signalées dans
la Revue horlicole (numéro du 10 février,
page 74).
Les grands arbres forestiers ou do
jardins paysagers à feuilles })ersistantes ou
caduques ont montré de nomlireux chatons
ou leurs fleurs dès les premiers jours du
mois de janvier. Une floraison remarquable
et universelle a été observée sur les Cèdres
de l’IIymalaya, sur les Pins Pinsapo, les
Cryptomeria du Japon et de Labb qui ont
été couverts de boutons polliniques. Les
CAilicunlhm præcox et florida ont donné
des Heurs odorantes pendant les deux pre-
miers mois de l’année, ainsi que le Ma-
honia Japonica Bealii quercifoUa. Les forts
thyrses des Tritoma avaria n’ont pas cessé
de fleurir pendant plus de six mois en 18G5
etl8f)G. C’est toujours une de nos plus
belles plantes ornementales du sud-ouest.
Plusieurs touffes mesuraient 1 mètre de
tour et offraient à la fois de cinq à six
hampes de plus de l"u50 au fort de la vé-
gétation, en septembre, puis en mars et avril.
Les Iris violets et de Germanie étaient déjà
en fleurs le 2G flWrier, en avance de un à
deux mois; les Violiers à fleurs doubles et
simples fleurissaient déjà depuis longtemps.
Les Hellébores Pioses de Noël en ont eu
aussi de fort belles, ainsi que les Perce-
neige, les petites Jacinthes blanches et
bleues.
Les Violettes à fleurs simples émaillaient
et embaumaient nos gazons avec les Pâque-
rettes et les Crocus, dont la floraison est
terminée. Comme mon éminent collègue,
j’ajouterai que les Bosiers de Bengale et
de la Chine, à fleurs roses et rouges n’ont
point cessé de montrer leurs boutons et
leurs fleurs, ainsi que la presque totalité
des Piosiers remontants, surtout parmi les
variétés franches de pied et de deux a tr()is
ans de plantation. Leurs énormes toufles
ont donné des branches de 2 à 3 inètres de
hauteur. Il en est de môme des Lonicera, des
Chèvrefeuilles toujours verts et autres va-
riétés indigènes ou exotiques. Plusieurs
variétés de Jasmins, tels que le Jasmin nu-
diflore à fleurs jaunes si précoces, le Jas-
min jonquille d’Èspagne et des Açores, au-
raient pu rester en pleine terre, d’où ils
n’ont été relevés qu’à la fin de décembre,
ainsi que les Pétunias à fleurs doubles et
simples. Ceux laissés en pleine terre n’ont
pas perdu une seule de leurs feuilles. Les
128 OBSEUVATIONS HORTICOLES FAITES DANS LE
Canna indica et leurs nombreuses et belles
variétés y sont restées, protégées par un
fort paillis.
Les Amandiers, Abricotiers, Pêchers,
étaient, il y a un mois, couverts de Heurs
épanouies ; les boutons florifères des Ceri-
siers et Pruniers en entr’ouvraient déjà plu-
sieurs. Piien de joli en ce moment comme
la floraison des Pruniers Mirobolan ou
Cerisette. Un fort beau sujet âgé de trente
ans, et qui mesure 1 mètre de tour sur 15
de largeur, en était couvert.
Ajoutons en terminant que la floraison
SUD-OEEST PENDANT L’HIVER DE 1805 A 1860.
dans les serres et orangeries a fourni aussi
de curieuses observations. Les fleurs des
Daphnés, des Camellias, sont nombreuses
et belles; les variétés de Bégonia, de
Maranta, de Gesneria, de Palmiers, de Pit-
cairnia, d’Azalées, etc., n’ont cessé de vé-
géter fortement. Nos serres chaudes ou
tempérées n’ont été chauffées que pendant
quelques nuits. La température moyenne
s’est élevée de 10 à 15 degrés centigrades.
D’Oi’nous,
Propriélaire au ViguP, pivs Savor-
dun (Ariége)
BIBLIOGRAPHIE HORTICOLE.
Les Bonnes Fraises, manière de les cultiver, etc.,
par Ferdinand Glûede. — 1 vol. in-12 de 150
pages.
Les Bonnes Fraises, tel est le titre simple,
mais quelque peu alléchant d’un petit vo-
lume qui a pour auteur un spécialiste
connu, M. Ferdinand Gloëde, des Sablons,
près Moret (Seine-et-Marne).
Tout le monde aime la Fraise, ce joli
fruit, de couleur engageante, d’un goût sa-
voureux rehaussé par un parfum exquis,
parfum qui lui a valu son nom dérivé du
latin fragare (sentir bon); à ces attraits, la
Fraise joint, tout le monde le sait, l’avan-
tage d’être le premier fruit venant à matu-
rité sous notre climat, et celui, pour certai-
nes variétés, de produire d’une manière
presque continue. Peu difficile sur le choix
du terrain et d’une culture peu compliquée,
la Fraise se trouve dans tous les jardins
grands et petits; aux abords des villes, elle
est l’objet d’une vente facile et productive,
et à Paris, ce gouffre de consommation, il
s’en vend annuellement, sur les marchés,
des quantités énormes venant des points les
plus éloignés de la France.
En dehors de ces qualités aimables, la
Fraise constitue donc un produit précieux,
et une ressource réelle pour les horticul-
teurs de profession, aussi bien que pour les
amateurs. Si facile et si simple que soit sa
culture, elle demande, comme toutes les
autres, des soins intelligents et raisonnés,
afin, d’une part, de ne pas laisser dégénérer
les espèces actuellement cultivées et recon-
nues bonnes, et, d’autre part, d’arriver à la
création et à la propagation de nouvelles
egpèces offrant surleursdevancières des avan-
tages incontestables. Nous devons accueillir
avec intérêt toutes les observations faites
sur cette culture, surtout lorsqu’elles éma-
nent de spécialistes aussi autorisés que
M. Gloëde.
Plusieurs auteurs ont écrit sur les Frai-
ses; à une date récente, M. le comte de
Lambertye a produit un travail très-complet
sur riiistoire, la botanique et la culture du
Fraisier, mais nous ne sachions pas que,
jusqu’à présent, cette intéressante et ulile
plante ait été favorisée d’un travail spécial
fait sous une forme concise, mais cependant
complète et essentiellement pratique.
L’ouvrage de M. Gloëde réunit ces condi-
tions rendues plus sensibles par une simpli-
cité de forme et une lucidité remarquables.
On est, tout d’abord, frappé de l’ordre et
de la méthode qui régnent dans ce petit li-
vre, divisé en cleux sections principales : la
culture en pleine terre et la culture hâtée.
Dans la première section, l’auteur suit la
culture en pleine terre dans toutes ses pha-
ses, sans rien omettre. Une analyse de tous
les chapitres nous entraînerait trop loin;
nous relevons seulement à l’article qui a
pour litre : Soins à donner à la cnllure des
Fraises, une recommandation importante,
parfois trop négligée, celle d’enlever soi-
gneusement, après la ■ plantation, les cou-
lants qui, au grand détriment de la récolte,
absorbent une partie de la sève du plant.
Pourquoi, en effet, ne pas faire pour le Frai-
sier ce qui se fait pour les autres plantes,
le débarrasser d’une végétation parasite.
L’ouvrage de M. Gloëde prévoit minutieu-
sement tout ce qui est relatif à la Fraise e
va jusqu’à donner à nos ménagères une re-
cette pour faire de bonnes confitures avec
ce fruit : petite indication, en apparence
futile, mais qui, cependant, ne manque pas
d’intérêt, car plus on trouve d’applications
à un produit, plus sa culture doit être soi-
gnée.
L’auteur, en traitant minutieusement de
la culture et de la multiplication des Frai-
siers, n’oublie pas de consacrer un chapitre
aux insectes nuisibles, aux ennemis des
Fraises, dont le plus cruel est, sans contre-
dit, le ver blanc, ennemi redoutable, dont la
présence se manifeste par un mal sans re-
mède. M. Gloëde a de trop bonnes raisons
pour faire la guerre à ce vorace destructeur
des Fraisiers, aussi a-t-il essayé difierenls
moyens pour l’anéantir, ou tout au moins
l’éloigner. Est-il arrivé à trouver un pré-
P, 1 r, U 0 G R A P 1 1 1 E 1 1 0 R T I G 0 L E .
129
snrvatir efficace? D’aucuns diraient • oui,
sans hésiter, mais lui, qui sait Cüiul)ieu les
expériences doivent être répétées avant
d’étre concluantes, se borne à faire connaî-
Irc le demi résultat obtenu par l’emploi de
la fleur de soufre.
Mais, par une mesure de prudence qui
]>rouve sa sincérité , il subordonne à de
nouveaux essais une opinion définitive.
l.a culture bâtée est soigneusement trai-
tée dans la seconde partie de ce manuel, que
l’auteur a com])lété par uu calendrier des
travaux à exécuter dans une Fraisière, pen-
dant les douze mois de l’année.
Fnfin, le volume se termine par une no-
menclature éminemment utile des bonnes
Fraises classées par ordre de maturité,
avec indication des espèces les plus remar-
quables par leur beauté, leur goût ou leurs
autres qualités. Puis afin d’éviter tout mé-
compte, tout travail inutile, cette nomencla-
tare est complétée par la liste des Fraises
peu avantageuses et l’indication des variétés
désormais abandonnées.
En résumé, l’ouvrage de M. Filoëde, mé-
tbodique, clair, lucide et conçu sous la
fji’me la plus simple, exclusif de théories
abstraites et de données scientifiques, est à
la portée de tous : il ne contient rien qui
ne soit très-pratique, aussi le croyons-nous
appelé à rendre d’utiles services.
Er.NEST Roi rces,
1 Sccn'ilaire adjoint de la Sociéré d’iiorli-
cuUurc de Melun-Fonlainebleaii.
CULTtlUE UE LA VIGNIÎ SANS TAÎLLE.
La taille des arbres et arbrisseaux frui-
tiers étMt inconnue dans l’Eden. Lliomme
l’a inventée comme un progrès. M. le pi' Pi-
geaux la supprime, par respect pour la
Genèse. C’est là une invention due au culte
du passé et comme il est écrit, dans les
annales des grandes découvertes de l’es-
prit humain, que tout novateur est persé-
cuté, M. Pigeaux se proclame, en. ce mo-
ment, le Galilée de la viticulture.
Galilée s’elîorçait d’expliquer et de faire
comprendre son système. Si M. Pigeaux
voulait avoir la modestm de faire comme
Galilée, il nous rendrait un grand service.
En effet, nous avons regardé de tous nos
yeux, lorsque M. Pigeaux a eu l’imprudence
de désobéir au philosophe qui lui conseil-
lait, de ne pas ouvrir sa main remplie de
rérité; et comme la vérité est d’essence
immatérielle, nous n’avons su voir que la
main. — S’il pouvait nous montrer autre
chose, il y gagnerait beaucoup et nous
aussi.
Voici, pour la seconde fois, l’objection
que nous adressons?, dans la personne de
M. Pigeaux, à notre premier père Adam,
cet involontaire inventeur, par paresse et par
•ignorance, de la culture de la Vigne, sans
taille ni façon.
L’œil principal qu’on voit, au printemps,
naître sur un bourgeon, met un an à se
former et fait son évolution au printemps
qui’ suit, en donnant, à son tour, un bour-
geon porteur d’une ou de plusieurs grappes
de Raisins. Dans la Vigne, le fruit ne vient
donc que sur le bois d’un an. Pour avoir
chaque année du fruit, il faut conséquem-
ment avoir chaque année du bois nouveau.
Si l’on ne taille pas, le bois nouveau et le
liant, avec lui, s’éloigneront annuellement
(lu centre de la souche, de manière qu’au
l'.out d’un certain temps, le jeune viticul-
teur, qui n’avait qu’à se baisser pour cueillir
le raisin sur le cep planté devant sa porte,
sera, au moment où l'àge lui ote les jambes,
obligé d’aller chercher ses grappes en voi-
ture. — Dites-nous donc comment on peut.,
en supprimant la taille, empêcher les l)ran-
ches d’emporter le fruit dans leur voyage
autour du monde ?
Si M. Pigeaux donnait à ce sujet les ex-
plications qu’il refuse, il tirerait ses lecteurs
d’embarras et justifierait le système de viti-
culture de son premier père, en faisant
preuve ainsi d’autant d’amour filial que
d’esinât d’invention.
Cet esprit d’invention nous a déjà mis
sur la voie de bien des perfectionnements •
M. Hudelot nous a appris à rnultiplier la
Vigne par des semis en place de boutons de
sarments; M. Hooïbrenck nous a enseigné
à la féconder artificiellement; M. Pigeaux,
à employer l’ombre des pampres pour tuer
le chiendent. S’il pouvait, à présent, com-
plétant ses rêves et ses bienfaits, nous con-
duire à ne plus tailler la Vigne, à ne plus
remuer le sol et à récolter sans fatigue,
l’honime, affranebi par lui de la dure loi
du travail et rendu à l’état de nature sans
être rendu à la primitive innocence, n’au-
rait, ma foi, pas trop à se plaindre d’avoir
été chassé de l’Eden.
Sur ce, j’engage M. le D‘‘ Pigeaux à faire
une seule fois connaissance avec le vin de
petit Gamay, afin qu’il reste définitiverneut
convaincu qu’en renouvelant les proscrip-
tions des ducs de P)Ourgogne, il a fait
preuve d’autant d’esprit de progrès qu’en
i*cnouvelant le système de viticuliure du
père Adam.
LAU.ronEET.
LA CLOCHE DE MUNTER.
Tout le ly’onde connaît aujourd’hui les
aquariums et les serres de salon, qui per-
mettent de jouir de la vue des plantes rares
et délicates jusque dans l’intérieur des ap-
partements. Voici un gracieux petit meuble
qui peut figurer à côté des premiers pour la
décoration de nos habitations. Tl a paru pour
la première fois à l’Exposition horticole alle-
mande qui s’est tenue à Erfurt au mois de
septembre dernier ; il y avait été présenté
parM. le professeur Munter, de Greiswald.
La cloche de Munter (fig. 12 et 13) est
analogue aux appareils connus sous le nom
de cloches de Liehig, et dans lesquels des
animaux et des plantes aquatiques animent
une certaine quantité d’eau qu’on ne renou-
velle jamais et qui reste parfaitement claire.
M. Edouard Morren en a donné dans son
journal, la Belgique horlicoley la description
dans les termes suivants :
« L’appareil mesure environ Om. 30 de diamè-
tre sur O'H./iü de hauteur. Ces proportions n’ont
rien d’essentiel et peuvent être modifiées sui-
vant les exigences. 11 est tout entier en cristal
ou en verre. 11 consiste en deux pièces (voir la
coupe, lig. 13), l’une qui sert de soubassement,
et l’autre en forme de cloche. Ces deux pièces
s’emboîtent l’une dans l’autre et leurs faces de
contact sont usées à l’émeri pour se joindre
hermétiquement.
« Le socle est rempli de terre humide. On y
introduit, par exemple, des Sélaginelles et des
Fougères; bn ferme avec la cloche, et l’on peut
désormais abandonner l’appareil à lui-même,
sans 'autres soins (jue d’éviter une insolation
directe, bans celte almosplière absolument close,
beaucoup de plantes, telles que des Fougères,
Fig. 12. — Cloche de Munter pour la culture
en appartement.
des Sélaginelles, de petites Orchidées, des Cac-
tées, etc, peuvent vivre pendant longtemps. »
La cloche de Munter offre, comme on le
voit, une gracieuse application des principes
de la physiologie végétale; aussi, outre l’u-
sage qu’on peut en faire comme décoration,
elle peut encore ^tre très-utile pour des ex-
périences de germination et pour la culture
des riyménophyllées, par exemple, dont les
Fig', 13. — Coupe de la Cloche
de Munter.
feuilles, dépourvues des tomates, sont douées
de propriétés hygrométriques qui les ren-
dent si délicates.
Si l’on voulait établir la cloche de Munter
pr des proportions plus grandes que celles
indiquées ci-dessus, il serait bon, d’après
le conseil de M. Morren, de percer le socle
de quelques ouvertures pour l’écoulement
de l’eau.
A. Ferlet.
LA POIRE PASSE-CRASSANE.
Au milieu de la masse des fruits nou-
veaux qui apparaissent chaque année et
dont le nombre, dans quinze ans d’ici, sera
certainement incalculable, lorsque surgit
un sujet tout à fait méritant, tout n’est pas
dit pour son avenir. Le public est méfiant,
et il est payé pour l’être; il n’a qu’une con-
fiance bien modérée dans les descriptions,
souvent bien pompeuses, des pères, des
parrains ou des nourriciers de ces enfants
chéris; parfois, derrière le portrait si bien
léché qu’on lui présentait, il a vu passer un
bout du tablier bleu du pépiniériste; aussi
se tient-il sur ses gardes, narquois, incré-
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■ . '• ^ .• ^- . ■'•, ■ ,J- " .»''
. ' :?*Jt • ^7. ' .. • P.-- .
Hernie Hcrlicole
Iwp.Zanote -Lt Boulangers, 15 '^am
Col on nier herbaee.
Pl'y'creL’x. F:m‘
lmp Zô'noêe Rue des Boulangers, 15, hris '
POIRE PASSE-CRASSANNE
131
LA POIRE PASSE^CRASSANE.
(Iule, injuste souvent; mais à qui la faule?
Quekjues gains recommandables ont eu
toutefois plus de chances; timides à leur
naissance , ils sont alhîs humblement se
soumettre au jugement des collectionneurs
sérieux et des Sociétés d’horticulture; les
Sociétés en général sont prudentes sur ce
chapitre; pendant deux, trois, (luatre an-
nées, elles les étudient, les comparent, les
jugent, et il est bien rare que leurs décrets
lavoraldes aient été récusés plus tard.
La Poire P(me-Cramine de Boisbunel,
dont la Revue horticole donne aujourd’hui
la figure, a subi une de ces sérieuses élu-
des; Sociétés, Congrès, pomologues, tous
ont signé son laisser-passer; depuis sa
naissance, en d855, son mérite s’est im-
posé; elle a fait ses preuves; maintenant
elle est majeure, elle marche à grands pas,
elle entre partout avec un gracieux accueil.
Aussi n’est-ce pas pour fa faire connaître
que j’en dis ces quelques mois aujourd’hui;
la ^ bonne et consciencieuse ciescriplion
qu’en a donnée M. Dupuis dans ce journal
mérne (1859, page ()57) n’a plus rien laissé
à faire sous ce rapport. Je ne puis que
constater une chose, c’est que la Passe-
Cramne a tenu sa parole; elle s’est main-
tenue avec toutes les qualités qu’elle pro-
mettait d’avoir; le jus, le sucre, le parfum,
qu’on trouvait alors h sa chair, on les y.
retrouve encore; son volume s’est accru
par la culture (j'en possède un échantillon
— choisi, il est vrai — de 0'".38 de tour et
pesant 780 grammes); et en annonçant pour
février l’époque de sa maturité, elle n’a pas
subi d’alfront(disons tout bas que c’est bien
rare); en 1801 on en dégustait d’exellentes
à la fin de mars, et d’autres, malgré leur
état très-avancé, n’avaient, au milieu d’a-
vril, pris aucun mauvais goût et n’avaient
pas bletti.
L’arbre, on l’a dit, n’a pas une grande
vigueur; s’il développe facilement des bou-
tons à fruits, il a besoin que, par des en-
tailles, des crans, etc., on l’aide à produire
des branches, aussi s’accommode-t-il natu -
rellement des petites formes; mais les
praticiens de nos jours savent remédier à
tout — à peu près ; — de ce que le sujet
n’est pas vigoureux, soyez persuadés qu’ils
ne l’abandonneront pas pour cela, et, qu’em-
pruntant la vigueur à ceux qui en ont à re-
vendre, ils sauront offrir aux yeux des
amateurs de la Passe-Crassane des arlires
d’un aspect encore imposant.
J’ai entendu plusieurs personnes confon-
dre cà tort la Passe-Crassane, de Boisbunel
avec la Surpasse-Crassane, de Yan Mons,
un fruit d’automne, qu’on disait presque
alors devoir détrôner notre Crassane, et
qui, lui aussi, lancé à sa naissance dans le
chemin du succès, me paraît un peu être
resté en roule. Je crois bien que tous ceux
qui, depuis dix ans, ont apprécié la P(\sse-
Crassane, affirmeront qu’elle sera plus Imii-
reuse.
Quant à moi, je le lui souhaite de tout
mon cœur.
Tu, Ruciietet.
LE COTONNIER HERBACÉ.
La crise cotonnière a donné lieu à des
essais du culture du Cotonnier en France
qui ont présenté beaucoup d’intérêt. Dans
le midi particulièrement MM. Félix Sahut,
et Ilorlolès, à Montpellier, et M. le
marf|uis de Fournès, dans le départe-
ment du Gard, ont cultivé en pleine terre,
ave(î un succès complet, le Cotonnier her-
bacé (Crossiipmm lierbaceam) qui donne le
coton courte soie, et leCotonnier arborescent
{Gossypiuni arboreum), qui donne le coton
longue soie. Dans le midi de l’Espagne et
en Italie, cette culture a pris un assez grand
développement. M. Sacc nous a écrit de
Barcelone quelques détails qui prouvent que
SI la culture américaine ne reprend pas une
grande extension, il faudra bien c^ue l’Eu-
rope s’occupe de faire elle-mèmn une partie
de son coton.
Mais ce qui importe davantage au point de
vue horticole, c’est que le Cotonnier herbacé
est une plante fort jolie, surtout quand elle
est en fleurs, comme on peut l’apprécier
par la planche coloriée que nous donnons
aujourd’hui, eUiuia été dessinée d’après un
plant de Cotonnier fleuri chez Madame Jo-
seph Halphen, au château de Migneaux, par
Poissy (Seine-et-Oise).
La planche ne représente pas les coques de
coton qui, elles aussi, sonttrès-intéressantes
et qui ont très-bien réussi chez Madame
Halphen.
Nous reviendrons dans une autre occa-
sion sur les circonstances des essais de la
culture, faits dans les serres de Migneaux,
que nous nous proposons de visiter avant
d’en parler à nos lecteurs.
J. A. Barral.
SUR LE DIOSCOREA BAÏATAS.
Pai obtenu cette année (1865) des pro-
duits remarquables dans la culture du
Dtoscorea Batalas, Mes racines avaient pres-
que 1 mètre de longueur, et pesaient 1 ki-
logramme. J’attribue, sans toutefois l’affir-
mer positivement, cette réussite exception-
132
SUR LE BIOSCORE A RATATAS.
Belle au phosphate de chaux De Molon que
j’ai appliqué à mes plantes.
Mais qui donc au monde aura la charité
de prévenir les marins, que, non-seulement
les racines du 7)/o-scorm Balalas constituent
une conserve alimentaire toute faite et d’une
durée indéfinie, mais encore qu’elles se-
raient, tout l’indique, un excellent pré-
servatif et curatif du scorbut de mer, étant
mangées crues?
Je sais qu’aujourd’hui le chlorate de po-
tasse rend d’éminents services dans le
traitement de cette maladie; mais c’est
comme curatif, et il vaudrait mieux y trou-
ver un préservatif dans ralimentation, car
bien que le scorbut n’emporte plus autant
de monde qu’autrefois, il n’est pas sans sé-
vir encore sur bon nombre demarins.
MORgON.
UN MOT SUR L’ACIIYRÂNTHES VERSCHAFFELTII
Dans sa notice intitulée Nouvel Essai de
cullure géolliermique en Angleterre, et in-
sérée dans la Revue horiicole (numéro du
octobre 1805, page 305), M. Naudin dit :
« hlresine ou Achyranihes Verschaffellii,
superbe sur les planches enlunnnées des
journaux d'.horHculture, mais d’un coloris
comparativement terne, et dans tous les cas
très-inférieur au Coleus VerschafJ'eliii ! ... »
Je viens protester de toutes mes forces
contre une assertion aussi erronée, et qui
pourrait, sur la foi de M. Naudin, faire re-
jeter bien loin, s’ils ne la connaissent pas,
par les amateurs une plante, au contraire,
digne à tous égards de mériter leur atten-
tion; et ne pas ici protester, c’eût été de
ma part laisser nuire considérablcmenl aux
horticulteurs qui la cultivent avec raison, et
de plus laisser nier la vérité, et la vérilê,
la voici :
Nous ne savons par qui mon savant col-
lègue et collaborateur a pu être induit en
erreur; ni où il a vu des individus dudit
Achyranihes au coloris foliacé terne; j’en
ai vu, j’en vois des centaines, jc dirais pres-
que des milliers, et tous montrent cet ad-
mirable coloris foliaire, tel que le représen-
tent les très-exactes planches de Vlllustra-
tion, horticole (tome XI, pl, 409) parue en
août 18()4, et du Rotanicul Magazme (T.
5499), parue en mars 1805 seulement.
M. Naudin n’en a-t-il donc observé
que des pieds dégénérés, malades, rachiti-
ques, ou des figures mal faites ? Je ne sais;
mais, je le répète, je maintiens comme ltu/,
exact, sans exagération aucune, et plutôt
moins beau surlesdites planches, que dans
la nature, le coloris décrit et figuré par feu
M. W. Hooker, et par nous ; et je dis plus :
nulle piaule, introduite jusqu’ici dans nos
cultures, n’en a offert un plus riche ni pins
splendide ! non point que je veuille, en di-
sant cela, rabaisser celui du Coleus 1 >r-
schufleltii, Nob. {ïllustr. horticole, tome YIII,
pl. î293), admirable de tout point, et d’un
grand elfet ornemental, mais qui n’a rien
de commun avec V Achyranihes.
Enfin, et pour conclure je ferai observer
que, loin d’être terne dans \esem de ce mol,
notre Achyranthes a des feuilles luisantes,
ou un peu vernissées. Cii. Lemaire,
profosseiu' de botanique à Gau J.
CULTURE DU CARDON.
I^e Cardon, cet utile comestible, dont la
consommation est si grande et les effets si
hygiéniques, joue un grand rôle dans l’ali-
mentation de la classe ouvrière dans beau-
coup d’endroits. On utilise le Cardon à
l’état cru assaisonné seulement 'd’un peu
d’huile et de sel. Il sert de premier repas à
la majeure partie des habitants des campa-
gnes, principalement dans les départements
méridionaux, où cette plante est beaucoup
cultivée à cet effet et y prend de grands dé-
veloppements.
On sème le Cardon en mars, avril et jus- ;
qu’en mai, et on replante en juin, juillet et |
août sur une terre de nature moyenne ou j
plutôt forte, cà la distance de 0'“.80 ou 1 mè-
Ire en tous sens. i
IMusieurs jardiniers ont l’habitude de se-
mer le Cardon en plein carré sans s’occu- ^
per de faire un semis spécial. A cet effet,
ils préparent leur terre par un bon défon-
cement à la fourche à 0"‘.30 ou 0'". i0 de
profondeur et une forte fumure. Ils divisent
ensuite le carré en lignes, espacées de
O''u80 à 1 mètre, sèment leurs graines en
touffes en mettant cinq ou six graines dans
chaque trou à la distance de 0'".35cà 0i«.4ü;
Quinze ou vingt jours après la levée des
graines, lorsque le plant est devenu un peu
fort, ils donnent un léger binage et, quinze
jours plus tard, ils éclaircissent. Le plant
snpertlu leur sert pour d’autres plantations
successives. Ils enlèvent })lus tard un plant
sur deux qu’ils utilisent encore à des plan-
tations tardives. Après ces opérations le
Cardon restant se trouve placé à la distanct'
voulue, c’est-à-dire à 0'".70 ou 0'”.80, es-
pace nécessaire pour sa croissance rapide
CULTURE DU CARDON.
133
ainsi ([ue pour son l)uUage. On donne en-
suite un bon labour, on éinoUe l)ien la
terre et on reforme les rigoles entres les
lignes pour faciliter l’arrosage par irriga-
tion qui, à cette époque, est très-nécessaire
à cette plante, laquelle atteint sa plus grande
croissance par les fortes chaleurs.
Au moment de la plantation du Cardon,
dans le but d’utiliser le grand espacement
qu’il faudra plus lard à la plante, on plante
entre les lignes diverses salades, qui arrivent
à maturité" ii peu près lorsque le Cardon
exige tout son espacement.
Le Cardon est quelquefois attaqué par
une maladie qui fait périr une bonne partie
des feuilles de la base : elles toiijbent
brûlées par une espèce de rouille et pour-
rissent rapidement. On peut prévenir cette
maladie ou du moins en amoindrir les effets,
par un redoublement d’arrosage, que celte
plante aime beaucoup, et, à la suite, par
quelques binages superficiels pour mainte-
nir la terre accessible aux rayons solaires.
La végétation étant ainsi activée, la plante
aura plus vite réparé, par de nouvelles
pousses, la perte causée par la maladie.
Lorsque le Cardon est arrivé au point
SUR QUELQUES PLANÏli
Acer plût (inouïes cucullalum. — Cette
variété, que nous avons reçue de M.Barthère,
borliculleur à Toulouse, est jolie et surtout
très-remarquable par son feuillage ; son
aspect général et son mode de végétation
sont cà peu près semblables à ceux du type.
La dilTérence réside dans les feuilles qui
sont cucullées-llabelliformes, subcunéifor-
mes lorsqu’on les étale, très-concaves eu
dessous, convexes en dessus, atténuées à la
base et s’élargissant ensuite régulièrement
jusqu’au sommet qui est profondémentdenté,
à dents finement allongées, presque séti-
formes-spinescentes.
Populus angiilata torluosa.
Arbrisseau délicat. — Tige très- lord ne où
d’a})pareiice coudée-articulée comme le Spirœa
//eraosu.— branches grêles, anguleuses, à angles,
tordues ou contournées, coudées, llexueuses et
présentant sur toute leur longeiir les niéines
caractères que ceux qu’on rencontre sur la tige.
— Feuilles longuement péliolées,à pétiole aplati,
contourné ou tordu , à limlie gaufré ou forte-
ment cuculUL plié en deux dans le sens de la lon-
gueur, à bandes souvent relevées, largement
mais peu profondément dentées.
Cette variété, que nous avons également
reçue de M. BaiTbère, horticulteur à Tou-
louse, est des plus curieuses ; sans être
belle, elle est des plus remarquables par sa
végétation ou plutôt par la forme de ses
parties, (pii, on peut le dire, n’ont rien de
normal. C’est une sorte de monstre d’une
d’ètre utilisé, on le lie avec précaution sans
endommager les pétioles qui sont ordinai-
rement très-cassants. On butte à propor-
tion du besoin. Quelques jardiniers, dans
l’opération du buttage, couchent entière-
ment le Cardon dans une fossette creusée
au pied de la plante, ei recouvrent ensuite
avec de la paille sèche recouverte d’un peu
de terre. D’autres, et c’est la majeure par-
tie ne recouvrent (pi’avecla terre seulement;
d’autres, enfin, laissent les plantes liées
dans leur position verticale et buttent tout
autour. Ce dernier mode de buttage est le
meilleur pour conserver plus longtemps b‘
Cardon en terre, parce que n’étant pas ar-
rnehée, la i)lanle respire toujours par le
haut, tandis (^ueparle couchage, étant pres^
que arrachée, elle pourrit plus vite.
L’espèce la plus répandue dans le Midi
est le Cardon d’Espagne à côtes pleines et
sans épines. D’autres y ont été introduites,
comme le Cardon de Tours, le Cardon
inerme, mais elles ont été bientôt aban-
données à cause de leur peu de résistance
aux gelées.
J. B. CARr.uü,
horliciiUeur à l’Eslagaol, à Carcassonne.
S INÉDITES OU RARES.
nature particulière, digne de figurer dans
toute collection d’amateur.
Droussonetla papfjrifem narimUirh. —
Cette variété, que nous avons obtenue de
semis, il y a 5 ans, est très-vigoureuse ; la
forme de ses feuilles est tout à fait inverse
de celle de l’ancienne variété à feuilles cucu-
lées (Br. papyrifera cucullala) ; la conca-
vité, au lieu d’être tournée vers le sol, l’est
vers le ciel, de sorte que, comme elle est
très-prononcée, que les bords sont entiers
et fortement relevés, ces feuilles forment
une sorte d’écope ou de petite nacelle, qui
retient l’eau ; aussi, lorsqu’il pleut, voit-on
les feuilles s’infléchir par le poids de l’eau
qu’elles contiennent.
Cette variété diffère de l’ancienne par ses
feuilles, dont le capuchon {la cucullalure)
est tourné en sens contraire ; par ses yeux
qui, au lieu d’être grisâtres, petits, courte-
nient coniques et presque cachés' dans l’ais-
selle des feuilles, sont roux-bruns, longue-
ment écartés, atténués en une pointe
subaigüe. Les feuilles aussi, au lieu d’être
alternes sont opposées, excepté sur les rami-
fications inférieures où elles sont alternes.
Nous devons ajouter que, dans certains cas,
il arrive que, sur des rainificationsinférieures,
on rencontre parfois des feuilles dont le
capuchon présente, comme dans l’ancienne
espèce, la concavité en dessous. Ce fait est
toutefois une exception très-rare.
C.\RRIÈRE.
CULTURE DES VERGERS. - IIU.
Soins d'entretien. — Au bout d'un cer-
laiii temps, qui varie selon les espèces et
variétés d’arbres que l’on cultive, les bran-
ches fruitières de l’intérieur s’épuisent et
ne donnent plus que des fruits rares et
pelils; il faut les enlever avec une serpe en
les coupant près de la branche qui les porte.
On voit aussi apparaître des bourgeons
très-vigoureux qui naissent et qui s’élèvent
verticalement dans l’intérieur de l’arbre,
près de la base des branches ; si l’arbre est
encore assez vigoureux et s’il donne de
beaux fruits^ on retranche ces bourgeons;
si, au contraire, l’arbre paraît dépérir, c’est
un signe certain que les canaux séveux sont
obstrués à l’extrémité des branches, et qu’il
est temps de le rajeunir. A cet effet, on
coupe toutes les branches un peu au-dessus
du point où naissent les bourgeons qui sont
cux-mèmes coupés près de leur insertion,
et l’arbre se refait. C’est alors qu’on obtient,
sur le bois nouveau, de très-beaux fruits en
abondance. Le Prunier et l’xVbricotier sur-
tout s’accommodent parfaitement de ce ra-
j eunisscment, après lequel il sort souvent
des bourgeons qui atteignent i»u50 à 2 mè-
tres de longueur; })our éviter qu’ils ne s’in-
clinent plus tard sous le poids des fruits,
on les taille à un mètre environ de longueur.
La mousse et les lichens nuisent aux ar-
bres et produisent un mauvais elfet; on
s’en débarrasse aisémcntavec un lait de chaux
que l’on décante après quelques heures de
repos , et que l’on applique avec un gros
pinceau aussitôt après la pluie, quand ces
parasites sont encore humides.
Le pied de l’arbre , ou toute la terre du
verger si l’on n'y cultive '^bisrien, sera tou-
jours tenu propre par deL^...ages; nous ne
saurions trop insister sur cette opération
([ui a pour but de détruire les mauvaises
herbes, de rendre la terre perméable et
d’empècber l’évaporation du sol.
Au moment des labours, on aura bien
soin de ne pas endommager, avec les in-
struments, les racines superficielles qui par-
tent du collet de l’arbre.
]'ar des circonstances qu’il est impossible
d’expliquer, il arrive quelquefois qu’un ar-
bre périt ; on en met un autre à sa place en
changeant d’espèce, si cela est possible. La
terre devra être extraite et remplacée par
une terre neuve sur environ îl mètres de
diamètre et O»». 80 de profondeur. Ceci s’ap-
l)lique à des arbres déjà d’un certain âge,
niais pour ceux qui n’ont que deux ou trois
ans de plantation, les racines n’ont pas en-
core eu le temps d’épuiser la terre , par
conséquent il est inutile de la changer; ex-
Voir les numéros tics IG février et 1«'’ mars,
pages 75 et 96.
cepté celle où se trouve le pied de l’arbre,
laquelle devra être renouvelée.
Chaque année, ou au moins tous les deux
ans, une fumure sera donnée au verger;
les légumes en profiteront et les arbres aussi.
Mais ceux-ci n’aiment pas le grand fumier
mis en contact avec leurs racines; il y dé-
termine le blanc, qui est mortel pour celles
qui en sont atteintes. On n’eir.ploie que du
fumier bien consommé , sans en mettre au
pied des arbres, caries racines absorbantes,
les spongioles, en sont déjà loin après
qnelques années de plantation.
Nous serions heureux de voir suivre notre
exemple par les riches propriétaires de la
Bresse et de la Bombes ; avec une bien pe-
tite dépense, ils seraient sûrs de se créer de
bien douces jouissances, inconnues jusqu’a-
lors dans le pays. Il n’en coûte du reste pas
plus jiour planter des bons fruits que des
mauvais, pt comme ils viennent tout aussi
bien les uns que les autres, on choisira les
plus recommandables. »
Vingt-cinq arbres, bien plantés et soignés
convenablement, peuvent suffire à une fa-
mille de dix personnes, et avoir ainsi des
fruits de toute espèce pendant dix mois de
l’année. Si l’on en plante un plus grand
nombre, la voie ferrée (pii traverse la Bresse
et la Bombes permettra d’écouler facile-
ment l’excédant des fruits que fourniront ces
arbres.
Lisie (les meilleurs fruits ù <‘uliivcr en plein vent
dans la Bombes.
Poiriers Maturité.
Beurré Giffart juillet.
Bon-chrétien William août. - sej) .
Louise bonne d’.Vvranches sept.-oct.
Duchesse d’Angoulème oct.-nov.
Epine Dumas oct.-nov.
Beurré d’Apremont oct.-nov.
Passe Colmar nov. àjanv.
Bergamote Espéren liivcr.
Doyenné d’Alençon hiver.
Vauquelin hiver.
Catillac (à cuire) hiver.
Pruniers .
De Montfort tinjnil.
De Monsieur coin, d’aoùl,
Beine-Claude verte août.
Pommiers.
Bcinette d’Angleterre
— de (hmx
— dorée
— grise
— de Canada
— C Lisse t
— calville blanche
— Cavillle rouge d’hiver
Toutes les pommes que nous citons sr.id
des pommes de lin d’automne et d’hiver.
CULTURE DÈS VERGERS. - III.
Cerisiers. , Maturité
l’igarreaii Jaboulay Jibn.
— à gros Iruils rouges. . . fin juijllet.
< 3rise anglaise hâtive juin.
Les Poiriers devront tous être grelTés sur
ii’anc; ils seront bien plus robustes et du-
I eront plus longtemps que ceux qui auraient
été grelles sur Cognassier.
On pourrait étendre cette liste davantage;
car les bons fruits ne manquent pas, mais
ceux que nous recommandons ont fait leur
preuve sous notre climat; tandis que beau-
coup d’autres, excellentset robustes ailleurs,
sont ici, ou trop délicats, ou trop peu sa-
voureux. Par conséquent, il vaut mieux
augmenter le nombre de ces variétés que
d’en introduire d’autres , à moins de les
avoir étudiées. Ce que nous disons là s’ap-
plique surtout aux Poiriers. Pourrait-on
croire que les PoiresBeurré gris, Crassanne,
Saint-Germain , Virgouleuse et beaucoup
d’autres sont loin d’être bonnes, môme en
espalier? La Bergamote de Pentecôte est
pres(iue toujours tachée et sans saveur; il
lui faut l’espalier au levant.
Malgré le cliaulage, le sol de la Bombes
ne produit que des fruits de médiocre qua-
lité, comparés aux mêmes fruits venus dans
d’autres terrains.
Nous ne voulons pas terminer cette no-
tice sans parler du Noyer. Cet arbre est
bien plus rare dans notre localité que les
arbres fruitiers , et il y est aussi d’une vé-
gétation bien plus languissante. C’est qu’en
elfet, il vient mal dans les terrains dépour-
vus de calcaire, et surtout dans ceux à sous-
sol peu profond et humide; c’est pour cela
qu’il prospère si bien sur les pentes et dans
les vallées calcaires duBugey, de l’Isère, etc.
Cet arbre, précieux sous plus d’un rap-
iiort, devra être planté dans le verger du
côté où régnent les plus grands vents, si la
position du terrain le permet; il abritera les
arbres fruitiers, et donnera une abondante
récolte de noix. Ce fruit est bien apprécié
danslesfarnilles, tout le monde le mange avec
[ilaisir, et quand la récolte dépasse la con-
.-ommation ordinaire, on peut l’utiliser en
on faisant une huile fort estimée dans la
cuisine.
M. Paul de Mortillet a eu l’heureuse idée
de faire connaître par une note écrite dans
la Revue J novembre 18G3, les avantages
qu’il y a à cultiver les Noyers greffés, de
préférence à ceux qui viennent de semis.
Nous sommes tout à fait de son avis, et nous
ne saurions trop insister sur ce point. On
plante , dit-il, dans la vallée de l’Isère,
pour les noix de dessert : la Mayette, la
Parisienne et lixFranqueHe; et comme noix
à huile: la Saint-Jean et la Cliabeiie.
Les Noyers, prenant des dimensions plus
grandes que les autres arbres fruitiers, de-
vront être distancés davantage : 8 à 10
13 J
mètres, et même plus dans les terrains pro-
fonds et riches.
Cet arbre craint les gelées tardives du
printemps, qui détruisent les jeunes bour-
geons et font perdre la récolte. Par consé-
quent, sa place sera plutôt sur un mamelon
un peu élevé que dans un fond où les gelées
printanières sont à craindre.
RécÀjlle et conservation des fruits. —
Tous les fruits d’été et d’automne 'doivent
être cueillis aussitôt qu’ils acijuièrent leur
maturité, ce qui se reconnaît, pour les Poi-
res, à la teinte un peu jaunàtrequ’ellespren-
nent pour la plupart à cette époque, et à leur
chute de l’arbre, qui se fait naturellement.
Les Poires d’été sont meilleures quand on
les cueille quelques jours avant leur matu-
rité complète qu’on doit leur laisser acqué-
rir au fruitier. Les Poires et les Pommes
d’hiver seront cueillies du commencement
à la fin d’octobre, selon que l’année aura
été chaude ou froide.
La récolte devra toujours être faite jiar
un beau temps, et les fruits verreiix, tachés
ou contusionnés, ne pouvant se garder long-
temps, ne seront pas portés au fruitier; ils
seront mis dansun autre local pour être con-
sommés au plus tôt.
Fruitier. — Pour bien conserver les
fruits, on choisit une pièce au rez-de-chaus-
sée où la gelée ne pénètre pas, une cave
sèche est fort convenable parce que la tem-
pérature y varie peu. On peut se servir éga-
lement d’une chambre au premier étage,
mais il faut y allumer, durant les fortes
gelées, un réchaud de charbon pour empê-
cher le froid d’y pénétrer.
Les fruits seront visités deux eu trois fois
par semaine pour enlever ceux qui sont ta*
chés et qui gâteraient leurs voisins; on pro-
fitera de ce moment pour renouveler l’air,
si l’humidité contenue dans le fruitier est
trop grande. L’obscurité est nécessaire à
leur conservation ; on fera donc mettre des
volets aux croisées.
Lorsqu’on a fait choix d’un emplacement
pour le fruitier, on fait faire, tout le tour
des murailles, des rayons en planches, lar-
ges de 0'n. 50, que l’on place à 0'».30 les
unes au-dessus des autres. Chaque rayon
sera bordé d’une petite planche présentant
une saillie de 0"L03, afin d’empêcher les
fruits de tomber quand on les touche. C’est
sur ces rayons, placés horizontalement, que
les fruits sont déposés les uns à côté des
autres en se touchant légèrement ; mais en
évitant de les entasser.
On n’ouvrira pas les fenêtres pendant la
gelée, afin que le froid ne pénètre pas dans
le fruitier, mais on pourra ouvrir les portes
intérieures pour l’aérer.
Quelques personnes prétendent que le
fruitier doit être constamment fermé pour
3 36 CULTURE DES VERCEUS. li»
mieux assurer la conservation des fruits.
Cela nous a toujours mal réussi. C’est pour-
quoi nous recommandons de renouveler l’air
de temps en temps; c’est un moyen de
chasser rhumiditc que déi^agent les fruits,
et d’atténuer l’elfet de la pourriture.
Verrier,
Jardiiiier-clief à l’Ecol(! d’a^^iiculliTe
de La Saulsaie (Ain),
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’HORTICULTURE.
Séance du 8 février. — M. le maréclial
Vaillant, président de la Société, envoie des
liaricots de Smyrne, provenant de graines
(jui ont été olfertes l’année dernière par
M. Lesèble, de Tours. M. Lesèble avait
donné ces haricots comme étant vivaces et
portant des racines comestibles. M. le maré-
chal Vaillant les a exprimentés dans son
jardin de Vincennes, et il a reconnu que les
racines sont en effet, cette année, en fort
bon état, mais qu’elles sont trop peu déve-
loppées pour qu’on puisse lesuliliser comme
aliments. M. Louesse regarde cette circon-
stance comme étant à l’appui de son opi-
nion; cette variété, dit-il, n’est autre que le
Haricot d’Espagne, qui passe bien l’hiver en
pleine terre, si l’on a soin de le couvrir, et
dont les racines atteignent une dimension
égale à celle des Céleris-raves.
M. Lhütellier, jardinier à Chelles (Seine-
et-Marne), présente des spécimens de ses
. cultures d’ Ananas. Il se sert de bâches en
bois non chauffées au thermosiphon, mais
garnies d’une couche de marc de raisin re-
couvert de sciure de bois blanc. Ces couches,
laites au mois d’octobre, atteignent et con-
servent dans leur intérieur une tempéra-
ture de 30 à 37 degrés, et l’air des bâches
s’élève à 10 et i25 degrés.
M. Léon Rameau obtient aussi, sous châs-
sis, des Pommes de terre en primeur. Il a
})u, au 8 février, faire déjà trois récoltes.
Le comité de lloriculture accorde une
prime de classe à MM. Thibaut et Kéte-
lôer pour un Auciiha japouica portant des
fruits. On ne possédait jusqu’ici dans les
cultures que des sujets femelles, et c’est
l’introduction récente du pied mâle en
France qui a permis d’obtenir le phéno-
mène mis sous les yeux de la Société. La
Revue reviendra sur ce sujet avec de plus
amples détails. — MM. Thibaut et Kételêer
présentent en outre un exemple d’un fait
physiologique curieux. C’est un Oranger
obtenu par une bouture de feuille combinée
avec une greffe en placage. Voici comment
s’exprime M. Duchartre à ce sujet, dans le
Journal de la Société centrale d’horticul-
ture :
« On sait que l’Oranger peut être inulliphé
par boutures de feuilles. Dans son ouvrage pu-
. hlic en 1714 et 1717, dont une traduction fran-
(,aise a été donnée en 17^20, sous ce titre : UH-
gviculturc pavfaile, Agricola rapportait les
succès qu’il avait obtenus en essayant de bou-
turer cet arbre de cette manière. M. Auber,
jardinier, qui, il y a trois ans, a confié la plante
en question aux présentateurs, a donc bouturé
une feuille; ensuite, àla face inférieure, il en a
entaillé longitudinalement la côte médiane de
manière 5^ y poser une greffe en placage, et if
a maintenu la greffe en place au moyen de
quelques ligatures, faites avee du lil qui formait
anneau autour des deux. Le pétiole delà feuille
s’est enraciné ; la greffe a repris et, son bour-
geon se développant, il s’est produit une
lige dont la base paraît être formée à moi-
tié par le pétiole et le bas de la côte deve-
nus ainsi ligneux et persistants, [à moitié par
le ramule greffé en placage. Deux saillies laté-
rales indiquent encore aujourd’hui les deux bords
du pétiole et de la côte. »
M. Duchartre fait remarquer l’influence
que la greffe a exercée dans ce cas sur le
sujet qui, peu durable de sa nature, puisque
ce n’était qu’une feuille, est devenu ligneux,
et vivace comme toute tige ligneuse. Le sa-
vant secrétaire-rédacteur de la Société rap-
pelle encore une greffe de Liseron vivace
faite par Madame Vilmorin sur le Convol-
mlus Iricolor, espèce annuelle; cette der-
nière est devenue vivace à la suite de l’opé-
ration.
A coté de l’Oranger que nous venons de
citer, on admire deux belles Orchidées par-
ffiitement fleuries exposées par M. Rivière;
ce sont ÏOiiddium Cavcndühianum et le
Phajus grandiflorus. M. Rivière donne
quelques détails sur la multiplication de
cette dernière, qu’il opère environ trois
semaines après la floraison, au moment où
l’on voit pousser les bourgeons de la base;
il retire alors ses plantes de terre, et sépare
chaque touffe avec la serpette, en deux ou
trois, selon le nombre des pseudo-bulbes
qui s’y trouvent formés. Il plante ceux-ci
dans un mélange de terre de bruyère et.de
sphagnum; en en mettant dans un grand
pot trois ou quatre pieds ainsi obtenus, on
a des touffes énormes qui fleurissent abon-
damment.
Nous avons parlé, il y a quelque temps,
des objections élevées par M. Gosselin con-
tre le procédé de M. Constant Charmeux,
([ui permet de supprimer l’accolage des
Vignes. Cedernierdélèndaujourd’huide nou-
veau son opinion : depuis trois ans que la
suppression de l’accolage est- adoptée à
Tiiome.ry, on a reconnu que les Raisins de-
viennent })lus beaux sur les pieds do Vigne
non accolés. L’opération est longue à faire;
SÉANCES DE EA SOCIÉTÉ CENTRALE D’HORTICULTURE,
OU est obligé de la commencer très-lot, ce
qui amène la rupture de beaucoup de jets
alors très-cassants; onia termine tard, au
moment ou les grains déjà formes ont be-
soin de l’ombre des feuilles dont on les
prive. Quant auv vrilles, comme elles s’en-
roulent sur un mince tîl de fer, elles per-
dent de leur vigueur et sont pour ainsi dire
irt
avortées; bien peu d’entre elles s’accrocbcnt
aux sarments, et elles no peuvent nuire à la
mise en sac, puiscpi’on doit les enlever en
ébourgeonnant. Telles sont les raisons (jue
donne M. Constant Gliarmeux pour justiticr
la prati(|ue do la suppression de Taccolage
des vignes.
A. Ferlet.
ECIIINOCACTUS HORIZONTHALONIUS.
I)ans une note adressée cà la Revue hor-
tkole(n^ du IG septembre 18G5, page 350),
au sujet de V Echinocfictus iLorizonthaloulus
NoB.\jcon, Cad. c. ic. etTenkm. Monogr.
inédit.), et non horizonTAlonins, comme
l’écrit deux fois l’auteur dans cette note,
M. Palmer dit ; (( Que l’individu, qui vient
de fleurir chez lui, dilfère beaucoup de celui
(}ue j’ai décrit et figuré, et qui pèche un
peu par le coloris la forme est apla-
tie,.... etc. )■) Je réponds tout d’abord à cette
observation que, toutes les plantes décrites
et figurées dans mon Iconographie des Cac-
tées Pont été avec le soin le plus scrupaleiix
des formes et du coloris, que jamais, dans
aucun ouvrage iconographique ce sdn n'a
été porté pins loin; que toutes les planches, su-
périearemenl onlété gravées en taille-douce,
coloriées au pinceau avec la plus grande
exactitude, d’après les peintures à l’huile
d’un excellent artiste; enfin que le tout a été
exécuté sous les yeux d’un homme très-con-
naisseur, et excessivement vétilleux cà l’égard
de la ressemblance des dessins, sans par-
ler de mon contrôle particulier.
Si la forme du caudex est aplatie dans
l’individu de M. Palmer, et elle est telle dans
tous ceux qui nous arrivent de leur pays
natal, c’est l’alfaire (Vune culture mal ap-
propriée. En effet, nous amms vu maintes
fois, dans l’ancienne et célèbre collection
Monville, ces intéressants Echinocactes car-
rivés ])lats, disciformes, se gonfler bientôt,
sous l’inlluence d’une culture trop géné-
reuse peut-être, et devenir subglobuleux;
forme naturelle à toutes les espèces de ce
beau genre.
L’honorable amateur cajoute ; « L’appareil
ILEI AOUIFOLIUÎ
Dans l’impossibilité où je suis de caixac-
tériser cette variété si remarquable du
Houx commun pcar un qualificatif scientifi-
que, je préfère lui en donner un qui par lui-
même n’a pas de significalion, afin qu’il n’ang-
meule pas les confusions déjà si nombreu-
ses; je dirai seulement, comme rorise’;:;ne-
ment général, que le Iloux Mudume liix'l
appcartientà la calégorie des variété> .'i ' juil-
épiiieux est fortement adprimé (il a voulu
dire sans doute appiumé!) contre les côtés,
et de là vient, je présume son nom iVhori-
zo)ithalonius (quoique parallèle avec la sur-
face de la plante serait un terme plus exact,
dit-il, en notel) Celte critiijue en 7iote n’a
aucun fondement, et, l’étymologie de mon
nom spécifique serait, je vais plus loin
que M. Palmer, serait absurde si je l’avais
basée d’après la disposition des aiguillons!
mais puisque M. Palmer jio-sx'ctfc et cite mon
ouvrage, comment se fait-il qu’avant de
trouver mauvaise ladite étymologie, il ne se
soit pcTS donné la peine de consulter à cet
égard Ven-tête de l’article que j’ai écrit au
sujet de l’Echinocacte qui nous occupe? il
y aurait lu ce qui suit! étymologie
NOM SPÉCIFIQUE, (ovxo;) horizoïi; àlor/io/
aréole.
C’était une allusion toute rationnelle à la
situation de l’aréole (et mieux tgléole) chez
cette plante, où elle est transversale (hori-
zontale donc), et non verticale, comme
c’est le cas le plus général chez les Echi-
iiocactes, et qui est ici à peu près exception-
nel.
En dernier mot : les formes florales dans
notre planche sont irréprochables; seule-
inenf, comme la Heur représentée apjiro-
chait de son déclin, l’artiste lui a donné
une teinte plus pâle ;daiissa période moyenne
de vie, elle est, comme le dit notre Aristar-
(pie, iVuu rose-rose >
Quand on veut faire de la critique, et la
critique a du bon, il faut la faire à bon es-
cient et avec justice.
Ch. Lemaire,
Professeur de botaiiiriuc, à Gaiid.
MADAME BRIOT.
les bordées de jaune; voici les caractères
qu’il présente :
Plante vigoureuse. — Tige droite. — Branches
étalées, légèrement ascendantes. — Ecorce
rouge foncé, brunâtre. — Feuilles assez longues
et larges, élégannnent dentées, à dents larges,
allernalivenient relevées, mucronées, très-ai-
giiês, liordées d’un très-beau jaune, ([ui est
parfois légèrement violacé, vert foncé, lui-
138
iLex aquifolium madame briot.
sanies en dessus, plus pâle et connue un peu
glaucescenles en dessous, à })éüolerouge comme
récorce, couleur qui s’étend souvent à la ner-
vure médiane qui, chez les jeunes feuilles, est
entièrement rouge foncé. -
Celte variété, l’une des plus belles du
genre, est très-constante bien que vigou-
reuse; elle a été obtenue par M. Briot, jar-
dinier en chef des pépinières de l’état, à
Trianon, homme dont les connaissances ne
sont eflacées que par la modestie, et â qni
l’horticulture est redevable d’une quantité
considérable de variétés très-précieuses ; j’ai
donc cru ne pouvoir mieux faire que de la
dédier à son épouse. Madame Briot.
Inutile de dire que cette variété est très-
rustique et que sa multiplication se fait de
la même manière que celle de toutes les
autres variétés que présente le Houx com-
mun. Carrière.
ACACIA LONGISSIMA GLAUCA PENDULA.
VAcacia longissima glauca pendula est -
un arbre originaire delaNouvelle-Hollande,
qui fait à Ilyères l’admiration des amateurs
d’horticulture et de botanique. Il est remar-
quable par son long feuillage et par la dis-
position de ses graines pendant par chape-
lets de 0"\25 de longueur, et produisant le
plus joli effet.
V Acacia longissima glauca pendula com-
mence cà fleurir au mois d’août et sa flo-
raison dure jusqu’à la fin de novembre.
Sous le climat méditerranéen, il mûrit
ses graines aux mois d’août et de sep-
tembre, une année après la floraison. Oti
le multiplie de semence. L’exemplaire que
nous avons observé à Ilyères, chez M.
Martin Blech, près la place des Palmiers,
a été planté en 1855; il atteint aujour-
d’hui 15 mètres de hauteur; la circon-
férence 'de son tronc, prise à la base
près de terre^ est de r'.25. 11 a donné des
graines fertiles après la huitième aunée de
plantation.
Rantonnet,
chef de la section des graines
de la Compagnie horticole d’Hycres,
SUR L’ACCLIMATATION DES VÉGÉTAUX.
üii croyait autrefois que la culture d’une
Itlante exotique longtemps pratiquée dans
certaines conditions devait modifier son
leiniiérament au point de pouvoir l’amener
à vivre et à se reproduire sous un climat
qui lui est naturellement défavorable, qu’une
jilante de pays chaud, par exemple, pouvait
s’habituer graduellement à un climat froid
en la cultivant d’abord en serre chaude,
puis plus tard en serre tempérée, la faisant
passer de celle-ci à un abri moins chaud et
ainsi de suite jusqu’à ce qu’elle soit devenue
apte à vivre en plein air et c’est ce qu’on
appelait acclimater une plante; mais l’expé-
rience a démontré que cette acclimatation
est une chimère, et on donne aujourd’hui
à ce mot une signification moins préten-
tieuse. C’est qu’en effet tout ce qu’on peut
laire en matière d’acclimatation est de consta-
ter, après expérience faite, que le végétal a
trouvé dans le lieu oû on l’à importé un
climat qui, s’il n’est en tout semblable au
sien, présente du moins des conditions dont
ce végétal peut s’accommoder.
Mais il est des personnes qui croient en-
core à la possibilité de l’acclimatation et
qui pensent en donner une explication sa-
tisfaisante en disant que si le végétal im-
porté ne s’acclimate point, on peut, en
semant les graines qu’il produit, obtenir
des variétés de plus en plus robustes,
et finalement en trouver (|uel({u’une assez
résistante pour braver les rigueurs du cli-
mat. C’est compliquer la question sans la
résoudre; car cette raison, toute bonne
qu’elle puisse paraître, ne repose pourtant
sur rien de prouvé et appartient au domaine
des suppositions. En effet, depuis le temps
que l’on sème des graines de plantes de
serres mûries sous notre climat, on ne voit
pas que le commerce en ait annoncé des
variétés acclimatées, ce qu’il n’aurait pas
manqué de faire si le cas s’était présenté.
Les variétés de Maïs, de Vigne, etc., qui réus-
sissent sous des climats septentrionaux oû
la plupart des autres variétés de ces mêmes
plantes ne peuvent mûrir leurs fruits, ne
prouvent rien en faveur de l’acclimatation,
on ne doit voir là que des variétés hâtives
pouvant convenir aux contrées oû les cha-
leurs durent peu, qui ont été obtenues par
sélection dans des contrées souvent plus
méridionales et qui, dans ce cas, peuvent
servir à faire voir jusqu’à quel point vers
le nord leur espèce peut être exploitée avec
profit par le cultivateur. J’observerai d’ail- ’
leurs que s’il n’est pas démontré que l’on
puisse obtenir par les semis des variétés
plus rustiques que leurs types, en revan-
che on peut en citer de plus délicates obte-
nues par ce moyen, et il semble même
que c’est la marche que prend la nature en
ce qui concerne les variétés cullivées.
Plus une variété est parfaite au point de
SL'U L’ACCLIMATAI ION DES VÉCÊTACX.
139
vue liurlicülc, el plus sa cuUurc réclanie de
soins et d’altenlions. IN’avüus-uüus pas des
variétés qui craii^Mieul le froid, «^ui réclament
un abri pour Hiiver, et dont cependant les
types sont indigènes. Ce fait, qui est attesté
par les prescriptions du Bon Jiirdinier, n’est
pas favorable à l’idée de l’acclimatation au
moyen de variétés, il faut bien en con-
venir.
Il est à remarquer ({ue dans tout ce qui a
été dit au sujet de racclimatation, il n’a
été ([uestion que d’babituer au froid les
plantes des pays chauds et qu’il n’y est
[loint parlé d’acclimater les végétaux des
contrées froides dans les régions chaudes,
(^et autre mode d’acclimatation serait pour-
tant nécessaire pour que le système fut
complet; mais l’impossibilité de le mettre
en pratique, pour être moins connue, n’en
est pas moins réelle, et l’expérience le dé-
’nontre en peu de temps.
Par ce qui précède on voit que je ne suis
|ias partisan de ce qu’on appelle acclimata-
lion. lié bien, il est pourtant vrai qu’en un
sens l’acclimatation existe : c’est dans le cas
où les plantes importées, pouvant normale-
ment réussir sous leur nouveau climat y
subissent d’abord certaines vicissitudes que
l’on pourrait comparer aux malaises qu’é-
prouvent les homMies qui résident depuis
|)'-u de temps dans une colonie nouvelle
pour eux tant qu’ils ne sont pas acclimatés.
Je vais en citer quelques exemples pris
dans la culture potagère en Louisiane : dans
ce pays, les choux et les navets de toutes
sortes obtenus au moyen de graines impor-
tées ne montent et ne fleurissent que difli-
cilement et incomplètement'; et ceux qui
parviennent à produire des graines n’en
iournissent qu’en petite quantité, mais les
sujets qu’on en obtient sont vigoureux,
’ Les tiges llorales ne s’élèvent qu’à 0"Cl5 on
0'’>.20 et la plus grande partie des Heurs avortent.
REVUE COMMERCIAL
Légumes frais. — Carottes pour chevaux,
de U) à l'2 fr. les 100 hottes; c’est un taux
presque invariable; les Carottes ordinaires, qui
avaient atteint ^18 fr. })endant la dernière quin-
zaine sont redescendues à 20 et 25 fr. les
100 hottes, mais avec tendance à la hausse. —
Ces Carottes d’hiver ne sont plus cotées (jue A
à 5 fr. l’hectolitre. — Les Panais ordinaires se
vendent 18 fr. les 100 bottes, comme il y a
quinze jours; les plus beaux sont augmentés de
A fr. et valent 24 fr. — Le prix des Navets est
de 10 à 25 fr. les 100 hottes. — La Pomme de
terre de Hollande se paie de (3 h . à G' . 50 l’hec-
lolitre; la Vitelotte de 12 à 13 fr. ; la Pomme
de terre jaune de 4 fr. <à 4T.50; la Pomme de
terre rouge de G fr. à Gt.50. — Les Poireaux
sont cotés de 20 à 30 fr. le 100, comme au com-
mencement de mars. — Les Choux les plus
mieux constitués (|ue leurs iiarents et pro-
duiseiit beaueoup de graines, ouïes appelle
(( choux créoles, » ils sont acclimatés. L’oi-
giion de cuisine produit par des graines ve-
nant d’Europe ne tourne pas, il reste eu
ciboules et ne produit (jiie de mauvaises
graines, de sorte que, pour introduire une
variélé nouvelle d’oiguoii dans ce pays, ce
n’est pas de la graine qu’il faut y porter,
mais des oignons tout venus, les y faire
graintr pour se servir ensuite de la graine
mûrie dans le pays, et ([ui est très-bonne;
mais qu’on n’obtient d’abord qu’eu faible
(juantilé. Des semences d’une variété vigou-
reuse de maïs, mûries en Espagne, ont été
semées par moi en Louisiane, elles ont pro-
duit des plantes qui ne se sont élevées (ju’à
0‘".75 de hauteur et n’ont fourni que (piel-
(jues graines, la première année mais à la
deuxième génération les plantes ont atteint
3'''.50dehauteuretont produit de beaux épis.
S’il était prouvé que le maïs soit originaire
de l’Amérique Mexicaine, ce serait un cas
de réacclimatation. Je pourrais multiplier
ces citations; mais celles-ci doivent suffire
pour donner une idée de ce qu’à mon avis
on i)eut appeler acclimatation.
Un fiiit remarquable est que, tandis que
les végétaux originaires du sud des Etats-
Unis d’Amérique réussissent passablement
dans le midi de la France, les plantes de
cette contrée font triste figure ou meme ne
réunissent point du tout en Amérique. Celte
différence, qu’il faut sans doute attribuer à
l’état hygrométrique de l’atmosphère, qui
est loin d’être le même dans ces deux cli-
mats, donnerait à penser qu’à conditions
égales d’ailleurs, les végétaux naturels d’un
pays où l’atmosphère est humide pourraient
jusqu’à un certain point réussir dans un
pays sec; mais que les plantes des contrées
sèches ne sauraient s’accommoder d’une trop
grande humidité atmosphérique.
A. GUlLLlEli.
î (DEUXIÈME QUINZAINE DE MARS.
ordinaires ont doublé de prix ; on les vend
10 fr. le 100; ceux de belle ({ualilé valent 25 fr.
avec une hausse de 5 fr. — Les Choux-Hcnrs
de Oretagne se vendent de 50 à 100 fr. le 100*
— Les Oignons en grains sont cotés de 10 à
14 fr. l’heclolilre avec une hausse moyenne de
4 fr. — Ou paie les Radis roses de 1 fr. à U. 25
la hotte; c’est 0.25 de moins (ju’il y a ((uinze
jours. — Les Radis noirs se vendent de 5 à
10 fr. le 100. — Le Céleri vaut toujours de 1 à
2 fr. la botte ; le Céleri-rave de (jf.25 à 0C30
la pièce. — Les Champignons conservent leur
prix normal de 0C05 à OC 10 le manivcau. —
On vend les Salsilis de 0C25 à0f,30 lahotle, et
les Choux de Bruxelles, de O* . 30 à OC 40 le
litre.
Herbes et assalsomements. — L’Ail seul est
augmenté dans cette catégorie de denrées ; on
Î\EVCE commerciale (DEUXIEME QUINZAÎAE DÉ MARS).
140
li; paie de 4 à G fr. au lieu de 3 à 5 fr. le pa-
(|uet de ^25 hottes. — Les Epinards ont atteint
le prix de 0L70 le paquet; aujourd’hui ils coû-
tent de 0L30 à OLGO. — L’Oseille est toujours
cotée de ()f.30 à 0L40 le paquet. — Le Cerfeuil
se vend de OCIO à 0f.20 la hotte au lieu de
(Jf.lO à 0C30, et le Persil de Qf.20 à ÜC30. —
La Ciboule et le Thym valent de 0C10 à OC15
la hotte; ce dernier a vu son prix maximum dimi-
nuer de OClü en quelques jours. — li’Echalote
est cotée de 0C40 à 0C70 la hotte^ et l’Estra-
gon de 0L50 à 1 franc.
Salades. — La llomaine ordinaire vaut UCG^O
la hotte de quatre têtes; la plus helle, qui s’était
vendue i fr. vers le milieu du mois de mars, est
revenue au prix da 2 fr. — La Laitue la plus
commune se paie encore 4 fr. le 100; celle de
))remiére qualité est descendue de 14 à G fr.
dans l’intervalle du IX au 2;^ mars. — Les Pis-
senlits se vendentdeOf.iOàüCXOle kilogramme.
“ Le Cresson ordinaire vaut de OCGO à 1 fr.
la hotte de 12 hottillons, avec une hausse d'en-
viron 0C30. — La Chicorée frisée est toujours
cotée de 3 à 12 fr. le 100.— La Chicorée hlan-
che se vend de OC 15 à 0C25 la hotte. — L’Es-
carole se paie de 5 à 8 fr. le 100, sans chan-
gement de prix depuis quinze jours. — Les
Mâches valent de 0C15 à OC 30 le calais, et les
Raiponces, de 0C30 à 0C35.
Fruits frais. — Le Raisin de serre le plus
ordinaire se vend 2C75 le kilogr, ; il y a une
Laisse de 1C25 depuis ({uinze jours ; le plus
beau vaut toujours 8 fr. le 100. — Les Poires
médiocres, après avoir valu 70 fr. le 100, sont
redescendues à 50 fr. ; celles de helle qualité
se vendent encore 115 et 120 fr. — Les Pommes
communes valent toujours 5 fr. et les plus
belles 100 fr. le 100.
Fleurs et arbustes d'ornement. — Les mar-
chés aux Heurs du commencement de cette
(piinzaine ont été particuliérement remarqua-
bles et ont présenté une animation exception-
nelle. C’est que la Saint-Joseph est une des
grandes fêtes et une des premières de l’année
)>ar son importance. Cette solennité est, tous
les ans, pour l’horticulture parisienne, le signal
d’un réveil, d’une helle et abondante exhibition
llorale, en même temps qu'elle est pour les
ileuristes une occasion de fructueuses recettes.
La température exceptionnellement douce dont
nous avons joui cet hiver, le tem})s magnifique
(pi’il faisait, notamment le 17 mars, ont parti-
culièrement favorisé le marché du Quai aux
Heurs de ce jour, et ont donné lieu a une des
])lus belles expositions marchandes qu’il nous
été donné de voir.
Plantes fleuries en ])ots> — Azalées, 2J.50 à
15 fr. — Acacia (Mimosa), 1C50 à 2C50. —
Auhrietia deltoïdea, 0C15 à 0C30. — Arahette
printanière, ÜU5 à 0C30. — Anthémis fru-
tescent, 1 fr. à 2f.50. — Anémone hépalhique,
UC 10, à OC75. — Amandier de Perse à Heurs
doubles, 1C25 à 2 fr. — Amaryllis hrasiliensis,
2f.50 à 5 fr. — Rruyéres du Cap (Phylica), 1 fr.
à 1C50. — Bégonia, OC75 à 1C50. ■ — Rruvéïes
(Erica), OC 40 à 4 fr. — Crocus, 0C25 à 0C5tC
— Camellia, 3 fr. à 15 fr. — Citronniers, ICto
à 2 fr. — Cinéraires, 0C50 à 1 fr. — Coronilia
glauca, 0C50 à 1 fr. — Cyclamen, 2 fr. à 2C50.
— Coignassier du Japon, 1C25 à 1C50. — Cy-
iioglosse printanière, 0C15 àOC25. — Capiuli.e
ile Lohh, 1C50 à 2fr. — Crassula lactea, 1 C50. |
— Correa, 1C50 à 2 fr. — Chorizema, 1C5(» à
2C50.’ — Clematis azurea, 2 à 3 fr. — Diosma,
1 à 2 fr. — Daiiliné, 1C50 à 2 fr. — Dielyli a
spectahilis, 0C75 à 1C50. — Doronic du Cau-
case, OC25 à 0C5O. — Deutzia gracilis, 0f.75à
1C50. — Epacris 2C50 à 3 h\ — Eicoïdes,
0C50 à 0C75. — Euchsia, 1 fr. à 2C50. — For-
sythia viridissima, OC75 à 1 fr. — Cenista ra-
cemosa, 1 fr. à 5 fr. — Cirollées jaunes, OC25
à Qf 50. — Cirollées Cocardeau, 0C50 à 1 fr. —
Gardénia, 2C50 à 5 fr. — Héliotrope, 0C50 à
Ifr. — lloteia japonica, 3 à 4 fr. — llahrothan: -
nus, '1C25ÎI 1C50. — Jacinthes, 0C50 à 1 fr. —
Kalmia latifolia, 2C50 à 10 fr. — Kennedya,
1C50 à 2 fr. — Lihonia Horihunda, 1C50 à 2fr.
— Lilas, 1 à 2 fr. — Lachenalia, OCGO à 1 fr.
— Laurier-Tin, 1 fr. à 2C50. — Metrosideros,
lC50à3 fr. — Narcisses, OCIO à 0C50. — Or an-
gers (abondants et bien Heuris), 2C50 à 15 fr.
— Œillets remontants, 1C25 à 1C50. — Pitlo-
spôrum de la Chine, 1C50 à 5 fr. — Pervenche
petite, 0C20 à 0C40. — Pensées, OC15 à 0C30.
— Pà(|uerettes doubles, OC 15 à 0C30. — l'o-
lygala, 2 à 3 fr. — Primevères des jardins,
ÔC20 à 0C30. — Primevères de Chine, 0C30 à
0C75. — Pélargonium, 2C50 à 10 fr. — Pime-
lea, 2 à 3 fr. — Rhododendrons, 3 à 15 fr. —
Rosiers du roi et autres, 1C50 à 2C50. — Ro-
sif3r Bengale Lawrence, OC 50 à OC 75. — Ré-
séda, Of.75 à 1C25. — Rochea falcata, 1 fr. à
lf.50. — Solanum amomum, 0C50 à Of.75. —
Spirées, Of.75 à lf.50. — Saxifraga sarmen-
tosa, Of.75 à 1 fr. — Salvia cardinalis, lf.25 à
lf.50, — Stapelia, Of.75 h 1 fr. — Tulipes,
Qf.25 à Qf.50. — Thlas})i toujours Heuri, Of.75
à lf.50. — Véronicjues, 1 fr. à 2f.50. — Vie-
Jette des quatre-saisons, 0f.l5 à 0f.30. —
Violette de Parme, 0f.50 à Of.75. — Weigelia,
1 f.50 à 2 fr.
Plantes vertes et à feuillage ornemental
pour vases et appartements. — Aspidistra, 2f.50
à 15 fr. — Agave, lf.50 à 10 fr. — Aloès, Of.75
à 5 fr. — Areca, 10 à 20 fr. — Acacia lophanta,
Of.75 à lf.50. — Aucuha, lf.50à2fr. — Achyiaui-
thes Verscliaffellii, 1 fr. à lf.5ü. — Rillhergia,
5 à 10 fr. — Régonia, Of.75 à lf.50. — Cype-
rus alternifolius, Of.75 à 4 fr. — Cordyliue
indivisa, 10 :i20fr. — Crassula lucida, 1 à2fr.
— Canna, Of.75. — Chamerops, 5 à 15 fr. —
Curculigo, 5 à 15 fr. — Cinéraire maritime,
Of.75 à"lf.25. — Dracœna ruhra, ff.50 à 5 fr.
— Dracœna congesta, Of.75 cà 2f.50. — Dra-
cœna australis, 2f.50 à 5 fr. — Dracœna hra-
siliensis, 3 à 5 fr. — Dracœna terminalis, 5 à
1 5 fr. — Ficus, 2f.50 à 15 fr. — Fusains, Ôf.50 à
lf.50. — Fougères, Of.75 à 5 fr. — Gynérium
argenteum, 2f.50 àlOfr. — Géranium à feuilles
de Lierre, lf.50 à 2 fr. — Iris à feuilles pana-
chées, 0f.50 à Of.75. — Isolepis gracilis. 0f.50
à Of.75. — Joubarbes, Of.25 à 0f.50. — Lyco-
))odes (Sélaginelles), 0f.50 à 1 fr. — Latania,
10 fr. à 25 fr. — Mahonia, 1 à 2 fr. — Panda-
nus, 8 à 25 fr. — Phormium, 3 à 10 fr. — l’er-
venche panachée, Of.75 à 1 fr. — Rhapis, 10 a
l?fr. — Richardia (Calla d’Ethiopie), Of.75 à
1f.50. — Saxifrages, Of.50 à 1 fr.
Plantes en boanâches. — Les plantes en
arrachis commencent à arriver en assez grande
(juantité; leur ]U’ix varie, suivant les cs[)èces,
entre lf.25, 1f.50 et 3 IV. la hoiirrichécjde six,
douze ou vingt-ipialre [liantes.
A. Eciuaa.
CHKONIQUE HORTICOLE
(OHEMIÈHE QEINZAIN.E D’AVRIL).
Les Expositions horticoles de J 806. — Procliaiiies Expositions de Montauhan, de Nantes. — Extension du
rôle des nistituteurs primaires en horticulture. — Fondation de la Chronique aqrv:ole de l’Ain — Envoi
g;ratuit de ce journal aux ineinhres des associations agricoles et horticoles de l’Àin — Prochairips Exposi-
tions de Doses et d’OKillets à Bourg; de Strashourg, de Yalognes. — Mesure prise parla commission de
1 Exposition universelle de Londres, pour l’affichage du prix sur les plantes exposées. — Vente aux enchères
(tes produits exposes. — Sociétés adhérentes à l’aftiliation avec la Société royale d’horticulture d’Âu'vleterre
roposition de concours de gan;ons jardiniers dans les Expositions. — Questions mises au Concours par-
les Sociétés d horticulture du Klmne et de Marseille. — Cours d’arboriculture de M. Gressent, dans l’Indre
et dans Seine-et-Oise. — Lettre de M. Palmer mvVEchinoeaehis horhonihalonvm.— heüvc, (ie M Cosson
sur la decouverte de V Aines numidica, — Exploration hotaniciue de l’Algérie. — Etude des climats alcc-
riens au point de vue de l’acclimatation. — Notice sur Henri de la Perraudière. — Lettre de M d’Au-
vers sur 1 emploi de l’Igname contre le scorbut de mer. — Lettre de M. Sisley relative à la destruction
des ciiocerespar le coaltar. — Floraison de V Amherslia nobilis à Chatsworth, ’
La série des expositions horticoles vient
de commencer, pour 180(3, avec le mois
d’avril. Aussi devons-nous nous hâter de
taire connaître les programmes qui nous
parviennent encore pour celles de ces solen-
nités qui doivent avoir lieu au printemps.
La Société d’horticulture et d’acclimata-
tion'du département de Tarn-et-Garonne
tiendra, à Montauhan, du 9 au 13 mai, une
exposition de tous les produits de l’horti-
culture et des arts qui s’y rattachent; les
dispositions du programme sont celles qui
sont adoptées ordinairement pour la plupart
des exhibitions horticoles.
Nous avons annoncé dans une de nos
dernières chroniques, mais sans en indi-
quer la date, l’Exposition qui doit avoir lieu
a Niantes, dans la première quinzaine de
mai ; l’époque précise vient d’en être tixée
du 3 au G. Pendant la durée du Concours
agricole régional, un concours y est ouvert
pour récompenser les instituteurs commu-
naux du département de la Loire-Inférieure,
qui se consacrent à l’enseignement de l’iior-
ticulture dans leurs écoles. L’émulation
excitée parmi les instituteurs des campagnes
en laveur de l’art de cultiver les jardins se
répand rapidement, comme on le voit. Elle
commence dès aujourd’hui à porter ses
Iruits. Les niodestes propagateurs de l’in-
struction primaire deviennent désormais des
autorités en horticulture. Lfn journal qui
vient de se fonder à Bourg, sous le nom de
Chronique agricole de CAin, lait spéciale-
ment appel au dévoue.nent des instituteurs
du département, en les considérant comme
de précieux correspondants pour sa rédac-
tion. Cette bonne opinion sera justifiée, nous
n’en doutons pas, et nous appelons de tous
nos vœux le moment où il en sera ainsi
pour toute la France.
Nous venons de parler d’un nouveau jour -
liai s’occupant d’horticulture . Qu’on nous per-
mette ici de lui souhaiter la bienvenue. La
Chronique agricole de CAin, journal des
Comices et des Sociétés d’horticulture, de
viticulture et hippique du département, est
fondée par M. le comte Léopold Le lion,
président du Comice agricole de Bourg ;
Son comité de rédaction est dirigé par
16 Avril 1865.
M. Mas, président de la Société d’horticulture
de la même ville. Elle paraîtra deux fois
par mois et sera envoyée grdtuilemeiit à
tout membre des Comices agricoles et des
Sociétés d’horticulture, de viticulture et
hippique de l’Ain, ainsi qu’à tous les insti-
tuteurs primaires du département. Cette
généreuse mesure est due à la libéralité de
M. Le Hon, qui s’est engagé à soutenir per-
sonnellement le journal pendant la période
difficile de ses débuts.
La Chronique agricole de F Ain publie
dans son premier numéro les programmes
de deux Expositions spéciales qui auront
lieu à Bourg, le dimanche 10 juin, pour les
Boses,et le dimanche 8 juillet, pour les Œil-
lets. Dans chacune dé ces Expositions, deux
concours sont ouverts, l’un pour les collec-
tions de plantes en pots, l’autre pour les
collections de Heurs coupées. Les récom-
penses consisteront dans les médailles et
mentions ordinairement accordées, et, de
plus, en deux exemplaires du livre : la
Taille du Rosier^ par M. Forney, pour les
lauréats des Roses, et en deux exemplaires
de l’ouvrage : Cullure de rOEillel, pour
les exposants de cette dernière plante.
Il y a quinze jours nous avons mentionné
l’Exposition qui aura lieu à Strasbourg , pen-
dant la tenue du Concours régional agricole,
du 17 au 27 mai. Cette solennité s’annonce
comme devant être très-importante. Elle est
ouverte à tous les amateurs et horticul-
teurs, sans distinction de localités. La So-
ciété d’horticulture du Bas-Rhin y distribue-
ra un grand nombre de médailles pour une
valeur de 2,000 fr.; parmi ces médailles,
plusieurs proviennent de la libéralité des
souverains, du ministre de l’agriculture et
du département du Bas-Rhin. Les déclara-
tions des exposants doivent être faites avant
le 10 mai, au président ou au secrétaire gé-
néral de la Société, à Strasbourg. Il est fâ-
cheux seulement que cette solennité alsa-
cienne coïncide avec l’Expositionuniverselle
d’horticulture qui aura lieu à Londres.
L’époque de l’Exposition de la Société'
d’horticulture de Yalognes, dont nous avons
déjà parlé il y a deux mois, vient d’êlre
avancée par suite de sa concordance avec
8.
142
CHR ONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE Ü’AVRlLj.
celle des courses du, Coteutin. Elle aura
lieu du li au 14 aoû t, au lieu du 19 au 20
août.
Nous avons déjà U'eçu le programme d’une
Exposition d’autonnne. C’est celle qui s’ou-
vrira à Bourg, du 15 au 17 septembre pro-
chain. Les légumes, fleurs, fruits, arbustes
et instruments d’horticulture y prendront
place dans dix-sept concours, pour lesquels
la Société propose des médailles d’argent
et de bronze, et même des sommes d’argent,
comme cela aura lieu pour celui affecté à la
culture maraîchère.
Les préparatifs de l’Exposition interna-
tionale de Londres se poursuivent avec acti-
vité. La commission organisatrice vient de
publier dans son règlement une clause des-
tinée à protéger les intérêts des exposants.
Il est permis par cet article d’afficher les
prix sur les plantes exposées. Le Gardeners^
Chronicle s’étonne que la presse horticole
britannique ait jusqu’ici gardé le silence sur
cette utile mesure, et en examine la valeur
avec une grande sagacité. « Voilà, dit-il,
un nouveau trait qui s’ajoute au caractère,
à la physionomie de nos expositions, et qui
est tout entier à l’avantage du commerce;
Les visiteurs s’empresseront à coup sûr d'a-
cheter des spécimens de cette grande exhi-
bition. De leur côté, les exposants pourront
en élever les prix, afin de se dédommager
des frais que le transport et l’établissement
de leurs productions leur aura coûtés. Les
exposants étrangers auront en outre l’avan-
tage d’être ainsi dispensés de remporter
leurs plantes. »
Assurément, cette mesure sauvegarde les
intérêts des exposants, et c’est une honnête
compensation aux dépenses considérables
que cette exposition leur fera faire; mais il
semble que les arguments indiqués par le
Gardener s' Chronicle ne sauraient sur tous
les points convenir à la situation présente.
Cette spéculation de l’exposant sur le visi-
teur désireux d’enrichir sa collection d’un
produit d’une exposition destinée à faire
époque dansl’histoire de l’horticulture, cette
spéculation, disons-nous, choquera sans nul
doute l’esprit de la plupart des horticul-
teurs. On exagère peut-être la portée d’un
article, utile en lui-même, mais dont les der-
nières applications mercantiles sont loin de
la dignité de la grande et solennelle exhibi-
tion qui se prépare.
Le Gardener s' Chronicle a appelé l’atten-
tion sur un autre procédé, probablement
plus efficace et certainement plus digne
que le précédent. Les intérêts des exposants
sont également sauvegardés, et la commis-
sion exécutive , qui s’est plusieurs fois
inspirée de la presse pour établir des me-
^îures, pourra fort bien adopter la proposi-
tion du journal horticole anglais. 11 s’agirait
'*tle la vente aux enchères des productions
horticoles .aussitôt après la fermeture de
l’Exposition. « Ce n’est pas la première fois,
dit le rédacteur, que pareille mesure est
prise dans les expositions de ce genre,
nous en trouvons un précédent dans le Con-
grès horticole d’Amsterdam. » Il y aurait là
un moyen de constater vers quelles sortes
de plantes le goût public est spécialement
porté, et l’empressement des visiteurs à ac-
quérir telle ou telle production constitue-
rait un jugement en dernier ressort, dans
lequel les exposants non récompensés par
le jury pourraient en appeler de cet oubli
devant le suffrage universel des visiteurs.
Nous avons annoncé dans notre dernière
chronique (p. 122) la mesure libérale que
venait de prendre la Société royale d’horti-
culture d’Angleterre, à l’égard de toutes les
Sociétés horticoles de la province, en se
les adjoignant comme associées. Nous avons
aujourd’hui sous les yeux la liste des Socié-
tés provinciales qui ont déjà envoyé leur
adhésion. Nous y remarquons principale-
ment les noms de la Société royale d’horti-
culture d’Irlande, des Sociétés d’horticulture
de South-Kensington, de Watford, de Sou-
thampton, deNevvbury, des Sociétés horti-
coles et botaniques de Manchester, de Devon,
d’Exeter, de Durham, de Northumberland,
de Newcastle-sur-la-Tyne, etc. Cette longue
liste, dont nous ne faisons pas ici l’énumé-
ration complète, et qui doit s’augmenter
encore de l’adhésion d’autres Sociétés de la
province, témoigne de l’attention dont l’hor-
ticulture et les sciences qui s’y rattachent
sont l’objet dans les comtés de l’Angleterre.
Il serait à désirer, que nos départements
fussent le siège d’un semblable mouvement ;
car si l’horticulture est en faveur dans cer-
taines contrées de la France, il en est d’au-
tres oû elle est presque complètement
inconnue.
Puisque nous parlons d’expositions hor-
ticoles, nous croyons utile de signaler une
• proposition qui a été faite dernièrement à
la Société d’horticulture de Meaux, et qui
tend à instituer des concours d’un nouveau
genre entre les garçons jardiniers. L’auteur
de cette proposition, M. Delahaye, est d’avis
que le mode d’attribution des médailles et
primes dans les expositions ne remplit
pas entièrement le but qu’on se propose,
qui est de reconnaître et de récompenser le
mérite là oû il se trouve. En effet, pour ce
qui concerne les longs services des jardi-
niers, par exemple, sans méconnaîlre la
valeur de ceux qui restent longtemps dans
une maison, celte durée prolongée de séjour
ne prouve-t-elle pas souvent plutôt leur
probité et leur bonne conduite que leur
savoir et leurs capacités? D’un autre côté,
dans les concours de légumes, de fruits et
de fleurs, sans nier davantage l’importance
I que l’on doit attacher à la beauté et au
, >
CHRÔNiyiJE IIORTICÜLE (PREMIÈKE QÎ lN/i’lNK J)‘^AVRIL)^ • A\
nombre des lots, n’est-ce pas souvent la
position du maître et sa possibilité de con-
sacrer de fortes sommes à. cet objet, qui
j constituent la supériorité? Se fondant sur
ces considérations, M. Delahaye voudrait
donc que, dans les expositions, fussent in-
stitués des concours entre garçons jardi-
niers, dans lesquels, outre les bons services,
on récompenserait les connaissances que
pourraient ' avoir, les prétendants sur les
questions les plus importantes de la culture
des Heurs, des légumes et des fruits, ainsi
que’ sur les notions élémenlaires de bota-
nique et de classification des plantes. Nous
portons cette idée à la connaissance de tou-
tes les Sociétés horticoles, dansTespoir que
plusieurs d’entre elles sauront la mettre à
profit. , , • ,
, — Un excellent moyen d’exciter le pro-
grès ■ et . l’étude . des : grandes questions à
l’ordre du' jour consiste dans la mise au
concours - de" ces ' questions.' C’est ce que
font en ce moment’ la Société impériale
d’horticulture pratique 'du , JUiône , ^ et la
Société d’horticulture de Marseille. La pre-
mière de ces associations offre un prix de
dOÜ fr. à l’autéur du meilleur . mémoire
traitant de l’eau et des, arrosements en hor-
ticulture. Les concurrents 'devront indiquer
les influences-' diverses d’humidité, atmo-
sphérique (pluie, néige; etc), -les ^ qualités
des eaux employées^ lés conditions de leur
emploi,, leurs; caractères', et insister parti-
culièrement sur .l’arrosement , en tenant
compte des saisons, des sols, des modes
, d’arrosage, et surtout de la nature des es-
pèces et des conditions de leur, végétation.
Les mémoires devront être adressés avant
le 31 décembre 1860, terme de rigueur, à
M. Cusin, secrétaire général de la Société,
au Palais des Arts,’ à Lyon. '
La Société d’horticulture de , Marseille
propose de son côté une prime de 500 fr.,
des médailles d’or, de vermeil et d’argent,
aux auteurs d’un manuel d’horticulture ma-
raîchère spécial à l’arrondissement de Mar-
seille, qu’elle jugera dignes de ces récom-
penses. Voici les dispositions du programme
à remplir : . ,
Plan et disposition d’un jardin potager; . ^
2o Calendrier pour les diverses cultures niaraî-
clicres; i ,
30 Choix des espèces et des variétés les plus ap-
propriées au climat de l’arrondissement, les plus
productives et les plus propres à la vente ; • .
i'’ Désignation des meilleurs instruments de cul-
ture;
5° (adture, défoncement, labours,' fumiers, en-
grais, amendements et arrosements; .
- Go Culture des primeurs et culture. forcée; moyens
a employer pour obtenir les produits les plus'avan-
tageux; , ,
70 'Semis, multiplication et soins à donner aux
plantes potagères ; , ; , , ,
• 8« Maladies des végétaux; • .
90 Insectes et animaux nuisibles qui attafjuent
les potagers dans le pays; mode de préservation et
de destruction ;
iQo Evaluation des frais de culture et du jnoduit.
Les mémoires doivent être remis avant le
31 mars 1867. ?
— Nous avons annoncé, dans notre nu-
méro du 16 février ;dernier (page 6*2), les
cours faits à Paris par M; Gressent. Le pro-
fesseur Orléanais va’ continuer son ensei-
gnement nomade par l’ouverture, du cours
d’arboriculture et de potager moderne fondé
par le département de Plndre,' la villc et la
Société d’agriculture de Châteauroux. Les
leçons commenceront le 25 avril. Elles se-
ront publiques et gratuites tous les jours à
l’hôtel-de-ville de Châteauroux, et dans des
jardins, du 25 avril au 12 mai.
Le 15 mai, M. Gressent ouvrira, salle de
Eécole communale de Rueil (Seine-et-Oise)
le cours particulier d’arboriculture et de
potager moderne, fondé par les’ propriétai-
res de cette localité et des environs. Il fera
des leçons, théoriques à 7, heures et demie
du' soir," à l’école communale, ' les mardi ,
jeudi'et samedi, du 15 mai au 21 juin; et
des leçons - pratiques', le malin ’ des mêmes
jours.- 11 faut s’adresser à M: Binet, proprié-
taire, 62, rue de l’Empereur; à.Bueil (Seine-
et-Oise) pour obtenir des cartes 'd’entrée.
'• — On a pu,lire,;dans le dernier'n'uméro
de la; Revue (page 137), l’article par’ lequel
M. Lemaire répondait à plusieurs ^critiques
que lui avait' adressées .M. . Palmer, dans
une note précédente sur V Echinocaclu^ Iw-
rizontlialonius.' M. ■ Palmer • aujourd’bui
nous demande la parole pour réplicjuer au
savant professeur de Gahd.‘ Sa lettre discute
les caractères botaniques de la belle Gaclée
en question, et nous pensons qu’elle éclair-
cira définitivement ce point. M. Palmer
s’exprime en ces termes :
« Monsieur le Directeur,
« youlez-yous .mc' jierinetlre (piebpies mots
en réponse 'à ce que i\l. Lemaire a écrit dans
le dernier • numéro do la Revue touebant mon
article (page 350,- volume de 18()5 de la Revue
horticole) sur V Echinocactus ' horizonUdonius,
ou comme le dil'plus correctement' et' classi-
quement l’honorable et savant botaniste, hori-
zovihalordus. • ■ • •
11 huit' l’avouer, quoique jiossédant tout ce
que j’ai .)»u me procurer chez - Itaillière de l’i-
conographie des CactéeSy in-folio,’ par -Ch. Le-
maire,’ Cousin, éditeur, je n’ai 'jamais lu cet
ouvrage'' et. j’ignorais que ce - fût’ M. Lemaire
qui eût baptisé la plante en question. iMa cri-
tique juste, ou wjuste, n’était donc pas à sou
adresse^ et j’espère qu’il 'm’en tiendra compte.
•De plus, "je n’ai eu l’intention ble. critiquer qui
que ce . fût, ni la prétention de, disputer à ce
.nom sa raison, d’être; j’ai seulement, dans le
but d’être utile à mes, confrères,' tâché de m’en
rendre compte. y.l’ai écrit’ avec nia’ plante sous
'les yeux,‘ je n’y ai' vu 'rien d'horizontal., et je
l’ai ainsi raconté.
• (( Je' regrette que l’honorable et savant bo-
taniste ait mis si longtemps à formuler ses ob-
servations, car j’aurais pu de nouveau obser-
r.iluoKtejïfc ïicmiKiôïiK «’AViUL)
ver sur le vif. Ma coUecüoi^ e§f. dispersée depuis
et le n’ai pour le nioment d autres
data que sa^ planche ^ et la ptfenne, Si, ppy e
îeTai touiours supposé, areoi^, du dimmutii d a-
\ea qui signifie la même chose que celui d aXotev,
o,vo;% doit s’appliquer au coussinet plus ou
moins circulaire d’où naissent les epines, elle
idest horizontale ni dans Vune ni dans I auti e
de ces planches. Si au contraire le mot areole
s’applique à l’espace nu (car en grec conime en
latin il Y a les deux significations) compris entre
les coussinets, c’est toujourslameme chose. Je
ne vois rien d’horizontal, excepte sur je sommet
de la plante et là, pas plus que dans bien d au-
tres plantes globuleuses. , . , i-,
« L’honorable et savant botaniste nous dit
maintenant que, par Aoiif onîa/, il. entend irans-
versal. La question est videe, et je ne chicane-
rai pas sur la différence évidente entre ces
deux termes. Jecrois maintenant que ®Lhcmane
fait erreur en accusant ma pauvre plante d eti e
venue du pays et d’avoir été ensuite ®
une culture mal appropriée. Sans l
positivement, je la crois ispe de semis fait en
Europe, et que ce serait plutôt la sienne qui
serait venue du pays et serait déformée pai
l’âge comme semblerait le témoigner son allais
sement et sa forme turbinée.
(( Quant à ma remarque que la planche
péchait un peu par le colons, c est la tout a
fait une affaire d’appréciation personnelle, qui
ne peut avoir rien de blessant, et n enleve rien
de Vexactitude et de la supériorüe de la gni-
mre en taille-douce, etc., etc. On peut, sans
être un Aristarque, voir du vert ou
d’autres le voient plus cru; on peut meme etre
tombé sur un exemplaire mal colorie, et com-
bien ne s’en trouve-t-ils pas dans tous les
ouvrages coloriés à la main.^
« En disant rose rose 3e pensais non a
sa fleur, mais à la mienne; je cherchais, parmi
tous ces roses ; rose-carmine , rose-laqueux ,
rose-violacé, rose-pourpre, rose-carne et hien
d’autres aussi vagues que nombreux; et. Ans-
tariiue ou non, ayant trouvé mon affaire dans
les pétales de l’ancienne Cent-feuille, je m en
suis servi. Mais l’honorahle et savant botaniste
n’aura plus désormais à se plaindre de ma cn-
tique wiiiste et à mauvais escient. N ayant plus
de Cactées, je n’ai par conséquent plus rien a
en dire, quant à présent, dans les colonnes de
votre excellent journal, et permettez-nioi ici.
Monsieur le Uirecteur, de vous témoigner ma
reconnaissance de l’accueil bienveillant et
indulgent qu’ont toujours reçu mes petites
« Si triviales qu’elles aient pu paraîtr e a des
Yeux érudits, puissent vos lecteurs pratiques y
avoir glané quelque bonne idee., quelque ren-
seignement utile.
Agréez, etc.
° « Frédérick Palmer. »
— Yoici maintenant une autre rectifica-
tion relative à VAbies niiniidicdj dont
M. Carrière a raconté récemment la decou-
verte sur le mont Talabor. Cette reclihca-
lion nous est adressée par un savant bota-
niste, M. le D‘- Cosson, membre adjoint de
la commission scientilique de 1 Algérie,
président de la Société botanique de
France. En voici la teneur
« Monsieur le Directeur,
Dans un article récent de M. Carrière, pu-
blié dans le n« du 20 mars, page 10b, il est
question d’une forme nouvelle décrite comme
distincte de VAbies pinsapo, que M. de Cannov
aurait découverte, le 26 juin 1863, au Djebel
Talabor, montagne de la Kabylie orientale.
Dans ce même article, il est dit cependant
(deuxième alinéa de la page 106), par une
contradiction que je dois vous faire remarquer,
que les auteurs ont regardé cet arbre « comme
une variété àeVAbies pinsapo. » Si les auteuis
ont regardé l’arbre en question comme une
variété de VA. pinsapo, ils devaient necessm-
rement en connaître l’existence. — Plus loin,
dans l’extrait d’une lettre de M. de Lannoy se
trouve le passage suivant : « Arrive sur cette
montagne (c’était le 26 juin 1863)... Mes yeux
furent frappés par un grand nombre de^ Cedres
deTAtlas... Je ne fus pas longtemps à découvrir
l’Abies signalé et, en apercevant plusieurs sujets,
je ne pus m’empêcher de m’écrier : « Mais ce
n’est pas là VAbies pinsapo. » Si M. de Lan-
noy a pu s’écrier : « Mais ce n est pas la
VA. pinsapo, » il s’ensuit d’autre |)art quil sa-
vait déjà que l’arbre était signalé à cette loca-
lité, et que ce n est donc pas à lui que revient
le mérite de la découverte.
« Permettez-moi, Monsieur, de metonner
que M. Carrière, auteur d’un travail monogra-
phique sur les Conifères, et versé dans letude
des plantes, n’ait pas cru devoir rechercher
l’historique de cette importante découyerte bo-
tanique. Cela, cependant, lui eût été bien facile
s’il eût consulté les collections du Muséum
d’histoire naturelle ou les publications dans
lesquelles la découverte est consignée. — De
magnitiques échantillons, munis de cônes deye-
loppés, ont été publiés, en 1861, par es soins
de M. Kralik, conservateur de mes collections
et l’un des collaborateurs habituels de mes ex-
plorations en Algérie. La plante, dans un Ex-
siccata édité par lui sous le nom de Planlœ
Algeriensis selectœ, porte le n» 144 ^t est déter-
minée par moi Abies pinsapo, yar. Bioorensis.
I.es échantillons ont été recueillis, le 2l juillet
1861, par MM. A. Letourneux, H. de la ier-
raudière, Kralik et moi, ainsi que par M. Lain-
bert alors inspecteur des forêts de la subdi-
vision de Dône, etM. Michelangeli, atlaclie a
l’administration des forêts du cercle de Djidjel-
li qui nous avaient demandé à s’adjoindre a
notre excursion scientifique. — La constatation
de l’Abies au Talabor, le 21 juillet 18bl, est
d’ailleurs établie par les passages suivants de
deux de mes publications, que j’ai 1 honneur de
vous adresser :
« MM. A. Letoiimeux et H. de la Perraudière
rencontrent les premiers pieds de VAbies pinsapo-
var. Baborehsis; en couper quelques rameaux, et
nous les apporter silencieusement pour nous mena-
cer le plaisir de la surprise que devait nous causer
cette belle découverte, fut pour eux une agreab e
satisfaction, car ils connaissaient l’extreme larete
de VAbies pinsapo, qui, jusqu’ici, “ ^'^'’^itete obsenc
que dans deux localités de l’Espagne méridionale »
(Bulletin de la Société botanique de t rance, seance
du 27 décembre 1861, t. viii, p. 607 )
« Fne variété du Pinsapo {Abies pinsapo, var. ha-
borensis) croit avec lui (le Cedre) dans les mont. -
gués des Babors, et ce magnifique arbre est un des
Srnemenls de ces belles forêts... » {Annuaire de la
Société impériale d' Acclimatation poui Idùo,
page 299).
fcHHONipH; itOKTlCOf^E QtlIN^AlNE !)’AVKlî,).
« J’our compléter riiistorique de la véritable
découverte de VAbiefi pinsapo,\Sir. Baborensis,
je dois ajouter que M. le capitaine de Guibert,
qui avait pris part à une des expéditions des
' Babors, avait signalé à mon ami, M. A. Lelour-
neux l’existence dans ces montagnes d’un Sapin
que les Kabyles distinguaient des autres Coni-
fères du pays sous le nom de Temeurt, et que
c’est précisément la recherche de cet arbre qui
a été l’un des principaux buts de notre explo-
ration des Djebel Tababor et Babor, où, d’au-
tre part, était indiqué vaguement un chêne spé-
cial que nous y avons également observé et que
nous avons reconnu être le Quercus castaneœ-
f'olia, connu jusqu’ici seulement dans les mon-
tagnes du Caucase.
« Voilà l’exposé des faits dans toute leur pré-
cision.
(( Il me paraît en résulter pour tout esprit
impartial que la découverte de VAbies pinsapo,
var. Babor ensis, n’appartient pas à M. de Lan-
noy, et que si l’arbre constitue une espèce nou-
velle (ce dont je doute, en raison de l’étude
attentive que j’en ai faite, bien que je l’eusse
d’abord inscrit dans le manuscrit de la Flore
d’Algérie sous le nom tVAbies (Picea) Babo-
rensis)^ le nom pécifique doit, selon les lois de
l’équité et celles de la priorité, être Baborensis
imposé par moi à la forme végétale dont la
constatation scientifique est due à mes compa-
gnons de voyage et à moi, ce nom étant consa-
cré par la publication d’un Exsiccata qui figure
dans tous les grands herbiers et par deux pu-
blications successives répandues dans le monde
savant.
« Veuillez agréer, etc.,
« E. CossoN. »
Les deux publications dont parle!. Cos-
son dans sa lettre sont d’abord une brochure
sur l’Algérie étudiée surtout au point de
vue de l’acclimatation; puis une notice sur
la vie, les recherches et les voyages botani-
ques de Henri de la Perraudière. Dans le
premier de ces ouvrages, M. Cosson décrit
les climats des différentes parties de l’Algé-
rie, qu’il divise en région méditerranéenne,
région montagneuse et région saharienne.
De cette étude, il déduit des conséquences
très-intéressantes sur la possibilité d’intro-
duire ou d’étendre la culture des espèces
utiles européennes dans notre colonie et
les conditions dans lesquelles devrait s’ef-
lectuer cette culture.
Henri René Le T ourneux de la Perraudière
était un naturaliste distingué que la mort
enleva, il y a quelques années, presque à la
ileur de 1 âge. La botanique était sa science
de prédilection; et bien qu’il n’ait eu le
temps de publier aucun ouvrage important,
il s était livré à des explorations scientili-
ques très-étendues sur toute la surface de
1 Algérie, en compagnie principalement de
son ami M. Cosson. C’est le récit de ces
voyages que ce dernier a consigné dans la
seconde brochure dont nous parlons, et où
il a rendu un juste hommage à la mémoire
de son ancien compagnon de périls et de
latigues.
l4è
«-M. Morsoii aprupusé dans une note in-
sérée il y a quinze jours (page 131, n^» du
avril), d’employer les racines du Dioscorea
batatas comme préservatif du scorbut au-
quel sont exposés les marins. Mais il paraît
que ces racines contiennent un principe âcre
qui pourrait être funeste, comme le dit
M. d’Auvers dans la lettre suivante :
(( Monsieur le Directeur,
« L’année dernière, j’ai préparé pour mon
usage de la fécule d’igname. En agitant l’eau
dans laquelle j’avais râpé mes tubercules, j’ai,
ainsi que la personne qui m’aidait, éprouvé au
bras et à la main un sentiment de cuisson ana-
logue à celui qui résulte de piqûres d’orties,
accompagné de rougeur de la peau. Je ne puis
attribuer cet effet, qui s’est reproduit toutes
les fois que j’ai agité des pulpes fraîchement râ-
pées, qu’a une substance âcre, contenue dans l’I-
gname, qui disparaît à la cuisson, ainsi que cela
arrive pour plusieurs autres plantes alimentai-
res ; mais qui pourait rendre malsain l’emploi
du Dioscorea batatas à l’état cru, comme anti-
scorbutique.
« A mon goût, la fécule d’igname est très-
délicate, et si elle était plus connue, je crois
qu’elle prendrait une place fort importante
parmi les substances alimentaires.
« Veuillez agréer, etc.
« E, d’Auvers.
Nous remercions nos correspondants du
soin qu’ils mettent à nous envoyer toutes
leurs utiles observations, et M. Sisley a par-
faitement raison, dans la note suivante, de
rappeler les avanta«ges du coaltar pour dé-
truire les insectes.
« Monsieur le Directeur,
(( Les criocères font le tourment des ama-
teurs de Lis et tous ont sans doute eu, comme
moi, l’ennui de leur faire une chasse continuelle
sans pouvoir s’en débarrasser.
« Cette année, j’ai eu à les combattre depuis
janvier et, à mesure que j’en détruisais, il en
arrivait d’autres.
« J’eus l’idée, il y a quinze jours, d’employer
le moyen indiqué par!. J. Lemaire, c’est-à-
dire le coaltar, ou goudron de gaz, mélangé à
de la terre, et que j’ai placé aux pieds de mes
Lis. Depuis ce jour je n’ai plus vu de criocères.
« J’engage donc les amateurs de ces belles
plantes à en faire l’essai.
« Agréez, etc.
« Jean Sisley. »
Le coaltar pourrait probablement être
remplacé avec avantage par des dissolutions
d’acide phéiiique.
— On a plus d’une fois parlé de VAm-
herstiâ nobilis, que M. Gibson rapportait,
il y a quelques années, d’une périlleuse ex-
pédition dans l’Inde centrale, et qu’il adres-
sait en Angleterre au duc de Devonshire,
qui lui avait confié cette mission scientifi-
que. Peu de personnes ont eu l’occasion de
voir les belles fleurs de cette plante, dont
les descriptions nombreuses sont fort loin
de s’accorder chez les différents auteurs. Le
Gardeners’ Chronicle annonce qu’un magni-
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’AVRIL).
lique spécimen de VAmherstia nohilis vient
de fleurir à Chalsworth et que l’heureux
propriétaire l’a exposé à Soutli-Kensington,
sous les yeux de la réunion botanique men-
suelle, qui a siégé le 30 mars dans cette
ville. L’avantage d’observer directement
cette rare production exotique n’a appar-
tenu qu’à un nombre restreint d’amateurs.
Nous, que les distances ont obligé d’y -re-
noncer, nous souhaitons qu’il puisse) en
résulter pour la botanique une description
complète et indiscutable. J.-A. Barbal.
UN COUP D’ŒIL SUR LA NOUVELLE-CALÉDONIE.
Les lecteurs de la JRmtP savent déjà que
M. John Gould Veitch, i+qui vient de faire
une longue et fructueuse exploration horti-
ticole au Japon, est revenu tout récemment
en Europe, après avoir visité l’Australie et
nombre d’îles et d’archipels dans 1 océan
Pacifique. En attendant que l’horticulture
mette à profit ses nombreuses trouvailles,
nous pouvons donner, d’après un récit que
nous extrayons de sonjournaP, un aperçu
de l’état actuel de notre colonie de la Nou-
velle-Calédonie. Cet aperçu d’un établisse-
ment trop peu connu en Europe, et auquel
semble réservé un bel avenir agricole et
forestier, ne peut manquer d’avoir pour
nous de l’intérêt.
Rappelons d’abord que la Nouvelle-Calé -
donie, située au nord-est de la Nouvelle-
Hollande, est traversée par les et 21e pa-
rallèles ; elle est par conséquent en pleine
zone torride, mais le climat en est fort
adouci par la vaste étendue de mer qui l’en-
toure de tous côtés. Étroite et allongée du
nord-ouest au sud-est, elle est parcourue,
à peu près dans son axe, par une chaîne non
interrompue de montagnes, dont la hauteur
n’arrive guère qu’à 1,200 mètres au-dessns
du niveau de la mer. Quoique peu élevée,
cette chaîne est pour l’îleun grand bienfait,
car il en descend de tous côtés d’innombra-
bles cours d’eau qui entretiennent la fpî-
cheur dans les vallées et les plaines avoisi-
nantes, et y rendent le sol admirablement
propre à l’agriculture. Vu de la côte, le pays
paraît dénudé, mais son aspect change à
mesure qu’on avance dans l’intérieur, et, en
approchant des montagnes, on est surpris
de l’étendue et de l’épaisseur des forets
qu’elles recèlent. Dans la plaine, la végéta-
tion diffère à peine de celle de la Nouvelle-
Calles du Sud, étant presque uniformément
composée de Mélaleucas et d’Eucalyptus,
mais elle devient au contraire riche et va-
riée dans la région montagneuse.
A Port-de-France, qui est aujourd’hui la
capitale de l’île, le gouvernement a créé
une vaste exploitation agricole, à laquelle
est annexé un jardin de naturalisaüon des-
tiné à recevoir des végétaux exotiques de
toutes les parties de la terre.' et ceux qui y
sont reconnus propres à la culture sont dis-
Journal of M. Gouhl Veilch, ûurituj a Irip iotha
Auatraimn (‘ohnien and Ihe soûl h sea islandft.
tribués gratuitement aux colons. C’est par ce
jardin que le Caféier et la Canne à sucre ont
été introduits et propagés dans l’île; ils
y réussissent fort bien, et le moment n’est
vraisemblablement pas éloigné où leurs pro-
duits seront pour elle une source consi-
dérable de revenus.
Le jardin de naturalisation est sous la
direction de M. Pancher, ancien employé
du Jardin des Plantes de Paris, que beau-
coup de ses anciens collègues se rappellent
encore. Jardinier et botaniste à la fois,
M Pancher a eu l’heureuse idée d’y réunir
à peu près toutes les espèces de plantes que
d’assez nombreuses explorations ont fait
découvrir dans l’île, de sorte qu’on a sous
les yeux, dans un espace très -circonscrit,
le tableau presque complet de sa flore,
telle du moins qu’on la connaît aujourd’hui.
Le moment du passage de M. Could Veitch
à Port-de-France coïncidait avec l’hiver du
pays>aussi y avait- il alors peu de plantes en
fleurs ; il en a cependant trouvé quelques-
unes qui lui ont paru mériter d’être notées,
ehtre autres deux ou trois Eranthemimiy
quatre Oxera, et parmi eux VOxera pul-
chellûy aux grands panicules de fleurs blan-
ches, qui ferait, dit-il, une excellente plante
de serre en Angleterre ; deux Jiisticüi, et une
Rignoniacée probablement nouvelle, qui se
distingue par la blancheur de ses fleurs par-
fum ée"s. Mais la flore calédonienne est sur-
tout riche en arbres et arbustes à feuillage
persistant etornemental. U Avüucorici Cookii
et le Bammara oblma abondent, pour ainsi
dire, aux portes mêmes de la capitale.
VAraucaria Rulei et VAraucaria inter-
medin{ce dernier n’est qu’un arbrisseau) se
trouvent seulement dans le nord de l’île ;
mais, pour la taille et la beauté, aucun de
ces arbres ne peut soutenir la comparaison
avec les Araucarias de l’île de Norfolk et de
la côte orientale de la Nouvelle-Hollande.
Toutefois, le Bammara Moorei, qui est un
des plus grands arbres du pays, est fort re-
marquable.
La Nouvelle-Calédonie possède quatre
espèces de Palmiers, dont trois au moins
rentrent dans le genre Keniia, démembre-
ment de l’ancien genre Arec. On y rencon-
tre aussi d’assez nombreuses Ombellifères
frutescentes etbuissonnantes, au large feud-
lage ornemental; six espèces de Dragon-
147
UN COUP D’OEIU SUR LA NOUVELLE-CALÉ DONIE.
niers (Dracœna) ; un pareil nombre de
Pandanm et beaucoup d’Aral iacées ; le
Cycas drcinalis\ deux grandes Fougères ar-
borescentes du genre Ahophila, et une im-
mense quantité d’autres fougères simple-
ment herbacées.
Grâce aux travaux de MM. Ad. Brongniart
et Arth. Gris, la flore de la Nouvelle-Calé-
donie sera bientôt une des mieux connues
parmi celles de nos colonies, tandis que d’un
autre côté les expériences culturales de
M. Pancher mettront en lumière les ressour-
cesagricoles du pays. Ces ressources seraient
grandes si on en savait profiter. Sans parler
des plantes alimentaires de toute sorte qui
peuvent y être introduites, ou qui le sont
déjà, nous pouvons signaler le Teck de l’Inde
(Tertona (jrandis) et le Quinquina otticinal
{Cinchona offkinalis), comme les deux ar-
bres qu’il y aurait peut-être le plus d’intérêt
à y propager dès à présent, le premier pour
son bois incorruptible et que nul autre ne
saurait égaler pour les constructions navales,
le second pour son écorce, dont il est inutile
de rappeler le s propriétés. En fait de planta-
tions de Qui nquinas, les Hollandais et les
Anglais sont nos maîtres, et déjà ils recueil-
lent le frui t de leurs etforts, puisque les
Quinquinas plantés par eux dans l’île de
Ceylan ont/commencé à fleurir et à fructifier,
et que ce^jx de l’île de Java ne tarderont
guère à le,* faire.
Malherireusement, en fait de plantations
et d’essa is de naturalisation, nous ne sui-
vons les, Anglais et les Hollandais que de
loin. Si nous avons dans nos .colonies trois
ou qua tre jardins destinés à l’introduction
de nouivelles plantes utiles, nous n’en avons
pas un seul en France, ceux qui y existent
n’étai it rien de plus que des jardins botani-
ques, dont la mission est de conserver les
plan tes les plus vulgairement classiques. Ils
ont leur utilité, c’est incontestable; mais
ser/iit-il déplacé de donner à la métropole,
peuplée de 36 millions d’hommes, ce qu’on
a libéralement accordé à des colonies qui
103 comptent pas 200,000 habitants?
Naudin.
ÉPOQUE FAVORABLE POUR LE BOUTURAGE
DE QUELQUES PLANTES DE SERRE. — HL
A quelle époque doit-on bouturer les ar- ^
bustes et les plantes de serre ou d’oran-
gerie?
Je l’ai dit en commençant, et je le répète
ici : Lorsqu’on possède une serre à multi--
plication munie de son appareil de chauffage
et des ustensiles nécessaires, on peut fair e
des boutures en toute saison; Il est con-
stant néanmoins que la présence de la sève
est indispensable pour leur réussite et que
les premiers moments de son cours sensi-
ble sont préférables à ceux de son milieu
ou de sa lin. Le printemps sera donc, pour
la plupart des végétaux de serre ou de châssis ,
le moment le plus favorable. Je dis : pour
la plupart, car il en est quelques-uns qui
seront bouturés avec plus de succès au
commencement de l’automne, d’autres qui
reprendront plus facilement si vous opérez
le bouturage à la fin de novembre ou dans
le courant de décembre. Notez bien aussi
que les boutures des plantes sous-ligneuses,
faites au printemps avec des rameaux her-
bacés cueillis sur des sujets qui ont passé
l’hiver en serre, reprennent plus vite et
poussent plus vigoureusement que des mul-
tiplications faites à 1 automne avec des bran-
ches aoûtées, même lorsque ces branches
sont munies de leur talon.
Poursuivons maintenant, en nous plaçant
au point de vue de la petite culture.
Supposons d’abord un amateur qui n’a,
pour faire ses multiplication, s, que la baii-
‘ Voirie n° du l®'" avril, p, 124.
quette d’une bonne serre tempérée et quel-
ques cloches en verre plein.
H pourra, dès le commencement de fé-
vrier jusqu’à la mi-mars, bouturer les ra-
meaux tendres et herbacés des Fuchsias,
des Verveines, des Cupheas, des Chrysan-
thèmes, des Pentstemons, des Agératum,
des Pétunias, des Véroniques, etc. ; de quel-
ques plantes à feuillage ornemental dont il
aura mis pousser les pieds-mères sur une
couche chaude, comme les Ferdinandas,
les Schistocarpus, les Uhdéas, les Coleus,
les Argyranthes et autres.
Il placera toutes ces boutures sur la ban-
quette de sa serre, les couvrira d’une clo-
che, qu’il aura le soin de barbouiller, ou
d’ombrager avec un linge pour intercepter
la lumière.
Celui qui possède une bâche, ou seule-
ment un châssis, opérera de même sur la
couche tiède de cette bâche ou sous son
châssis. Dans ce dernier cas, le cotfre sera
assez élevé pour qu’une cloche puisse être
placée sous la feuille du châssis.
Plus tard et vers la fin de mars, il multi-
pliera, par les mêmes moyens, des Capu-
cines doubles, des Héliotropes, des Pivoines
sous-ligneuses, des Calcéolaires également
sous-ligneuses, des Justicias, des^Dalhias,
qu’il aura forcés sur la couche chaude, et
toutes les plantes à feuillage ornemental
qu’il n’aurait pu faire dans le mois de
février.
Au mois d’avril, les Bégonias prennent
U8 RPOQrE FAVOr.APLR POü\R LK ROUTCRAC
facilement de rejetons, d’éclals ou mmue
de feuilles; mais la couche chUude d’une
l)âche ou d’un châssis est nécehsaire pour
réussir complètement ce genre \ de multi-
plication.
A partir des premiers jours de\ mai, on
doit cesser le bouturage de printeirVps, pour
s’occuper de la séparation et du reimpotage
des boutures qui ont déjà fait racine. Les
jeunes plantes seront placées soi\is des
châssis ; on leur donnera de l’air progressi-
vement et l’on exécutera le pincememt pour
les faire ramifier. \
Les feux de l’été cessent enfin d’eri^ibra-
ser l’atmosphère; les rosées de la nuit ren-
dent à l’air sa fraîcheur et son élasticVité ;
notre amateur peut commencer, passez-imoi
le mot, la seconde campagne du boutura|ge,
la campagne d’automne : c’est, en effet, vèms
le mois de septembre qu’on multiplie ïes
Pélargonium et les Zonals; on n’a besoiln
pour cela ni de cloches ni de couches ni di3
serre chaude; il suffit de placer les boutu-
res sur des tablettes, dans une serre conve-
nablement ombragée.
Un peu plus tard, dans le courant d’oc-
tobre, on doit bouturer sous cloche les Sau-
ges et quelques-unes des plantes à feuillage
ornemental dont nous avons déjà parlé,
comme les Coleus et les Argyranthes par
exemple. Ces jeunes pieds passeront plus
facilement l’hiver et fourniront de bonnes
boutures au printemps. Il en est de même
des Verveines; si vous bouturez votre col-
lection à l’automne; si, dès que vous aurez
séparé et rempoté le jeune plant, vous le
placez dans une bâche ou sur couche et
sous verre; si en outre vous pincez à pro-
pos pendant l’hiver, vous aurez, dès les pre-
miers jours du printemps, une abondante
récolte de rameaux tendres et bien disposés
pour le bouturage.
Nous arrivons à la troisième campagne,
que j’appellerai la campagne d’hiver ; déjà,
le froid et les brouillards ont remplacé les
jours radieux; le soleil ne chauffe plus le
verre qui couvre vos serres ou vos châssis ;
vous ne pourrez donc plus bouturer avec
quelque chance de succès si vous n’avez à
votre disposition une bâche ou tout au
moins la banquette d’une serre, sous la-
quelle passera le tuyau d’un appareil de
chauffage; en un mot, pour faire des boutu-
res en "hiver, il faut leur donner ce qu’on
appelle, en horticulture, de la chaleur de
fond, et surtout les préserver de l’humidité
qu’engendrent si facilement dans nos serres
les longues pluies de décembre et de jan-
vier. Si donc vous pouvez remplir toutes
ces conditions, commencez dès la fin de
novembre la multiplication des arbustes à
bois dur comme les. Azalées, les Bruyères,
les Philiques, les Épacris, les Diosma, les
Pimelées, les Polygalas, le Pittosporum, le
F. DE QUELQUES PLANTES DE SERRE. — H.
Correa, et beaucoup d’autres du même
genre. C’est aussi le moment de bouturer
les Abutilons, les Bignonias , le Tcornn
jdsmiïioïdes, les Mimosas, Kennedya, Mé-
laleucas, Céanotes, etc.; à ces derniers
vous devez ajouter les Abelias, les Escalo-
nias, quelques Fusains et quelques Troènes
qui se vendent comme arbustes de pleine
terre; mais qui, de fait, ne ^supportent pas
la rigueur de nos hivers. A|je| grand soin,
en opérant, de ne pas emplof»f des terreaux
trop humides, servez-vous, autant que pos-
sible, de terre de bruyère pure à laquelle
vous ajouterez un cinquième de sable fin;
prenez de petits pots de 0™.03 à O'^.OT
d’ouverture, et ne placez qu’une bouture au
centre. Si vous n’avez que des vases plus
grands, mettez un bon drainage, ajoutez-y
même une pincée de charbon de bois con-
cassé, placez vos petits rameaux immédia-
tement au bord du pot en laissant entre
eux un espace de 0*”.02, scellez fortement
la terre et ne donnez qu’un très-faible arro-
sement. Lorsque tous vos pots se seront suf-
fisamment ressuyés, vous les enfoncerez
dans la tannée de votre bâche ou dans le sa-
ble de votre banquette, puis vous couvrirez
d’une cloche et vous tâcherez d’entretenir
une douce chaleur de fond; n’oubliez pas
aussi d’essuyer souvent l’intérieur de la
.cloche, d’enlever les feuilles et les boutures
qui pourrissent, parce qu’elles ne manque-
raient pas de nuire à celles qui se portent
bi'en.
C’est encore vers le commencement de
l’hiver qu’on fait les boutures des Conifères
et des arbres résineux. Il faut les étoutfer
sur couche chaude et sous cloche. Le choix
des rameaux que l’on veut bouturer n’est
pas indifférent. Si vous prenez des petites
braiirhes latérales, la plante poussera mal
et se fera difficilement une tête. On a spé-
cialement signalé cet inconvénient pour les
Abies, les Thuyas et les Araucarias; si, au
contraire, vous détachez la partie terminale
des grandes branches, vous obtiendrez un
sujet presque aussi beau que s’il provenait
d’un semis.
La multiplication des Conifères par le
bouturage est fort en usage de nos jours, il
a fallu erwployer ce moyen pour reproduire
les espèces rares dont on ne peut encore se
procurer facilement les graines.
En terminantje dirai : Tout le monde fait
des boutures ; bien des gens, sans se douter
des précautions si nombreuses, des moyens
si puissants employés par l’horticulteur
moderne, plantent le rameau du Myrte, de
l’Œillet, du Géranium, et voient prospérer
leurs cultures. Couragedonc, vous qui n’avez
ni cloches, ni serres, ni châssis; bouturez
dans vos jardins, sur vos balcons, sur vos
fenêtres; n’avez-vous pas vu maintes lois sur
Tappui de la ma.nsarde ces petites caisses et
ÉPOQUE FAVORABLE POUP. LE BOUTURAOE DE QUELQUES PLANTES DE SERBE. — II. 149
ces pots oi’i soiitpLanlées rpielques brandies
d’arbustes que recouvrent un verre à bière
renversé, ce simple et primitif moyen réus-
sit presque toujours, et, croyez-le bien, l’oli-
lenteur sera plus fier, plus heureux de son
succès que le plus riche amaleur entouré
de ses plantes rares et précieuses.
F. Boncenne.
LE PIIOSPIIO-GUANO APPLIQUÉ A L’HORTICULTURE.
Sous ce titre, M. le D»' Mabieux a lu à la
Société d’horticulture de Clermont (Oise),
un rapport dont nous croyons intéressant
de reproduire l’extrait suivant :
(( Depuis trois ans que le pliosplio-guano est
importé en Europe, il n’est pas encore lellemeiit
eniré dans la pratique de la culture qu’il ne soit
intéressant de faire connaître le résultat d’ob-
serVations faites à diÜérents point de vue sur
les effets de ce nouvel engrais.
« La grande culture, sous ce rapport, et
c’était son droit, a devancé la culture des jar-
dins. Le phospho-guano a été appliqué en grand
à la culture des racines et des céréales, et dans
notre arrondissement, bon nombre de cultiva-
teurs progressistes en ont constaté les merveil-
leux elfets.
<L II serait fâcheux que les horticulteurs ne
suivissent pas cet élan. Déjà la plupart con-
naissent toute l’utilité que la culture des jar-
dins peut tirer des guanos ammoniacaux appe-
lés communément guanos du Pérou. Qu’ils fas-
sent maintenant l’essai du guano phosphaté, et,
dans peu d’années, la science horticole pourra
s’enrichir de nouvelles données qui contrihue-
ront éminemment à la prospérité de la culture
des jardins.
(( Je résumerai en peu de mots les observa-
tions que j’ai faites cet été (1865) ; elles sont
assurément bien incomplètes. Je n’ai qu’un but
en les exposant, c’est de suggérer l’idée d’en
faire de meilleures.
(( Je me suis procuré en avril dernier un ton-
neau de phospho-guano : 100 kilogr. ont été
semés sur 40 ares d’un pré ([ui n’a jamais été
fumé. Un are de ce pré n’a pas reçu de guano
pour servir de point de comparaison. Le prin-
teinps ayant été d’une sécheresse excessive, la
récolte a été médiocre (250 hottes de foin), bien
supérieure toutefois à celle du pré voisin qui
n’avait reçu aucun engrais (200 bottes de foin
dans 50 ares). Après la récolte^ des pluies abon-
dantes sont arrivées ; le guano a été dissous
tardivement, a pénétré la terre, et voici ce qui
se remarque aujourd’hui : tout le pré oflre
une verdure plantureuse et une végétation qui
permettra de faire une seconde coupe satisfai-
sante. Quand je dis tout le pré, je me trompe;
il est aisé de remarquer cet unique are de terre
qui n’a rien reçu et qui tranche par son aspect
gris et maigre sur le reste de la prairie. Com-
bien de pelouses qui, parleur triste aspect, dé-
solent leur propriétaire, auraient à gagner à un
pareil essai.
« L’eftét incomplet produit par le guano en
poudre et sous l’influence d’une sécheresse per-
sistante fait pressentir tout l’avantage qu’il y
aurait à employer dans les jardins le guano en
solution. Je présente ici un spécimen des résul-
tats que j’ai obtenus d’une telle solution sur
quelques plantes d’ornement :
« Une feuille de Caladmn esculentum dont
le pétiole mesure 0m.80 elle limbe 0^.70^ pro-
venant d’un sujet planté, gros comme une noi-
sette, au mois de mars 1865. — Une feuille
de ]\lgandia caracasana, qui mesure 0»i.70
de longueur, coupée sur une bouture de mars
de la môme année. — Un pied de Canna
fligarilea discolor atteint aujourd’liui U‘\60 de
hauteur, et ses feuilles 0‘«.65 à 0"'.70 de lon-
gueur. — Un Uiicin planté en pleine terre me-
sure U". 80 de haut sur lm.50 d’envergure.
« De pareilles observations sans doute ne
peuvent compter que pour de simples aperçus;
mais ces aperçus sont démonstratifs pour les
yeux les moins clairvoyants, et j’ai la confiance
que prochainement on reparlera de cette ques-
tion, qui est la question vitale pour toute espèce
de culture. »
Les faits, fort remarquables assurément,
cités par M. le D‘’ Mabieux, sont corroborés
par un grand nombre d’autres résultats non
moins favorables au pbosplio-guano appli-
qué à riiorliculture. Il a été employé avec
un égal succès pour la culture des légumes
de toutes sortes, ainsi que pour celle des
plantes d'ornement et des arbres à fruits.
Ici, nous le voyons produire des choux
pommés de 10 kilogr. ; là des carottes de
2 kilogr. ; ailleurs des disettes de 18 kilogr.,
mais le plus grand mérite de l’engrais dont
il est question ici, c'est son action immé-
diate et énergique qui hâte la végétation
d'une manière si remarquable; au point do
vue de l’agrément aussi bien que du béné-
fice pour les horticulteurs de profession, il
n'est pas besoin d'insister sur l'avantage
qu’il y a à obtenir des primeurs, à voir les
plantes donner beaucoup plus longtemps,
comme cela arrive quand on hiit usage du
phospho-guano.
Et meme ceux qui s’occupent de la cul-
ture des plantes sur la plus petite échelle,
ceux de nos lecteurs qui sont obligés de se
borner à la culture sur leurs balcons ou de-
vant leurs fenêtres de quelques jolis végé-
taux en pots ou en caisses peuvent encore
utilement avoir recours à cet engrais puis-
sant. Toutefois nous devons remarquer ici
qu’il faut avoir soin de s’en servir avec le
plus grand ménagement, car autrement on
serait trop exposé à obtenir des résultats
diamétralement opposés au but qu’on pour-
suit. Nous nous sommes en effet servi du
phospho-guano avec un succès remarquable,
pour rendre plus active et plus vigoureuse
la végétation des plantes cultivées en pots, en
ajoutant à l’eau qui servait à les arroser de
faibles quantités de cet engrais.
150» . . . LE PlïOSPHO-OUANO APPLIQUÉ A I/HOUTICULTUnE.
; NouS,croyons,' par. ces diverses raisons,
devoir -recommaniler à nos lecteurs, d’une
ina'nière toute particulière, 'l’emploi du
pliosplio-guano dans les dilTérents genres
de culture.
, , J. Grcenland.
UN. NOUVEAU RÀIDISSEUR.
Nousmccupant depuis quelques années de
palissage d’espaliers par le. fil.de fer; ,nqus-
avon's'reconnu la nécessitéjde;pouVoirîopé-
rermnedension régulière. par, une manipula-
tion' facile. Après plusieurs essais sur les
raidisseurs connus jusqu’à ce jour, nous
n’avons rien trouvé qui pi'd réunir, avec la
simplicité, la solidité et la célérité dans
l’action sans le secours embarrassant d’une
clef,' que nécessitent tant d’autres systèmes
de<raidisseurs. Nous avons donc imaginé, le
petit instrument (fig. 14) que nous présen-
tons aujourd’hui aux amateurs d’espalier.' Il
consisie dans une petite bande de fer.
de O'". 10 ou 0«ul2, large de 0"^.02, et
épaisse d’environ 3- millimètres, dont da
•tête/ un'.peu . plus large et arrondie, est
■ miinie d’un rivet à tète aplatie. La tige de
, cé rivet ésf percée d’un trou si l’on passé le
fil de fer avant de le fixer à l’espalier. Une
lofs le fil de fer accroché, on n’a qu’à tourner
lé raidisseur sur lui-même autant de demi-
tours, que le cas l’exigera, après quoi on
c’aura, qu’à arrêter le bout inférieur de l’ins-
trument sur le fil de fer, au moyen d’une
petite rainure pratiquée au bout, sur l’ex-
trémité recourbée.
Au moyen de ce raidisseur, le maître
Fig’. H, — Raidisseur Carbou.
comme l’ouvrier ..pourront, toutes les fois
qu’ils passeront devanfleurs palissages, don-
ner lia. tension ' nécessaire sans l’em haras
d’une clef. ‘
• Le prix de ce raidisseur varie, depuis
0L20 jusqu’à 0L50, suivant que l’instru-
ment est plus ou moins bien fini. '
J. -R. Carüou.
A l’Estagnol, ù Carcassonne.
CANNA DÉPUTÉ HÉNON.
i La. belle, vai;iété de Canna que reprérente,
une. des plancbes. coloriées de ce numéro esti
une plante ^élevée, rentrant, pour le «port et ^
le feuillage,' dans la catégorie des .variétés*
glauques i et .fastigiées issues du ; Canna
glaucà, teWes que les Canna Nepolensü ei
Annæi.' *■*::' , :
Ses feuilles sont dressées, ovales.. lancée-'
lées, longuement acuminées à chaque ex-
trémité, aiguës au sommet, peu nombreuses
et bien distancées sur les tiges; leur teinte
est glauque ou vert de mer. Comme dimen-
sions, elles rentrent dans les feuillages
moyens de leur section.
'Les inflorescences, nombreuses, s’élèvent
franchement au-dessus du feuillage. Elles
forment des panicules, peu rameuses, ovales-
cylindriques, dressées, à divisions divari-
quées, supportées par. des rachis tri-
quêtres au sommet, d’un vert, glauque uni-
forme..; Les gaines primordiales ; et celles
des -fp.^dles sont vertes, scarieuses sur les
bords;;é. ;.: '
Les*'fl«urs.*se complenl parmi les plus
grandes du genre. .Elles sont sessiles, gé-
minées,'bien distancées, étalées, épanouies'
en forme de ‘Lis. Elles sont accompagnées,'
à leur insertion,' par des écailles basilaires
imbriquées,’ courtes, ovales-aigues, embras-
santes,’ semidiapbanes, glaucescentes, sca-
rieuses aux 'bords. .
' Les, trois lobes extérieurs du périanthe
(sépales) sont dressés inégaux, ovales-oblongs
I aigus, profondément* canaliculés, à bords
’ convolutés et d’un rouge-aurore foncé plus
intense sur les bords. ‘ '
Les trois divisions intérieures (pétales)
sont pétaloïdes, ovales, obtuses, mucronées,
atténuées en onglets soudés entre eux par
la. base. Leur Virnhe (lamea) est plan, étalé,
d’un beau jaune de ' chrome mélangé de
gomme-gutte, • intérieusement vergeté-
flammé de rouge-pourpre vif à la base ainsi
que' sur les deux appendices pétalo'ides qui
portent l’étamine et le pistil.
. Les fruits sont sphériques, côtelés, ru-
gueux'’d’iin vert uniforme. ,
> Le Canna Député/IIénon est. une plante
( . 3. R R3 D e P U l e H é n 0 U
hnp Zanote r. des B onlaii^ers,l3. f a
^ hmZ
CANNA DÉPUTÉ HÉNON.
151
lyonnaise. Elle a été obtenue en 1805, dans
son jardin de Montplaisir près Lyon, par un
amateur des plus éclairés, M. Jean . Sisjey,
dont elle a dignement récompensé les essais
persévérants de fécondation artiüciélle. • '
Voici dans quelles circonstances M. Sisley.
raconte la naissance de cette belle plante :
« J’ai fécondé, m’écrivait-il en septembre,
dernier, le Camia pîirpHrea-spectabllis,h feuilles ‘
veinées comme \e discolor et à ûeursrouges, par
le (]anna Nepalensis, à feuilles glauques et à'
WeuYs jaunes . ; . . . . : . , .
a J’ai récolté 14 graines qui, semées le
27 février, ont Henri dans les premiers jours du
mois d’août. Sur ces 14 plantes, sept ont.
le feuillage veiné comme la mère et sept le
feuillage unicolore comme le père, mais tous
les quatorze ont les Heurs orange plus ou moins
foncé, comme si un peintre avait mélangé du
rouge et du jaune sur sa palette .
« J’avais aussi fécondé le Canna Pie IX (de
Hantoimet),par le Canna Bonneüi de Lyon. Je
n’ai récolté que deux graines, qui ont produit
deux plantes dont le feuillage est comme celui
de la mère, mais plus développé. La plante
a le port du Nepalensis, X où; sort le , père,
f.es Heurs sont d’un beau jaune vifavec'on-
glets aurore, comme dans Pic JX; mais elles
sont grandes et s’étalent bien, et se dressent
nettement au-dessus du feuillage. »
Le Camia Député Hénon est une de ces
deux dernières plantes. . ,,
Il sera.. mis au commerce ce printemps,
par M. Cbaté, horticulteur à Paris, 40, bou-.
levard Picpus. t , , - - .
Voilà ‘un acte de naissance net, précis, '
en bonne et due forme, et qu’il serait bien,
à désirer que les autres semeurs imitassent
un peu plus. • , . .
Rien n’est plus regrettable et malheureu-,
sentent plus commun que cette négligence,
de tenir compte des circonstances dans les-
quelles sont nées les nouveautés mises au-
commerce. . ^
M. Sisley,’ grâce à Dieu, fait partie, du!
petit nombre dés intelligences soigneuses;
qui n’abandonnent rien au hasard et ^ qui
tiennent, compte des moindres détails, sajj
chan{ que rien n’est petit dans le domaine^
de la science et de l’observation. , , ;
Depuis plusieurs années il poursuit sans
relâche ce grand problème de l’améliora-;
tion des Heurs dans le genre Canna. - Il < est!
persuadé 'que le luxe des inflorescences.
elTacèrandans peu celui du feuillage de ces!
belles . plantes, et il nourrit l’espoir de proL
voquer celte révolution féconde. Pour, lui/ les
Balisiers, doivent aspirer, comme floraison/,
à de. hautes, destinées. Naguère encore -il
m’entretenait de ces espérances : , < . ;
(( Voyez le Dahlia, disait-il, quel chemin
il a fai't/r II n’avait au début ni feuillage,)
ni fleur,, et cependant il a trôné dans nos
jardins pendant près, d’un demi-siècle. ». ,
, Ici je demande la permission d’arrêter
■ un instant l’enthousiasme de M. Sisley et de
lui dire publiquement mon opinion. Il a
* souvent donné Jui-meme l’exemple de cette
liberté d’appréciation, il sait trop combien
- je l’estime et l’bonore pour ne pas me per-
mettre d’en user'de même â ssn endroit.
Je crois fermenient â l’amélioration des
; variétés, même perfectionnées, des Balisiers
que nouS; possédons. J’ai suivi de trop près
î les curieux résultats obtenus par M. Année,
^ au début de’ la! culture en plein air de
ce beau genre, pour, ne pas bien augurer de
‘ ses perfections futures. Après avoir vu des
transformations étonnantes, comme les Ba-
' lisiers glauques,! les pourpres, les grands
feuillages, les nains, les métissages entre
les plantes les. plus distinctes au premier
I aspect, je, ne doute pas que les nouveautés
’ augmentent encore. . -
' Mais je crois aussi que les 'modifications
se, maintiendront dans une certaine limite,
, et que celles qu’on a déjà obtenues indiquent
assez un but qu’on ne dépassera pas. Re-
marquez bien que les Balisiers ont déjà plus
..varié quel.es Dahlias, à beaucoup près, et qu’il
n’y a pas, entre les plus belles plantes de
■ ce dernier genre et le Dahlia apporté du
Mexique en 1789, la différence qu’on trouve
entre le Canna, spectahilis et le Canna
nigricans par exemple.’sLeLeuillage, dans
, les Dahlias, a infiniment peu varié ; il consti-
tue jusqu’ici au contraire; .la principale mo-
dification dans les Balisiers. -
Ah! si'le genre Canna se composait d’un
I grand nombre ' d’espèces, solides et bien
^distinctes,' qu’on pût'^ féconder- entre elles,
comme les genres Rhododendron etAzalea,
on obtiendrait sans 'doute » des écarts consi-
;dérables qu’on pourrait'même diriger vers
■un; but déterminé :à Tavànce. Mais quoi
i qu’on en ait dit et,écrit,'je;ne crois pas aux
j espèces de Canna, de.la, plupart dès botanis-
j tes,- et si j’émets libremént cëtte opinion,
C:est que j’ai en naani! lésimatériàux d’une
I étude et d’une expérimentation de six an-
I liées. Comme . beaucoup ; d’autres ,' j’avais
; cru , un moment à : l’authenticité dhiir ’bon
• nombre d’espèces et, 'entraîné inêrne par un
penchant spécial, — .quejje consérvè encore
! en entier, — vers ces, belles ‘plantes; j’avais
I entrepris d’éclaircirilaisynonymie.du'geiire
i et d’en publier un ' essai’., de' monographie,
i ; Mais, après plusieurs! annéèsnde -travail,
' après avoir; expérimenté sünila plus belle
I collection qu’on ait jamaisVéuhie,' — .grâce
î aux.soins de la ville de Paris; compulsé de
; nombreux auteurs:, Roscoëj 'BQuéhè, lès, ou-
vrages anglais et aRemandsy'jlai’. dû.; aban-
donner le projet d’élucider cesiénèlA-es,' et
j[en suis arrivée à i-reçonnaÙfe'/que, des
soixante ou quatrèrA’ingts 'espèces' accep-
tées etdécrites, il é.tait im.poçsilile d’en re-
garder plus de* CINQ 'Comme'.sérieuses. Ce
sont les Cnn m/ Indlca,' glaiica , flaccida,
152
CANNA DÉPUTÉ ÎIÉNON
iricUflora et liliiflora. Et encore les deux
premières espèces ont tellement joué entre
elles qu’on ne saurait affirmer qu^elles n’ap-
partiennent pas à un type commun. Quant
aux trois autres, la fécondation artificielle
n’a pas encore réussi à les métisser d’une
manière sérieuse. Si on y parvient, ce qui
n’est pas impossible, on peut dès à présent
prévoir dans quels. sens seront modifiés les
produits qui en sortiront.
Or je conclus de ce qui précède : qu’il ne
faut pas nourrir l’espoir d’obtenir ces fa-
meux Balisiers à fleurs grandes et fournies
comme les Glaïeuls, sur lesquels M. Année
comptait autrefois, mais non plus mainte-
nant;
Que les Balisiers sont encore suscepti-
bles d’améliorations dans toutes leurs par-
ties (témoin le succès récent de M. Sys-
ley): mais que les modifications futures ne
dépasseront pas indéfiniment le cercle de
celles qu’on a déjà obtenues;
Que les espèces du genre Canna sont trop,
peu nombreuses pour qu’on espère obtenir
par l’hybridation des caractères saillants
autres que ceux des variétés connues :
Qu’enfin les différences, même légères,
que les semeurs obtiendront dans le sens
de l’amélioration suffisent cependant à en-
courager les nouveaux essais de fécondation
arlificielle.
Cette digression terminée, je félicite, au
nom de tous les amis des jardins, M. Sisley
de son succès, en lui en souhaitant de nou-
veaux, s’il persévère dans ses travaux, ce
qu’il ne saurait manquer de faire. Il a pour
cela de très-bonnes raisons : d’abord un
véritable talent d’horticulteur raisonnant
toutes ses opérations, le feu sacré, l’amour
profonddes plantes, et un peu, j’ensuis sûr,
l’espoir de démentir mon appréciation un
peu hardie contre l’amélioration indéfinie
des Balisiers,
Ud Andpé.
SARCOPODIUM UNIFLORUM.
Le nombre des publications horticoles
illustrées s’est augmenté l’année dernière
par l’apparition d’un nouveau recueil fort
utile et fort intéressant, publié sous la sa-
vante direction de M. le docteur 0. Au-
demans, professeur de botanique à Amster-
dam.
Le Nceiiands Plant en tuin(iaiYàm des plan-
tes des Pays-Bas) est un de ces ouvrages qui
attachent une importance égale aux beautés
du règne végétal, qu’elles soient déjà d’une
introduction ancienne ou bien quelles soient
des nouveautés adoptées quelquefois plutôt
par la mode que par un véritable sentiment
de la beauté. Nous aurons très-prochaine-
ment l’occasion de rendre compte à nos
lecteurs de cette belle publication d’une
manière spéciale. Aujourd’hui nous intro-
duisons le Neerlands Plant en tnin dans le
cercle des journaux dont nous rendrons
compte périodiquement dans la Revue hor-
ticole, en donnant d’après lui la figure co-
loriée d’une plante curieuse.
La belle Orchidée qui fait le sujet de cet
article n’est pas précisément une nouveauté
pour les amateurs de cette riche famille;
néanmoins une figure fidèle sera, nous
l’espérons , la bienvenue chez nos lec-
teurs. Introduite de Java en Angleterre dès
l’année 1847, elle fut décrite et figurée la
même année dans \e Rolanical Register, ynY
Lindlef . Les espèces corn posant le genre Sar-
copodiuni étaient comprises autrefois parmi
les Rulbojdiyllum : Lindley les établit eiï
genre distinct. Les Sarcopodiinn forinent
en quelque sorte un groupe intermédiaire
entre les Dendrolnuni et les BnlbophyP
luni. — Comme dans les De7'idrobiuni on
trouve aussi, dans la fleur du Sarcopodimn
quatre masses polliniques bien distinctes;
mais, tandis que, dans le premier genre, les
parties florales sont minces et à moitié
transparentes, elles sont, dans l’autre, épais-
ses et charnues. — Voisin du Bulbophyllmn
par ses pseudo-bulbes courts, elliptiques, le
Sarcopodimn s’en distingue par la grandeur
de ses fleurs, par un développement plus
considérable des masses polliniques et par
l’absence des excroissances en forme de
cornes sur le gynostême.
Le SarcopodiiiM uniporim, demande la
serre chaude; il peut néanmoins, pendant la
floraison, qui se présente en juillet, être
employé avantageusement pour la décora-
tion des salons.
Cette plante est épiphylle, comme un
coup d’œil sur la planche ci-jointe le fait
voir. Les pseudo-bulbes, gros comme des
œufs de pigeon, portent dans leur jeunesse
une seule feuille coriace, courtement pétio-
lée, lancéolée, carénée. Les fleurs solitaires
naissent à la base des pseudo-bulbes et sont
supportées par un pédoncule plus court
que les feuilles ; tout épanouies, elles ont
environ de diamètre et elles se com-
posent de trois sépales courbés en crochet;
de deux pétales étroits, également courbés;
plus courts que les sépales; d’un labelle pré-
sentant une partie supérieure très-mohile
cordiforme, bombée, se terminant en pointe,
et d’une partie inférieure charnue qui s’é-
largit à la base ; enfin d’un gynostême court
et épais. En dessous du petit capuchon qui
termine ce dernier organe et qu’on peut
ic Horticole .
i .J
rcop
0 d 1 um
rmri
O ru
rue des Boulan^ers^ Pa
lmp. Zanoce
SAllCOPODIUM INIFLORUM.
153
ouvrir comme une espèce de couvercle, on
aperçoit les quatre masses polliuiques
jaunes.
Les petites figures de notre planche pré-
sentent le labelle de la Heur vu de plusieurs
côtés, J, GrOENLâTIU.
ARBRE GÉNÉALOGIQUE DU GROUPE PÊCHER.- VIIP.
En admettant que la marche évolutive et
la formation des diverses races et rariétés du
groupe Pêcher, se soient montrées et aient
suivi dans leurs développements l’ordre
que nous avons indiqué, et qu’il en résulte
un arbre aussi régulier que celui que nous
avons représenté, ce n’est pas une raison pour
admettre que cette régularité doive persis-
ter indéfiniment. Non! Une pourrait en être
ainsi ! Rien ne pouvant durer éternellement!
Et, comme parmi les choses existantes, il en
est qui doivent durer beaucoup plus long-
temps que d’autres, certaines races devront
donc s’éteindre tandis que certaines autres
persisteront. Mais, comme d’une autre part
et en vertu de la grande loi de rénovation
générale, des races nouvelles devront appa-
raître, certaines branches aussi se dégarni-
ront et pourront même périr, tandis que
d’autres s’allongeront, d’où il résultera des
irrégularités, et qu’alors l’arbre, suivant les
temps où on l’examinera, pourra présenter
un tout autre aspect que celui qu’il présente
aujourd’hui.
On doit comprendre aussi que, toutes
choses égales d’ailleurs, l’arbre sera d’au-
tant plus ramifié qu’il sera plus ancien, ce
qui pourtant ne veut pas dire qu’il ira tou-
jours en augmentant. Non ! car en vertu de
la grande loi que nous venons d’énoncer, cet
arbre, après avoir atteint son apogée de
développement, devra s’affaiblir; puis, comme
toutes choses d’ici-bas, il devra disparaî-
tre! ! Quand, comment et pourquoi?
Dieu seul le sait!!!
Faisons encore observer que cet arbre
généalogique, on pourrait même dire idêolo-
Jogique, de l’extension successive que nous
supposons s’être produite dans le groupe Pê-
cher, peut, jusqu’à un certain point, dé-
montrer ce qu’on peut entendre par les ter-
mes rarièté^ race^ espèce. Nous pourrons
supposer, par exemple, (ce qui du reste ne
peut faire l’objet d’aucun doute), qu’avec le
temps il devra se faire sur différentes parties
de l’arbre des solutions de continuité, et
qu’alors il manquera à la chaîne un certain
nombre d’anneaux ou de chaînons, d’où ré-
sultera l’isolement de parties,qui, primitive-
ment, étaient reliées, et qui même, pour
ainsi dire, se confondaient ensemble, ainsi
que la présence de groupes éloignés, qui,
bien que provenant d’une même origine, de-
viendront alors très-distincts, et semble-
'' Voir la Revue de 1865, p, 292 35'(. et 417, et
les 11“^ du 1<?'- janvier 1866, p. 12 ; du 16 janvier’ p.
32 ; du 16 février, p. 71 ; du l^i- avril, p.'l25.
ront ne plus se rattacher à rien, sinon
de très-loin , ainsi on aurait alors des
groupes particuliers qui constitueront des
têtes de séries, auxquelles, suivant leur
importance, on pourra accorder une valeur
plus ou moins grande; par exemple, en
faire des embranchemenis, des ordres, des
classes, des familles, des genres, des c.s-
pèces, etc., etc.
Si au contraire on suit l’ordre d’évolution
régulière et successive, et qu’on suppose
celle-ci sans solutions de continuités, enverra
comment les parties s’accroissent continuel-
lement par l’adjonction de nouvelles varié-
tés, comment tout change de valeur àmesure
qu’on avance, et comment aussi ce qui n’é-
tait d’abord qu’une simple variété peut de-
venir le type d’une race, puis d’une espè-
ce, etc. D’où il résulte qu’on peut consi-
dérer les variétés comme étant des races en
herbes, races comme espèces naissan-
les, et les espèces comme pouvant et devant
même par la suite des temps, constituer des
séries plus importantes telles que familles,
classes, ordres, embranchements, etc., etc.
Tout cela sans faire intervenir ni mystère,
ni aucune force occulte, mais en admettant
seulement ce fait, si incontestable, qui n’est
que la conséquence de cette grande et uni-
verselle loi en vertu de laquelle tout être
tend non-seulement à se reproduire, mais
encore à se modifier continuellement dans
sa descendance afin de se mettre en harmo-
nie avec les milieux, qui, eux aussi ne sont
jamais, même un seul instant, complètement
les mêmes !
L’examen de notre arbre peut donc, jus-
qu’à un certain point, expliquer la présence
de racestrès-perfectionnées, relativement in-
variables, quant à leur reproduction, que l’on
rencontre aujourd’hui et qu’on ne sait plus
à quoi rattacher, parce qu’on ne retrouve
plus les types sauvages. On ne réfléchit pas
assez que, depuis l’origine de ces choses des
milliers, eu plutôt des milliards d’années,
de siècles peut-être, ont dù s’écouler, pen-
dant lesquels les types, qui présentaient
moins d’avantages que leurs descendants,
ont été délaissés pour ceux-ci, et qu’alors,
par la suite des temps, des changements de
milieu, et en vertu de l’universelle loi de
rénovation, ces types ont disparu. C’est là,
selon nous, la cause et l’explication tout à
la fois de la présence de la plupart de nos
plantes potagères et industrielles, de nos
céréales, ainsi que de nos animaux domes-
tiques.
ARBRE GÉNÉALOGIQUE DU GROUPE PÉCHER. - VIII.
154
Pour nous faire comprendre, prenons
deux plantes indigènes'et supposonsque,par
la culture on en obtienne des races très-
modifiées, bien supérieures par la forme,
par les dimensions et surtout par les quali-
tés, aux types dont elles sortent. Qu’arrive •
rait-il alors ? Qu’on abandonnerait complè-
tement les types. Supposons alors que ces
types se perdissent, il ne resterait donc
plus que les races auxquelles le temps et les
traitements, auraient pu communiquer les
caractères de permanence que nous rencon-
trons chez beaucoup de nos races domesti-
ques; races qu’on ne saurait plus à quoi
rattacher. Mais en supposant même que ces
types ne se perdissent pas, ne pourrait-il
pas arriver que les conditions de milieu et
de traitement dans lesquelles sont placés,
ou sont soumis les individus modifiés, ne
leur permettent plus de revenir au point de
départ? N’est-ce pas ainsi que s’effectue la
marche générale des choses? et si l’huma-
nité ne remonte pas le lleuve de la vie, qui
oserait dire qu’il n’en est pas de même de
tous les.autres êtres?
Du reste, c’est ce qui se passe encore de
nos jours, et, pour le démontrer, supposons
encore que d’un type qu’on cultive on ob-
tienne, dans un semis, deux variétés bien
distinctes; que ferait-on alors si ces variétés
présentaient des avantages sur le type ? On
abandonnerait celui-ci pour cultiver ces va-
riétés, qui, avec le temps, pourraient for-
mer des races, et, si au bout de quelque
temps on s’apercevait que l’une des deux
variétés est préférable à l’autre on la pren-
drait pour la cultiver seule. Mais, de celle-
ci et avec le temps, pourraient sortir d’autres
variétés qui, à leur tour, présenteraient des
avantages sur lesMypes dont elles sortent ; de
sorte qu’après avoit* suivi une marche mo-
dihcatrice, successive et graduée, on arrive-
rait à être très-éloigné du point de départ.
Si l’on suppose encore que ce dernier soit
un type dit sauvage qui existe encore sur
certains points éloignés du globe, ne pour-
rait-il pas se faire que les botanistes ne
pussent reconnaître ces individus comme
appartenant à la même souche, et qu’ils
fissent de la mère et de ses enfants des
groupes particuliers, que, suivant l’impor-
tance de leurs différences, ils élèveraient
au rang d’espèces ou de genres particuliers?
Le fait ne peut être douteux. On le trouvera
même tout naturel si l’on songe au nombre
d’années, parfois si considéraÏ3le, qui a dû
s’écouler entre le point de départ et celui
d’arrivê'ë) ainsi qu’aux influence si diver-
ses quifpnt dû s’exercer pendant tout ce
temps, ‘i I
On peut aussi à f aide de l’arbre généalo-
gique que nous représentons, et par les di-
visions subséquentes qu’il peut présenter,
à l’infini, par voie de descendance modifiée,
expliquer l’apparition et la fixation de nos
races d’animaux, tels que Poules, Pigeons,
Canards, Bœufs, Chevaux, Moutons, Co-
chons, etc., efc. Nous allons même plus
loin, et nous disons qu’on peut expliquer la
formation des races et des sous-races d’hom-
mes. En effet, il suffit pour cela de considé-
rer le tronc comme représentant un type
quelconque, et les diverses ramifications
qui en partent comme représentant les ra-
ces, les sous-races, les variétés, etc., qui
sont sorties de ce type.
On peut encore admettre que notre arhre
généalogique est la représentation du règne
végétal tout entier, par exemple , que le
tronc A représente les végétaux dont l’or-
ganisation est la plus simple, ceux qui, de
nos jours encore, sont si imparfaitement
connus, et qui semblent constituer le pre-
mier chaînon organique végétal, et qu’à
partir de là, la vie en même temps qu’elle
s’étend de plus en plus, est aussi de mieux
en mieux caractérisée, de sorte que la bran-
che-mère B B comprendrait les acotylédo-
nés cellulaires, que la branche-mère C C re-
présenterait les acolylédunés ; vasculaires ;
que la branche-mère D D représenterait
les végétaux monocoliflédonés et, enfin, que
la branche-mère E E représenterait les
végétaux dicotylédunés ; ei sl\ots que chacune
de ces grandes divisions, s’étendant ensuite
de toutes parts, et dans tous les sens, pro-
duit des formes, qui bien que parfois très-
différentes, se lient néamoins très-étroite-
ment les unes avec les autres.
Mais par la suite, et plus ou moins vite,
selon les cas, il doit en résulter, ainsi que
nous l’avons dit ci-dessus, que des formes
finissent par être très -distinctes, à cause
des solutions de continuité résultant, soit
d’extinctions partielles, soit de divergences
ou d’irradiations différentes.
Comme les branches principales de l’ar-
bre que nous représentons peuvent s’allon-
ger indéfiniment, que leur extrémité tron-
quée est là comme une sorte de pien‘e
d'attente, et qu’il en est de même de toutes
leurs ramifications, et qu’indépendamment
des ramifications qui existent, il peut s’en
développer indéfiniment à' ‘àuir es en donnant
alors au tout un aspect plus ou moins diffé-
rent, il s’ensuit que notre arbre pourrait
même servir de démonstration pour donner
une idée théorique de tous les êtres qui
existent sur notre globe’. Toutefois, nous
1 II ne faudrait pas supposer que nous voulons
dire qu’une seule plante, par suite de modifications
incessantes, a pu produire toutes celles qui existent
aujourd’hui, que par exemple, eu parlant d’un végé-
tal unicelullàire, ou ]>eut arriver au Ghéne, au Bao-
bab, au Seiiuoia (ii(i(mtea. Pris d’une manière aussi
absolue, ce principe exigerait, comme conséquence,
qu’on en fasse l’apiilicaiiou aux animaux, et connue
il estsouvent difficile, ou plutôt (pi’il est impossible
d’établir les limites qui séparent les végétaux des
animaux, il s’ensuit que Pou pourrait admettre que
ARBRE GÉNÉALOGIQUE I
BOUS eiiijif jssons de déclarer que nos pré-
tentions sont plus modestes, et que notre
but ici 'p’étant autre que d’essayer à çié-
montrer la marche évolutive et extej^Mve
qu’a dû suivre le groupe Pêcher, et ^ faire
suivre, à l’aide d’une figure théoriqde, l’ap-
parition successive des tribus, des sections,
des races et des sons-races qu’il comprend
aujourd’hui, nous nous en tenons, pour le
moment, à ces considérations générales,
désirant qu’elles puissent être de qiîelque
utilité en venant ouvrir les voies à d’autres
aute rs, qui, profitant de ce que nous avons
fait, pourront très* probablement faire mieux,
ce que nous souhaitons.
Pour terminer cette esquisse su rie groupe
Pêcher, faite en vue de démontrer l’exten-
sion d’un type, et la formation, à l’aide de
ses divisions successives, de sous-types se-
condaires, tertiaires, etc., etc., nous allons:
afin de démontrer ce que nous avons avancé,
que le Pêcher n’est qu’une forme de l’A-
mandier, examiner si, sans forcer ta main,
on peut opérer ce rapprochement ou cette
sorte de fusion, et lâcher de démontrer
aussi, comment, par une série indéfinie de
formes, on peut passer de l’Amandier au
Pêcher. Quant à ce qui concerne le Bru-
gnonnier, nous avons dit notre ojiinion.
Pour nous, il n’est qu’une modification du
Pêcher. Nous n’y reviendrons pas.
L’élude toute particulière que nous avons
les uns et les autres ont eu primitivement une
même origine, qu’une môme eellule a été leur ber-
ceau. Ce n’est pas tout, Tadmission de ce principe
en amène d’autres; par exemple, celui-ci : que tout
être, quel qu’il soit, et quelque réduit qu’on le sup-
pose, étant composé de parties qu’on est convenu
d’appeler molécules, on pourrait se demander pour-
quoi on n’admettrait pas que tout être a commencé
par une de celles-ci. Mais il y a plus; car, puisqu’on
admet encore que les molécules sont composées
d’rt^owes, pourquoi aussi n’admettrait-on pas qne
ces derniers sont eux-mêmes composés de par-
ties plus petites auxquelles la science n’a pas encore
donné de nom !
Qu’on ne l’oublie pas, la nature élanl une dans
son ensemble, c’est à nous, lorsque nous avons
besoin d’établir des coupes , d’agir conformément à
ce que commande la raison. Mais dans cette cir-
constance, d’où doit-on partir? Sur ce point, nous
fiisons nos réserves,
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ (
Séance du 22 février. — Dès la fin de
février, les produits hâtifs de la culture po-
tagère ont fait leur apparition sur le bureau
de la Société centrale. Le comité chargé de
l’examen' de ces produits a décerné une
prime de 2^ classe â madame veuve Froment,
de Montrouge, pour un lot composé de
Haricots nains de Hollande, de Concombres
verts anglais, et d’Asperges hâtives d’Ar-
genteuil. — A côté, l’on remarquait des
spécimens des cultures maraîchères de
l’Orne, envoyés par M. Dubois fils, consistant
ÇilOUPE PÊCHER. — VllI. ' Î55
faite des groupes Amandier ei Pécher nous
permet d’entreprendre ce travail, et d’es-
sayer de faire la démonstration dont nous
venons de parler. H est toutefois bien en-
tendu que, en tout ceci, nous ne pouvons
qu’émettre des hypothèses, en les appuyant
néanmoins sur des faits qui leur donnent
une presque certitude.
Ces faits, que nous allons faire ressortir,
auront aussi l’avantage de démontrer que
dans la série d’individus sortant d’un type
qui a ses caractères particuliers, il peut se
rencontrer des individus très-différents du
type dont ils sortent, et qui, â leur tour,
peuvent former des sous-lypes qui présen-
tent aussi des caractères tous autres que ceux
que présentait le type dont ils proviennent;
fai^ue la pratique démontre tous les jours,
qui a été mis hors de doute par tout ce que
nous avons dit du groupe Pêcher, et qui,
jusqu’à un certain point, peut aussi expli-
quer les diverses séries d’êtres qui se trou-
vent aujourd’hui à la surface du globe ainsi
que l’admirable et étroit enchaînement qui
existe entre eux.
Dans cette étude, on verra qu’à partir de
ce qu’on nomme une espèce, on passe insen-
siblement, par une série d’intermédiaires
qu’on nomme mnc/ê.s‘, à une autre espèce;
de même aussi qu’on passe, par une série
non interrompue d’espèces, à ce qu’on
appelle genre.
Si, dans certains cas, on éprouve des diffi-
cultés, et si même on ne peut pas toujours
rattacher les séries entre elles, ou même si
l’on ne peut parfois relier les uns aux an-
tres les individus d’une série sans qu’il y ait
des lacunes, c’est que dans l’arbre généalo-
gique qui représente le groupe dont on
veut indiquer l’extension, il y a eu, dans sa
marche extensive, des solutions de conti-
nuité, ou des irrégularités dans le dévelop-
pement de ses ramifications.
Après cette sorte de préambule, nous
allons aborder notre sujet : la démonstration
du passage des Amandiers aux Pêchers, et,
par suite, la fusion de ces deux genres.
G.vrrière.
ÎNTRALE D’HORTICULTURE.
en Céleris raves. Salsifis blancs. Carottes
blanches de Bretcnil, Carottes demi-lon-
pes. Navets de Meaux, Betteraves globe
jaunes et Choux-fleurs; ces légumes quoi-
que assez beaux, n’auraient pu soutenir la
comparaison avec ceux qu’obtiennent les
maraîchers parisiens.
A propos de culture potagère, M. de La
Roy rappelle un moyen qu’il a déjà indi-
qué pour protéger contre le ver blanc les
carrés de légumes et les fraisiers, moyen qui
est également efficace pour les arbres frui-
8ËANCKS m hk bociÉi'È ci
tiers. C*est la tannètî répandue en paillis,
ou en couverture d’une épaisseur de 0‘".05,
Ce remède a été conseillé par M. le D*'
Karl Koch, de Berlin ; outre l’avantage
qu’il olfre de préserver les plantes des ra-
vages de la larve dévastatrice, il fournit un
terreau excellent lorsque la tannée s’est
décomposée.
M. le président Brongniart relate à ce su-
jet les expériences effectuées avec succès
par M. Marsault, dans les pépinières de
Trianon,pour la destruction du ver blanc.
M. Marsault a employé la naphtaline mé-
langée avec de la terre par parties égales,
et il a répandu sur le sol 2 ou 3 litres de ce
mélange par mètre carré. M. Brongniart a
obtenu lui-même d’excellents résultats dans
des essais semblables, faits sur des plates-
bandes de Poiriers plantées de légumes.
De son côté, M. Bivière a voulu expéri-
menter, sur les pelouses du jardin du Luxem-
bourg, le mélange d’huile lourde provenant
de la distillation du gaz d’éclairage, moyen
recommandé l’année dernière par M. Pissot,
conservateur du bois de Boulogne (voir la
Revue de 1865, i). 399). B a parfaitement
réussi à faire périr les vers blancs, mais il
a tué en même temps toutes ses plantes;
VAchillea millefolimn seul a résisté, mais
non sans beaucoup souffrir. Il est présu-
mable que la proportion de 2 parties d’huile
pour 100 d’eau est trop forte pour les ga-
zons. Mais il est résulté des essais faits
au Luxembourg une observation assez inté-
ressante. Les entomologistes ont établi que
les larves du hanneton s’enfoncent, dans le
sol, en temps de gelée, jusqu’à une profon-
deur de 0"L40 : M. Rivière n’a jamais vu
les vers blancs plus bas que O^^.O!, même
dans le mois de décembre, par des gelées
de —6 degrés centigrades. Il est vrai que
ces gelées n’ont été cette année qu’acciden-
telles; l’absence de froids suivis, qui a laissé
à la couche superficielle du sol une par-
tie de sa chaleur, a peut-être permis aux
insectes d’y séjourner par exception pendant
l’hiver. , ,
Le comité de floriculture a decerne a
M. Louis Martin, d’Etiolles (Seine-et-Oise),
une prime de 3^ classe pour une Primevère
double obtenue de semis; la fleur de celte
variété offre un coloris rose cuivré, qui n’a
pas encore [été’observé jusqu’à ce jour.
Madame Léon, de Bayonne, a obtenu une ré-
compense de même valeur pour de magni-
fiques capsules de coton provenant de ses
essais d’acclimatation de cette plante.
On a déjà essayé de démontrer à la So-
ciété que, contrairement à une opinion an-
ciennement reçue, la fructificaiion des Or-
chidées dans nos serres n’est pas nuisible à
leur végétation. M. Rivière est venu mon-
trer encore un exemple frappant de la vé-
rité de cette assertion. 11 a apporté un Pha-
STllALE üllOKTlCfPmtE.
jus Waîlichii portant trois gousses iniires,
ce qui ne l’empêche pas d’être d’une vigueur
peu commune. Cette plante est, du reste,
ainsi que le Phajus grandiflorus, d’une
culture si facile, que les horticulteurs pour-
raient'la produire pour les marchés, où elle
serait certainement très-recherchée du pu-
blic. En attendant, elle montre que l’on peut
sans crainte laisser les Orchidées produire
des fruits féconds, car, comme l’a fait re-
marquer M. Neumann, l’activité végétale né-
cessaire à cette production entretient la vie
dans les pseudo-bulbes.
A tous les procédés de mise à fruits qu’on
a imaginés pour les arbres de nos vergers
est venu, dans cesMerniers temps, s’en ajou-
ter un nouveau. C’est la pression, que
M. de La Roy propose pour remplacer le
pincement, et qui consiste, non pas à couper
le rameau, mais bien à le comprimer à
l’aide d’une pince plate. Nous reviendrons
sur ce procédé lorsque nous aurons pu
constater ses effets.
M. Duchartre a fait part à la Société d’un
fait de végétation curieux qui a été observé
en Suisse, à Bàle. M. Mæsener, directeur
du jardin botanique de cette ville, recevait,
en 1852, un Aralia papyrifera venant,
croyons-nous, 'd’Amérique. Dans ces derniè-
res armées, il vit sortir du pied de cette plante
une Orobanche d’espèce inconnue, qui
grandit rapidement et aurait sans doute
étouffé l’Aralia s’il n’eût pas été détruit par
un accident. M. Mæsener se demande: l^si
rOrobanche en question existe déjà en Eu-
rope sans avoir été remarquée ; — ce qui
n’est guère probable, dans Tétat actuel de
la science, et après les innombrables explo-
rations qui ont été faites du sol de chaque
contrée; 2*’ si ce ne serait pas une forme de
rOrobanche commune, née spécialement sur
r Aralia; — question qu’il est impossible de
résoudre en présence d’un fait isolé; et enfin
3« s’il n’y aurait pas eu transport de la graine
de la plante parasite avec le pied sur lequel
elle s’est développée. Bien qu’il se soit
écoulé un long espace de temps entre l ar-
rivée de V Aralia en Europe et la naissance
de rOrobanche, celte dernière hypothèse
paraît être la plus probable, et M. Duchar-
tre en donne, comme preuve à l’appui, ce
fait que des graines de Latrœa squamaria,
espèce voisine desOrobanches, sont restées
endormies sur les racines d’une autre plante
pendant 7 ou 8 années. Quoi qu’il en soit le
parasitisme des Orobancbes est redoutable
pour beaucoup de végétaux, et l’on a vu
une espèce vivace de ce genre éteindre si
intimement un Galnun que les racines de
cette dernière plante avaient elles-mêmes
été accrochées par les racines de l üroban-
cbe.
Séance du 8 mars. — La Société a encore
décerné deux primes de 2<^ classe a des
mmm il& IA Oli^NTUAlt^ D’HOmiCULTlJilË.
|iûrticulteurs pour rubttiutiüu de primeurs
dans la culture potagère, l’une àM. Moreau
pour des Fraises Marguerite Lebreton, l’au-
îre à M. Rameau, jardinier à Bagneux
(Seine-et-Oise), pour des Pommes de terre.
— M. Vincent, jardinier à Colombes (Seine),
avait exposé du Persil à grosses racines,
dont les graines, venant de Varsovie, ont été
semées le 17 juillet dernier. Ces racines
ont atteint un développement remarquable ;
elles sont bien fusiformes, bien nettes et
bien pleines. A ce propos une discussion
s’est engagée sur la valeur culinaire de ce
l’ersil. M. Pépin a dit lui avoir trouvé un
goût trèS“Supportable, analogue à celui du
Cerfeuil bulbeux ; C’est aussi l’avis de
M. Jaminfils, et de M. Andry, qui regarde le
Persil à grosses racines, comme admissible
sur nos tables, et le place pour le goût, en-
tre le Salsifis et le Céleri-rave. Mais beau-
coup de membres l’ont trouvé mauvais et le
considèrent comme ne valant pas la culture.
M. Vincent a fait remarquer que les appré-
ciations diverses peuvent dépendre de l’é-
poque de la dégustation, car il a constaté
que les racines de Persil sont plus mau-
vaises au printemps qu’à l’automne. Quoi
qu’il en soit, le Persil à grosses racines
ne paraît pas avoir de grandes chances
d’être acclimaté dans nos potagers.
Dans la section de floriculture, M. Mongat,
jardinier de M, Drouyn do Lhuys, à Am-
blainvillers, par Antony (Seine-eRÔise), avait
exposé une Primevère de Chine à feuilles
panachées assez curieuse, et M. Rivière rap-
pelle à ce sujet les essais qu’il a faits l’an-
née dernière sur la multiplication du Wi-
gandia caracasana au moyen des bourgeons
naissant sur une tige réduite à la hauteur de
0“\25 à O'^.SO (voir la Revue de 1865,
page 148); il arapporté aussidiverses expé-
riences qu’il a effectuées sur la marche de
la sève, expériences sur lesquelles nous
aurons occasion de revenir dans notre pro-
chain compte-rendu.
M. Verdier père a donné un moyen d’é-
viter la production des drageons qui sont si
nuisibles aux Rosiers greffés. Ce moyen con-
siste à greffer sur Eglantiers nains venus de
semis, au lieu de prendre pour sujets des
Eglantiers des bois, et à placer la greffe au-
dessous des cotylédons. Cette greffe empê-
che aussi, dit l’éminent rosiériste, l’exten-
sion des tiges souterraines. M. Pigeaux, de
son côté, a combattu avec succès l’accrois-
sement des tiges souterraines de ses Rosiers,
accroissement qui tue la greffe du haut, en
ne taillant pas la tête, et en enroulant les
rameaux sur un fil de fer, au lieu de les re-
lever tous les deux ans.
A. Ferlet.
SUR LES MALADIES DES FRUITS.
Un examen suivi m’a fait penser que le
tavelage de nos fruits sous le climat de Paris
n’est pas directement dû, comme cela pa-
rait être accrédité, aux intempéries et aux
brouillards. Je crois que ces vieilles idées
reposent plus sur la routine que sur l’obser-
vation.
Comme je l’ai déjà exposé^, le tavelage
tient à diverses causes.
D’abord, lorsque Farbre est jeune, la
manière dont il a été soigné, greffé en pépi-
nière, puis plus tard planté, taillé, a une
grande influence sur son bien-être et sur
son fruit. Pour ne pas avoir de fruits défec-
tueux dans ce premier âge, il faut que
l’arbre soit planté jeune, qu’il soit conduit
sans mutilations, et que la variété ait une
intime affinité avec le sujet.
Lorsque l’arbre est en rapport, si on veut
ne pas avoir de fruits tavelés ou défectueux,
et qui soient au contraire convenables et
d’une bonne conservation au fruitier, il est
de première nécessité d’entretenir l’écorce
de l’arbre de la base au sommet dans une
sévère et constante propreté, d’exercer une
surveillance incessante sur les vieilles écor-
ces, mousses, gallinsectes et parasites de
/ y oyez Maladies organiques des arbres fruUiers.
Librairie agricole.
toutes sortes, et de maintenir l’équilibre
des branches et productions fruitières, par
les pincements usités, en évitant surtout
les amputations disproportionnées.
La pluie liquéfie et tend à désorganiser
les vieilles écorces, puis agit ensuite sur la
sève qui, à son passage, transmet cette ma-
tière viciée aux feuilles et aux fruits. De là
toute cette longue suite d’inconvénients, qui
parcourent toutes les phases de la végétation,
agissant sur les boutons, fleurs, et fruits, et
dont l’influence pernicieuse se fait sentir
jusque pendant le séjour au fruitier.
J’ai vu accuser nos anciennes variétés de
dégénérescence. Il est probable que le juge-
ment aura été fait sans qu’on ait tenu compte
des conditions dans lesquelles les arbres se
trouvaient, car ils peuvent donner aujour-
d’hui d’aussi beaux fruits qu’autrefois.
Je ferai remarquer qu’un rameau conve-
nable et de bonne provenance, dont les yeux
sont greffés sur un jeune sujet franc et d’o-
rigine pure, formera un arbre sain qui,
planté dans de bonnes conditions, donnera
de beaux et bons fruits, malgré le dire des
croyants à la dégénérescence.
Quoi qu’il en soit, la production de mau-
vais fruits a encore pour cause l’état et la
nature du sol agissant sur les racines, la
158
SUR LES MALADIES DES FRUITS.
sève et les fruits. Je remarque qu’une des
meilleures terres, c’est le plus souvent une
bonne terre franche' et neuve, à sous-sol,
pierreux. Les terres mélangées, ou noircies
par des engrais produisent en général des
inconvénients de diverse nature. Les terres
argileuses ou analogues occasionnent la chlo-
rose et ses suites. Les terres de marais ou
du bord des ruisseaux donnent le plus sou-
vent des fruits qui, s’ils ne sont pas tavelés
se couvrent de nombreux petits points gris,
d’une nature toute particulière, qui nuisent
à leur conservation et à leur beauté.
J’ai connu un grand Poirier de Saint-Ger-
main, tapissant toute la façade d’une maison,
au pied duquel un tas d’immondices bour-
beux séjournait presque continuellement.
Les fruits de cet arbre étaient pour la plu-
part tavelés chaque année, et tous d’une
conservation impossible au fruitier, quoi-
qu’il eût des branches à écorce propre et
bien tenue. ‘
■ Les vapeurs infectes produisent dans cer-
tains cas les mêmes effets. Si, près de Poi- ,
riers plantés en espaliers sur des bâtiments
servant ' d’écuries ou surtout d’étables, se
•trouvent des ouvertures, 'ou croisées, qui
restent constamment ouvertes, les arbres
donneront des fruits défectueux et très-su-
jets à de nombreuses avaries au fruitier,
quoique ayant- quelquefois une belle appa- ■
rence.
Tous les Poiriers qui se trouvent dans des i
conditions à peu -près analogues subissent,
d’une manière proportionnée à la cause, des
elTets semblables.' Des variétés'à'fruits d’hi-
ver,, plantées dans des cours où’ vit la vo-
laille, donnent ordinairement .des fruits de
mauvaise conservation, ■ quoiqùe * très-sou-
vent gros etd’une apparence convenable'.
J’arrive maintenant aux observations, et
remarques qu’.on-, a dû faire pendant l’année
1 865 soüs '.le.:climat .de' Paris.-: L’hiver s’.est
pour. ainsi' dire;. continué jusqu’au avril.
A part • ce ’ jourrlà, qui' a été: un. temps de
dégel,- cejinois-î'a, été excep.tionnéllement
beau. Aussi^ toutes les fleurs:des àrbr.ès'sont
subitement:apparues.;Les^;Poiriers"bien te-
nus et bien prop.Les-.ont'dé.veloppé les’ leurs
au grand complet ; ; et i lâisément. . Chaque
bouton comptait.; huit; à :dix1 llp‘urs.ayec de
larges corolles, le- tôutlenchâssé:de’Jeuilles.
11 n’en était pas.de même'idest aj:’bjcés'mal-
propres; les boutons,' p.o.ur :1a .plupart/ mal
constitués , développaient , imparfaitement
leurs fleurs; un tiers,- quelquefois impitie' de-
celles-ci restaient en arrière- ou bien', elles
étaient petites et écourtées; les. feuilles ';rie
suiyaient pas les tleurs,*ou bien elles étaient
petites; rabougries et menues; une .matière
séveuse gommeuse entravait .parfois . leur
évolution, et, sur les arbres. négligés, * cp'm-
bien de boutons ne se sont- môme 'pas^^du-
, verts! - ; ; i ; ■ : :
Je demande si ce sont les brouillards ou
les intempéries de ce beau mois d’avril qui
ont produit sur ces derniers ‘ arbres les
causes de maladies qu’on ne remarquait pas
sur les premiers. Il est vrai que la trop
grande chaleur a compromis ensuite la ré-
colte; cependant il est resté encore assez
dû fruits pour qu’à la fin de mai on puisse
constater, sur nos Doyennés d’hiver et au-
tres ayant des vieilles écorces, des fruits ta-
velés, ou ayant déjà d’autres traces d’avaries;
et le mal a été en augmentant toutes les
fois que la pluie est venue agir sur les orga-
nes en voie de décomposition. Les pluies
ont été cependant assez rares pendant toute
la belle saison. Elles étaient bienfaisantes
et salutaires pour l’arbre bien tenu, dont les
fruits, loin de se tacher, profitaient et deve-
naient plus beaux; mais, quoique trop rares,,
elles étaient encore de malencontreuses
intempéries pour les arbres négligés qui,
comme toujours, laissaient pendant toute la
belle saison tomber leurs fruits avortés et
imparfaits, malgré un été très-beau.
• Si vous voulez les suivre au fruitier,
mettez la récolte de ces arbres sûr des ta-
blettes à part, à côté de ceux* de bonne pro-
venance, et la comparaison en dira plus que
ma modeste plume. Ce moyen mettra peut-
être sur la voie ceux qui voient rincoiivéïiient
dans le brouillard; ou bien encore, comme
j’ai déjà dit, qu’ils greffent sur des arbres
sains des boutons à fruits pris sur des arbres
négligés. Du reste, des essais m’ont prouvé
qu’on peut produire le tavelage des fruits
presque' à volonté, de même que l’examen
de l’arbre en hiver me fait prévoir ce que
sera son fruit, et l’èxamen du fruit ce qu’é-
tait l’arbre.'
' L’étude des arbres m’a conduit à l’étude
des fruits, et ceux-ci à l’examen des pépins
et noyaux. C’est ainsi que les bornes se re-
culènt.à mesure qu’on croit avancer; puis,
certaines particularités que j’ai reconnues
aux .derniers m’ont engagé dans la voie des
semis , < non pour obtenir' de gros gains,
mais seulement pour me renseigner sur Iq
•choix et la valeur -des semences, étude qui
demandé des années.
• . J’arrive donc maintenant à l’examen des
pépins; J’ai dit. que les organes en voie de
destructiôn' qui/se trouvent sur l’arbre agis-
sent d’une manière fuhestè' sur la sève et
les /fruits; 'cette .-actiom a également lieu
sur les: pépins. :'Les 'fruits . repoussent sur
leurs surfaces* les'. matières viciées que la
sève leur ' transmet : : de là les fruits ta-
velés. Les pépins, 'agissent ’ de même; ils
travaillent à ' s’épurer:, et 'semblent chasser
v.èrs le haut .des ^cotylédons le vice que la
sève, contient : dedà .'les traces de désoiv
ganisation qui /s’aperçoivent sur les enve-
loppes des pépins, traces encore plus ca-
ractérisées lorsque la première de ces en-
sur. LES MAl.ADlES DES EEUits.
159
veloppcs est ôtée, car cette singularité se
laisse voir à nu.
C’est ainsi que des Poiriers Doyennés
d’hiver, Saint-Germain et autres, à écorce
négligée, donnant ordinairement des fruits
fortement tavelés ou défectueux, ont la
surface de leurs pépins couverte d’une ma-
tière gommeuse et graveleuse, ou mieux de
globules de glu, avec traces très-larges de
désorganisation sur les deux enveloppes
vers le point le plus gros du pépin; on voit
quelquefois au centre de ces taches un pe-
tit rendement légèrement pointu. Tous les
pépins provenant d’un même fruit ont exac-
tement la même largeur de taches et les
mêmes défauts.
Il y a encore quelquefois une particula-
rité qui se trouve dans les fruits les plus
défectueux. Il se rencontre des pépins qui
ont le germe légèrement développé ; ceux-
ci, dans les semis, lèvent bien avant les
autres. Je n’ai cependant rien remarqué
d’extraordinaire sur leurs premières feuilles.
Si la variété doit avoir ses loges remplies
de pépins, un certain nombre sont avortés
ou manquent très-souvent lorsque, par les
causes énoncées, les boutons à fruits n’ont
pas été bien constitués ou lorsqu’une par-
tie des deurs sont restées rabougries.
Quoique les Pommes soient comprises
dans mes remarques, je dois dire que j’ai
trouvé moins de vice sur les pépins de ces
fruits. Peut-être cela tient-il au petit nom-
bre de variétés que j’ai observé. L’examen
fera facilement reconnaître que l’arbre éta-
bli dès sa jeunesse sans mutilation, bien
tenu, et dans de bonnes conditions, n’a pas
les défauts signalés, ou du moins n’en a que
très-minimes.
On voit, par ce qui précède, que l’examen
des fruits et des pépins peut, dans bien
des cas, faire prévoir et dire en quelles
conditions se trouve l’arbre, sans avoir vu
de celui-ci.
Les remarques sur les pépins m’ont na-
turellement conduit à examiner les noyaux;
je trouve qu’en général les traces sur les
amandes que j’ai vérifiées sont moins ca-
ractérisées que sur les pépins. J’ai d’abord
examiné des amandes de Cerises anglaises
provenant de jeunes arbres bien tenus, que
j’ai confrontées avec des amandes de Ce-
REVUE COMMERCIAL]
Légumes frais. —11 y a eu en général de la
hausse sur les prix des denrées vendues à la
halle de Paris pendant la première quinzaine
d’avril. Voici les prix consignes à la mercuriale
oflicielle du marché du 9. — Les Carottes d’hi-
ver se vendent de 7 fr. à 7f.50 l’hcctoliire avec
iT.èO de hausse moyenne —Les Carottes ordi-
naires sont cotées dehO à fr. les 100 bottes,
c’est-à-dire 10 fr. dejdus qu’il y a quinze jours!
rises de la même variété, mais provenant
de vieux arbres à écorce malpropre et né-
gligés : jeunes et vieux arbres étaient en
espaliers. Voici ce que j’ai remarqué: Les
amandes provenant des jeunes arbres ont
presque toujours peu où pas de traces de
détérioration; elles sont convenablement
constituées et emplissent bien le noyau.
Celles provenant des vieux arbres sont au
contraire pour la plupart vides ou ridées, et
les traces de détérioration, sur celles qui
sont entières, sont très-prononcées, vérifi-
cations faites sur des fruits très-mûrs.
Lorsqu’une branche de Pêcher est sur le
point de mourir, ayant ses fruits à peu près
mûrs, ses amandes ont vers le haut des
traces analogues à celles des pépins de mau-
vaise provenance, ce qui n’a pas lieu sur les
aimmdes de la partie de l’arbre qui se trouve
en bonne végétation. Un Pêcher qui meurt
après que les fruits ont le noyau formé
donne des amandes en partie vides par le
haut.
Un fruit à noyau difforme a presque tou-
jours une amande mauvaise, incomplète ou
imparfaite. De même des arbres ou des
branches souffrantes ont pour la plupart
l’amande de leurs fruits atteinte de traces
de désorganisation.
J’ai reconnu à peu près les mêmes sin-
gularités sur l’Abricotier, le Prunier, etc.
Lorsqu’un Pêcher a habituellement le
meunier, et que les fruits sont fortement
tachés, ses amandes sont notablement at-
teintes.
Enfin, soit amandes, soit pépins, c’est
toujours vers le même point que la matière
viciée se trouve repoussée.
L’examen des pépins et amandes m’a
poussé ensuite aux semis de diverses
provenances, les résultats sur ce point sont
longs à attendre malheureusement. Cepen-
dant je puis assurer dès cà présent que des
semis de noyaux de Pêches provenant d’ar-
bres ayant le meunier blanc, ou lèpre, m’ont
donné des sujets qui ont eu le meunier à
l’extrémité des bourgeons; ils sont chétifs
côté des autres arbres de bonne prove-
nance, qui sont forts et d’une belle végéta-
tion.
Lahaye,
Cultivateur à Moinreuil (Seine) ,
(PREMIÈRE QUINZAINE D’AVRIL),
— Celles pour chevaux valent de 8 à 10 fr. les
100 bottes en baisse au contraire de 2 fr. sur
les prix de la dernière quinzaine. — Les Panais
ordinaires sont toujours cotés 18 fr. les 100
hottes; ceux de première qualité se vendent
oO fr. au lieu de 2i. — Les Navets nouveaux
sont cotés de 2i cà 28 fr. les 100 bottes; les
anciens se jmyaient encore de 10 à 20 fr. dans
les premiers jours du mois; aujourd’hui ils ne
160
UEVUE commerciale (PREMIÈRE QCINZAINE D^VVRIL;.
sont plus colés. — Les Choux se vendent de
30 à 10 fr. le 100; il y a quinze jours on les
vendait encore de 10 à *25 fr. Les Oi-
gnons en grains valent de 25 a 26 fr. 1 lieclo-
iitre avec une hausse d’environ 12^ fr. depuis
quinze jours. — Les Salsifis sont cotés de Of.25
à Of.35 la botte avec une augmentation de Of.05
sur le prix maximum. — Les Choiix de Bruxel-
les se vendent de Of. 40 à 0f.50 le litre; la hausse
est de Of.lO depuis quinze jours sur le prix
moyen. — Les Choux-fleurs sont au contraire
diminués de moitié depuis la lin de mars; on
les vend de 25 à 50 fr. le 100. = Les Poireaux
se vendent de 10 à 15 fr. au lieu 20 a 30 fr.
les 100 bottes. — Les Radis roses valent de
0f.50 à 0f.60 la botte, avec une baisse de 0f.50
depuis quinze jours. — Les Radis noirs, apres
avoir subi une légère diminution, sont remon-
tés à leur ancien prix de 5 a 10 fr. le 100. ■—
Les Céleris ordinaires se paient moins cher qu il
y a quinze jours, Of.lO à 0f.20 la botte. ~
(léleris-raves sont cotés de Of.lO a Of.lo la
pièce, avec une baisse de Of. 15 sur le plus bas
prix, et de 0f.05 sur le prix maximum. — Les
Champignons conservent leurs cours habituels ;
0f.05 âOf.lOlemaniveau. — On vend maintenant
des Asperges de châssis à la halle. Le lcr avril,
elles valaient de 10 à 28 fr. la botte; le 9, elles
étaient cotées de 8 à 30 fr. — Les petits Pmis
se vendent de lf,50 a 3 Ir. le litre. Les
Pommes de terre sont cotées comme il suit :
Hollande, 5 fr. à 5f.50 l’hectolitre ; Vitelottes,
8 à 9 fr; Pommes de 'terre jaunes, 4 fr. a
4f.50; Pommes de terre rouges, 5 fr. à 5f.50.
11 y a eu baisse de 1 à 2 fr. sur presque toutes
les qualités.
Herbes et assaisonnements. — La plupart des
denrées de celte catégorie ont éprouve un
mouvement de bausse pendant la quinzaine qui
vient de s’écouler. — Les Epinards se yendent
de Of.25 à Of.GO. — L’Oseille se paie de 0f.40
à 0f.60 le paquet, avec 0f.20 d’augmentation.
— Le Cerfeuil ordinaire vaut 0f.05 de plus par
botte; celui de belle qualité est toujours coté
0f.30. _ Le Persil est au prix de 0f.15 a Ol.io
avec 0f.05 d’augmentation. — L’Ail a conservé
son taux de 4 à 6 fr. le paquet de 2o petites
bottes. — Les Ciboules et le Thym valent de
0f.l5 à 0f.20 la botte au lieu de 01.10 a OLlo.
— La Pimprenelle se vend de Of.lo a Of.-O la
botte, et l’Estragon, de 0f.50 à 1 fr. sans chan-
c^ement de prix. ■ — ■ L’Ecbalottc est cotoc de
Of.60 à 0f.80 la botte, avec 0f.20 de hausse sur
le taux minimum, et Of.lO seulement sur le
idus haut prix. , ,
Salades. — Dans cette sei ie, les variations
de prix ont eu lieu dans le sens de la baisse.
La Romaine ordinaire se vend Of.oO au heu de
tIf.Oü la liotle de 4 têtes; la plus belle est co-
tée Of.GO au lieu de 2 fr. - La Laitue la plus
commune vaut 3 fr. au lieu 4 fr. ; celle de pic-
mière qualité est cotée 14 fr. le 100. — Le
Pissenlit se paie de Of.25 a Of.oO au beu de Of. if
à 0f.80 le kilogramme. — Le Cresson ordinaire
coûte 0f.40 avec une baisse, de 0f.20; le plus
beau se vend 0f.80 au lieu de 1 Ir. la botte de
12 petites bottes. — La Chicorée Irisee est co-
tée de 6 à 18 fr. le 100, ccsl-à-dire le double
du prix de notre dernière revue; c est du lesie,
la seule salade qui soit augmentée. La (chi-
corée blanche ou barbe de capucin vaut tovi -
jours de 01.15 à Of.25 la boite. — La Chicorée
sauvage se vend de Of.40 à 01.70, le calais.
— L’Éscarole est cotée de 5 à 8 fr. le 100,
sans changement de prix, et la Raiponce, de
0f.30 à Of.35 le calais; ces deux salades com-
mencent à devenir rares sur le marché.— Les
Mâches valent toujours de Of.25 à 0f.30 le ca-
lais.
Fruits frais. — Les Poires augmentent tou-
jours; on n’en trouve plus aujourd’hui au-des-
sous de 60 fr. le 100; les })lus belles se ven-
dent lf.50 la pièce. — Les Pommes communes
sont toujours cotées 5 fr. le 100; le prix maxi-
mum de ces fruits varie entre 1 fr. etlf.lO la
pièce. — Le Chasse'as de serre se vend en
moyenne 3f.75 à 8 fr. le kilogramme. — Les
Fraises du Midi ont fait leur apparition au prix
de 1 fr. à lf.50 le pot; le 10 avril, elles ne se
vendaient plus que 0f.50 à Of.95.
Marchés aux fleurs. — Les marchés se tien-
nent assez bien; quoique pluvieux, le temps est
favorable aux apports de plantes. Voici les
cours du quai aux fleurs.
Plantes fleuries en pots. — Azalées, 21.50 à
15 fr. — Acacia (Mimosa), lf.50 à 21.50. —
Aubrielia deltoïdea, 0f.l5 à 0f.30. — Arabelte
printanière, 0f.l5 à 0f.30. — Anthémis fru-
tescent, 1 fr. à 2 fr. — Anémone hépalhique,
0f.40, cà Of.76. — Amandier de Perse à Heurs
doubles, lf.25 à 2 fr. — Amaryllis brasiliensis,
2f.50 à 5 fr. — bruyères du Cap (Phyhea), 1 fr.
à lf.50. — Régonia, 0.75 à lf.75. — bruyères
(Erica), 0f.40 à 3 fr. — Crocus, Of.25 à 0f.50
— Camellia, 3 fr. à 12 fr. — Citronniers, lf.25
à 2 fr. — Cinéraires, 0f.50 à 1 fr. — Coronilla
glauca, 0f.50 cà 1 fr. — Cyclamen, lf.50 à 2 fr.
— Coignassier du Japon, lf.25 à lf.50. (.^y-
noglosse printanière, 0f.l5 à Of.25. — Capucine
de Lobb, lf.50 à 2 fr. — Crassula lactea, lf.50
— Lilas, 1 à 2 fr. — Lachenalia, Of.60 à 1 Ir.
— Laurier-Tin, 1 fr. à 2f.50. — Metrosideros,
lf.50 à3fr. — Narcisses, 0f.4(J à0f.50. — Oran-
gers (abondants et bien fleuris), 2f.50 à 12 fr.
— (Eillets remontants, lf.25 à lf.50. — Pitto-
sporum de la Chine, lf.50 à 5 fr., • — Pervenche
petite, 0f.20 à 0f.40. — Pensées, 0f.l5 à 0f.30.
j PPquerettes doubles, f'f.45 à 0f.30. — Pc-
lygala, 2 cà 3 fr. — Primevères des jardins. Cl.
2 J à 0f.30. — Primevères de Chine, Üf.30 à 1 (r.
— Pélargonium lf.50 à Sfr. — Pimelea, 2 a
3 fr, — bhododendrons, 3 à 12 fr. — Losiers
du roi et autres, lf.50 à 2f.50. — Rosier Ter-
gale Lawrence, 0f.50 àOf.75. — - Réséda, Of.75
à lf.25. — Rochea falcaba, 1 fr. à lf.50. -- So-
• lanum amomum, 0f.50 à Of.75. — Spirées,
Of.75 à lf.50. — Saxifraga sarmenlosa, Of.75 à
1 fr. — Salvia cardinalis, lf.25 à lf.50.
Slapelia, Of.75 à 1 fr. — Tulipes^, Of.25 à Of.75.
— Thlaspi toujours fleuri, Of.75 à lf.50. —
Véroniques, Of.75 à 2 fr. — Violettes des qua-
tres-saisons, 0t.l5 à 0f.30. — Violettes de
Parme, 0f.50 à Of.75. — AVeigelia, lf.50 à
Les plantes vertes et à feuillage ornCmenlal
pour décoration de vases et d’appartement sent
restées aux prix que nous avons donnés il y a
quinze jours.
Plantes en bourriches et arrachées. — (a-s
végétaux sont assez nombreux sur le maiclmg
aux prix de 1 fr. à 3 fr. la bourriclmc de vjr.gl-
qualre piaules.
A. Fkelet.
CHRONIQUE HORTICOLE (DEIXIÈMË QUINZAINE D^AVRIL)
Prochaines Expositions de la Société centrale d’horticnlturc à Paris, d’Auxerre, de Cholet. — Exposition
de Roses et Congrès des rosiéristes à Brie-Comte-Robert. — Prochaines Exposition, s de Naniur, Orléans,
Anvers, Rosay-en-Brie. — Préparatifs de l’Exposition universelle de Londres. — Inscription des expo -
sants et rédaction du catalogue, — Décision relative apx tender plants. — Exposition à South-Kensin -
gton. — Le Dendrobium Mac-Carihiæ. — Meeting de la Société royale d’Angleterre à propos de l’Exposi-
tion universelle française en 1867. — Culture du Quinquina à Travancore. — Culture de la Pomme eu
Angleterre. — Lettre de M. Moisou sur le Dioscorea balatas. — Lettre de M. Paul Moulun relative à la
valeur- ornementale ûeVAeluranlItes VersclialfeUii. — Réponse de M. Carrière à M. Cosson à propos de la
découverte de VAbies numidica. — Nomination de M. Trécul dans la section de botanique de l’Académie
des sciences.
La Société cenlrale d’horticulture vient
de publier le programme de l’exposition
d’automne qu’elle tiendra, du 29 septembre
au 3 octobre prochain, dans son hôtel de la
rue de Grenelle-Saini-Germain, 84, à Paris.
Ce programme indique treize concours seu-
lement, ouverts pour les légumes et les
fruits de saison, présentés par collections
d’importance diverse ; pour les Pêches ,
Prunes, Cerises et autres fruits à noyaux
d’arrière-saison; pour les Raisins de table;
les Ananas; les Gucurbitacées; les plantes
de plein air Heuries, les plantes légumières,
les fruits et les végétaux d’ornement. Dans
tous ces concours, les exposants formeront
deux séries, les horticulteurs marchands et
les horticulteurs amateurs, qui concourront
séparément. Le nombre des médailles
décernées sera assez restreint, car, dans
chacun de ces treize concours il ne pourra
être accordé plus de deux prix pour les
horticulteurs marchands , et deux pour
les amateurs, excepté dans celui des plantes
de plein air fleuries, où chaque genre pourra
être l’objet de deux récompenses. Outre les
médailles offertes parla Société, Madame la
comtesse de Tureime, dame patronesse, a
fait don d’une médaille d’or qui sera gagnée
par l’introducteur d’une plante à belle Heur
et nouvelle, soit de serre, soit de plein air.
De plus, des médailles d’honneur pourront
être mises à la disposition du jury; ces mé-
dailles remplaceront toutes celles qui au-
raient été obtenues par le même exposant.
Enfin, parmi les derniers articles du pro-
gramme, nous trouvons une disposition qui
mérite d’être signalée ; c’est que l’exacti-
tude de la nomenclature, dans l’étiquetage
des fruits et des plantes, sera prise en
grande considération par le jury pour l’at-
tribution des récompenses.
On annonce aussi d’autres solennités hor-
ticoles prinfanières : à Auxerre, du 28 avril
au 6 mai, pendant la durée du concours ré-
gional agricole qui se tiendra dans cette
ville; cette solennité sera particulièrement
remarquable, puisque l’Empereur doit se
rendre à ce concours régional; à Rouen, du
5 au 10 mai; et cà Cholet, du 14au 17 juin.
Cette dernière ne comprendra que les pro-
duits des départements de la Vendée, des
Deux-Sèvres, de la Loire-Inférieure et de
Maine-et-Loire. Elle offre aux exposants 31
Mai 1866.
concours pour les légumes, les Heurs, les
objets d’art et d’utilité horticoles, et pour ♦
la meilleure culture des jardins maraîchers
et des pépinières, qui seront visités à cet
eflet par une commission, quelques jours
avant l’ouverture de l’Exposition.
Nous avons déjà annoncé l’année dernière
(1865, page 362) qu’une grande exposition
spéciale de Roses se tiendrait cet été à
Brie-Comte-Robert. Nous venons de rece-
voir le programme de cette solennité; elle
est organisée par la Société des rosiéristes
de Brie-Com(e-Robert et de ses environs;
elle se tiendra le dimanche 8 et le lundi
9 juillet prochain. Elle promet d’être plus
brillante encore que celle de l’année der-
nière, qui avait attiré 40 exposants et réuni
63,500 Roses; on espère que la totalité des
rosiéristes de la contrée, au nombre de 90,
y prendra part. Le conseil général de Seine-
et-Marne a volé une subvention spéciale
pour cette exposition. Le préfet du dépar-
tement , l’administration municipale de
Brie-Gomte-Robert, les Sociétés d’horticul-
ture de Melun et Fonlainebleau, de Coulom-
miers, les dames patronesses de la Société,
et les notabilités de la contrée ont fait don
de médailles d’or, de vermeil, d’argent et
de bronze.
Le programme oiivre26concours, pour di-
verses collections de Rosiers et de Roses
coupées, et pour les plus beaux apports de
variétés spéciales. Voici du reste un article
de ce programme, qui fait connaître tout ce
que l’exhibition comprendra dans son en-
semble :
« Ne seront admis à cette exposition et ne pour-
ront prendre part aux concours : que les Roses de
semis non encore livrées au commerce, les Rosiers
lleuris eu pots, les Rosiers forcés, les Roses cou
pées, les bouquets de soirées ou de salon, les paru-
res, coiffures de bal, les gariiitures et surtouts de
table spécialement confectionnés avec des Roses
naturelles, les Roses artificielles, et imitées par la
peinture, gravure ou tous autres moyens. Toutes les
autres plantes et tous les objets se rapportant à l’hor-
ticulture pourront, s’il y a lieu, figurer à l’exposi-
tion, mais sans prendre part à aucun concours. «
Avec cette exposition coïncidera un con-
grès international des rosiéristes qui tiendra
ses séances le 8 et le 9 juillet à l’hôtel-de-^
ville. Les rosiéristes, jardiniers et amateurs
français et étrangers qui désireraient pren^
dre part à ce congrès sont invités à adresser
leurs adhésions, dès à présent, à M. le pré
9.
162
CIinOMQUE HORTICOLE (OEEXIÈME QUINZAiXE D’AVEIL).
sidenl de la Société, ii Brie-comle-Robert.
Les communications écrites ou verbales
ayant trait au genre Rosier, à son histoire, à
sa culture, seront accueillies avec reconnais-
sance. Les semeurs sont priés de soumettre
à l’appréciation »lu congrès leurs gains de
Roses non encore livrés au commerce ou
ceux qui auront été vendus l’année dernièn;;
ces Roses devront être accompagnées d’un
certificat émanant de la Société d’horticul-
ture la plus voisine du lieuderobtention. Les
Sociétés d’horticulture françaises et étran-
gères sont aussi instamment priées d’envoyer
des délégués pour prendre part aux délibé-
rations du congrès.
La Rose aura donc, cette année, une ma-
gnifique fête dans notre pays. Celte fêle,
comme on n’en peut douter, donnera un
nouvel éclat au culte de Tantique et gracieuse
reine de nos jardins ; et tous les amateurs
de Roses en sauront gré aux organisateurs,
en tète desquels il faut citer M. le baron de
Reauverger, président de la Société d’hor-
ticulture de Melun et de Fontainebleau, et
M. Camille Rernardin, président de la So-
ciété des rosiéristes de Rrie-comte-Robei l.
Enfin, nous signalerons encore quatre
expositions horticoles qui nous sont annon-
cées, à Namur, du 17 au 18 juin; à Orléans,
du 1"2 au 16 août; à Anvers, du 19 au 21
août; et à Rosoy-en-Rrie, du 8 au 10 sep-
tembre.
— Le Gardeners' ChrouiclcuwWe les hor-
ticulteurs qui désirent prendre part à la
Crande Exposition internationale de Lon-
dres tà s’inscrire dès maintenant et cà choi-
sir remplacement qui leur sera réparti. La
rédaction du catalogue serait absolument
impossible, s’il fallait attendre aux derniers
jours, comme dans les exhibitions ordinai-
res, et l’on sait que ce catalogue atteindra
des proportions inconnues jusqu’à pré-
sent.
Les horticulteurs qui se proposent d’ex-
poser dans la classe consacrée aux plantes
délicates {Tender plants) vdvïée s à l’Exposi-
tion internationale seront heureux, ajoute
le journal anglais, d’une décision toute
récente prise par le comité d’organisation.
A la demande d’un grand nombre d’adhé-
rents, les Agaves et le Yucca aloïfoUa carie-
gala compteront comme Tender pUntts.
Soutli-Kensington est en ce moment le
théâtre d’une exposition horticole remar-
quable : nous espérons en rendre compte
prochainement. Les détails ne nous en sont
•pas encore parvenus. Ce que nous savons,
c’est ([ue, parmi les nouveautés et les rrirc-
tés les plus dignes d’attention , il y a un
magnifique spécimen de Dendrobium Mac-
Carlhiœ. C’est ]a Wuneuse plante des ntms
pluvieux de Celyan. C’est peut-être le seul
spécimen ({ui existe en Europe à l’iiaîi'e
qu’il est.
L’Exposition universelle qui doit s’ouvrir
à Paris en 1807 arrache quelques horticul-
teurs anglais aux préoccupations de l’Expo-
sition spéciale dont Londres doit être le
théâtre dans quelques jours La Société
royale d’horticulture doit tenir, dans les
premiers jours de mai, une séance géné-
rale dans laquelle on informerait, après
délibération et discussion, les horticulteurs
de la Crande-Rretagne des mesures qu’ils
doivent prendre pour être admis à la
grande Exposition française. Nous revien-
drons bientôt sur les conditions faites par
la commission impériale aux exposants de
l’horticulture.
— On a beaucoup parlé depuis quelque
temps de laculture du Quinquina. La dégé-
nérescence des espèces les plus salutaires,
et surtout l’usage croissant de ce précieux
spécifique, qui trouve chaque jour dans la
thérapeutique une application nouvelle,
avaient lait craindre que cette plante ne
vînt à manquer, et Fattention des gouverne-
ments s’était portée vers l’établissement de
mesures destinées à protéger et à étendre la
culture du Quinquina.
Les essais des Etats-Unis en Virginie et
de la France en Algérie sont encore ré-
cents. Nous apprenons que le gouverne-
ment de Travancore (Inde Anglaise) a fondé
a Peermade un jardin spécialement destiné
à la culture du Quinquina. Un habile horti-
culteur doit être appelé d’Europe pour être
placé à la tête de cet établissement avec le
litre de surintendant. L’importance de celte
mesure n’échappe à personne : si le gouver-
nement de Travancore réussit, et tout nous
porte à croire (ju’il réussira, il aura rem-
porté la plus noble et la plus utile des vic-
toires, car il aura assuré l’abondance d’un
médicament qui arrache clia(jue année de
nombreuses victimes à la mort.
— La culture du Pommier, qui est d’uii
SI grand secours aux populations de l’ouest,
du^lord et du centre de la France, ainsi
que d’une grande partie de l’Angleterre, en
fournissant la boisson usuelle des habitants,
cette culture présente encore un grand inté-
rêt, si on l’envisage au seul point de vue
de la production des fruits types, de ces
pommes savoureuses et largement dévelop-
pées, qui semble appartenir exclusivement
aux progrès de l’horticulture pendant les
trente années qui viennent de s’écouler. Le
rédacteurdu Gardeners' Chronicle^ à propos
de la publication d’un excellent traité de
M. David Thompson sur la culture du Pom-
mier, fait un historique intéressant de cette
branche de la pomologie, précédé d’un pa-
rallèle ingénieux entre les horticulteurs du
commencement de ce siècle et les horlicul-
tenrs contemporains. Nos lecteurs nous
sauront gré peut-être d’analyser et de met-
tre sous leurs yeux le résumé de ces idées.
CllUOMl^lJE HORTICOLE (DEUXIEME QUINZAINE D’AVRIL).
Il y a trente ans, dit l’auteur, les profes-
seurs eux-mêmes, les maîtres les plus ac-
crédites, obéissaient aveuglément aux prati-
ques de l’empirisme. Les détails de la
culture seuls les occupaient, et encore les
appliquaient-ils sans les comprendre. Ils
faisaient une chose parce que leur maître
ou leur père l’avait faite ainsi : ils ne recher-
chaient pas plus loin. Telle était la majorité.
Quant à ceux qui devançaient leurs contem-
porains, demandaient à la science et aux in-
ductions légitimes de leurs connaissances
acquises, des perfectionnements et des amé-
liorations, ils étaient rares et dispersés.
^ Ce n’est pas à dire que les jardiniers
d’alors fussent mauvais; point du tout. Ils
savaient parhiitementque l’ensemencement,
la greffe, l’émondage, etc., etc, sont des
opérations à faire dans certains mois et sous
des conditions de chaleur et d’humidité
bien définies. Mais ce qu’ils ignoraient, c’est
l’action de la saison et des conditions at-
mosphériques convenables, et cette igno-
rance était inévitable à une époque où la
physiologie botanique commençait à peine,
et se tenait cà l’écart, sans contracter avec
riiorticulture le lien solide qui les unit
maintenant et qui se resserre chaque jour,
en enrichissant l’une et l’autre. Si ces idées
sont justes et rationnelles en général, elles
s’appliquent étroitement à l’histoire de la
culture des pommes depuis cinquante ans.
C’est grâce à la connaissance de la physio-
logie de ce fruit, qu’il a été possible cà des
horticulteurs intelligents de donner à son
volume des proportions gigantesques. La
Pomme Providence, obtenue par M. Mills,
pesait environ? kilogrammes. C’est le plus
gros spécimen, qui ait été produit. Mais
ou a vu fréquemment des Pommes de
à -i kilogramnnes et, sans prendre des
exemples à la France, nous voyons que
M. Alton de Kew offrit au roi George IV
une pomme de 3'<ii.8 : c’est la Vcariété
connue maintenant sous le nom de Enville-
I Qucantà la France, c’est à elle que
Angleterre doit un de ses procédés les
plus féconds : M. Glendinning, de Bidon,
Signala le procédé connu sous le nom de
système de Meudon, à son retour du conti-
nent, ainsi que le célèbre Lindley : auiour-
d hui ce système est employé dcans la plupart
des jardins de l’Angleterre.
M . Moiso n , no tre corres p on d an t de C a ” -
cale, nous adresse la lettresuivante relative-
ment au principe que contient le Liosecur
h.italas, principe dont il a été déjà plusiem
lois question dans la Revue horticole'
« Monsieur
« Il est affirmé dans la neaw licrlicolc du
1er judkt tXol,que l’Igname de la CliinetL’ws-
rorca Bntatas) est mangeable crue • et dans
Icn^du 10 avril 1860, M. d’Auvers’la si^rnale
comme possédawl la vertu d*un sinapisme ano-
din.
« Ces deux assertions sont trop faciles à vé-
rilier pour (ju’elles puissent devenir un sujet
de polémique
« Veuillez agréer, etc.
« Moisox,
« à la Guiinorais, prèsCancale. »
N’ayant pas entre les mains en ce mo-
ment de rhizomes du Dioscorca Balalas,
nous ne pouvons pas vérifier l’existence des
principes dont il s’agit dans la lettre de M.
Moison. C’est une recherche que nous fe-
rons plus tard.
— L’étudedes qualités des plantes, etsur-
tout des plantes nouvelles offre toujours un
vif attrait. Il faut surtout que les nouveautés
soient appréciées dans des conditions va-
riées. Aussi nous croyons que la lettre sui-
vante, que nous adresse M. Paul Monlun,
sera lue avec intérêt :
« Angoulins, près La Rochello, llavril 1866.
« Monsieur,
« EAchi/ranllies VerschaffeUii donne lieu à
des opinions contradictoires dont l’expérience
doit finir par dégager la vérité.
« J’ai entendu soutenir l’opinion dontM. Nau-
din s’est rendu l’interprète dans la Revue hor-
ticole, et qui consiste à attribuera cette cliar-
mante plante une inconsistance de couleur, et
à la considérer comme étant très-inférieure au
Coleus Verschaff'eltii.
« Je viens protester, comme l’a fait M. Le-
maire, dans le nnlu 1er avril de la Revue hor-
ticole, contre cette opinion.
« J’ai cultivé, ou, pour être plus vrai, mon
jardinier, Bazile Guilbaud, a cultivé, depuis l’an
dernier, VAcJnjrcmthes Verschaf[eltii en serre
tempérée; cetic plante y a atteint une hauteui-
de plus d’un mètre ; elle y a passé riiiver en
très-bon état; sa tige a conservé sa couleur d’un
carmin transparent et ses feuilles un beau lui-
sant.
c( Les sujets qui ont grandi sans obstacle sont
devenus un peu grêles, mais les sujets qui ont
été pincés se sont très-bien ramifiés et forment
aujourd’hui de jolies touflés.
« Je considère donc cette plante comme méri-
tant, à plusieurs titres, d’être cultivée, mais sur-
tout en serre tempérée, dentelle est appelée à
être, pendant l’hiver, un charmant ornement.
« Veuillez agréeig etc.
« Paul Monlun »
— Nos lecteurs se souviennentsans doute
de la lettre que nous a écrite M. Cosson, à
propos de la découverte en Algérie d’une
variété de VAbies Pinsapo. M. Carrière avait
appelée cetle variété A lies numidica {Revue
du 10 mars, page 100), et en avait attribué
la découverte à M. de Lannoy. M. Cosson a
revendiqué celle-ci et a maintenu que le
nom spécifique de l’arbre devait être Rabo-
rensis {Revue dnHj avril, page 145). M. Car-
rière répond en ces termes à M. Cosson :
« Mon cher Directeur,
» La bienveillance avec laquelle vous ac- .
cueillez toutes les observations qui vous sont
CHRONIQUE HORTICOLE (DECXIEME QUISZAINE D'AVRIL',.
164
faites dans l’intérêt général de la science , me
fait espérer que vous voudrez bien publier, flans
un des plus prochains numéros de .a Hevue
horticole, les lignes qui vont suivre. C est la
vérité, d’une part; de l’autre, le besoin d eclairer
le public au sujet de VAbies numidica, qui
m’engage à les publier ; ce n’est donc pas pour
protester contre ce qu’à écrit M. Cosson, mais
tout simplement pour tirer les conséquences des
principes qu’il a posés. Ceci dit, j aborde la
question. , ,
» Les lecteurs de la Revue horticole ont pu
lire, dans le dernier numéro de ce recueil, une
note très-remarquable de M. Cosson , bota-
niste éminent, auteur de plusieurs ouvrages sur
les végétaux. . , ^ i
» Dans cette note, il y a deux faits sui les-
quels ie dois tout particulièrement appeler 1 at-
tention ; l’un, qui se rapporte à la decouverte
de VAbies numidica\ l’autre, qui est relatit a
la spéciéité de ce même arbre. Je vais examiner
ces deux faits, en commençant par le -dernier.
y> M. Cosson demande si cette plante est bien
réellement une espèce, ou si, au contraire, elle
n’est pas tout simplement une variété. Ce doute,
exprimé par un homme tel que W. Cosson,
pourra paraître singulier à beaucoup de gens,
car M. Cosson passe pour un savant botaniste,
a pu examiner la plante en question sui les
lieux mêmes où elle croit, par conséquent
là où elle présente tous ses caractères et
où elle atteint son complet développement.
On pourrait, en effet, en conclure que M. Cosson
est embarrassé pour définir uue espece, ce qui
peut faire supposer que, pour ceci, il n y a pas
de critérium absolu. C’est comme une sorte de
condamnation qu’à prononcée M. Cosson contre
une science dans laquelle il est considéré comme
maître. Plus explicite, j’ose dire : Om, c est une
espèce au môme titre que tant d autres. La dit-
férence qu’il y a entre VAbies nmnidica et
VAbies pinsapo, auquel M. Cosson le rapporte,
est tout aussi grande et même plus grande que
celle existant entre un grand nombre dauties
espèces que tant de botanistes éminents y com-
pris M. Cosson, considèrent comme de tres-
bonnes espèces. De sorte que, je le répété, je
ne vois pas d'inconvénient à le consideiei
comme une espèce distincte L Ce premier point
établi, que reste-t-il? Le nom ! Ici encore, sans
chercher à faire prévaloir mon opinion, je dis
que la qualification de nuuiidicci, donnée pai
. M. de Lannoy, me paraît préférable, \oici pour-
quoi : c’est qu’elle limite moins 1 aire d habitat
que le fait la qualification bahorensis que ui a
imposée M. Cosson, et qu’il pourrait tres-bieii
se faire qu’on retrouvât VAbies nurnidicn sur
d’autres points de l’Afrique française. Aean-
moins, comme je n’ attache d’importance qu aux
choses, que j’abandonne volontiers les inols et
(lue je tiens à donner satisfaction a M. Losson,
je peux lui assurer que dans ma nouvelle édi-
tion des Conifères, qui paraîtra bientôt, lAbics
en question figurera, comme espece, sous le
qualificatif bahorensis, à la suite duquel sera
• écrit, en toutes lettres, le nom de M. Losson.
Quel bonheur pour la science, et comme ses
vrais amis vont bondir de joie en voyant cette
restitution faite à son profit!
1 Mes lecteurs, je crois, savent à quoi s’en tcnii
sur l’idée que j’attache au mot espèce.
<( Reste donc la question de Vantériorité,
qui est le point le plus délicat, car il touche un
peu à l’amour-propre. Et bien! je le confesse
sans honte, moins pour me justitier que pour
dire la vérité, lorsque j’ai publie mon article,
j’io'iiorais complètement les faits que i\l . Losson
a rappelés; d’un autre côté, comme je n avais
pas l’idée assez pénétrante pour tirer toutes
les conséquences et interpréter, (ainsi que me
le fait observer M. Cosson) les differents passa-
ges que j’ai cités, des lettres que m a écrites
M. de Lannoy, il en résulte que j ai fait dire a
ce dernier plus qu’il ne m’avait dit. L est la ta
seule raison qui m’a fait attribuer a M. de Lan-
nov ce qui semble appartenir à M. Cosson . Je
suis donc heureux de cette circonstance qui me
permet de rendre à César ce qui appartient a
César. Mais ce qu’on cornprendra tres-bieii,
c’est qu’avant de pouvoir faire cette restitution,
il fallait que je connusse César. H ne^ taudrait
pourtant pas attribuer àM. Cosson la decouverte
de VAbies numidica; car, ainsi qu il le dit dans
sa lettre, c’est à M . le capitaine de Guibert que
revient ce mérite. Tout ce qui revient a M. Los-
son, et il n’est pas homme a réclamer plus que
ce qui lui revient, c’est d’avoir été le parrain,
d’avoir latinisé le mot Babor pour 1 appliquer
à son filleul . . ,
(( Je ferai observer à M. Cosson, que si lors
delà publication j’ignorais le nom de celui qui
a fait la découverte, il n’en est plus de meme
aujourd’hui. Sur ce point je suis très-bien ren-
seio"né, grâce à l’obligeance d un homme dont
la modestie égale la noblesse et la délicatesse
des sentiments, et qui, par la haute position offi-
cielle qu’à celte époque il occupait en Algérie,
a connu tout ce qui s’est passé relativement a
la découverte de VAbies numidica.
« Ne devant pas nommer cette personne, je me
bornerai à citer quelques passages de la lettre
quelle a eu l’obligeance de m’écrire a la date
du 19 mars dernier. Voici ^ ^ ^
. « J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre arti-
cle sur VAbies numidica, inséré dans^ le n® du
IG mars de la Revue horticole, et c’est pour
cela que je viens vous signaler queh[ues rectili-
cations dans l’historique de la découverte de;
cet arbre. Que M. de Lannoy l’ait signale
comme différent deVAbies Phisopo et (jne cette
vue soit sanctionnée définitivement, c est a tmla
nue se borne la découverte. Il ne peut en cllet
avoir chkouvert, en 18Ü3, des arbrp que
M. Letourneux, alors procureur imperiaia A;ger,
M. Cosson, habitant je crois Paris, et une autre
personne fju’on m’a dit être moite peu (>^
temps après, d’une chute arrivée pendant ce
voyage, étaient aller visiter en 18()1... H nu;
semble donc (lu’il faut se liorner à attribuer a
M de Lannov d’avoir signalé la non-imleiild(.î
avec VAbies Rinsapo et d'avoir contribue a
répandre cette espèce Ne voulant pas laire
de polémique dans la Revue, j’ai préféré \ou^
adresser ces observations, afin que vous en ('x tra-
yiez ce que vous jugerez convenable pour bien
'établir la part qui revient à M. de Lannoy
ainsi qu’au service forestier d’Afi iquc, et modi-
fier, vous-même, ce qu’il peut y avoir de ticp
absolu dans cet article. »
« On doit comprendre que j’ai accuedli inec
un très-grand empressement de si precieux
renseignements donnés avec tant de dignité,
que j’en ai fait mon profil.
16&
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AVRIL).
J « M. Cosson, dans un {passage de sa lettre,
i] semble s’étonner de mon ignorance et me fait
I un reproche de n’avoir pas lu les ouvrages qu’il
a publiés. Ce reproche est fondé, je l’avoue ;
et je m’en consolerais très-volontiers si les ou-
vrages dont il a parlé étaient les seuls que je
n’ai pas lus. Malheureusement pour moi, il n’en
est pas ainsi, et il en est de beaucoup plus im-
portants que je ne connais que par le titre ; je
m’en console toutefois sachant qu’on ne peut
tout lire. Tout chacun doit apporter sa pierre
f[ à l’édifice, en raison de ses forces : celui-ci
j plus ; celui-là moins. J’ai fait tout ce que j’ai
|: pu ; je ne crois pas être tenu à faire d’avan-
ii tage.
li . .
« Je borne ici ma justification et j ose croire
I que les faits sur lesquels je l’appuie sont de
nature à tout concilier; que l’autorité scienti-
! fique est dignement respectée et sauvegardée,
! et que le public, y compris M. Cosson, y trou-
! vera son compte. Quant à moi j’y trouverai lar-
I gement le mien, et, une fois de plus, je me
trouverai très-heureux, si j’ai pu rendre hom-
mage à la vérité.
« Veuillez agréer, etc.
« Carrière. »
Nous publierons la réponse que M. Cosson
fera sans doute à M. Carrière. Nous n’avons
pas, quant à présent, à entrer dans un débat
qui s’agite entre deux hommes si compé-
tents.
— L’Académie des sciences a procédé,
dans sa séance du 26 mars, à l’élection
d’un membre dans la section de botanique,
en remplacement de notre vénéré confrère
M. Montagne. La section avait présenté la
liste suivante de candidats : 1*^ M. Trécul;
2o M. Chatin; 3« M. Gris; M. Bâillon;
5» MM. Bureau et Prilleux. M. Trécul a
été élu par 33 voix contre U données à
M. Chatin.
J. A. Barral.
CULTURE DES ARBRES FRUITIERS.
Défoncement et préparation des terrains.
— Le défoncement du terrain destiné à re-
cevoir une plantation d’arbres fruitiers, est
d’une importance plus grande qu’on ne le
pense généralement; car c’est de la manière
plus ou moins soignée qu’on l’exécute que
dépend souvent le succès ou la non-réussite
des arbres, lors même qu’ils ont été choi-
] sis et plantés dans de bonnes conditions.
Le défoncement ou miné est général ou
partiel. B est général lorsqu’il s’agit d’un
, terrain neuf, ou qui n’a reçu que des cul-
î tures de Vignes, de céréales, à translormer
■ en verger, pépinière ou jardins. Il est par-
tiel, lorsqu’il ne s’agit que de refaire des
; plantations non-réussies ou de vieux arbres
üsés. Dans l’un et l’autre cas, nous procé-
■ dons de la manière suivante.
; Défoncement général. — On fait les dé-
foncements ou minés le plus souvent pendant
l’hiver, parce qu’ alors les travaux ordinai-
res étant suspendus, on a des loisirs et du
temps qu’on veut utilement remplir si l’on
est laborieux et soigneux. Cependant, il ne
taudrait pas y procéder lorsque la terre est
fortement gelée à la surface; remuéeenbloc,
elle ne se mêlerait pas, on ne ferait qu’une
mauvaise besogne. Le temps le plus propice
î pour le défoncement est celui qui vient après
; les récoltes, c’est-à-dire en octobre, novem-
I bre et décembre. Lorsqu’il est achevé, on
i; peut procéder aux plantations d’arbres, si
la terre est assez meuble ou convenable.
La profondeur du miné doit être propor-
tionnée à la nature du sol. Elle doit être de
0.70 à O'ï'.SO si ce dernier est argileux, de
1 mètre s’il est calcaire, et de 1"‘. 20 s’il
'est siliceux.
Lorsque le sol est argileux, il supporte
l’eau en temips de pluie, et se durcit vite
par l’effet de la sécheresse. Alors il est com-
pacte et ne peut recevoir les gaz atmosphé-
riques, si utiles au développement des raci-
nes. Quelquefois, en se fendant, il met cel-
les-ci à nu.
Lorsque le sol est mi- argileux, mii-cal-
caire, il est moins compacte, un peu plus
léger, il est plus favorable à la végétation.
Lorsqu’il est siliceux, il est très-perméa-
ble à l’air et à la chaleur, et se dessèche vite.
Il demande des pluies fréquentes, ou des ar-
rosements à défaut de pluie. Il importe qu’il
.soit profond, afin d’entretenir les racines
dans un état de fraîcheur convenable. S’il
n’y a ni pluie, ni arrosement, ni fraîcheur
souterraine, les arbres languissent, perdent
leurs feuilles, se flétrissent pendant la sé-
cheresse et périssent quelquefois, s’ils ne
périssent pas, ils feuillent et fleurissent sou-
vent en automne; l’année sùivante est per-
due pour la fructification.
Pour commencer le défoncement, on
ouvre à l’extrémité du terrain une tranchée
de0"™.60 à 0f«.70 de largeur et de la pro-
fondeur ci-dessus indiquée. Si le terrain est
incliné, ou commence de bas en haut ;
si le sol est maigre en quelques endroits,
et plus riche en d’autres, on fait des échan-
ges afin d’améliorer l’un par l’autre. Si cet
échange est impossible ou trop coûteux, on
se procure au dehors de la terre végétale en
quantité suffisante.
Le terrassier devra se servir de la pioche
et de la pelle pour faire un miné, et voici
pourquoi : lorsqu’il se sert de la bêche, le
terrassier enlève successivement la terre de
dessus, c’est-à-dire la terrevégétale, pourla
jeter au fond de la tranchée; de sorte que
CULTUKE DES ARDUES EREITIERS^- ^
la mauvaise, c’esl-à-dirc la crue, reste a la
surface. Ou dit pour excuse que les racines
de Tarbre, Iruuvanl celle bonne terre au
fond, en prolilcront large. nenl. Oui; mais
combien de temps ces racines meltronl-
elles pour arriver à cette bonne terre. Ce iie
serait ni la première, ni la seconde année.
Or, pendant ce long bqis de temps, ue
rencontrant près de la surlace du sol que
de la mauvaise terre, elles ne pourront s y
étendre ; l’arbre végétera peu a peu, mais
finira toujours par périr. ,
Si la terre est argileuse, elle forme a la
surface des molles compactes ([ue la gelee
et le soleil peuvent seuls, à la longue, desa-
gréger ou rendre friables. Dans ce cas elle
est improjire à recevoir des arlires. Ils y
jiérii'aieut avant d’avoir émis des racines
sullisantes pour leur végétation. Il est donc
|irudent d’ajourner la jilantation au
temps, si le miné a été lait l hiver, ou à 1 au-
tomne suivant, s’il a été exécuté trop lard.
Kn général les arbres à pépins et^à noyau
l'éussissent toujours mieux lorsqu ils sont
[dan tés en automne, plutôt qu au printemps.
Nous avons dit ipi’il lallai*^ se servir de la
pioche et de la pelle pour faire un miné.
Nous le répétons, parce que, avec ces deux
instruments, on remue et on môle la terre.
Nous avons vu souvent des terrassiers
ouvrir une large tranchée plus ou moins
profonde; puis miner en dessous le sol en
friche et le fa.iré iomJier avec la hcclie en
gros blocs da is la tranchée. Ils jetaient en-
suite dessus, avec la pelle, le gravier ou le
sable du fond de la nouvelle tranchée. C’é-
tait là une piatique pitoyable, parce que la
terre des blocs n’étnit ni remuée, ni mêlée,
ni fumée conveiial) lement. Aussi les arbres
qu’on y plantait u\v prospéraienl-üs pas.
Lorsque la terre'prise à la superficie est
jetée de l’autre côté avec la pioche et la pelle,
elle se môle bien et forme un talus. On ré-
jiand avec uno fourche, sur toute la largeur
de ce talus, du fumier bien consommé.
Dcfrmceincnt pariiel. — Cette opération
se fait dans les plates-bandes ou carrés de
jardins ou de vergers. Il y a eu déjà des ar-
bres nyant végété" pendant quelques années,
il est de toute nécessité de changer la terre
avant de procéder à unenouvelle plantation.
On enlève donc la vieille terre usée à une
profondeur voulue, et on y apporte de la
terre franche, des molles de prés de Bal-
mer qu’on mêle avec du terreau ou du bon
fumier. On peut prendre la terre des allées
si elle est bonne, et mettre à la place celle
extraite des plates-bandes ou carrés desti-
nés à recevoir des arbres.
Th. Dems.
Cliof des cnllnrcs du Jardin lioîaiiiqiio
au iiarc d; la d ète d'Or, à Lyi ii.
ARBRE GÉNÉALOGIQUE RU GROUPE PÊCHER.- IXL
Le genre Amandier, ainsi qu’on le sait,
est représenté par un nombre plus ou moins
grand de formes principales qu’on nomme
espèces. On ne connaît pas toutes celles-ci,
mais pour la démonstration que je vais
essayer de faire, celte connaissance n’est pas
indispensable. Il suffit que, partant d’une
espèce connue qu’on peut regarder comme
un tfipe sauvage, je puisse établir la filiation
et démontrer que de ce type on peut, par
une suite d’intermédiaires, c’est-à-dire de
modifications successives, arriver aux Pê-
chers, ce qui toutefois ne veut pas dire que
c’est le point de départ absolu, etqu’au-des-
sousde celle espèce, d’où je pars, il n’en est
pas d’autres avec lesquelles elle se relie et
se confond.
Là, du reste n'est pas la question ; ce
qu’il importe c’est que l’on parte d’un point
connu. Or, ce point qui me servira de base,
je le trouve dans une petite espèce : dans
1 Voir la Berne dc18G5, p. 292, 35i et 417, et les
du 1er janvier i,s66, p. 12 -, du IG janvier, p. 32;
du 16 février, p. 71; du l^r avril p. 123; du IG avril,
p. 153.
l’Amandier d’Orient {Aunjgdalus orient nbs)
dont je dois faire connaître les caractères.
Petit arbuste buissonneux, Irès-rameux, à r.^
ineaux grêles, rélléchis, a teinlles dépourcucs
de glandes, très-élroitcmenl ovales elliptiques,
longues d'environ 3 centimètres, larges do
7 inillimètres, atténuées aux deuxbouls, obtuses,
très l)lanches par un tomentum abondant et
leutré. Fruits très-petits, longs d’environ t “2 mil-
limètres, régulièrement ovales, à sarcocarpe
extrêmement mince (presque réduit à l’écorce),
coriaces, acerbes, astringents, sans odeur ni
saveur, très-courtement duveteux. Fleurs cam-
panulacées, très-petites, rose pale ou carné, à
pétales étroits, distants, obovales, atténués en
onglet.
Maintenant que l’on connaît les caractères
de VA. orienlalis, je dois faire remarquer
(jue chaque fois que j’ai semé des noyaux
"de ce type j’ai toujours obtenu des indivi-
dus plus ou moins différents (le lui; il
yen avait dont les feuilles étaient plus
ou moins ovales et plus ou moins velues;
qelques- unes aussi vaient des feiiilles
complètement glabres. Il y en avait égale-
ment dont les feuilles, excessivement élroi-
1G7
ARBRE généalogique DU GROUPE PÉCHER. —IX.
les, étaient finement et très-profondément
dentées. J’ajoute encore que presque toutes
j)ortaient sur le pétiole de nombreuses glan-
des globuleuses. C’est de ce type que sont
sortis les Ainijgdalns Ballamæ et salici folia
qui, à tort, ont été considérés comme des
e&pècef.
Ayantsemé de ces prétenduesespèces une
(juanlité considérable de noyaux qui avaient
été récoltés dans l’Asie-iVlineure, à Vélat
sauragr , ]uar M. lîallansa; je vais indiquer
ci-après les résultats que j’en ai obtenus en
donnant préalablement les caractères que
présentaient leurs noyaux. Les noyaux de
VAmi/gdalus Ballamæ étaiçnt surtout re-
inaiai'uables par leur forme et leur aspect;
ils étaient très-réguliers, fortement renllés
sur les faces, et tellement semblables entre
eux qu’on aurait pu croire qu’ils avaient été
coulés {hns [in même moule; leur surface
était comme guillocliée, et les guillocbures
formaient des dessins si remarquables par
leur disposition qu’on pouvait les dire
jolis.
Les noyaux de VAmi/gdalas salici folia
étaient plus allongés, plus gros, plus^ unis,
et moins réguliers, de forme que n’étaient
ceux de VA. Ballansœ; ils étaient aussi de
grosseurs et de formes très-diverses ; il s’en
trouvait même qui frisaient de près l’espèce
commune : VA. coniniunisj et, en même
temps, d’autres qui se confondaient soit
avec ceux de VAmggdalas orientalis, soit
avec ceux de VA. Balünisœ.
Je profite de cette occasion pour faire
remarquer que les noyaux de l’Amandier
commun ne sont pas non plus semblables
entre eux; tant s’en faut, et qu’on trouve
au contraire dans les nombreuses variétés
que présente cette espèce, des noyaux de
formes et de grosseurs très-différentes.
Ayant semé à part et avec beaucoup de
soin tous mes noyaux (V Ainygdalus Ballan-
sœ et salici folia, j’ai obtenu des plantes dont
l’aspect général dénotait une origine coin-
mUne, et montrait, à n’en pas douter, qu’il
n’y avait là que les descendants d’un même
type, bien que tous étaient dissemblables
entre eux. Dans un lot comme dans l’autre
on trouvait des individus dont les feuilles
étaient extrêmement longues et étroites,
incanes et plus ou moins tomenteuses, et
d’autres qui avaient des feuilles de même
forme et de même dimension, mais glabres
et luisantes. Il y en avait dont les feuilles
petites, elliptiques-ovales, tomenteuses, rap-
pelaient ccdles de VA. ^V Orient. J’ajoute
qu’on trouvait aussi dans cbacun des deux
lots des individus buissonneux, nains et
presque couchés, tandis que d’autres étaient
très-vigoureux et élancés. C’était parmi ces
derniers, dont les feuilles étaient très-gran-
des, qu’il s’en trouvait dont l’aspect était
absolument semblable à celui de l’Amandier
commun. La ressemblance était telle, en
elfet, qu’on aurait ))u les confondre.
Je dois dire aussi que parmi les individus
sortis de l’*l. Balhnisæ. qui ont fructifié, il y
en avait dont les Heurs étaient de grandeur,
de forme et de couleur difiercnle, et
qu’elles s’épanouissaient aussi à des époques
très-diverses; les unes étaient presque
complètement blancbes, d’autres plus ou
moins roses ou même presque rouges.
Dans les fruits qu’ont produit tous ces ar-
bres, il s’en trouvait aussi qui étaient de
formes et de grosseurs très-diverses; tes
uns très-courtement rétrécis arrondies
au sommet,, d’antres au contraire étaient
longuement acuminécs, tandis que d’autres
élaient courtement ovales, obtus aux deux
bouts. On remarquait aussi dans le^ IVuils
des (liHerences très-grandes, quant à la cou-
leur; il y en avait de blancbàlrcs et d’antres
qui élaient d’un muge violacé ou vineux.
D’autres aussi étaient couverts d’un tomen-
tnm extrêmement abondant, feutré et serré,
d’un aspect luisant et mélaHi(iue, tandis (jue
d’autres élaient presque glabres.
Quelques-uns aussi, élaient semblables
à ceux de certaines variétés ou formes de
l’Amandier commun. Le sarcocarpe (la
chair), chez certaines de ces variétés, au lieu
d’être très-mince comme celui de VA. Bal-
lansœei salici folia, était épais et charnu: j’en
ai même remarqué dont la chair était très-
légèrement savoureuse et relativement fon-
dante. Quant à la saveur de l’amande conte-
nue dans les noyaux, elle était absolument
semblable à celle qui se trouve dans l’aman-
de des noyaux de l’Amandier commun; il y
avait plus; on trouvait même dans celte sa-
veur tous les degrés, depuis la saveur très-
amère, jusqu’à la saveur douce. Ainsi donc,
de ce premier jet, à partir de VA. (VOrient,
par une série d’intermédiaires qui portaient
sur tous les caractères, on était donc arrivé
à l’Amandier commun.
Le pas était franchi, la distance entre
l’Amandier d’Orient et l’Amandier |commun
était effacée, la lacune était comblée. J’a-
joute qu’aucun arbre, parmi ceux qui ont
fructifié jusqu’à ce jour, n’a reproduit la
f3rme si remarquable et si singulière des
noyaux de VAinggdalus Ballansœ que j’avais
semés. La plupart, au contraire montrait
une tendance plus ou moins grande à tour-
ner à l’Amandier commun.
Je dois aussi faire observer ce fait impor-
tantà savoir, ([ue les modifications si profon-
des quenousavonsconstatées chez les indivi-
dusissnsde^^rdiüQsà 'S Ain II gilalus B(illansæ
et salici folia, sont le résultat d’un premier
semis fait avec des graines venues de l’Orient
où elles ont été récoltées à l’état sauvage
sur des arbustes buissonneux qui formaient
des sortes de fourrés analogues à ceux que
le Pranns spinosa ft)rniele long de nos clie-
168
ARBRE GÉNÉALOGIQUE DUXROUPE PÊCHER.— IX.
mins, de sorte que pour expliquer ce fait de
modifications si promptes, on ne pourrai^
ainsi qu’on le fait si souvent dans ces sortes
d’occasions, invoquer l’influence des fé-
condations qui se seraient faites avec des
individus cultivés. D’où l’on peut conclure
que ces modifications auraient été beau-
coup plus considérables si les graines
que j’ai semées avaient été récoltées sur
des individus nés dans les cultures et surtout
si les Individus mores étaient eux-mêmes le
produit de plusieurs générations, parce qu’a-
lors il y aurait eu l’influence des milieux
culturiques, qui, comme chacun a été à
même de le remarquer, joue un rôle im-
mense dans les modifications que pré-
sentent les végétaux.
Tout ceci démontre donc, d’une manière
à peu près certaine, que l’Amandier, com-
mun n’est iqu’une modification de l’Aman-
dier d’Orient, et que, £n partant de celui-ci
on peut arriver à celui-là en passant par une
série non interrompue de formes supérieu-
res dans lesquelles se trouvent les Amy-
gdalus Bellansœ et salicifolia qui semblent
être le dernier terme pour arriver à l’Aman-
dier commun.
Ce premier point établi, il me reste à
démontrer qu’à partir de l’Amandier com-
mun, on arrive également, par une série
continue de formes diverses, au groupe
Pêcher. Cette démonstration sera d’autant
plus facile que, placé sur un terrain connu,
tout le monde pourra me suivre, et que je
n’aurai même pas à m’appuyer sur des hy-
potlièses, mais sur des faits.
Carrière.
GREFFE BOISSELOT POUR LA VIGNE.
L’étude de toutes les questions qui se
rattachent à la culture de la Vigne est à
l’ordre du jour; aussi,
il me semble que tous
ceux qui s’y adon-
nentaccueillerontavec
intérêt l’explication
d’une greffe qu’un
arboriculteur éclairé
et consciencieux a
imaginée récemment
et qu’il a fait connaître
à la Société impériale
et centrale, convaincu
qu’elle devait donner
de bons résultats.
Cette greffe, que je
désignerai de suite
sous le nom de son au-
teur, M. Auguste Bois-
selot, de Nantes, est
une variété de la greffe
en fente ordinaire,
qu’elle serait destinée
àremplacer. En atten-
dant qu’elle soit exami-
née à fond et jugée en
dernier ressort, je
crois utile de lui don-
ner de la publicité et
de mettre à même de
l’apprécier tous ceux
qu’elleintéressera;voi-
ci donc comment elle
se pratique.
Au printemps, avant que la Vigne ne
pleure, mais préférablement à l’automne,
au moment où les premières feuilles com-
mencent à jaunir, on choisit sur les ceps
les deux bifurcations formées par les bran-
I elles coursonnes qui sont les plus rappro-
I chées du sol. On taille au-dessus du pre-
mier œil les branches
qui sortent des tron-
çons ; on fend au
milieu à l’aide d’un
instrument, ou on fait
simplement éclater
avec les mains la bi-
furcation qu’elles
forment à leur centre
commun; on y place
un sarment amincien
biseau ou en lame de
couteau, comm.e on
le fait pour la gretïe
en fente ordinaire ;
toutefois, il est préfé-
rable de donner à l’un
des côtés du biseau
une épaisseur quiex-
cède sensiblement
celle de l’autre côté.
Le greffon étant pla-
cé, on ligature forte-
ment et on mastique.
Lorsque l’analogie
qui existe entre un
jeune sujet et un gref-
fon un peu fort favo-
rise le contact des
écorcesdes2côtés, la
soudure est presque
invisible à la fin de
la première année : dans tous les cas elle
ne tarde pas à le devenir.
La greffe étant ainsi disposée, tels sont
les soins qu’elle réclame pendant le cours
de la végétation: pour en aider le déve-
loppement on concentre la sève en modé-
GREFFE ROISSEEOT POE U LA VIGNE.
169
ranl par le piiicemeiii les pousses qui sor-
tent des deux chico's dont la fourche a reçu
le greffon; on fouille au pied du sujet
trois quatre et meme cinq fois dans l’année
pour extirper des drageons souterrains qui
naissent successivement au collet des_ ra-
cines. On ne rabat définitivement les chicots
(|ne lorsque la reprise est absolument assu-
l'ée et môme après deux ou trois ans.
La greffe qui a servi de modèle pour le
dessin de la figure 15 a été faite le 6 octobre
1804 et, selon l’hahitiide, n’est guère entrée
en végétation qu’à la Saint-Jean de i80o.
M. lloisselot expérimente ce mode depuis
cinq ans et l’expérience qu’il a acquise le
t)ersuade des avantages qui doivent le faire
t)référer à ceux qui sont suivis générale-
ment.
Les deux pousses qui s’élèvent sur le
vieux bois au-dessus du point d’insertion de
la greffe procurent un appel de sève assez
énergique pour faciliter singulièrement la
reprise; et d’un autre côté l’absence de
toute mutilation permet de conserver le
sujet et de le retrouver intact dans les cas
où l’opération viendrait à manquer.
En n’ayant rien supprimé sur le sujet, on
s’est ménagé la précieuse ressource de pou-
voir faire sur le meme cep les expériences
comparatives les plus faciles et les plus
concluantes, sur la nature, la qualité et
surtout la précocité relative des variétés
diverses.
En outre, ce procédé a l’avantage incon-
testable de convenir aux greffes qui doivent
se faire au-dessus du sol.
Ce mode, à première vue, paraît dans de
bonnes conditions pour rendre des services;
il appartiendra aux arlioriculteurs qui vou-
dront bien en faire l’épreuve, d’éclairer
l’opinion et môme de la fixer sur son mérite
et, s’il y a lieu meme, de lui apporter les per-
fectionnements dont il serait susceptible.
Le vide que peut causer l’irrégularité du
sujet et de la greffe se remplit avec du
mastic en attendant qu’il disparaisse natu-
rellement. Ce qui meme est un avantage
propre à ce procédé, c’est que l’appel de
sève produit par les deux pousses issues
de la bifurcation est tellement efficace,
qu’on ne voit jamais s’altérer l’écorce
sur le revers opposé au côté où la jonction
s’opère avec précision. M. IJoisselot insisie
sur celte remarque.
Je ne veux pas entrer ici dans plus de dé-
tails, je n’ai d’autre but que de livrer à la
publicité et de soumettre à l’examen des
arboriculteurs compétents un moyen de
perfectionner la culture de la Vigne. Deux
motifs puissants les engageront à expéri-
menter la greffe Boisselot ; ils voudront
donner leur attention à l’œuvre d’un inven-
teur intelligent qui se dévoue résolument
à la recherche du progrès; ils voudront ren-
dre justice à ses efforts, persuadés que la
moindre amélioration en horticulture est un
bienfait pour des millions de consomma-
teurs, et que, si elle offre aux viticulteurs un
moyen facile et sùr de renouveler et d’amé-
liorer les cepages, elle devient une source
féconde de produits pour notre beau pays
de France, dont le vignoble n’est pas le
moindre trésor. Iîemu Michelin,
CONDUITE DES ARBRES FRUITIERS
PAR LE PINCEMENT DES FEUILLES.
La taille des arbres fruitiers, telle qu’elle
était autrefois pratiquée par la plupart des
maîtres, consistant à retrancher chaque an-
née le tiers ou le quart des branches de
prolongement et à tailler court toutes les
productions, est tous les jours attaquée par
des professeurs et des praticiens habiles
qui proscrivent cette méthode comme dan-
gereuse pour les aibres dont elle compro-
met l’existence, désastreuse pour les pro-
priétaires dont elle entrave la jouissance.
Ce n’est pas que les professeurs et les
praticiens qui critiquent la taille exagérée
veuillent abandonner les arbres à "eux-
memes, ainsi que quelques-uns le préten-
dent par dérision : non, personne, je crois
n’y songe, mais ce que l’on attaque, ce sont
les abus de l’ancienne taille, c’est celte
coutume barbare de couper chaque année
la tête des arbres sous prétexte de les for-
mer.
Ceux qui attaquent cette méthode contre
nature lui substituent un système de con-
duite des arbres fruitiers dans lequel les
grosses mutilations, les suppressions de
branches de charpente sont soigneusement
proscrites.
Dans ce système le cultivateur doit s’atta-
cher à ne faire subir aux arbres que le
moins de suppressions possibles, il doit
s’attacher en outre à n’opérer les retranche-
ments strictement nécessaires pour mainte-
iîir la sève, l’équilibre de la charpente et
obtenir la mise à fruit que sur les produc-
tions à l’état herbacé.
Les expériences de M. Grin aîné, de
Chartres, prouvent que les pincements de
bourgeons herbacés, les simples pincements
i:o
(:0^'DlJlTE DES AUBRES FRUITIERS PAR l.E PINCEMENT DES FEUILLES.
(le feuilles, pratiqués en temps opportun,
suffisent parfaitement pour atteindre le
but.
Les défenseurs de la taille me répondront
que ce simple pincement des bourgeons et
des feuilles est encore une taille, puisque
c’est une suppression. Je le concède volon-
tiers, mais on m’accordera bien à mon tour
qu’il y a une grande différence, au point de
vue de la santé de l’arbre, entre l’ancienne
taille retranchant méthodiquement chaque
année une partie des branches de prolonge-
ment de la charpente et la simple suppres-
sion d’une partie de feuille ou de l’extré-
mité herbacée des bourgeons.
On m’accordera bien que le pincement
et la laille ne sont pas deux opérations
semblaliles, que c'est jouer sur les mots 1
que de vouloir comprendre sous le meme
nom deux opération:; aussi ditîérentes.
Les maîtres qui ont pris la défense de
l’ancienne laille sont obligés d’avouer que
la plupart des jardiniers la pratiquent mal;
qu’entre leurs mains inhabiles elle est très-
dangereuse; et en vérité les jardiniers sont
bien excusables car les règles de celte taille
sont tellement arbitraires, incertaines, que
la plupart des maîtres ne sont pas d’accord
entre eux sur la façon dont elle doit être pra-
tiquée.
Lorsque les maîtres ne peuvent pas se
mettre d’accord sur les bases d’un ensei-
gnement, les élèves ne sont-ils pas excusa-
bles d’eiuployer des pratiques vicieuses, et
n’a-l-on pas mauvaise grAce à les leur re-
1 procher?
Si l’anciennetaille est dangereuse ainsi que
ses propres défenseurs sont obligés de l’a-
vouer; SI elle exige, pour être bien pratiquée,
une science, une habileté qu’il est impossi-
ble d’exiger de la plupart des praticiens; si
cette ancienne taille, d’application si dif-
ficile, peut être avantageusement remplacée
par des pincements de bourgeons et même
de feuilles, ainsi que tendent (à le prouver
des expériences poursuivies avec autant de
soin que de dévouement par des arboricul-
teurs consciencieux, surtout par M. Grin, de
Chartres. Il est du devoir de tous ceux qui veu-
lent le progrès de l’horticulture de proclamer
ces faits hautement, d’expérimenter les pro-
cédés nouveaux sans prévention, sans parti
pris, avec le seul désir de rechercher et de
faire ressortir la vérité, de vérifier, de
constater les résultats obtenus.
Il importe, dans l’intérêt des propriétai-
res, de dégager enfin l’arboriculture des pro-
cédés compliqués vicieux qui rendent en-
core aujourd’hui sa pratique si difficile !
La lutte est désormais engagée entre les
partisans de l’ancienne taille et ceux do la
nouvelle méthode de conduite des arbres
fruitiers : tous ceux qui s’occupent d’arbo-
riculture seront conduits à y prendre part, à
se ranger sops une bannière ou sous l’autre.
Espérons que des discussions qui ne
manqueront pas de s’élever, la lumière jail-
lira enfin éclatante pour tous.
L’ancienne laille a été vivement attaquée
par M. Pigeaux, mon collègue de la Société
' Yema Piwf!
Jrnp Zanoto me Boulangers. 13. Pans
Poire
Docteur
Pipeaux
m
Inifj. Zanotp. rue des Boulangers 15, Pans
A 1) i e s N O rd iii cinmaii a
CONDUITE DES AUBDES FRUITIERS PAU LE PINCEMENT DES FEUILLES.
171
d’horticulture de Paris, par M. Bouscasse,
liorticulteur à La Rochelle, et par M. Gres-
sent, dans ta nouvelle édition de son traité
d’arboricullure.
La nouvelle méthode de conduite des ar-
bres fruitiers est pratiquée avec autant de
persévérance que de succès })ar les horli-
cutteurs chartrains,etparmi eux, par M.Grin
aîné, qui poursuit ses éludes et ses recher-
ches avec un zèle et un dévouement au-
dessus de tout éloge. M. Grin est un simple
j)ropriétaire aniateur, il ne professe point, il
n’a aucun intérêt à préconiser une méthode
plutôt qu’une autre -, il ne cherche (ju’unc
chose, la simplification de l’arboriculture,
sa mise à la portée de tout le monde; il croit
l’avoir trouvé, par la conduite au moyen du
j)incement des feuilles, il indique à tous son
procédé.
Dans le seul but de répandre celte mé-
thode, ({ui simplifie considéraldement la cul-
ture des arbres, il a tenu à apporter lui-
même au comité d’arbcriculture de la
Société de Paris, dont nous avons l’honneur
de faire partie, des branches de nombreuses
variétés de Pêchers traitées d’après la mé-
thode de pincement des feuilles et parfaite-
ment ganiies de boulons à la base de tous
les boui geons.
Nous faisons expéiâmenler le système de
M. Grin sur toutes les espèces d’arbres frui-
tiers dans notre jardin d’essais du Pin, nous
rendrons compte des l’ésultals. Nous avons
engagé nos collègues de la Société d’horti-
culture de Meaux, qui compte dans son sein
des arboriculleui’s très-habiles, nous enga-
geons chaque jour nos amis à expérimenter
de leur côté le système de M. Grin.
Pour mettre les arboriculteurs à même
(le répéter partout ces curieuses expériences
de conduite des arbres fruitiers par le
simple pincement des feuilles, nous nous
empressons de publier les explications que
M. Grin a lui-même fournies au sein du co-
mité d’arboriculture de Paris où siégeaient
ce jour-là MM. Alexis Lepère, Chevalier et
autres de Montreuil, M. Forest, des pépi-
niéristes et un grand nombre d’amateurs
d’horticulture. Voici le procédé de M. Grin:
lo M. Grin taille en novembre. Par ce
moyen il concentre dans les yeux conservés
toute la sève élaborée pendant l’hiver. Il
évite la gomme et la clo(5ue.
Au mois d’avril, à mesure que les
feuilles se développent, il coupe en A (lig. 1 G)
les deux feuilles de la base du bourgeon
anticipé à la moitié de leur longueur, lais-
sant intacte la première et plus large feuille
Le bourgeon anticipé se distingue en ce
qu’il développe une première feuille longue
et large, et deux sipulaires minces et étroi-
tes. Ce sont ces deux dernières qu’il faut
réduire à moitié de leur longueur en A.
Celte simple opération suffit pour fixer
deux bourgeons à la base de chaque ra-
meau.
Lorsque le bourgeon a développé une
seconde paire de feuilles, il faut couper
également les deux feuilles de la base à la
moitié de leur longueur, en F, la grande
feuille restant toujours intacte.
Ces deux simples pincements de feuilles
suffisent pour arrêter le développement du
bourgeon, fixer deux boulons à la base et
melti'c à fruit ceux de la deuxième paire de
feuilles.
Si, sur quelques arbres Irès-vigouroux,
quelques rameaux tendaient à s’allonger, il
l’audrait se borner à couper l’extrémité des
feuilles pour obtenir la mise à fruit.
Il est rarement nécessaire de recourir à
plus d’un seul pincement.
Ce système est applicable à toutes les
espèces d’arbres fruitiers, aux arbres à pe -
pins comme à ceux à noyau. M. Grin a
répondu de la façon la plus précise à diver-
ses objections qui lui ont été faites au sein
du comité, entre autres par MM. Lepère et
Forest.
(( Le simple pincement de l’extrémité des
feuilles me suffit, a dit M. Grin, pour arrêter la
sève, modérer la végétation, maintenir Pétpii-
libre de la charpente et mettre mes arbres à
fruits. Je forme tous mes arbres par ce pro-
cédé.
« Le pincement des feuilles, tel que je le pra-
tique, a dit encore M. Grin, a toujours pour ef-
fet de faii-e développer des boutons à la base
du ])ourgeon, de les maintenii' le plus ra^qu'o-
cliés possible de la branche de charpente meme
sur les gourmands. »
Je n’ai pas besoin d’insister sur la sim-
plicité et les avantages de ce système de
conduite des arbres fruitiers qui supprime
le palissage, double la production sur la
même surface de mur, évite la gomme et
la cloque.
C’est bien, ainsi que le désire M. Grin,
l’arboriculture réduite à sa plus simple ex-
pression, les beaux fruits mis à la portée de
tout le monde, de la chaumière comme du
château.
Sans aucun doute les châteaux qui tien-
nent à l’architecture fruitière, à avoir de
grandes surfaces garnies de formes sa -
vamment combinées continueront à appli-
quer la belle méthode de notre habile
collègue M. Alexis Lepère , de Montreuil;
mais les chaumières, qui n’ont pas de beaux
espaliers à garnir et qui sont bien aises
cependant de manger ou de produire de
beaux fruits, à peu de frais et en abondance,
adopteront certainement la méthode de
M. Grin.
Que chacun essaie donc le pincement
des feuilles, nous touchons au moment de
172
CONDUITE DES ARBRES FRUITIERS PAR LE PINCEMENT DES FEUILLES.
pratiquer. Si rexpérimentation confirme | giiaiU ce procédé aussi simple qu’ingé-
les essais faits jusqu’à ce jour, M. Grin 1 nieux. ue la Roy,
aura rendu un véritable service en divul- l Secrtanûe de laSodéic d’horiicuiiure
do iVcaux (Scinc-et-Marne).
LA POIRE DOCTEUR PIGEAUX.
Naissance en Belgique, baplemeen Fran-
ce; semis du major Espéren, tutelle de
M. Berckmans, adoption de M. Dupuy-Ja-
main, dédicace au docteur Pigeaux : tel est
l’état civil de cette Poire.
Le Docteur Pigeaux n’est pas tout jeune
(je parle du fruit, bien entendu); longtemps
meme après sa naissance, encore désigné
sous le pseudonyme provisoire AZZ, ce
n’est qu’en 1865 qu’il a été dédié par M. Dl-
puy-.lamain au zélé biblioliiécaire de notre
Société d’horticulture, que je n’ai pas be-
soin de présenter aux lecteurs de la Revue
horticole.
Le parrain a voulu faire lui-même la pre-
mière description du filleul; elle a paru dans
le journal de la Société.
Voici comment il décrit l’arbre ;
c( L’arbre qui produit laPoire Docteur Pi-
geaux est fertile et vigoureux; il s’adapte
également bien à la grefle sur franc et sur
cognassier; il forme de belles pyramides à
rameaux droits et faciles à conduire. Ses
feuiiles sont vert-foncé, dentées en scie,
ovales-allongées et sensiblement aplaties.
Son bois est brun-verdàtre, parsemé de
leiiticelles grises;ses mérithalles sont courts;
les yeux sont bruns, assez saillants. »
C’est à l’automne de 1861 que j’ai dégus-
té pour la première fois l’élève deM. Dupuy-
Jamain, avec l’espoir de le voir figurer un
jour dans la liste des fruits dont on peut re-
commander volontiers la culture; depuis
lors j’ai renouvelé chaque année l’expérien-
ce; j’en parle donc, je crois, avec une
parfaite connaissance de cause.
Dire que c’est un fruit de première qua-
lité, et que Fou doive se hâter, comme il
paraît qu’on a cru devoir le faire pour la
Roux Carcas, d’arracher des centaines de
Doyennés dDiiver pour lui céder la place,
ce serait beaucoup exagérer, et, pas plus
que le parrain, le promoteur n’approuverait
cette exagération; mais tel qu’il est, le Doc-
teur Pigeaux, possède assez de qualités
pour mériter qu’on le décrive.
Dans les premières années de sa fructifi-
cation, le fruit a paru retarder sa matin ité
complète jusqu’en janvier; depuis lors il
semble l’avoir maladroitement avancée en
novembre; c’est déjà un peu plus lard que
bien des fruits d’automne, mais la première
idée était la bonne, et je ne désespère p is
de i’y voir revenir. Son aspect du reste est
rassurant; il prend alors, du côté du soleil,
cette teinte fauve, un peu aurore, qui pré-
vient favorablement en faveur d’une Poire,
laissant apercevoir, du coté opposé, une jo-
lie peau jaune à travers les réseaux dorés
qui la sillonnent; ([uelquefois, rarement,
perce un léger ton rougeâtre. Des points
lins, assez nombreiix, parsèmmnt la peau,
plus ou moins fauves selon la place qu’ils
occupent; quelques taches rousses, irrégu-
lières se détachent sur le tout.
La queue, brune et rousse, est moyenne
de grosseur, de 0™.03 aC'^uOL de long,
arquée, souple, sclide à l’arbre, adhérant
au fruit dans une cavité peu profonde for-
mée principalement par une proéminence
assez marquée. L’œil est un peu large, peu
enfoncé, à divisions brunes, charnues,
dressées et courtes.
Le fruit — on le voit par la gravure ci-
jointe — est assez gros, régulier, arrondi,
quelquefois un peu plus large à la base, ré-
gulièrement rétréci au sommet.
Voici pour l’extérieur; passons au prin-
cipal.
La nature de la chair n’est pas toujours
appréciable tout d’abord, parfois à moitié
fondante, parfois à moitié cassante; il y a
souvent bien peu de dilférence entre ces
deux appréciations; je crois pouvoir pencher
vers la dernière. Elle est à moitié fine et un
peu jaunâtre; du jus, du sucre (heaucoup
même en certaines années) et du parfum :
trois qualités. En compagnie de quelques
collègues, j’ai dégusté en 1864 des exem-
plaires dans lesquels on retrouvait le goût
un peu âpre du Messire-Jean, mais mitigé *
et nullement désagréable.
En somme, on le voit, le Docteur Pi-
geaux n’est pas un fruit à dédaigner, sur-
tout dans les années où il pourra atteindre
l’hiver, et je ne suis pas étonné si le pi-
quant collaborateur de la Revuehorticotecn
a bien volontiers accepté la seconde paterni-
té; aussi j’aime à croire que tous les deux,
filleul et parrain, auront la longue existence
qu’ils méritent.
Tii. Buchetet.
ARIES NORDMANNIANA.
Le beau Sapin qui fait l’objet do celle
note a été introduit dans les cultures curo-
I péennes en 1848: il est originaire de la
I Transcaucasie, où il se trouve sur la chaîne
ABIES NORDMANNIANA.
173
(les montagnes Adscliariennos, dans la partie
voisine dès sources de la rivière Kur a
une alliUule de 2,000 mètres. 11 a re(;u
son nom spécifique de M. Nordmann, d’O-
dessa, qui, le premier, l’a trouvé dans ces
localités; plus tard, M. Wittinau l’a dècou-
vert également sur le versant méridi()nal
des montagnes, entre Cartalin et Achalzicli,
jusciue dans le voisinage de la région al-
pine. La planche coloriée ci-contre qui le
représente a été exécutée d’après le Neer-
Imurs Plitnteuluin, sur un sujet apparte-
nant càM. Krelage, d’Harlem.
D’après la description qu’en donne Car-
rière dans son traité classique des Conifères,
c’est un arbre atteignant 2t3 mètres et au
delà d’élévation sur 1 mètre de diamètre.
Son bois est de bonne qualité. Sa tige
droite recouverte d’une écorce gris-cen-
dré, est lisse. Ses branches sont rappro-
chées, verticillées, faibles eu égard à la
force de la tige, horizontales, les inférieures,
souvent défléchies, comme notre planche
le montre, les supérieures presque oblique-
ment dressées. Ses feuilles sont linéaires,
planes, longues environ de 0"\03, légère-
ment émarginées ou bifides au sommet, d’un
vert pâle, luisantes, canaliculées en dessus,
marquées en dessous, de chaque ciMé de la
nervure, d’une ligne glauque, légèrement
tordues à la base et se retournant vers la
face supérieure des rameaux, qu’elles cachent
en grande partie. Les cônes, très-résineux,
dressés, coniques, sessiles ou courternent
pédonculés, longs environ de 0'“.15 sur
CULTURE RE U’Œl
ET IIE L’ŒILLET RiaiO>
Depuis que je m’occupe d’horticulture en
amateur passionné, je m’aperçois que la
plupart des publications horticoles sortent
du meme moule et se répètent sans cesse,
quoiqu’il y ait. et je suis aise de le consla-
ter, de nombreuses exceptions, telles que les
publications spéciales de MM. E. André,
Carrière, le comte Léonce de Lambertye,
E. Chalé fils, etc.
Mais comme en beaucoup d’autres choses,
il y a en horticulture des doctrines qui
étant constamment répétées sont acceptées
par le vulgaire comme articles de foi.
Toutes les publications qui ont traité
de la culture des Œillets et de leur propa-
gation disent invariablement :
« Le bouturage, vu le peu de chances de
réussite qu’il offre, est le plus rarement
employé. »
D’où vient cette grave assertion, qui n’est
qu’une grave erreur? Je ne sais! Serait-ce
parce que la routine est une puissance des-
poticjue ?
0'".05 de diamètre, sont solitaires ou quel”
quefois réunis par deux ou trois.
UAhies Nordmanniana est un de nos plus
beaux Sapins argentés, et il peut très-bien .
rivaliser pour la beauté de son port général,
avec ïAhies Pinsnpo et VAInes cephaloîiica.
11 semlile avoir beaucoup de rapports, dit
M. Carrière, avec VAMcs amabiliH forlü du
nord-ouest de l’Amérique boréale, par son
port et la forme des feuilles; inais ces der-
nières, moins rapprochées, plus molles, un
peu plus longues, luisantes, d’un vert (dus
intense, sont munies d’une nervure large,
accompagnées d’une bande glauque ou blan-
châtre, tandis que ùiinsVAhies i(mabllis, au
contraire, la nervure est étroite, bordée
d'une ligne glauque ou souvent farinacée.
Enfin ifse distingue encore par ses cônes,
dont les bractées sont saillantes, tandis
quelles sont incluses dans VAbies amaUlh.
On lait quelquefois à V Abies Nordman-
nüwa un* reproche qu’il partage d’ailleurs
avec plusieurs autres espèces orientales,
telles que, par exemple, le bel Aides cilicica
du mont Taurus; c’est qu’il développe ses
jeunes pousses de très-bonne heure et qu’il
est exposé, sous le climat de Paris, à être
détérioré par les gelées de nuit tardives.
D’après Steven, VAbies Nordmannûma
ne commence à fructifier qu’à l’âge de 40 à
60 ans, et toujours vers le sommet de
l’arbre ; dans les arbres adultes, les cônes
sont quelquefois tellement nombreux, qu’ils
couvrent presque toute la partie supérieure
des branches. ' J. GR()EKLA^D.
,LET EN GÉNÉRAL
bVNT EN PAUTIGl LIER.
Ce qui est vrai et certain, c’est que le
bouturage estle meilleur mode de multipli-
cation des plantes et le marcottage (recom-
mandé pour les Œillets) l’enfance de l’art.
La critique est aisée, mais l’art est difli-
cile, a dit Boileau. Ce qui n’est pas exact.
Car, pour critiquer, il faut pouvoir démon-
trer que ceux que l’on déclare fautifs le
sont, et pouvoir enseigner à mieux faire.
Après la critique, il me faut donc démontrer
que ce ((ue les livres avancent est une er-
reur.— Les Ovillets, quoiqu’ils en disent, re-
prennent généralement irès-faeUemenl de
boutures, et font ceitainement, incontesta-
blement, de meilleures plantes ([ue les mar-
cottes, et en outre (ce qui n’est pas à dédai-
gner pour l’horticulteur marchand), on tire
plus de boutures d’une plante ({ue l’on ne
peut en faire de marcottes; car les bontures
coupées, la plante cherche à remplacer les
amputations, à réparer les pertes qu’on lui a
fait éprouver et reproduit de nouveaux ra-
meaux; tandis que la plante que l’on soumet
174 CULTURE DE L’OEILLET EN GÉNÉRAL ET DE L’OEILLET REMONTANT EN DARTICULIER.
au marcottage, nourrit ses membres à moitié
amputés, sans songer encore à les remplacer.
Les boutures d’GMllets peuvent se l’aire en
toute saison; mais, pour ceux qui ont des
serres ou veulent multiplier grandement, la
meilleure époque est l’hiver; c’est-cà-dire
janvier et février, en serre à boutures, et ils
obtiendront des plantes qui pourront être
livrées à la pleine terre en avril ou en mai
et qui seront vigoureuses dans le courant de
l’été.
Depuis quinze ans que mon voisin Alé-
gatière, le dianthologiste lyonnais, s’occupe
du perfectionnement de l’Œillet remontant,
il n’a pas employé d’autres moyens de mul-
tiplication que le bouturage, et en janvier
dernier, j’ai vu chez lui plus de vingt-cinq
mille boutures, dans une serre hollandaise;
en partie sous cloche ou petits châssis vi-
trés et partie à l’air libre de la serre, selon
les variélés. Sous ce rapport, il y a une
étude tâ faire (dont les routiniers mafcotteurs
sont dispensés), car il y a des variélés qui
reprennent plus promptement à l’air libre
que sous cloche.
Pas n’est besoin d'entrer dans des détails
sur la manière de préparer et faire les bou-
tures d’Œillels,>loul le monde la connaîl.
Le point essentiel pour la réussite est d’en -
lever, tous les jours, les feuilles qui jaunis-
sent et, pour le faire, il ne faut pas craindre
d’enlever les boutures; au contraire, la re-
prise n’en est que plus assurée : les chan-
ger de place, de terre, de temps en temps,
hâte souvent Ja reprise. Pourquoi? (lui
sai t ?
De fréquents bassinages sont indispen-
sables. Mieux vaut pour l’Œillet l’excès
d’humidité que la sécheresse.
Les boutures faites en hiver reprennent
généralement en trois â cinq semaines, car
il y a une grande irrégularité dans la re-
prise, selon les variétés.
Aussitôt que les boutures sont enracinées
on les pique séparément dans de petits pots
et on les habitue peu à peu au grand air;
ceci est Va, &, c du métier. Les boutures
bien reprises, il convient de les mettre en
pleine terre, courant avril ou commence-
ment mai, suivant la saison, dans un
endroit bien aéré; car l’Œillet aime le
grand air, n’aime pas à être confiné en-
tre les murs ou les arbres.
L’Œillet n’est pas difficile sur la nature
du sol, quoiqu’il préfère une terre franche,
pourvu qu’elle soit bien drainée; car l’hu-
midité stagnante lui est très-nuisible..
Des arrosages copieux, mais peu répétés
lui conviennent, ainsi que des arrosages
d’engrais liquides, de matières fécales sur-
tout. Arrosements (soit dit en passant) trop
peu usités, car ils conviennent à toutes les
plantes, sans doute à cause de la mau-
vaise odeur; mais que l’on peut obvier en
désinfectant le liquide avec du sulfate de
fer.
Pour conserver les Œillets remonlanls
nains, il convient de rabattre chaque tige
florale, immédiatement après son entière
floraison, à Û«é05 ou 0"f00 au-dessus de
sa base, la plante se ramifie davantage et
émet de nouvelles tiges florales.
Si l’on ne tient pas à voir fleurir les
Oeillets remontants en hiver, on les laissera
en pleine terre, où ils résisteront parfaite-
ment aux plus grands froids de notre pays,
s’il n’y a point d’humidité stagnante.
Une bonne précaution à prendre, après
une forte gelée, est d’abriter les plantes
contre les rayons solaires, par une couver-
ture quelconque.
Si l’on veut jouir de la floraison en hiver,
ou empotera eu octobre les plantes que l’on
y destine et on les rentrera le plus tard pos-
sible (seulement â temps pour que les bou-
tons ne gèlent pas) en orangerie, serre,
bâche, ou tout autre abri tempéré, où l’on
puisse donner de l’air chaque fois que le
temps le permet, et c’est là un point capi-
tal.
D est bien entendu que les plantes que
l’on veut rentrer pour jouir de leur floraison
riiiver, doivent montrer des boutons en oc-
tobre; car il serait inutile de rentrer des
plantes qui n’en montreraient point; elles
s’étioleraient et fleuriraient mal le printemps
suivant.
L’amateur qui n’a ni serre, ni châssis, à
sa disposition pour la multiplication, doit
opérer le bouturage des Œillets en septem-
bre, contre un mur au nord, en pleine
terre. La reprise est alors assurée.
Celle culture est donc à la portée de
tout le monde.
Tous ceux qui se sont occupés d’horticul-
ture savent qu’il n’y a point de théorie ab-
solue du bouturage; car telle plante veut
être bouturée à froid, telle autre à cbaud
l’une sous cloche et d’autre à l’air libre,
quelques-unes et c’est le plus grand nom-
bre réclament l’iiumidité et d’autres le sec.
Nous ignorons la cause de ces ditféreii-
ces; nous ne les saurons probablement ja-
mais (malgré le concours ouvert par la
Société impériale d’horticulture), car l’in-
telligence de riiomme actuel est limitée.
Mais par le travail et l’observation, nous
acquérons de l’expérience, nous constatons
les résultats acquis, les consignons et les
transmettons â nos successeurs. C’est ce
qui constitue le progrès.
Toutes les plantes reprennent facilement
de boutures, quand on sait comment il faut
procéder.
Cependant chacun de nous a pu lire dans
les livres horticoles : telle plante reprend
difficilement de bouture. Pourquoi, diffi-
cilement? Parce que nous ne savons pas.
173.
CULTURE DE L’OEILLET EN GÉNÉRAL ET DE L’OEILLET REMONTANT EN PARTICULIER.
C’est donc pour dissimuler notre igno-
rance que nous disons qu’une chose est dif-
ficile.
Pourquoi no pas dire que l’on ne sait pas;
que l’on ne connaît pas les moyens coiive-
iiahles pour réussir?
Cecis’applique à tout ce que l’intelligence
de riiomme veut approfondir.
Ce qu’il ne sait pas faire, il le déclare dif-
ficile ; ce qu’il n’a pas pu comprendre, ce
qui était hors de la portée de son intelli-
gence il l’a déclaré incompréhensible et,
dans son orgueil, il l’a attribué tà une cause
surnainrelle.
Je tiens tous les détails de culture qui
précèdent de M. Alégatière, qui est passé
maître par des observations et des expérien-
ces intelligentes de (piinze années.
Jean Sislev.
LES 25 FRAISIERS DE LA COMBIISSION DE CULTERE l'OTAGÊRE
DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE DTIORTICULTURE.
Dans le numéro du 1 G mars delà (page
LD2 et suivantes), SC trouve, de la plume deM.
Lebcuf, une critique du travail d’une commis-
sion présidée par le président du comité de
culture potagère de la Société impériale et
centrale.
Dès que le projet en question me fut
connu, j’ai pensé, ce qui est arrivé en
elîet, que la monlagne accoycherail crime
souris! y> Aussi j’en faisais bon marché, et
je n’aurais pas meme voulu en exprimer mon
opinion, si mon excellent et honorable collè-
gue M. Lebeuf n’avait fait connaître la sienne
dans un article qui me force pour ainsi dire
à rompre mon silence. —Je dirai d’abord que
le véritable but de la commission ou plulôl
(le son président, en entreprenant son travail
impossible ou du moins inutile, ne m’est /
point un mystère et j’ajouterai à titre de ren-
seignement que l’idée en a été conçue, par
une coïncidence singulière, immédiate-
ment après l’apparition du remarquable
ouvrage sur le Fraisier par M. le comte de
Lambertye, ouvrage qui, à juste, titre a
eu et aura toujours le plus grand succès
auprès de toutes les personnes intelligentes,
sincères et impartiales.
M. Lebeuf a certes fai tune bonne chose en
signalant au public horticole les erreurs
commises par la commission; je regrette
seulement qu’il se soit laissé entraîner lui-
même à des appréciations erronées de cer-
taines variétés de Fraisiers, et c’est pour
relever ce que son appréciation a d’inexact,
que je crois devoir écrire les présentes li-
gnes. Ceci dit, je passe en revue les variétés
dont s’est occupé M. Lebeuf.
Quatre Saisons à fruit rouge. — M. Le-
beuf demande ; « Quelle variété ?)) A ceci je
réponds que presque toutes les variétés ob-
tenues de semis depuis plusieurs années
sont améliorées, par exemple, celle du po-
tager de Versailles, la Gloire de Saint-Génis
Laval, la Reine des quatre saisons et surtout
Janus. Cette amélioration se maintiendra,
ou progressera même par des semis intel-
ligents et réitérés, car il est un fait bien
connu que la race des Quatre Saisons trop
longtemps propagée par coulants finit par
dégénérer. Il est donc nécessaire d’avoir re-
cours à la voie du semis lous les deux ou
trois ans afin de s’assurer un bon produit,
de beaux et bons fruits.
Quatre Saisons à fruit brundeGilbert. —
M, Lebeuf l’a dit de nulle valeur ! J’ose af-
firmer que c’est là une erreur grave et que
tous les amateurs qui connaissent cette va-
riété (car c’est bien réellement une variété
distincte) la préfèrent à toute autre de la
section, malgré sa couleur très-foncée. Mais
aussi quel délice de manger ces fruits à
complète maturité!
D’ailleurs la culture n’en est pas plus dif-
ficile que de toutes les autres et la grosseur
du fruit non plus au-dessous de ceux de
ses congénères.
Quatre Saisonssans filets à fruit rouge et
& / U n ç . — M . L e b e U f d i t q U ’ i l y e n a P l U s d e V i n g t
variétés!!! Ceci me semble fabuleux, car
dans ma longue pratique je n’ai jamais vu
des variétés dans cette section, à moins
qu’on ne veuille appeler a variété » une
simple reproduction par la voie du semis?
Je serai fort obligé à M. Lebeuf de me faire
connaître ces vingt variétés.
Yx\riéte:s a gros fruit, dites anglaises
ou américaines.
Ambrosia (}^ichohon). — M. Lebeuf en dit
à juste titre du bien, mais il conteste sa
précocité. Depuis que j’ai introduit cette
belle et bonne Fraise en France, j’ai toujours
trouvé, tant chez moi que chez de nombreux
amis, qu’elle mûrit de bonne heure, ce qui
me fait presque présumer que M. Lebeuf
ne la possède pas identique.
Aclrniral Dunclas (Myatt) . ■ — Fruit et plante
sans valeur selon M. Lebeuf. Pour moi,
c’est la meilleure et la plus belle variété à
très-gros fruit que nous ayons et son goût
aussi ne laisse lien à désirer, bien que sous
ce rapport elle ne puisse être comparée aux
Fraises les plus exquises.
Barnes' targe White (Bicton Pine).— Dé-
plaît à M. Lebeuf, tandis que tous les ama-
teurs l’apprécient à sa juste valeur. En effet
rien de plus séduisant au dessert que ces
jolis fruits d’un blanc ambré, mélangés à
176
LES 23 FKAISIERS DE LA COMMISSION DE CULTURE POTAGERE.
(l’aulres de couleur plus ou moins rouge!
J.a plante est rustique et fertile, quoique
M. Lebeuf en dise!
Belle de Paris (Bossin). — Fruit nullement
« médiccre, » mais assez bon quoique man-
quant peut-être d’un peudesucre, mais en
revanche quelle quantité de gros et beaux
fruits! C’est assurément l’une des variétés
qui resteront longtemps dans les cultures.
Bicolor{de Jonghe). — Ici je suis d’avis de
M. Lebeuf, que c’est une Fraise sans valeur
et je présume que la commission n’a pas
vu celle que j’ai reçue sous ce nom, de
i’obtenteur, il y a une dizaine d’années! et
qir une autre variété lui aura été substituée,
ce qui me paraît vraisemblable d’après la
description qu’en donne la commission.
British Queen (Myatt). — C’est une déli-
cieuse Fraise partout où la plante prospère,
mais nous voyons cela rarement en France.
Je suis donc, avec M. Lebeuf, d’avis qu’elle
ne doit point trouver sa place dans une
collection de choix de vingt-cinq variétés,
car nous a^ons mieux dans le même genre.
Carolina super ba (Kitley). — D’accord.
Châlonnaise (D^’ Nicaise). — M. Lebeuf dit
plante délicate, stérile dans les sols secs et
chauds. C’est bien le contraire que j’ai
constaté partout où j’ai vu cultiver conve-
nablement cette précieuse variété. Puisque
M. Lebeuf range cette variété avec quelques
autres sous la catégorie de Fraisier impos-
sible, qu’il me soit [permis de dire encore
({lie, parmi les Fraises selon M. Lebeuf im-
possibles. Madame Collonge, Sultane, Héro,
Délicieuse, Modèle et Bijou, il y en a même
et notamment Madame Collonge qui méri-
tent d’être plus répandues qu’elles ne le sont.
Le fruit de cette dernière est si gros et si
beau, la plante tellement fertile que, bien
que la saveur laisse à désirer, les amateurs
la posséderaient avec plaisir (lans leurs jar-
dins, à condition toutefois de pouvoir se
la procurer identique.
La Constante (de Jonghe). — Voici une
Fraise pour laquelle M. Lebeuf est sans
{)itié, etjenepuis m’empêcherde protester de
toutes mes forces contre Fopinion émise
à son sujet. J’ai cultivé ce Fraisier depuis
huit ans chez moi et je l’ai vu cultiver par-
tout, en France comme à l’étranger, et par-
tout on s’est extasié devant ses mérites
exceptionnels. En un mot, la Constante doit
se trouver dans la plus petite collection
aussi bien que dans la plus nombreuse et
loujourselle y occupera une place d'honneur.
Son seul défaut, si cela en est un, c’est de
produire peu de coulants, mais cela regarde
plutôt les fraisiéristes marchands que les
amateurs !
Eclipse {Beeye).— M. Lebeuf la dit « assez
robuste, mais peu fertile et médiocre. » Ici
encore je proteste et je soutiens que c’est
un des meilleurs gains que nous avons in-
troduits depuis quelques années de l’Angle-
terre.
Eleanor (Myatt). — Plante très-délicate,
peu fertile selon M. Lebeuf. Je crois qu’il
est inutile de prendre la défense d’un Frai-
sier qui a pris sa place dans les cultures et
qui n’est ni délicat ni peu fertile, bien au
contraire. En outre, le fruit en est fort gros,
fort beau et vient tard en saison. En somnie,
une précieuse variété et qui se force bien
en seconde saison.
Empress Eugénie (Knevett). — D’accord.
Excellente (Lorio). — Idem, me semble
cependant pouvoir être remplacée avanta-
geusement par une autre dans une collection
de vingt-cinq.
Grosse sucrée (de Jonghe). — M. Lebeuf
la trouve passable. Moi je lui trouve beau-
coup de (qualités et je la recommande.
Hendries seedling — . F mit dans 1 e genre de
British Queen, mais plante moins difficile à
cultiver. Excellente, mais si l’on possède la
Châlonnaise, elle devient inutile,
Lucas (de Jonghe). — Encore une Fraise
qui n’a pas les faveurs de M. Lebeuf; déci-
dément je n’y connais plus rien, car après
cinq ou six années de culture, elle* est et
reste une de mes favorites et je ne saurai
trop la recommander. Si la Fraise chez
M. Lebeuf est véritablement telle qu’il la
décrit, il ne doit pas posséder Lucas, car
celle-ci ne ressemble en rien à sa descrip-
tion.
Marguerite (Le Breton). — Bien que cer-
tes cette Fraise ne peut être appelée de toute
{Dremière qualité, elle a tant de mérites à
titres divers qu’on ne devrait pas lui repro-
cher un peu de mollesse de sa chair et un
peu de manque de sucre. Elle n’est pas
parfaite, mais qu’est-ce qui est parfait sous
le soleil?
May Queen (Nicholsonj. — M. Lebeuf la
trouve peu productive. Ce que je n’ai jamais
observé; au contraire sa fertilité, lorsque
les pieds ont de la force, est prodigieuse.
Le fruit n’est pas gros, mais son goût si fin
que j’ai de la peine à croire cju’on voudra
l’abandonner pour la Quatre-Saisons. D’ail-
leurs au pied d’un mur bien exposé, celle
plante nous fournit un délicieux dessert de
très-bonne heure et avant aucune autre.
^ Monstrous Hautbois. — C’est un Capron-
nier dont les fruits sont très-recherchés par
d’aucuns, détestés par d’autres, mais une
rai:e qui, à mon avis, n’est plus assez cultivée
aujourd’hui. Seulement je ne comprends
pas la variété Monstrous-Hautbois dans une
collection de vingt-cinq dans laquelle on
iradmet qu’une seule sorte de cette sec-
tion. Mieux vaudrait alors Belle Bordelaise
et Boyal Hautbois.
Princesse Boy ale (Pelvilain). — Avec M.
Lebeuf je ne comprends plus qu’on cultive
ce Fraisier pour la table bourgeoise depuis
LES ÏÏIAÏSÏERS üE LA CÜMMÏSSiON Ï)E CULTURE POTAGÈRE.
-que lies semeurs habiles et heureux nous
ont dotés d’une foule de variétés supé-
rieures, mais cela ne doit pas nous empê-
cher d’avoir de la reconnaissance pour les
services rendus aulrefois. ,, , , ,
Sir Charles Napier (Smith). — !. Leheul
a raison de louer ce Fraisier, ([ui est digne
d’une place dans toute collection de choix.
Sir //arn/ (Underhill). — Depuis que j’ai
introduit ce Fraisier en France en 1855, j’ai
suivi sa culture constamment avec le plus
grand intérêt, et j’en ai vu, en France comme
en Angleterre, îles merveilles telles qu’on
voit rarement produites par d autres \ ai ietes
toutes les fois qu’il a été cullivé convena-
blement. Ce n’est ni une plante délicate,
ni d’une culture difficile, par conséquent
on aurait grand tort de la supprimer dans le
Nord et dans le Midi de la France comme
ailleurs. La plante produit avec une telle
abondance que souvent la grande masse de
fruits la fatigue à tel point, qu’elle meurt
d’épuisement, mais cela ne doit point être
une cause pour la vouer à l’abandon.
Cultivez la comme plante annuelle, c’est-
à-dire, piquez vos blets aussitôt que vous
en avez, repiquez-les une seconde fois à
rautomne et vous serez étonnés du résultat
ainsi obtenu. Après la récolté, replantez des
jeunes pieds et ainsi de suite tous les ans.
Cette Fraise vaut bien la peine de ce petit
travail supplémentaire.
\lcoinlesse HéricartdeThiiry{^^^^
rand).-M.Lebeuf demande pourquoine l’a-
voir pas appelée « Prince impérial, car c’était
son nom primitif » ? îci M. Lebeiif est en-
core mal renseigné. La Fraise Prince impé-
rial a été mise au commerce longtemps apres
la naissance de Vicomtesse lléricart de Tbury
et Marquise de Latour-Maubourg son syno-
nyme, et die 11 est nullement la meme l .le
veux bien croire que c’est un gain obtenu
dans un semis de Vicomtesse, mais voilà
tout. En examinant avec soin plante et
fruit, on reconnaîtra Fexaclilude de mon
assertion. Du reste je ne reproche point à
cette Fraise l’abondance et la durelé'l de
ses graines, qui sont à mes yeux plutôt un
mérite en facilitant la conservation et le
transport.
Vicloria (Trollop). — D’accordavecM. Le-
beuf, je trouve ce Fraisier méritant, mais je
ne comprends pas trop ce qu’il a voulu dire
avee la phrase « le cueillir avant sa complète
maturité ; car avant sa complète maturité
ce fruit n’a point de goût.
Wonderful (Jeyes) — .M. Lebeufdit qu’il
a une vieille réputation qu’il ne mérite plus
et que la plante est peu productive!
C’est au contraire une variété de la plus
étonnante fertilité, d’où lui vient son nom
c( merveilleux». — Bien cultivée, c’est-à-dire,
les hampes qui sont entraînées par leur
charge énorme, tuteurées, le fruit se colore
jusqu’au bout et devient alors d’une saveur
hors ligne, mais il ne faut .pas le cueillir
avant sa maturité.
En résumé, j’ose espérer que M. Leheuf
ne verra, dans ce qui précède, que le désir
le plus sincère d’éclairer l’opinion publique
par ma longue pratique et non pas une op-
position systématique. Je le remercie en
môme temps vivement d’avoir le premier
osé courageusement et publiquement signa-
ler aux lecteurs de la Revue le travail selon
moi stérile de la commission de la Société
impériale et centrale.
Ferdinand Ceoede,
Hürlicullour fraisici'i^lo aux. Sablons (Scinc-et-Manie) ,
LES PALMIERS IILSTIQUES
ET EN PARTICULIER LE CUCOTIER DU CIliLL
Si les lecteurs de la Revue veulent se re-
porter à l’article que j’ai publié l’année der-
nière (voir Revue horticole^ 18Go, p. 25)
au sujet des Palmiers rustiques et derni-rus-
ti([ues, ils y verront que j’appelais particu-
lièrement leur attention sur le Cocotier du
Chili {Jubœa spectabilis ou Molinea cliilen-
sis)^ que je leur ai présenté comme un des
plus accommodants et des plus beaux de sa
noble famille. Ce que j’ai observé depuis
n’a pas contredit mes prévisions, prévisions
d’ailleurs confirmées par des renseigne-
ments authentiques qui m’arrivent de diffé-
rents endroits du midi de la France.
Les Chamérops, et en première ligne le
Chamœrops ForluneiiCh. excelsa de quel-
(}ues auteurs), ont assurément leur prix
comme arbustes pittoresques, mais qu’ils
sont loin de pouvoir rivaliser avec les Pal-
miers qui s’élèvent à la taille de véritables
arbres, avec le Dattier par exemple, dont la
gracieuse silhouette se découpe sur l’azur
du ciel méditerranéen! Non moins grand
que lui, et plus beau encore, est le Cocotier
du Chili. Ses palmes sont plus grandes,
mieux fournies, d’une verdure plus vive;
je dirais même quelles sont plus fermes et
moins sujettes à être roussies par le vent
sec du nord. Comme arbre tropical d’orne-
ment, le Cocotier du Chili tient incontesta-
blement la première place.
C’est quelque chose que d’être beau,
mais c’est plus encore d’être utile, et si les
deux choses vont ensemble, la perfection est
atteinte, car, comme l’a si bien dit Horace:
Omne liiUt punclum qui mimdt viile (Mci !
LES PALMIERS RUSïIQULS ÉT ER milCLLIER LE COCOTIER DU CHILI
178
C’est qu’en effet le Cocotier du Chili n’est
pas seulement un bel arbre, c’est aussi un
arbre de première utilité dans sa contrée
natale, où il donne des fruits, du sucre, du
miel et des boissons alcooliques, sans
compter que ses feuilles servent à fabriquer
divers ouvrages de sparterie. Ses fruits,
semblables de couleur et de grosseur à des
Abricots de moyenne taille, sont l’objet d’un
grand commerce entre le Chili et le Pérou.
Leur pulpe, déjà fort agréable au goût, sert
en outre à préparer des compotes et des
bonbons, et leur amande huileuse est iili-
.lisée dans ralimentation du bétail, qu’elle
engraisse rapidement. De toutes manières
donc le Cocotier du Chili serait une impor-
tante acquisition à faire.
Mais réussira-t-il en Europe, en France
surtout? car c’est là la question qui domine
toutes les autres. Eh bien, je n’hésite pas à
affirmer qu’il y réussira partout où l’Olivier
ne gèle qu’exceptionnellement, là en un mot
où la température moyenne annuelle n’est
pas sensiblement intérieure à id-o centii^ra-
ffes. Si je disais qu’il est un peu plus rus-
tique que l’Olivier, on aurait peine à me
roire, et pourtant le fait paraît certain, car
on a vu, dans ces dernières années, dé jeu-
nes Cocotiers du Chili, plantés dans divers
, ardins de Montpellier, résister sans abri, et
Jsans en être affectés, à desabaissements de
température de centigrades au-dessous
de zéro, qui ont maltraité les Oliviers du
pays. Montpellier, où les hivers sont relati-
vement rudes, est presque à la limite sep-
tentrionale delà région des Oliviers; si donc
le Cocotier du Chili y traverse sans souffrir
sensiblement les hivers très-froids, que
n’en peut-on pas attendre dans les localités
plus méridionales ou mieux abritées?
A Maronnes, j’ai assigné les gelées de 0 à
7 degrés comme la limite des abaissements
de température auxquels on peut exposer le
Cocotier du Chili sans trop de risque, mais
Maronnes n’appartieiit pas à la région du
Midi; le ciel y est souvent nuageux et plu-
vieux, l’été médiocrement chaud et de peu
de durée, et la terre froide et humide en
hiver. Toutes ces circonstances expliquent
pourquoi ce Palmier est comparativement
peu rustique dans notre ville, où ses tissus
ne s’endurcissent pas assez. Sous notre lati-
tude il ne peut donc être qu’un Palmier de
serre froide, au même titre que le Palmier
nain, mais sous ce rapport il sera le pre-
mier de tous, et le premier aussi comme
plante pittoresque à cultiver pour ia déco-
ration des appartements et des péristyles.
Je ne sais s’il serait facile de se le procu-
rer par le commerce, mais j’ai plus d’une
raison d’en douter quand je jette les yeu.x
sur les catalogues des horticulteurs mar-
chands, où je le trouve coté aux prix de
b Ir., iO fr. et 25 fr., suivant sa taille; en-
core, pour ce dernier prix de 25 fr., n’a-t-il
que quelques feuilles dont la longueur ne
dépassé pas un mètre. C’est évidemment
trop cher pour le commun des amateurs,
dont il n’y a pas un sur cent qui soit assez
riche pour se payer le luxe d’une serre,
meme d une serre froide de quelques mè-
tres carrés de surface. Je trouve dans tous
nos livres d’horticulture une erreur qui me
semble capitale; c est d’y voir recommander
à tout propos des plantes de serre chaude
ou de serre tempérée, que personne ne peut
ni se procurer, ni surtout cultiver, faute de
ces appareils dispendieux. Que les banquiers
de la Hollande ou les grands seigneurs de
1 Angleterre s’en passent la fantaisie, cela
se Conçoit, et d’autant mieux que, sous leur
ciel peu serein, le jardinage de plein air
n est pas toujours attrayant ; mais pour nous
autres Français, qui avons plus de soleil
que d’écus, le vrai jardinage est celui qui
se fait mb Dio. Prétendre le contraire, c’est
parler machinalement et comme par rou-
tine, et si les écrivains de l’horticulture veu-
lent se mettre dorénavant dans le courant
de la réalité, ils se rappelleront que, chez
nous, le jardinage proprement dit de serre
chaude n’est et ne peut être qu’une rare,
une très-rare exception. ’
C’est précisément à cause de cela que je
préconise les Palmiers rustiques. Avec le
ClKWiœrops Fortuiici, il n’est si pauvre ar-
tisan dans nos contrées maritimes, ayant
une cour ou un jardinet, ne fùt-il large
que d’une toise, qui ne puisse avoir son
Palmier, tout aussi bien qu’un prince de la
banque; avec le Jubéa du Chili, le moindre
négociant de Cette ou de Marseille donnera
à sa bastide un air de tropicalilé, qui lui
rappellera le Brésil et les Antilles, où il est
allé, dans sa jeunesse, vendre son vin. Et
puis enfin, avec les années, l’arbre fmcli-
tiera, et on reconnaîtra alors qu’il y a d’au-
tres services à en tirer qu’un vain ornement
pour les jardins, les promenades publiques
et les stations de chemins de fer. Combien
de plantes, qui n’ont eu dans le principe
qu’un intérêt de curiosité, et qui, mieux
connues, sont devenues cles plantes émi-
nemment utiles? lÉTFIlF
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE DTIORTICULTURE.
Séance du 22 mars. — H y a un an, dans
le courant de mai 18G5, un maître de pen-
sion du département de l’Orne, M. Louvel,
à Bemalard, avait envoyé à la Société des
fruits conservés. Le Comité d’arboriculture
avait constaté que ces fruits avaient perdu à
StANGKS DK LA SOGlÉTl': CEATRALK D 1I01\TICULTURE.
179
peu près toutes leurs qualités, à cause de
l’époiiue avaucée de l’année et de la durée
de la conservation. M. Louvet a tenu compte
do cette observation; il a renoncé à prolon-
ger aussi longtemps le séjour de ses Poires
et de ses Pommes au fruitier, et il eu a en-
voyé cette année un lot vers la mi-mars.
Quelques-uns de cesfruils sont jugés bons;
les autres, présentant une bonne apparence
n’ont pas encore atteint leur maturité
complète. En somme, le comité renouvelle
les éloges qu’il a donnés l’année dernière
au présentateur, et se réserve de proposer,
plus tard une récoi;, pense pour ses envois.
Il a déjà été foit mention plusieurs fois de
la Poire Roux Carcas dans les colonnes de
la Rerue, et l’on se rappelle la planche co-
loriée représentant ce fruit, publiée il y a
deux ans (vol. de 181)4', p. bO). M. Pioux,
pépiniériste à Carcassonne (Aude), a en-
voyé à la Société une assez grande quantité
de greffés du Poirier Pioux Carcas, en la
priant de répandre cette excellente variété,
autant qu’il sera en son pouvoir. L’arbre est
vigoureux, très-fertile, et convient à la cul-
ture à haute tige, en plein champ; le fruit
de bonne qualité, mûrissant en août, est
très-propre à fournir abondamment les
marchés.
M. Moreau, horticulteur à Villiers-le-Bel,
a présenté des Cerises anglaises déjà mû-
res, plus une branche portant des fruits;
cette branche est tichée dans un pot rempli
de terre, procédé qui, d’après M. Moreau,
permet de conserver les fruits frais pen-
dant plus de quinze jours.
Dans la section de lloriculture, le Comité
a accordé une prime de 2- classe à M. Ba-
ch oux, pour la présentation d’un Yucca alœ~
folia variegata, ayant Henri et fructifié sans
aucun soin spécial. Les fruits étaient striés
comme les feuilles dans leur jeunesse; au
bout de quelque temps les raies ont dis-
paru. — M. Daudin a présenté une magnifi-
que fieur de Camellia Lavinia Maggi et un
))ied de Gesneria cinnabarina qui lui ont
vahq des remercîments. — On a remarqué
aussi le ]Yigandla caracasana en fleurs de
M. Léon Rameau, de Bagneux. — Enfin,
M. Rivière avait apporté des serres du
Luxembourg un pied fleuri Y Ëpidemlron
■slamfordianum et un Billbergia Skinneri
dont labelleintlorescence est probablementla
première qui se montre à Paris et même en
France sur cette espèce.
^ M. Duchartre donne lecture à la Société
d’une lettre de M. de Villeneuve sur la cause
du champignon qui infeste le Poirier, connu
sous le nom Y Æcidium. M. de Villeneuve
cite un nouveau fait à l’appui de cette opi-
nion, que VÆcidium est causé par le voisi-
nage de la Sabine: deux pieds de ce dernier
arbre placés près d’un verger avaient com-
muniqué la maladie à 200 Poiriers, et cette
maladie a disparu aussitôt après leur en-
lèvement.
Le savant secrétaire rédacteur de la
Société fait part de nouvelles expériences de
|)bysiologie végétale aux(pielles il s’est
livré dans ces derniers temps. 11 s’agit de
l’allongement des tiges des plantes pendant
le jour et pendant la nuit. M. Dm liartre a
mesuré cette croissance sur de la Vigne, des
Glaïeuls, des Fraisiers nnglais, des Passe-
roses, du Houblon, et il a reconnu que
cette croissance était toujours, pendant la
période nocturne, supérieure à celle de la
})ériode diurne; celte dernière est ainsi le
temps de consolidation de la plante, sous
l’action de la lumière qui fait transpii*er les
feuilles et les colore. M. Lepère et M. Laizier
appuient le fait cité par M. Duchartre; ils
l’ont souvent observé pendant leur longue
pratique horticole.
M. Lucy , ancien vice-président de la
Société, donne à son tour lecture d’une lettre
de M. Abeille de Perrin, président de la
Société de Marseille, dans hutuelle sont ex-
j)rimées des inquiétudes sur la santé du
François P»’, cet Oranger séculaire, doyen
des serres de Versailles. M. Andry annonce
que, malheureusement, ce monument végé-
tal historique est à sa dernière période
d’existence et qu’on s’attend d’un jour à
l’autre à le voir mourir.
M. Pigeaux, au retour du printemps, re-
nouvelle la protestation qu’il a déjà faite
plusieurs jfois en faveur des petits oiseaux
de nos Jardins, dont les déprédations dit-il,
sont rachetées et bien au delà par les
services qu’ils rendent, M. Rivière s’élève
contre cette opinion; il énumère les ravages
et les dégâts que commettent les oiseaux en
général, et surtout le merle, qui attaque tous
les fruits dans la pépinière du Luxembourg,
et eu présence duquel on ne peut faire de
semis avec assurance de réussite.
Le ]>■ Pigeaux ramène ensuite l’attention
de la Société sur les insectes nuisibles, en
posant cette question : Les pucerons sont-ils
la cause de la maladie des plantes, ou n’eu
sont-ils que les effets? La discussion qui
s’élève ne donne aucune solution concluante;
car plusieurs membres, entre autres M. Ri-
vière, citent des collections de plantes qui
ont été envahies tout entières dans des serres
sans distinction de vigueur des sujets.
Au comité de culture potagère, les légu-
mes do primeur ont été assez abondants.
M. Bourdon (Alphonse), de Saint-Mi-
chel-sur-Orge, avait apporté des Pommes
de terre nouvelles; M. Perrotel, d’Aulnay,
des Patates conservées et des Haricots
noirs de Belgique; M. Rameau (Léon),
de Bagneux, des salades diverses et des
Pommes de terre Marjolin ; M. Laizier,
de Clicliy, des Asperges hâtives d’Argeii-
teuil, lie la variété propagée par M. Louis
180
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE DTiORTICULTCRE.
Lhérault, venues sans cliaun'age, avec des
cliàssis, après deux ans de plantation, etre-
présenlant un fort beau produit. — M. Bossin
avait envoyé le Choux Shang-ton fleuri pour
la première Ibis en France; et M. Louesse,
le Chou-navet chinois, dont l’introduction
date de la même époque que celle du précé-
(lent. A. Ferlet.
REVUE C0MMERCI.4LE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AVRIL),
Légumes frais. — Les CaroUcs ordinaires
valent de 24 à 2G fr., avec 8 à 12 fr. de baisse
en quinze jours. — Les Carottes d’hiver sont
cotées 10 à 11 fr. l’hectolitre, au lieu de 7 fr.
il 7L50. — Les Carottes pour chevaux se ven-
dent de 10 il 12 fr. les 100 bottes, avec 2 fr.
d’augmentation. — Les Panais connnnns sont
cotés 24 fr. au lieu de 18 fr., jirix de la pre-
mière quinzaine d’avril ; mais les pins beaux,
se vendaient 30 fr. les 100 bottes, sont descen-
dus à 28 francs. — Les Navets sont cotés de
8 à 12 fr. ; la baisse a été rapide et considé-
rable, car le 7 avril, ils valaient encore de 24 ii
28 fr. — Un cote les Poireaux de 8 à 10 fr. au
lieu de 10 à 15 fr. les 100 bottes. — Les Choux
ordinaires se paient 20 fr. le 100, avec 5 fr. de
liaisse seulement ; ceux de première grosseur
valent 35 fr. au lieu de 50 fr. — Les Choux-lleurs
ont beaucoiquliminué ; ilsvalent aujourd’hui de
10 il 50 fr. le 100; au commencement d’avril,
on les payait encore 100 fr. le 100. — L’hec-
tolitre d’Oignons en grains est coté de IG ii
20 fr. au lieu de 25 à 2G fr. — Les lladis roses
n’ont pas changé de prix ; i's valent toujours de
01.50 il Of.GO la botte; les Uadis noirs ont dis-
j)arii du marché. — Les Champignons conser-
vent leur taux habituel de 0f.05 à Of.lO le ma-
iiiveau. — La botte de Céleri se vend toujours
de Of.lO il Of.20. Le Céleri-rave valait au milieu
du mois de Of.lO ii Of.20 la pièce; depuis le 17
on n’en voit plus sur le carreau. — Les Salsifis
se sont payés uniformément de Of.25 à Of.35 la
botte. — ■ Lî litre de Choux de Bruxelles a été
coté en dernier lieu à raison de 0f.30 ii ûf.50;
on n’en vend plus depuis la dernière semaine
d’avril. — Les Asperges de châssis se vendent
de 2 il 40 fr. la hotte; mais ce dernier prix
baissera bientôt. — Les Haricots verts étaient
cotés de IG à 18 fr. le kilogramme le 15 avril;
le 18, ils ne valaient plus que 12 ii 14 fr. —
Les Pommes de terre ne subissent guère de va-
riations de prix en ce moment; on les vend :
la Hollande, 5 fr. ii 5f.50 l’hectolitre; la Vite-
lotte, 8 il 9 fr. ; la Pomme de terre jaune, de
4 fr. il 4L 50; la Pomme de terre rouge, 5 fr.
11 5L50.
Herbes et assaisonneme-nts. — La situation
est la même que pour les légumes. Peu de
baisse; ])as de hausse; presque tous les jirix sta-
tionnaires.
Salades. — La Bomaine a haussé depuis
ipiinze jours; la plus ordinaire se vend encore
Of.50 la hotte de 4 têtes; celle de première qua-
lité valait 2 fr. le 15 avril, aujourd’hui on la
paye 3 fr. — Le Cresson ordinaire vaut de
0f.50 il 1 fr. au lieu 01.40 ii 0f.80 la botte de
12 petites bottes. — Toutes les autres salades
n’ont jias varié de prix.
Fruits frais. — Ues Poires, après avoir at-
teint le prix exorbitant de GO à 150 fr. le 100,
sont redescendues ii 120 fr. vers le 18 ayril;
mais depuis ce jour, on n’en voit plus à la
halle. — Les Pommes se vendent un peu moins
cher, qu’il y a quinze jours; le prix maximum
est de Of.80 la pièce; le prix minimum est tou-
jours de 5 fr. le 100. — Le Chasselas de serre
est coté de 3 à 8 fr. le kilogramme, après avoir
subi une légère hausse qui l’a porté ii 10 fr. —
Les Fraises du Midi se paient de Of.75 à lf.20
le pot.
Fleurs et arbustes d'ornement. — Le temps
qui se maintient au beau et la température
élevée dont nousjouissons depuis quelques jours,
a permis aux marchés aux fleurs de la seconde
quinzaine d’avril d’être beaux et bien garnis.
4 oici les prix relevés au marché du 28 ;
Aucuba japonica, 1 fr. à lf.50. — Abies
Pinsapo, 2 à 5 fr. — Azalea indica, 4 fr. —
Bruyères variées, lf.25 à 2 fr. — Bégonia
Bex. lf.50 à 2 fr. — Cydonia japonica, 11.50.
— Chèvrefeuille sempervirens, Of.75. — Col-
linsia bicolor, Of.50. — Cinéraire, 1 . fr. à
lf.50. — Cannas variés, 01.75. — Cléma-
tile blanche odorante, Of.75. — Calcéolaire
hybride, 1 fr. à lf.50. — Calla d’Ethiopie,
Of.75. — Dracæna congesta, 1 fr. à 3 fr. —
Hracœna rubra, 2 à 4 fr. — Dracæna termina-
lis variés, G fr. — Deutzia gracilis, lf.50. —
Deutzia crenata, lf.50. — Épine-vinette pour-
pre en pots, 1 fr. — Epicéa en motte 1 fr.
à lf.50. — Fusain vert et panaché, 1 fr. —
Fuchsia, lf.50 à 3 fr. — Fabaria ericoïdes,
lf.50. — Glycine de Chine, lf.50 à 2 fr, —
Géranium Tom Pouce, Of.50. — Géranium
Gloire de Paris, 1 fr. — Genista racemosa,
0f.50. — Genista candicans, lf.25. — Hedysa-
rum caucasicum 0f.90. — ■ Hortensia des jar-
dins, I à 2 tr. — lloteia japonica, 2 à 3 fr. —
Laurier-Cerise 1 fr. à lf.50; Laurier-Tin, 1 fr.
à IL 75. — Laurier-franc, 1 fr. à lf.50 —
Lilas (la touffe), 0L50. — Lierre d’Irlande
vieux en pots, Of.75. — Latania Borbonica^ 3 à
G fr. — Magnolia grandillora de 1 mètre, 10 à
' 1 2 fr. — Metrosideros robusta, 4 fr. — Mahonia
aquifolium, 1 fr. — Nemophila insignis, 0L50.
— Orangers, lf.50 à 5 fr. Oranger myrte,
2f.50 à 40. — Pivoine en arbre, 2L50. — Pé-
largonium à grandes fleurs, 2 à 5 fr. — Pit-
tosporum sinense, lf.50. — Rosier tige en
pots, 2 fr. — Rosier grimpant, 1 fr. à lf.50.
— Rosiers pompons en pots, OL40. — Rosier
Persian Yellow, lf.50. Rosier du Roi, l fr.
50; de la Reine, lf.50; Bengale pourpre, Of.
75. — Rhododendron pontique, 2 à 5 fr. —
Réséda à grandes Heurs, dit en arbie, Of.GO.
— Rhuharlie, 1 fr. — Romarin, 1 fr. — Sé-
quoia giganlea, 2 à 5 fr. — Sapin de Nor-
mandieVlL50. — Salvia fulgens, Of.75. —
Thuya de la Chine, 1 fr. cà lf.50. — Vigne
vierge en pots, 3L75. — Verveines variés,
0L50. — Véroniques diverses, 2 à 3 fr. —
Verveine citronnelle, lf.25. — NVeigelia rosea,
lf.50. — Yucca pendula, 2L50. — Yucca glo-
riosa, 2L25. A. Ferlet.
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MAI).
Les pommes et les ananas. — Conférences d’arboriculture faites dans l’Ain, par M. Carrier. — Cir-
culaire du préfet aux maires de ce département pour leur recommander les cours de M. Carrier. —
Leçons d’arboriculture de M. Gressent, à Paris. — Conférences horticoles de M. Van Huile, à Gand. —
Lettre de M. Massé sur l’inexactitude de certains noms vulgaires en histoire naturelle. — Le tigre insecte
et le tigre mammifère. — Lettre de M. Cosson sur VAhies Baborensis. — Vente de la collection
d’Orchidées de M. Ad. Lucy. — Ghangement de domicile des maisons Loise et Tollard. — Floraison d’un
Palmier de Chine en pleine terre au Jardin des Plantes de Bordeaux. — Prochaines expositions de Saint-
Lü, Angers et Soissons. — Expositions internationales à Saint-Pétersbourg et à Gand. — Troisième expo-
sition de printemps de la Société royale botanique de Londres. — Meeting de la Société royale d’Angle-
terre à propos de l’Exposition universelle française en 1867. — Honneurs rendus à M. de Candolle par
l’Université d’Oxford. — Renseignements relatifs au voyage et au séjour à Londres des étrangers pendant
l’Exposition internationale horticole.
Il y a de durs moments dans la position
d’un rédacteur en chef; nos lectenrs vont
en juger.
Forcé de partir le 28 avril pour aller
remplir à Mâcon les fonctions de membre
du jury du concours régional agricole, j’ai
dû laisser mon numéro de la Revue avec
l'ordre de mise en pages sans pouvoir corri-
ger les épreuves. J’avais également composé
ma chronique et indiqué, pour y faire pren-
dre place, une note du Gardeners’ Chroni-
cle sur le Pine-ApplCy c’est-à-dire V Ananas,
afin que celui de mes secrétaires qui est
chargé du dépouillement des journaux an-
glais en fît un résumé p’our être inséré à
une place que j’indiquais. Je ne pensais pas
qu’il pouvait être possible de confondre
Pine-Apple avec Apple, qui signifie Pomme.
Pareille idée ne pouvait se présenter à mon
esprit, et c’est cependant ce qui a eu lieu.
C’est avec stupéfaction qu’à 'mon retour
de Mâcon, j’ai lu la page 163 de notre der-
nier numéro, et que j’y ai vu mentionner
des Pommes de 3, 4 et 7 kilogrammes. C’était
merveilleux pour des Ananas; mais pour
des Pommes, aucune expression ne pour-
rait rendre l’ébahissement que la vue de
pareils fruits exciterait. Je suis encore tout
confondu que personne, ni prote, ni secré-
taire de la rédaction, ne se soit avisé qu’il y
eût là quelque burlesque méprise. Et c’est
cependant ce qui est arrivé, de telle sorte
qu’il ne me reste qu’à signaler l’erreur, et à
demander aux lecteurs de la corriger. Ce
qu’il y a de plus plaisant, c’est que le tra-
ducteur a cru bien faire en signalant l’intérêt
qu’aurait pour notre Normandie et pour
tous les buveurs de cidre, la production de
si belles Pommes.
Ainsi, tout a été complet, et je ne crois
pas que dans les annales de l’imprimerie,
on ait enregistré une plus magnifique bévue.
On comprend pourquoi ce n’est jamais
qu’en tremblant que nous nous en remettons
à quelqu’un pour revoir ou corriger uu arti-
cle. Lorsque nous même nous avons corrigé
une épreuve , nous avons encore mille
craintes, car trop de fois malheureusement
les corrections sont mal exécutées, et il ar-
rive qu’on nous fait dire parfois le contraire
de ce que nous avons écrit.
— Au mois de février dernier (no du
1er février, page 42), nous avons annoncé
les conférences d’arboriculture entreprises
dans les communes du département de
l’Ain par M. Carrier, maître-adjoint d’école
normale primaire. On a vu que M. le préfet
de l’Ain avait pris cette œuvre sous son haut
patronage. Nous sommes toujours heureux
de voir l’enseignement horticole aidé par
les maires et les conseils communaux et
cantonaux ; c’est pourquoi nous nous em-
pressons de publier l’extrait suivant du
recueil des actes de la préfecture de l’Ain,
relatif aux conférences de M. Carrier :
Le Préfet de l’Ain, à Messieurs les maires du
département
Messieurs,
Lés conférences déjà données par M. Carrier sur
la culture des arbres fruitiers et de la Vigne, les
séances sur la vinification et les opérations d’été,
qui doivent commencer incessamment, méritent
tout l’intérêt des administrations municipales.
De toutes parts, des témoignages non équivoques
sont parvenus à l’administration, qui attestent le
succès du professeur et les bons résultats que doit
produire son enseignement.
Ainsi se trouve justifiée la recommandation que
j’ai eu l’honneur de vous adresser l’année dernière
et que je crois devoir renouveler cette année. — Je
suis très-disposé à approuver les votes émis ou à
émettre par les Conseils municipaux pour contribuer
aux frais du Cours. J’ajouterai que, dans le but
d’éviter les embarras des réunions extraordinaires,
des votes spéciaux, etc, etc., les Conseils munici-
paux feront bien de profiter de la session de mai
pour inscrire au budget les contingents communaux
de 1867 . — En ce qui concerne la présente année,
les sommes seraient portées au budget addition-
nel.
Agréez l’assurance de ma considération dis-
tinguée.
Le Préfet de l’Ain, L. de Saint-Pülgent.
Bourg, le 1" mai 1866.
M. Carrier a déjà fait dans l’Ain deux
des trois doubles conférences que nous an-
noncions; elles ont obtenu le succès le plus
décisif. Dans sa première tournée, le pro-
fesseur a pu compter plus de 3,000 audi-
teurs, et dans sa seconde 5,000. Dans quel-
ques chefs-lieux de cantons près de 400
personnes sont venues assister aux séances.
Nous souhaitons vivement que M. Carrier
continue à trouver dans l’intelligent dépar-
tement de l’Ain le concours qui lui a été
donné jusqu’à ce jour.
— M. Gressent donnera, les 21, 25 et 28
mai, salle des conférences, rue Scribe, 7, à 7
lieures 1/2 du soir, trois leçons consacrées
16 Mai 1866.
10.
182
CHRONIQUE HORTICOLE (PREPÆIÈRE QUINZAINE DE MAI).
aux pincements sur toutes les espèces ainsi
qu’à toutes les opérations qu’on doit appli-
quer aux arbres, aux fruits,* et au potager
moderne, pendant Tété. On donne des pro-
grammes 60, rue Sainte-Anne, au magasin
de quincaillerie horticole.
— Les leçons et conférences sur l’horticul-
ture ne sont pas suivies en France seule-
ment avec empressement : elles obtiennent
aussi en Belgique un grand succès. C’est
ce que nous trouvons constaté dans plusieurs
journaux qui rendent compte des excel-
lentes leçons d’arboriculture données du-
rant cette hiver par M. Yan Huile, directeur
du Jardin botanique de Gand.
— Nous ne pouvons que donner notre
assentissement aux observations contenues
dans la lettre suivante. Il est certain qu’il y
a le plus grand inconvénient à accepter
certains noms cfue l’on trouve dans le Ip-
gage vulgaire pour désigner des objets
(plantes ou animaux) qui ont reçu scientifi-
quement des appellations plus convenables
et susceptibles d’ailleurs d’empêcher toute
confusion. L’histoire naturelle tout entière
offre malheureusement un très-grand nombre
d’exemples de noms semblables appliqués
aux choses les plus différentes :
« Saint-Aniand-Montrorid (Cher), 21 a\TÜ 18C6.
« Monsieur le Directeur,
« Lecteur des plus assidus de votre excel-
lente Revue horticole, je vous demande la
permission de vous adresser les réflexions sui-
vantes sur un article signé par un de nos pra-
ticiens distingués, M. Lachaunie, et inséré dans
le no du 16 mars dernier (page 114).
« M. Lachaume donne le nom de tigre au
petit kermès qui produit parfois tant dé rava-
ges sur les arbres fruitiers placés aux exposi-
tions chaudes et abritées. Il fait de la funeste
petite bête une description qui montre évidem-
ment qu’il a bien voulu parler d’un insecte du
genre coccus. Je me- garderai bien de rien at-
taquer de ce que dit M. Lachaume dans tout
cet article; mais je lui demanderai avec toute
la politesse et la courtoisie qui sont dues à un
homme de sa valeur, pour quel motif il donne
le nom de tigre à un insecte du genre coccus.
Si je consulte les traités d’arboriculture, j’y lis
que le tigre est un animal qui appartient au
genre tin gis.
« Si j’ouvre les traités d’entomologie, je vois
que, parmi les entomologistes, les uns classent
le tigre des jardiniers dans le genre acanlhie,
les autres dans le genre tingis. Nulle part je
ne vois désigné sous le nom de tigre un insecte
appartenant au genre coccus. 11 me semble que
nous autres, amateurs d’Lorticulture,nous avons
bien déjà assez de mal pour nous tirer d’affaire
avec tous ces petits êtres malfaisants des genres
tingis et coccus, sans que des dénominations
incertaines viennent encore nous troubler dans
la reconnaissance de's ennemis avec lesquels
nous nous trouvons en présence. Et n’esl-ce
pas là une nouvelle preuve des nombreux in-
convénients qu’entraîne l’emploi de certains
noms qui, ayant un sens convenu dans une lo-
calité, n’expriment plus les mêmes objets pour
les habitants de régions différentes. Et ceci
ne nous reporte-t-il pas à la grande discussion
ouverte dans les colonnes de la Revue horti-
cole sur la nomenclature botanique et la no-
menclature horticole ; assurément cette discus-
sion n’est pas terminée.
(( Agréez, etc.,
•« Robin Massé,
« Docteur en médecine. »
—Nos lecteurs ont eu sousles yeuxle dé-
bat qui s’est élevé entre M. Cosson et
M. Carrière, sur la spécification d’une
variété d’A&fes, qui existe dans les monta-
gnes de Babor, en Algérie. V.oici sur ce su-
jet une-dernière lettre de M. Cosson qui
nous paraît devoir mettre fin à toute polé-
mique :
« Paris, 8 mai 1866.
« Monsieur le Directeur,
« J’aurais plusieurs observations à faire sur
la lettre de M. Carrière, insérée dans le numéro
du 1er mai de la Revue horticole, tant au point
de vue du fond qu’à celui de la forme; mais ces
observations auraientl’inconvénient de prolonger
une discussion qui me paraît maintenant sans
intérêt, M. Carrière ayant admis les deux faits
que je tenais à établir, sa\oir :
(( le que la constatation scientifique de VA-
bies propre au massif des montagnes des Ba-
bors n’appartient pas à M. de Lannoy, mais
bien à mes amis MM. A. Letourneux, H. de la
Perraudière, Kralik et à moi.
« que cet Ahies, si toutefois il constitue
une espèce distincte de VA. Pinsapo, doit por-
ter \e'nom A Abies Baho7^ensis, sous lequel je
l’ai désigné le premierL
(( J’ai revendiqué la priorité de la découverte
de VAbies Raborensis bien moins pour donner
satisfaction à mou amour-propre d’inventeur,
amour-propre du reste bien légitime, que pour
rendre un nouvel hommage à la mémoire de
mon regrettable ami H. de la Perraudière. Ce
collaborateur habile et dévoué de mes explora-
tions botaniques en Algérie a succombé à une
fièvre pernicieuse contractée pendant notre
exploration des Babors, entreprise, comme
j’ai déjà eu l’honneur de vous l’écrire, surtout
en vue de l’étude du sapin dont la présence
avait été vaguement signalée par M. de Gui-
ber t.
« Veuillez agréer, etc.
« E. Cosson. »
Tous nos lecteurs connaissent les servi-
ces rendus à l’horticulture par M. Lucy,
successivement dans la Moselle, dans les
Bouches-du-Rhône, et enfin à Paris même,
où il était récemment encore vice-président
de la Société centrale. Nous regrettons que
l’état de sa santé Fait engagé à prendre la
résolution annoncée dans la lettre suivante,
et nous espérons que néanmoins l’horlicul-
ture le comptera encore longtemps parmi
ses meilleurs soutiens.
« Monsieur le Directeur,
« Voulez-vous bien me rendre un petit ser-
‘ Voir ma lettre insérée dans le numéro de la
Hcviie horlicoJe du 16 avril, pages 14i et 145.
183
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MAI).
vice et peut-être aussi à Tun des lecteurs de
votre précieuse Revue.
(( Des raisons de santé me condamnent à
supprimer la serre chaude et je me vois obligé
de renoncer à mes Orchidées! Je voudrais donc
pouvoir céder en bloc ma collect ion, qui ren-
ferme i50 variétés des plus méritantes et en-
viron 220 sujets; je le ferais à des conditions
qui donneraient à l’amateur une double satis-
faction. On peut visiter ma serre, à Noinlel,
station de Beaumont-sur-Oise, chemin du Nord,
avec la plus grande facilité.
« Veuillez agréer, etc.
« A. Lucy. »
— Les démolitions de Paris déplacent de
nombreux établissements, et il faut habi-
tuer leurs clients à prendre le chemin de
leurs nouvelles situations. Les mai-
sons d’horticulture sont frappées comme
les autres. C’est pourquoi nous sommes
riés de dire à nos lecteurs que la maison
oise, précédemment située quai aux
Fleurs, n» 3, est transférée au quai de la
Mégisserie, no 14, et que la maison P. Tol-
lard se transporte de la place des Trois-
Maries au ip 20 du même quai de la Mé-
gisserie.
— Le Journal d' Agriculture et d'horti-
culture de la Gironde y dirigé par M. Emile
Crugy, nous fait connaître, par son numéro
du 15 mai, un fait intéressant. Un des
Palmiers de Chine en pleine terre, qui,
grâce aux soins intelligents du savant et
zélé M. Durieu de Maisonneuve, présen-
tent une végétation si remarquable dans
la partie expérimentale du Jardin des Plan-
tes de Bordeaux, est en ce moment en
fleurs. Les promeneurs de cet établisse-
ment peuvent donc jouir d’un spectacle
qui n’a encore été donné à personne, car
c’est le premier exemple que l’on signale
en France de la floraison d’un Palmier de
pleine terre.
— Nous avons reçu les programmes de
deux expositions nouvelles d’horticulture,
à Saint-Lô, du 19 au 30 mai, et à Angers,
du 14 au 25 septembre 1866. Ces exposi-
tions se distinguent des autres, d’abord par
leur longue durée, ensuite, celle de Saint-
Lô doit coïncider avec le concours régional
agricole pour la région du Nord-Ouest. En-
fin, celle d’Angers est spécialement convo-
quée en vue d’avoir un grand concours po-
mologique.
Nous avons dit déjà qu’il y aurait en
1868 une exposition internationale d’hor-
ticulture à Saint-Pétersbourg, et nous avons
publiés à ce sujet une lettre de M. Regel.
On nous annonce également une exposition
internationale et un congrès horticole à
Gand pour la même époque. Nous souhai-
tons que l’une de ces solennités soit ajour-
née à 1869, afin qu’elles ne se fassent pas
concurrence.
Nous avons aussi annoncé (n® du l^”
mars, p. 61) l’exposition horticole qui doit
avoir lieu à Soissons, du 16 au 19 juin.
Nous n’avions pas alors entre les mains le
programme de cette solennité , où l’on
peut lire les dispositions suivantes, qu’on
ne rencontre pas d’ordinaire dans les pro-
grammes de ce genre :
Une médaille d’or sera décernée pour tout pro-
cédé nouveau de culture constatant un progrès réel
obtenu par un membre de la Société.
Un Concours sera ouveit entre les instituteurs
de l’arrondissement pour l’apport de quelques-unes
des plantes désignées dans le programme; des mé-
dailles seront distribuées aux lots qui paraîtront les
plus méritants.
Des récompenses seront également données aux
instituteurs qui auraient établi des conférences
dans leurs communes et contribué aux progrès de
l’horticulture, et à ceux qui justifieraient de la
bonne tenue de leurs jardins.
Des récompenses seront décernées aux proprié-
taires de l’arrondissement qui auront embelli par
les fleurs l’extérieur de leurs habitations.
Une médaille de vermeil ou un livret de la Caisse
d’épargne de 60 francs sera donné à l’ouvrier
d’horticulture qui se sera rendu recommandable par
sa bonne conduite et son aptitude et qui comptera
une résidence non interrompue de six ans dans
l’horticulture marchande ou de dix ans dans les
maisons particulières et les établissements publics.
Il sera ouvert un Concours spécial pour les en-
grais.
Un Concours sera établi entre les militaires de la
garnison qui apporteront à l’Exposition le plus beau
lot de légumes et de fleurs provenant de leur cul-
ture.
Des récompenses seront accordées aux plus mé-
ritants.
— Le 21 avril 1866, la Société royale bota-
nique de Londres a ouvert au public les por-
tes de son Exposition florale. C’était sa troi-
sième exhibition du printemps, et c’était à
coup sûr la plus remarquable, puisque les
deux précédentes ont à peine attiré l’atten-
tion. Ce n’est pas la variété des produits
qui a appelé le succès, car les Roses et les
Pelargoniums constituaient cette exhibition
presque tout entière. Eu ce qui concerne
les Roses, les honneurs de la séance ont été
pour un horticulteur dont le nom est
favorablement connu de tous ceux qui s'in-
téressent aux progrès de l’horticulture an-
glaise, de M. Turner, des serres royales
de Slough. Parmi les précieuses variétés de
sa collection, on remarquait surtout de
riches spécimens des Roses suivantes :
Charles Lawson , Beauty of Waltham ,
Juno, Souvenir d’un ami, Victor Verdier,
Maréchal Vaillant, John Hopper, Céline
Forestier et le Rhône. Les cultures de
MM. Paul et fils étaient représentées par
les variétés: Président, M>«e Alfred de Rou-
gemont, prince Camille de Rohan, Maréchal
Vaillant, Am a Alexietf, Souvenir d’un ami,
le Rhône et Niphetos. i\IM. Lane, de Berk-
hampstead, avaient exposé une variété ma-
gnifique, Duchesse de Caylus, puisD^’ Audry,
Vainqueur de Goliath, Jean Rosenkrantz,
Baron Rothschild. Parmi les amateurs qui
ont contribué à la beauté de cette partie de
184
CllKOMQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MAI).
l’Exposilioii, on a signalé M. James, esq.
Les Pélargonium les plus dignes d’attirer
l’attention venaient des serres de M. Wig-
gins, esq. On a cité spécialement les variétés
suivantes : en premier lieu, Vestale, puis
Madame Pieiset, Pline, Beadsman, Roseum
et Monte-Cristo.
MM. James, Lacy,Hooper, esq., etc., pos-
sédaient également des variétés de Pélargo-
nium, qui pour ne pas être d’un mérite
transcendant, méritaient cependant d’être
honorablement distinguées.
Les Rhododendrons de MM. Louis et fils,
le Clianthiis Dampiei^i deM. G. Henderson,
le Lilium tenuifolium et les collections
multiples de MM. Williams et Wheeler,
contribuaient à augmenter encore l’éclat de
cette cérémonie, l’une des plus brillantes
de la Société royale botanique de Londres.
— Un grand nombre d’horticulteurs de
l’Angleterre ont tenu le 3 ma il 866 un grand
et important meeting à South-Kensington.
Nous avons annoncé il y a quinze jours cette
réunion, dans laquelle on a discuté les me-
sures à prendre pour sauvegarder les inté-
rêts de l’horticulture anglaise à l’Exposition
universelle de 1867 à Paris. Au nombre
des assistants distingués qui ont pris la pa-
role, on remarquait MM. Veitch, Turner,
Rull, Laing, Waterer, Lee, Osborn, Moore,
Booth, Edmonds, Murray, le colonel Scott,
le capitaine Cockrell, les Hogg, Mas-
ters, etc. Après la lecture et la discussion
d’une invitation de la commission impériale
de l’Exposition de Paris, adressée aux hor-
ticulteurs anglais à l’effet de s’assurer de
leur concours, MM. J. G. Weitch et John
Lee ont émis la proposition suivante, qui a
été acceptée à Punanimité : que l’Angleterre
prendrait part au concours horticole pourvu
qu’un bâtiment spécial lût accordé à cette
branche de l’art; que l’exposition de ces
produits eût lieu à la fin de mai ou au com-
mencement de juin et ne durât pas plus de
quinze jours. Sur une proposition deM. Tur-
ner, il a été décidé â l’unanimité que les
horticulteurs anglais pourraient en outre ex-
poser dans tout le cours de l’exposition les
plantes et les fleurs de la saison.
A la veille de la grande Exposition
horticole internationale anglaise, l’Univer-
sité d’Oxl’ord ne reste pas en arrière du
comité qui a offert la présidence â un pvant
étranger, â M. de Candolle, sans obéir aux
inspirations étroites d’un patriotisme inop-
portun. Elle va décerner à l’illustre natu-
•raliste de Genèse le premier titre de ses
grades; et elle se propose d’associer â cette
distinction un chercheur aussi modeste
qu’instruit, le D’’ Hooker, qui dirige les jar-
dins royaux de Kew.
La nouvelle est fraîche encore, et tous
les journaux anglais ont unanimement ap-
plaudi au libéralisme de cette décision.
Nous croyons qu’il est de notre devoir de
féliciter hautement l’Université qui va cher-
cher le vrai mérite oû il se trouve, sans
s’inquiéter de la nation qui a l’honneur de
le posséder. Quand il s’agit d’honorer le
talent et de récompenser les services rendus
â la science , les frontières des peuples
n’existent plus et, pour les enfants de la
grande famille scientifique, il n’y a plus d(>
Pyrénées, il n’y a plus de séparation de pays.
Les visiteurs du continent, qui se ren-
dront â l’Exposition de Londres et arriveront
par voie de Belgique, sont informés que les
voyageurs pourvus d’un billet officiel d’in-
vitation {official ticket) sur les hâtiments â
vapeur d’Anvers â Londres ou d’Ostende a
Douvres, jouiront d’une diminution de prix
considérable. Le billet officiel est blanc avec
une large croix orange.
Nous rappellerons â nos lecteurs que
l’Exposition se tiendra dans une tente adja-
cente au jardin de la Société royale d’horti-
culture à South-Kensington et ouvrira ses
portes le mardi 22 mai â 1 heure après
midi. Les jours suivants, l’ouverture aura
lieuâ 10 heures du matin. L’entrée est gra-
tuite avec les hillets officiels.
Les meetings du Congrès botanique au-
ront lieu dans le Muséum de South-Ken-
sington, dans la salle des cartons de Raphaël
{Ràphaelcartoon-room),\e mercreAi 23 mai
et le jeudi 24 mai à 11 heures du matin.
Les invitations officielles et les billets du
membre du Congrès botanique donnent droit
â l’entrée dans la réunion.
Le banquet se fera à Guildhall (Cité tle
Londres), le mardi 22 mai â 7 heures du
soir; on n’y sera admis qu’avec un billet spé-
cial {banquet ticket). Le règlement exige
qu’on soit en tenue de soirée.
Le mercredi 23 mai, â 9 heures du soir,
aura lieu la séance de conversation au Mu-
séum de South-Kensington; on sera en tenue
de soirée. Les visiteurs étrangers seront ad-
mis avec leur billet officiel.
Nous recevons de la commission de l’Ex-
position internationale horticole des rensei-
gnements relatifs â l’installation des étran-
gers â Londres et aux moyens de commu-
nications avec le siège de l’Exposition. Bien
que ces détails n’aient qu'un intérêt d’ac-
tualité, nous voudrions en donner connais-
sance à ceux de nos lecteurs qui se propo-
sent d’aller en Angleterre. Si nous avons
pu leur épargner de l’ennui et du temps
perdu, nous ne regretterons pas d’être sorti,
dans leur intérêt, du domaine propre de
l’horticulture.
Il est bon de choisir un hôtel .dans le
voisinage du Strand, position centrale, dit
la feuille de renseignements que nous avoiis
sous les yeux et qui recommande des mai-
sons situées dans les deux rues suivantes :
Norfolk Street et Surrey Street. Suit nen
185 '
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MAI).
liste d’hôtels que nous nous dispensons de
nommer parce que nous ne les connaissons
pas, et que, la rue n’étant composée que
d’hôtels, le visiteur ne sera pas embarrassé.
On trouvera tous les renseignements uti-
les aux bureaux de l’Exposition (Offices of
the Exhibition) 52, Saint-Georges place,
Albert Gâte, Knitsbridge.
Des omnibus partent de tous les points
de Londres pour Soutb-Kensington. Ce sont
les voitures de Bromplon, Fulham, Putney
et Richemond, qui sont peintes en blanc, et
celles de Kensington, ou de Hammersmitb,
qui sont peintes en rouge. Le prix des places
est de 40 à 50 centimes selon la distance.
Nous avons reçu les plus aimables invita-
tions de la part de la commission organisa-
trice de l’Exposition internationale d’horti-
culture de Londres, C’est pour nous un
véritable chagrin que des circonstances
personnelles nous empêchent de nous y
rendre. Mais nous prendrons des mesures
pour que la Revue horticole soit représentée
dans cette solennité et que les lecteurs en
aient un fidèle compte-rendu.
J. A. Rarral.
SUR L’AILANTUS FLAVESCENS.
En publiant dans le n» de lai Revue horti-
cole du octobre dernier (page 366) une
note sur VAilantus flavescens, note dans
laquelle j’indiquais les caractères que pré-
sente cette plante et les comparais cà ceux
que présente l’Aiiante ordinaire (Ailanlus
glandulosa)] j’ai omis d’indiquer un carac-
tère très-important : celui que présentent
les racines, qui porte sur la nature et l’as-
pect de celles-ci. Voici ce caractère : Chez
VAilantus glandulosa , les racines sont
blanches, ligneuses, solides et peu rami-
fiées; elles n’ont pas d’odeur sensible.
Chez VAilantus flavescens, au contraire.
elles sont rouges, rameuses, charnues
comme celles de la plupart des Rhus gla-
bra, elegansy typhina etc. ; de plus elles
dégagent une odeur un peu vireuse, fadasse,
presque nauséabonde, à peu près analogue à
celle que dégagent les feuilles de celle
même espèce.
J’ajoute qu’à l’époque de la chute des
feuilles les pétioles communs ou rachis de
VAilaîîtiis flavescens sont d’un jaune pâle .
tandis que ceux de VAilantus gtandatosa
conservent leur couleur verte.
Carrière.
REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER.
Dans le dernier numéro de la Revue,
nous avons signalé (page 152) le Neerland’s
Plantentuin, ce nouveau recueil hollandais
sur lequel nous allons aujourd'hui jeter un
coup d’œil rapide et que nous compren-
drons désormais parmi les publications dont
nous tiendrons nos lecteurs régulièrement
au courant.
Le Neerland's Plantentum, Jardin des
Plantes néerlandais, ne donne pas seule-
ment, comme son titre le promet, des figu-
res et descriptions de plantes ornementales
pour les jardins et les salons, mais il
accorde aussi une place très-large aux
communications originales de la botanique
et de l’horticulture, à la revue des publica-
tions horticoles illustrées de Eélranger et à
la bibliographie botanique et horticole.
M. le Df G. A. J. A. Oudemans, profes-
seur de botanique à Amsterdam, dirige ce
recueil intéressant avec la collaboration
constante de MM. G. Glijm, horticulteur-
fleuriste d’Utrecht ; J. B. Grœnewegen ,
horticulteur-fleuriste d’Amsterdam ; J. H.
Krelage, horticulteur-fleuriste de Harlem;
et H. Witte, jardinier en chef du Jardin bo-
tanique de Leide.
Le nouveau recueil mensuel a un mérite
particulier, c’est qu’il ne se borne pas à
donner les figures suivies de leurs descrip-
tions de plantes ornementales introduites
récemment en horticulture. Il s’occupe
aussi bien de plantes ornementales ancien-
nement connues et non pas seulement le
plantes exotiques mais aussi des végétaux
indigènes qui peuvent servir à embellir nos
jardins. Ainsi il nous offre les Cyclamens,
leGalathusnivadis, V Azalea indica, VArdi -
siacrispa,\e Wigandia Caracassana,\e Yucca
gloriosa, VEranthis hiemelis, etc. Chaque
plante figurée est accompagnée d’une des-
cription très-soignée qui traite avec beau-
coup de détails l’historique de la plante en
question et sa synonymie, s’il y en a, ainsi
que la place qu’occupe dans la série des
végétaux le genre auquel elle appartient.
Le premier volume du Plantentuin nous
offre en tout 18 planches coloriées exécutées
avec beaucoup de soin. Nous signalons
entre autres d’une manière particulière lé
Pavetta incarnata à fleurs blanches, char-
mante Rubiacée très-florifère des Indes-
Orientales, à larges feuilles lancéidées, oppo-
sées; le Roella ciliata, jolie Campanulacée
du Cap de Bonne-Espérance , à grandes
fleurs d’un bleu violacé pâle. Celte plante
REVISE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER.
n’est nullement une nouveauté dans les
jardins, mais il est à regretter qu’on ne l’y
trouve pas aussi fréquemment quelle le
mérite.
Le premier cahier de l’année i 866 con-
tient la figure du Platycodon autumnale,
Decaisne. Cette belle Campanulacée qui déjà
à plusieurs reprises a formé le sujet de
figures et de descriptions dans la Revue
horticoJe L M. Oudemans nous offre quatre
variétés de cette belle plante : le type à
Heur bleue simple; 2® la variété bleue à
Heur double, c’est-à-dire à deux corolles
emboîtées l’une dans l’autre; 3® la variété à
Heur blanche simple; 4® la variété blanche
à Heur double.
Une plante délicieuse et nouvelle dont le
Plantentuin nous donne encore la figure et
la description dans son premier cahier est
le
Desmotliiim pencluliflorum, OUDEMANS.
Cette charmante Légumineuse japonaise,
introduite de Yeddo par M. de Siebold en
1862, forme un arbuste de l'".60 à 2 mètres
de hauteur, à feuilles trifoliées, à folioles
oblongues ou oblongues-lancéolées. Dans
la partie supérieure des rameaux de cette
plante on voit naître, de chaque aisselle des
feuilles, une longue grappe Horale pendanle
à son sommet, composée de seize à vingt-
quatre Heurs assez grandes, pendantes, d’uii
riche pourpre. M. Oudemans recommande
cette plante comme étant de pleine terre;
elle Heurit du mois d’août jusqu’en octobre.
Elle n’a nullement besoin, selon lui, d’être
entourée de soins particuliers pendant l’hi-
ver. Sa partie aérienne disparaît chaque
année; mais la souche vivace repousse vi-
goureusement l’année suivante.
Le second et le troisième cahier du Plan-
1 Voir la Revue horticole de 1848, p. 361, fia;. 19 ;
eide 1858, p. 548, fig. 173.
SUR LES POMMIERS EN
L’innovation de la forme en cordon ho-
rizontal appliquée aux Pommiers-Paradis
remonte déjà à plusieurs années, et les avan-
tages reconnus de ce nouveau genre de
cultiverles arbres l’ont fait accueillir jusque
dans le jardin de la plus modeste chau-
mière. L’établissement de ces cordons est
d’une exécution prompte et facile sans né-
cessiter de grands frais. La taille et leur
gouvernement sont devenus accessibles au
plus grand nombre. C’est ainsi que, dans
un endroit qui ne pourrait être mieux utilisé,
que l’on peut jouir dans un laps de temps
très- court de l’aspect vraiment séduisant
d’un charmant rideau de verdure sous lequel
viennent s’abriter de beaux et bons fruits.
tentiiin de 1866 offre les deux espèces sui-
vantes :
FîciisSnringarîi, H. WlTTE.
Cette belle plante à feuillage ornemental
a été découverte à Amboina, par M. Teys-
mann, jardinier au Jardin botanique de
Buïtenzorg, dans l’île de Java. Les grandes
feuilles longuement pétiolées, suborbicu-
laires, en cœur à la base, ne sont pas co-
riaces mais herbacées; elles se terminent par
une pointe assez longue; elles sont traver-
sées par cinq nervures principales et par de
nombreuses nervures secondaires d’un beau
rouge éclatant. Les nœuds de la tige offrent
cette même couleur, ce qui rend la plante
ornementale à un haut degré.
C'irrho|telalum Palimlii, DE Vriese.
Magnifique Orchidée qui a été découverte
par M. Teysmann au mont Salak, voisin de
Buïtenzorg, dans l’île de Java. M. de Vriese
lui a donné son nom spécifique en honneur
de M. Pahud, gouverneur général des Indes-
Néerlandaises. C’est une espèce croissant
sur les troncs des arbres, à pseudobulbes
cylindriques comprimés, un peu courbés,
longs de 0'“.10à0"M3 et larges de 0"‘.025,
enveloppés à moitié par de grandes bractées
scarieuses. Chaque pseudobulbe porte une
seule feuille elliptique allongée , acumi-
née, longue environ de 0"\36 et large de
0"M0. Les hampes Horales se développent
à la base des pseudobulbes et portent huit
à douze grandes Heurs rouge -brunâtre
disposées en ombelles. Les sépales et péta-
les lancéolées se terminent en des prolon-
gements filiformes tordus comme des vril-
les, particularité à laquelle le nom du genre
Cirrhopetalum (pétale en vrille) fait allu-
sion. Le labelle charnu est d’un pourpre
foncé.
J. Groenland,
CORDONS HORIZONTAUX.
Ces arbres, retenus à proximité du sol et
de la chaleur, offrent beaucoup d’avantages
sur ceux cultivés en vase ou toute autre
grande forme;ils peuvent, sans frais onéreux,
être défendus par des abris faciles contre
les atteintes des gelées printanières ; les
fruits sont ensuite pour ainsi dire soustraits
à l’inHuence de la violence des vents et
bourrasques qui causent le plus grand dom-
mage à l’approche delà récolte, comme cela
a lieu ordinairement avec les arbres élevés
suivant l’ancienne méthode. Semblable à
des sentinelles posées à la défense d une
place forte, les petits arbres actuels sont
plantés lur une ou plusieurs lignes parallè-
les en bordures des plates-bandes des espa-
SUR LES POMMIERS EN CORDONS HORIZONTAUX.
187
liers üù leur faible hauteur n’empêche point
le jardinier d’y pénétrer pour donner ses
soins. Ils forment enfin une clôture protec-
trice qui semble s’opposer formellement à
l’introduction de la culture des légumes,
dont l’habitude funeste et vicieuse occa-
sionne de si grands ravages dans les endroits
où elle se trouve encore malheureusement
pratiquée de nos jours.
Après avoir cà peu près énuméré les
avantages de la méthode des Pommiers-
cordons. Il me reste à signaler aux lecteurs
de la Revue une remarque importante que
j’ai faite sur la plantation de ces arbres,
dans le but de favoriser leur formation avec
plus de rapidité et sans obstacle aucun,
pour les personnes qui veulent s’occuper
de cette direction, faveur qui me semble
refusée parle système généralement admis;
non pas que j’ai cependant la prétention de
vouloir contrôler qui que ce soit, j’en serai
bien fâché. Je ne veux seulement qu’indi-
quer le moyen d’obvier à un inconvénient
trop fréquent et qui me paraît de nature à
atténuer sensiblement le mérite et la prin-
cipale ressource que l’on peut obtenir par
cette culture. Voici ce dont il s’agit :
Les Pommiers destinés à la formation
des cordons unilatéraux sont des sujets d’un
an de greffe, que l’on plante depuis 1"L50
jusqu’au mètres; suivant leur nature plus
ou moins vigoureuse. Les instructions don-
nées par la plantation consistent à placer
l’arbre dans une position verticale et d’a-
baisser ensuite àleur hauteur, qui varie entre
et jusqu’à 0^". 50, leur extrémité sur
un fil de fer galvanisé disposé à cet effet.
La disposition verticale de la tige de l’ar-
bre d’abord, et ensuite l’abaissement brus-
que sur le fil de fer à 0"*.45 ou 0«i.50 du
sol, imprimé une courbure très -prononcée
SACCHARUM
Deux catalogues importants de plantes
de haut ornement pour les jardins et les
squares viennent d’être publiés, l’un par
le service municipal des promenades et plan-
tations de la ville de Paris, l’autre par la
maison Vilmorin. Dans ces deux catalo-
gues, nous trouvons, entre autres acquisi-
tions récentes remarquables, la description
du Saccharum œgijptiacum, une plante
tout à fait nouvelle, dont les premiers pieds
ont été mis dans le commerce cette année
même.
L’introduction en France de ce Sac-
charum est due a M. A. Letourneux, bota-
niste et conseiller à la Cour impériale d’Al-
ger, qui en fit la découverte, en 1862, dans
la province de Constanline, au sud du cer-
cle de Bône. Les prem iers échantillons vi-
vants en furent envoyés à M. Durieu de
qui va quelquefois jusqu’à la rupture, sont
deux effets qui mettent la sève en contra-
riété dans sa course en l’empêchant d’ali-
menter l’allongement annuel du bourgeon
de prolongement. En effet, au point de dé-
part de l’arcure qu’elle ne peut se résoudre
à franchir, elle y séjourne et fait développer
quantité de bourgeons vigoureux qui, bien
que surveillés aciivement, s’obstinent néan-
moins de reparaître chaque année au détri-
ment de l’économie de l’arbre. Il n’est per-
sonne qui ne reconnaisse que ces mêmes
effets sont produits par des circonstances
analogues lorsqu’il s’agit du dressage mal
fait des membres des autres arbres que nous
sommes appelés à diriger.
Voici donc le moyen que j’emploie pour
éviter le désordre que j’ai rencontré partout
où j’ai vu des Pommiers établis en cordons.
Je peux assurer le succès complet aux
personnes qui désireront en faire l’essai
dès cette année même. Plus d’un millier
d’échantillons, que j’ai ainsi formés, prou-
vent mieux que ce que je dis l’efficacité du
procédé. Ainsi, je commence d’abord par
réduire à moitié la hauteur conseillée et
suivie pour la formation des cordons, en
les abaissant à 0>n.25 au lieu de 0™.50; en-
suite je plante mes arbres obliques à 55 de-
grés au-dessous de la verticale. La marche
de la sève ne rencontre aucun obstacle et la
jonction des extrémités des arbres peut avoir
lieu à la troisième année, plantés à 1 ™.50 de
distance, et, vers la quatrième année, s’ils
sont plantés à 2 mètres. Les fruits reçoivent
plus de chaleur et plus de rosée, ils devien-
nent plus beaux et plus savoureux. J’ai soin
néanmoins de couvrir le sol d’un bon paillis
qui empêche les fruits d’être salis par la
terre, lors des pluies battantes.
F. Marc.
Maisonneuve, le savant directeur du Jardin
botanique de Bordeaux et l’un des auteurs
de la flore d’Algérie.
Depuis longtemps déjà, cette plante avait
été signalée à l’attention des horticulteurs
comme une de celles dont l’introduction
était le plus à désirer, surtout depuis que
le goût des plantes pittoresques à grand
feuillage est devenu à la mode. A plusieurs
reprises, on avait envoyé des Indes Orien-
tales et de la basse Egypte, où elle croît à
l’état spontané, des graines de cette espèce,
mais elles furent semées sans succès : c’est
donc à MM. Letourneux et Durieu de Mai-
sonneuve' que revient tout l’honneur de
l’introduction de cette plante intéressante.
Le Saccharum œgyptiacum est une gra-
minée, un roseau gigantesque, qui peut
rivaliser jusqu’à un certain point avec les
188
SACCHARUM ÆGYPTIACUM.
Bambiisa, \esArundo, les Erianthus et les
Gtjneriim. D’une croissance très-vigou-
reuse, il développe rapidement des chau-
mes nombreux feuillés de bas en haut, qui
forment des touffes volumineuses, s’élevant
de 2 à 3 mètres, ce qui arrive surtout la
seconde et la troisième année qui suhent
la plantation. Le feuillage abondant, l )n-
guement rubané avec la nervure médiane
blanche, retombe en gerbe d’un effet très-
pittoresque. Toute la plante, chaumes et
feuilles, est couverte de poils mous et
soyeux, d’une teinte grisâtre, qui donne à
cette espèce un aspect particulier qui
augmente son mérite décoratif.
La floraison du Sacchariim œgyptiacum
n’a pas encore été obtenue en France, et,
bien que les inflorescences en soient, pa-
raît-il, assez remarquables, la plante n’en a
pas besoin pour être très-ornementale par
ses seuls chaumes feuillés. Il est d’ailleurs
probable que cette floraison n’aura lieu ré-
gulièrement que dans le Midi, et l’on
pourra se faire une idée de sa beauté, par
le passage suivant d’une lettre qu’écrivait
au sujet de cette plante M. Pétot, jardinier
en chef du Jardin d’acclimatation du Caire,
qui en avait envoyé des graines en 1863.
« Cette plante est vraiment superbe; elle
croît sur les talus humides des canaux du Nil,
où elle joue un grand rôle dans l’ornemenla-
lion de ces parages. Les tiges (chaumes), attei-
gnent ordinairement lm.5U à 2 mètres de hau-
teur; la panicule florale est bien fournie, très-
soyeuse, d’un blanc argenté, longue d’environ
Oni.25 à On». 30, quelquefois plus. Je suis con-
vaincu que cette plante, qui du reste, a beau-
coup de similitude avec le Gynérium ar g en-
teum^ pourra concourir à l’ornementation des
pelouses et des abords des pièces d’eau.
<■( Il sera prudent je crois, de rentrer en
hiver quelques pieds de cette plante en serre
tempérée et en orangerie, où l’on pourra la
cultiver en baquet dans de la terre franche
mélangée de terre de bruyère.
(( Quoique habitant les lieux humides, le pied
n’en est jamais submergé, et je pense que la
culture que l’on donne au Cgperus papyrus
lui conviendrait sous tous les rapports. »
On voit par cette relation, que le Saccha-
rum œgyptiaciim a déjà gagné en dévelop-
pement chez nous, puisque ses chaumes y
ont atteint de 2 à 3 mètres sans la panieule
florale. Quant à sa rusticité, elle paraît
plus grande que ne le supposait M. Pétot,
puisque M. Durieu de Maisonneuve le cul-
tive avec un plein succès depuis trois ans
UN NOUVEAU Mi
Les mastics à greffer s’employant à froid
sont les plus commodes pour les opérations
d’arboriculture, et les seuls qui ne présentent
aucun danger pour les arbres. Ceux con-
dans le Jardin botanique de Bordeaux et
dans ses annexes, à l’air libre, sans couver-
ture,et en pleine terre ordinaire de jardin.
On est porté à supposer, d’après ces don-
nées, que cette plante pourra probablement
être laissée en place sous le climat de Paris;
mais comme elle n’y a point encore fait ses
preuves, nous conseillerons par prudence,
et au moins pour la première année, de l’y
garantir l’hiver au moyen de branchages, de
paillis, de feuilles amoncelées autour du
pied, ou mieux d’un capuchon de paille,
comme cela se pratique habituellement
pour les espèces susceptibles au froid. Nul
doute, au contraire, que cette plante ne soit
parfaitement rustique dans le Midi, où l’on
pourra espérer de la voir développer ses
magnifiques inflorescences soyeuses argen-
tées, et où elle ne tardera pas à devenir
d’une culture générale.
Quant à sa multiplication, elle se fera
avec la plus grande facilité au printemps, au
moment de la végétation, par la séparation
des touffes ou par le bouturage des rhizomes
traçants que cette plante produit abondam-
ment. Il suffira pour en obtenir la reprise,
de les placer pendant quelques jours sur une
couche chaude, ou en pots sur couche ou en
serre, et leur mise en place pourra et devra
s’effectuer dans le courant de mai.
Le Saccharum œgypliacMm est une bonne
acquisition, et une nouveauté de premier
ordre pour la décoration des jardins pay-
sagers. Quelques pieds isolés, ou groupés
par trois ou. cinq sur les pelouses, aux
abords des pièces d’eau ou dans les parties
accidentées, y produiront un très-bon effet.
Ce sera probablement aussi une plante re-
commandable pour former rapidement tos
le midi des rideaux de verdure et des abris ;
peut-être encore, pourra-t-on s’en servir
avantageusement pour garnir des talus,
soutenir des glacis, et ses chaumes, ([ui
sont susceptibles d’acquérir une certaine
consisJLance, trouveront-ils à être employés
aux memes usages que les différents ro-
seaux.
La maison Vilmorin-Andrieux et C'®,
4, quai de la Mégisserie, à Paris, meten
vente le Saccharum œgyptiacum en vente
au prix de 15 fr. Chaque sujet en pot. Le
jardin fleuriste de la ville de Paris, 137,
avenue d’Eylau, l’échange contre d’autres
végétaux, pour cette même valeur de 15 fr.
A. Ferle T.
TIC A GREFFER.
nus jusqu’à présent laissent à désirer :
les uns sont trop durs; les autres coulent
au soleil, se fendent ou tombent au bout
de quelques semaines,
UN NOUVEAU MASTIC A GREFFER.
189
M. Derouet m'a remis, il y a trois mois,
un mastic à greffer de sa composition, en
m’assurant qu’il ne coulait pas, ne se fon-
dait jamais et restait toujours adhérent, et
en me priant de l’essayer comparativement
avec tous les autres, avant de le mettre
dans le commerce.
Depuis cette époque, j’ai fait des essais
comparatifs du mastic Derouet, avec tous
les mastics à greffer à froid qui m’étaient
connus. Je crois rendre un service aux hor-
ticulteurs et aux amateurs d’arboriculture
en leur signalant ce mastic à greffer, et
hommage à la vérité en affirmant qu’il a
tenu toutes les promesses de son inven-
teur. Ce mastic s’est montré supérieur à
tous les autres par toutes les températures;
il reste malléable, ne coule pas au soleil,
ne durcit pas trop à l’humidité et est d’une
adhérence parfaite.
Gressent,
Professeur d’arboriculture.
ÉCHELLES POUR LA CULTURE DES ARBRES FRUITIERS.
La mécanique agricole est un des princi-
paux agents qui concourent le plus au pro-
grès de notre économie rurale. Pour la
culture des terres, on voit à tout moment
inventer ou perfectionner des instruments
de toute sorte. La culture des arbres
n’a point reculé devant ce mouvement : les
sécateurs, les scies, les greffoirs, etc., pré-
sentent des modèles de solidité, de simpli-
cité et de facilité aussi variés qu’on peut
les désirer.
En présence d’une telle perfection, je
m’étonne qu’un genre d’instruments appli-
cables en arboriculture reste pour ainsi
dire stationnaire : je veux parler des
échelles.
Tout le monde sait qu’une échelle est in-
dispensable pour exécuter exactement la
taille, le pinçage, la cueillette, la greffe, la
destruction des nids de chenilles, etc., lors-
que l’arbre est jeune, et pour faire les mê-
mes opérations, lorsque l’arbre est fort, aux
extrémités des branches.
Les échelles que je connais, pour servir à
la culture des arbres isolés, sont, à mon
avis, d’une construction trop compliquée,
ce qui fait qu’elles sont peu répandues dans
nos campagnes, et d’un usage difficile et
même plus ou moins dangereux pour l’ou-
vrier. Il serait donc nécessaire d’avoir des
échelles d’une construction simple , d’un
usage facile et sûr. En vue de contribuer à
la solution de ce problème, je me fais un
devoir de communiquer aux horticulteurs le
résultat de mes modestes travaux.
Dans les dessins de la page suivante,
j’ai voulu montrer plusieurs modèles que
j’ai imaginés pour les différents cas Je
la culture des arbres en pleins champs. La
fig. 17 représente une échelle très-répandue
dans nos environs (Tonneins, Lot-et-Garon-
ne); elle repose sur deux pieds P et P.
Lorsque la surface du terrain est inégale,
l’échelle se place difficilement. Lorsque le
sol est trop mouillé, les pieds s’enfoncent
dans la terre, et souvent inégalement; son
usage devient encore plus difficile lorsque,
sous les arbres fruitiers, il se trouve des
pieds de Vigne plus ou moins rapprochés.
J’ai remédié tà ces inconvénients en plaçant
de champ une plaque de fer ou de tôle (ou
même de bois si le sol sur lequel on doit
opérer n’est pas trop saisi) au bas du mon-
tant de l’échelle (fig. 18). Une partie de
cette plaque est noyée dans le bois, perpen-
diculairement aux échelons.
Un autre inconvénient des échelles ordi-
naires, c’est qu’elles ont des chevilles rondes
qui fatiguent les pieds de l’ouvrier. J’ai
imaginé le moyen suivant pour y appliquer
des échelons larges : je prends pour mon-
tant une planche étroite, plus ou moins lon-
gue, à laquelle je donne la forme représen-
tée par la fig. 19. Les échelons sont placés
en travers sur chacune des étagères A, qui
seraient évidemment trop étroites pour sup-
porter solidement les échelons, si je n’avais
cloué de chaque côté de la planche un sup-
port appliqué de champ et dont le dessus
est à niveau de chaque étagère. Ce petit
support se voit en haut de la figure 19.
La figure 20 montre comment sont disposés
les supports et les échelons.
Le point d’appui inférieur que je conseille
peut , je crois , s’appliquer à toutes les
échelles des champs, mais le point d’appui
supérieur varie selon les modèles. Ainsi,
dans les échelles simples, l’extrémité supé-
rieure s’engage dans l’angle aigu que forment
I deux branches à leur point de jonction ,
comme on le voit dans la figure 18. Dans ma
grande échelle à trois pieds (fig. 21), l’extré-
mité supérieure de l’échelle simple repose
entre les deux bouts de deux montants rap-
prochés par le haut et éloignés par leurs
bases en raison de leur hauteur. Ces deux
montants sont unis solidement : 1® par deux
traverses croisées obliquement et reliées
par un clou à leur point de rencontre;
2» par une seconde traverse horizontale;
3o par un bout de planche placé horizonta-
lement ; 4» par une cheville ronde en bois
dur. Cette cheville s’engage dans un trou
placé à l’extrémité supérieure de l’échelle
simple et au-dessous du bout de planche, ce
qui permet à l’instrument de s’ouvrir et de
se fermer à volonté. Deux rondelles en bois,
une de chaque côté de l’échelle simple ^
190
ÉCHELLES POUR LA CULTURE DES ARBRES FRUITIERS.
tiennent celle-ci au milieu de
des deux montants opposés.
'extrémité i La stabilité de l’équilibre est d’autant
I plus certaine, que la base des trois montants
Fig. 18. — Échelle simple
perfectionnée par M. Ley-
risson.
lièrement espa-
cée L En consi-
dération de ce
même princi-
pe, j’ai cons-
truit un troi-
sième modèle
(fig. 22 et 23).
Ici j’ai trouvé
raisonnable de
laisser les trois
montants im-
mobiles, vu la
faible hauteur
de l’échelle et
le grand avan-
tage qu il y a a — Disposition des
n’avoir qu’à pO- échelons et des supports.
ser son échelle
par terre pour
qu’elle soit en
état de suppor-
ter l’ouvrier.
^Tout observa-
teur peut com-
prendre qu’une
échelle à quatre
pieds n’est solide
que sur un sol par-
faitement plan et
ferme. Comme en
plein champ ces
conditionssontex-
ceptionnelles , il
arrive ordinairement que l’échelle ne porte que sur
trois pieds, qui, naturellement, sont irrégulière-
ment espacés l’un de ,1’autre.
Fig. 22. — Petite échelle fixe à
trois pieds et à échelons
larges, vue de face.
La base des
trois montants
étant trop min-
ce, j’y ai cloué
un disque d’un
diamètre supé-
rieur en D, afin
d’éviter que les
pieds ne s’en-
foncent lors-
que le terrain
cède. Au cen-
tre du disque
des montants
de l’échelle
simple , j’en-
fonce une pe-
tite cheville de
fer , laquelle
s’accroche dans
le sol et con-
court au main-
tien de l’équi-
libre. Il faut
avoir soin que
les chevilles
aient la même
longueur au-
dessous des
montants oppo-
sés que la pla-
que au-dessous
du montant
principal.
Les montants de ces diverses échelles doi-
vent être en boisblancpour plus de légèreté.
Fig. il. — Grande échelle pliante
à trois pieds.
R&vtu' Nor'Uc^'lc-
Yerns Pim'-
lmp 2smte r des Boulangers .lôPans
Rlif>rlodendron hodg.soni
■ ".U .
ÉCHELLES POUR LA CULTURE DES ARBRES FRUITIERS.
191
Quant aux divers usages auxquels elles sont
spécialement destinées et à leurs dimensions
approximatives, l’éclielle simple peut se con-
struire de toutes les hauteurs voulues; elle
sert pour les arbres les plus élevés comme
pour les petits, lorsque les pieds de Vigne, par
exemple, empêchent d’y transporter facile-
ment la petite échelle à trois pieds fixes. La
grande échelle à trois pieds a 2*’™. 60 de hau-
teur ; elle ne me sert guère que pour la cueil-
lette des fruits, tels que : mûres, cerises, etc.
Je la laisse sous les arbres tant que dure la
saison de ces fruits. Elle ne peut pas facile-
ment se déplacer, mais elle est de toute so-
lidité en place. La petite échelle à trois pieds
fixes est d’une hauteur de 1"\30; le disque
qui la surmonte doit avoir au moins 0™.30 de
diamètre; elle sert : 1® pour les jeunes ar-
bres du verger; pour les tonnelles ou
Vignes hautes; et, 3» pour les appartements,
surtout pour atteindre au plafond; elle est
d’une grande utilité, par exemple, pour pen-
dre fes tabacs dans un grenier.
A. -P. Leyrisson,
Cultivateur à Tridon, par Tonneius
(Lot-et-Garcnne).
RHODODENDRON HODGSONI.
Les montagnes de l’Himalaya, avec leur
splendide végétation dans laquelle surtout
les Piosages jouent un rôle si prédominant,
sont aussi la patrie de la magnifique plante
qui fait le sujet de cette note, et dont la fi-
gure a été exécutée d’après le Botanical
Magazine. Ce magnifique arbuste, aussi re-
marquable par son feuillage que par la
beauté de ses fleurs, a été découvert en
1838, par Griffith dans le Bhotan; après lui,
M. Joseph Dalton Hooker le récolta dans le
Népaul oriental et dans le Sikhim, à une
élévation de 3,000 à 4,000 mètres au-dessus
du niveau de la mer. Il fleurit en serre tem-
pérée au mois d’avril.
Un coup d’œil sur la grande planche
coloriée ci-contre suffit pour donner une
idée de la beauté extraordinaire du Rhodo-
dendron liodgsoni, qui peut atteindre une
hauteur de 7 mètres.
C’est donc plutôt un arbre, dont les
branches principales horizontales ont en-
viron 0"™.20 de diamètre et plus ; elles sont
couvertes, ainsi que le tronc et les rameaux
d’un certcàin âge, d’une écorce brun-pâle,
membraneuse, qui se défeuille par larges
plaques. Les feuilles, d’un magnifique vert
foncé brillant en dessus, d’un brun de
rouille en dessous, sont oblongues ou oblon-
gues-ovales, obtuses ou munies d’une courte
pointe au sommet. Elles sont d’une texture
très-coriace et persistance, leur longueur
varie entre 0'^L21 et 0"\48. Les grands
capitules de magnifiques fleurs très-nom-
breuses ont un diamètre de 0*".10â 0™.21.
La corolle, largement campanulée d’un beau
pourpre pâle, atteint un diamètre de 0'".03
â 0‘“.07. Dans sa patrie, cet arbre fournit
aux montagnards un bois qui leur sert
â fabriquer des cuillères, des coupes, des
selles, etc. On utilise les feuilles en guise
d’assiettes pour le beurre et le fromage
doux.
J. Groenland.
BIBLIOGRAPHIE HORTICOLE.
Taille et Culture de la Vigne, conduite perfectionnée
du vignoble et de la treiïle, etc., parM. Laujoulet,
professeur à Toulouse du cours public d’arbori-
culture et de viticulture. — Paris, F. Savy, li-
braire-éditeur.
Je ne suis ni vigneron ni viticulteur, je ne
me rends meme pas compte d’une manière bien
nette en quoi fun diffère de l’autre. Je dé-
masque mon ignorance. Si je veux m’éclairer,
il me faut un bon guide. Je crois avoir mis la
main dessus. C’est un petit volume de 172 pages
{Taille et Culture de la tout fraîchement
imprimé et signé Laujoulet. Cet auteur m’ins})ire
une confiance entière. 11 doitécrire avec pureté,
concision et clarté ; il est excellent ol)servateur
et excellent praticien. Je soupçonne donc que
ce livre doit faire mon affaire et celui de bien
d’autres. Si vous n’êtes pas plus fort que moi,
je vous propose de l’étudier et de nous instruire
ensemble. Partons du rudiment. Ah! on ne se
pénètre pas assez de l’importance des éléments
en toutes sciences, arts ou lettres. Si chacun
pouvait dire, comme Petit-Jean dans les Plai-
deurs,
Ce que je sais le mieux, c’est mon commencement.
avec un peu de lecture et de pratique, il
saurait bien vite le milieu et la fin.
M. Laujoulet s’exprime ainsi dans son avant-
propos :
« La Vigne exige un mode de direction appro-
priée à la fois aux habitudes locales, au climat
et à la valeur très-variable en France de ses
produits. A chaque région viticole, il faut donc
un enseignement distinct. Cet opuscule résume
exactement et complètement l’enseignement
propre à nos contrées. » (le Languedoc), puis
il ajoute : « Je ne recommande guère que ce
que j’ai moi-même expérimenté avec un esprit
d’investigation aussi libre de tout préjugé de
routine que de tout engouement pour les nou-
veautés. »
L’ouvrage se divise en trois études, La pre-
192
BIBLIOGRAPHIE HORTICOLE.
mière comprend les définitions et les notions
propres à faciliter l’intelligence de la viticul-
ture. La deuxième embrasse, dans leur ordre
naturel de succession, toutes les opérations
qu’entraînent la création et l’entretien d’un vi-
gnoble. La troisième résume les procédés en
usage à Thomerv pour la culture de la Vigne
en' espalier.
Première étude. — Notions préliminaires.
L’auteur fait un examen rapide mais attentif
des organes essentiels de la V^igne. Sa distinc-
tion des yeux au point de vue de la culture est
fort instructive. 11 y a œil et œil. Celui qui est
bien constitué, saillant, c’est l’œil franc; il pro-
duit du fruit; ceux qui se trouvent tout à la
base du sarment sont petits, stériles dans cer-
taines variétés, fertiles dans d’autres, de là la
nécessité d’user de la taille longue ou de la
taille courte. Je fais mon profit des trois axiomes
suivants; 1» plus les yeux s’éloignent de la base
du sarment, plus les boui’geons qu’ils produisent
sont fructifères ; 2» plus le cépage est vigoureux,
plus les bourgeons fructifères sont éloignés de
la base des sarments ; 3» plus on allonge la
taille, plus la récolte est abondante, mais plus
le vin perd en qualité.
Je croyais qu’on devait toujours tailler la Vi-
gne après les grands froids, en février par
exemple, c’est ainsi que j’ai vu faire; mais si on
se livre à un examen comparé de la foliation
des diverses variétés, on reconnaît qu’elle est
plus bàtive chez les unes que chez les autres :
dès lors, en taillant très-tard les cepages à vé-
gétation précoce, on a la chance de les préser-
ver de la gelée, parce que les yeux du sommet
des sarments ont déjà bourgeonné, quand
ceux de la base commencent à peine à débour-
rer. On taillerait d’abord les Vignes tardives.
Outre l’œil, l’œil vrai, il y a le contre-œil et
les sous-yeux.
Le contre-œil se présente alternativement à
droite et à gauche de l’œil principal : il de-
vient un contre-bourgeon improductif.
Les sous-yeux., au nombre de deux, sont si-
tués à la base de l’œil principal, ils produisent
deux sous -bourgeons peu vigoureux et parfois
fructifères. Ils restent latents jusqu’à l’époque de
développement de l’œil principal. Si à cette
époque, l’œil principal est détruit par une cause
quelconque, les sous-yeux le remplacent.
Parfois, des yeux adventifs (inattendus) per-
cent sur le vieux bois et au collet du cep. Ils
produisent des bourgeons vigoureux et stériles,
ce sontdes goiirmands. hmûles, on les supprime;
cependant ils peuvent être exceptionnellement
utilisés. C’est d’une mauvaise pratique d’en
faire des provins.
Je savais que l’intervalle compris entre deux
nœuds vitaux s’appelait entre-nœud, que sur
un sarment ils sont toujours d’inégale lon-
gueur. C’est, du reste, la loi générale pour tous
ies arbres, mais j’apprends que tout cépage qui
présente des entre-nœuds anormaux, c’est-à-
dire plus longs que la variété ne le comporte,
peut être considéré comme dégénéré.
Je ne puis m’étendre davantage sur ces pre-
mières notions. L’espace me manque, je passe ^
la deuxième étude.
Deuxième étude. — Création d'un vignoble.
M. Laujoulet indique cinq opérations dans la
création d’un vignoble : — préparation du sol,
choix et préparation des'plants, — plantation,
— taitte, — soins de culture et d'entretien.
C’est un travail difficile que d’extraire l’es-
sence d’un ouvrage où chaque phrase, chaque
mot a sa valeur.
Pour planter, on se sert de boutures ou de
plantes enracinées . Depuis peu, on avait con-
seillé le semis sur place avec des yeux déta-
chés du sarment. Ce p’-océdé ne paraît pas con-
venir à la grande culture. L’auteur insiste
beaucoup sur la nature de la bouture en elle-
même et sur la nature du cépage. « De ce
double choix dépendent le succès de la planta-
tion, la qualité et la quantité du produit. » La
bouture doit être choisie sur des Vignes en plein
rapport, sur les ceps les plus fertiles, donnant
le plus beau fruit, et avec des sarments d’un an
issus de bois de deux ans. A en juger par in-
duction, ces prescriptions me semblent excel-
lentes et font voir combien peu établissent une
Vigne selon les bons principes. Les viticulteurs
éclairés des vignobles célèbres portent une atten-
tion particulière au choix des boutures.
Le choix du cépage est une question fort
épineuse. M. Laujoulet paraît condamner en
principe l’introduction des cépages étrangers.
Il est favorable aux cépages acclimatés, éprou-
vés et améliorés par la sélection des boutures ;
il ne repousse pas toutefois toute tentative d’im-
portation et il cite à l’appui l’exemple de
MM. de Dermont, Lagarigue, Cazalès-Allut,
Beaume, qui ont aussi transformé les produits
vinicoles de leurs contrées. Il donne une liste
des meilleures variétés à introduire, avec des
renseignements fournis par plusieurs proprié-
taires, en tête desquels il faut placer l’habile et
savant viticulteur M . le comte de la Loyère .
La plantation des boutures est conseillée, en
automne, dans les terrains secs et perméables ; à
la fin d’avril, dans les terrains compactes et froids,
le pratinage est recommandé pour favoriser le
développement des radicelles .
Si les cépages étaient séparés, il en résulterait
un traitement mieux appropriés à chacune des
variétés. .
A quelle époque doit-on tailler? Evidemment
la règle n’est pas absolue. Elle ne peut être la
même pour les pays chauds et pour les pays
froids où les gelées printanières sont redouta-
bles. Dans le Languedoc, la taille précoce en
novembre, doit généralement être préférée;
mais si la vigueur excessive des ceps nuit à leur
fertilité, on les affaiblit et prédispose à porter
fruit par une taille tardive. M. Laujoulet rap-
porte que M. Fleury-Lacoste, qui habite la Sa-
voie, a consigné dans son Guide du vigneron
les procédés de sa pratique personnelle, qui
consistent à supprimer en février toutes les
branches inutiles sur chaque cep, à laisser in-
tacts les sarments qu’on veut conserver, et à les
tailler à l’époque où apparaissent les feuilles
des bourgeons supérieurs : dès lors, la floraison
est retardée d’une quinzaine et on évite le dan-
ger des gelées tardives.
Comment tailler? Deux systèmes sont en pré-
sence. Quelle que soit la forme donnée au cep,
si on taille au-dessus de trois yeux, c’est la
taille à court bois; si, au-dessus d’un nombre
supérieur, c’est la taille à long bois.^
La taille à cou) t bois est praticpiée en Lan-
guedoc. Les ceps sont en gobelets ; cluupie sar-
193
BIBLIOGRAPHIE HORTICOLE.
ment est taillé au-dessus de deux yeux francs,
qui donnent deux sarments fructifères. Après la
récolte, on supprime le sarment supérieur et
l’on taille en novembre au-dessus de deux yeux
le sarment inférieur. L’on répète chaque année
ce procédé, qui se rapproche beaucoup de celui
pratiqué sur les treilles.
L’auteur explique le mode de formation des
ceps, année par année, pendant six ans. Puis
dans une série de paragraphes tous importants,
il traite de la taille d'entretien, du raccourcis-
sement des bras, de la surcharge des ceps, de
la mise à fruit des ceps trop vigoureux.
La forme en éventail, donnée par quelques
viticulteurs, lui paraît d’une exécution difficile,
et il ne la recommande pas. 11 résume ainsi les
bons effets de la taille à court bois sur soucliè
basse en gobelet : économie, production suffi-
sante de 'longue durée, « avantages certains
et assez grands pour que, dit-il, sans r epousser
aucun essais d'acclimatation, nous soyons très-
circonspect dans nos réformes . y>
M. Laujoulet prend, pour type de la taille à
long bois, la forme recommandée par M. Jules
Guyot dans son excellent Traité sur la culture
de ' la vigne : branche à fruit horizontal et
branche à bois vertical, et la décrit avec cette
précision et cette perspicacité qui lui sont fami-
lières.
! Le système de M. Guyot est connu de tous les
viticulteurs, il a été appliqué sur plusieurs
grands centres du territoire, et aujourd’hui il a
de nombreux et chauds partisans. Je me borne
à dire que le jugement qu’en porte M. Laujou-
let lui est généralement favorable ; cependant
j il est accompagné d’un correctif. Sa récolte de
! 1865 a un peu ébranlé sa confiance Une portion
I de Vigne située sur le penchant d’un coteau, en
i plein midi, fut transformée depuis quatre ans et
II en tous points selon le mode de direction^ et de
I taille préconisé par M . Guyot. Les grappes étaient
I bien distribuées et nombreuses, « mais ces
’ grappes étaient aigres, lorsque celles des mêmes
cépages, élevés en gobelet et soumis à la taille
courte, étaient parfaitement mûres. En vain la
vendange fut retardée de quinze jours sur cette
il’ portion de Vigne; ces grappes ne purent, mal-
l gré ce retard, arriver à parfaite maturité. » Et
il finit par conclure que ce « système ne peut
s’appliquer avec avantage qu’aux cépages dont
ii la maturité est précoce, en ne forçant pas trop
‘ ï la production., »
f; Et enfin, ne laissons pas tomber cette obser-
j vation supplémentaire, qui me paraît d’une
i grande importance :
Règle générale, la maturation s’opère simul-
j tanément, presque également, sur les grappes
de raisins dislril3uées aune distance égale au-
Itour du tronc, comme dans les souches basses
en gobelet; elle est au contraire, successive,
inégale et surtout plus lente dans les grappes
de raisins accumulées sur une branche à fruit.
ill me reste à examiner une troisième dispo-
sition dont parle avec éloge M. Laujoulet, bien
qu’il ne l’ait pas expérimentée. Il l’appelle
Vigne en treillons. Il la décrit sur des rensei-
■ gnements communiqués par M. Marcon , de
! Lamothe-Montravel (Dordogne). C’est une Vigne
i disposée en cordon horizontal îinilatéral par
! deux habiles viticulteurs, MM. Marcon et Caze-
nave, de la Réole (Gironde).
La plantation est en ligne. Les lignes sont
espacées de 2m. 50, les ceps également de 2^.50
entre eux. Peu au-dessus du sol, les tiges des
ceps recourbés horizontalement, et du même
côté, portent en dessus six coursons espacés
de 0m.30 à 0"‘.35. On supprime les bour-
geons intermédiaires. Trois lignes de fil de
fer sur chaque rang de ceps, la première à 0m.50
au-dessus du sol, la deuxième à Om.85, la troi-*
sième à 1™.30 ; le fil de fer inférieur sert à pa-
lisser les tiges ; les deux autres fils servent à
attacher les sarments des coursons. Quand les
sarmenis-coursons ont été obtenus, on les taille
à Om.35 ou 0m.40 de longueur et on les atta-
che au deuxième fil de fer en les inclinant
obliquement. Le bourgèon de prolongement du
sarment est conservé dans toute sa longueur
et palissé. La charpente du cordon doit^ être
terminée au plus tard à la troisième année de
l’inclinaison, de manière que rensemble des
tiges forme un cordon continu. On pince les
bourgeons supérieurs les plus vigoureux des
sarments-coursons. A la taille suivante , on
conserve sur cha(|ue courson deux sarments.
Le plus rapproché de la base, servant de bran-
che à bois, est taillé de.0'".12 à 0'“.18, de
longueur suivant la vigueur du cep; le sarment
supérieur servant de branche à fniit et dont
l'insertion se trouve à la hauteur du sarment
inférieur raccourci, est taillé à la longueur de
0™.45 cà O-^.OO suivant la vigueur. La portion du
vieux bois laissée entre la branche à bois et la
branche à fruit empêche la sève d’arriver avec
trop de rapidité et d’abondance dans la bran-
che à fruit.
On attache tous les bourgeons aux deux fils
de fer supérieurs. A la quatrième taille, on
supprime la branche à fruit supérieure contre
le sarment inférieur; et, sur ce dernier, on
choisit deux yeux comme il a été déjà prescrit.
Leurs productions sont traitées d’après le mode
de taille indiqué déjà.
M. Laujoulet assure que le produit moyen
d’un hectare de Vignes soumises à ce régime
serait de 100 hectolitres. Ce système offre, selon
lui, les avantages de rendre, par la taille à long
bois, les fins cépages presque aussi productifs
que les cépages communs et de h’éunir à la
quantité 1;i bonne qualité du vin.
Un chapitre important est^ consacré à la
transformation des Vignes taillées à court bois
en Vignes à long bois, soit qu’on veuille suivre
le système Guyot ouïe système Marcon.
Puis viennent de précieuses instructions sur
les labours, les binages, les engrais, le terrage,
(apport de terres) le provignage, greffage, sou-
frage, r incision annulaire, la taille en vert
après la grêle, et l’auteur termine par un assez
long entretien sur les travaux de vinification,
qui ne sont nullement de ma compétence, car je
n’ai pas un pied de Vigne au soleil en dehors
des murs de mon jardin.
Troisième étude. — Treilles en espalier.
Je suis plus à l’aise, me voici sur mon ter-
rain. Il me reste à examiner la manière dont
M. Laujoulet veut que la Vigne soit traitée en
espalier. Le peu de besoin qu’on a des treilles
dans le Midi, explique pourtpioi l’auteur a
glissé assez rapidement sur un sujet capital pour
nous, habitants du Nord et de l’Est. Le mode
de direction (pi’il conseille est celui en usage
194
BIBLIOGRAPHIE HORTICOLE.
à Thomery. Il ne pouvait s’appuyer sur de
meilleurs exemples.
Le comte Le Lieur a écrit excellemment sur
la Vigne en espalier (Pomon^ française, 2e édit.,
1842). En 1846, M. Du Breuif y consacrait
quelques pages insuffisantes dans la première
édition de son Cours cV arboriculture. En
1850 (2e édit.), son travail avait pris du déve-
loppement et atteint une valeur réelle. Dans
cette édition, il était question du cordon hori-
zontal de Thomery et d’une modification ap-
portée par M. Rose Charmeux ; du cordon
vertical pour les murs bas, et du cordon verti-
cal alterne Charmeux pour les murs élevés. Ce
traité ne comprenait pas moins de 50 pages et
44 figures. Dans la troisième édition (1853),
on voit apparaître le cordon vertical à cour-
sons opposés, fâcheux procédé, très-long, très-
difficile à obtenir, et ensuite à maintenir. Il
est cité encore et fort recommandé dans la
quatrième édition (1859), et enfin dans la cin-
quième édition (1861). Ces fameux coursons
opposés sont à peu près abandonnés et rempla-
cés par les cordons verticaux à doubles cour-
sons alternes.
Bien que M. Du Breuil soit enclin à se pas-
sionner pour les nouveautés, au point de brûler
dans une des éditions de son ouvrage ce qu’il a
Cl'LTURE DE L’ÀCIIIMENES COï
Je cultive depuis plusieurs années avec
succès V Achimenes comme plante de serre
froide, d’après une méthode que je crois
utile de faire connaître aux personnes qui
veulent jouir de cette belle plante.
Vers le 15 mars, on monte une couche,
composée moitié de feuilles et moitié de
fumier, à la hauteur de 0"*.60 ou 0"™.80.
On foule bien, puis on place dessus un cof-
fre à un ou plusieurs panneaux, selon la
quantité de plantes qu’on veut cultiver. On
charge de suite avec du terreau léger ; une
épaisseur de 0'".10 suffit. Aussitôt que la
couche a jeté son feu, c’est-à-dire qu’elle est
descendue et se maintient à une température
de 30 degrés centigrades, on emplit de terre
des godets de0"^.10de diamètre. Cette terre
peut ne pas être neuve, mais il faut au
moins qu’elle sorte de la culture d’autres
plantes en massifs et non en pots, ou bien
d’une culture d’Ananas; ou encore, être
restée en tas quelque temps, car la terre
sortant du bois n’est pas bonne pour beau-
coup de plantes, et l’Achimenes ne s’en
trouve pas toujours bien.
On range ensuite les rhizomes d’Acliime-
nes dans les pots; on les place tout au-
tour, le plus également possible, de ma-
nière que les extrémités d’où doivent sor-
tir les tiges se trouvent près du bord du pot.
On couvre ces rhizomes d’un centimètre
de terre et on enterre les pots dans la cou-
che. On ombre immédiatement celle-ci. On
maintient, au moyen de réchauds, une chaleur
à peu près égale à celle du moment de la
adoré dans la précédente, il me paraît être
l’homme, depuis Le Lieur, qui a fait le plus
progresser l’arboriculture. Cependant il a été
assez attaqué. S’il voulait se défendre, et je ne le
lui conseille pas, il n’aurait qu’à citer le chiffre
énorme de 15,000 exemplaires de ses œuvres
écoulés dans l’espace de vingt ans! Ce chiffre
dispense de toute discussion.
M. Laujoulet n’en fait pas un mystère, il n’a-
joute aucune idée neuve aux principes déjà
connus sur la culture de la Vigne en espalier.
11 le dit lui-même : a Je vais résumer le sys-
tème suivi par les habiles cultivateurs de Tho-
mery, notamment par M. Rose Charmeux. » Il
passe en revue ^ dans des chapitres séparés,
l’espalier en cordon horizontal perfectionné, le
cordon vertical à coursons alternes, le cordon
vertical pour les murs élevés, le cordon oblique
à coursons en dessus. A chacune de ces
formes, il indique en quoi elle consiste, com-
ment on l’obtient et comment on l’entretient.
L’ouvrage de M. Laujoulet me paraît destiné
à une grande vogue, et particulièrement dans
toute la région méridionale, pour laquelle il a
été particulièrement composé; mais il rendra
partout des services.
Je lui souhaite tous les succès qu’il mérite.
C'e Léonce de Lambertye.
iIE PLANTE DE SERRE FROIDE.
plantation. On donne de l’air quand les
tiges commencent à sortir mais seulement
vers le milieu du jour.
Aussitôt que les jeunes plantes sont assez
fortes, ce qui arrive un mois ou six semaines
après la plantation, on rempote dans des
pots de 0™.15, en écartant les tiges de ma-
nière à les rapprocher des bords du pot pour
former une touffe arrondie. On emploie la
même terre que la première fois; on replace
sur une autre couche, moins épaisse que
la première, et qu’on aura dû monter et
garnir de châssis quelques jours à l’avance.
On espace les plantes et on les met près du
verre, dût-on remonter les coffres à mesure
que les plantes s’allongent. On donne de l’air
aussitôt la reprise et on ombre comme la
première fois.
Après la sortie des plantes de serre froide
dont on se sert pour la garniture des mas-
sifs, ce qui a lieu à la mi-mai, on retire les
Achimenes des coffres; on les met sur la de-
vanture de la serre la plus basse en atten-
dant la floraison. On peut alors les placer
sur un gradin, il faut ombrer sans retard et
placer quatre petits tuteurs autourde chaque
touffe, en entourant celle-ci d’un jonc qui
empêche les tiges de tomber. La serre est
entretenue à une température de 12 à 15
degrés centigrades, ce qui est très-facile dans
cette saison.
Je me suis toujours bien trouvé de don-
ner de l’air toutes les fois que la tempéra-
ture le permettait. Ainsi, l’année dernière,
mes plantes sont entrées en serre à la fin de
CULTURE DE L’ACHIMENES COMME PLANTE DE SERRE FROIDE.
195
mai; j’ai donné de l’air tous les jours, et les
plantes ne s’en sont que mieux portées.
J’ai aussi trouvé meilleur d’ombrer tous
les jours que de donner un badigeonnage
aux vitres. Les plantes sont plus fortes et
n’ont pas l’inconvénient de faner aussitôt
sorties de la serre.
J’ai vu depuis des horticulteurs modifier
de la manière suivante, non pas la culture
elle-même, mais la plantation. On place
seulement quatre ou cinq rhizomes dans
chaque pot, en prenant les plus gros. S’il
sont faibles, on en met deux ensemble.
Quand les plantes ont atteint 0‘".08 ou
()'".10, on les pince; on peut pincer deux
fois, et l’on met un tuteur à chaque plante.
Vers la mi- septembre on cesse d’arroser;
on coupe les tiges et on place les mêmes
variétés ensemble, à un endroit sec, en dis-
posant les pots sur une planche pour em-
pêcher l’humidité. On couvre ainsi jusqu’au
moment de la plantation. Oualle.
LE CONGRES POMOLOGIQUE DE FRANCE. - 1.
? Ceci est une question fort sérieuse pour
i tous ceux qu’intéresse l’arboriculture frui-
i‘ tière, théoriciens et praticiens, hommes de
la plume et hommes de la bêche, pomolo-
i; gués et pépiniéristes. L’aborder comme je
1 1 vais le faire, — je ne dois pas me le dissi-
1 muler, — ce n’est peut-être pas une mince
imprudence : l’éveilleur importun qui vient
. secouer les draps du dormeur n’est guère
. accueilli à bras ouverts. Tant pis pour l’é-
t veilleur; il se ris(jue !
. Les opinions que j’émets ici, du reste, me
; sont personnelles, en ce sens, — je m’expli-
I que, — qu’elles n’engagent en rien celles
: du journal qui leur donne asile; mais, dans
I un autre sens, je dirai qu’elles sont à peu
I près générales ; presque tout le monde les
a; depuis longtemps elles courent dans l’air
plus que sur le papier; j’ai donc une foule
de collaborateurs, et c’est ce qui m’enhar-
dit fort. Je ne me le cache pas, je vais faire
un peu la mouche du coche, mais je m’en
console d’avance en pensant que si je pique
un peu, du moins je ne ferai pas de bles-
sures.
Je déclarerai tout d’abord et sans la
moindre peine que l’institution d’un Congrès
pomologiquea été la meilleure des choses, et
je regrette vivement de ne pas connaître
d’une manière certaine celui qui en a bien
I positivement mis l’idée au monde, j’appel-
lerais sur lui tous les remercîments de de
l’arboriculture. C’était, en effet, une excel-
lente pensée que celle de vouloir porter le
jour au milieu du chaos de la synonymie,
d’indiquer les bons fruits au commerce, de
signaler les mauvais et les médiocres, de
gmider l’amateur dans ses plantations et de
forcer la main en quelque sorte à la bonne
foi de certains pépiniéristes. C’était une
œivre méritoire; le but était excellent,
clair, précis; restait à trouver les moyens
I d’y atteindre. C’était le tour de l’organisa-
tion, la grande affaire!
Je ne vais pas, — vous m’en saurez gré, —
tracer l’historique du Congrès; il marche
depuis tantôt dix ans; il a fonctionné; on
l’a vu à l’œuvre. Je pose simplement dix
ans dans un plateau de la balance, dans
l’autre je pose les résultats obtenus, et je
dis : Jugeons!
Est-ce que je vais prétendre que rien n’a
été fait? Non certes. Nous avons eu les pre-
miers moments d’enthousiasme, q-uand
l’ardeur était encore juvénile et qu’aucune
déception n’avait été éprouvée par personne.
De ces bons moments-là il est résulté — plus
tard, bien plus tard, — deux volumes descrip-
tifs des variétés les plus connues, cent-vingt
Poires environ; descriptions sérieuses et
raisonnées, résumant les cultures des diffé-
rentes régions et donnant d’excellents con-
seils sur la direction des arbres, d’excellents
renseignements sur les qualités des fruits;
mais — je dois bien aussi le dire — tous
fruits connus à peu près, étudiés, prônés,
décrits déjà vingt ibis, trente fois par quicon-
que entreprend un ouvrage pomologique,
travail de Pénélope que chacun recommence
à son tour quand son voisin s’arrête épuisé.
Par-ci par- là encore, arrachés à grand’-
peine, à de longs intervalles, ont apparu,
rari liantes, quelques tableaux résumant le
travail : fruits adoptés, fruits rejetés; fruits
à l’étude en 1857 et encore à l’étude en
1866 (études sérieuses, comme on voit);
puis un catalogue général jusqu’en 1863. A
partir de là, silence : travaux de 1864, rien
de publié; travaux de 1865, rien encore. — ■
N’a-t-il donc rien été fait depuis lors? —
J’allais répondre : « Je n’en sais rien, »
mais une indiscrétion vient de me l’ap-
jirendre : en 1864, sept fruits admis : deux
Poires, une Pomme, quatre Raisins; en
1865, quatre fruits! Et les semis apparaissent
chaque année, nombreux, serrés, impor-
tants, réclamant un examen sévère! Et, sans
parler de bien d’autres, une seule pépinière,
celle de feu Léon Leclerc, en possède plus
de 3,000 prêts à voirie jour! Et la France,
la Belgique, l’Amérique, l’Allemagne, toutes
ont semé depuis longtemps et sèment
chaque jour davantage ! Quatre fruits en un
an!!! Che va piano, va sanol C’est le pro-
verbe des prudents; mais n’est-ce pas bien
un peu aussi celui des traînards?
Enfin! passons. On a fait peu, mais bon;
je l’accorde. Vous allez supposer sans doute
LE CONGRÈS POMOLOGIQCE DE FRANCE.
que c’est du moins le cas de propager ce
peu ; le mal s’était glissé partout, disait-on,
on avait hâte d’y porter remède ; l’arbori-
culture prenait grande faveur, c’était le
moment de la pousser encore, de combat-
tre les abus de la synonymie, de répandre
la vérité, d’agir en un mot. La publicité! —
Hélas! ne vous est-il pas arrivé, gens de
Paris, de Bordeaux, de Rouen, de Lille, de
toutes les grandes villes et encore bien
mieux des petites, d’interroger les librairies
des quatre coins de votre cité, leur deman-
dant en vain l’œuvre du Congrès pomolo-
gique? Ai-je besoin de répondre? Est-il
possibl^e qu’à Paris, même à Paris! pas le
plus petit dépôt n’existe, et que si quelque
bonne âme, renseignée par hasard, ne ve-
nait vous indiquer Lyon comme le seul et
unique siège de ce dépôt sacré, il ne vous
serait pas donné d’en posséder la moindre
parcelle. Voyons un peu. Supposons qu’une
grande calamité, un grand fléau, le choléra
par exemple, nous attaque rudement de
nouveau. Les médecins s’assemblent, les
Facultés s’unissent : Congrès médicinal!
On étudie, on propose, on discute, on ban-
quette si vous voulez — c’est de tous les pro-
grammes; — bref on trouve un remède, un
remède sérieux. On se sépare; chaque doc-
teur rejoint son foyer, paisible, souriant,
imperturbable, la main dans la poche, mais
motusl.... Tout se borne là! Permettez-
moi de le dire, la synonymie, c’est un peu
le choléra de l’arboriculture, et le Congrès,
c’est presque la Faculté de médecine de la
pomologie.
Je trouve dans le règlement un article qui
me taquine, non pas pour le présent, c’est
vrai, nnais pourl’avenir. Comment se compose
le Congrès? Des Sociétés adhérentes et des
membres payant cotisation ; payant cotisa-
tioUj remarquez ceci. ■ — Mais qui garantit
leur compétence? — Leur cotisation. —
Quel parrain les présente au Congrès? —
Leur cotisation. — Qui leur confère le
droit de voter dans toutes les questions,
claires ou douteuses? — Toujours leur cotisa-
tion. Ecoutez. J’ai des amis, des voisins, des
connaissances, tous braves et dignes gens,
j’aime à le croire, qui savent distinguer une
Pêche d’une Poire, — je ne dis pas un Pê-
cher d’un Poirier, — mais qui, je le sais
pertinemment, en fait de pomologie sont
absolument de la même force que MM
tels et tels que je ne veux pas nommer, —
cela les étonnerait trop. Supposez un mo-
ment qu’il leur prenne une envie d’aller
faire un tour en septembre ; iis profitent de
la réunion du Congrès, arrivent à Melun par
exemple, cotisation en poche — c’est leur
brevet! — Les voilà inscrits dans une sec-
tion; fruits à pépins, fruits à noyau, cela
leur est égal. Arrive une question difficile,
controversée, ardue, — lutte. Arrive aussi
un beau parleur (il en arrive toujours!) un
beau parleur qui n’est pas fort (cela se ren-
contre). Il y a doute, on vote; le beau par-
leur a entraîné mes voisins, amis et con-
naissances, et voici que le grand Congrès
pomologique de France a proclamé une ba-
lourdise! — Mais cela ne s’est pas fait,
dites-vous! — Je ne le crois pas, et je nous
en félicite, mais cela pourrait-il arriver?
Oui; donc il y a ici un vice qu’il faut faire
disparaître. Ai-je besoin de dire comment?
Ce serait vous croire trop nai s.
J’ai parlé des consciencieuses descriptions
dePoires,jen’ai rien dit d’une petite innova-
tion qui cherche à s’y glisser presque sour-
noisement, entre parenthèses, au-dessous
de chaque titre. C’est tout un système, qui
prétend emprisonner toutes les Poires dans
huit catégories, huit moules. Pour Dieu!
prenons garde d’abuser des classifications
et de nous lancer dans les systèmes ! Un
système, oh! je l’avoue, un système à soi,
le résumé des longues méditations, l’enfant
chéri des rêves, c’est bien tentant à faire
prévaloir! «Tiens! s’est-on dit un jour,
mais voyez donc comme tel fruit affecte la
forme d’un tonneau! tel autre celui d’un
coing! tel autre, etc., etc.! il y a là quelque
chose à faire. » L’idée est éclose ; soyez
tranquille, la classification est faite. Or
quelquefois, assez souvent même, certain
fruit malencontreux se présente à son tour
sous une forme peu arrêtée. « Et pour moi,
quelle section aurez-vous? » On a froncé
le sourcil, on s’est gratté l’oreille, mais,
vous le comprenez bien, pour quelques
malheureuses Poires un système ne peut
pas s’écrouler. « Allons, c’est bien, entrez
là, vite! dans un groupe quelconque! et
. puis on la pousse un peu, on la pousse en-
core, et ça entre tout de même. Est-ce bien
sérieux, cela? Examinez. Dans ces descrip-
tions de cent vingt Poires, n’en avez-vous
pas vu cinquante au moins présentant deux
formes difiêrentes, et plus de trente dési-
gnées comme en ayant trois? N’avez-vous
pas remarqué tel fruit, le même, rangé dans
la section Bon-Chrétien, mais ayant quel-
quefois la forme d’un Doyenné, d’autres fois
celle d’un Saint-Germain, excepté pourtant
quand il a la forme d’utie Calebasse? Basez
donc une classification là-dessus! Je le ré-
pète, méfions-nous des systèmes. Et puis
ne vois-je pas déjà poindre les gros mots :
doliforme, înicropyre, Bergamo-Colmar !
Prenons-y garde, la pente est rapide, et
avant de risquer d’enlaidir nos fruits, rap-
pelons-nous ce que la nomenclature bota-
nique veut faire de nos fleurs.
{La fin prochainement.)
Tu. Bi’chf.tet.
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’HORTICULTURE
Séance du 1Î avril. — Les apports de
Heurs faits à la Société centrale dans cette
séance ont consisté d’abord en deux bou-
quets de Heurs d’Auricules et de Primula
qui ont valu cà M. Loise une prime de
classe ; puis en deux lots de Cinéraires. Le
premier, composé de six variétés, était pré-
senté par M. Lhôtellier fils, jardinier chez
M. Poulain, à Chelles (Seine-et-Oise). L’au-
tre, comprenant 20 variétés obtenues d’un
semis exécuté en 1865, provenait des cul-
tures de M. Alphonse Dufoy, rue des Aman-
diers-Popincourt, 90, cà Paris. Le comité
de floriculture a rappelé la prime de
classe accordée l’année dernière à M. Dufoy
et a adressé des remercîments à M. Lhô-
tellier Hls.
Dans la section de culture potagère, on
remarquait les trois hottes d’Asperges hâti-
ves, apportées par M. Louis Lhérault et
appartenant à la variété propagée par cet
horticulteur sous le nom de Hâtive rose
d’Argenteuil. Ces Asperges avaient été cueil-
lies le 2 avril; le comité les a jugées dignes
d’un rappel de prime de classe. M. Lai-
zier a fait remarquer â cette occasion la
beauté et la précocité de la variété en ques-
tion, qui donne, dès la fin de mars, des pro-
duits tout à fait marchands, de bonne gros-
seur, et bien conformés. — Outre cette
présentation, plusieurs donataires ont offert
à la Société des graines de diverses plantes
légumineuses dont la propagation pourrait
être d’un certain intérêt. C’est ainsi que
M. le maréchal Vaillant avait envoyé des grai-
nesde Ciboules de la Chine; M. Pissot, des
graines des Cucurbitacées dont il a fait l’essai
l’année dernière, et M. Louesse, des plants
de Fraisiers des Quatre-Saisons.
M. Rouillard a donné lecture du travail
critique de M. Lebeuf sur la liste des vingt-
cinq Fraisiers recommandés par la commis-
sion de culture potagère de la Société. Ce
travail a paru dans la Bevue horticole du
16 mars, page 112. M. Louesse a exposé en
détail les réfutations que la commission avait
â opposer â ces critiques.
Dans cette séance, ons’estbeaucoup occupé
des insectes nuisibles à Fhorticulture Nous
sommes en effet à l’époque où les ravages de
ces déprédateurs causent le plus de craintes.
Plusieurs envois attestaient les préoccupations
des correspondants de la Société. D’abord
un membre avait fait parvenir des mouches
rouges en dessus et noires en dessous, qui
vivent sur le bois à brûler, dans les celliers
et les caves; ces mouches sont très-inoHen-
sives; mais il n’en est pas de même de la
tenthrède et de l’altise de la Vigne, dont le
même correspondant adressait des spéci-
mens. A ce sujet, M. le docteur Boisduval a
rappelé qu’un des soins les plus importants
à prendre dans la taille de la Vigne était de
ne pas laisser tomber â terre les sarments
coupés, parce qu’ils contiennent toujours
dans les bourgeons des œufs d’insectes nui-
sibles, M. Leroy, de Kouba (Algérie) avait
fait parvenir des nids de processionnaires
du Pin, et M. Philibert Baron, des spécimens
de la Cetonia strictica. Les processionnai-
res du Pin sont analogues aux procession-
naires du Chêne, et causent, comme ces
dernières, de grands dégâts, comme l’ont
fort bien dit MM. Boisduval et Aubé, les
deux savants entomologistes de la Société.
Malheureusement la science ne peut guère
se borner encore qu’â reconnaître les insec-
tes; elle ne donne pas de remède certain
contre leurs invasions, et, à ce sujet, M. Sis-
ley rappelle dans unelettre queM. Théodore
Denis, jardinier en chef du Jardin botanique
du parc de la Tête d’Or à Lyon, préconise
les seringages violents sur les^ plantes pour
les débarrasser de leurs parasites. Peut-être
même, serait-il bon, pour ces seringages,
d’employer les pompes â incendie, afin d’ob-
tenir plus de force.
M. de La Roy annonce qu’il a visité les
cultures de Pêcher de M. Crin, de Chartres,
afin de se rendre compte des effets du pin-
cement des feuilles, et qu’il en augure de
tels résultats, qu’il se propose de faire ex-
périmenter cette méthode sur toutes les es-
pèces d’arbres fruitiers de sonjardin d’essais
du Pin (Seiue-et-Marne). Il engage tout le
monde â faire cette expérience, qu’il a décrite
en détail dans le dernier numéro de la
1 Hente (page 169). a. Ferlet.
SUR LES CRYPTOGAMES QUI ATTAQUENT LE POIRIER.
ET LES GRAMINÉES.
Je viens de lire dans le journal de la So-
ciété centrale d’horticulture, du mois de
juillet 1865, un article dans lequel M. Du-
chartre signale le résultat d’expériences fai-
tes par MM. Decaisne, Eudes des Lon-
champs, Forney, Brongniart et, en dernier
lieu, par M. le professeur Œrsted de Co-
penhague, sur la reproduction du Podi-
soma Sahinæ^ et de VÆcidiiim berheris.
Les expériences faites par ces savants éta-
blissent que les sporidies ou sémiriules du
Po^/^so?naSafI^w^p,transportéessurlePoirier
y ont produit VÆcidium cancellaiiim, cry’
ptogame que l’on remarque fréquemmen
198 SUR LES CRYPTOGAMES QUI ATTAQUENT LE POIRIER ET LES GRAMINÉES.
sur cet arbre, et qui paraît lui être pro-
pre. Ils établissent également que les spo-
ridies de \Æcidium berberis produisent
sur les Graminées le Puccinia graminis,
expériences qui prouvent donc, selon ces
Messieurs, que, le Genévier de Sabine et le
Berberis seraient la cause des effets désas-
treux remarqués sur les Poiriers et les cé-
réales.
Moi, pauvre petit observateur, vivant dans
un petit coin delà province, je vais me per-
mettre de faire quelques observations con-
traires à l’opinion de ces savants.
D’abord, les expériences faites ne me pa-
rassent pas suffisamment concluantes : ces
Messieurs pourraient-ils affirmer qu’aux
sporidies des Podisoma Sabinœ et des Æci-
dium berberis ne se trouvaient pas mélan-
gées des séminules de VÆcidium cancella-
tum et du Puccinia graminis ? La chose
me paraît d’autant plus probable que les sé-
minules de ces plantes sont si ténues, que
leur organisation échappe aux microscopes
les plus puissants , et qu’elles ont fort bien
pu, dès lors, dans les expériences, passer
indistinctement les unes avec les autres.
Je sais que plusieurs savants botanistes
ont établi que quelques Urédinées n’ont
pas de caractères spécifiques propres et que
l’on a été forcé de les distinguer par les
noms des diverses plantes sur lesquelles elles
croissent.
Si ce sont les mêmes plantes, pourquoi
leur donner des noms différents, les classer
dans des espèces et môme dans des genres
différents, car les Podisoma n’appartien-
nent pas au même genre que les Æcidium
et ils ont une organisation différente ?
Ne serait-il pas plus raisonnable et plus
logique de croire que chaque graine repro-
duit la plante dont elle est sortie, lorsqu’elle
se trouve dans un milieu qui convient à son
développement? Dans les expériences faites,
s’il s’est trouvé, comme je le pense, des
séminules iP Æcidium cancellatum mélan-
gées avec celles du Podisoma Sabinœ^ en les
transportant toutes deux de la Sabine sur le
Poirier, les séminules deV Æcidium, se trou-
vant placées sur l’arbre qui convient à leur
développement, ont germé, tandis que celles
ÉTIQUETTES
C’est encore une sorte de pierre philoso-
phale, qu’une bonne étiquette de jardin.
La liste des modèles qu’on a proposés
depuis que les amis des jardins éprouvent
le besoin d’avoir sous les yeux les noms de
leurs plantes est aussi nombreux que celle
des guerriers d’Homère... Et j’entends cha-
que jour dire qu’aucune ne remplit le
but.
Les étiquettes-miroirs de M. Lenoir sont
de l’autre cryptogame ont avorté, ne se trou-
vant plus sur la Sabine.
Je me permettrai de citer un exemple
qui me paraît concluant dans la question.
Èn\S\\,\e Puccinia graminis, mélangé à
Vüredo rubigo vera, vulgairement appelé
rouille des Blés, a occasionné des désas-
tres considérables sur les céréales dans les
plaines de la Picardie, province que j’habi-
tais alors. La récolte fut totalement dé-
truite par ces plantes, circonstance qui
causa à cette époque une affreuse famine.
Peut-on raisonnablement admettre que
quelques plantes de Berberis, car elles sont
rares en Picardie, aient pu causer le désas-
tre dont je viens de parler.
En effet, je me rappelle que, dans mon
enfance, j’aimais beaucoup les bâtons jaunes
et que je me les procurais en dépouillant le
bois du Berberis de sa première écorce. Eh
bien, j’étais forcé pour me donner cette
jouissance, de parcourir le village en entier
et quelquefois les villages voisins avant de
trouver une touffe de Berberis, tant cette
plante était rare dans ces contrées.
L’opinion qui m’occupe accuse, bien in-
justement selon moi, ces pauvres arbres
d’infester le Poirier et les Graminées ; et
cette opinion déjà fort répandue a eu pour
effet de faire supprimer presque partout
l’innocente Sabine, qui est cependant un bel
arbre d’ornement. Malgré cette Saint-Bar-
thélémy, j’aiconstatéque le Poiriern’en con-
tinue pas moins à être malade. J’ai visité à
Cherbourg quelques pieds de Sabine, qui ont
échappé au massacre, et je n’y ai pas trouvé
le Podisoma Sabinœ. Cependant VÆcidium
cancellatum ravage les Poiriers dans plu-
sieurs jardins. Dans les environs de Bar-
fleur, où les Sabines sont également très-
rares, des champs de Poiriers sont envahis
tout entiers par la maladie.
Je me résume enfin, en répétant qu’il est
raisonnable de croire, d’après l’ordre établi
dans la nature, que chaque graine reproduit
la plante d’où elle est sortie, aussi bien
chez les cryptogames que chez les phané-
rogames, car l’on n’a jamais vu, que je sache,
le gland du Chêne donner naissance à un
Orme. De Ternisien.
DE JARDINS.
trop chères; les tuiles deM.. Forneytrop lour-
des; les cylindres de verre se brisent; les
fiches de bois se pourrissent; les bandes de
parchemin se recroquevillent; l’écriture
sur le zinc est indélébile, mais... on ne
peut pas la lire, etc..., etc. A chacune son
procès et son arrêt fatal.
Voici la recette nouvelle que vient de me
donner un maître ès-sciences, souvent goûté
des lecteurs de la Bevue, M. Martins, direc-
ÉTÎQUÈTTÈS
leur du Jardin botanique de Montpellier.
Je vous la recommande, sous sa respon-
sabilité.
Prenez des fiches de wliist (petits rec-
tangles écornés d’os ou d’ivoire) et faites
percer un trou à l’une des extrémités pour
y enfiler un fil de plomb qui servira à atta-
cher l’étiquette. Les marchands de Paris
vous les vendront 5 fr. le cent, toutes per-
cées.
Eciivez tout simplement le nom de la
plante avec l’encre indélébile que voici :
9 dixièmes d’eau distillée; 1 dixième de
nitrate d’argent; un peu d’encre de Chine
pour noircir le mélange, et de gomme ara-
bique pour le rendre brillant et siccatif.
Conservez dans une bouteille bien bouchée.
DE JARDIN. 199
remuez et employez a par la pluie ou le
vent, par le vent ou la pluie. »
Pden ne mord là-dessus. Et vous avez un
étiquetage propre, clépnt même, qui
défie toutes les inlempéries des saisons.
Je crois même que si ce mode d’étique-
tage était répandu, ou obtiendrait les fiches
blanches à bien meilleur marché.
Quoi qu’il advienne, essayez, et ne m’en
donnez pas de nouvelles.
T( )ute la gloire doit en revenir au docteur
Marlins, que vous pourez remercier directe-
ment.
S’il y a insuccès, qu’il retombe tout entier
sur sa tête. Je suis sûr qu’il ne me démen-
tira pas.
Ed. André.
CULTURE NATURELLE DU MELON.
Les procédés ordinaires employés jus-
qu’à ce jour pour la culture du Melon sont
tellement minutieux que la plupart des ha-
bitants de la campagne, absorbés par bien
d’autres travaux, ne peuvent disposer du
temps qu’exige la culture de ce précieux
fruit : Pinçages, tuiles sous les fruits, sur-
veillance attentive pour saisir à point le
moment de la maturité, arrosages exces-
sifs, etc. Telles sont les pratiques d’usage.
Malgré mon goût de prédilection pour le
Melon, j’avais abandonné moi-même cette
culture jusqu’à l’époque où je compris que
la nature n’avait pas muni de vrilles ces
tiges flexibles pour nous indiquer que les
fruits devaient être appuyés et même parfois
noyés en partie à la surface du sol, en con-
tact avec l’humidité et manquant d’aération.
J’en conclus dés lors qu’il serait avanta-
geux d'utiliser les vrilles. Voici les résultats
que j’en ai obtenus : 1» simplicité de cul-
ture; destruction facile des mauvaises
herbes qui croissent autour de la plante; 3^
facilité d’exécuter les arrosages sur paillis;
4» moyen facile de reconnaître à point la
maturité des fruits; 5» suppression du pin-
çage; 6» suppression des tuiles sous les
fruits; 7® supériorité dans le goût et le
parfum du fruit.
En recommandant d’utiliser les vrilles, je
pourrais déjà me dispenser d’en dire da-
vantage, ainsi, rien de plus simple que
d’implanter dans le sol, à côté de la plante,
quelques branches très-ramifiées; ramener
de temps en temps vers les tuteurs, les
exUréniités des jeunes liges qui ont pris une
direction contraire; ou bien encore, pour
mieux me faire comprendre : Copier pour
ainsi dire la cullure des Pois, telle est à peu
près la culture naturelle du Melon ou en
d’autres termes, la cullure du melon en
plein vent !
Ce procédé, que je pratique depuis quatre
ou cinq ans, laisse néanmoins à désirer
sous le rapport de la maturité du fruit, qui
est toujours ici un peu en retard.
Tenant compte de la structure admirable
de sa lige, je pense que, à l’aide de quel-
ques soins horticoles, on parviendrait aisé-
ment à cultiver le Melon sous toutes les for-
mes possibles: éventail, espalier, pyramide,
etc. Néanmoins, ces diverses dispositions,
ainsi que la forme à tout vent, ne peuvent
s’appliquer avantageusement que dans les
pays méridionaux.
En toutes choses, les extrêmes laissent
toujours à désirer : il en est de même de
la culture naturelle du Melon que je prati-
que depuis quelque temps et des formes de
fantaisie que, selon le même principe, celte
plante est susceptible de prendre aisément.
Ainsi donc, un peu moins d’emprunts à la
nature et un peu moins de science propre-
ment dite vont nous fournir, j’en suis
presque certain, un milieu capable de rem-
plir largement notre but.
Toujours ensuivantlemêmeprinciped’t(ff-
lisation des vrilles, je propose défaire ramper
les tiges sur une petite tonnelle, élevée en
moyenne de 0‘^.40 au-dessus du sol, dirigée
est-ouest et inclinée vers le nord, en sorte
que les fruits suspendus au-dessous du petit
treillage oblique, exposés au soleil et très-
rapprochés du sol, soient beaucoup plus
précoces. Un ou deux pinçages seront peut-
être ici de quelque utilité.
Ce dernier procédé, qui est presque d’une
aussi grande simplicité que le premier, me
paraît de nature à promettre de très-bons
résultats; il peut, en outre, se pratiquer
dans presque tous les climats tempérés; le
peu d’élévation des tiges permettant l’emploi
facile de certains abris peu coûteux, et
quelques autres soins à la portée du simple
cultivateur comme à celle de l’habile jardi-
nier. A. P. Leyrisson.
REVUE COMMERCIALE (PREMIÈRE QUINZAINE DE MAI),
Légumes frais. — Les légumes nouveaux font
maintenant leur apparition à la halle. Leurs
prix sont encore un peu élevés. Voici la mercu-
riale du 10 mai. Les Carottes nouvelles se ven-
dent de 40 à 120 fr. les 100 les bottes. Les Ca-
rottes pour chevaux sont cotées de 12 à 16 fr.,
au lieu de 10 à 12 fr. — ■ Les Panais valent de
24 à 28 fr., avec 4 fr. de baisse par 100 boites.
— Les Navets sont au prix de 20 à 25 fr. les
100 bottes; ceux d’hiver sont cotés de 6 à 14 fr.
l’hectolitre. — Les Choux nouveaux se payent
15 fr. le 100, après avoir valu 32 fr. au com-
mencement du mois. A cette époque on vendait
les Choux ordinaires de 20 à 35 fr.; depuis, on
n’en trouve plus sur le marché. — Les Poireaux
se vendent de 25 à 35 fr. les 100 bottes — Les
Choux-Fleurs de Bretagne sont cotés de 30 à
50 fr. le 100, et ceux de Paris de 20 à 50 fr.
— Les Oignons nouveaux sont au prix de 30 à
50 fr. les 100 bottes; ils ont déjà diminué de
25 fr. depuis le 1er mai; les Oignons en grains
vendus à l’hectolitre se payent de 20 à 25 fr.,
avec 5 fr. de hausse. — Les Radis roses valent
de OC 30 à 0C40 la hotte, c’est-à-dire moitié
moins qu’il y a quinze jours. — Les Champignons
sont toujours cotés de 0C05 à OCIO le mani-
veau. — Le Céleri de OCIO à 0C20 la botte. —
Les Salsifis valent de 0C30 à 0C40 la botte ; ils
ont augmenté de 0C05 à OC 10 depuis la fin d’a-
yril. — Les Asperges de châssis les plus belles
se vendent 5 fr. la botte; on voit qu’elles sont
bien diminuées depuis notre dernière revuej les
plus ordinaires sont cotées de 1 fr. à 1C25. —
J.es Haricots verts ont aussi beaucoup baissé ;
ils se vendent de 2C25 à 3 fr. le kilogramme,
avec tendance à une nouvelle baisse. — Les
petits Pois se vendent de 1C50 à 2 fr. le litre.
Les Pommes de terre vieilles ne se vendent
Eue plus à la halle ; on attend la cote des
les de terre nouvelles ; la Hollande est du
cours nominal de 6 fr. à 6C50 l’hectolitre, et
les jaunes de 4 fr. à 4C50.
Herbes et assaisonnements. — Les change-
ments de prix ont été de moindre importance
dans celte série de denrées; quelques-unes ont
éprouvé de la hausse, d’autres de la baisse . Il
n’y a pas de mouvement accusé. — Les Epi-
nards se vendent de ÜC20 à 0C40 le paquet, au
lieu de ÜC15 à 0C30. — L’Oseille ordinaire est
cotée 0C30 le paquet, avec OC 10 de diminution;
celle de première qualité vaut toujours 0C60. —
Le Cerfeuil se paie de 0C40 à 0C60 la botte,
avec 0C20 de hausse. — Le Persil, au contraire,
a baissé de 0C15, et se vend de OCIO à 0C15 la
Lotte. — L’Ail, qui était coté de 4 à 6 fr. le
paquet de 25 petites hottes, ne vaut plus que de
2 ^ 5 fp, __ La Ciboule est au prix de OC 15 à
0C20 la botte, en hausse de 0C05. — Le Thym
se vend toujours de OCIO à 0C20 la botte.
L’Echalote a baissé de 0f.15 en moyenne par
hotte et ne vaut plus que de 0C40 à 0C70. —
Les Appétits se vendent de Ot.lo à 0C25. La
Pimprenelle se paye de OCIO à 0C20, avec 0C05
de baisse sur le prix minimum. — Le prix de
l’Estragon est de 0t.20 à 0C50 la botte.
Salades. — On vend maintenant de OC 30 à
0C60 la botte composées de 4 têtes de Romaine.
— La Laitue vaut de 2 à 6 fr. — Les Pissenlits,
de 0C25 à 0C40 le kilogramme ; il y a eu baisse
considérable sur ces trois denrées. — Le Cres-
son ordinaire diminue un peu; il est au prix de
0C40 à 0C80. — La Chicorée frisée vaut de 5 à
14 fr. le 100, avec 4 fr. de diminution sur le
prix maximum. — La Chicorée sauvage se ven-
dait, au commencement de mai, de0C40 à 0C70
le calais ; on n’en trouve plus depuis le 8. — La
Chicorée blanche vaut de 0C20 à 0C30 la botte
et devient rare.
Fruits frais. — H n’y a pas eu de Poires ni
de Pommes sur le marché depuis la fin d’avril;
c’est dans six semaines environ qu’apparaîtront
les premières variétés hâtives. — Les Fraises se
vendent de OC 40 à 0C45 le pot, et de 1C25 à
1C50 le panier; la baisse n’est pas encore ve-
nue sérieusement sur cet article.
Fleurs et plantes dé ornement. — Sur tous les
marchés aux fleurs de la première quinzaine de
mai régnait une activité exceptionnelle, due
surtout au mois de Marie, dont les cérémonies
absorbent une quantité considérable de fleurs,
parmi lesquelles les blanches dominent. Aussi,
le prix de celles-ci se maintient-il assez^ élevé,
tandis que les fleurs de couleurs différentes
restent toujours au même taux que d’habitude.
H y a lieu, toutefois, de signaler ce fait, que,
par suite des démolitions opérées actuellement
dans la Cité, le marché si important du Quai-
aux-Fleurs a subi un déplacement partiel qui a
nui aux transactions de la quinzaine. La plus
grande partie des marchands de plantes fleuries
en pots ont été installés sur le quai opposé, de
l’autre côté de la Seine, dans l’espace compris
entre le pont Louis-Philippe et rHôtel-de-Ville.
Les arrachis continuent à se tenir sur le quai
Napoléon, entre le pont d’Arcole et le pont
Saint-Louis. Cette dissémination, ou plutôt cette
dislocation, entrave les affaires, en ce qu’elle
occasionne beaucoup de pertes de temps, sur-
tout aux marchands de fleurs de la ville, qui
éprouvent beaucoup de difficulté à parfaire leurs
lots d’ensemble ou d'assortiment.
Quant à la vente en gros des arrachis appor-
tés par les cultivateurs des environs de Paris,
elle continue à se faire en partie sur le pont
d’Arcole, en partie sur le quai Lepelletier, d’où
il faut que tout soit enlevé dès neuf heures du
matin.
Une grande activité règne aussi pour la vente
des plantes de serre propres à la décoration
estivale des jardins; le moment, en effet, est
venu de planter les Héliotropes, les Anthémis
frutescents, les Géraniums zonals et inquinans,
les Calcéolaires ligneuses, les Fuchsias, etc., etc.,
qui se vendent sur le pied d’environ 30 a 40 fr.
le iOO; on en trouve aussi à Ot 25 le 100, mais
ce sont alors des multiplications plus jeunes et
plus récemment mises en pots.
A. Ferlet.
CHHONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MAI)
Un critique fier de remplir ce qu’il appelle son devoir. — Analyse de la 83^ livraison du Jardin fruilier du
Muséum, de M. Decaisne. — Les Pêchers Royal-George et Caroline incomparable. — Les Poires de
Tongres et Zéi)hirin Gi'égoire. — Le Verger, de M. Mas. — Les Meüieiirs fruits, de M. de Mortillet. —
Les 'fraises, de M. Guidard. — Merveilleux produits annoncés jiar le Sud-Est. — Lettre de M. Carrière
en réplique’ à M. Gosson, sur l’Abies du Babor. — Réclamation de M. Lemaire à propos de morphologie
végétale — Note de M. Lambertye sur le Canna Plantierii. — Errata relatif à l’article bibliographique
sur le livre de M. Lanjoulet, Taille et cutture de la Vigne. — Lettre de M. de Ternisien, sur la fructifi-
cation de VArabia Sieboldi. — L’Araucaria imbricata en Angleterre. — Nomination de M. Goese comme
chef du Jardin botanique de Coïmbra. — Mort de M. William Harvey. — Les solennités horticoles de
Londres — Exposition d’horticulture d’Auxerre. — La Société horticole, vigneronne et forestière de
l’Aube.
Lo savant et spirituel M. Herincq a cru
avoir un devoir à remplir; il stigmatise avec
une mâle énergie l’erreur de traduction
qu’un de nos secrétaires a commise en
notre absence, et que nous avons rectifiée
dans notre dernière chronkpie; il croit com-
mettre une bonne action et faire acte de
grand citoyen en montrant qu’un jeune
homme a confondu non pas Pomme avec
Ananas, maïs Apple Si^ec Fine- Apple. Peut-
être ses visées voudraient-elles aller jusqu’à
nous attribuer personnellement la méprise?
Il est si fort en anglais, qu’il espère profiler
de la leçon qu’il nous donne pour augmen-
ter ses lecteurs à nos dépens, comme il a
essayé de lutter contre le succès du Bon
jardinier, en en faisant une imitation. Mais
son venin à notre endroit ne nous atteindra
pas plus que ses avances doucereuses à
ceux qui veulent bien seconder nos efforts.
M. Herincq s’en prend aussi au Journal
d’agricullm’e pralique, qui a laissé passer
un article où, chose horrible, un cultivateur
du Poitou continue à donner aux Pommes
de terre, selon le langage de son pays, le
nom de femelles quand les tubercules ont
des germes vigoureux, et le nom de mâles
quand les tubercules ne présentent que des
germes minces ou atrophiés. La question
Soulevée était évidemment de savoir s’il
fallait plutôt semer les uns que les autres,
en baissant de côté une mauvaise appellation
que nous avions, du reste, condamnée. Mais
M. Herincq trouve plaisant de transformer
en Grandaday le nom de Granday du culti-
vateur poitêvin, qui a eu l’audace de faire
des expériences sur la valeur comparative
de divers tubercules comme reproducteurs,
et il ajoute : c( Au moment de mettre sous
presse, nous apprenons que le savant pro-
fesseur de culture du Muséum, M. Decaisne,
a donné lecture des deux articles que nous
venons de signaler, dans sa leçon du samedi
5 mai, et qu’il a châtié sévèrement les deux
auteurs. »
H nous suffit, quant à nous, de repro-
duire ces choses , qui ont la prétention
d’être méchantes. Nous ne cachons rien,
pas même les critiques acerbes dont nous
pouvons être l’objet. Que les auteurs de ces
critiques jouissent donc et s’enorgueillissent
de remplir ce qu’ils appellent leurs devoirs.
Nous continuerons tout simplement à suivre
notre chemin.
Ce qu’a pu dire ou ne pas dire M. De-
caisne ne nous empêchera pas de donner,
pour la cinquantième fois peut-être, les éloges
qu’elle mérite à l’œuvre dont il poursuit la
publication. Nous avons reçu la 83^ livraison
du Jardbi fruitier du Muséum, consacrée au
Pêcher Hoyal-George, au Pêcher Caroline in-
comparable, àlaPoire de Tongres et à laPoire
Zéphirin Grégoire. Cette livraison est non
moins intéressante et elle est aussi bien exé-
cutée que toutes celles qui l’ont précédée.
Le Pêcher Royal-George est un arbre de
vigueur moyenne, à nervures un peu grêles,
ayant des feuilles dépourvues de glandes,
généralement un peu pliées en gouttière et
assez fortement dentées. H se couvre de pe-
tites fleurs d’un rose vif et produit un
assez bon effet. En ce qui concerne son
fruit, chose la plus importante, il a une
tinesse de goût remarquable, qui doit enga-
ger à propager cette variété. M. Carrière,
auteur de ce qui est relatif à l’histoire du
Pêcher dans le Jardin fruilier du Aluséum,
le décrit en ces termes :
« Fruit moyen, subsphérique ou légèrement
déprimé, plus large que haut, rarement inéqui-
latéral, marqué sur l’un des côtés d’un léger
sillon qui se termine à la dépression supérieure
du fruit. — Cavité pédonculaire arrondie, pro-
fonde, étroite, souvent rétrécie dans le sens
du sillon. — Peau se détachant facilement de la
chair, couverte d’un duvet très-fin et court,
douce au toucher, colorée en rouge sur les
parties exposées au soleil, d’un blanc jaunâtre
sur la face placée à l’ombre. — Chair non
adhérente ou un peu adhérente par places,
blanche, légèrement rosée autour du noyau,
très-fondante; eau abondante, sucrée, faible-
ment acidulée, d’un parfum très-agréable. —
Noyau petit, ovale, atténué et arrondi à la base,
brusquement terminé au sommet en un très-
court mucron, très-renflé sur les deux faces, un
peu au-dessus du milieu, offrant en général
des rugosités peu saillantes et pour ainsi dire
perforées; suture ventrale convexe, à sillon
assez large, mais peu profond; suture dorsale
large, peu saillante, sillonnée. — Fruit com-
mençant à mûrir à Paris vers le 12 août.
• M. Carrière ajoute qu’il faut cueillir cette
Pêche à temps, sans quoi on risque, en la
laissant sur l’arbre, de lui faire perdre de
son parfum ou de la faire devenir trop su-
crée ou trop pâteuse.
Le Pêcher Caroline incomparable souvent,
à l’encontre du précédent, un fruit remarqua-
ble par sa bonté mais non par sa qualité qui
11.
1er JüiN 1866.
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MAI).
est médiocre. Il doit être planté en espalier,
au midi, dans un terrain chaud et léger.
C’est d’ailleurs un arbre vigoureux, à ra-
meaux assez allongés, avec des feuilles glan-
duleuses, assez grandes, larges et ovales, à
bords minceset dentelures fines. Il se couvre
de lleurs assez petites d’un rose clair. Le
fruit, qui rappelle par sa forme la Pêche Té-
ton de Venus, présente, d’après M. Carrière,
les caractères suivants :
Fruit gros, plus haut que large, souvent
bossué et conique, mamelonné, à peine sillon-
né. — Cavité pédonculaire très-petite. —
Peau d’un beau jaune orangé, de couleur
rouge vif, marquée de sortes de taches ou de
marbrures de couleur plus foncée sur les
parties exposées au soleil. — Chair jaune, très-
adhérente, rouge près du noyau, ferme quoi-
que assez fondante; eau abondante, sucrée, lé-
gèrement parfumée. — Noyau large, ovale,^ un
peu inéquilatéral, arrondi à la base, terminé au
sommet en un large et court mucron, offrant
un sillon très-large; suture ventrale convexe;
suture dorsale peu saillante, étroite, comprimée,
arcourue par un large sillon . — Mûrissant à
aris du 8 au 10 septembre.
La Poire de Tongres a / aussi été appelée
Poire Durondeau; elle est assez commune
dans les provinces wallonnes de la Belgique.
D’après M. Bivort, qui l’a décrite en 1850, il
est probable qu’elle doit son nom à ce
qu’elle a été primitivement obtenue dans la
ville de Tongres (Hainaut), par un jardinier
appelé Durondeau ou Durandeau. Dans
tous les cas, c’est un excellent et beau fruit;
il vient sur un arbre de vigueur moyenne, au
port pyramidal; il paraît préférable de le cul-
tiver sur franc plutôt que sur cogbassier. M.
Decaisne en donne la description suivante :
«Fruit mûrissant vers la fin d’octobre, turbiné
ou oblong, moyen ou gros, ordinairement irré-
gulier, bossué ; à pédoncule droit ou oblique,
cylindraicé ou renflé à son insertion sur le
fruit, brun, lisse ou peu verruqueux. — Peau
de couleur brune ou cannelle à l’ombre, d’un
rouge-brun orangé, plus ou moins fouetté de
carmin au soleil, parsemée de gros points ger-
cés, souvent accompagnés d’une sorte de réseau
grisâtre formé de linéaments, portant ordinaire-
ment une tache fauve autour du pédoncule et
dans le voisinage de l’œil. . — Œil placé au
milieu d’une dépression régulière, entourée de
zones concentriques, à divisions courtes ou
tronquées, glabres. — Cœur dessinant un lo-
sange sur la coupe longitudinale du fruit, en-
touré de petites granulations; loges moyennes;
pépins bruns-roussâtres; lacune centrale large
et subéreuse. — Chair très-blancbe, à peine
granuleuse , très-fondante , remarquablement
juteuse ; eau sucrée-acidulée, un peu astrin-
gente, parfumée, non musquée. Excellentfruit.»
M. Decaisne fait remarquer que cette
belle Poire doit être prise à point pour pré-
senter toutes ses qualités. Quand on la garde
au truitier, elle se colore et acquiert du
parlum.
La Poire Zépbirin Grégoire, due au se-
mis deM. Grégoire, de Jodoigne, qui l’a fait
connaître en 18T3, est aussi un très-bon
fruit, très-apprécié des amateurs; mais elle
est généralement assez petite. Elle est por-
tée par un arbre pyramidal que l’on ren-
contre surtout dans quelques parties de
l’ouest et du centre de la France. M. De-
caisne la décrit ainsi :
« Fruit commençant à mûrir en septembre et
se conservant jusqu’à la fin d’oclobre, arrondi,
turbiné ou en forme de doyenné, présentant
souvent un léger sillon ; à queue cylindracée,
droite, insérée dans l’axe du fruit ou oblique,
charnue et accompagnée d’un bourrelet à son
insertion sur le fruit, de couleur verte ou jaune,
plus ou moins parsemée de lenticelles. — Peau
fine, lisse, de couleur jaune-citron, parsemée
de points fauves, arrondis, gercés, quelquefois
légèrement teintée de rouge au soleil, avec de
petites marbrures. — Œil à fleur de fruit ou
placé au centre d’une faible dépression régu-
lière, à divisions étalées et formant l’étoile,
lancéolées, linéaires, canaliculées, pubescentes.
— Cœur arrondi ou ovale, se confondant avec le
fruit, entouré de très-petites granulations; loges
assez larges ; pépins fuligineux ; lacune centrale
allongée, subéreuse. — Chair blanchâtre, très-
fine et fondante ; eau abondante, un peu acidu-
lée, astringente, légèrement aromatisée ou
quelquefois douée d’une très-faible odeur de
musc. Très-bon fruit. »
La pomologie continue à jouir de la faveur
publique ; à côté de l’ouvrage de M. Decaisne,
nous citerons le Verger, de M. Mas, dont la
publication a lieu avec régularité chez Victor
Masson, à Paris, et le traité des Meilleurs
fruits, qui paraît à Grenoble, chez Pru-
dhomme et Giroud, et qui est dû à la science
profonde de M. de Mortillet. Nous reparle-
rons de ces œuvres, qui méritent à tous
égards d’appelerl’attention des horticulteurs.
L’imprimerie de M. Prudhomme, à Gre-
noble, qui imprime l’ouvrage de M. de
Mortillet, publie aussi un journal local,
intitulé : le Sud-Est, où se rencontrent sou-
vent de très-bons articles. Nous trouvons,
dans un des derniers numéros de ce jour-
nal, une lettre de M. Guidard, pépiniériste
à Saint-Trivier-de-Courtes (Ain), que nous
croyons devoir signaler. M. Guidard a cul-
tivé les Fraisiers pendant plusieurs années,
et il pense pouvoir conclure de ses expé-
riences qu’il y a sept Fraises surtout à con-
seiller. Il ouvre une souscription à raison
de !2 francs les cent pieds de Fraisiers, qu’il
range dans l’ordre suivant, en leur donnant
les proportions indiquées par les chiffres en
regard :
Pieds.
Belle de Paris (comte de Lambertye). 15
2° Hendric’s Seedling 15
3° Marguerite . ' 15
40 Merveilleuse 15
50 Sir Harry ... 15
6® Victoria. 15
70 Quatre-Saisons 10
Total 100
M. Guidard ajoute que ce mélange, dont
203
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MAI).
tous les pieds donnent simultanément du
15 mai au 30 juin, est remarquable à tous
égards par la productivité, la beauté, la rus-
ticité dans tous les terrains. Il est en mesure
de livrer tous les ans, en septembre et oc-
tobre, toutes les quantités qui lui seront
demandées. Ceux de nos lecteurs et corres-
ondants qui s’adonnent à la culture des
raisiers pourront donc vérifier facilement
i son dire. Mais le journal le Sud-Est ne
va-t-il pas un peu loin lorsqu’il ajoute les
explications suivantes :
« 1 mètre carré peut contenir 3 mètres de bor-
durel’are, 300 mètres de bordure ; un demi-hec-
tare ou 50 ares conliendront 1,500 mètres de
bordure; chaque mètre de bordure donne '"2 kil.
de Fraises, soit 30,000 kilogr. dans 50 ares. A
0C25 Fun, on a un produit de 7,500 fr., d’où il
faut déduire les frais de cueillette à 0F05 le
kilogr., soit 1,500 fr., plus les frais de culture
et de vente à Of.10 le kilogr., ou en tout4,500fr.
( Il reste un bénéfice net de 3,000 fr. A ce béné-
fice, on peut ajouter celui de la culture de
25 arbres à fruits divers, en fuseau, qui pro-
duiront chacun 1 fr., soit par are 25‘fr., et
pour 50 ares 1 ,2-50 fr , ce qui donne enfin pour
50 ares en tout 4,250 fr. |
« Ce produit est magnifique ; seulement il y
a une difficulté : la vente de lous les jours. Si
nous étions producteurs, voici ce que ^nous fe-
rions : dès que nos belles fraises parmtraient,
elles vaudraient de 0C50 à OC75 et même 1 fr.
le kilogr. ; nous les offririons à domicile, ren-
dues chaque jour pendant toute leur durée, à
0C25 le kilogr. dès le principe, dans de petites
corbeilles rustiques ad hoc.
(( Nous sommes convaincus qu’il ne serait pas
pas difficile de faire de 150 à 200 abonnements,
qui dureraient pendant tout le temps des
Fraises, et qui pourraient se continuer pour les
Cerises, puis pour les autres fruits, etc. Ces
souscriptions n’ont jamais été tentées; nous
croyons qu’elles réussiraient parfaitement parce
qu’elles seraient fort commodes. Nous en jugeons
par nos propres besoins. »
I Nous reproduisons l’idée sans avoir foi
j complète, de même que nous nous méfions un
peu des calculs qui aboutissent à des béné-
, * fices de 3,500 fr. par hectare. Nous croyons
' , qu’il y aura d’autres contradicteurs.
La discussion, la contradiction forment
l’une des conditions essentielles du progrès ;
sans elles, la vérité ne peut pas s'établir.
Aussi, nous n’hésitons jamais à laisser aux
polémiques leurs cours naturel et à insérer
des critiques. C’est pourquoi nous trouvons
juste de donner la parole à M. Carrière, pour
répliquer à M. Cosson, dont nous avons in-
' séré, dans notre dernière chronique (p. 182),
une lettre relative à l’Abies des montagnes
de Babor :
« Mon cher directeur,
« Les débats qui se sont élevés dans la Revue
horticole entre M. Cosson et moi, au sujet de
VAbies numidica^ ne peuvent se terminer sans
que je réplique, ainsi que vous le dites dans
votre dernière chronique. Plusieurs raisons s’y
opposent ; d’abord la vérité, que les lecteurs de
la Revue horticole doivent connaître, et surtout
la science; car à ce dernier point de vue il y a
eu une confusion que je crois faire disparaître.
Du reste, je ne fais qu’user de représailles ; les
deux lettres de M. Cosson m’en donnent le droit,
et l’impartialité vous fait un devoir de m’accor-
der la parole. J’espère donc, que non-seulement
vous me l’accorderez, mais que ma lettre n’ayant
rien de contraire au convenances et étant con-
forme à la vérité, vous la publierez in extenso.
Ce n’est certainement pas M. Cosson qui trou-
vera mon langage inconvenant, lui qui, dans la
critique qu’il a faite de quelques plantes des
environs de Paris, a laissé dire à M. Borreau,
son collègue, de feu V.Merat, leur aîné de beau-
coup et leur maître en botanique, que, (c s’il
avait quelque chose du cerf, ce n' était pas les
jambes. » (E. Cosson et E. Germain. Suppl,
catal. raisonné, p. 35; 1843.)
« Je commence donc par dire que je suis fort
étonné que M. Cosson ait écrit une deuxième
lettre au sujet de VAbies numidica, et^ qu’il
n’ait pas été satisfait de la réponse que j’avais
faite à la première {voir Rev. hort.,p. 163),
réponse qui, en effet, grâce à la prudente
sagesse de la rédaction, étai’ passablement bé-
nigne. J’en suis d’autant plus étonné, que ainsi
' que le dit M. Cosson lui-même. « j’avais admis
les deux faits qu’il tenait à établir. » Mais alors,
si j’ai accordé à M. Cosson ce qu’il demandait,
et si publiquement je lui ai donné raison sur
les deux seules choses qu’il désirait, et s’il n’a
pas, ainsi qu’il le dit (Rev. hort., p. 182), « re-
vendiqué la priorité de la découverte de VAbies
Baboriensis pour donner satisfaction à son
amour-propre àéinventeur.. .y> il est difficile
de se rendre compte du mobile qui l’a fait agir.
Aussi, et quoi qu’il en dise, il est à craindre que
les lecteurs pensent autrement qu’il le dit.
(( J’aurais plusieurs observations à faire aux
deux lettres de M. Cosson; mais afin de ne pas
trop prolonger cet article, je n’en ferai qu’une :
celle qui a rapport à la découverte de VAbies
numidica^ découverte qui, ainsi que nous l’ap -
prend M. Cosson dans un passage de sa lettre
(Rev. hort., p. 144), ne lui appartient pas, et
qu’il n’en est que Vinventeur. Voicice passage :
<c MM A. Letourneux et H. de la Perraudière ren-
contrent les premiers pieds de VAbies pinsapo, va-
riété Baboriensis ; en couper quelques rameaux et
îious les apporter silencieusement pour nous ména-
ger le plaisir de la surprise que devait nous causer
cette belle découverte, fut pour eux une agréable
satisfaction, car ils connaissaient l’extrême rareté de
VAbies pinsapo, qui, jusqu’ici, n’avait été observé
que dans deux localités de l’Espagne méridio-
nale . »
«Les conséquences qui découlent de cet^aveu
il est facile de les déduire.
« Je ferai observer, en passant, à M. Cosson,
qui semble attacher beaucoup d’importance à
la forme et au fond du langage (Rev. hort., p.
182, 2® colonne, ligne 23), que celui qu’il tient
ici n’est peut-être pas exempt de reproche, car
la qualification dVinventeur qu’il s’attribue n’est
pas exacte ;il n’a pas mvv.mtV Abies numidica,
mais tous simplement la qualification Baborien-
sis; il a donc été parrain : rien de plus. Ce qui
toutefois est un titre, puisque, d’après notre
religion, le parrain d’un enfant remplace le
père. M. Cosson aurait-il pris ces paroles à la
204
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MAI).
ettre? S’il en était ainsi, on comprendrait
toute sa sollicitude pour son enfant du Babor.
« En effet, il résulterait du passage de la lettre
de M. Cosson que j’ai cité plus haut, que ce
seraient MM. Letourneux et H. de la Perrau-
dière qui auraient découvert VAbies en ques-
tion. Mais le fait est fortement infirmé, puisque,
ainsi que je l’ai dit dans ma lettre (Rev. hort.^
p. 184), cette découverte a été faite par M. le
capitaine Guibert. M. Cosson, qui, avec raison,
est à cheval" sur les procédés, ne sera pas fâché,
j’en suis sûr, que je rende à César ce qui appar-
tient à César.
« Mais ne voulant pas pousser plus loin cette
discussion, que j’ai hâte de clore, je vais en
quelques mots, pour la terminer, faire connaî-
tre un fait assez important que ce débat à fait
ressortir et qui, une fois de plus, donnera raison
au proverbe : A quelque chose malheur est bon.
€ Ce fait, c’est qu’en étudiant de nouveau les
plantes qui ont été envoyées d’Algérie ou
celles qui proviennent de graines qui en sont
également originaires, j’ai reconnu qu’il y a
deux formes ditïérentes et très-distinctes: l’une
dont les branches relativement grêles portent
des feuilles longues, très-étroites, distiques et
à peine glaucescentes; l’autre, au contraire,
dont les branches, beaucoup plus robustes,
portent des feuilles courtes, relativement grosses
et larges, très-brusquement rétrécies au som-
met, éparses sur toutes les parties des rameaux,
très-glauques, farinacées non-seulement en-des-
sous, mais même en-dessus lorsqu’elles sont
jeunes; en un mot d’une forme complètement
différente l’une de l’autre; ce qui, on le voit,
me permet de clore le procès en donnant gain
de cause à toute les parties qui y ont pris part,
— ce qui est un fait extrèment rare dans les
procédures.
« En effet, le public y gagnera deux formes au
lieu d'une. MM. Delannoy et Cosson, qui n’ont
rien découvert, n’en resteront pas moins les
parrains : le premier, de VAbies numidica \ le
deuxième, de VAbies pinsapo baboriensis.
Quant à moi, j’aurai participé à la fête en payant
une grande partie des frais. J’ajoute que soit les
plantes, soit les graines d'Abies numidica, eWes
ont été envoyées parM. Delannoy, tandis que les
graines qui ont produit VAbies pinsapo babo-
riensis ont été adressées au Muséum par
M. Hardy. « Carrière. »
— Voici une autre polémique que nous
acceptons aussi dans le but de laisser établir
la vérité. Le point de départ du débat est
dans un article du journal de la Société
centrale d’horticulture, et nous aurions pu
par conséquent dire à notre collaborateur,
M. Lemaire, d’essayer de s’adresser ailleurs ;
mais, eût-il eu la parole? D’ailleurs, notre
autre collaborateur, M. André, auquel s’a-
dresse M. Lemaire, pense comme nous sur
la nécessité de laisser tout le monde s’expli-
quer :
« Mon cher directeur,
« On lit dans le Journal de la Société impé-
riale et centrale d'horticulture de Paris
(numéro de février 1866, page 98 : Compte-
rendu des travaux du Comité des plantes d’or-
nement, pendant l’année i865) :
« Un fait de transformation végétale des 1
plus curieux a été signalé par M. Frédéric Pal-
mer, de Versailles. Un Echinocactus cachetanus
(E. setispinus, Eugelm : ce nom doit avoir
la priorité), a présenté chez lui le singulier
phénomène du changement de fruits en plantes
parfaites. On n’avait guère vu jusqu’ici de pa-
reils faits se produire que sur les Opuntia,
JAMAIS SUR DES CACTÉES GLOBULEUSES. ))
(( Il nous importe de relever, comme une
erreur grave, cette dernière assertion de notre
excellent collaborateur M. André, auteur dudit
compte rendu, erreur dans laquelle il a versé, ou
plutôt on l’a fait verser, n’ayant certainement
pas connaissance de notre article sur cet impor-
tant sujet, inséré dès novembre 1865, dans
Vlllustration horticole, Miscellanes, page 79, et
intitulé : Morphologie végétale.
(( Et cet article, il est opportun de le rapporter
ici :
« Il n’est personne qui ne connaisse le cu-
rieux phénomène que présentent diverses es-
pèces d’Opuntia : celui du développement de
leurs ovaires, sans changer de forme, soit en
rameaux articulés, soit en ovaires nouveaux,
par lesquels se continue non-seulement l’évo-
lution successive de nouveaux rameaux, mais
même sur lesquels se montrent d’autres fleurs
bien formées, normales, et dont les ovaires pré-
sentent également, au lieu de mûrir, le même
phénomène de développement raméal ou de
nouvelles fleurs, etc.
« Ainsi, dans diverses variétés d’Opuntia mo-
nacantha (var. monilifera [à collier,] déno-
mination qui justifie le fait), dont nous avons dû
l’examen à notre savant ami et excellent cor-
respondant, M. Michel-Angelo Console (sous-
directeur du jardin botanique de Palerme), nous
avons constaté deux, trois, quatre, et même cinq
ovaires, parfaitement conformés, étagés les uns
sur les autres, sans compter quelques latéraux,
et sur lesquels cependant poussaient de nouveaux
rameaux. L’Opuntia Salmiana présente aussi
celte curieuse disposition morphologique; mais
chez lui les fruits primordiaux acquièrent
toute la grosseur, le coloiis rouge vif même,
qui leur sont propres, et néanmoins enfantent
de nouvelles fleurs, de nouveaux rameaux, tan-
dis qu’ils restent petits et verts dans l’Opuntia
monacaniha.
(( Mais ce n’est pas seulement dans le genre
Opuntia (\UQSQ montre ledit phénomène : chose
plus étrange, il s’est montré chez plusieurs
Echinocactes. Ainsi, M. Schlumberger, amateur
si éclairé et si zélé de Cactées, l’a observé, le
premier peut-être, et nous l’a fait remarquer
chez V Echinocactus longihaniatus Galeotti,
dont tous les ovaires, après avoir porté de
belles fleurs bien normales, se métamorpho-
saient littéralement en jeunes pousses, lesquelles
détachées et soignées comme boutures, ne tar-
daient pas à devenir de beaux individus absolu-
ment semblables à la mère. Nous n’avons pas
manqué de citer ailleurs un fait aussi curieux.
(( 11 vient de se produire également chez un
fort pied d’ Echinocactus recurvus Lh. et Otto,
venu du pays natal, et appartenant à la collection
Tonel, amateur à Gand. Clelte année (1865), plu-
sieurs ovaires, ainsi que nous l’avons observé,
après avoir porté des fleurs bien normales, au
lieu de mûrir et de se développer en baies, se
sont changés également en jeunes individus
parfaitement conservés, et qui serviront à pro-
)
(
I
l
I
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE ÛE MAI),
205
vertical; » il faut : branche à fruit horizontale
et branche à bois verticale.
Et enfin, dans les ponctuations suivantes, qui
changent le sens de la phrase :
Page 194, Ire colonne, ligne 21 et suivantes,
« il est cité encore et fort recommandé dans la
4e édit. (1859), et enfin dans le 5e édit. (1861) :
Ces fameux coursons opposés, etc. ; » il faut :
il est cité encore et fort recommandé dans la
4® édit. (1859). Enfin dans la 5® édit (1861), ces
fameux coursons opposés, etc. »
— La nouvelle horticole que nous donne
M. de Ternisien dans la lettre suivante sera
lue avec intérêt pour ceux qui aiment les
belles plantes ornementales :
« Cherbourg, le 19 mai 1806.
(( Monsieur le directeur,
« H vous sera peut-être agréable de savoir
que VAralia Sieboldi à fructifié a l’air libre
cette année dans mon jardin.
« Le succès a été complet ; j’ai récolté
500 fruits contenant chacun 4 graines en par-
fait état de maturité.
« dette plante éminemment ornementale est
très-rustique, et son beau feuillage résiste par-
faitement aux vents; la preuve c’est que son
* feuillage a supporté le terrible coup de vent du
nord nord-ouest de janvier dernier sans être
le moins du monde altéré.
(( Recevez, etc.
« Cte DE Ternisien . »
pager cette belle espèce. » Ce qui a eu lieu en
effet, et cette progéniture végète en ce moment
avec vigueur.
« A ces deux intéressants exemples de transfor-
mation morphologique, il faut donc en joindre
un troisième, celui qui s’est produit chez
M. Palmer. Peut-être ce phénomène s’est mon-
tré dans d’autres collections encore; mais nous
ne sommes pas édifiés à ce sujet.
« Maintenant, à quelle cause faut i\ attribuer
cette étrange transformation? Le sujet mérite
certes de fixer l’attention des physiologistes, qui
pourraient peut-être en donner une explication
convenable. Quant à nous, nous allons hasarder
la nôtre. 11 nous semble que cet avortement
du fruit (le mot est juste) dépend principale-
ment, sous nos climats septentrionaux, du peu
de durée de la chaleur solaire diurne et sur-
tout mensuelle, et aussi des brumes et des
nuages qui voilent des journées entières la face
du soleil. On remarquera que, dans les étés
exceptionnellement chauds, les Cactées en géné-
ral fleurissent volontiers, mais que la cessation
trop prompte de la chaleur à l’automne en font
avorter les fruits, lesipiels communément ne se
développent que l’année d’ensuite; mais que
cette année soit froide et brumeuse, ces fruits
tombentbientôt sansmûrir ou se transforment en
rameaux, comme nous l’avons dit. Si notre
explication du phénomène ne semble pas ration-
nelle et concluante, qu’un autre plus heureux
ou plus savant que nous en produise une plus
satisfaisante. « 6h. Lemaire. »
— Les critiques n’aboutissent pas toujours
au résultat négatif de laisser chacun des con-
tradicteurs plus endurci dans son opinion,
ainsi qu’on le voit souvent. Ainsi, nous re-
cevons de M. le comte Léonce deLambertye
les lignes suivantes :
« Je sais gré à M. Jean Sisley de m’avoir si-
gnalé une erreur que j’ai commise au sujet du
Canna Plantierii. J’ai, dit dans mon ouvrage
sur les Plantes à feuilles ornementales, p. 102,
que cette variété — que je croyais tenir de bon-
nes mains et queje n’avais pas, — se rapprochait
beaucoup du C. discolor et ne fleurissait pas.
• Or, d’après M. Sisley, le C. Plantierii n’a point
de rapport avec le C. discolor et fleurit beau-
coup.
« Si je recevais d’autres avertissements, je de-
manderais à M. Barrai la permission de les
glisser dans sa chronique »
On ne peut donner un meilleur^exemple
de la conciencieuse recherche de la vérité.
— Il s’est produit dans l’excellent article
bibliographique de M. de Lambertye sur le
livre de M. Laujoulet, inséré dans notre der-
nier numéro (p. 171), quelques erreurs ty-
pogra|)hiques dont l’auteur nous demande
la reclification en ces termes :
On me fait dire, page 191, l^e colonne,
ligne 9 : <r i/ doit écrire avec pureté, etc. ; » il
faut : il sait écrire avec pureté.
Page 192, 2e colonne, ligne 33 : (c qui ont
aussi transformé, etc ; » il faut : qui ont ainsi
transformé, etc.
Page 193, Ir® colonne, lignes 26 et 27 :
(( branche à fruit horizontal et branche à bois
— Les soins de culture sont pour beaucoup
dans le succès de toutes les plantes, mais
ils jouent un rôle encore plus considérable
lorsqu’il s’agit de quelques-uns de ces ar-
bres si remarquables qui appartiennent à
d’autres latitudes et que nous parvenons-
néanmoins à acclimater. En voici un exem-
ple. Le plus beau spécimen à' Araucaria
imbricata que l’Angleterre possède se
trouve dans le vaste établissement de
M. Mischell,le fameux horticulteur de Pilt-
down, près Maresfield, dans le comté de
Sussex. Il est relativement d’une taille gi-
gantesque et merveilleusement propor-
tionné; ses branches inférieures rampent
sur le sol. Un autre Araucaria imbricata,
cultivé à côté, dans un terrain qui n’avait
pas été spécialement disposé pour le rece-
voir, est loin de présenter le même déve-
loppement : son volume n’est environ que
la moitié du précédent. Il a cependant
été soulevé récemment et replanté dans un
terrain plus riche ; mais il semble qu’une
culture profonde est nécessaire dès les pre-
miers temps pour maintenir celle précieuse
conifère dans un état de santé et de déve-
loppement satisfaisant.
— Le gouvernement de Portugal a choisi
récemment un horticulteur anglais pour le
mettre à la tête d’un de ses plus célèbres
jardins botaniques. M. E. Goëze, du jardin
deKew, doit prochainement quitter l’An-
gleterre pour entrer en possession de son
nouvel emploi à Coïmbra. C’est, dit le Gar-
deners' Chronicle, un théoricien distingué
206
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MAI).
et à la fois un praticien du plus grand mé-
rite, et le choix du gouvernement portugais
ne pouvait être plus éclairé.
— Nous apprenons la mort d’un bota-
niste très-distingué, le D^' William H. Har-
vey, professeur au Trinity College de Dublin
et conservateur du jardin des Plantes de
l’université. Le D^' Harvey, dit le Garde-
iiers’ Chronicle, possédait toutes les qua-
lités du savant et de l’homme aimable. Il
était depuis longtemps gravement malade ;
la phthisie pulmonaire l’a enlevé le 15 mai,
à Torquay, où il s’était fixé depuis quelques
semaines.
— Le principal intérêthorticolede la quin-
zaine qui vient de s’écouler s’attache entière-
ment à l’Exposition internationale de Londres
et au Congrès botanique. Les journaux an-
glais que nous avons sous les yeux sont
pleins de détails circonstanciés sur les der-
nières dispositions qui ont été prises pour
cette solennité. La Revue horticole a été
représentée par un de nos collaborateurs,
M. André ; nous publierons un compte
rendu dans notre prochain numéro.
Le Gardeners’ Chronicle fait remarquer
que l’époque de l’Exposition de la Société
horticole de Dublin se trouvait coïncider
exactement avec l’ouverture de l’Exposition
internationale, et qu’onn’a rienfaitpour re-
tarder de quelques jours ou de quelques
semaines l’exhibition la moins importante.
Nous ignorons les motifs qui ont maintenu
cette date et ont mis les amateurs d’horti-
• culture dans la difficile obligation de choi-
sir entre deux solennités pleines d’attrac-
tion; le rédacteur du journal anglais est
sans doute mieux renseigné, quand il an-
nonce que c’est par une maladresse ou une
perversité inexplicables {u)i accountable
mismanagement or pereersity). Le Garde-
ners’ Chronicle est un organe très-modéré
et très-impartial des intérêts horticoles, et
la vivacité de son appréciation doit avoir sa
raison d’être.
Nous regrettons toujours de n’avoir pu
nous rendre à Londres pour assister aux
grandes assises que l’horticulture y a te-
nues. Mais si bien des obstacles se dressent
souvent contre nos désirs personnels de
tout voir, nos collaborateurs nous suppléent
heureusement.
L’Exposition d’horticulture d’Auxerre,
ouverte à l’occasion du concours régional, a
brillé d’un éclat tout particulier, par suite
de la visite de l’Empereur et de l’Impéra-
trice.Notre collaborateur, M. Charles Baltet,
avait été invité à accompagner Leurs Ma-
jesté, à leur présenter les lauréats, et à
leur signaler les objets les plus remar-
quables.
Les demoiselles de la ville, vêtues de
blanc, étaient rangées sous la tente de l’ex-
position autour des massifs de fleurs.
Les plantes les plus jolies sortaient des
serres de MM. Duthoo et Guérin de Vaux,
à Auxerre; Vaucelles, à Villefargeau ; de
Thou, àBléneau; Roux, à Monneteau; Ha-
melin, M. Dillon, de Tonnerre, avait en-
voyé une série de tableaux d’entomologie
ingénieusement classés ; M. Augé exposait
des pavillons et des treillages, et M. Fouillé
de la bonne poterie.
La collection la plus remarquable était le
lot d’ensemble exposé par la Société horti-
cole, vigneronne et forestière de Troyes :
arbres fruitiers formés, arbres verts, végé-
taux industriels de MM. Baltet frères;
plantes fleuries de M. Léger ; légumes et
primeurs de MM. Gambey, Lyé Petit, Bouil-
lot; coutellerie de M. Cornu; engrais pour
arbres fruitiers et Vignes, pour Rosiers,
Asperges et Orangers, fabriqués par M.
Thierry; plantes ornementales de M. Du-
pont-Poulet; treillages de MM. Branche, Cres-
son, Cunin; pressoir hydraulique deM. Man-
nequin ; limonade de Coings japonais par
M. Hariot ; Poires par la galvanoplastie de
M. Gégnon; fruits conservés depuis dix ans
par M. Courtois; Sapins, Mélèzes, Pins Syl-
vestre, Laricio et du Lord, de diverses
tailles; reproduction naturelle sur les friches
champenoises ou bourguignonnes, etc, etc.,
tel était le lot important de la nouvelle So-
ciété de l’Aube.
— Puisque nous avons nommé la Société
horticole, vigneronne et forestière créée cette
année à Troyes, nous applaudirons à ses dé-
buts qui promettent l’avenir le plus fruc-
tueux. Après avoir remporté la victoire à
Auxerre, elle organise pour l’époque de la
fête des jardiniers, une grande Exposition
des produits horticoles, viticoles et fores-
tiers, ainsi que des accessoires de la maison*
de campagne. Déjà la société d’apiculture
de l’Aube s’est réuni à elle.
Au printemps de 1867, elle ouvrira une
Exposition générale à l’occasion du concours
régional de Troyes, et décernera des primes
d’honneur aux établissements, exploita-
tions, plantations, etc., les plus dignes.
D’ailleurs les statuts, rédigés avec un es-
prit de progrès, et surun plan inédit, lui ont
amené — la modique cotisation aidant, —
un grand nombre de souscripteurs de divers
points de la France.
Son président, M. Argence, maire de*
Troyes, est l’auteur des charmants jardins
et squares publics de cette cité indus-
trieuse.
J. A. Rarral.
EXPOSITION HORTICOLE DE NANTES.
A l’occasion du concours régional, et pour
augmenter l’intérêt qui s’attache toujours a ces
grandes fêtes agricoles, la Société d horticul-
ture de Nantes avait organisé cette annee, du
3 au 6 mai, sur le cours Saint-Pierre, une ma-
gnifique Exposition de fleurs, de légumes, de
fruits et d’instruments de jardinage.
Rien de plus gracieux et de mieux entendu
que le jardin improvisé sous les grands arbres
de la promenade, avec ses pelouses d orges se-
mées depuis huit jours; ses bassins, sa cascade
en rocaille surmontée du buste de S. M. 1 Im-
pératrice des Français; enfin, sa tente aux ban-
deroles tricolores, abritant les végétaux les plus
rares elles plus délicats.
Cette exhibition était sans contredit, une des
plus nombreuses et des plus riches que 1 on ait
pu voir depuis bien longtemps ; nous croyons
donc nécessaire, pour en donner un compte rendu
lidêle et rapide, de diviser d’abord en plusieurs
séries les lots exposés, de grouper ensuite dans
chaque série les noms des exposants qui nous
ont paru dignes d’une mention spéciale.
FLORICULTURE. — Les plantes de serre chaude
étaient plus nombreuses que d habitude ; et,
comme toujours, M. Jules Ménoreau se montrait
supérieur non-seulement par la variété, par la
nouveauté, mais surtout par la force et la beauté
des exemplaires qu’il offrait à f admiration des
visiteurs. Je citerai le Pandcinus utilis^ le
Cordeliny indivisa, le Rhodea japonica; deux
magnifiques sujets du dhotiuM pnnCeps et de
VAlsolphila australis; un Balantium antarcti-
( iim, le Yucca quadricolor, des Galladium d un
bon choix; enfin, quelques belles nouveautés
d’Azalées de l’Inde, avec un Zonale panaché obte-
nu par l’exposant, qui nous a paru d une végé-
tation vigoureuse et rustique, qualité rare dans
ce nouveau genre, M. Ménoreau avait en outre
exposé des Rhododendrons et surtout des Aza-
lées qui, parla force des sujets et le nombre in-
fini de leurs fleurs, attiraient l’attention de
tous les passants. Cet habile horticulteur a ob-
tenu pour l’ensemble de son exposition, la
grande médaille de l’Impératrice.
M. Brunellière venait en second et présentait
un fort beau lot dans lequel j’ai noté particu-
lièrement un Dracœna maculata, un Cyano-
phillum, un Anthurium magnificum et le
Cyrdorea metallica en compagnie du Caladium
Baraquinii et de plusieurs autres de ce beau
genre .
Il avait aussi une magnifique collection d’Aza-
lées de rinde qui lui a valu le prix des dames
patronesses.
A la suite de ces deux exhibitions remarqua-
bles, je mentionnerai les Azalées de M . Biton
fils, les Pelargoniums de M. Bureau, les Cinérai-
res de M. Aufroy, les Verveines deM. Pointière,
le lot de plantes variées de v® Leduc-Vri-
gnault, les belles Pensées de M. Poupelart et la
fort belle collection de Yucca et d’Agaves de
M. Caillé.
Dans cette même série, les amateurs occu-
paient aussi une place importante.
M. Berthelot présentait une nombreuse col-
lection de végétaux exotiques parmi lesquels on
remarquait surtout des Franciscea mmia, trois
variétés d’Aralias, deux Bégonias, un Cypri-
pedium barbalum, etc., etc.
Parmi les plantes exposées par M. Baillar-
geau, brillaient au premier rang, un magnifi-
que exemplaire du CJiamœrops excelsa et un
Dracœna Rumphii.
M. Herbelin avait, comme de coutume, exhi-
bé les sujets les plus intéressants de sa belle et
nombreuse collection. Son Latanici% son Cha- '
mœrops humilis, son Eriosthemum, son énorme
pied de Phormium tenax, son Arisœma rin-
gens en fleurs méritent sans contredit d’être
mentionnés spécialement.
' Il avait en outre, foarni la plus grande partie
des plantes à feuilles ornementales qui garnis-
saient la rocaille.
Le jardinier de M. Ducoudray-Bourgault avait
exposé uue collection de plantes de serres tern-
pérée que rehaussaient surtout de jolies Ciné-
raires et de belles Azalées de 1 Inde.
M. deNouvion, avait voulu montrer ses jeu-
nes plantes de serre chaude.^ Cette collection
déjà nombreuse mais composée de très-petits
exemplaires, attestait cependant par sa bonne
culture que M. de Nouvion est un horticulteur
soigneux et entendu. r • i «
Je mentionne en terminant la serie des fleurs,
les belles Renoncules et les Anémones de
M. Guyot, les charmants bouquets de MM®®^ Sou-
lard et Lizé.
CULTURE maraîchère. — Cette partie de l’Ex-
position, relativement peu nombreuse .n en
était pas moins < importante par la qualité, la
beauté et la variété des produits exposés. ^
Citons tout d’abord les légumes de la saison :
M. Douillard avait des Artichauts, des Sala-
des et des Choux remarquables ;
M. Cassart, des Carottes nouvelles, des Arti-
chauts, des Pommes de terre ;
M. Groussit, des Artichauts magnifiques qui
lui ont valu un l®'' prix ;
M. Prau, quatre paquets d’ Asperges dignes
des vitrines de Chevet; ^
M. David, des Artichauts qui ont mérité un
second prix ; . . , , •
M. Tbebaud, jardinier et grainier, des spéci-
mens énormes de Betteraves fourragères.
Les Pommes de teire conservées, les Oignons,
les Carottes de l’année précédente, les Choux
d’hiver, le Poireau, figuraient avec avantage
dans plusieurs lots. On voyait quelques paniers
de Fraises ; les plus belles à mon avis, étaient
celles de M. Pointière, qui présentait aussi des
Haricots verts et des Raisins dont les giams
égalaient déjà la grosseur d’un Pois.
Les beaux paniers de Pommes conservées,
présentés par MM. Diart et Gruais, a\ aient
bien aussi bien leur mérite. Tous ces produc-
teurs intelligents ont reçu des distinctions plus
ou moins importantes.
M. Chable, propriétaire à Alençon, voulant
du reste remplir un des concours spéciaux pre-
vus par le programme, avait envoyé à la So-
ciété nantaise une série de 50 variétés de Pom-
mes de terre bien conservées; chaque variété
portait-elle son véritable nom? Je n oserais
208
EXPOSITION HORTICOLE DE NANTES.
l’affirmer. Toutefois, en présence de cette im-
portante collection, que M. Cliable abandonnait
gracieusement à la Société, le Jury a cru devoir
décerner un 1^'’ prix.
Pour terminer les cultures maraîcbères, il me
reste à parler d’un nouveau moyen inventé
par M. Couprie de Nantes (route de Rennes),
pour produire des Champignons.
Ce n’est point à l’aide d’une coucbe de fumier
que M. Couprie obûent de beaux et bons pro-
duits connus sous le nom à'agaric comestible.
Il fait, nous a-t-il dit, des cônes de fumier res-
semblant assez par le volume et par la forme à
de gros pins de sucre; il recouvre ces cônes
de terre, qui pourrait être de l’argile mêlé de
cbaux, puis il les pose dans une cave, sur une
banquette de terre, et là, sous l’influence dè la
chaleur et de quelques arrosements, les Chaui-
pignons se produisent sur toute la surface du
cône. La composition qui recouvre le fumier est
un secret ; quant à l’emploi des cônes, il a l’a-
vantage de multiplier l’espace.
INDUSTRIE. — Arrêtons nous tout d’abord
devant l’énorme bouquet de fleurs artificielles
exposé par M. üurdin-PeiTo, de Nantes. Cet ha-
bile fabricant ne.se borne pas à reproduire
avec une rigoureuse exactitude et un rare ta-
lent les plus belles plantes de nos jardins et de
nos serres. 11 sait en outre tirer partie de la
Rrize légère, de l’Agrostis élégant, de l’Aire
aux panicules si déliés, et de tant d’autres Gra-
minées dont il mêle avec bonheur les tiges na-
turelles aux corolles brillantes des fleurs les
plus rares. Pour avoir sous sa main une ample
moisson de ces modestes végétaux, M. Ourdin-
Perrot cultive, dans un vaste terrain situé aux
portes de Nantes, plus de cent-vingt espèces
ou variétés de Graminées, dont il avait exposé
des panicules sèches et des pieds vivants plan-
tés en pots. Un prix lui a été décerné pour cette
intéressante collection.
Citons maintenant les garnitures en bois
LE PACHIRA (CAROLINE
LesPachiriers, plus connus dans les cul-
tures sous le nom Aq ,CaroUnea, sont des
arbres de moyenne grandeur, originaires
des parties chaudes ou tempérées de l’A-
mérique méridionale. Ils appartiennent à la
famille des Bombacées, Kunth, démembre-
ment des Malvacées (monadelpbie polyan-
drie de Linné), ou à celle des Slerculiacées,
tribu des Bombacées, d’Aublet, d’après les
auteurs du Bon Jardinier.
Quelle que soit, du reste, la désignation que
l’on veuille donner à la famille dans laquelle
on doit les ranger, ils s’y trouvent en com-
pagnie des Bombax^ Adansonia et Ster-
culia.
Pachira est le nom indigène de l’une des
espèces (Pachira aqiiatica) également dé-
signée par le nom de Cacao sauvage, en
.raison de la ressemblance de son fruit avec
celui du vrai Cacao (Theobroma). Les Gali-
bis de Cayenne en mangent les semences
sculpté supportant des coupes et des vases de
faïence peinte, présentés par 31. Gaillard: l’a-
quarium chinois de 31. Lemayre; les jardinières
et les corbeilles exposées par ARies Barreau.
Si nous passons aux instruments, meubles,
outils el aulres ustensiles se rattachant aujardi-
nage, nous trouvons de nondireux exposants
avec leurs produits plus nombreux encore; mais
nous n’apercevons rien de bien nouveau.
Ici , les bancs, les chaises, les fauteuils en
fer on en bois; les outils, la volière, de 31. Bo-
rel, de Paris.
Plus loin, les voitures, les balançoires et le
jeu de bagues déjà connu de 31. Perrol de
Nantes.
Tout à côté l’appareil de chauffage de 31. Jus-
seaume de Nantes; les pompes et les arrosoirs
de M. 31aniguy, de Nantes; les instruments très-
variés de 31. Sicher; les foiles et les tuyaux de
drainage de 31. Buot; les chaises rustiques et
les châssis en fer de 31. Leroy.
Enfin le palan de sûreté de 31. Jamet, qui
pourrait êti^e quelquefois utile à nos jardiniei’s
.pour se maintenir au sommet d’un tronc d’ar-
hie dont ils voudraient couper quelques bran-
ches.
J’ai fini; je m’empresse de déclarer toutefois
que si j’ai commis quelques erreurs ou omis-
sions, elles sont de ma part tout à fait invo-
lontaire.
Qu’il me soit encore permis de rendre ici un
nouvel hommage au zèle de la Société nantaise
d’horticulture, à l’habileté des commissaires
qui étaient chargés d’organiser cette belle fête
florale et au cordial accueil reçu par tous les
délégués étrangers qui étaient venu pour aider
le jury permanent, dans la tâche difficile et dé-
licate qu’il avait à remplir.
F. Boncenne.
.) A FLEURS BLANCHES.
cuites sous la braise. Eu Europe, ils fleuris
sent quelquefois dans les serres, mais y
fructifient très-rarement, croyons-nous.
Une assez grande confusion paraît régner
entre les diverses espèces du genre intro-
duites dans les cultures d’Europe. Celle dont
la fleur et le fruit sont représentés dans la
planche coloriée ci-contre et dans les divers
dessins accompagnant cette notice, est cul-
tivée depuis une quinzaine d’années dans la
serre tempérée de mon père, à Cette ; elle
provenait des cultures de 3131. Cels, et nous
l’avons vue de tout temps désignée sous le
nom de Carolinea insignis. C’est aujour-
d’hui un arbre de 3 mètres de haut, à tige
droite, fortement renflée à la base, recou-
verte d’une écorce lisse, verte sur presque
toute sa surface, grisâtre seulement vers la
base. Il étale au sommet plusieurs rameaux
un peu retombants, ornés presque toute
l’année de feuilles nombreuses et splen-
Hcrm Hc-rf
4...^
4
^ Yema f\m'
■:U‘liii\‘i a rie U rs blanches
fwp Zanote rue des B ou J an j- ers, J 3 P<
209
LE PACHIRA (CAROLIISEA) A FLEURS RLANCHES.
dides par leur dimension. Ces feuilles, di-
gitées et portées par un pédoncule de 0‘".15
à O'". 20, se composent de cinq àneuffolioles,
mesurant à O'". 30 de longueur sur
O^^-OGa O^^.IS en largeur, ovales lancéolées,
moins acuminées au sommet qu’à la base,
glabres, luisantes et d’un beau vert en des-
sus, un peu plus glauques en dessous. Elles
tombent tous les ans vers le mois de mars,
mais la plante revêt bientôt après une nou-
velle parure de feuilles plus fraîches, plus
amples et toujours plus nombreuses.
Le bouton à Heur se montre sur la par-
tie supérieure des pousses de l’année pré-
cédente. Il est solitaire, dressé, et peut être,
avant son épanouissement, comparé à un
cornichon sans aspérités. Lorsqu’il est ar-
rivé au terme voulu, il s’ouvre dans la' nuit
Fig. 24* — Fruit du Pachira à fleurs blanches.
25. — Placenta du fruit du Pachira, dépourvu
® n-rninps Pt niiini du pédoncule.
OU de grand matin, laissant échapper cinq
pétales, semblables à des lanières' de peau
qui se renversent et s’enroulent sur elles-
mêmes, comme on le voit sur la planche
coloriée ; leur couleur est jaune verdâtre à
l’intérieur. Du centre de la corolle s’échappe
un plumet d’étamines nombreuses, réunies
à leurbase en cinq faisceaux, qui se subdi-
visent en filets accolés généralement par
deux et portant des anthères jaune clair.
Cesfilets, de0"L08 à 0"™.10 de longueur, sont
entièrement blancs, ne prenant une teinte
légèrement jaunâtre que lorsque la fleur
commence à se flétrir, ce qui a lieu au bout
de vingt-quatre heures. Un pistil unique
sort du centre des étamines qu’il dépasse
un peu. Il est teinté de verdâtre et surmonte
d’un stygmate à cinq parties, d un jaune
d’or plus foncé que celui des anthères. L en-
semble de la Heur offre l’aspect d’une ai-
grette fort élégante.
Peu de temps après la Hetrissure, les pé-
tales tombent et l’ovaire se rende et grossit
rapidement, conservant toujours une belle
couleur verte, jusqu’à ce que, devenu gros
comme un œuf de dinde, il prenne une
210
LE PACHIRA (CAROLINEA) A FLEURS RLANCHES.
teinte plus brunâtre, indiquant l’approche
de la maturité. Le fruit est alors bossué de
partout, un peu rugueux au toucher, et
divisé en cinq valves par des rainures assez
profondes, (fig. 24).
Cefruits’ouvreparle sommet, sans changer
Fig. 27. — Graine
du Pacliira.
Fig. 31. — i^Cotylédons non développés de deux plantulcs
provenant de la même graine , avec' une ;planlule
rudimentaire_attachée à l’une des deux. "*
Fig. 32. — Planfule ru-
dimentaire du Pacliira
[séparée après plusieurs
jours de croissance.
de position, et
présente à l’in-
térieur un pla-
centa coton-
neux (fig. 25),
autpiel sont at-
tachées les se-
mences , qui
ont leurs loges
de chaque côté,
entre les pa-
rois des valves,
de façon que
chaque graine
appartient à
deux valves à
la fois. Celles-
ci sont assez
épaisses, à peu
près de la con-
sistance de cel-
les du Marron
Fig. 33. — Deux plantulej jumelles, ayant les cotylédons développés.
figure 26 mon-
tre une de ces
valves avec les
semences dans
leurs loges.
Dès 1802, ce
Pachira avait
présenté sa
fleur ; il n’en
donna qu’une
seule , celle
première an-
née , vers le
mois de juillet,
et elle iut in-
fertile.
L’année sui-
vante, la florai-
son ne se re-
nouvela pas ;
mais en 1864,
également en
d’Inde et munies, comme le placenta, d’un
duvet cotonneux mais moins abondant. La
juillet, trois fleurs se montrèrent à quel-
ques jours d’intervalle. Deux sur les trois
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211
LE PACHIRA (CAROLINEA) A FLEURS BLANCHES.
nouèrent et, dans le courant de décembre
de la même année, les fruits mûrs s’ouvri-
rent d’eux-mêmes, laissant échapper, l’un
dix, l’autre douze semences, dont le germe
se développait avant même qu’elles fussent
tombées.
Ces semences, anguleuses d’un côté, ar-
rondies de l’autre, sortes de châtaignes
recouvertes d’une peau de moyenne épais-
seur, de couleur terreuse et marquées à
l’extérieur d’un réseau de nervures ayant
leur point de départ autour du germe
(fig. 27), furentsemées aussitôt, et huit jours
après, donnaient naissance à de jeunes sujets
très-vigoureux. L’une d’elles pourtant, ayant
été partagée par le milieu, je fus surpris de
la conformation étrange des parties char-
nues quelle renfermait. Les figures 28, 29,
30 montrent différentes coupes de cette
graine.
Cette singulière conformation m’avait fait
présumer quelque particularité dans la
germination; or, lorsque les jeunes em-
bryons furent tous développés, je m’aperçus
que chaque semence avait donné naissance
à deux et quelquefois à trois plantules. Chez
toutes, il y avait deux plantules de môme
grosseur, mais chez celles qui en présen-
taient trois, la troisième était toujours moins
vigoureuse, parfois même rudimentaire et
dans ce cas soudée au pédoncule de l’une
des deux autres. C’est un exemple de ce
dernier cas que représente la figure 31,
montrant à la hase de l’un des embryons
jumeaux le rudiment du troisième. La
ligure 32 représente une troisième plantule
séparée des autres et plantée à part. La
figure 33 nous montre deux plantules ju-
melles ayant leurs cotylédons développés.
Ces derniers très-charnus, sinueux et irré-
guliers, restèrent seuls pendant près d’un
mois. Une gemmule s’éleva enfin du centre
des plantules jumelles, mais le plus grand
nombre des troisièmes mourut sans avoir
donné de feuilles.
La plupart des jeunes plantes furent sé-
parées au premier rempotage; quelques-
unes cependant furent laissées ensemble, et
aujourd’hui il en est qui se sont greffées par
la hase; les unes et les autres, élevées en
serre tempérée, ont fait de jeunes sujets vi-,
goureux qui promettent de devenir de jolis
arbres.
Quel est maintenant le nom du Pac/u'rn dont
il est question? Bien que nous l’ayons toujours
eu et vu sous la désignation (ïinsigniSy nous
hésitons à lui conserver ce nom, en pré-
sence du peu d’accord qui existe entre les
descriptions données dans divers ouvrages.
Ainsi, dans le Dictionnaire d’ histoire natu-
relle {VaviSy Levrault, t. xxxvii. 1 825),Poiret
assigne à cette espèce une fleur beaucoup
plus grande, à pétales étroits, longs de cinq
pouces, rougeâtres, veloutés et â filets de
couleur rouge, ce qui ne convient nulle-
ment â notre plante, pas plus que la descrip-
tion par le môme auteur du Pachira aqua-
tica, lequel donnerait une fleur d’un pied de
long avec des filets rougeâtres et les an-
thères pourpres.
Jussieu, dans le dictionnaire de d’Orhigny,
reproduit â peu de choses près les mêmes
caractères, ajoutant seulement que la plante
a fleuri pour la première fois â Louvain en
1823. Dans le Manuel des pla7îles, arbres et
arbustes de MM. Jacques et Ilerincq, nous
trouvons une description â peu près sembla-
ble, laquelle est reproduite également dans
le Nouveau Jardinier pour /S65.he même
manuel décrit, en outre, plusieurs autres
espèces cultivées, dont une seule, le, Pachira
alba, se rapporterait pour la fleur à celle qui
nous occupe ; mais la floraison s’en effec-
tuant l’hiver, quand la plante est dépourvue
de feuilles, il est â présumer qu’il ne s’agit
point de notre espèce. Nous serons plus
heureux en la rapprochant de la description
duPachira insignis, W. que l’on trouve dans
le Bon Jardinier (éd. de 1845), où il est dit
que l’aigrette est d’un blanc jaunâtre ; mais
l’épithète d’immense donnée â celte partie
de la fleur, nous ferait encore élever des
doutes, s’il n’était aussi question d’une va-
riété minor qui a fleuri en 1826 dans les
jardins de Neuilly.
En présence de la couleur rouge attribuée
aux étamines du Pachira insignis par plu-
sieurs auteurs sérieux et de la similitude
apparente de notre fleur avec celle décrite
dans le Bon Jardinier, nous ne pouvons
encore que demander où est la vérité.
Nous terminerons en disant que le Pa-
chira décrit ici est un arbre fort élégant,
digne de figurei’ dans toute serre chaude ou
même tempérée dont les dimensions ne se-
ront pas trop exiguës. Sa culture n’offre
point de difficultés sérieuses ; la terre de
bruyère pure ou additionnée de bon terreau
de feuilles, des arrosages suffisants sans
être pour cela trop fréquents, un peu de
chaleur en été pour favoriser la floraison,
une température ne descendant pas au-des-
sous de -j- 5» en hiver, sont les conditions
auxquelles on obtiendra toujours de bons
résultats.
N. Doumet.
PÊCHER HEATH CLINGSTONE.
La qualification anglaise de Clingstone i gnifie à chair adhérente) que porte celte
(l’équivalent de notre mot Pavie, qui si • I variété, indique déjà qu’elle n’est pas, pour
212
PÉCHER HEATH CLINGSTONE,
le nord de la France, où ces fruits, en géné-
ral, ne mûrissent pas. J’ajoute que yu sa
tardiveté considérable, elle n'est même pas
pour le centre, mais pour le midi seulement.
Mais aujourd’hui, grâce à la rapidité et à
la facilité des moyens de communication,
il n’y a plus pour ainsi dire de nord et de
midi; il n’y a plus que la France, de sorte
que, pourvoir telle ou telle partie d’un vé-
gétal utile, c’est en doter la France entière.
C’est donc à ce titre que l’on peut recom-
mander, dans le Midi, la variété de Pêche
qui fait le sujet de cette note et dont la gravure
coloriée ci-contre donne une idée, car elle est
excessivement tardive. Yoici les caractères
qu’elle présente.
Arbre très-vigoureux; à rameaux assez gros,
à écorce vert-roux, violacée sur les parties
exposées au soleil. — Feuilles glanduleuses,
lancéolées-elliptiques, régulièrement atté-
nuées aux deux bouts, courtement rétrécies
en une pointe obluse, d’un vert gai, souvent
concaves-arrondies en gouttière, plus rare -
ment planes, luisantes, unies, très-courte-
ment dentées. — Glandes mixtes souvent très-
distantes, placées sur le pétiole, les unes
globuleuses, les autres allongées, d’autres
enfin, et c’est l’exception, nettement rénifor-
mes. — Fleurs campanulacées, très-petites,
rose-clair et comme cuivrées, s’ouvrant peu,
à pétales obovales, à étamines à peine sail-
lantes. — Fruit gros et même très-gros, un
peu bosselé, très-étroilement sillonné d’un
côté, un peu atténué et arrondi au sommet
NATURALISATION DE
FaUCTIFICATION DU
L’introduction de végétaux, surtout de vé-
gétaux utiles, dans les pays qui ne les pos-
sèdent pas naturellement, est sans contredit
un des côtés les plus attrayants de la culture
de la terre. Toute la question est de les
assortir au climat et aux conditions écono-
miques des lieux et des temps. Ce qui a fait
la gloire de Parmentier, ce n’est pas d’avoir
découvert la Pomme de terre, qu’on con-
naissait bien avant lui, mais d’avoir compris
le premier qu'elle pouvait tenir une place
importante dans l’agriculture moderne et de
l’avoir fait accepter. Au surplus, le mérite
n’est pas moindre pour ceux qui savent
découvrir dans les simples végétaux indi-
gènes des propriétés restées jusque-là sans
emploi, et qui parviennent, en les amélio-
rant, à en tirer de nouvelles ressources
agricoles. Quels services, par exemple,
n’ont pas rendus les inventeurs de la bette-
rave, du trèfle, de la luzerne, du sainfoin,
et de quantité d’autres plantes devenues,
ici ou là, une nécessité dans l’exploitation
du sol ? La voie n’est pas nouvelle, sans
qui est parfois légèrement mamelonné;
peau duveteuse, douce au toucher, blan-
cbâtreoujaune pâle, souventlégèrernentlavée
ou striée de rouge. — Cavité pédonculaire
peu profonde, légèrement évasée, quelque-
fois un peu plissée. — Chair adhérente, blan-
che, peu sapide, eau peu abondante, fadasse,
laissant dans la bouche une saveur acre. —
Noyau dur, osseux, assez longuement ellipti-
que, atténué aux deux bouts, très-renflé et
presque gibbeux sur les faces un peu au-
dessus du milieu, atténué au sommet en un
large mucron plat, très-rétréci vers la base
qui, très-étroite, est obliquement tronquée,
à surface peu sillonnée.
Cette variété est excessivement tardive,
puisquel’année dernière, qui, onpeutle dire,
a été exceptionnellement chaude, des arbres
plantés le long d’un mur, àbonneexposition,
ont à peine mûri leurs fruits. Ceux-ci,
que j’ai cueillis au commencement de no-
vembre, sont tombés plutôt par le manque
de sève des arbres que par la maturité des
fruits, fait qui peut-être explique le peu de
qualité que ces fruits présentaient.
C’estdonc,jele répète, une variété à plan-
ter dans le Midi.
Je dois aussi faire remarquer que cette
variété a des glandes tellement mixtes qu’il
faut y regarder de très-près et souvent à deux
fois avant de se prononcer sur leur forme
la plus générale.
Carrière.
VEGETAUX EXOTIQUES.
DÉODAR EN FRANCE.
doute, et bien des explorateurs l’ont déjà
parcourue; mais qui oserait dire qu’elle est
épuisée et qu’il n’y a plus de découvertes à
y faire ?
Qu’on ne croie pas d’ailleurs que ces dé-
couvertes soient faciles et qu’elles s’offrent
d’elles-mêmes au premier venu ; pour les
faire, il faut une perspicacité qui n’a pas été
donnée à tout le monde. La connaissance
des plantes est loin d’y suffire ; il faut y
ajouter une sorte d’intuition des besoins du
moment, deviner, pour ainsi dire, que la
nature consentira à s’y plier, et, si elle
résiste, savoir l’y contraindre par de savants
artifices. Mais c’est là le point épineux,
c’est là que beaucoup d’expérimentateurs
succombentL Enfin, l’art le plus ingénieux
1 Pour n’en citer qu’un exemple, nous rappelle-
rons les tentatives inutiles qui ont été faites a
maintes reprises sur la trop tameuse Igname de la
Chine Malgré le bien qu’en a dit la presse horti-
cole, et même malgré des qualités réelles, ^ cette
racine n’a jamais pu s’élever au-dessus du^ rôle de
légume de fantaisie. Comment, en effet, l’agricul-
ture, pour qui l’économie du temps et de la main-
213
NATURÂLISATION*DE VÉGÉTAUX EXOTIQUES.
lui-même reste impuissant si les circon-
stances ne lui viennent pas en aide. Com-
bien, depuis une cinquantaine d’années, n’a
t-on pas vu d’essais, *en apparence parfaite-
ment conçus, échouer, faute de ce qiiid
tertium plus facile à nommer qu’à définir?
Contre cette dernière difficulté, il n’y aurait
qu’une ressource : lutter avec une persévé-
rance infatigable; mais qui consentirait à
lutter sans cesse et sans espoir?
Il y a cependant des caractères assez forte-
ment trempés pour n’être découragés par
rien, et qui meurent à la peine ou triom-
phent. L’Angleterre, si féconde en amé-
liorations agricoles, nous donne en ce mo-
ment une preuve nouvelle de ce que peut
la volonté pour vaincre les résistances de la
nature. Elle a voulu introduire les arbres à
Quinquina dans ses possessions de l’Asie, et,
malgré des obstacles multipliés, elle y a
réussi. Ses plantations de Quinquina occu-
pent dès à présent de vastes espaces, à Cey-
lan, dans les montagnes des Nilgherries, et
jusque dans l’Himalaya, sous un ciel pres-
que aussi tempéré que celui de l’Europe
méridionale. A Ceylan déjà, les. arbres,
presque adultes, ont fleuri et donné des
graines, ce qu’on peut considérer comme
le critérium de la naturalisai ion. Dans l’Hi-
malaya, il existait, à la fin de l’année der-
nière, près de 40,000 pieds de Quinquinas,
et ce nombre sera plus que doublé cette
année. On se rappelle' que, dans ces mêmes
montagnes, l’Angleterre a installé, il y a
une dizaine d’années, des cultures de Thé,
aujourd’hui florissantes, et bientôt peut-
être les rivales de celles de la Chine. Enfin,
si de l’Inde nous portions nos regards sur
les colonies de la Nouvelle-Hollande, nous
y retrouverions les prodiges de la persévé-
rance anglaise dans sa lutte contre la nature.
Toutes ces jeunes colonies grandissent àvue
d’œil depuis qu’on y a introduit, sur une
immense échelle, les plantes économiques
et les animaux domestiques de l’Europe. Au
lieu de disserter sur l’acclimatation, on a agi j
comme si l’acclimation était démontrée, et I
les résultats prouvent qu’effectivement c’é-
tait ce qu’il y avait de mieux à faire.
En France, nous sommes loin de déployer
une pareille activité, ce qui tient peut-être
à ce que les ressources privées y sont beau-
coup moins grandes qu’en Angleterre.
Cependant le champ des expériences est
ouvert devant nous tout aussi bien que de-
vant nos voisins. La seule ditférence est
que ce champ d’expériences, au lieu d’être
à 5,000 lieues de nos côtes, est simplement
sous nos pieds. C’est la France elle-même,
allongée de la Corse et de l’Algérie. Ne
médisons pas, cependant de nos compa-
triotes. Au milieu de l’indilférence ou de
l’impuissance générale à acclimater, on peut
citer quelques hommes d’initiative, rari
liantes^ qui ont pris au sérieux la natura-
lisation des arbrss exotiques, et en ont
introduit*un bon nombre sur divers points
de notre territoire, où on sera bien aise un
jour de les trouver. Parmi ces hommes de
progrès, il n’est que juste de rappeler ici
celui qui s’est le plus signalé dans cette
voie, le vénérable créateur de Farborétuni
de.Genesle, près Bordeaux, M. Ivoy, qui a
consacré déjà plus de quarante ans de sa vie
à cette utile entreprise. C’est à lui que nous
devons de savoir que les arbres de l’Améri-
que septentrionale ont trouvé dans les lan-
des un climat et un sol favorables, et que,
par eux, cette terre jusque-là si peu produc-
tive, pourra fournir des bois de construc-
tion bien préférables à celui du pin mari-
time, qui l’a presque exclusivement occupée
depuis des siècles. Nous ne reparlerons pas
des succès qu’il a obtenus dans sa longue
carrière, mais nous sommes bien aise de
pouvoir ajouter à ce que l’on en sait déjà
que, le premier en France, il a récolté les
graines mûres du Cèdre de l’Himalaya, et
(}u’une vigoureuse génération nouvelle,
issue de ces graines, s’élève en ce moment
dans ses plantations. On peut donc consi-
dérer désormais ce bel arbre comme défi-
nitivement acquis à la France.
Naudin.
i ARBRE GÉNÉALOGIQUE DU GROUPE PÊCHER.
I Tous les horticulteurs, en effet, savent que
j dans les semis qu’on fait d’Amandes commu-
^ d’œuvre est une question vitale, pourrait-elle adop-
' ter une racine dont la récolte est dix fois plus
! laborieuse que celle delà Pomme de terre ? L’igname
j a encore d’autres défauts : elle se conserve diftici-
I lement d’une année à l’autre, et elle exige des tu-
teurs pour soutenir ses tiges volubiles, faute de quoi,
I ses tubercules ne prennent qu’un médiocre accrois-
I sement. Ce qu’il aurait fallu, pour en faire une
I plante véritablementutile, c’eût été de créer des races
I àtubercules raccourcis et volumineux, faciles en un
i mot à extraire du sol. Alors, peut-être, aurait-elle
; payé les frais de sa culture. Mais c’est là précisé-
; ment ce que l’on n’a pas encore pu obtçnir. Tant
nés on remarque, dans les individus qui en
proviennent, des différences très-grandes
dans le port et dans le faciès des arbres ainsi
que dans la forme et les dimensions des feuil-
que cette amélioration n’auca pas été effectuée,
nous maintenons, malgré les affections des rares
partisans qu’elle conserve encore, que l’Igname de
la Chine restera ce qu’elle est aujourd’hui, une
plante de curiosité, qui finira môme tôt ou tard par
disparaître des jardins.
1 Voir la Revue de 1865, p. 292 354 et 417, et
les n®* du 1®'’ janvier 1866, p. 12 ; du 16 janvier,
p. 32; du 16 février, p. 71; du l®“»avril, p. 125; du
16 avril, p. 153; du 1®'" mai, p. 166.
214
ARBRE GÉNÉALOGIQUE DU GROUPE PÊCHER. — X.
les. Ce qu’ils savent aussi c’est que dans les
quelques individus qui échappent à la greffe
(ces Amandiers sont destinés à servir de
sujets) et qui par hasard fructifient, on ren-
contre des variétés qui diffèrent par la
forme des fruits ainsi que par l’épaisseur
plus ou moins grande du sarcocarpe. Il
en est même chez lesquels le sarco-
carpe, assez épais, présente une légère
saveur de Pêche. Ce sont ces variétés
qu’on nomme Amandes-Pêches, qui pré-
sentent aussi entre elles de notables dif-
férences. En effet, il en est chez lesquelles
la saveur de Pêche est beaucoup plus pro-
noncée que chez d’autres, et dont la chair,
plus ou moins épaisse et relativement assez
fondante, est d’un rouge foncé, violet autour
du noyau, tel est V Amandier-Pêcher pro-
prement dit; j’ajoute que celui-ci a les
fleurs campanulacées, à peu près de la for-
me et de la couleur de celles du Pêcher
Téton de Vénus, tandis que dans cette même
série on en trouve qui ont des fleurs rosa-
cées, très-grandes, de couleurs différentes.
Une des variétés les plus remarquables
par la forme qu’a produit l’Amandier com-
■ mun, est celle qu’on nomme Amande-Cor-
nichon ; ses fruits sont très-gros et longs,
arqués; leur sarcocarpe est épais et sa sur-
face est ordinairement bosselée, de plus son
noyau est tellement tendre et mince qu’on
peut le rompre par une simple pression
faite avec les doigts ; quant à ses fleurs, elles
sont rosacées, grandes, presque complète-
ment blanches, à pétales distants, longue-
ment obovales, unguiculés. V Amandier-
Cornichon a produit à son tour une sous-
variété qui n’en diffère que par la nature de
son noyau, dont le testa est épais et dur.
Voilà donc une variété de l’Amandier com-
mun qui, comme le type, a produit une for-
me à coque tendre^ .
Je ferai encore remarquer, ainsi qu’on a
déjà pu le voir, que si l’on trouve chez l’A-
mandier commun des fruits de forme, de
grosseur, de nature et même de saveur très-
diverses on trouve également des fleurs
très-différentes. Ainsi tandis que l’Aman-
dier commun a les fleurs rosacm (grandes),
blanc-rosé, il y a des variétés dont les fleurs
sont à peu près complètement blanches; il
en est aussi qui ont des fleurs campanula-
cées et extrêmement petites. Les mêmes
particularités existent chez les Amandiers-
Pêchers ; on trouve dans ceux-ci des indi-
^ Un botaniste à qui on présenterait V Amandier-
Pêcher à très-petites fleurs d’un rose cuivré pâle,
avec son noyau très-(îur, et d’un autre côté V Aman-
dier-Cornichon avec ses fleurs très-grandes et blan-
ches, ses fruits très-longs et arqués, à noyau extrê-
mement tendre, n’hésiterait pas à les considérer
comme deux espèces distinctes. Aurait-il tort? Je ne
me prononce pas. Tout ce que je puis dire, c’est
qu’on a fait beaucoup d’espèces moins tranchées que
ne seraient celles-ci.
vidus qui ont des fleurs campanulacées,
plus ou moins rosées, et d’autres dont les
fleurs très-grandes (rosacées), largement
étalées, sont complètement roses et même
d’un rose très-foncé.
Pourtant toutes ces variétés si pro-
fondément distinctes du type ne sont
pour ainsi dire que des sujets échap-
pés à la greffe : d’où l’on peut conclure
que si l’on semait de grandes quantités d’A-
mandes communes et qu’on attendît que les
individus fructifiassent, on trouverait parmi
ceux-ci des variétés très-remarquables, soit
par la forme, soit par les dimensions des
fleurs et des fruits, soit par les qualités
que présenteraient ceux-ci. Le fait n’est pas
douteux.
De l’Amandier-Pêcher, que je considère*
comme le plus modifié du type, on passe au
Pêcher intermédiaire ou P. douteux, qui,
tout à la fois, présente les caractères des
Pêchers et des Amandiers tellement pro-
noncés, que, suivant ceux de ces caractères
qu’on envisage, on peut le considérer, soit
comme un Amandier, soit comme un Pêcher.
Nous pouvons donc considérer le Pêcher
mixte (Persica intermedia) comme étant à
la fois le dernier et le premier terme de
deux séries : le dernier de la série Aman-
dier , le premier de la série Pêcher. C’est
une sorte conciliatrice on peut dire, qui, en
reliant deux choses, tend à les confondre.
Nous sommes donc ici sur la ligne médiane,
sur la frontière, on pourrait dire, en parlant
au figuré, ou bien encore sur le pont d’une
rivière qui sépare deux nations. En d’autres
termes, nous avons quitté le genre Amandier
et nous entrons dans le sous-genre Pêcher.
Nous sommes à la première étape de celui-
ci. J’ajoute que le Pêcher mixte qui est à
fleurs presque pleines a des glandes réni-
/bmes,faitcontraireàtoutceque présentent,
à ma connaissance du moins, les vrais Aman-
diers et qui semblerait confirmer l’opinion
que j’ai émise sur le mode d'apparition
des glandes lorsque j’ai dit « que, dans la
marche extensive et dans la fusion des
Amandiers avec les Pêchers, la modification
des glandes est la conséquence d’un chan-
gement organique du fruit, et que, des
glandes globuleuses que présente l’Aman-
dier commun on passe aux glandes réni-
f ormes pour arriver aux Pêchers. » C’est
là toutefois, je me hâte de le dire, une
marche qui n'a rien d’absolu, qui pourni
présenter de nombreuses exceptions, mais
qui pourtant ne laisse pas d’avoir une
certaine valeur.
Je viens de dire ci-dessus que le Pêcher
douteux ou mixte est tellement intermé -
diaire qu’on est parfois embarrassé pour
le classer ; je dois à ce sujet faire une obser-
vation très-curieuse et surtout très-intéres-
sante au point de vue scientifique. Voici le
215
ARBRE GÉNÉALOGIQUE DU GROUPE PÊGHER. - X.
fait : Pendant plusieurs années que j’ai étu-
dié cette variété, elle m’avait toujours pré-
senté des fruits sphériques ou subsphéri-
ques, à chair solide et fermée de toutes
parts, c’est-à-dire des fruits à sarcocarpe
très-charnu , uni, succulent quoique peu
savoureux, complétemenl mdéhiscent, lors-
que l’année dernière, en 1865, les fruits
des mêmes arhres étaient comprimés et al-
longés, à sarcocarpe très-fortement et irré-
gulièrement bossué, déhiscent, peu épais
et d’une nature sèche
Je n’indique pas ici les caractères de vé-
gétation ou de faciès que présente le Pêcher
mixte, on les trouvera plus loin, à l’énumé-
ration et à la description des diverses varié-
tés de Pêchers,
Je ne pousserai pas plus loin ces obser-
vations; c’est à chacun de ceux quelles
pourront intéressser, d’après ce que j’ai dit
et que j’ai fait ressortir, à en tirer les con-
séquences qu’il voudra. Quant à moi je ne
doute pas que la marche que j’ai indiquée,
soit vraie en principe; où elle devra n’être
que relative et présenter même des excep-
tions, c’est dans les résultats; de sorte que
dans certains cas, on pourrait en observer
de plus ou moins différents de ceux que j’ai
émis, sans pour cela avoir le droit de les
nier*. Je crois du reste que cette marche,
* Si l’on veut bien réfléchir à ce fait si singulier
et se rappeler en même temps que toutes les par-
ticularités ou propriétés que présentent les végétaux
tendent à se reproduire, on comprendra comment
les noyaux de ces fruits ronds, unis et indéhis-
cents auraient pu se reproduire, en' partie du moins,
et donner des sous-variétés très-différentes de celles
qu’on aurait obtenues de ces mêmes arbres, l’année
où les fruits, allongés, avaient le sarcocarpe très-
bossué, mince et déhiscent. On comprendra en-
core comment suivant les années on pourra, de
graines récoltées sur un même arbre, obtenir des
variétés très-différentes de celles qu’on a obtenues
dans d’autres années.
2 On peut presque toujours contester, en s’ap-
puyant même sur l’expérience, des faits qui eux-
mêmes sont le résultat de l’expérience et par con-
séquent rigoureusement vrais, en un mot, répondre
à des faits avancés comme vrais, par des faits con-
traires qui sont tout aussi vrais. C’est par suite de
l’ignorance de cette vérité, bien élémentaire pour-
tant, qu’on ne peut s’entendre; chacun, sans se ren-
dre compte du fait dont il a été témoin et qu’il con-
sidère alors comme une règle absolue, se basant
sur ce fait pour rejeter tout ce qui y est contraire.
Il suffit pour I rouver la vérité de ceci de reprendre
les expériences dont il est question et d’attendre le ré-
sultat; car, comme il n’en est pas des choses natu-
relles comme de celles qui sont faites de main
d’homme, qu'on ne les dirige pas à volonté, mais
qu’elles se manifestent en vertu de certaines lois
dont les conséquences sont fatales, il peut donc arri-
ver que, en répétant une même expérience, on
obtienne des résultats différents de ceux accusés
et qu’on leur oppose, et desquels on tire ensuite des
conséquences contraires aux premières. Ce mode
d’opérer induit souvent en erreur, car les résultats
de la contre-expérience ne peuvent pas infirmer
ceux de la première, puisqu’on a agi dans des con-
ditions et sur des choses qui n’ont d’identique qne
l'apparence, mais qui sont toujours différentes au
fond. Une graine, une plante quelconque peut avoir
qui n’a rien de choquant pour la raison, est
tout à fait conforme à la grande loi universelle
d’évolution de tous les êlres; elle indique
naturel'ement et sans qu’il soit nécessaire
(le faire des efforts d’imagination, ni de faire
intervenir de force occulte, comment tous
les types s’étendent et se modifient d’après
certaines lois immuables en principe, mais
relatives et variables à l’infini dans leurs
conséquences; conséquences qui, toujours
en rapport avec les milieux où elles se ma-
nifestent, déterminent cette harmonie si
grande, si belle, si simple, si universelle et
pourtant si peu comprise, et qui, tout en dé-
notant la puissance et la sagesse infinies de
son Auteur, le rend si manifestement visi-
ble (iàns toutes ses œuvres !!!
Ainsi qu’on a pu le voir par tout ce qui
précède, mon opinion, relativement à l’ori-
gine des Pêchers, est qu’ils proviennent
directement de l’Amandier commun eiindi^
rectement de l’Amandier d’Orient ou de l’une
de ses formes, dont est sorti l’Amandier
commun en passant par une séries de va-
riétés intermédiaires, au nombre desquelles
se trouvent les Amygdalus Ballansœ et sa-
licifolia. 11 serait même peut-être possible
de remonter encore plus haut, par exemple,
à V Amygdalus nana en passant par une
sorte voisine : V A. pedunculataK
Garriére.
son analogue, mais son semblable jamais!!! D’où il
résulte que l’une peut produire des faits que ne
donnera jamais l’autre.
On ne commande pas à la nature! C’est une de
ces grandes vérités que l’homme oublie trop sou-
vent, et dont, à tort, il tire des conséquences fausses
qui nourrissent son orgueil et l’enflent à ses propres
yeux. Nous oublions toujours ce passage de Pytha-
gore : « L’homme ne fait pas les lois ; il les décou-
vre, » principe très-vrai et qui s’applique tout à fait
à mon sujet; aussi je ne crains pas de dire que nous
ne pouvons rien sur tous les faits que je viens de
rappeler, que nous ne pouvons pas les provoquer,
que nous devons au contraire les accepter, les subir
même et tâcher d’en tirer parti lorsqu’ils se pré-
sentent.
Qu’on ne l’oublie pas, il ne peut y avoir d’expé-
riences qui donnent des résultats absoluments iden-
tiques que celles dont les bases ont été rigoureuse-
ment déterminées. C’est pourquoi de toutes les
sciences, les mathématiques ou les sciences qui re-
posent sur elles, sont les seules dont les conséquen-
ces peuvent être rigoureusement définies; ce qui ne
peut jamais avoir lieu quand il s’agit de faits de la
végétation, puisqu’ici s’il est possible, tant bien que
mal, de définir le milieu, il ne l’est pas de définir
la base de l’expérience, c’est-à-dire la graine ou
bien le végétal qu’on cultive ; celui-ci est une unité
dont l’extérieur seul nous est accessible.
Ce qu’il ne faut pas oublier non plus c’est que les
exceptions aux règles sont presque toujours le com-
mencement d’autres règles; ce sont, qu’on me passe
la comparaison, des sortes de déserteurs qui vont
fonder une colonie nouvelle, qui pourra ne pas s’é-
tendre beaucoup mais qui pourra aussi prendre une
grande extension, affaiblir ou même détruire la mère
patrie; je pourrais en citer beaucoup d’exemples.
Tout marche d’après une même loi !
‘ Qu’est-ce encore que cette espèce? Très-proba-
blement une forme intermédiaire entre les Amijda-
lus nana et Ballansœ. C’est, de plus, une forme qui
LES 25 FRAISIERS DE LA COMMISSION DE CULTURE POTAGÈRE
DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE.
Dans le n° du 1^^*’ maidernier de la Revue
horticole, M. Gloede répond aux observa-
tions que j’ai publiées antérieurement
au sujet des 25 Fraisiers de la commission
de culture potagère de la Société impériale
et centrale d’horticulture. De même que
moi, il considère ce travail comme inutile
et impossible.
D’accord sur plusieurs points, nous diffé-
rons essentiellement sur d’autres. A quoi
cela tient-il? A ce que le Fraisier se com-
porte suivant la nature du sol, du climat, de
l’exposition, etc., et peut-être aussi à la ma-
nière de l’apprécier.
M. Gloëde est d’accord avec moi, à quel-
ques détails insignifiants près, sur l’appré-
ciation que j’ai faite de Bicolore, British
queen, Carolina superba, Empress Euge-
nia , Hendries seedling , Marguerite ,
Monstrous Hautbois, Prmcesse royale. Sir
Charles Napier.
11 accepte, avec restriction, ce que j’ai dit
des Quatre-Saisons à fruit rouge, et à fruit
brun de Gilbert, des Fraisiers sons filets,
d’ Ambrosia, de Barnes, de Belle de Paris,
de Vicomtesse Héricart de Thury et de
Victoria.
Il est d’un avis entièrement opposé en ce
qui concerne Admirai Bandas, Eléanor,
Châlonnaise, la Constante, Eclipse, Lucas,
May Queen, Sir Harry, et Wonderfu.
Un mot d’explication, et peut-être pour-
rons-nous nous entendre.
Qualité- Saisons à fruit rouge. — M.
Gloëde dit ; toutes les variétés obtenues de
semis depuis plusieurs années sont amélio-
rées. C’est précisément parce que les ancien-
nes variétés sont dépassées parles nouvelles
que j’ai posé l’interrogation quelle variété?
Quatre-Saisons à fruit brun de Gilbert.
— J’affirme que ce Fraisier est délicat et
son fruit détestable, tout en lui reconnais-
sant du parfum; mais c’est du sable par-
fumé, M. Gloëde proteste. Cela dénote que
nous avons cultivé ce Fraisier dans des con-
ditions différentes et que M. Gloëde aime à
croquer les graines, ce que je déteste infi-
niment, comme beaucoup* d’autres.
Quatre-Saisons sans filets. — J’ai dit et
je répète : il y en a peut-être plus de 20 va-
riétés. — M. Gloëde me répond : Ceci me
semble fabuleux. De tous les Fraisiers des
Quatre-Saisons, le Sans filets est celui qui
se reproduit le moins identiquement, par
n’est pas constante. Ainsi de quatre noyaux, pro-
venant d’un même individu, j’ai obtenu quatre varié-
tés différentes; il y en avait à deurs campamdacées
et d’autres à fleurs rosacés, roses, rose carné, blan-
ches, et enfin une à fleurs jaunâtres; enfin, sur qua-
tre individus il y avait quatre variétés. Laquelle de
celles-ci devra être considérée comme le type de
cette forme?
rapport à la grosseur, à la forme, à la pré-
cocité, à la saveur de ses fruits, au nombre
de graines, etc., etc. Ces différences consti-
tuent bien autant de variétés. S’il n’en est
pas, que M. Gloëde dise ce que c’est. Il
n’appellera pas cela à coup sûr une repro-
duction, puisque des différences essentielles
existent, et que la plupart des caractères du
type ont disparu.
Ambrosia. — J’ai dit : Ambrosia n'est
pas une plante hâtive, mais demi-hâtive. —
M. Gloëde me répond : Hâtive. J’ouvre son
catalogue de 1865-1*866, et je lis: Plante de
maturité moyenne. Lequel doit-on croire de
M. Gloëde ou de son catalogue?
Admirai Blindas, Châlonnaise, Cons-
tante, Eclipse, Wonderful. — M. Gloëde
trouve Admirai Bundas très-fertile ; la
Châlonnaise robuste ; la Constante très-
rustique; Eclipse excellente et Wonderfu^.
merveilleux. J’ai dit le contraire et je le
maintiens. Je pourrais citer l’avis d’un
grand nombre d’amateurs qui pensent
comme moi, et même celui de l’obtenteur
de l’une de ces variétés, qui a cessé de la
cultiver parce qu’il lui a reconnu les défauts
que je lui reproche.
Sir Harry. — M. Gloëde critique ce que
j’ai dit de ce Fraisier et il termine en disant
comme moi. — Voici mon appréciation :
Plante délicate, d'une culture diffixile, fruit
beau et de bonne qualité; mais il ne faut
pas compter sur des récoltes suivies. —
Voici celle de M. Gloëde: La plante produit
avec une telle abondance que souvent la
masse de fruits se fatigue à tel point
qu'elle meurt d'épuisement. Cuttivez-la
comme plante annuelle, piquez vos filets
aussitôt que vous les avez ; repiquez-les une
seconde fois à l'automne Après la ré-
colte, replantez des jeunes pi_^ds, etc. S\
tout cela ne constitue pas un Fraisier déli-
cat, d’une culture difficile et dispendieuse,
je n’y comprends plus rien. — Toutefois, je
dois dire que Sir Harry n’a jamais montré
dans mes cultures un si grand luxe de pro-
duction, et que je ne l’ai jamais vu mourir
que de froid, de chaud ou d’atonie. •
Eléanor. — M. Gloëde est satisfait de ce
Fraisier; soit. Quant à moi, sur 1 00 pieds, j’en
perds 50 tous les hivers, tantôt par le troid,
tantôt par l’humidité. L’hiver dernier j’en ai
perdu 60p. lOOdans les jeunes plantalionsde
l’automne et 80 p. 100 dans celles de dix-
huit mois.
Barnes large While. — M. Gloëde pré-
tend que ce Fraisier me déplaît. J’ai dit que
le fruit étant peu coloré, on pouvait se mé-
prendre sur l’époque de sa maturité. Il y a
loin de là à une proscription. Certainement
cette variété entre les mains de gens atten-
LES 25 FRAISIERS DE LA COMMISSION DE CULTURE POTAGÈRE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE. 217
tifs n’est pas à dédaigner; mais je ne la
recommande pas. ■ — Je maintiens qu’elle
s’est montrée fort peu fertile et rustique dans
mes cultures.
Belle de Paris. — M. Gloëde trouve ce
fruit bon, je le trouve médiocre. Voilà une
question de dégustation et de goût qui s’é-
lève. Je n’ose l’aborder, car il faudrait peut-
être écrire un gros volume pour ne rien
prouver. J’ai les organes de la dégustation
irès-justes et très-exercés. Je dirai même
(qu’il y ait ou non vanité de ma part) qu’en
pareille matière, je ne m’en rapporte qu’à
moi. Je demande donc à M. Gloëde la per-
mission de ne pas être de son avis et de
maintenir encore ce que j’ai dit.
Vicomtesse Héricart de Thunj. — Pendant
longtemps, j’ai cru, comme M. Gloëde, que
j’avais deux Fraisiers avec celui-ci et Prince
impérial; mais en les cultivant simultané-
ment dans les mêmes conditions, j’ai reconnu
mon erreur. Si M. Gloëde connaît des diffé-
rences qui ne résultent pas du mode de
culture ou du sol, je lui serai fort obligé de
me les signaler.
Victoria. — J’ai dit qu’il faut cueillir ce
fruit avant sa complète maturité; je précise,
12 heures avant. Si on le cueille complète-
ment mûr, la chair est molle et il ne se con-
serve pas; il gagne en sucre ce qu’il perd
en saveur et en finesse, et sa chair se
creuse. Je répète : il faut le cueillir 12 heu-
res avant sa maturité et le servir 4 ou 5
neures après.
Lucas. — M. Gloëde trouve que l’apprié-
ciation que j’ai faite de Lucas est si éloignée
de la sienne qu’il suppose que je ne possède
pas la variété identique. Je l’ai cru comme
lui, d’abord; aussi me suis-je empressé de
me procurer cette variété chez divers horti-
culteur de France et de l’étranger; puis
chez MM. Vilmorin; puis chez lui-même
(M. Gloëde doit se rappeler m’en avoir
fourni), et j’ai toujours obtenu la même
plante et les mêmes résultats.
M. Gloëde doit savoir que si je n’avais pas
eu la variété identique, soit de Lucas, soit-
SUR QUELQUES F
Monsieur le directeur.
Quand, il y a quinze ans, nous associant
au niouvement qui se faisait en Belgique,
délaissant un peu la culture des fleurs qui,
dès notre enfance, occupait et charmait pres-
que tous nos loisirs, nous nous occupions
plus spécialement et très-sérieusement des
arhres fruitiers et de leurs délicieux pro-
duits, dont nous reconnaissons toute l’im-
portance pour la France, ce climat si favo-
rable à ce genre de culture;, nous étions
bien loin de nous attendre que cette partie
d’Ambrosia, soit de tous autres fraisiers,
je m’en serais aperçu et que j’aurais dû me
les procurer. L’observation me semble inso-
lite.
May Quen. — Ce fraisier ne m’a jamais
rendu plus de 300 à 400 grammes de Iraises
par mètre carré. — Est-ce ce que M. Gloëde
appelle de la fertilité?
Je crois avoir répondu à toutes les objec-
tions de M. Gloëde. Je ne l’aurais pas fait
si je ne l’eusse pas connu; car, fort de mon
expérience, j’y aurais peut-être vu autre
chose que des objections. Quoiqu’il en soit,
je ne suis pas l’homme de la polémique, et
je m’abstiendrai à l’avenir, s’il lui convient,
de suivre cette discussion, car elle devien-
drait sans intérêt.
S’il y a des divergences d’opinions entre
nous, cela tient sans doute au sol, au mode
de culture. Raison de plus pour s’abstenir
dé tout commentaire et de tout jugement
arrêté à l’avance.
M. Gloëde me trouve trop sévère sur le
choix des variétés. Cela peut être vrai ;
maisjQnelt suis pas moins pour celles que
je produis moi-même. J’ai fait arracher et
jeter l’an dernier plusieurs fraisiers de se-
mis qui avaient, certainement, plus de mé-
rite que plusieurs qu’il recommande ou
admet, et cela, parce qu’ils ne rentraient
pas dans le cadre que je me suis tracé.
J’ai pris pour règle de n’admettre que
des fraisiers pouvant végéter passablement
dans tous les sols, et particulièrement dans
les terrains secs, maigres et chauds, et
dont les fruits soient de grosseur moyenne
P moins et de bonne qualité. Hors de là,
je n’admets rien. Il ne faut pas que le nom-
bre des fraisiers augmente capricieusement
et inutilement. Il faut qü’une variété ait des
caractères distinctifs bien dessinés pour
qu’elle ait le droit de figurer dans nos cul-
tures et sur nos listes.
Cette discussion prouve une fois de plus
combien le travail de la commission de cul-
ture potagère est inutile. -
F. Lebeuf,
Horliculteur fraisiériste à Argenleuil.
lUITS NOUVEAUX.
du domaine de l’horticulture prendrait auss
vite faveur. Nous étions surtout très-éloigné
de penser que cette question arriverait à
passionner quelques hommes au point de
les pousser dans une polémique qui, je le
regrette autant qu’un autre , ne reste pas
toujours dans les sages bornes de la discus-
sion.
Nous avons souvent. Monsieur, été tenté
de nous écrier aussi :
La paix, la paix, mes bons amis,
Vivez heureux, soyez unis.
218
SUR QUELQUES FRUITS NOUVEAUX.
C’est dans cette pensée de conciliation
que nous vous adressons cette lettre, espé-
rant qu’elle pourra tempérer l’ardeur de
quelques esprits en établissant solidement,
autant que possible, le terrain de la question.
Dans la chronique de la Revue horticole
du 15 janvier dernier, vous donnez une let-
tre de M. Michelin, dont, peut-être par man-
que d’intelligence, nous n’avons pas compris
l’intérêt qu’elle pourrait avoir pour vos lec-
teurs?
L’auteur commence par y dire que l’expé-
rience lui a appris « qu’on s’expose à de
graves mécomptes lorsqu’on se prononce
d’une manière trop prompte et exclusive sur
des fruits nouveaux, parce que les mêmes
variétés, sous l’infiuence du sol, de l’expo-
sition du climat et même de la culture of-
frent des différences qui déconcertent ceux
qui se croyaient autorisés à être sûrs d'eux-
mêmes. y>
Nous nous sommes permis de souligner
le dernier membre de phrase pour attirer
davantage l’attention de vos lecteurs.
Il y a bien peu de personnes, mon cher
Monsieur, qui, possédant un jardin, si petit
qu’il soit, n’aient pas été à même, sans
une longue expérience, d’apprendre que les
fruits ne sont pas toujours aussi bons dans
un terrain que dans l’autre, même sous le
même climat; que la température variable
des saisons les rendait alternativement
mauvais, médiocres ou bons.
Que les fruits venus sur arbres en espa-
lier varient beaucoup en qualité avec ceux
venus sur des sujets isolés, en pyramide,
buisson ou en plein vent, -qui ont, le plus
souvent, un peu plus ou moins de qualité
très-sensible; que par conséquent, du midi
au nord, de l’est à l’ouest, à cent, deux
cents lieues de distance, sousl’inflence d’un
soleil dont les rayons tamisés à peine au
travers des brumes et des brouillards, sont
très-insuffisants pour réchauffer la terre re-
froidie par de longues nuits humides, ou sous
celle d’un soleil ardent, brûlant même, qui,
dans un instant, absorbe quelques gouttes
de rosée, les fruits ne peuvent avoir même
valeur, même goût, même parfum.
Tout cela paraît si naturel, qu’il ne tombe
pas sous le sens qu’on puisse agir ou pen-
ser sans donner raison à ce principe.
C’est ce dont, selon nous, M. Michelin ne
s’est pas assez pénétré. Ce dont il ne
parle pas, c’est de la modification qu’é-
prouve la qualité des fruits par le trans-
port ; le temps plus ou moins long que dure
le voyage, la manière dont ont été faits les
emballages et les substances dans lesquelles
ils ont été enfermés; puis le lieu, l’air
chaud ou froid oû ils ont été tenus depuis
l’époque de la cueillette jusqu’au jour bien
observé de la maturation; tout cela agit
pourtant beaucoup sur la qualité des fruits
récoltés non-seulement en même lieu ,
mais encore sur ceux venus sur un même
arbre.
Toute cette petite science, presque de
ménagère, s’acquiert. Monsieur, par de lon-
gues, patientes et attentives observations
qui ne sont pas toujours très-amusantes.
Selon nous, tout faible mortel y peut
arriver, comme à décrire un fruit qu’il a
trouvé beau et bon, laid et mauvais; bon et
laid, ou laid et bon, car tout cela se ren-
contre dans les jeux de la nature.
Nous croyons pouvoir encf>re avancer une
autre proposition, savoir ; qu’un fruit qui
aura été trouvé bon dans une condition qui
lui était favorable, pourra toujours être re-
trouvé bon dans une condition semblable on
à peu près pareille. Cela est très-logique;
il ne s’agira donc que de trouver pour l’ar-
bre qui doit le reproduire une condition
identique. Comment obtenir cela, si ce n’est
par l’expérience qu’on en pourra faire?
Oû donc serait le grave inconvénient que
trouveraient contre eux les descripteurs et
les cultivateurs confiants dans leur œuvre
quand ils sont sincères.
Or, que fait ou doit faire la personne qui
veut décrire un fruit? Elle le déguste et ex-
prime le mieux possible ses impressions; si
le fruit a paru bon, elle le dit; mais si au
contraire le fruit a été trouvé mauvais ou
très-médiocre, il est bien constant que i’ob-
servateur-descripteur n’aura pas manqu ^
d’en prendre note et de suspendre cons^^
ciencieusement son jugement, s’il a quel-
que soin de sa dignité personnelle.
Avant de déduire d’autre raisonnement,
il nous faut encore parler d’une grave ques-
tion selon nous : des goûts^ qui diffèrent si
souvent. Les uns aiment et préfèrent les
goûts vineux, relevés, musqués; on dit
même que celui de l’acide formique a aussi
ses partisans, ce que, par parenthèse, nous
trouvons assez bizarre. D’autres préfèrentune
eau abondante, d’un goût agréable, plus ou
moins sucrée et parfumée, de ce je ne sais
quoi qui n’a pas de nom, que nous trouvons
délicieux comme devait être cette ambroisie
tant aimée et tant aimée des Dieux qui la
buvaient. Mais hélas !
Des goûts et des couleurs
On ne peut disputer!
Nous en arrivons à ce dont il ne faut
pas sortir : tel fruit est-il bon dans telles
conditions, est-il mauvais dans d’autres? Et
nous disons qu’il n’est pas de bon fruit qui
ne puisse devenir au moins médiocre, mais
qu’il n’est pas de fruit mauvais qui puisse
devenir bon. Cela étant, si nous sommes dans
le vrai et si, quand nous le disons, mon cher
directeur, nous cherchons avant tout à être
logique, c’est la base du travail; c’est bà de
l’étude et le point de départ.
A quoi rime donc ce que dit M. Michelin
bUR QUELQUES FRUITS NOUVEAUX.
l’auteur de la lettre : « A mon sens, les
meilleurs juges en matière de fruits sont
les praticiens veuus de divers pays, appor-
tant le produit de leurs propres observa-
tions et faisant justice de l’enthousiasme,
de l’ignorance, du parti pris, et enfin se
fondant sur des éléments puisés à des sour-
ces différentes. »
D’abord, la phrase n’aurait-elle pas été
aussi ronde, sans ces trois mots, plus gros
que grands : V enthousiasme, IHgnorance, le
parti pris?
Pardonnez-nous si nous vous faisons une
question : Ne trouvez-vous pas qu’il s’y
trouve, comme elle est complétée, un peu de
parti pris? C’est peut-être une énigme qu’on
nous propose; nous aimerions mieux n’y
voir que cela. Espérons que l’auteur vou-
dra bien l’oxpliquer.
Au surplus, ce que nous voulons bien ad-
mettre, si on n’a voulu nous présenter ainsi
la figure d’une énigme, ce ne sera pas la
seule que contienne la lettre de M. Michelin.
Lisez plutôt, je reproduis : c( Les jugements
isolés sur les fruits sont dangereux; n’ai-je pas
vu, il n’y a pas longtemps, dans les colonnes
de la Revue horticole, qu’un auteur dont les
écrits nombreux prouvent le talent, présen-
tait cornme parfaite une nouvelle Poire, su-
perbe, il est vrai, mais que mes collègues,
tous très-compétents, à deux reprises, trou-
vèrent^ presque médiocre quant au goût ,
malgré le regret qu’ils éprouvaient d’être
en contradiction flagrante avec un jugement
trop promptement publié dans un journal
sérieux comme le vôtre. »
Vous le voyez, mon cher Monsieur, voilà
encore deux énigmes, et qui plus est, une
pilule assez mauvaise, servie entre deux
verres d’eau sucrée ou de limonade, au
choix, sans doute. Nous nous y connaissons
nialheureusement aussi bien qu’un autre en
pilules, grâce à notre cher docteur, et nous
pouvons vous assurer que celle-ci sera dif-
ficile à passer dans le gosier duquel elle est
destinée. Aussi nous voudrions connaître le
pauvre auteur, qu’un voile assez épais nous
cache encore, pour lui donner quelque cou-
rage, nous qui en avalons tant et de tous les
goûts, de toutes les couleurs, mais, il est
vrai, pour de trop bonnes raisons.
Mais revenons aux énigmes ; nous croyons,
mon cher Monsieur, que vos lecteurs n’en
sont pas très-flattés ; ce sont, pour la plu-
part, des hommes positifs, et ils auraient
mieux aimé qu’on leur eut servi le nom du
coupable et celui de cette pauvre Poire,
trouvée presque, médiocre par les collègues
de M. Michelin; (dont nous ne voulons pas
douter un instant). Mais comment décou-
vrir cette Poire parmi toutes celles dont vos
belles planches ont fait venir l’eau à la bou-
che d’un certain nombre d’entre eux?
Qu’ils ne se tourmentent pas trop, et que
M. Michelin se console, l’expérience ap-
prendra, n’en douions pas, qu’un fruit re-
connu bon une fois, mauvais l’autre, rede-
viendra bon. Mais qu’entend M. le secré-
taire adjoint du comité d’arboriculture de
la bociété centrale d’horticulture par le mot
praticien?
Nous lions connaissons en horticulture,
les horticulteurs amateurs, et les horticul-
teurs marchands pépiniéristes; c’est cette
dei niere classe qu on désigné ordinairement
par le nom de praticiens^
S’il en est ainsi, il faudrait donc admettre
qu i! serait absolument nécessaire d’être
cuisinier pour bien juger des mets servis
dans un bon dîner. Hors, combien parmis
les convives auxquels on présente un bon
repas, fussent-ils des gastronomes émérites,
et, comme disait le fameux professeur
en cette matière, sachant hien manger, se-
raient capables de faire seulement un sal-
mis?
N’en doit-il pas être de même pour la
dégustation des fruits que pour celle des
apprêts culinaires? Le bon goût ne suffit-il
pas pour bien juger; et tout cela n’est-il
pas logique?
Consolez-vous, mon cher Monsieur, de la '
petite pilule qu’on vous administre; nous
allons vous la dorer, de manière aussi à
vous la faire facilement passer ?
Quand nous avons eu l’audace, malgré
les dangers que nous pouvions courir, de
donner les premières descriptions de fruits
nouveaux; cela, nous devons le confesser,
nous est arrivé un assez bon nombre de
fois, nous n’avons pas eu trop à nous en re-
pentir.
Nous avons, il est vrai, apporté dans ces
descriptions, ou plutôt ces désignations
SUCCINCTES, toute retenue, franchise et
loyauté ; nous avons laissé parler à l’aise
nos yeux et notre goût, qui, heureusement,
sont restés bons. Il en est ainsi sans doute
de nos confrères? Vous allez voir que notre
mémoire n’est pas trop mauvaise non plus,
car nous allons nous servir d’elle pour vous
prouver que les jugements isolés peuvent
trouver assez souvent de l’écho, même
parmi les hommes très-compétents.
Nous avons patronné fortement le Beurré
Ctairgeau, le Beurré de Nantes, il y a de
cela quelque douze ans ; le premier de ces
fruits a obtenu un premier prix, le second
un deuxième prix de la Société d’horticul-
ture de la Seine aux Expositions de 1853
et 1854-. Le Besi Quessoy d'été nous a valu,
pour sa présentation, une médaille à hi
grande Exposition de 1855 de la Société
centrale.
J. DE LiRON D’AIROLES
(La suite prochainement.)
REVUE COMMERCIALE (DEUXIÈME QUINZAINE DE MAI),
Légumes fi'ais. — 1^" ^ de la hausse en
général pendant la seconde quinzaine de mai
sur les prix des légumes vendus à la halle de
Paris. Les Panais se vendent de 24 à 32 fr. les
100 hottes, avec 4 fr. d’augmentation pour le
plus haut prix. — Les Navets nouveaux valent
de 30 à 70 fr. les 100 hottes au lieu de 20 à
25 fr. ; ceux vendus à l’hectolitre coûtent moins
cher qu’il V a quinze jours; ils sont côtés 5 à
12 fr. — Ces Carottes nouvelles se paient de
35 à 80 fr. et celles pour chevaux de 14 à 22 fr.
l’hectolitre. — Les Choux valent de 10 à 28 fr.
le 100; les Choux-fleurs de Paris 50 à 100 fr.
avec une hausse de 100 p. KiO. — On cote
les Oignons nouveaux 25 à 40 fr. les 100 Lot-
ies, et les anciens vendus en grains 20 à 30 à
l’hectolitre. — Les Poireaux valent de 25 a
40 fr. les 100 bottes. — Les Artichauts se ven-
dent de 28 à 31 fr. le 100; les Asperges de
châssis Of.75 h 10 fr. la botte; les Radis roses
de Of.30 à 0f.50 la hotte; les Haricots verts,
lf.75 à 2f.751e kilogr.; les petits pois de lf.25
à lf.75 le litre. — Les Champignons valent
toujours 0f.05 à Of.lO le maniveau.
Herbes et assaisonnements. • — Les Epinards,
après avoir subi une hausse assez forte, valent
aujourd’hui de 0f.20 à 0f.40 le paquet. — L 0-
seille se vend de 0f.30 à Of.60, comme il y a
quinze jours. — Le Persil et le Cerfeuil ont di-
minué de prix; le premier se paie de 0f.05 à
Of.lO et le second de 0f.20 à 0f.30 la hotte. —
Toutes les autres denrées de cette série ont
conservé leurs cours de la première quinzaine
de mai : Ail, 2 à 5 fr. le paquet de 25 hottes ;
Ciboules, 0f.l5 à 0f.20 la hotte; Thym et Pim-
prenelle, Ot’.lO à 0f.20. Appétits, Of.lO à
Üf.l5; Estragon, 0f.20 à0f.50; Echalotte, 0f.40
à Of 70.
Salades. — La Chicorée frisée ordinaire est
augmentée depuis quinze jours, on la vend 10 fr.
le 100 au lieu de 5 fr. ; son prix maximum est
toujours de 14 fr. — Le Cresson ordinaire se
vend de 0f.40 à 1 fr. la hotte de 12 hottes_. —
La Chicorée blanche vaut de 0f.20 à Of.25 la
Lotte, avec 0f.05 de baisse. — La Romaine
conserve son prix de 0f.30 à Of.60 la hotte de
4 têtes, et la Laitue celui de 2 à 6 fr. le 100.
Fruits frais. — Le Chasselas de serre est
cotée aujourd’hui de 12 à 14 fr. le kilogramme.
— Les Fraises se vendent de 0f.l5 à 0f.2o le
pot et de 1 fr. à 2f.25 le panier.
Fleurs et plantes. — Lèvent sec et violent
qui a régné depuis le commencement de cette
quinzaine a été très-préjudiciable aux plantes
et notamment cà celles qui sortent de serre. Les
marchands de fleurs s’en plaignent d autant plus
que ce vent, très-froid la nuit, soulèvent dans
le jour des nuages de poussière qui défraîchis-
sent et fatiguent leur marchandise. Aoici les
prix de la mercuriale du 24 mai au quai aux
Fleurs : . , • r ,
Plantes fleuries en pots. — Anthémis Irutes-
cent 0f.50 à 2f.50. — Azalées de l’Inde et d A-
méri’que, 21.50 à 5 fr. — Agératum, Of.25 à
0P.75. -- Adonide,0f.25à 0f.50. — Anémones,
Of.25 à 0f.50. — Auhrietia deltoïdea, 0f.l5 à
Qf -25. — Ammobium alatum, 0f.50 à Of.75. —
bouton d’Or, 0f.40 à 0f.5J. — bleuet vivace,
0f.40 à 0f.50. — belle de jour, 0f.30 à Of. /o.
— benoîte écarlate, 0f.40 à Of.50. — Boule de
neige, Of.75 à lf.25. — Citronnier du Japon,
1 fr. à lf.50. — Ceanolhus, lf.25 à 2 fr. —
Chèvrefeuille, Of.75 à lf.25. — Cinéraire hy-
bride, 0f.30 à 1 -fr. — Centranthus macrosi-
phon, 0f.50 cà Of.75. — Clématite, 1f.50 à 21.50.
— Collomia coccinea, 0f.30 à 0f.50. — Collin-
sia, 0f.30 à Of.75. — Cuphea, 01.25 à 01.75. —
Calcéolaires herbacées, lf.25 à lf.50. — Cam-
panule à bouquets, Of.75 à 1 fr. — Cereus fla-
gelliformis, 2 à 5 fr. — Capucine de Lobb, 1
à 2 fr. — Cactus, lf.50 à 5 fr. — Calcéolaires
ligneuses, Of.75 à 2f.50. — Deutzia gracilis et
sccabra, Of.75 cà lf.25. — Dahlias, lf.25 cà lf.50.
— Diosma, 1 fr. à lf.50. — Delplmnum vivace,
0f.50 cà Of.75. — Ratura arhorea, If 50 à 5 fr.
— Echeveria, 0f.50 à 1 fr. — Erica, 0f.50 à
^jf.50 _ Fuchsia, Of.25 à lf.50. — Fabiana ini-
bricala, 1 fr. à lf.50. — Ficoïde à grcandes
fleurs roses, Of.75 à lf.25. — Gardénia, 2 fr. à
2f.50. — Genêt à balais, 0f.50 à Of.75; à grap-
pes, Of.75 à 1 fr. — Gazon turc, 0f.15 à Of.25.
— Géranium à feuilles de lierre, 1 2 fr. —
Gentiane à grande fleur, 0f.30 à Of.75. — Gyp-
sophile élégante, 0f.30 à Of.75. — Géranium
rosat, Of.35 à 1 fr. — Giroflées, 01.25 à Of.75.
— Géranium zonal et inquinans, Of.25 à 0f.50.
— Héliotropes, Of.25 à 1 fr. — Hortensia, lf.50
à 3 fr. — Hoteia, lf.50 à 3f.50. — Héméro-
calle lis jaune, 0f.50 à bf. 75. — Jasmin blanc,
0f.50 à 1 fr; — Julienne double, 0f.30 à Of.75.
— Iris à rhizomes, 0f.50 à 1 fr. — Kahnia, 2 à
5 fr. — Lin vivace, 0f.30 à Of.75. — Laurier
rose, 2f.50 à 10 fr. — Lobelia erinus, Of.25 à
0f.50. — Lupin vivace, Cf.75 à 1 fr. — Myrte,
lf.50 à 3 fr. — Magnolia, 3 à 10 fr. — Mi-
mulus, 0f.50 à Of.75. — Metrosideros, 2 à 3 fr.
— Myosotis, Of.25 à Of.75. — Nemophila, 0f.40
à Of.75. — Œillets de poëte, Of.25 à 0f.50. —
Œillets Flon, 0f.50 à Of.75; remontants, 1 fr. à
lf.50. — Orangers, 21.50 à 10 fr. — Oxalis
rose, Of.75 à 1 fr. — Pélargonium, lf.50 à 5 fr.
Pois de senteur, 0f.40 à Of.75. — Pétunia,
0f.30 à Of.75. — Pivoine de Chine, 1 à 2 fr. —
Pensées, 0f.25à 0f.50. — Phyllocactus, lf.50 à
3 fr. _ Pittosporum, If 50 à 3 fr. —Pervenche
de Madagascar, Of.60 à 1 fr. Phlox Drummondii,
Of.50 à Of.75. — Primula, lf.50 à 2 fr. — Pas-
siflore, Of.75 à lf.50. Pentstemon, Of.75 à 1 fr.
— Pâquerette, 0f.20 à 0f.30. — Rosiers re-
montants, 1 fr. à2f.50. — Rosiers miss Lawrence,
Of.25 à 0f.50. — Rhododendron 2 à 5 fr. —
Réséda, 0f.50 à lf.25. — Renoncule, Of.25 à
0f.50. — Verveine, 0f.30 à 0f.50. — Véronique,
Of.75 à lf.50. — AVeigelia, 1 fr. à lf.25. —
Vucca, 2f.50 à 5 et 10 francs.
Plantes vertes et à feuillage en pots. —
Phormium, 3 à 10 fr. — Yucca, lf.50 à 5 fr. —
Dracœna, lf.50 à 5 fr. — bégonia, 0f.50 à lf.50.
— Agave, lf.50 à 5 fr. — .Aloès, 0f.50 à 2f.50.
— Fougères, Of 50 à lf.50. — Ficus elastica,
lf.50 à 15 fr. — Palmiers, 5 à 25 fr. — Aspi-
distra, 2f.50 à 10 fr. — Isolepis gracilis, Of.75
à lf.25. — Tradescantia; Of.50 à Of.75 — Cras-
sula lucida, 01.50 à lf.50. — Lycopodes,0f.50 à
Of.75. — Pervenche panachée; 0f.50 à 1 fr. —
Basilic petit, Of.25 à 0f.40. — Coleus,^ 0f.50 à
1 fr. — Achyranthes Verschalfeltn, 0f.50 à 1 fr.
— Cobœa scandens, 0f.l5 à Of.25. — Canna,
5f.75 à 11.50.
A.Ferlet,
CIinONIQUE HORTICOLE
(PREMIÈRE QUINZAINE DE JUIN)
Chaleur excessive et orages fréquents. — Lettre de M. Carbou sur les dégâts causés nar la irrêle à
'u Mulhouse, de Metz^ - ProcLiies ExprS’sItions
me. a Lemaire a propos de I tclanocaotm cacUeAianm. - Les insectes et la Compagnie du cimrnin
de fer de Sceaux — Lettre de M. André sur la destruction des chenilles. — Rorines étiau”ettes de ianJin
— 1 rocede de M. Touzet pour fabriquer les étiquettes. — Mort de M. W. Stephens — Nomination dé
âgricolr'déYcauva” “'‘•■'t'ûriculture fruitière de l’Ecole' normale ‘et de l’InstUu't
I Depuis quelques jours l’été astronomi-
que va commencer. Mais l’été météorologi-
que est déjà venu nous faire sentir ses
chaleurs excessives. Depuis le 5 juin, on
se croirait en pleine canicule. Ileureuse-
rnent pour la végétation, que cette éléva-
tion de température est accompagnée de
1 pluies encore assez fréquentes, car la
î saison se montre orageuse en même
I temps que chaude. Le mois de mai déjà
I avait été remarquable par un assez grand
nombre d’orages, dont quelques-uns mal-
heureusement ont causé de grands domma-
ges à l’horticulture. Les détails que nous
donne M. Carbou relatifs à un de ces météo-
res qui a éclaté sur Carcassonne, sont vrai-
ment navrants, ^'os lecteurs le liront avec
d’autant plus de peine que l’une des princi-
I pales victimes du fléau est un de nos corres-
' pondants, M. Roux, l’obtenteur et le pro-
moteur de l’excellente Poire Roux Carcas.
Voici la lettre de M. Carbou :
j « Carcassonne, le 20 mai 1866.
« Monsieur le directeur,
« Dans bon nombre de localités de notre ré-
gion méridionale, les orages, mêlés de grêles,
sont venus faire éprouver des pertes notables
aux horticulteurs, qui, celte année, comptaient
déjà sur une récolte très-avantageuse.
« Après un hiver doux et sec, les produits
maraîchers avaient bonne apparence, les arbres
fruitiers donnaient aussi de bonnes espérances
aux pornidulteurs, les \ ignés promettaient aussi
' d’excellent résultats et semblaient celte année
défier toute maladie. Mais, par un de ces effets
dont la Providence seule se résen’e le dénoû-
rnent^ toutes ces belles espérances ont été dé-
truites, car, un affreux sinistre s’étant abattu
' d’une façon extraordinaire sur nos campagnes
et nos jardins, les a réduits dans un état^dé-
plorable. C’était un ouragan mêlé d’une énor-
me quantité de grêle, qui sévit avec une rapi-
dité incroyable. Plusieurs centaines d’arbres
fruitiers d’une grosseur prodigieuse furent
arrachés, et les branches, triturées en quelque
sorte, furent jetées au loin; sur une promenade,
des^ arbres centenaires furent, les uns décapités
au premier étage des branches, d’autres coupés
rez terre, d’autres enfin arrachés complète-
ment avec leurs racines hérissées. Il semblait
que la nature entière allait rentrer dans le néant.
Mais, ce qui a le plus souffert, ce sont nos jar-
dins et nos pépinières, notamment le beau jar-
din fruitier de l’un de nos plus zélés pornicul-
teur, M. Pioux, chez lequel le mal paraît irrépa-
<r Mais jetons vite un voile sur ces déplorables
faits, qui nous brisent le cœur, et consolons-
nous un peu en visitant les quelques jardins
épargnés par le sinistre, où l’on remarque
d abord une abondante récolte de Fraises très-
belles et bien parfumées, principalement des
Quatre-Saisons, qui sont toujours les plus re-
cherchées de nos gourmets. Les Fraises an-
glaises commencent aussi à se répandre dans
nos cultures ; on en trouve, dans qiieLjues jar-
dins d amateurs, des spécimens d’une grosseur
prodigieuse.
« Les Poires ont aussi une belle apparence
surtout les Beurrés Clairgeau, Duchesse d’An-
goulêrne. Bon Chrétien Williams, etc. ; les Prunes
Reine Claude ordinaires sont magnifiques, ainsi
que celles de Bavay. Nos confiseurs pourront
en faire leurs profits. Les Pommes très-abon-
dantes l’an dernier, sont assez rares cette an-
née; les Raisins de table, chasselas, muscat, etc.,
se présentent d’une façon merveilleuse ; les Fi-
gues de première saison sont très-abondantes.
Les Coings communs ont souffert de quelques
intempéries qui en ont fait tomber un bon nom-
bre; les Portugal sont très-beaux. La récolte
des Cerises est très-abondante. Nos Abricots
sont rares, mais ceux qui restent seront beaux.
« En somme, nos fruits cette année offrent
de belles espérances (sauf ceux qui ont été grê-
lés et lenornbre en est considéranle), rnaisnous
sommes toujours dans les angoisses, craignant
au moindre des orages, dont la fréquence nous
effraye, de voir détruire nos récoltes.
« Veuillez agréer, etc.
« J. -B. C.VRBOU. >
— Nous recevons de tous côtés des nou-
velles des expositions printanières qui vien-
nent d’avoir lieu ou qui ont lieu en ce
moment. Celle qui a accompagné à Stras-
bourg le concours régional agricole, a été
très-briHante, en dépit de la température
qui ne s’était montrée rien moins que clé-
mente pendant le commencement du
mois de mai. Malgré cela, l’habileté des
horticulteurs strasbourgeois et l’activité du
président de leur société d’horticulture ,
M.Silberman, ont triomphé de tous les obs-
tacles, et ils ont réussi à faire une exposi-
tion très-remarquable.
A Laon, l’exposition horticole qui venait
aussi ajouter à l’éclat d’un concours régio-
nal était très-modeste. Mais il faut dire "que
le chef-lieu de l’Aisne ne possède ni société
d’horticulture, ni établissements horticoles
importants, et que l’exhibition était com-
posée aves les lots d’amateurs et de quelques
horticulteurs qui avaient bien voulu venir des
16 JUL\ 18GG.
12.
I
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUIN).
localités environnantes. On voit combien de
difficultés a dû vaincre M. Ernest Maréchal,
qui avait organisé cette solennité intéres-
sante. Souhaitons -lui comme récompense
qu’elle ait ranimé le goût du public laonnais
pour les fleurs, et quelle soit le point de
départ d’une association qui excitera le pro-
grès d’une manière permanente. _
L’exposition de Mulhouse réunissait de la
façon la plus charmante l’agréable et l’utile.
A coté de beaux lots de fleurs, oû brillaient
surtout les Géraniums, les Rhododendrons
et les Azalées, on y remarquait des fruits en
parfaite maturité : Pêches, Abricots, Reines-
Claudes, Mirabelles, Groseilles, Framboises,
etc., provenant du domaine d’Isembourg,
près Rouffacb, propriété de M. Jourdain,
d’Altkircb. On y admirait aussi une belle
exhibition de produits de la culture maraî-
chère, qui montraient l’immense progrès
accompli par les jardiniers du Ras-Rhin
dans cette branche de l’horticulture. La
Société a récompensé très-libéralement les
neufs exposants qui avaient pris part à ce
concours avec tant de succès.
La liste des prix de l’exposition de Metz,
que nous avons sous les yeux, nous montre
également combien l’art des jardins est en
honneur dans notre pays natal. _ La place
nous manque pour donner en entier la lon-
gue énumération de tous les lauréats. Yoici
seulement les noms de ceux qui ont obtenu
les principales récompenses :
fleurs. — MéJaille de vermeil très -grand mo-
dule, à M. Croiisse, horticulteur à Nancy, pour une
collection très-remarquable de plantes de serre
chaude de nouvelle introduction, et de plantes à
lèuillage d’une très-belle végétation. — Médaille
d’argent grand module, au même, pour une collec-
tion de l'ivoines en arbre. — Médaille d’argent
grand module, à M. Gloriot, horticulteur à Nancy,
jio'ur un lot de plantes à feuillage ornemental de
serre chaude et tempérée, et d’Azaléeset Rhododen-
drons. — Médaille d’argent grand module, à M. E.
Pécheur, horticulteur-maraîcher, à Devant les-Ponts,
jiour un lût de Pelargoniums, Azalées, Rhododen-
drons et Calcéolaires. — Rappel de médaille d’argent
grand module, à M. L’huillier, horticulteur à Nancy,
pour une collection de Pétunias doubles ou simples.
Arbres. — Médaille de vermeil à M. Lejaille,
pépiniériste à Moulins-lès-Metz, pour une collection
de Conifères,
Lèijiimes. — Médaille d’argent moyen module,^ à
M. bardaine-Rernanose, maraîcher à Montigny-lès-
Metz, pour un lot de Laitue, Choux-fleurs, Asperges,
Haricots et Pois.
Fniiis. — Médaille d’argent moyen module, a
M. Lafeuillade, jardinier chezM .Limbourg, pour un
t ailier de Fraises Marguerite Lèbreton .
Objets se rapportant « l’hortieullure. — Mé-
daille de vermeil, à M Pantz, entrepreneur de ser-
rurerie, pour son exposition, kiosque : serre, jardi-
nières, chaises, bancs, etc.
Rappel de médaille de vermeil à M. Theveny, cou-
telier à Metz, pour un lot d’instrument propres à
l’horticulture.
Eh même temps que se font les exposi-
tions priulaiiières, ou prépare les program-
mes de celles qui devront nous montrer les
trésors de l’été et do rautomue. Nous avons
reçu les annonces de trois exhibitions qui se
tiendront à Montpellier, du 2 au 5 septem-
bre, à Rordeaux, du 6 au 9 septembre, et
à La Haye, du 15 au 18 du même mois.
Pour la première, l’honorable président de
la Société d’horticulture de l’Hérault, M. E.
Doûmet, vient de publier une circulaire dans
laquelle il fait appel à la bonne volonté des
amateurs et horticulteurs de tous les pays.
c( Afin d’encourager, dit- il, au même titre
tous les genres de culture, le conseil de la
Société (mntinue à ne pas restreindre les
concours dans les limites d’un programme
arrêté d’avance. Aucune culture ne sera
donc exclue, et le jury sera seul juge du
mérite des lots et des récompenses à dé-
cerner. — La richesse ou le choix dans les
les collections, une culture bien entendue,
le développement inusité d’un ou plusieurs
sujets, une floraison luxuriante ou s’éloi-
gnant de Fépoque normale, par suite d’un
traitement particulier, une introduction
nouvelle, un gain méritant, seront toujours
prisés et récompensés à leur juste valeur. »
Voilà certes une manière large et libérale
d’entendre les encouragements donnés au
mérite horticole, et nous ne voyons pas ce
qui empêcherait les Sociétés de l’adopter
dans leurs expositions. H en résulterait dans
la physionomie générale de celles-ci une
variété pittoresque qui ne nuirait pas à
l’effet de l’ensemble.
Nous ne repoussons pas, malgré ce que
nous venons de dire, les programmes rédi-
gés à l’avance, quand ils sont intelligem-
ment conçus et qu’ils ont pour but seule-
ment de guider les travaux des futurs ex-
posants sans leur imposer des conditions
gênantes. Celui de la Société de la Gironde,
pour son exposition du G septembre, est
dans ce cas. H ouvre des concours de pro-
duits maraîchers, de fruits, d’arboriculture,
de fleurs et plantes d’ornement, d’horticul-
ture artistique etindustrielle, de publications
horticoles; il récompense les services des jar-
diniers, et règle les visites de commissions
spéciales chez les horticulteurs. H fait appel
à tous les horticulteurs, et à toutes les socié-
tés horticoles de France et de l’étranger, et
même aux associations ou exploitations
analogues, quel que soit leur caractère ou
le nom sous lequel elles se présentent (so-
ciétés d’agriculture ou d’acclimatation, co-
mices horücoles ou agricoles, fermes-écoles ,
jardins publics ou impériaux, etc.) — Les
directeurs et jardiniers en chef des jardins
publics et impériaux, fermes-écoles, jar-
dins appartenant à des sociétés et à des co-
mices, etc., pourront, s’il y a lieu, recevoir
des récompenses pour l’introduction ou la
bonne direction donnée à la culture des
plantes rares, nouvelles ou précieuses, mais
n’en obtiendront jamais pour les collections
exposées. On voit combien il y a peu de
.J
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUIN).
restriclioiis dans cet excellent programme,
qui équivaut presque à Tabseuce de pro-
gramme de la Société de l’Hérault.
— Eu Angleterre, l’exposition interna-
tionale de Londres a accaparé tout l’intérêt
de la dernière quinzaine. On trouvera plus
loin (page 2^3) le commencement du compte
rendu de notre collaborateur M. André, sur
cette solennité, qui, outre son succès horti-
cole, a obtenu, dit le Gardcners' Chronide,
un très-beau succès matériel. Le nombre
des visiteurs a été plus considérable qu’on
n’aurait même osé l’espérer; le jardin de
Kensington a reçu, en quatre jours, environ
82,000 personnes.
— Maintenant qu’est terminée la grande
solennité internationale, on parle beaucoup
d’une exposition remarquable de Rododen-
qui doit s’ouvrir dans le jardin de la
Société royale d’horticulture, à South-Ken-
sington. Ces plantes, qui sont la propriété
de MM. Waterer et Godfrey, sont actüelle-
lement en pleine floraison. On y annonce
la présence de spécimens nouveaux et de
toute beauté.
— Quand il s’agit de faire triompher une
idée, les uns font appel à l’esprit des hom-
mes — c’est le moyen des concours régio-
naux et internationaux ; — les autres s’a-
dressent à la femme et à l’enfant. Cette se-
conde tentative est peut-être plus efficace;
c’est elle qui est faite à l’heure qu’il est en
Angleterre. Nous apprenons dit le Garde-
ners^ Chronide^ qu’on fait en ce moment
un essai sérieux pour imposer à lajeunesse
irlandaise le goût de l’horticulture. L’école
de Nelson Lane de Dublin, ouverte spécia-
lement pour les apprentis et les domesti-
ques des deux sexes, sera le siège d’une
exposition florale, le 31 août 1866. Des prix
considérables seront attribués à la meil-
leure et à la plus heureuse culture des Gé-
raniums, des Pélargoniuins et d’autres plan-
tes que l’on spécifiera ultérierement. Des
ré^^ompenses seront également accordées
pour les bouquets. Les prix consisteront en
médailles et en plantes de prix.
^ D’un autre côté, l’Exposition de plantes
d appartement cultivées par des femmes va
avoir lieu le 13 juin 1866. On se rappelle
que c’est aux propriétaires du Gardeners
Chronide que revient l’idée première de
cette ingénieuse institution. Cette exhibi-
tion était annoncée depuis la fin de 1865,
et, dans notre chronique de la première
quinzaine de décembre, nous en faisions
ressortir déjà la portée, le but et les condi-
tions.
— On sait que notre éminent collabora-
teur, M. Carrière, a préconisé à plusieurs
reprises dans ces colonnes le Dioscorea
Decaisneana, dont nous avons publié l’an-
née dernière la reproduction fidèle dans une
de nos planches coloriées (1865, page 111).
223
On trouvera plus loin, dans ce numéro
même (page 229), de nouvelles explications
du chef des pépinières du Muséum sur ce
légume intéressant. Voici maintenant M. Va-
vin, président de la Société d’agriculture et
d’horticulture de Pontoise, qui vient appe-
ler plus particulièrement l’attention sur le
Dioscorea Decaisneana, à propos d’une noie
contenue dans le dernier article de M. Nau-
din sur la naturalisation des végétaux exo-
tiques. M. Vavins’exprime en ces termes :
« Pontoise, le 5 juin 1866.
« Monsieur le directeur,
« Je lis dans une note ajoutée à un article
sur la naturalisation des végétaux exotiques,
(no du 1er juin, 2|2), que l’Igname de la
Chine {Dioscorea Japonica) « exige des tuteurs
pour soutenir ses tiges volubiles, faute de quoi,
ses tubercules ne prennent qu’un médiocre ac-
croisement. » Cultivant ce légume depuis son
introduction en France, je crois que c’est une
erreur; j’ai remarqué queles tubercules étaient
toutaussibeaux lorsqu’on laissait courir sur terre
les ftiges, qui, par ce moyen, conservent une
certaine fraîcheur au sol, ce qui est indispen-
sable pour avoir de beaux produits; au surplus,
ce mode de culture est appliqué à d’autres
plantes potagères, et ceux qui ont rabattu les
fanes des pommes de terre s’en sont toujours
bien trouvés. Quant à la main-d’œuvre, elle
est nulle. La grande difficulté est certainement
l’arrachage, qui est bien simplifié lorsqu’on a
le soin de faire une tranchée à mesure que le
besoin se fait sentir d’extraire des tubercules,
et si on recouvre de feuilles sèches l’excavation
Laite, ainsi que le terrain que recouvre l’Igname ;
il est facile alors de pouvoir en faire la réco^ie
tout l’hiver.
« Quant à sa conservation, je n’ai qu’une
chose à vous dire, c’est que j’ai présenté, ainsi
que mon collègue, le docteur Aubé, des Igna-
mes à la Société d’horticulture de Paris, qui
avaient 15 et 18 mois d’arrachage, et je puis
vous assurer que ceux qui les ont goûtés ont pu
se convaincre qu’elles avaient les mêmes qua-
lité culinaires que les racines qui venaient d’ê-
tre arrachées, et elles gagnent même lorsqu’on
ne les mange pas aussitôt retirées de terre.
(( L’auteur de l’article cité en tête de ma let-
tre pense que, « pour en faire une plante véri-
tablement utile, il aurait fallu créer des races
à tubercules raccourcis et volumineux, facile
en un mot à extraire du sol. »
« M. Ed. André, jardinier principal de la
Ville de Paris, et qui est en même temps un de
vos savants rédacteurs, vient de publier un in-
téressant volume, le Mouvement horticole, où
je lis ces mots, page 31 :
« L’Igname de (ihine se propage et s’amé-
liore, D et M. André ajoute ; « qu’on vient d’in-
troduire directement de Chine une espèce à
rhizome très-court, presque sphérique, comme
une pomme de terre; elle est mise au commerce
sous le nom de Dioscorea Decaisneana. »
Ayant eu l’heureuse chance d’en obtenir
directement de M. le professeur Decaisne, je
serai à même de constater de visu, si cette nou-
velle variété remplit les conditions nécessaires
22i
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUIN).
pour en faire une espèce d’une extraction plus
facile.
« En attendant ce résultat, la Société impériale
d’acclimatation, ^sur ma demande, a proposé,
dans sa séance publique du 23 mars dernier,
deux prix pour introduction ou obtention pen-
dant deux années successives d’une variété
d’igname de la Chine, joignant à sa qualité
supérieure un arrachage beaucoup plus facile.
Ce concours est ouvert jusqu’au décembre
1869. Il propose comme 1®‘‘ prix, une médaille
600 fr. et comme 2e prix une médaille de
de 400 fr.
« Vous voyez. Monsieur, qu’il existe encore
des partisans de cette plante alimentaire qui est
appelée à rendre de grands services, si on peut,
à force de semis, obtenir une variété moins
pivotante, ce qui ne me semble pas très-facile,
car j’ai remarqué avec peine que dans les nom-
breux semis que j’ai faits jusqu’à ^ce jour, j’ai
toujours obtenu la même espèce, si ce n’est un
pied femelle dont malheureusement les graines
ne peuvent arriver à maturité sous le climat de
Paris; il faut donc les faire venir soit de Chine,
soit d’Algérie.
« Veuillez agréer, etc.
« Eue. Vavin. »
Président de la Soc. d’agric. et d'hort. de Pontoise ;
membre des Soc. d’hort. et d’acclim. de Paris.
Le Dioscorea Decaisneana est chaude-
ment recommandé par des hommes qui
font autorité en horticulture. Nous ne pou-
vons qu’engager de nouveau nos lecteurs à
en faire l’essai; ce sera sans doute une nou-
velle richesse pour leur potager.
On a pu lire aussi dans notre dernier
numéro une lettre dans laquelle M. Lemaire
relève une assertion de M. André à propos
d’un Echinometus cacheiianus présenté par
M. Palmer, de Versailles, à la Société cen-
trale d’horticulture. M. Palmer s’est regardé
comme étant directement l’auteur de l’er-
reur attribuée à M. André, et il nous de-
mande de répondre lui-même à M. Lemaire,
en donnant de nouveaux et intéressants
détails sur le phénomène qui fait l’objet du
débat. Voici la lettre de M. Palmer :
« Versailles, le 4 juin 1866.
« Monsieur le directeur,
« M. Lemaire m’accuse d’un fait très-grave à
la page 204 du dernier numéro de la Revue. Il
ne s’agirait de rien moins que d’avoir fait verser
M. André. Je regrette inüniment d’avoir pu en
aucune manière contribuer à cet accident, qui,
j’ose l’espérer, n’aura pas de suites fâcheuses.
« Je n’ai pas conservé la copie de la lettre a
M. Andry, secrétaire général, qui accompagnait
l’Echinocacte en question; mais je suis très-sûr
de n’avoir pas parlé au pluriel. (<. On n’avait
vu jusqu’ici de pareils faits se produire que
^ur des Opuntia, jamais sur des plantes globu-
leuses. » Un il au lieu d’un on, et personne
autre que moi ne versait.
« Je ne sais comment M. André s’en tirera,
mais, pour mon propre compte, je crois que
mon crime est non d’avoir versé, mais de
II' être pas versé... dans les œuvres de l’hono-
rable et savant M. Lemaire ; et je lui dirai une
fois pour toutes, que, s’il avait publié un livre
achevé, il n’aurait pas eu si souvent occasion de
me donner des coups de férule; mais avec des
tentamens de ci, des tentamens de là, des
articles disséminés dans trente-six différentes
revues, il n’a réellement pas le droit de s’atten-
dre à ce que je connaisse tout ce qu’il a écrit
sur les Cactées.
(( Puisque je suis sur le sujet de cet Echi-
nocacte, voici un fait qui intéressera sans doute
M. Lemaire, et que je citais dans la lettre en
question à M. Andry. Un des fruits transformés
en branches, annonçait, à l’époque où j’en-
voyais la plante à l’honorable secrétaire géné-
ral, des tendances prononcées à seremétamor-
phôser en fleur; plusieurs folioles vertes, par-
faitement caractérisées s’étant développées vers
le sommet de la globule, laquelle se terminait
un peu en pointe. Le fruit corallin existait en-
core à la base, le centre était gonflé et vert
comme une branche et le sommet montait à
bouton.
« Agréez, etc.
« F. Palmer. »
Nous devons dire, à propos de cette lettre,
que si M. Lemaire revendique avec ardeur
ses droits de priorité en tout ce qui con-
cerne ses travaux botaniques et horticoles,
il n’omet pas de rendre justice à ses con-
frères. Dans le dernier n» de son journal,
Vlllustration horlicole, il signale à ses lec-
teurs le fait de transformation anormale des
ovaires de V Echinocactiis cachetianus ob-
servé par M. Palmer, en faisant un appel
aux amateurs de Cactées pour savoir si ce
phénomène s’est montré sur d’autres es-
pèces ou bien dans d’autres genres. Nous
transmettons volontiers cette demande aux
amateurs français, qui s’empresseront cer-
tainement d’y répondre dans l’intérêt de la
science,
— Les insectes pullulent cette année ;
les chenilles, les pucerons, les vers blancs
exercent partout leurs ravages, et l’on ne
saurait prendre trop de précautions pour se
débarrasser de ces ennemis acharnés. Aussi
regardons-nous comme un devoir d’insérer
la lettre suivante, qui nous signale un véri-
table danger public :
(( Monsieur et cher directeur,
« Les haies qui bordent le chemin de fer île
Sceaux, notamment entre Paris et Auteuil, sont
entièrement ravagées, à l’heure qu’il est, par
des myriades de chenilles qui me paraissent
appartenir à l’Yponomente du cerisier
menla cerasi). Par le fait de l’incurie de l’ad-
ministration, il faut l)ien dire le mot, ces
haies, formées d’Aubépine et de Cerisier Sainte-
Lucie, présentent le plus pitoyable spectacle. 11
n’y reste pas une feuille. Tout est couvert des
innombrables toiles blanches de ces insectes vo-
races, qui forment une tapisserie continue,
envahissant jusqu’aux échalas. De là, cela va
sans dire, elles font irruption sur les arbres
fruitiers du voisinage.
On n’a f as idée d’une semblable négligence ;
c’est une honte pour une administration (ju-
225
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUIN).
peut disposer d’un nombreux personnel et de
tous les moyens de destruction connus.
« Quelques hommes avec des balais enlève-
raient les toiles et les chenilles avant la méta-
morphose; ou bien, avec des seringues remplies
d’eau mélangée de quelques gouttes d’huile de
houille, ils en feraient vite justice. Et dire
qu’un tel exemple est donné par une compa-
gnie, qui reste sans excuse devant un pareil
envahissement.
« En même temps, il faut déplorer l’aveugle-
ment des agents de l’autorité, pour qui la loi
sur l’échenillage est tout à fait lettre-morte, et
qui se promènent les mains dans les poches
près des haies dévastées au lieu de faire leur
devoir cette occurrence.
« Je vous signale, mon cher directeur, ce
délit flagrant, qui va porter un si grand préju-
dice aux riverains du chemin de fer dans la
partie envahie par ces insectes, afin que vous
livriez le fait au blâme de quiconque pense
bien.
« Je suis bien sûr que cette plainte trouvera
de l’écho parmi vos lecteurs, dont plus d’un
sera touché par le fléau.
« Veuillez agréez, etc.
« Ed, André. »
Nous nous associons vivement à la pro-
testation de notre collaborateur, qui ne
laisse échapper aucune occasion de si-
gnaler quelque chose d’utile. Il y a un
mois (n® du 16 mai, page 198), il nous don-
nait une recette pour fabriquer de bonnes
étiquettes de jardin. Sa note pratique nous
a valu la communication d’un procédé plus
simple encore. C’est à qui mieux fera,
paraît-il, et nous nous empressons de pu-
blier ce nouveau procédé.
« Monsieur le directeur,
(L J’ai lu dans le n» du 15 mai de la Revue
horticole (page 198), un article sur les étiquet-
tes de jardins, décrivant surtout une recette
nouvelle qui doit être bonne, et peut-être même
supérieure à beaucoup d’autres, mais qui a
l’inconvénient d’être encore assez compliquée.
« J’emploi depuis longues années pour les
étiquettes de zinc le même procédé que beau-
coup d’établissements d’horticulture employent
pour celles de bois; ce procédé consiste à pren-
dre sur le bout du doigt du blanc de.céruse en
pâte et à en blanchir le zinc. Aussitôt après,
j’écris les noms avec un simple crayon bien
noir; où, si je préfère les écrire avec de l’encre
ordinaire, j’attend que le blanc soit bien sec.
Quelques jours après, je passe sur le tout une
couche de vernis.
€ Depuis sept ans, j’ai dehors, exposées à
toutes les intempéries des saisons, de sembla-
bles étiquettes, et on peut aussi facilement les
lire que le jour où elles ont été faites.
« Quoique ce procédé ne soit pas nonveau,
je le trouve par sa simplicité bien supérieur â
tous ceux décrits dans les ouvrages d’horticul-
ture.
« Agréez, etc.
« P. Touzet. »
Jardinier à Lardach, près Bayonne.
— Encore un nom à ajouter à la liste
déjà si longue des martyrs de la science. On
nous annonce la mort d’un botaniste amé-
cain qui s’était fait remarquer depuis plus de
dix ans par son infatigable activité pour les
découvertes, M.W. Stephens, de Richemond.
Dans une excursion botanique aux environs
de Mooloolah, dans le Queensland, il a été
surpris et assassiné par les noirs, ainsi que
deux personnes qui l’accompagnaient dans
son expédition.
— Nous terminerons par une bonne nou-
velle. Un de nos correspondants, M. Dela-
vill aîné, jardinier-professeur de la Société
d’horticulture et de botanique de Beauvais
(société comptant déjà plus de 800 mem-
bres), vient d’être chargé, par arrêté pré-
fectoral, du cours d’arboriculture fruitière
de l’Ecole normale et de l’Institut agricole
de cette ville. Nos lecteurs ont vu souvent
dans nos colonnes le résultat des travaux de
M. Delaville aîné ; ils applaudiront comme
nous à la distinction accordé à cet émnenl
praticien.
J. -A. Barral.
ACTION DE LA FLEUR DE SOUFRE SUR LE VER BLANC.
Les lecteurs de la Revue auront assuré-
ment remarqué, dans le numéro du 1er avril
de cet utile recueil, un compte rendu fort
intéressantdu Traité desbonnes Fraises, par
M. Ferdinand Gloëde. L’auteur de cet arti-
cle, M. Ernest Bourges, secrétaire adjoint
de la Société d’horticulture de Melun-Fon-
tainebleau, apprécie fort bien l’utilité pra-
tique de cet excellent guide des cultivateurs
de Fraises, et je me bornerais à m’associer
à l’éloge mérité qu’il en fait, si la question
de l’action de la fleur de soufre contre le ver
blanc ne se trouvait naturellement soulevée
quand on parle du Fraisier.
A ce dernier point de vue, M. Ernest
Bourges m’a paru faire une sorte d’appel à
ceux qui se plaignent des ravages de ces
insectes, et je viens apporter mon dire à
une enquête qui ne me paraît pas sans uti-
lité.
On sait que l’habile fraisiériste des Sa-
blons, à la suite d’une expérience faite en
1864, a eu quelques raisons de penser qu’il
avait trouvé dans la fleur de soufre un
préservatif efficace contre le ver blanc. Les
faits que cette expérience avait paru établir
ont été consignés par M. Gloëde dans une
lettre qu’a publiée la Revue en 1864 (page
2S6
ACTION DE LA FLEUR DE SOUFRE SUR LE VER BLANC.
384). Ils sont reproduits dans le livre des
Bonnes fraises, et c’est ce qui a conduit
M. Ernest Bourges à poser la question de
savoir si M. Gloëdô était arrivé à trouver un
préservatif efficace contre le ver blanc, et à
répondre : d’aucuns disent oui sans hési-
ter: à quoi il ajoute, voulant laisser la place
au doute, qu’il est convaincu que M. Gloëde
est de ceux qui savent que les expériences
ont besoin d’être répétées pour être con-
cluantes.
Cette réserve me paraît tout à fait à pro-
pos, et c’est parce que je suis également
convaincu que M. Gloëde est de ceux qui
avant tout cherchent la vérité, que je ne crois
pas inutile de faire connaîlre, et de lui
soumettre à lui-même, quelques faits que
j’ai constatés. Ces faits me paraissent en op-
position avec celui qui s’est produit aux
Sablons en 1804, et me font prendre place
parmi ceux qui répondent non à la question
de M. Ernest Bourges.
Chez moi, en elfet, non-seulement la fleur
de soufre s’est inouï r.’e impuissante contre
le ver blanc ; mais j’ai reconnu que son em-
ploi n’était pas toujours sans danger, et que,
répandue à trop forte dose, elle pouvait
faire périr les Fraisiers au lieu de les proté-
ger.
Dès l’abord, et c’était un motif de plus
pour faire quelques essais, je n’étais pas
sans défiance sur l’action que l’acide sulfu-
reux, produit par la Heur de soufre, pour-
rait exercer sur les végétaux. Il me parais-
sait difficile que les racines des Fraisiers ne
fussent pas exposées à quelques accidents
par le contact d’une substance sur laquelle
on comptait pour détruire le ver blanc.
N’ayant aucunes données antérieures, et
réduit, pour un premier essai, à agir à peu
près au hasard, j’eus soin de constater la
({uantité de soufre qui serait employée, dans
la pensée de m’éclairer pour l’avenir.
Eue ancienne planche de Fraisiers servit
à ma première expérience : sur une de ses
moitiés je semai et j’enterrai par un léger
binage 270 grammes de fleur de soufre par
mètre carré; l’autre moitié ne reçut rien.
Cette proportion, fixée à peu près au hasard
comme je viens de le dire, se trouva beau-
coup trop forte, et en peu de jours tous les
Fraisiers soumis à Faction de la Heur de
soufre étaient morts , de sorte qu’on ne
pouvait tirer aucune conséquence de ce
premier essai : le malade était mort du re-
mède et non pas de la maladie. Il sortait du
moins de là une leçon de prudence, et je
n’avais pas tout a fait perdu mon temps.
Je recommençai l’épreuve avec une pro-
portion de 200 grammes sur une planche
sur laquelle on devait repiquer de jeunes
Fraisiers. La moitié de cette planche fut donc
soufrée à raison de 200 grammes par mètre
carré, et, dès ([ue la Heur de soufre fut en-
terrée par un coup de fourche, on planta
la planche entière. La proportion était encore
trop forte : sur la partie soufrée la reprise
des plants fut difficile; quelques-uns, mou-
rurent, le reste fut languissant; c’était en-
core une épreuve manquée. La première
base, en effet, de la régularité d’une expé-
rience comparative, c’est que toutes les
conditions, sauf le point sur lequel porte
la comparaison, soient identiques : or,
dans celle-ci, l’état de santé des plants dans
les deux parties de la planche était loin de
se ressembler.
Je recommençai de nouveau sur une plan-
che située à côtéde la précédente, et destinée
comme elle à recevoir de jeunes Fraisiers;
mais j’employai seulement 150 grammes de
soufre par mètre carré. Cette fois la reprise
des plants eut lieu avec une égale facilité
sur les deux parties de la planche, et je crois
qu’on peut considérer ce chiflre de 150
grammes comme un maximum qu’il est pru-
dent de ne pas dépasser. Je pus me croire
enfin arrivé au moment de constater un ré-
sultat décisif.
Sur les deux parties de la planche, quel-
ques Fraisiers ne tardèrent pas à être coupés
par les vers blancs, en nombre à peu près
égal, en sorte que ma défiance à l’égard du
préservatif se trouvait justifiée. Pourtant
le hasard voulut que le terrain que j’avais
choisi pour champ d’expérience se trouvât,
de tout le jardin, la partie la moins infestée
peut-être par la larve maudite : en sorte que
les dégâts à comparer étaient, il est vrai,
sensiblement égaux; mais le mal, dans son
ensemble, était peu considérable, et n’of-
frait pas un de ces résultats tranchés qui
frappent tous les yeux, ce que je tenais à
obtenir pour m’autoriser à une affirmation
bien positive.
Pour atteindre ce but, il me fallait un
sol dans lequel le ver blanc pullulât. Pour
être plus sûr de le trouver j’opérai eh petit,
et je me bornai à ce que je pourrais appeler
une expérience de laboratoire.
Ainsi, je remplis de bonne terre deux
terrines de jardin de 0"L30 de diamètre
sur0"'.07 à Ô'“.08 de profondeur et je plantai
dans chacune douze plants de Fraisier. Préa-
lablement j’avais fait mêler le mieux pos-
sible dans la terre de l’une d’elles 1 5 grain mes
de fleur de soufre; c’était environ, eu égard
à la superficie résultant du diamètre, 214
grammes par mètre carré. Cette proportion
dépassait le maximum que j’ai indiqué tout à
l’heure, mais j’esperais, et les choses se
sont passées ainsi, que le mélange ayant été
fait plus également que par un binage, il
n’en résulterait aucun inconvénient pour tes
Fraisiers. Je tenais d’ailleurs, dans l’intérêt
de l’expérience, à opérer avec une forte dose
de fleur de soufre.
Les choses ainsi préparées, les Fraisiers
ACTION DE LA FLEUR DE SOUFRE SUR LE VER BLANC.
furent plantés, et leur reprise ne se fit pas
attendre; elle eut lieu sans qu’on put re-
marquer la moindre différence entre la ter-
rine soufrée et celle qui ne l’avait pas été.
Le moment était venu de mettre les vers
blancs à l’œuvre, et j’en introduisis huit,
tous frais sortis de terre, dans cliaque ter-
rine. En peu de jours les douze Fraisiers
furent détruits, aussi bien dans l’une que
dans l’autre. La fleur de soufre n’avait rien
préservé, et quand les terrines furent vi-
dées, on trouva les vers blancs, en parfait
état de santé, aussi bien ceux qui avaient
vécu dans la terre soufrée que les autres.
Cette fois, l’impuissance absolue de la
fleur de soufre pour défendre les racines
des plantes des atteintes du ver blanc me
parut démontrée.
Une objection cependant restait encore
possible : on pouvait dire que si les vers
blancs n’avaient pas subi l’action délétère
de la fleur de soufre, cela tenait à ce que
son mélange dans toute la terre de la ter-
rine en avait diminué la quantité relative,
en sorte que son contact immédiat avec eux
n’avait pas eu lieu comme si elle n’eût été
enterrée que par un léger binage, qui n’au-
raît produit qu’un mélange imparfait.
Pour répondre par avance à l’observation,
et fixer mon opinion sur ce point, je n’avais
qu’à mettre des vers blancs en contact im-
médiat avec de la fleur de soufre ; c’est ce
que je fis. Je mis huit de ces larves au fond
d’un pot, sans terrepour les recevoirni pour
les cacher, et je les couvris complète-
ment de fleur de soufre, les laissant à l’air
libre. Au bout de huit jours, les vers blancs
vivaient encore, et paraissaient seulement
un peu languissants. Je ne me tins pas
pour satisfait, et, dans cet état, je les intro-
duisis dans une terrine plantée de Fraisiers;
huit jours après, tous les Fraisiers étaient
morts, et, quand on vida la terrine, on
trouva les vers blancs, restaurés par le repas
qu’ils avaient fait, plus vivaces que ja-
mais.
Pour le coup je me suis cru le droit de
répondre sans hésiter: Non, la fleur de
soufre n’est pas un préservatif contre le
ver blanc.
Une autre substance a été proposée l’an-
née dernière, l’engrais de J\1 . Baron-Char-
tier, qui serait, dit-on, à la fois un stU
! mutant énergique pour les végétaux et un
antidote assuré contre le ver blanc.
I Je n"en sais que ce que j’en ai lu dans un
j rapport fait à la Société impériale et cen-
trale d’horticulture par une de ses commis-
sions, rapport qu’on trouve dans le numéro
d’août 1865 de son journal.
La commission, sans rien affirmer, donne
quelques espérances, et conclut en propo-
sant à la Société de faire écrire, en son
I nom, à titre de récompense, une lettre de
remercîmeiit à l’auteur de la découverte de
l’engrais, — dont la commission n’a pas indi-
qué la composition, parce ([u’il paraît (jue
l’inventeur s’en réserve le secret.
La commission ne dit rien, ni du mode
d’emploi, ni de la quantité d’engrais à em-
ployer. Enfin, il ne paraît pas que des expé-
riences spéciales aient été faites, par ses
soins pour confirmer ou infirmer les buts
soumis à son appréciation.
Pour mon compte, j’aurais désiré des in-
dications un peu plus précises qui missent
chacun en mesure d’expérimenter, s’il le
jugeait à propos.
Pour tout dire enfin, malgré l’espoir que
manifeste la commission, sans doute par
suite de son désir de voir un grand intérêt
de riiorticulture satisfait, je trouve dans
son rapport plus de sentiments bienveillanls
que de preuves sérieuses de l’efficacité de
l’engrais de M. Baron-Chartier contre le
ver blanc, et, jusqu’à plus ample informé,
j’aurai peine à croire que le problème soit
résolu.
On a parlé aussi de la tannée, et, dans
ma haine contre le vers blanc, je me laissais
volontiers aller à croire qu’en en répandant
sur le sol quelques centimètres d’épaisseur,
son odeur pourrait chasser les femelles au
moment de la ponte. Dans ce cas même, ce
ne serait qu’un déplacement du mal; mais
enfin ce déplacement serait précieux pour
les jardins.
Mon illusion n’a pas été longue.
L’année dernière, un de mes amis se
trouvait dans la cour d’une tannerie, quand
il vit un hanneton voltiger au-dessus d’un
gros tas de tannée, puis s’y abattre, et creu-
ser son trou. Mon ami est médecin, et n’at-
tendait que ce moment pour saisir l’insecte
et en faire l’autopsie. C’était une femelle
pleine d’œufs; l’odeur de la tannée ne l’a-
vait pas empêchée de trouver là un lieu fa-
vorable pour y déposer sa progéniture,
Faut-il donc renoncer à une solution? Je
ne voudrais pas dire non d’une manière
absolue; mais je dois avouer que les motifs-
qui me portaient à me défier de Faction de
la fleur de soufre étant des motifs géné-
raux, je ne serais pas étonné qu’ils ne reçus-
sent plus d’une fois leur application, puis-
qu’au fond, ce sont eux qui régissent la
matière.
Qu’on veuille bien y songer, en effet :
pour être efficace, il faut que l’agent des-
tructeur du ver blanc, quel qu’il soit, soit
employé à forte dose pour que le sol en soit
imprégné et qu’il puisse atteindre presque
toutes" les larves, si nombreuses dans cer-
taines années, que chaque coup de bêche
en amène presque toujours plusieurs à la
surface.
Il lui faut en même temps un certain
degré de causticité; car on vient de voir.
228
ACTION DE LA FLEUR DE SOUFRE SUR LE VER RLANC.
par l’exemple de la fleur de soufre, que le
ver blanc a la vie dure.
Ce n’est pas tout, et ce dernier point
n’est pas le plus facile, il faut qu’en même
temps, l’agent destructeur ne puisse pas
altérer les sources de la végétation en fati-
guant les racines des plantes.
Je ne saurais trop le répéter : si la solu-
tion d’un pareil problème n’est pas impos-
sible, elle présente du moins de bien sé-
rieuses difficultés.
VUITRY,
Propriélaire h Saint-Donain,
près Mon 1er eau.
LE CONGRÈS POMOLOGIQUE DE FRANCE. - II'.
■ Autre chose. J’aperçois, parmi les varié-
tés adoptées, des fruits jugés assez bons. Si
je ne me trompe, ce sont les meilleurs fruits
que le Congrès veut répandre, et, si je ne
me trompe encore, Vassez bon n’est pas
tout à fait le meilleur. Vous me direz :
(( Mais ces fruits-là sont répandus dans le
commerce, ils font de l’argent.» Ah! oui; les
grandsjnols : «Ils font de l’argent! » Eh bien!
il ne faut plus qu’ils en fassent ; il faut (ju’ils
soient détrônés par d’autres qui ne font pas
de l’argent, eux, mais qui devraient en faire ;
s’ils sont répandus, raison de plus pour les
faire disparaître et les remplacer par de
meilleurs. J’ai toujours vu avec regret des
sociétés d’horticulture accorder leurs ré-
compenses, ou même simplement leurs fé-
licitations, à des fruits d’un très-fort volume,
mais souvent d’une qualité médiocre. A
leur place, au jardinier qui m’apporterait
une de ces monstruosités, une Belle Ange-
vine, par exemple, exécrable crue, mais à
peu près mauvaise cuite, je dirais : « Mon
cher garçon, vous avez sous votre conduite
un de ces Poiriers dont l’origine est telle-
ment regrettable, que personne n’en a ac-
cepté la responsabilité; comme vous le cul-
tivez pour le compte de votre maître, vous
ne l’avez pas arraché, on vous le pardonne;
mais voyez un peu ce que vous avez fait!
Livré à lui-même, le fruit que vous nous
présentez aurait déjà produit 800 grammes,
je suppose, d’une matière mauvaise et sans
valeur. Eh bien! à l’aide de vos soins et de
• votre zèle malencontreux, voici que vous lui
avez fait rapporter 2kilogr. d’une mauvaise
marchandise dont vous allez empoisonner
l’alimentation publique! Pensez-vous, en
conscience, que cela mérite nos félicitations?
Remportez donc votre végétal, et si les mé-
dailles de vos confrères vous empêchent
toujours de dormir, présentez-vous dere-
chef, non pas avec des produits comme la
Belle Angevine, mais avec des Doyennés
dliiver, des Bergamotes Esimen, des Passe-
Colmar, des Passe-Crassane, et d’autres
semblables ; tenez, seulement avec de ces ex-
cellentes petites Poires d’hiver que nous ap-
pelons Joséyj/if/îc de Malinesei Broom Park,
ne pesassent-elles chacune que 150 gram-
mes ! Répandez-les sur les marchés, con-
* Voir le n° du 16 mai, page 195.
tribuez de votre côté à ce que notre com-
merce et celui de l’étranger s’en empare;
revenez à nous alors, et, cette fois, croyez-le,
nous ne vous marchanderons pas nos élo-
ges. » C’est pourquoi, à mon tour, je dirai
au Congrès pomologique : « Adoptez, re-
commandez, prônez les fruits bons et très-
bons, mais pas d’autres. »
Ce que je n’aime pas non plus et que je
ne trouve pas bien convenable, c’est que le
Congrès ne prenne pas lui-même la respon-
sabilité de son œuvre et qu’il la rejette sur
son secrétaire, par lequel il fait signer ses
descriptions. Certes, ce n’est pas une mince
besogne que cette charge de secrétaire, —
je dis charge à dessein, — et ce n’est pas
non plus un mince mérite que celui de sa-
voir condenser en un seul tout homogène
tous les renseignements des quatre points
cardinaux. Ce ne serait pas tout à fait jus-
tice que le travail du secrétaire fût passé
sous silence; mais, ne serait-ce pas encore
bien moins justice que l’œuvre du Congrès
disparût derrière celle de son secrétaire?
Du reste, cela n’est qu’un détail de moin-
dre importance. Tout ne peut pas être par-
fait, j’en conviens; et loin de moi de penser
qu’en fait de congrès, tout doit aller comme
sur des roulettes. Je ne me cache pas, oh!
non, toutes les difficultés et les petites ja-
lousies, et les petites rancunes, et les pe-
tits bâtons jetés à travers les roues, obsta-
cles inévitables, mais qui disparaissent iné-
vitablement aussi devant la réussite. Et puis,
que de ressources contre tout cela! que de
zèles on laisse engourdis, qui seraient si
utiles! que de bonnes volontés .«^ans ali-
ments! que de sociétés, ardentes jadis, as-
soupies maintenant, parce que, voyant l’ina-
nité des moyens, elles ont perdu l’espérance
du but! que de courageux initiateurs décou-
ragés, à l’écart d’une œuvre qu’ils avaient
acclamée tout d’abord ! fondateurs qui s’é-
clipsent, correspondants qui se taisent, dé-
légués qui s’en reviennent l’oreille basse,
sans matériaux pour leurs rapports !
Mais enfin, avec tous ces éléments de
réussite : hommes de science, hommes de
pratique, capacités incontestables, que man-
que-t-il donc au Congrès? — L’action, la
vie! Ce qu’il faut, ce n’est pas un travail de
quelques jours, c’est un travail de toute
229
LE CONGRÈS POMOLOGIQUE DE FRANCE. — II.
l’année; un congrès permanent, et non pas
d’une semaine; une réunion annuelle, je le
veux bien, mais pour juger les travaux de
douze mois. En dehors de cela, correspon-
dance continuelle entre les membres et le
cerveau; listes d’étude adressées à chaque
Société, à chaque pépiniériste capable, cà
chaque pomologue qui a fait ses preuves;
ce qu’il faut à l’action directrice, c’est pré-
parer les travaux, réunir les renseigne-
ments, vaincre les résistances, encourager
les zélés, harceler les retardataires — on
est fort quand on demande, non pour soi,
mais pour le bien public — en un mot,
c’est le feu sacré, l’impulsion énergique,
qui excite encore les ardents, qui galvanise
les tièdes, qui donne le branle partout.
Ce qui manque surtout, c’est la publicité,
la grande publicité, sans laquelle rien ne
sera possible, qui répandra à flots les tra-
vaux accomplis, et qui, à l’aide de l’extrême
bon marché, les fera pénétrer des grandes
villes aux petits hameaux, du riche proprié-
taire au petit bourgeois des campagnes,
du grand pépiniériste au moindre vendeur
d’arbres de village. C’est de l’ouvrage, c’est
vrai; c’est de la peine, c’est du dévouement,
mais c’est le succès; autrement, je l’ai déjà
dit, le congrès n’est plus pour moi qu’une
troupe nomade, qui, une fois l’an, s’en va
donner des représentations pomologiques,
tantôt dans une ville, tantôt dans une
autre.
Pour terminer, j’en demande bien pardon
au congrès, mais j’ai cru devoir me faire
l’écho de la pensée générale. Qu’il en soit bien
persuadé, si trop peu de paroles de blâme lui
parviennent, c’est qu’on hésite toujours à
blâmer une institution dont personnelle-
ment on estime les membres; on voit bien
que les choses vont mal, mais on craint de
blesser les personnes; le char va de travers,
mais les guides sont si honnêtes! on pa-
tiente, on espère mieux, on se tait... et le
mal augmente.
C’est avec conviction, — et aussi, je crois,
avec réserve, — que j’ai développé les idées
de tous; personnellement, je le répète, je
regarde comme éminemment utile la |»nda-
tion du congrès pomologique, et le jour où
(Dieu le veuille!) nous le verrons fonction-
ner, riche non pas de promesses, mais de
bons résultats, quelque mal taillée que soit
notre plume, nous la mettrons vaillamment
à son service.
Th. Bughetet,
ENCORE LE DIOSCOREA DECAISNEANA.
Dans un article que j’ai publié sur cette
plante (voir Revue horticole, 1 865, page 1 1 i ),
je disais : iche Dioscorea Becaisnenn a esi-\[
une espèce, ou n’est-il qu’une variété du D.
Batatas ? Je ne saurais le dire, et je ne serais
même pas éloigné de croire que ces deux
plantes doivent être regardées comme des
formes du D. Japonica, Thnnberg, qui pour-
rait être considéré comme le type sauvage,
et comme étant aux formes dont je viens
de parler ce que la carotte sauvage est aux
diverses variétés de carottes cultivées. »
A ceci j’ajoutais un peu plus loin, dans
le même article :
« Mais comme toutes les plantes, en vertu de
la grande loi évolutive et progressive, tendent
à se modifier continuellement, il faut, si l’on
veut conserver francs les types ou les variétés
qu’on cultive, choisir et planter comme mère
les individus qui présentent au plus haut dégré
les caractères qui les font rechercher. A ce
point de vue, pour le D. Decaisneana, on doit
choisir les tubercules les plus beaux et les
mieux faits, qu’on plante alors comme mères
et sur lesquels, au besoin, on coupe les par-
ties destinées à la multiplication. »
En écrivant ces lignes, je prévoyais que
- le D. Decnisnenna devait être une forme pro-
bablementaccidentelle, ronde, duD. batatas,
qui, comme chacun le sait, est très-long. Ce
qui, il y a un an, n’était qu’un doute, est
aujourd’hui une certitude pour moi, car.
depuis ce temps, j’ai eu occasion de voir
deux tubercules s’allonger un peu, et l’un
d’eux atteindre même 13 centimètres de
longueur et reprendre alors à peu près tous
les caractères du D. batatas. Toutefois ce
n’est là qu’une très-rare exception, qui ne
doit pas faire rejeter cette variété, tant s’en
faut, puisque, même lorsqu’elle est dégéné-
rée, elle est tout aussi bonne à manger. Ce
qu’il y a à faire c’est donc, ainsi que je le
disais dans l’article précité, de choisir cha-
que année pour planter les tubercules, les
plus francs, c’est-à-dire les plus ronds,
absolument comme on le fait de beaucoup
d’autres plantes légumières, notamment
pour les Pommes de terre.
A côté de cela, je dois dire que dans dif-
férents endroits où le Muséum en a envoyé
quelques tubercules, la plante est restée
parfaitement courte, et que, dans certaines
parties même, ces tubercules ont acquis une
assez bonne grosseur, ce qui laisse à penser
que, ainsi que je le disais il y a plus d’un
an, cette plante pourra, dans quelques lo-
calités, rendre d’importants services. J’a-
joute aussi que la chair ne se maintient pas
toujours jaune, que très-fréquemment on
trouve des tubercules qui ont la chair blan-
che. Ici donc, encore, on retrouve le même
fait que dans les Pommes de terre : une
même variété donnant, par accident, non-
seulement des variétés différentes par la
230
ENCORE LE DIOSCOREA DECATSNEANA.
forme, mais par la nature. C’est en un mot
un fait de dimorphisme souterrain, absolu-
ment semblable à tant d’autres que j’ai
signalés soit dans mon Mémoire sur la pro-
duction et la fixation des variétés dans les
végétaux, soit dans quelques articles que
j’ai publiés dans le journal la Ferme.
Carrière.
FRUCTIFICATION DU LIBOCEDRUS DONIANA.
Jusqu’à ce jour, que je sache du moins,
aucune espèce du genre Libocedrus n’a
fructifié en Europe ; je crois dgnc être
agréable aux lecteurs de la Revue en
mettant sous leurs yeux un échantillon du
fruit du Libocedrus Doniana récolté en
France.
Originaire de la Nouvelle-Zélande, le Li-
bocedrus Doniana ne supporte pas le fioid
des hivers du centre de la
France; aussi est- ce dans
une partie privilégiée, à
Antibes, dans le jardin de
M. Tburet, que cette fruc-
tification a eu lieu. Le pied
qui a fructifié, bien qu’en
pleine terre, est petit,
buissonneux, absolument
comme sont les individus
de cette espèce qu’on ren-
contre le plus ordinaire-
ment dans les cultures.
Le Libocedrus Donmia
étant bien connu, je vais
seulement décrire ses
fruits, qui le sont très-peu.
En voici les caractères :
Strobiles solitaires (fig.
34), dressés à l’extrémité
de ramilles très -courtes
couvertes de feuilles squa-
miformes fortement imbri-
quées; longs d’à peu près
10 millimètres, larges
d’environ 4 ; composés
de quatre écailles oppo-
sées par paires ; les
alternes très-petites, beau-
coup plus courtes et plus
étroites portant toutes au-
dessous du sommet un mucron spinescent
d’environ 6 millimètres de longueur, raide,
légèrement concave à l’intérieur, saillant
et caréné à l’extérieur, écarté puis relevé et
courbé vers le centre du strobile et dépas-
sant l’écaille. Graines solitaires à la base des
grandes écailles, minces, comprimées, ova-
les, atténuées de chaque côté de manière
Fiff. 3i. — Fructificalion
à former deux ailes inégales; l’une très-
étroite, l’autre beaucoup plus grande éga-
lant l’écaille.
Les graines des fruits figurés ci-contre
étaient mauvaises, elles n’avaient même pas
atteint toutes leur dimensions, probable-
ment à cause de la non fécondation qui, très-
probablement aussi, était due à l’absence de
châtons mâles.
Le Libocedrus Donmia
croît sur diverses mon-
tagnes très-élevées de la
Nouvelle-Zélande à une
altitude d’environ 1,800
mètres ; aussi n’est-il pas
très-sensible au froid et
snpporte-t-il, sans en souf-
frir, une température de 5
degrés au-dessous de zéro.
Il est donc très-bon d’en
planter là ou la tempéra-
ture hivernale ne s’abaisse
pas au-dessous de ce chif-
fre. On ne saurait donc
trop engager à cet essai,
car, jusqu’à présent toutes
les plantes que l’on pos-
sède qui, très-probable-
ment, proviennent de gref-
fes, au lieu de s’élancer et
d’atteindre 20 à 25 mètres
de hauteur, ainsi que fait
cette espèce à la Nouvelle-
Hollande, restent com-
pactes et buissonneuses.
On peut donc espérer
qu’il en serait autrement
si l’on pouvait obtenir
du Libocedrus Doniana. (^es graines, et, qu’avec
celles-ci, on obtiendrait
des plantes qui non-seulement seraient
beaucoup plus ornementales, mais qui
pourraient peut-être rendre quelques ser-
vices au point de vue de l’exploitation,
car le bois des Libocedrus, beau et bon,
pourrait être employé à beaucoup d’usages
industriels.
Carrière.
HIBISCUS SPECIOSUS.
La magnifique plante représentée par la
planche coloriée de ce numéro appartient à
l’importante famille des Malvacées, qui,
après les céréales, donne lieu aux exploita-
hji 'snote rue desBoMlan^ers IS.Petu
Renu Ihfti-Ci'le
lliln.sfus sppcio.sus
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HIBISCUS SPECIOSUS.
lions les plus étendues et aux transactions
commerciales des plus vastes, témoin le
cotonnier. Dans cette famille, le genre Hi-
biscus se fait remarquer par la beauté de
ses fleurs. On cite bien quelques espèces
qui sont cultivées comme plantes potagères,
et spécialement les Hibiscus esculeutus, lon-
gifoliiis, Abelmoschus, etc.; mais elles ne
sont estimées qu’en Amérique, où on les
connaît sous le nom de gombos. Le prin-
cipal rôle des Hibiscus en Europe est de
fournir des plantes d’ornement à nosjardins
.et à nos serres; il en est même plusieurs
dans le nombre qui peuvent être placées au
rang des plus belles.
Il n’est peut-être pas de serre où on ne
trouverait, parmi les hôtes les plus an-
ciens, Vllibiscus sinensis. Cependant l’in-
troduction de cette plante ne date que de
1731, et, malgré les difficultés qu’olfrait à
cette époque la propagation des végétaux,
nous la trouvons sur les plus vieux catalo-
gues. Vllibiscus rosa sinensis fut obtenu,
dit-on, par un horticulteur français; d’après
d’autres, il aurait été introduit vivant; mais
il est plus que probable que c’est un produit
de semence.
Jusqu’cà présent, on a cultivé les Hibiscus
dans les serres, et je crois que les premiers
essais de plantation en pleine terre ont été
faits par M. Barillet-Deschamps en 1856.
Arrivons maintenant cà l’espèce qui fait le
sujet de cette note, VHibiscus speciosus de
Aiton (Hibiscus coccineus de WalterJ. C’est
SUR L’ACCLIMATATION
Les hivers du midi de la France sont ca-
ractérisés plutôt par la violence et la fré-
quence du vent du nord et par la sécheresse
qui en résulte que par l’intensité et la durée
du froid. L’abaissement de la température
au-dessous d’une certaine moyenne n’est
que passager et n^atteint à son minimum
que pendant la nuit; l’action du soleil est
telle dans le jour, qu’il arrive souvent que
le thermomètre s’élève à plusieurs degrés
au-dessus du point de congélation dès le
jour qui suit la nuit la plus froide, lorsque
le vent du nord ne souffle pas. Les fortes
gelées, du reste, ne se font sentir qu’à de
longs intervalles; mais les petites gelées de
nuit, suivies par des journées relativement
chaudes, [causent beaucoup de dommage
aux végétaux par l’elfet des gels et dégels
qui se succèdent pendant plusieurs jours
consécutifs.
Mon intention étant de faire connaître
quel a été l’effet du froid sur certains végé-
taux livrés à la pleine terre pendant les
hiyers de 1863-186L et de 1864-1865, je
vais indiquer sommairement les principales
‘ Voir le ri^ du avril, page 138.
une plante vivace, dont la tige dressée et
lisse atteint de 1 à 2 mètres de longueur, et
dont les feuilles glabres, à 5 lobes, sont
lancéolées, acuminées, dentelées au som-
met. Quoique connue déjà depuis quelque
temps dans nos jardins, elle n’est guère
propagée, et cependant elle est très remar-
quable par les belles et grandes fleurs dont
elle se couvre, et dont le diamètre n’atteint
pas moins de 0»ul 7.
C’est M. de Martius qui nous a envoyé, il
y a trois ans, des graines iVHibiscus specio-
sus. On les avait placées par mégarde dans
une serre lempérée, où les sujets obtenus
ne faisaient que végéter faiblement. L’année
dernière seulement, on songea à les placer
dans le sol d’une serre chaude et ils s’y dé-
veloppèrent d’une manière surprenante. Les
livres de botanique ont presque toujours
donné à cette plante un développement
moindre que celui qu’elle atteint en effet,
car mes sujets, sans être vigoureusement
forcés, mesuraient une hauteur de 2"L30
environ.
Je n’ai pas eu l’occasion d’expérimenter
Y Hibiscus speciosus en pleine terre ; cepen-
je crois qu’il conviendrait sous le climat de
Paris.
Je n’ai rien non plus à dire de la culture,
qui est aussi facile que celle fies autres es-
pèces du genre.
M. Kolb,
Inspecteur du Jardin bota-
nique de Munich,
DES VÉGÉTAUX. - lU,
variations de température qui ont eu lieu
pendant ces deux hivers, en prévenant que
mes observations ont été faites à Nîmes
dans l’endroit le plus exposé aux vents gla-
cials dii nord, et que je me suis servi du
thermomètre centigrade.
Hiver de 1863-1864.
Décembre 1863. — Dans la nuit du 21,
pour la première fois, le thermomètre est
descendu à zéro. Il marquait au-dessous
de zéro dans la nuit du 22. Il n’y a pas eu
d’autres gelées pendant ce mois. La journée
la plus chaude a été celle du 13. Il y a eu
14o au-dessus de zéro à 3 heures après
midi.
Janvier 1864. — La nuit la plus froide de
ce mois et de l’hiver entier a été celle du 4. Le
thermomètre est descendu à 9». 5 dixièmes
au-dessous de zéro; et la journée la plus
chaude du mois a été celle du 30. Il y a eu
10» au-dessus de zéro.
Février. — Le thermomètre a marqué
2» au-dessous de zéro dans la nuit du 20.
Ce fut la seule gelée pendant ce mois. Il y a
eu plusieurs journées pendant lesquelles le
232
SUR L’ACCLIMATATION DES VÉGÉTAUX. - II.
thermomètre est monté à 12» au-dessus de
zéro.
Mars. — Pendant la nuit dule>-, le ther-
momètre est descendu à zéro pour la der-
nière fois de l’hiver. Il y a eu dans ce mois
plusieurs journées à 16 degrés de chaleur.
Hiver de 186â-1865.
Décembre 1864. — Une petite gelée
blanche s’était déjà montrée le 25 novembre,
mais ce n’est que dans la nuit du dé-
cembre que le thermomètre est descendu à
zéro pour la première fois ; dans la nuit du
du 31 , il y a eu 3« au-dessous de zéro. Plu-
sieurs journées, pendant ce mois, à 13® au-
dessus de zéro.
Janvier 1865. — Le thermomètre a mar-
qué 3® au-dessous de zéro pendant la nuit
du 19; pendant celle du 28, par un vent du
sud, il s’est élevé à \¥ au-dessus de zéro,
le vent ayant tourné au nord dans la matinée
suivante, il ne marquait plus que au-
dessus de zéro au milieu du jour. Plusieurs
journées, pendant ce mois, àlb» etl6« de-
grés de chaleur.
Février. — La nuit la plus froide a été
celle du 13. Le thermomètre est descendu
à 7« au-dessous de zéro ; et la journée la
plus chaude, a été celle du 4, il y a eu
17® au-dessus de zéro.
Mars. — La température moyenne de ce
mois a été plus basse que celle de chacun
des trois autres mois qui l’ont précédé, bien
que le thermomètre se soit élevé à I L^ pen-
dant la première journée et qu’il y ait eu
plusieurs autres journées à 12® au-dessus de
zéro. Il y a eu, en effet, dans ce mois dix-
sept nuits de gelées dont une à 5® depés.
Expériences positives. — Les végétaux
étrangers, dont les noms suivent, ont été
mis en pleine terre à exposition décou-
verte, au printemps de 1863, savoir:
Yucca draconis , Veronica Lindleynia ,
Arancaria brasiliensis, Cupressus cashnii-
riensis, Stillingia sebifera, Podocarpus
coreana, Podocarpus andina, Pittosporum
sinensis et Andropogon squarrostis. Ont
été également mis en pleine terre à la
même époque, mais à l’abri d’un mur fai-
sant face au midi : Erable du Népaul, Me-
nispermum laurifoliurn, Phorniiuni tenax,
Citronnier commun. Dattier cultivé. Euca-
lyptus globulus, et les Cereus Bomplandii,
Napoleonis et rostratus. La p-lupart de ces
espèces étaient représentées par quatre ou
cinq individus. Les Araucaria brasiliensis,
Cupressus caslimiriensis, Stitingia sebifera,
les deux Podocarpus, le Pittosporum sinen-
sis et V Andropogon sguarrosus ont passé
l’hiver sans avoir été endommagés, et ont
résisté par conséquent à un froid de
9». 5 dixièmes sans abri ; il est à remarquer
que V Andropogon squarrosus, qui produit
le vétiver du commerce, est regardé comme
une plante de serre chaude et généralement
cultivécommetel. En revanche, \diVeronica
Lindleyana et le Yucca draconis, que l’on
dit être de plein air dans l’ouest de la
France, ont péri ici à 7® de froid. L’Erable du
Népaul, \eSolanum auricutatum, le Meni-
spermuni laurifolium et V Eucalyptus glo-
bulus, plantés à 1 mètre du mur, ont perdu
leurs tiges; mais ils ont repoussé avec vi-
gueur au printemps suivant; les Dattiers ont
résisté moyennant couverture de feuilles et
litière sèche; le Citronnier, appliqué sur le
mur en forme de palmette, a été complète-
ment garanti par un simple paillasson; le
Phormium tenax sans couverture a péri à
7o de froid, et les trois espèces de Cereus
ont eu le même sort ; ces derniers étaient
appliqués sur la muraille et soigneusement
empaillés.
Les plantes ci-dessous mentionnées ont
été livrées à la pleine terre à exposition dé-
couverte, au printemps de 1864, pvoir :
Acacia lophanta et ses variétés, Distachya
ou Neumanii, Acacia capensis. Acacia ca-
venia. Acacia Ion gi folia CJmmœrops huniilis,
Cliamœrops excelsa, Genista canariensis,
Genista monosperma. Ont été plantés en
même temps, mais à l’abri d’un mur au
midi, plusieurs variétés de Cannes à sucre,
Cordia amplifolia. Opuntia ficus indica.
Tous les Acacias ont supporté, sans en être
endommagés, les gelées blanches, les froids
à 2« et 3« et le verglas. Les Acacia longifo-
tia et capensis ont péri à 5'’ de froid, et les
Lophanta et variétés ont été endommagés;
mais ce n’est qu’à 7^ qu’ils ont péri L’Acfl-
cia cavenia a résisté à ce même Iroid, qui a
été le plus fort de l’hiver, sans souffrir. Les
Chamœrops humilis et excelsa ont égale-
ment résisté à ce froid. Le Cordia ampli-
folia, qui était un jeune plant d’un an, s’est
élevé à près de 2 mètres do hauteur dans le
cours de la belle saison; il s’est ramifié et a
fait des feuilles de 0‘".30 de largeur; il a été
abrité, à l’approche des froids, d’une cabane
en roseaux et paille ouverte seulement en
face du midi, et qui a été bourrée de feuil-
les sèches à la première apparence de gelée,
cette précaution n’a pas empêché la plante
de périr aussitôt que la température^ de
l’air est descendue à 3'" au-dessous de zéro.
Nous avons de plus remarqué que cet arbre
passe difficilement Thiver en serre froide ou
tempérée à Nîmes. Les Cannes à sucre ont
été coupées près de terre, et leurs souches,
couvertes de feuilles sèches, ^ se sont bien
conservées et ont repoussé vigoureusement
au printemps s\x\\anl. V Opuntia ficus in-
dica (Figue d’Inde ou de Barbarie) applique
sur le inur, a été préservé de la gelée par
un paillasson. Enfin des Pliylolacca dioica
(Bella sombra), qm, à l’approche des Iroids,
avaient été déplantés puis enlouis dans un
tas de sable, sous un hangar, ont été remis
233
SUR L’ACCLIMATATION
en place en mars suivant; mais le temps
s’étant inopinément mis au froid, ils ont dû
subir l’épreuve des dix-sept nuits de gelées,
dont une à 5®, dont je viens de parler, et cela
sans en avoir été gravement endommagés.
On ne peut douter que ce cas de rusticité
des Pliytolacca dioïca ne soit dû à l’état de
végétation latente dans lequel ils se trou-
vaient par l’effet de la déplanlation et de
leur long séjour dans le sable qui avait ar-
rêté tout mouvement de sève; car il me
souvient d’en avoir vu en Algérie de très-
grands qui ont été fort maltraités par des
froids moins rigoureux.
Les végétaux qui ont résisté aux froids
de l’hiver 18G3-1864, avec ou sans abris,
ont, comme on le pense bien, résisté dans
les mêmes conditions à‘ l’hiver de 1864-
1865, qui a été moins rigoureux. h’Encalyp-
fus glohulus, qui avait été gelé ras-terre par
9° au-dessous de zéro et qui avait repoussé
du pied une tige qui s’est élevée à 3 mètres
dans le cours de la belle saison, a été gelé
ras-terre sous l’influence de — 7®. "il a
encore repoussé du collet, mais cette fois
la tige ri’a atteint qu’à l'".60 de hauteur.
Il est très-probable qu’il ne repoussera
plus, s’il vient à geler pour une troisième
DES VÉGÉTAUX. ~ II.
fois. A côté de cet Eucalyptus, s’en trouve
un autre de même espèce et de même âge,
mais qui n’a été livré à la pleine terre qu’en
mars 1864, c’est-à-dire un an plus tard
que le premier; il a supporté sans beaucoup
souffrir les au-dessous de zéro qui ont fait
périr la lige du premier. Celte différence de
rusticité entre deux individus de même es-
pèce, placés à la même exposition et dans le
même terrain, s’explique aisément par leur
différence de vigueur : le premier était un
drageon vigoureux et plein de suc qui a été
surpris par le froid en pleine sève, et le
deuxième était un plant qui avait vécu en
pot pendant deux ans, dont la tige était
endurcie, qui n’a poussé que faiblement
pendant l’été et qui devait d’autant mieux
résister au froid qu’il était moins en sève.
Ce fait ne prouve donc rien en faveur de
l’idée de l’acclimatation au moyen d’indivi-
dus obtenus rustiques par semis. Je suis, du
reste, persuadé que cet arbre, qui est très-
vigoureux aujourd’hui et qui a atteint à
4 mètres de hauteur dans le cours de l’été
dernier, ne résistera pas désormais à un
froid de — 7 degrés.
A. CulLLIER.
EXPOSITION HORTICOLE INTERNATIONALE DE LONDRES.
Les grandes fêtes florales de Londres
sont terminées. Tout est fané, éteint et
détruit en partie, de ces splendeurs à grand
peine amassées. Chacun des visiteurs est
rentré chez soi, la tête pleine des souve-
nirs charmants que lui a fournis cette expo-
sition jusqu’ici sans rivale.
C’est l’heure oû renaît le calme, oû la
liberté d’appréciation et l’impartialité en-
tière se dégagent plus facilement de la
plume du chroniqueur de ces belles choses,
que sous l’entraînement du premier examen.
Comment écrire un compte ren lu fidèle
sous l’impression des mille objets qui vous
captivent l’attention, dans ce Londres im-
mense, plus affairé, plus fiévreux encore
que Paris! Le visiteur est ahuri de cette
multiplicité incroyable d’affaires, et il suit
lui-même au grand galop le courant de la
vie, sans dire gare et sans compter. Il s’agit
de faire le plus de choses possible dans le
plus court délai. La fatigue s’oublie, l’attrait
de la nouveauté l’efface. Il faut voir, voir,
voir encore ! Et dans des circonstances pa-
reilles à celles qui viennent de se passer,
c’est cent fois pis! De l’exposition au
congrès, du congrès aux banquets, aux soi-
rées, aux visites de parcs célèbres ; et les
notes à prendre, et les correspondances
avec le pays absent ! Que sais-je encore?
Il faut donc être rentré chez soi pour
bien voir et se reconnaître dans ce dédale
de notes prises en courant.
J’ai le projet, en vous entretenant de cette
exposition, de passer légèrement sur les
objets d’importance secondaire. Il est
assez de plantes de premier ordre pour suf-
fire aux plus difficiles, et, sous peine d’être
un catalogue complet, aussi volumineux
qu’une année de la Revue horticole, il faut
renoncer à peindre autre chose que les
splendeurs de la fête.
Aussi bien, que vous importe que mon-
sieur tel ou tel ait obtenu une grappe de
Raisin ou une Azalée presque aussi belle
que celle de son voisin? L’intérêt véritable,
pour le lecteur qui n’a pu se rendre compte
de visu, réside dans les nouveautés hors
ligne, dans les procédés nouveaux ou per-
fectionnés de la culture, dans toutes les
choses qui s’écartent véritablement du com-
mun et ouvrent à l’horticulture un horizon
plus étendu.
I. — L’Exposition.
Tout au bout de Piccadilly et de Bromp-
ton-Road, grandes voies qui correspondent à
nos Champs-Elysées et sont le chemin de la
fashion, des élégances de la grande cité,
vers la promenade de Ilyde Park, se trou-
vent les jardins de Kensington, propriété
EXPOSITION HORTICOLE INTERNATIONALE DE LONDRES.
23 i
vraiment princière de la Société royale
d’horticulture de Londres.
Nous reparlerons à son heure de cette
création remarquable, digne d’une grande
nation et d’une société où les millions abon-
dent.
Sur cet emplacement choisi, s’élevait la
tente immense qui abritait l’exposition. Elle
ne couvrait pas moins de 3 acres et demi
de superficie, sans compter les annexes,
d’une surface à peu près égale. Cette tente,
d’une construction très-simple, peu élé-
gante et couverte de toile grise, se subdivi-
sait en trois nefs principales et une qua-
trième plus petite destinée aux Orchidées et
aux nouveautés de serre chaude. Un chauf-
fage particulier protégeait toutes ces pré-
cieuses raretés contre les abaissements noc-
turnes de la température.
En entrant sous ce grand vaisseau, dont
l’accès se faisait par un plateau surélevé et
terminé par un rocher en basalte factice,
la première impression était saisissante.
Des profusions de fleurs, de feuillages bril-
lants; par milliers, des spécimens de plan-
tes relativement géantes et d’une admirable
culture; toutes ces raretés que nous ne
connaissons guère qu’en échantillons minus-
cules, et qui étaient là-bas des arbres, se
pressaient dans un mélange délicieux.
Mais bientôt une sensation d’uniformité
dans l’arrangement vous saisissait. Tout
cela, bien que disposé avec grande intelli-
gence, était confus. Pas d’aspect d’ensem-
ble, pas un beau point de vue ménagé sur
tes côtés brillants et lointains de l’exposi-
tion, aucune préoccupation artistique de
l’effet général î
La vue des plantes pour elles-mêmes, en
détail, pas autre chose.
C’est ici le lieu d’expliquer la différence
profonde du mode de disposition des expo-
sitions anglaises avec celles de France.
Chez no\is, étant donné un certain nom-
bre de plantes destinées à composer une
exposition, on n’a pas d’autre préoccupa-
tion que d’en composer un tout qui plaise à
l’œil, d’en faire un jardin improvisé,^ le plus
agréable possible. Peu importe que l’on voie
àl’aise toutes les plantes qui le composent,
qu’on puisse les étudier, lire leurs noms,
comprendre le secret de leur culture. Le
jury qui les doit juger suffit à cette tâche.
Ce qu’il nous faut, c’est captiver tout d’a-
bord l’attention du promeneur et le char-
mer par l’aspect général. Nous savons fort
bien que presque personne ne s’approchera
des plantes pour les étudier une à une.
C’est un spectacle et pas autre chose.
Cette préoccupation, qui domine dans
toutes nos expositions, surtout dans cel-
les de province, moins riches d’ordinaire
en raretés que celle de Paris, nous produit
de ravissants jardins, où l’on trouve des mas-
sifs, des pelouses, des corbeilles, des ro-
chers et des ruisseaux dessinés et meublés
à merveille. Mais il faut avouer qu’elle est
peu favorable au développement de l’horti-
culture.
Les Anglais, eux, font toute autre cho-
se. Ils savent cependant ce que vaut l’ar-
rangement et quel moyen d' attraction et
de réclame ce serait pour leurs cultures.
Et cependant ils n’hésitent pas : ils veulent
exposer des plantes et non pas un jardin.
Tout doit être sacrifié au détail, à la spé-
cialité. Qu’on puisse voir leurs produits
sous le meilleur aspect, c’est leur seul
souci. Des gradins grossiers rapprochent de
l’œil de l’observateur les petites espèces.
On vous placera au haut d’une perche la
plante qui veut être vue par dessous; on
penchera sous votre rayon visuel celle qui
veut être vue de face ; on approche de vous
cette miniature vivante, on éloigne au con-
traire celle dont l’effet repose dans l’ensem-
ble. Tout est entendu à merveille au point
de vue personnel de chacun. Pas un expo-
sant n’est sacrifié à l’autre.
Il résulte de ceci que la plupart du temps
une exposition florale, en Angleterre, res-
semble aux gradins d’une serre marchande
ou à une planche de potager !
Mais, pour les Anglais, c’est là la moindre
affaire. Ils savent bien que le public qui les
visitera, ami et connaisseur, appréciera leur
talent et leurs richesses végétales, et ils ont
la sagesse de préférer dix amateurs choisis
à mille flâneurs indifférents.
La dernière exposition de Kensington a
évidemment été disposée suivant cette ins-
piration. L’habile directeur du parc de Bat-
tersea, M. Gibson, qui est en Angleterre un
homme de beaucoup de goût en matière de
jardins, a été obligé de plier son dessin aux
préférences traditionnelles des exposants.
Voilà l’explication du plan, fort élémen-
taire comme tracé, mais excellent pour
l’examen des plantes, qui a prévalu à Ken-
sington.
Commençons l’examen par les Roses. —
La Rose est une de nos gloires nationales.
Toutes ou presque toutes les variétés actuel-
lement cultivées dans les jardins de l’Eu-
rope, sont nées en France et portent des
noms français. Il est fort heureux pour
nous que nous ayions cette consolation,
car il faut avouer que nos voisins, cette
fois, viennent de nous faire la leçon.
On peut dire que nous avons donné des ver-
ges pour nous faire fouetter.
Il y avait là-has une demi-douzaine de
lots de Rosiers fleuris qui ont stupéfait les
rosiéristes de Paris, de la Brie et d’Angers
qui se trouvaient à Londres. Figurez-vous des
arbustes francs de pied, formant des pyra-
mides de 1^.50 à mètres de hauteur sur
1 mètre à U". 50 de large, littéralement
235
EXPOSITION HORTICOLE INTERNATIONALE DE LONDRES.
constellés crénormes et splendides fleurs
épanouies à la fois! Tous les rameaux
étaient pourvus de fleurs et palissés, ba-
gueîfés avec un soin infini. Une fleur ne
dépassait pas l’autre. On ne peut pas arriver
plus merveilleusement. Il faut ajouter que
les fleurs, bien qu’obtenues sous verre, ne
ressemblaient en rien aux Roses décolorées
de nos spécialistes qui forcent la Rose ix
Paris, et qui cependant ont bien du talent.
Elles étaient larges, épanouies, d’un éclat et
d'un ton merveilleux.
Les prix ont été chaudement disputés
entre MM. Charles Turner, de Slougli, et
William Paul, de Valtham Cross. — Ils se
sont partagés les premiers et seconds prix
dans six concours spéciaux ouverts pour les
Roses. J’ai surtout remarqué, parmi le
choix considérable de belles plantes de ces
deux vainqueurs, de superbes pyramides de
Comtesse de Chabrillant, The President,
Charles Lefebvre, Vicomtesse Decazes, Paul
Ferras, Anna de Diesbacb, Charles Lawson,
Madame Victor Verdier, Prince Camille de
Rohan, Souvenir d’un ami, Raronne Pré-
vost, Victor Verdier, François Lacharme,
Madame Roll. Ces variétés, et plusieurs au-
tres dont je n’ai pas le loisir de citer les
noms, se prêtent fort bien à cette culture
demi-bâtée dont je viens de vous indiquer
de si beaux exemples.
Vers le milieu de la nef centrale, s’éta-
geaient les Pelargoniums. On sait que depuis
longtemps nous ne devons plus rien à l’An-
gleterre pour cette culture. Demandez plu-
tôt à MM. Thibaut, Malet, Chauvière, Lier-
val et autres. Ils vous feront des plantes plus
vite et tout aussi bien que nos voisins d’Ou-
tre-Manche. Et surtout, n’oublions pas que
les variétés charmantes et innombrables
qui peuplent aujourd’hui nos serras sont
d’origine toute française. Le Pélargonium
à cinq macules, dit Odier, est dû à un de
nos habiles compatriotes. De lui sont sor-
ties toutes ces formes et ces couleurs qui
ont si bien détrôné les anciens Pelargo-
niums fantaisies, ce que les Anglais nom-
ment tout court des Fancies. Cela est si
vrai que, même en Angleterre, le temps de
cette série est passé, en dépit des efforts de
MM. Fraser, Turner et Railey, qui nous en
ont montré des spécimens fort bien cul-
tivés.
Rendons justice cependant à la perfection
de culture apportée par M. Ch. Turner dans
la collection de 20 Petargoniam grandifto-
rum en pots qu’il avait exposés. Rien à dé-
sirer de mieux fait, de plus beau comme
éducation et santé. J’engage fortement les
amateurs qui ont des serres assez spacieu-
ses à adopter la disposition anglaise pour
leurs Pelargoniums. Elle consiste à favoriser
la végétation au premier printemps, par une
distribution crescendo d’engrais composé de
sang de bœuf, mélangé à du terreau de
feuilles et réduit en poussière. Au lieu de
tailler les pousses qui s’emportent, on les
palipe sur une légère armature circulaire
en fil de^fer qui dépasse les bords du pot
de 10, 15 ou 20 centimètres et sur d’autres
cercles moins grands et plus élevés, au fur
et à mesure qu’on s’approche du centre.
Cela donne une forme méplate, hémisphéri-
que qui n’exclut ni la légèreté, ni la grâce,
et qui est très-favorable à l’aspect d’ensem-
bje de la floraison. C’est une supériorité
bien connue de la culture des Anglais; ils
emploient cette disposition pour tous leurs
Pelargoniums, même les zonals. Elle ira
rien de difficile, et nous devrions bien mon-
trer aux londoniens, l’année prochaine,
que nuus les pouvons battre avec leurs pro-
pres armes.
Que dire des Azalées et des plantes de
serre froide qui éblouissaient les regards!
Les merveilles de l’année dernière et de
la précédente, â Bruxelles et Amsterdam,
ont été distancées de bien loin. C’est une des
puissances classiques de l’horticulture an-
glaise. Nous ne pouvons espérer de sembla-
ble succès : il faut en prendre son parti.
Cela tient â plusieurs causes. Lg première,
la principale, est le sol dans lequel on les
cultivé, ce loam bienfaisant que notre terre
de bruyère ne suffit point â remplacer.
Les plantes trouvent lâ un tel élément de
prospérité qu’on les voit souvent dépasser
leurs proportions natales. Combien de frêles
arbustes de l’Australie, de bruyères du Cap
de Bonne-Espérance, deviennent ici des ar-
bres couverts de fleurs cent fois plus abon-
dantes et plus belles que sur les montagnes
d’où on les a apportées! La seconde ré'side
dans l’eau des arrosements. A mon avis, il
n’est pas douteux que, dans la plupart des
régions de l’Angleterre, les eaux sont plus
propres que les nôtres â dissoudre les prin-
cipes assimilables contenus dans le loam.
Cela est si vrai, que, si nous achetons en An-
gleterre une plante bien portante de cette
famille, fût-elle tout fraîchement rempotée,
elle mourra infailliblement en peu de semai-
nes, si l’on ne se hâte de secouer toute la
terre â l’arrivée et de la remplacer par de
la terre de bruyère. D’oû cela viendrait-il,
sinon de Finffuence malfaisante de nos eaux
sur les racines?
A presque toutes ces plantes, aux Azalées
surtout, on a imposé en Angleterre la forme
pyramidale. Elle favorise beaucoup la végé-
tation par l’équilibre qu’elle apporte'^ â
toutes les parties de l’arbre et son point
d’appui sur les lois naturelles. Je la pré-
fère de beaucoup â la forme en boule sur-
baissée que l’on donne chez nous â la plu-
part des plantes, et qui est aussi laide
qu’irrationnelle.
Je recommande aux amateurs, parmi cette
EXPOSITION HORTICOLE INTERTATIONALE DE LONDRES
avalanche incomparable de plantes, cultivées
comme on ne le fait pas encore chez nous,
hélas! les espèces suivantes, qui m’ont sur-
tout frappé d’admiration :
Boronia pimmta, Acrophyllum venosmn,
Br ica Cavendishii, Erica venlricosa coccinea
nilnor, Aphelexis macrantha purpurea, Pi-
mclea Hendersoni, Phœnocoma prolifei'‘a
Barnesii, Rhyncospermvm jasminiflonmi,
Hederoma tulipifera, Chorizema cordata
splendens, GenetyUis Hookeriana, Ixora
alba, AlUmanda grandiflora, etc.
Les plantes de serre tempérée en fort
beaux exemplaires ne le cédaient point à
celles-ci. Il convient de nommer les sui-
vantes : \eslxoTa de MM. Lee, de Hammers-
mith, et leurs MediniHa, Adenandra^ Je-
trateca; les Oxylobkim arborescens, char-
mante Papilionacée; les Clerodendron
Thomsonœ; LeschenauUia , Coleonema, Bo-
ro7iia, Allamanda cathaidica, Aotus gra-
cilimm ^ Pleroma elega^is, que sais-je en-
core ?
A ces conquêtes enchanteresses de la
culture, devant lesquelles la riche et froide
description doit se taire, il faut appliquer
les noms des vainqueurs: MM. Charles Tur-
ner et Veitch, pour des Azalées monstrueu-
ses, dont plusieurs formaient des pyrami-
des compactes de 2 ou 3 mètres de hauteur;
pour les plantes variées de serre froide,
M. Baines, jardinier de M. Micholls, de
Summerfield, Bowden; M. Peed, de Lower,
Norwood;M.Lee, de Hammersmith , M. Cole
et fils, de Withington, Manchester; MM. Car-
son, Page, etc.
Le nom de MM. Veitch s’attache aussi a
un magnifique Bi^ownea erecta, et celui de
M. Williams à un Bhopala Songhii superbe,
de 7 mètres de haut.
E. André.
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’HORTICULTURE.
La Société centrale d’horticulture s’est
réunie en Assemblée générale, le 24 mai
dernier, pour examiner un projet de nou-
veaux statuts, rédigé par son conseil d admi-
nistration, à la suite de demandes émanées
de plusieurs membres. Ce projet a été adop-
té cà l’unanimité. Voici les principaux points
par lesquels les nouveaux statuts diffèrent
de ceux qui avaient été édictés au moment
de la formation de la Société, en août 1855,
lors de la réunion des deux Sociétés d’hor-
ticulture de Paris et de la Seine :
loLa Société prend, à dater d’aujourd’hui,
le nom de Société impériale et centrale dlior-
ticulture de france; — Ce complément de
titre, qui caractérise bien l’étendue du cer-
cle d’action de la compagnie, a été l’année
dernière également ajouté au nom de la
Société centrale d’agriculture.
Les membres titulaires payent une
cotisation annuelle de 20 fr., qui peut être
également acquittée en un versement de
250 fr. une fois donnés. La cotisation est
de 25 fr. par an pour les dames patroiiesses,
qui peuvent aussi se libérer par un même
versement de 250 fr. — On se souvient que,
il y a plus de deux ans, une pioposition
spéciale avait été faite par le conseil d’ad-
ministration de la Société, pour introduire
dans les statuts cette disposition de la pos-
sibilité de s’acquitter des colisations annuel-
les par un versement unique. Celle propo-
sition avait alors été rejetée par l Assemblée
générale des membres, nous ne savons trop
pourquoi, car elle nous paraît bonne et
libérale et ne peut entraîner aucun incon
vénient, comme nous l’avons fait ressortir
au moment de sa discussion. (N o\r \a. Bevue
de 1864, page 76.) Nous sommes heureux
de la voir enfin adoptée en principe.
3« Le président, le premier vice-prési-
dent, le secrétaire général et le secrétaire
général adjoint, le trésorier, le trésorier
adjoint, le bibliothécaire et le bibliothécaire
adjoint, sont élus pour quatre années et réé-
ligibles. Les quatre vice-présidents et les
quatre secrétaires, nommés pour deux an-
nées, sont renouvelés par moitié chaque
année et non rééligibles avant un an.
Tous les fonctionnaires sans exception étaient
jusqu’à présent soumis à la réélection cha-
que année. L’expérience a démontré que les
changements étaient loin d’être aussi fré-
quents, et que presque toujours les hauts
fonctionnaires étaient réélus plusieurs an-
nées de suite. La limite de quatre ans don-
née à leur mandat ne fait donc que concor-
der avec les faits démontrés par 1 usage.
Nous devons ajouter que, dans le cas où une
vacance surviendrait dans le courant de 1 an-
née parmi les fonctionnaires élus pour qucV
tre ans, le conseil d’administration peut dé-
cider qu’il sera pourvu au remplacement du
fonctionnaire manquant avant la séance de
la fin de l’année.
Toutes les autres dispositions des statuts
votés le 24 mai sont textuellement, ou à
peu de chose près, les mêmes que celles
des statuts primitifs.
La Société s’est occupée également, dans
cette séance, de ses travaux habituels. I^s
présentations ont été assez nombreuses. En
voici la liste :
M. Chevalier (de Montreuil) avait ap-
porté : Un rameau du Pêcher obtenu par
lui, et propagé sous le nom de Belle Impé-
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’IIORTICLLTIRE.
237
7iaJe. Ce rameau n’a pas etc taillé et a subi
un seul piiicemeiitjen juillet 18G5. De la base
du pincement ont surgi dix Heurs, qui ont
produit dix Pèches. La présentation est faite
dans le but de prouver la vigueur de celte
variété; 2» Un rameau de la même variété,
traité d’après la culture de Montreuil. La
taille a eu lieu sur deux yeux : il s’est pro-
duit sur la coursonne une série de trois bou-
quets de mai qui ont donné douze Pêches, ce
qui dénote la fertilité de la variété; Un
autre rameau présentant un exemple des
effets de l’incision longitudinale sur la base
même de l’œil ; l’incision a fait développer
un bourgeon qui a fourni une branche de
remplacement d’une vigueur convenable.
C’est une preuve à Pappui de l’efficacité de
la méthode de M. Rivière, et dont le pré-
sentateur peut montrer dans ses cultures un
grand nombre d’exemples.
Au Comité de floriculture, M. Thibaut-
Prudent a présenté un Mimulus rivulaiis,
dans lequel le calice s’est transformé en
corolle. Cet apport lui a valu une prime de
3e classe. Le comité a, en outre, décerné
une prime de 2® classe à M. Joseph Landry,
pour une Azalée, hybride fixée de l’Azalée
Alexandre IL
On sait combien M. Rivière, jardinier en
chef du Luxembourg, met d’empressement
à faire part à la Société des remarques qu’il
enregistre dans sa savante pratique. A cette
séance, il montrait un Cypripedium barba-
lum superbumy originaire du Rrésil. — La
culture de cette plante est très-difficile en
terre chaude. M. Rivière a placé le pied en
serre tempérée, de mai en novembre, puis
il l’a remis en serre chaude où il a produit
les fleurs dont il est couvert. Un autre Cy-
pripediam de la même espèce, laissé en
IIKVUË DES PUBUCAÏTOlXS 1
Le Gartenllora nous offre sur la planche
3i8 un choix de belles variétés du Phlox
Drimimondi et du Phlox decussala. Dans le
texte qui accompagne ces figures, M. Regel
entre dans les détails du traitement qu’il
convient de donner à ces belles plantes. La
planche 479 est également consacrée à une
plante indigène sinon très-commune au
moins très-anciennement connue dans nos
jardins, qui se trouve en France en état
spontané dans les hautes montagnes du
Dauphiné, c’est le Gentiana ascleinadea de
Linné. Outre la forme type de cette espèce
à fleurs uniformément hleues, le journal
allemand représente une variété à fleurs
entièrement blanches et une autre à fleurs
striées en blanc et bleu.
Itoceonia (viacleja, *R. Br.) cordata, W. var.
japoifiiea, BOUCHÉ, pl. 480.
Les graines de cette belle variété ont été
serre tempérée, a perdu ses feuilles, mais a
conservé ses bulbes intacts. En général,
les orchidées du Rrésil et du Mexique vien-
draient bien dans une serre tempérée où la
chaleur ne descendrait jamais au dessous
de -j- 5 degrés. En présentant ensuite un
régime de Dattier, obtenu à Cannes, M. Ri-
vière annonce un fait assez curieux. Le
Chamœrops excelsa mâle du Luxembourg
va servir à féconder celui du Jardin botani-
que de Rordeaux, qui n’a que des fleurs fe-
melles. Souhaitons une nombreuse progé-
niture à ces deux enfants des zones torrides,
exilés sous nos rudes climats.
M. Rilliard, pépiniériste à Fontenay, a
déposé sur le bureau un Tamarix telrandra
de semis , un rameau de Spirœa et un
Coronilla emenis , à fleurs entièrement
jaunes, qui lui ont valu des remercîments.
Nos lecteurs n’ont point perdu le souve-
nir de la note de M. de La Roy sur le. sys-
tème de pincement des feuilles du Pêcher,
imaginé par M. Crin, de Chartres. (Voir le
no Ju jer page 160.) M. Lepère, de
Montreuil, conteste qu’on puisse appliquer
ce traitement à toutes les variétés de Pêchers.
Des essais sont faits en ce moment non-seu-
lement sur des variétés diverses de Pêchers,
mais encore sur toutes les espèces d’arbres
fruitiers : Poiriers, Pommiers, Abricotiers,
etc. L’expérience prononcera.
M. Duchartre a fait hommage à la Société
de son nouvel ouvrage, intitulé : Traité élé-
menlaire de botanique. Nous aurons certai-
nement occasion de revenir sur ce livre,
dans lequel le savant académicien s’est atta-
ché à signaler les rapports qui existent entre
la physiologie végétale et la culture. Nous
sommes certains d’y trouver une source
féconde d’enseignements. — a. Ferlet.
IRTICOLES DE E’ÉTRAlXGER.
envoyées au jardin botanique de Rerlin par
M. Wichura, qui, en 1860, faisait partie d’une
expédition prussienne dans l’extrême Orient.
M. Wichura l’avait trouvé à l’jétat spontané
au Japon. Elle se distingue du type intro-
duit dans nos jardins depuis très-long-
temps par sa taille bien plus élevée, par ses
feuilles plus grandes, profondément divi-
sées, et par le coloris plus foncé de ses
feuilles.
si»lc3uleits, H. WendlAND, pl. 481.
Relie Loganiacée introduite par Wend-
land du Guatemala. Cette espèce se distin-
gue de ses congénères par le duvet qui la
couvre et par ses feuilles supérieures dis-
posées au nombre de quatre en verticilles.
Les grappes florales unilatérales sortant
des aisselles de ces feuilles sont composées
de longues Heurs tubuleuses d’un écarlate
très-vif.
REVUE RES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER.
238
Jiutliiiriiim Scherzerlammi, Schott, pl. 482.
Belle Aroidée du Guatemala, découverte
par Scherzer. Sou introduction est due à
M. Wendland qui l’a récoltée à Gosta-Rica.
(’etle plante, à feuilles lancéolées pointues,
mutes radicales, est d’une grande beauté à
cause de sa spathe et de son spadice, d’un
rouge écarlate très-vif.
Kurybia uUida, HOOKER fils, var. tien ata,
pl. 483.
Composée arborescente de la Tasmanie, à
feuilles alternes, elliptiques, pointues lâche-
ment dentelées, couvertes en dessous d’un
duvet soyeux. Les capitules des fleurs sont
disposés en corymbes axilaires. C’est une
belle plante d’orangerie. Elle a été décrite
aussi sous les noms A’Eimjbia alpinci^ Lind-
LEY, Solidago arborescens, Forster, et
Sleiractis arborescens, de Candolle.
Oromovia imlcliella, RegeE, pl. 484.
Sous-arbrisseau, appartenant à la famille
des Acanthacées. Il a été introduit d’Amé-
rique par M. Linden, sous le nom de Belo-
pcrone violacea; mais M. Regel a cru devoir
l’ériger en genre particulier, et l’a appelé
Gromovia, en honneur de M. Gromow,
riche amateur qui possède un des plus
beaux jardins de Saint-Pétersbourg. Les
feuilles sont lancéolées-oblongues, courte-
ment pétiolées; les jolies fleurs tubuleuses,
d’un beau lilas pâle, sont disposées en ca-
pitules terminaux très-serrés.
liiliuui aveuaceum, Fischer, pl. 485,
Ce Lis compte, parmi les plantes les plus
intéressantes que le Japon nous a fournies.
Il appartint au groupe de ce genre qui est
caractérisé par ses feuilles disposées en
verlicille et il est un proche parent du
Lilium Martagon, cette belle espèce qui
se trouve dans les bois montagneux de
presque toute l’Europe. Mais le Liliiun
avenaceum lui-même a une distribution
géographique assez vaste, car on le trouve
à l’état spontané, â partir du Kamtschatka,
le long des côtes orientales de l’Asie, jus-
qu’en Mandchourie, et dans l’archipel japo-
nais, ainsi qu’â Sachalin et sur les îles
Kurdes. M. Regel attribue l’introduction
tardive de cette charmante plante, aux fleurs
d’un rouge écarlate, â pétales recourbés,
disposés de 1 â 12, en grappe dressée, â la
difficulté de transporter très-loin les bulbes.
Comme son arrivée en Europe est â présent
un fait accompli, il est a espérer que ce
beau Lis sera bientôt répandu dans nos jar-
dins. Les feuilles de cette espèce, disposées
en verticille autour de la tige, varient entre
la forme linéaire-lancéolée et elliptique
allongée. Outre sa beauté, cette plante a
encore pour elle une grande rusticité.
CardiaiiUe-a Sii.rüU) et Z(JCG.\RIM.
pl. 486.
Le genre Cardiandra appartient â la fa-
mille des llydrangées. L’espèce dont il est
question ici a été introduite du Japon par
Maxim ovicz. La plante sauvage se distingue
de celle qu’on possède dans les cultures
par ses nombreuses fleurs stériles et par le
coloris rougeâtre des fleurs. Aussi, dans le
Japon, où on cultive fréquemment cet ar-
buste, il offre toujours des fleurs blanches
étant cultivé. A Saint-Pétersbourg, on est
obligé de traiter le Cardiandra alirrnifolia
comme plante d’orangerie; mais, en France,
il passera facilement l’hiver en pleine terre
lorsqu’on aura soin de le couvrir légèrement.
Les rameaux périssent pendant l’hiver pres-
que jusqu’à la souche, mais ils repoussent
vigoureusement au printemps suivant, et, au
mois de juillet, iis se couvrent de charmants
corymbes composés de fleurs blanches et
supportés par les extrémités des rameaux.
Les feuilles oblongues-lancéolées, pétiolées
sont, dans la plante cultivée, de préférence
opposées. La plante sauvage a encore cela
de particulier qu’elle offre presque toujours
des feuilles alternes.
Euchresta Japonica, HoOKER FILS, pl. 487.
L’introduction de celte légumineuse japo-
naise est aussi due à Maximovicz. C’est un
sous-arbrisseau qui dans sa patrie atteint
0™.30 â 0‘".50. Il a été trouvé par Oldham,
près de Nangasaki, et Maximovicz la décou-
vert dans l’île Kiusiu (Japon), sur les monts
Naga et Hikosan, dans les bois riches en
terre végétale. Les feuilles longuement pé-
tiolées sont ternées â folioles assez grandes-
ovales. Les grappes de fleurs blanches se
développent au sommet des tiges et dans les
aiselles des feuilles supérieures; elles s’é-
panouissent en juillet. Les fruits sont bien
singuliers ; ils constituent une gousse ovale-
allongée, non déhiscente, d’un noir-brunâtre
brillant. On multiplie facilement par bouture
VEuchresta Japon ica, qui n’a pas encore mûri
ses graines dans la culture.
füeilla ceriiiia, Redouté, pl. 488.
Cette fleur printanière n’est point une
nouveauté pour nos jardins; néanmoins elle
mérite d’être cultivée plus souvent qu’on
ne le fait, car elle produit un effet fort joli
par ses fleurs assez grandes d’un bleu d’azur.
Elle est surtout recommandable comme
fleur de bordures; elle n’exige aucun soin,
passe parfaitement l’hiver en pleine terre et
se multiplie spontanément par ses nom-
breux cayeux.
Petasiies ofüeinalis, MoENCH, et :?IyoîioUs
Hylvalica, IIoFFMANN, pl. 488.
Plantes indigènes, assez communes, que
M. Regel recommande â la culture. La der-
nière surtout nous paraît mériter cette re-
commandation â un haut degré.
KEVUE DES PJBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRAISGER.
ftpiraou amuren^iis. Maximowicz, pl. 489.
Espèce découverte par Maximowicz dans
les montagnes Bureja du territoire du fleuve
Amour. Elle est voisine du Spiræa opiili-
folia, Linné. Les feuilles de cet arbrisseau,
qui forme de charmants bosquets, sont tri-
lobées ou quinquelobées, à lobes ovales,
pointues, doublement dentés à leurs bords.
Les feuilles, d’un vert mat, sont glabres
en dessus, couvertes d’un duvet blanchâtre
en dessous. Les fleurs blanches, assez gran-
des, sont disposées en corymbes.
ito^iera Planchon et Linden pl 490
fig. 1 et 2.
Cette rubiacée a été introduite dans l’é-
tablissement de M. J. Linden par M. Ghies-
breght, qui l’avait trouvée dans les monta-
gnes de Chiapas. C’est une fort belle espèce,
à feuilles persistantes ovales pointues, à
fleurs longuement tubuleuses roses. Il con-
vient de rhiverner dans une serre basse
à une température de 8 à 10 degrés centi-
grades, et pendant l’été on la place en pleine
terre.
Bambusa aureo-striata et arg^enteo-striata.
Regel, pl. 490.
Ces deux plantes, qui n’ont point encore
fleuri dans les cultures, sont très-remar-
quables par le charmant coloris de leur
feuillage. La première a des feuilles munies
de stries plus ou moins larges d’un beau
jaune vif; parfois ces feuilles sont presque
entièrement jaunes, d’autrefois le vert y
domine. Le Dambusa aureo-striata, qui
atteint une hauteur de 0^.40 à 0"‘.70, a des
feuilles assez larges, lancéolées ou’ovale-
lancéolées, tandis que le Bambusa argenteo-
striata, qui offre des feuilles à stries blan-
chesplus étroites, se distingue en outré par
la forme lancéolée-linéaire de ses feuilles.
Toutes les deux sont, selon Maximowicz, qui
les a emportés en Europe, très-estimées
dans les jardins japonais.
Ai'cliKia hoHortini, MaximoWICZ, pl. 491.
Cette Myrsinée est encore une introduc-
tion japonaise de Maximowicz. On connaît
cette plante dans sa patrie, seulement à l’é-
tat cultivé, et elle y offre une multitude de
variétés ; elle s’approche assez de VArdisia
crispa, si répandu dans les jardins, dont
elle diffère cependant par ses feuilles plus
étroites, entières, munies au bord de
points saillants qui les font paraître créne-
lées. Il est probable que VArdisia Jwrto-
rum a été introduit au Japon des contrées
chaudes de la Chine. Il se cultive facilement
en serre tempérée où il développe en abon-
dance pendant l’été ses fleurs rougeâtres et
se garnit pendant l’hiver de ses beaux fruits
écarlates.
Krythrochæte palmatifidii, SiEDOLD et
ZUCCARINI, pl. 492.
Cette composée à feuillage extrêmement
ornemental, constituant jusqu’ici la seule
espèce de son genre, a été décrite en pre-
mier lieu par MM. Siebold et Zuccarini.
C’est encore Maximovicz qui l’a introduite
dans le jardin de Saint-Pétersbourg, d’où
elle a été distribuée en partie sous son vé-
ritable nom, en partie sous celui de Poro-
phyllum Japonicum. C’est une plante vi-
vace, très-vigoureuse, haute de 1 mètre â
I"^.40. Le sommet de la tige se divise en 3
à 5 pédoncules dont chacun porte un grand
capitule floral. Les feuilles radicales sont
supportées par de longs pétioles cylindri-
ques qui atteignent plus de de lon-
gueur. La feuille elle-même mesure O*". 70
et au delà de diamètre; elle est divisée en
dmq lobes digités. Les demi-fleurons de la
circonférence du capitule floral sont d’un
jaune doré. Cette magnifique plante est ab-
solument rustique et ne craint nullement
liiiver du climat de la France.
Groenland.
REVUE COMMERCIALE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUIN)
Les chaleurs qui sont survenues ont amené
en général de la baisse sur les prix de presque
toutes les denrées vendues à la halle de Paris;
c’est, du reste, ce qui arrive généralement à
cette époque de 1 année, excepté pour quelques
gros légumes qui souffrent parfois de la séche-
resse. Voici le cours de la mercuriale du 10 juin
Légumes frais. — Les Carottes pour chevaux
ont valu au commencement du mois, 12 fr. les
100 bottes, aujourd’hui on les cote de 15 à
20 fr.; c’est encore 2 fr. de baisse sur le prix
de notre dernière revue; les Carottes nouvelles
se vendent de 40 a 85 Ir. les lllO bottes, avec
5 fr. d’augmentation. — LesPanais,quiva-
hueul (1(> 2i à 32 fr. se paient aujourd’hui de
2oà 50 tr. ; c’est la denrée dont le taux a le
plus augmenté. — Les Navets se vendent de 20
à 30 fr. les 100 bottes, avec 20 fr. de baisse en
moyenne depuis quinze jours. — Les Poireaux
nouveaux sont an prix de 80 â 100 fr. les 100
bottes. — Les Choux nouveaux valent de 10 à
2o fr. le 100, avec 3 fr. de baisse sur le prix
maximum. — Du 1er au 5 juin, les prix des
Choux-fleurs de Paris est diminué de plus de
moitié; aujourd’hui on les cote en moYenne de
15 à oO fr. le 100. — Les Oignons nouveaux
ont haïsse^ de 5 fr. par 100 bottes, et se payent
cote les Uadis roses de
01.2o à 0f.40 la botte au lieu de 0f.30 à 0f.50.
— Les Champignons valent toujours de 0f05
nr ~ ^st coté de
Of.lO a Of. 15 la botte. — Les Asperges de châs-
sis ne diminuent pas; on les vend toujours de
l a 10 fr.^ la botte; elles ont même monté à
lo fr. le 7 juin. — Les Haricots verts, au con-
lra"e valent nioUié moins qu’il y a quinze
nf'rn’’ AI- oa‘*i *0'" vendus
Ot.oJ a 01.80 le litre avec une forte diminution
— ün ne cote pas encore les Pommes de terre
nouvelles a la halle. L’hectolitre de Hollande
I
REV€E COMMERCIALE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUIN).
se vend toujours de (3 à 6f .50, et celui de Pom-
mes de terre jaunes de 4 à 4f.50.
Herbes et assaisonnements. — Les Epinards
se vendent de 0f.20 à 0f.30 le paquet, avec
Of.lO de baisse sur le prix maximum. — L’O-
seille a diminué de 0f.20 par paquet; elle est
cotée de Of.lO à Of.80. — On paye le Cerfeuil de
Of-15 à Of.55 la botte, c’est-à-dire un peu
moins qu’il y a quinze jours. — Le Persil se vend
deOf.15 à0f.20; il valait le Icf juin de 0f.l5 à
0f.30. — L’Ail ordinaire est coté 3 fr. le pa-
quet de 25 bottes en hausse de 1 fr. , mais ce-
lui de belle qualité se vend 4 fr., c’est-à-dire
1 fr. de moins qu’il y a quinze jours. — L’E-
chalotte, vaut de Of.60 à 0f.80 la botte, avec
0f.l5 de hausse en moyenne. -7- L’Estragon a
diminué de prix ; il vaut de 0f.20 à 0f.40 la
botte. — Les autres denrées de cette catégorie
ont conservé leurs prix comme il suit ; Cibou-
les, 0f.l5à 0f.20; Thym, Of.lO à 0f.20; .Appé-
tits, Of.lO à0f.l5; Pimprenelle, Of.lO à 0f.20
la botte.
Salades. — Les bottes de 4 têtes de Romaine
est cotée de 0f.20 à 0f.50 avec Of.lO de baisse
depuis quinze jours. — La Laitue se paye de 3
à 8 fr. au lieu de 4 à 10 fr. le 100. — Il y avait
encore, au commencement du mois, des Pissen-
lits au prix de Of.lO à 0f.20 le kilogr.; on n’en
voit plus aujourd’hui. — Le Cresson ordinaire
a beaucoup diminué de prix ; on le cote de
0f.04 à Of.22 la botte de 12 petites bottes. —
La Chicorée frisée vaut de 6 à 14 fr. le 100
avec 4 fr. de baisse sur le prix minimum.
Fruits frais. — Le Chasselas do serre est
un peu diminué ; mais il se vendait encore de
5 à 12 fr. le kilogr il y a 8 jours. — Les Frai-
ses valent de lf.50 à 3 fr. le panier, sans baisse
sensible depuis notre dernière revue. — Les
Cerises sont cotées de 1 fr. à lf.20 le kilo-
gramme.
A la halle de Bordeaux, on cote les fruits
CQuime il suit :
Fraises (grosses), lf.50 le panier, ou 1 fr. le
lâl.; — (petites), lf.40 le panier. — Cerises
(Reine-Ilorlense), 40 fr leslOOkil.-— Bigar-
reau, 50 fr. dilo. — Cerises de choix, 30 fr.
dito; — dito communes, IG fr. dito. — Guines
noiies, 30 fr. dito. — Guines roses, 30 fr.^ dito.
— Framboises, lf.50 le kil, — Abricots (étran-
gers), 150 fr. les 100 kilog.
Fleurs et arbustes d'ornement. — La tempé-
rature élevée dont nous jouissons en ce moment,
étant venue avec des alternatives de pluies
abondantes, a été on ne peut plus fauorables à
la végétation. Aussi les marchés delà première
quinzaine de juin ont-ils été très-beau, celui du
9 juin surtout. Voici un aperçu des prix des
plantes :
Plantes fleuries en pots. — Pélargonium,
lf.50 à 5 fr. — Géranium zonal et inquinans,
Of.25 à lf.25. — Gardénia, 2 à 2f.50. — Fuch-
sia, 0f.50 à 5 fr. — Rosiers remontants, 1 à
2f.50. — Rhododendrum, 2 à 5 fr. — Kalmia,
2 à 5 fr. — Azalée, 2 à 5 fr. Orangers, 2L50 à
10 Ir. — Citronniers, lf.25 à 2 fr. — Héliotro-
pes, 0f.50 à lf.50. — Verveines, 0f.50 à lf.50.
— Réséda, 0f.50 à lf.25. — Laurier rose,
2f.50 à 5 fr. — Agroslis élégant,, 1 à lf.50. —
Hortensia, 2 à 4 fr. — Hoteia, 2 à 2f.50 —
Deatzia scabra, Of.75 à 1 fr. — Hégonia, lf.50
à 3 fr. — Anthémis frulcsccnt, 0f.50 à lf.50.
Géranium rosat, Of.75 àl fr. — Véronique, Of.75
— Calcéolaire ligneuse jaune, Of.75 à lf.50. —
Giroflées Gocardeau et autres, Of.GO à Of.75. —
Nemophila, 0f.50 à Of.75. — Adonide, Of.25 à
0f.50. — Collinsia, 0f.50 à Of.75. — Eschs-
cboltzia, 0f.50 à Of.75. — Pois de senteur,
0f.40 à Of.75. — Julienne de Malion, 0f.5J à
Of.75. — Pétunia, 0f.30 à Of.75. — Capucines,
Of.25 à Of.75. — Coronille, 0f.50 à 1 dr. Pi-
voine de Chine, 1 à 2 fr. — Pensées, Of.25 à
0f.50. — Myosotis, 0f.30 à Of.25. — Cactus et
Cactées, 0f.50 à 2f.50. — Cierges chenilles,
lf.25 à2f.50. — Phyllocactus, lf.50 à 3 fr, —
(Filets Flon, 0f.50 à Of.75. — Œillets remon-
tants, 1 fr. à lf.50. — Clématites, lf.50 à 3 fr.
— Pittosporum, lf.50 à 3 fr. — Metrosideros,
lf.50 à 3 fr. — Cuphea, 0f.50 à lf.50. — Erica
(Bruyères), Of.59 à 2fr. — Datura, lf.50 à 2fr.
— Phlox Drummondi, 0f.50 à Of.75. — Visca-
ria, 0f.50 à Of.75. — Gypsophila, 0f.50 à Of.75.
— Cynoglosse à feuille de Lin, à 0f.50 à Of.75.
— Coleus, Of.75 à lf.50. — Cobœa, 0f.l5 à
Of.25. — Mimulus, Of.25 à0f.50. — Iris, Of.40
à Of.75. — Rhodanthe, Of.75 à lf.25. — Ficoï-
des, Of.75 à lf.25. — Pervenche de Madagascar,
Of.GO à 1 fr. — Chrysanthème à carène, 0f.50
à Of.75. — Aloës, lf.50 à 5 fr. — Agave, lf.50
à 10 fr. — Echeveria, 0f.50 à Of.75. — Géra-
nium Lierre, Of.75 à lf.50. — Crassula cordata,
Of.75 à lf.50. — Saxifrages, Of.75 à lf.50. —
Billbergia, 3 àlO fr. — Thlaspi blanc et odorant,
0f.50à0f.75. — Campanule, 0f.50 à 1 fr. — Digi-
tale,0f.50 àl fr. — Canna,üf.75à lf.50. — Jasmin
blanc et jaune, Of.75 à lf.25. — Œillets de poète,
0f.30à 0f.50. — Primula, lf.25à 2fr. — Lantana,
Of.75 à lf.50. — Delphinium, Of.75 à 1 fr. —
Mignardises, Of.25 à Of.75. — Agératum, 0f.50
à Of.75. — Musc, Of.25 à 0f.50. — Renoncule,
0f.25à0f.50. — Œillet badin, Of.50 à Of.75.
— Filipendule, 0f.50 à Of.75. — Erysimum,
0f.50 à Of.75. — Collonia, 0f.50 à Of.75. — Oxa-
lis rose, Of.75 à 1 fr. — Chèvrefeuille, 1 fr. à
lf.25. — Weigelia, 1 fr. à lf.25. — Lobelia
Erinus, 0f.30 à Of.75. — Bignonia Jasninoïdes,
lf.50 à 2 fr. — Julienne double blanche, Ju-
lienne violette, 9f.50 à Of.75. — Myrtes, lf.50
à Of.25. — Grenadiers, 3 à 5 fr. — Verveines
Mahoneti, 0f.30 à 0f.50. — Clarkia, 0f.50 à
Of.75. — Passiflora, Of.75 à lf.50. — Belle de
jour, 0f.50 à Of.75.— Souci, Of.25 à 0f.50.— Lin
rouge, Of.75 à 1 fr. — Mufliers, Of.25 à 0f.50.
— Dahlias, 1 fr. à 1f.50. — Pentstemons,_0f.75
à 1 fr. — Pâquerette mère de famille, 0f.20 à
Of.oO. — Campanula speciosa, Of.GO à Of.75. —
Boronia, lf.25 à lf.50. — Magnolia, 3 à 5 et
10 fr. — Vucca, 2f.50 à 5 et 10 fr. — Dra-
cœna, 3 à 15 fr. — Phormium, 3 à 15 fr. —
Aspidistra, 2f.50 à 10 fr. — Chamœrops, 8 à
15 fr. — Curculigo, 5 à 10 fr. — Achyranthes,
1 fr. à lf.50. — Fougères, lf.50 à 3 fr. — Iso-
lepis, 0f.50 à Of.75. — Lycopode, 0f.50 à Of.75.
— Caladium, 2 à 5 fr. — Arum d’Ethiopie,
Of.75 à lf.25. — Ficus, 3 à 15 fr. — Menthe
panachée, Of.75 à 1 fr. — Basilic, 0f.20 à0f.40.
— Rosiers miss Lawrence, Of.25 à 0f.50. —
Delairea, 0f.50 à Of.75. — Oervenche pana-
chée, 0f.T5 à lf,25. — Cotylédon, 1 fr. à,
lf.25, etc., etc.
Les plantes en bourriche valent en général
de lf.50 à 3 fr. la hourriclu'e. Elles sont très-
nombreuses en ce moment sur le quai aux
Fleurs.
A. Ferlet.
à
CiiUONIQÜE HORTICOLE (DÉCXIÈME QCINZAIXE DE JUIN)
DuOlicalion du 2® volume de VAmaleur des jardins, par MM. Decaisne et Naudiii. — Les auxiliaires du
jardinier. — Un oiseau aide-jardinier. — Ca'i>'08ne et j’-oeland. — Dlanlaüous des arbres fruitiers sur
les bords des lignes de cbeniins de fer. — Uavages des chenilles dans les plantations de rruniers du
département de Lot-et-Uaronne. — Emploi du minerai de la soufrùre d’Apt pour le soufrage de la
Vigne. — Propriétés fécondantes de ce minerai. — Floraison du Palmier de Ubineau jardin du Luxem-
Ijourg. — Floraison du DenHia exenala flore pleno. — Exposition de la Société d’horlicullure de l’Ailier.
— Effet de la température sur les végétaux : ]]i<ian(lia caracassana, Enjlhrina Crisla (Jalli, Euealuplus.
— Un fait excentiomiel de végétation. — Le Paoia Californica. — Développement extraordinaire du
llaodiHsa vendi (ilauceseens. — Fructilication du Pinus sabiniana au Muséum. — Floraison de VArundu
consniciia. — Le pincement Grin.
Nous commençons celte chronique
rannouce d’une bonne nouvelle : la mise
en vente du volume de V Amateur des
Jardins^ par MM. Decaisne et Naudin, mem-
bres de rinstitul. Cet ouvrage, attendu depuis
longtemps, vient enfin de paraître. Le noin
des auteurs suffirait pour le recommander, si
déjalel*^!’ volume connu et apprécié comme
il le mérite, n’était une garantie de la
valeur du deuxième. Nous* nous bornons à
annoncer ce livre, laissant à un de nos col-
laborateurs le soin d’en rendre compte.
— Les jardiniers ont souvent d’utiles
auxiliaires dont ils ne savent pas apprécier
le mérite. Nous citerons notamment un oi-
seau qu’on pourrait nommer aule-jardinier,
bien que cette qualification ne soit pas ri-
goureuse, car l’oiseau en question ne manie
ni la bêche, ni la serpette, et les services qu’il
nous rend n’ont d’autre mobile que son in-
térêt. N’est-ce pas , du reste , tà peu près
le seul mobile qui fait agir tous les êdres?
D’ailleurs, cela nous importe peu, l’essentiel
c’est que le résultat nous soit favorable, L^oi-
seau dont nousvoulons parler, toutle monde
le connaît, de nom du moins, c’est la cigo-
gne. Jusqu’ici on a cru qu’elle ne pourrait
vivre que sous un climat chaud, dans le
Midi par exemple; nous avons eu la preuve
du contraire dans un voyage que nous avons
fait récemment à Angers, à Marseille, tà
Nice, etc. En passant à Marseille, nous en
avons vu une dans le jardin de M. Talabot.
Ellese promèneconstammentet semble faire
la police des plates-bandes. Gare aux insectes,
auxreptiles et aux taupes qui se trouvent sur
son passage; elle ne leur fait pas de quar-
tier. Grâce à son très-long et fort bec, dont
elle se sert comme d’une pioche, les souris
et les mulots trouvent en elle un terrible
ennemi, et leur demeure souterraine ne les
met pas toujours à l’abri de ses recberches,
car elle a le llair très-fin, et à l’aide de son
bec-pioebe elle va les chercher assez avant
dans le sol.
Nous avons remarqué un fait analogue à
.^igers, chez M. A. Leroy.' Là, ce n’est pas
^ne, mais trois cigognes qui, du malin au
^ soir, font la police du jardin. Elles ne ren-
Iront jamais, si ce n’est l’hiver lors des
grands froids. Dans ce cas, elles se placent
dans des endroits abrités pour passer la nuit
ou pour se garantir du mauvais temps. Tant
qu’elles trouvent à manger dans le jardin,
elles n’en demandent pas, mais lorsque par
suite des grandes sécheresses ou des mau-
vais temps elles ne trouvent plus leur nour-
riture, elles ne manquent pas de venir
à la cuisine, où, du reste, elles reçoivent
un très-bon accueil. Leur repas pris, elles
s’en vont de nouveau remplir leurs fonc-
tions. Un fait curieux, c’est de les voir
accourir à la cuisine lorsqu’on apprête du
poisson, dont elles sont très-friandes; quel-
que éloignées qu’elles soient, elles viennent
réclamer leur part, qu’on leur accorde tou-
jours largement.
Aux trois cigognes se joint un goéland, ce
qui porte à quatre le nombre de ces sortes
de gardes-cbampêtres emplumés, qui se divi-
sent presque toujours en deux bandes.
Deux des cigognes, un lUcàle et une femelle,
vont toujours ensemble; l’autre cigogne
n’est jamais seule, le goéland ne la quitte
pas d’un seul instant; la nuit même, il cou-
che tout près d’elle.
— • Depuis longtemps déjà on conseille de
planter des arbres fruitiers dans les ter-
rains qui bordent les chemins de fer. Ce
projet a enfin reçu un commencement d’éxé-
cution, et on peut voir aujourd’hui sur la li-
gne du chemin de fer d’Orléans, dans diffé-
rents endroits, en allant d’Atbis à Juvisy,
des plantations de Groseillers, deCassissiers,
désignés et même d’arbres à haute tige, tels
que Pruniers, par exemple. Ges plantations,
très-bien faites et très-bien entretenues, sont
établies dans des sillons disposés transver-
salement à la pente du terrain. Si toutes les
compagnies appliquaient ce système le long
des voies ferrées, on aurait dans quelques
années une quantité de considérable fruits
qui viendraientcontribuer à ralimentation et
au bien-être des populations. Il va sans dire
que les arbres devraient varier suivant le
pavs, le climat, la nature du sol, l’exposi-
tion, etc., etc., et, sous ce rapport, on aurait
à choisir entre les Pommiers, les Poi-
riers, les Cerisiers, les Pruniers, Abrico-
tiers, Pêchers, Amandiers, Vignes, Figuiers,
Groseillers, Framboisiers, etc., etc. Les
compngnies pourraient vendre ces fruits,
sur pied, à des marchands qui se charge-
JlJ.LLET 1866.
13.
CHnOMQUE llOUTICOLE (DEI XIÈME QElNZAlî^E DE JUIN).
âi“2
rnient de les faire cueillir, elles trouveraient
d’autant inieu.v à opérer ce placement que
ces fruits, grâce au chemin de fer, pourraient
être expédiés facilement dans toutes les di-
rections.
— Les chenilles ont été tellement abon-
dantes l’année dernière que cette année-ci
s’en est ressentie. Partout, en effet, où l’on
n’a pas suffisamment échenillé au printemps,
tous les arbres ont eu leurs feuilles et leurs
bourgeons complètement dévorés. Dans le
dernier numéro de h Revue horticole, (page
notre collaborateur, M. André, dépeint
les ravages causés par ces insectes sur les
haies qui bordent le chemin de fer de Paris
à Sceaux. La Revue ugricole et horticole de
Lot-et-Garonne nous fait connaître des dé-
sastres autrement grands causés par les
chenilles. On lit dans ce recueil ;
« La culture du Prunier, qui, sur plu-
sieurs points du département de Lot-et-
Garonne, constitue une des principales
sources de la richesse rurale, est éprouvée
cette année d’une façon désastreuse.
Les chenilles ont, en ce moment, dévoré
les feuilles de ces arbres précieux, de telle
sorte que la récolte est à peu près compro-
mise dans les cantons de Castillonnès, Mon-
clar, Lauzun, Castelmoron, Sainte-Livrade
et Villeneuve, localités qui fournissent la
plus belle qualité des pruneaux d’Agen et
qui en exportent tous les ans pour une
somme de plusieurs millions. y>
Voilà des pertes considérables qu’on au-
rait pu éviter, sans doute, par l’application
de la loi sur l’échenillage. Nous apprenons
avec plaisir que M. le préfet de Lot-et-
Garonne, qui a pu apprécier lui-méme le
dégât, a pris des mesures pour qu’à l’avenir
un fait si désastreux ne se renouvelle plus.
' — Bien que jusqu’à présent on n’ait pas
encore parlé de roïdium, il est bon de ne
pas s’endormir et de se mettre en garde
contre ce tléau. A ce sujet, nous croyons
devoir faire connaître une composition qui,
assure-t-on, est très-efficace. Elleest recom-
mandée par la Revue horticole de Marseille
dans les termes suivants :
(.( Le minerai trituré et bluté de la sou-
frière d’Apt a été reconnu par un grand
nombre de praticiens, de Sociétés et Comi-
ces d’agriculture comme réunissant au
bienfait de l’économie les qualités néces-
saires pour obtenir les meilleurs résultats
pour le soufrage des végétaux attaqués par
l’oïdium, les pucerons, chenilles et crypto-
games divers.
(( Ce minerai possède encore d’excel-
lentes propriétés comme amendement pour
faciliter le développement de la végétation et
pour procurer à la terre une fécondité plus
durahle au moyen de sa gauge gypso-cal-
acirc. C’est en remployant au pied de la
plante que l’on parvient, parla combinaison
des diverses matières (jui le composent et
en forment la nature, à détruire les divers
parasites internes ou subterranés qui s’atta-
chent aux racines. Ce soufre natif est tri-
turé et bluté sans avoir été soumis au feu,
de sorte qu’il conserve toute sa valeur et
l’action que la nature lui a données. »
Bien que nous ne connaissions pas le
produit dont il s’agit, nous ne craignons pas
d’en recommander l’emploi, car, dans aucun
cas, il ne peut être nuisible ; mais il serait
bon de savoir à quelles doses il convient de
l’appliquer, ainsi que le prix auquel on peut
se le procurer, de manière à se rendre bien
compte des dépenses. On pourrait obtenir
tous ces renseignements en s’adressant à
MM. Lajarrige et C*% à Apt (Vaucluse).
--Depuis quelquessemaines, denombreux
visiteurs étaient attirés au palais du Luxem -
bourg pour admirer un Palmier en fleur;
ce Palmier, originaire de la Chine, est celui
qu’on nomme Palmier ci chanvre ^ Palmier
de Chine {ChamaTops excelsa ou Cha-
meerops fortuneï). Cette espèce, la seule peut-
être du groupe qui soit suffisamment rusti-
que pour supporter les hivers du climat de
Paris à l’aide d’une légère couverture seu-
lement, est doublement ornementale : elle
l’est par ses feuilles, mais, ce qui est assez
rare chez les Palmiers, c’est qu’elle l’est éga-
lement par ses fleurs. Son tronc ou stipe, qui
n’a guère moins de 3 mètres de hauteur, est
terminé par une belle couronne de feuilles,
au-dessous desquelles pendent 6 beaux ré-
gimes de fleurs d’un beau jaune-orangé.
Comme cette espèce, de même que beau-
coup d’autres de ce groupe, est dioïque,
c’est-à-dire que les sexes sont placés sur
des individus différents ; le Palmier du
Luxembourg étant inâle,M. Rivière en a ré-
colté du Pollen et eu a envoyé à différentes
personnes possédant des Palmiers femel-
les, qui ont également fleuri, afin qu’elles
puissent en féconder les fleurs. C’est ainsi
qu’il en a adressé à M. le comte de Sa-
porta, à Aix, et à M. Durieu de Maison-
neuve, directeurdu jardin botanique de Bor
deaux. On peut donc espérer que, par suite
de cet échange, on récoltera des graines et
que bientôt on pourra multiplier cette
espèce de manière à en mettre partout où
elle aura chance de prospérer.
— Un des plus jolis arbustes qu’on puisse
voir, qui est en fleurs en ce moment, et dont
la Revue horticole publiera prochainement
une figure, est le Beutzia crenala flore
pleno. Originaire du Japon, il est des plus
rustiques et ne souffre nullement des plus
grands froids. A ces mérites vient s’ajouter
celui de la nouveauté, car il est d'introduc-
tion assez récente. Il est aussi des plus vi-
goureux et tellement florihond que sur un
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIEME QUINZAINE DE JUIN)
rameau nous avons compté jusqu’à 50 bour-
geons florifères portant chacun, en moyenne,
25 fleurs, ce qui fait 1,000 fleurs; celles-ci
sont d’un blanc pur, à pétales externes for-
tement violacés en dehors.
— La température exceptionnelle de l’iiiver
dernier, en permettant à certains végétaux de
résister en plein air au froid, a démontré la
vérité de ce que plusieurs fois nous avons
dit relativement à la nature des végétaux :
« que certains de ceux qui sont considérés
comme annuels dans quelques climats peu-
vent être vivaces dans d’autres, et que ce
qui est sous-ligneux ici peut-être ligneux
sous un climat plus doux. » La lettre sui-
vante, que M. Gagnaire à adressée à la Revue
horticole, en fournit une nouvelle preuve:
« Grâce à-la douce température de l’hiver
dernier, trois plantes ornementales qui or-
dinairement perdent leurs tiges jusqu’à la
racine ou ne se conservent pas en plein air
sous nos climats, se sont maintenues cette
année dans des conditions exceptionnelles ;
ces trois plantes sont les suivantes :
(( WigandiaCaracassana. Livré à la pleine
terre au printemps de 1865, ses tiges, deve-
nues ligneuses à l’automne, se sont mainle-
nues intactes jusqu’à une hauteur de 0">.50
au-dessus du sol, et cela sans aucun abri.
Les nouvelles pousses qui se sont dévelop-
pées ce printemps, en quantités, à la base de
ces tronçons et de la souche, mesurent en
ce moment 30 de longueur.
« Enjthrina crista galli Les tiges de cette
charmante plante qui habituellement gèlent
ici jusqu’à la souche, se sont également
conservées intactes jusqu’à une hauteur de
0™.50 au-dessus 'du sol sans aucun abri.
Elles sont littéralement couvertes en ce
moment de jeunes pousses ayant atteint plus
de 0‘".70 de longueur.
« Plusieurs exemplaires (['Eucalyptus glo-
bulus de 3 ou 4 mètres de hauteur, préser-
vés simplement par une mince couche de
paille fixée le long de la tige, repoussent
aussi avec vigueur. »
Les végétaux monocotylédonés, ainsi
qu’on le sait, ne donnent que très-rarement
des bourgeons axillaires sur leur tige, et à
peu près jamais sur la hampe florale. Un
exemple, le seul connu peut-être, vient de
se montrer sur un Tritoma. Ce hiit s’est
])roduit chez un amateur très-intelligent et
heureusement très-observateur, M. J.'Sisley,
de Lyon, l’un des collaborateurs delà Revue
horticole. Voici comment il raconte le fait :
« Le Tritoma était en pot dans ma petite
serre et y a fleuri, je croi.^î, en janvier. Pen-
dant la floraison, il est apparu un petit
bourgeon sur la tige florale, à peu près à la
moitié de sa hauteur.
Quand ce bourgeon eut pris un peu d’ac-
croissement, je lis à sa base, contre la
tige, une légère incision et j’ajustai un
petit pot à marcotter que je remplis de ter-
reau. Quelques jours après, la tige florale
commença à se flétrir, le bourgeon dévelop-
pé restant vert.
(( Lorsque la lige florale fut complète-
ment flétrie, j’en détachai la marcotte, qui
avait développé quelques petites racines. Je
l’ai mise dans un autre pot, que je plaçai
sous cloche dans ma serre et à l’ombre, où
je la laissai pendant quelques jours sans
air, puis je lui en donnai graduellement
de manière à l’y habituer complètement. »
Nous remercions bien vivement M. Sis-
ley d’avoir signalé ce fait très -important
au point de vue physiologique; il démontre
une fois de plus l’identité organique de tous
les parties d’un végétal, et semble prouver
que dans le domaine de l’histoire naturelle
surtout, aucune règle ne peut être absolue.
— Nous appelons de nouveau l’attention
sur le Pavia Californica' , qui est l’une des
plus belles plantes du genre. Ses fleurs, qui
répandent une odeur agréable, s’épanouis-
sent à partir du commencement de juin et
se succèdent jusqu’à la fin de juillet. Ses
feuilles, d’un très-beau vert, au lieu de tom-
ber comme celles de toutes les autres, per-
sistent jusqu’aux gelées. Nous rappelons
aux lecteurs que l’administration du Mu-
séum est en mesure d’en donner à tous
ceux qui lui en feront la demande.
—Le Bambusa viridi glaucescens, dont la
Revue horticole a déjà donné la figure, est
non-seulement l’une des plus belles et
des plus rustiques du genre, elle est
aussi l’une des plus vigoureuses. En voici
un exemple : Sur une forte touffe plantée
en pleine terre au Muséum, il s’est dé-
veloppé plusieurs jets dont l’un a atteint
dans l’espace d’environ 3 semaines, 3"’. 40
de hauteur sur près de 0^.08 de circonfé-
rence. En divisant 3'i^.40 par 21 jours, on
obtient donc un peu plus de 0'”.16 de crois-
sance par jour.
— Le PinusSabiniaua, l’une des plusgran-
des et des plus belles espèces de Conifères
Californiennes, vient de montrer des cônes
au Muséum, sur des arbres âgés d’environ
24 ans. Depuis plus de 10 ans, ces mêmes
arbres donnent chaque année des fleurs
mâles, mais aucun, jusqu’à ce jour, n’avait
encore donné de fleurs femelles.
— VArando conspicua, qui, disait-on"
devait tout éclipser, vient enfin de fleurir
d’une manière très -satisfaisante chez
MM. Thibault et Keteleer, horticulteurs, rue
de Charonne, où nous avons pu l’examiner.
' Voir lier, hort., 186i, p. 383.
2u CilROISIQUE HORTICOLE (DE
C’est une sorte de Gynérium à panicules
lâches et peu fournies, penchées au sommet
d’une hampe arquée. Elle est assez llori-
bonde. L’avantage qu’elle présente, c’est de
fleurir deux mois au moins plus tôt que le
Gynérium.. Mais elle a le tort d’être venue
après celui-ci et la beauté de VArundo cons-
picua, pâlit et disparaît presque devant celle .
de son devancier, le Gynérium. Il ne faut
pourtant pas rejeter cette plante, car son
port, et surtout sa floraison hàtive^la rendent
propre â l’ornement des gazons pendant
l’été, alors que les Gyneriums ne fleurissent
pas encore. La culture et la multiplication
sont les mêmes que celles qu’on applique
aux Gyneriums. Elle nous a paru un peu
moins rustique que ces derniers.
— Depuisbien longtemps on a parlé du pin-
cement des arbres fruitiers: c’était d’abord
le pincement simple, qui consistait à enlever
avec le pouce et l’index l’extrémité d un
bourgeon en voie de développement. Plus
tard, "on a parlé du pincement court, du pin-
cement réitéré ou continu, sans parfois tou-
jours se bien comprendre. Plus récemment
encore, on s’est occupé du pincement Grin
ou pincement des feuilles', et un de nos col-
laborateurs, M. de La Roy, a décrit dans la
BOUTURAGE
La multiplication des Œillets se fait gé-
néralement par marcottes et par boutures,
l’our les variétés rares, on préfère le mar-
cottage ; ce dernier mode est assurément
bon, mais il est long; pourtant il a son avan-
tage, et sa réussite est à peu près certaine.
Le bouturage des Œillets, tel qu’on le pra-
tique, peut laisser beaucoup à désirer par
les pertes qu’on éprouve presque toujours ;
l’amateur qui n’est pas initié comme le pra-
ticien qui sait choisir et placer les boutures
dans un milieu convenable, éprouve souvent
des pertes sensibles.
L’époque du bouturage peut varier selon
la nature de l’Œillet qu’on veut multiplier.
Ainsi, l’Œillet des fleuristes, l’ŒAlletflamand
et d’autres variétés qui ne fleurissent qu’une
fois, doivent être bouturés avant que la
plante ne soit en fleurs. Lorsque la floraison
de l’Œillet à lieu, le bois, alors sous-
ligneux, à déjà atteint un certain degré de
maturité qui contribue pour beaucoup â la
non-réussite, et, si l’on tarde a faire le bou-
turage jusqu’après la floraison, la reprise
des iDoutures est généralement compromise.
Un fait qui n’est pas sans importance et
dont on doit tenir compte, c’est que plus la
bouture est détachée de bonne heure de la
plante-rnère, plus on facilite l’émission de
nouveaux bourgeons qui ont le temps de
3XIÈME (iUllSZAIXE DE JUIN).
Revue horticole la méthode de M. Grin.
Nous avons voulu connaître de visu le sys-
tème en question; nous l’avons vu appliquer
et nous pouvons dire à notre tour, qu’â l’aide
de ce pincement, M. Grin obtient sur tous
les faux bourgeons de Pêchers, dès la pre-
mière année non-seulement des fruits, mais
toujours un et même le plus souvent deux
bons yeux à bois. Aussi, la découverte de ce
nouveau mode de pincement est, à notre avis,
un véritable bienfait pour l’arboriculture.
— La Société d’horticulture de l’Ailier
fera sa 13^ exposition d’horticulture, à
Moulins, les 12, 13, U et 15 août 1866.
Elle admet non-seulement les fleurs, les
fruits, les légumes, etc., mais encore tous les
outils et instruments qui se rapportent à
l’horticulture.
Tous les horticulteurs, tous les amateurs
du département, sont invités â prendre part
à cette exposition.
Toute personne qui voudra exposer,
devra, avant le 1«=" août, au plus tard, en
donner connaissance à M. Olivier, secrétaire
général, en lui faisant connaître les objets
qu’elle destine à l’exposition.
E. A. Carrière.
DE L’ŒILLET.
prendre leur développement normal pour
produire des fleurs l’année suivante, et con-
courent puissamment à la conservation de la
plante-mère ; un autre avantage, c’est que les
boutures faites de bonne heure sont plus
fortes pour passer l’hiver.
Combien de fois n’a-t-on pas vu un Œil-
let à qui Ton attachait beaucoup de prix
n’avoir qu’un ou deux bourgeons, qui, déta-
chés tardivement pour multiplier, ne repre-
naient pas et compromettaient toujours lavie
de laplante-mère, qui presque toujours aussi
était perdue? Le résultatesttout autre lors-
qu’on détaclie les boutures quand la plante
est dans la force de sa végétation, car alors,
l’émission de nouvelles pousses se fait faci-
lement, ce qui ne peut avoir lieu lorsque le
bois est plus dur.
Il n’en est pas de même pour l’Œillet re-
montant, et cependant on peut dire qu’il
rentre dans les mêmes conditions, à quel-
ques exceptions près. Si on tient a lui faire
produire beaucoup de boutures, plus on
fera la section sur du bois tendre et non
parvenu à maturité, plus on facilitera la
production de nouveaux bourgeons. Par ce
procédé, et en tenant la plante dans un mi-
lieu oû sa végétation n’éprouve pas d inter-
ruption, si elle est vigoureuse, on peut en
peu de temps la multiplier indéfiniment.
BOUTURAGE DE L’OEILLET.
54S
D’après ce système de bouturage fait pen-
dant l’ascension de la sève, il semble qu’on
doive craindre lapourriture desboulures; il
n’en est rien, tout dépend de l’â-propos et
surtout du milieu où les boutures sont i»la-
cées, milieu qui varie selon l’époque de l’aii-
née.
La chaleur étant une des premières con-
ditions pour réussir, il faut préalablement
mouiller la terre où on est disposé à mettre
les pots qui contiennent les boutures; puis
placer les cloches en lesappuyant pour que
l’évaporation n’ait pas lieu; en opérant ainsi
la veille du jour où on doit placer lesboutu-
res, la terre, sous la cloche, estassczressuyée
pour qu’on puisse enterrer les pots. On
place ces boutures auprès d’un mur h l’ex-
position du nord, ou mieux d’une palissade
à claire-voie qui laisse pénétrer quelques
rayons de soleil, qui, loin de nuire à la
plante, en facilitent la reprise, rorientation
doit toujours avoir lieu de manière à ce
qu’elles reçoivent les rayons du soleil le ma-
lin et le soir; l’ombre permanente et continue
sont nuisibles à ces plantes qui ont besoin que
l’humidité condensée sous la clocle se res-
suie, car, en l’absence du soleil et avec une
ombre permanente, l’humidité est considé-
rable, l’air renfermé sous la cloche se vicie
et occasionne la pourriture. Dans cette cir-
constance, il faut soulever un peu la cloche
et la maintenir dans cette position pour que
I ’air extérieur vienne renouveler celui qui est
placé sous la cloche; on doit baisser celle-ci
lorsqu’on voit le soleil reparaître à l’horizon,
ou lors que les boutures commencent à
souffrir.
Pour les boutures qu’on place en serre et
sous cloche, il faut procéder comme nous
l’avons dit plus haut, en leur donnant le
plus de lumière possible et en évitant qu’elles
en souffrent. Sur les 8 à 9 heures du matin,
on doit leur donner de l’ombre avec un
papier blanc, celui de couleur ffiisant un
ombre mât est pernicieux pour les plantes;
on retire le papier aussitôt que le soleil
commence à disparaître. Si l’on opère dans
uiift serre, on peut blanchir les vitres avec
du blanc d’Espagne délayé avec du lait,
ou placer sur la serre des claies ou
des toiles très-claires. Dans ces conditions,
les boutures nouvellement faites n’auront
besoin d’ombre supplémentaire que pen-
dant le premiers jours et au moment où le
soleil est le plus ardent.
La terre qu’on emploie est celle de
UN VIEUX LIVRE
Abrégé pour les arbres uains, par J. Laurent,
notaire de Laon. Edition de 1G75.
Je viens de lire un petit volume intitulé :
Abrégé pour les arbres nains^ parj. Lau-
bruyère; elle doit être ni trop sèche, ni trop
humide ; à défaut de terre de bruyère, on
peut se servir de sable; celui qui est ferru-
gineux est préférable au sable blanc.
Le point précis pour couper une bouture
d’Qi]illet est toujours au-dessous d’un nœud
et le plus près possible de celui-ci; le bois
sous-ligneux delà bouture doit être encore
mou bien qu’ayant un certain degré de
consistance : trop ligneux, il émet difficile-
ment des racines ; trop mou, il est sujet à
pourrir. L’habitude donne le point précis du
nœud sur lequel on doit faire la coupe.
Lorsque la section est faite, on fend le
nœud en deux, et à un centimètre au-dessus
de lui, puis on introduit une feuille d’Œillet
dans la fente pour la tenir écartée ; on coupe
ce qui sort de la feuille en dehors de la fente,
puis après avoir coupé les feuilles parla moi-
tié on plante les boutures dans des petits
godets de 0'«.03 à O'n.04 ou dans des plus
grands, sur un seul rang à la circonférence,
de manière que les feuilles ne se touchen
pas et que l’air puisse circuler autour.
En opérant dans le mois de juin ou aa
commencement de juillet, 20 ou 25 jours
après l’opération on aura des boutures qui
commenceront à s’enraciner; au bout d’un
mois environ, on séparera et on empotera
celles qui auront des racines, et on remettra
en pépinière celles qui n’en auront pas en
leur donnant les soins indiqués.
Une chose essentielle qui est de première
importance dans la multiplication des Œil-
jets, c’est d’éviter l’Iiumidité; si en plantant
les boutures on s’aperçoit que la terre est
un peu trop fraîche, on doit placer les bou-
tures sous cloches sans les mouiller, puis,
quelques jours après, lorsqu’on voit la terre
se ressuyer, on enlève la cloche et on mouille
légèrement; on ne replace la cloche que
lorsque l’humidité des feuilles a disparu.
Si la terre était un peu trop sèche il serait
nécessaire de la mouiller ; pour cela, on
tremperait son doigt dans un vase d’eau
puis on l’appuierait légèrement sur la
terre autour de la bouture, de manière
à ne pas mouiller les feuilles. On pour-
jait ensuite placer les boutures sous clo-
che. ^ ^
A l’aide de ces petits soins, en apparence
insignifiants, on est à peu près certain de
mener à bien les boutures d’Œillets et de
conserver en même tenqis les pieds-mères.
Qcettier.
l’ARBORlCULTURE.
rent, notaire de Laon, édit, de 1675. Il m’a
paru intéressant d’examiner ce qu’était la
science arboricole avant l’apparition des
célèbres Instructions pour les jardins frai-
246
UN VIEUX LIVRE D’ARBORICULTURE.
iiers de la Qiiiiitinye. Je vais donc passer
rapidement en revue les idées émises par
l’auteur de Y Abrégé pour les arbres nains,
idées curieuses à mon avis, ne serait-ce
qu’au point de vue de l’histoire de l’arbo-
riculture. Et puis, cette étude des anciens
auteurs, n’est-elle pas le seul moyen de re-
monter à la source de certaines pratiques,
encore en usage de nos jours dans la cul-
ture des arbres fruitiers; de suivre leur
marche à travers les années et de connaître
les transformations que leur ont fait subir
de successifs perfectionnements?
En 1675, les livres de jardinage étaient
encore le fruit de longues études et de nom-
breuses expériences et non une compila-
tion plus ou moins bien réussie de travaux
antérieurs. J. Laurent qui semble avoir fait
du jardinage sou occupation favorite, ne
publie son livre qu’après trente années d’é-
tudes suivies sur la culture des arbres frui-
tiers, de la Yigne, et des Melons, des
fleurs, etc., etc., il donne ses recettes
« sans rien conserver de secret, soit pour
la taille et la conduite des arbres, soit pour
les autres matières y contenues. »
La Quintinye, son contemporain, n’avait
encore rien publié, quand parut V Abrégé
pour les arbres nains; il répond en effet à
la dédicace que lui en fait l’auteur. « Dans
quelque temps, vous verrez les marques de
mon ignorance en ces mêmes matières. »
Faut-il tailler les arbres fruitiers? Telle
est la grande question non encore résolue
de nos jours, du moins en est-il qui le
pensent. Certes, au premier abord, il pa-
raît difficile, sans la taille (et par taille j’en-
tends l’ensemble des opérations qui consti-
tuent la culture des arbres fruitiers) il
paraît difficile, dis-je, d’obtenir régulière-
ment chaque année sur une surface de
terrain déterminée une quantité suffisante
de beaux et bons fruits. Mais si la taille pré-
sente de sérieux avantages, elle a contre
elle de nombreux inconvénients ; et, pour
quelques-uns, le plateau qu’ils occupent
dans la balance est de beaucoup le plus lourd.
Qu’en pense J. Laurent, notaire à Laon?
(( On fait, dit-il, des arbres nains pour
avoir des fruits, pour en avoir de très-beaux,
pour en avoir assurément, parce que les
grands vents n’ont pas de prise sur eux. »
Seulement la principale raison, selon lui,
qui certainement a bien sa valeur, mais
qu’il ne devrait pas faire passer avant
toutes les autres, est celle-ci : « On fait des
arbres nains pour la propreté, la gentillesse
et beauté des jardins, plus que pour toute
autre chose, parce que les grands arbres en
plein air dtTigurent les jardins à Heurs et
Otent la vue de leurs parterres. »
J.' Laurent admet donc la taille, et même
considère la ronduite des arbres fruitiers
comme absolument nécessaire. Mais, qu’on
le remarque bien, il prend toujours pour
modèle la végétation naturelle des arbres
livrés à eux-mêmes. Sa méthode atteint-elle
le but proposé? se rapproche-t-elle vrai-
ment de la nature et présente-t-elle des
avantages sérieux? Ah! ceci est une autre
question que je ne veux point aborder ici.
Je désire, avant tout, qu’on sache bien que
je ne viens pas défendre les procédés de
J. Laurent. Je rapporte ce que j’ai trouvé
de plus curieux dans son livre, en me per-
m.ettant quelques réflexions, mais voilà
tout.
(( Il faut, dit-il, tâcher de venir à la fin
générale de tous les arbres, qui est d’avoir
des fruits le plus qu’on peut. Pour y par-
venir, à l’égard des arbres nains, il faut les
gouverner autant qu’on peut, comme l’on fait
desdits grands arbres. »
C’est là le principe qui guide toujours
l’auteur de V Abrégé pour les arbres nains,
aussi proscrit-il le raccourcissement des
branches latérales des arbres taillés, parce
qu’on ne coupe pas les rameaux de ceux
en plein air et que, « si vous raccourcissez
et arrestez les bouts des branches, vous
faites nécessairement crever les boutons à
fruits. )) L’auteur ajoute ce qui suit au
chapitre consacré spécialement à la taille
des arbres, à propos des contre-espaliers,
forme qu’il semble adopter de préférence
aux autres. « On taille la branche du mi-
lieu au deuxième, troisième ou quatrième
œil, et cela tous les ans jusqu’à ce que les
contre-espaliers ayent la hauteur voulue,
laissant toujours venir des branches en
forme de bras étendus à côté de nos arbres,
à commencer dès le b.as sans les tailler
aucunement par les bouts. Le moins que
vous pourrez tailler à vos dits arbres est le
meilleur. »
L’esprit humain est naturellement porté
vers les extrêmes et sait rarement se servir
des choses sans en abuser. c( Eu arboricul-
ture, il est facile de suivre pas à pas cette
propension à faire plus qu’on ne peut,
propension qui fait que souvent on rend
mauvaises, en les exagérant, des méthodes
de taille qui sont bonnes quand elles sont
employées convenablement. Après tout, ne
sommes-nous pas dans le siècle de la vapeur
et de l’électricité; et ne faut-il pas marcher
toujours de plus en plus vile, quitte à culbuter
en roule? Si on fait trop de chemin en avant,
on en fait aussi trop eu arrière, quand l’in-
succès oblige à retourner en route , et l’on
passe ensuite d’un excès à un autre sans
savoir rester dans un milieu convenable.
C’est ce qui arrive un peu mainlenant au
sujet de la conduite des arbres fruitiers.
Les méthodes professées actuellement sont,
il faut bien le dire, une suite d’opérations
arrivées à la limite du possible. Pincements
très-courts et très-répétés, cbarpentes de
\
1:N VlEllX U VUE
(leux sortes, ou tourmentées outre mesure,
ou réduites à leur plus simple expression ;
plantations rapprochées à ce point (jiie les
arbres ne sont plus distants (jue de Ü'".dO.
.l'avoue que je ne vois pas le moyen d'aller
' plus loin.
Il en résulte que certaines personnes,
fatiguées des tours de force contre nature
exécutés trop souvent dans les jardins frui-
tiers, demandent non-seulement le retour
à un état de choses moins forcé, mais en-
core veulent que, méconnaissant les avan-
tages de la taille, on la proscrive entière-
ment. C’est hà, je crois, un autre excès dans
lequel il importe de ne pas tomber. Qu’on
abandonne les tailles et les formes qui n’ont
d’autre but que la satisbiction vaniteuse de
quelques jardiniers, rien de mieux ; et il
est à souhaiter que les arbres ne soient plus
comme il arrive trop souvent, réduits .à
I l’état de pauvres soulfre-douleurs épuisés
avant l’àge, qui donnent quelques rares
; produits et meurent tués par le perfection-
II nement des méthodes de conduite et de
culture. Mais que par une juste crainte des
inconvénients d’une culture à toute vapeur,
si je puis m’exprimer ainsi, on nie l’utilité
g d’une conduite et d’une taille raisonnable
des arbres fruitiers, c’est là, je le répète,
tomber dans un excès en voulant en éviter
un autre.
Pardon de la digression un peu longue,
je reviens à .1. Laurent. Passant au traite-
ment des branches à fruits, l’auteur de
V Abrégé pour la taille des arbres nains
conseille une opération que je viens de voir
j exposée tout au long, et fort bien du reste,
* dans un des derniers numéros de la Revue.
(( .l’avertis, dit-il, que les jets qui viennent
dans les bouquets des Poires et des Pom-
mes doivent être arrestez tout près d’où ils
sortent dès le mois de may. »
Les jours passent, l’été arrive, et « une
' seconde taille des arbres se doit faire envi-
ron la saint ,lean-Baptiste. » Pourquoi à
' cette époque? (( C’est parce qu’avant ce
\ temps, les arbres poussent en très-grande
abondance, et, si vous les arrestiez, ils jette-
raient de tous les côtés et feraient crever
les boutons à fruits. » On enlève complète-
ment, d’après .1. Laurent, les jets inutiles;
quant à ceux que l’on veut conserver, on les
taille à deux ou trois yeux. Voilà ce que
CULTURE U L’AIR LIBRE
ET DE OUFLQUES XYMPH.EAS EXüT;
La Revue horticole a mentionné l’année
dernière (1865, p. 426) la floraison un peu
maigre, dans le département de l’Ailier,
d’un S et U lit biu ni sjteciosuni tenu en ba-
quet.
’ARROlUClLTini:.
j’ai trouvé de plus saillant dans la comluile
des arbres; je passe sous silence l’elfeuille-
ment, les labours, etc., pour arriver aux
recommandations de ,1. Laurent touchant
l’époque convenable pour procéder aux di-
verses opérations de la taille.
Suivant V Abrégé pour les arbres nains,
le jour de la lune doit toujours guider le
jardinier. Aussi l’ablation des jets sortis
des bouquets de Poires ou de Pommes doit '
se faire en mai, « au jour de la pleine lune,
le précédent ou le suivant. » Et gardez-
vous bien de devancer cette époque ou de
la laiser passer, le succès de l’opération
serait compromis. La Vigne se taille « en
pleine lune de mars pour avoir beaucoup et
de beaux raisins. » Il est môme, dit ,1.
Laurent, des vignerons qui taillent, (( juste-
ment le joui’ du vendredi-saint, parce que
ce jour tient toujours de la pleine lune de
mars’
D’après ce qui précède, il faut donc tou-
jours tailler en pleine lune; du reste, en
voici la raison : (( La lune estant lors dans
sa grande force sur notre hémisphère, les
arbres en ont plus de sève, laquelle étant
arrestée par la taille, demeure en eux et
contribue à la formation et production de
leurs boutons à fruits. »
La Quintinye a tout l’air de traiter ces ^
préceptes de contes de bonnes femmes. Il
dit en effet, dans son ouvrage, sur les jardins
fruitiers (tome II, page.S82): « Nos pauvres
jardiniers ne peuvent soutfrir que je traite
de vision et peut-être de folie un usage si
vieux et si pratiqué... Semez, plantez en
quelques quartiers de la lune que ce soit,
je vous réponds d’un succès égal. » Le
sceptique La Quintinye a fait école, et la
croyance de l’inlluence du quartier de la
lune sur les opérations du jardinage est de-
venue le lot de quelques vieux jardiniers
incorrigibles. Qui a tort de ceux qui nient
ou de ceux qui croient? La lune, qui à d’au-
tres points de vue, a tant d’action sur notre
globe, en a-t-elle une sur le mouve-
ment de la sève des végétaux? Question
encore obscure. .lusqu'à ce que la science
l’ait éclaircie, je crois plus sage de se gui-
der sur l’état favorable ou nuisible de l’at-
mosphère pour les opérations du jardinage,
plutôt que sur les quartiers de la lune.
L. Paszkiéwicz
[J NELUMBIUM SPECIOSUM
JES DANS I.E CEA'TÜE l'E LA FfiANCE.
.le cultive depuis longtemps cette belle
plante, à Lyon, sous une latitude un peu plus
' Cette croyance existe encore, et dernièrement
j’entendais dire à nn vigneron qne le meilleur mo-
ment pour tailler la vigne était la semaine s.-iinte.
L
as CULTURE A L’AIR LIBRE DU NELUMBIUM SPECIOSUM.
chaude, il est vrai ; mais elle y fleurit avec
tant de facilité et de profusion, qu’elle
pourrait évidemment prospérer bien au
nord de ma région. Je me permets donc de
donner quelques renseignements puisés
dans ma propre expérience sur la culture
du Nelumhiiim speeiosum à demeure, en
plein air, et en pleine eau dans le centre
de la France; j’y joindrai quelques mot-s
sur un essai de culture à l’air libre de plu-
sieurs Nympbæas exotiques.
Le Ndumbiam speeiosum est une plante
vigoureuse, se développant à l’égal de notre
Nymphæa blanc indigène, et dont la vi-
gueur se pçoportionne à l’espace qu’on
livre à ses racines; cultivé en vases, s’ils ne
ne sont de dimensions extraordinaires,
cette espèce, ne donnera jamais que des
plantes chétives. Il faut lui consacrer un
bassin qui, au nord de la région de l’olivier,
devra être chaudement exposé ; si ce bassin
peut recevoir une épaisseur de 0”L50 de
bonne terre franche, recouverte par une
couche d’eau de 0"M5, on aura un milieu
parfait pour la culture du Nelumbium
La plante se multiplie par graines, ou par
tronçons de rhizomes qu’il faut préférer;
tous les grands pépiniéristes de Marseille,
de Nîmes, de Montpellier, fourniront ces
racines; 'un peu fortes, elles végéteront
mieux.
Plantez-les dès la fin d’avril, dans le sol
de votre bassin, sous une mince couche
d^eau, qui pourra être portée à une épais-
seur de 0"M5, lorsque la végétation sera
bien établie ; abandonnez à chacune de vos
plantes une étendue de l«u50, carrés, pour
son futur développement; puis, sans vous
en occuper davantage, laissez -les en tête à
tête avec le soleil.
Après quelques jours, apparaîtront les
premières feuilles reposant sur l’eau, puis
d’autres étalées bien au-dessus, ensuite
émergeront les grandes feuilles hautes de
0"\-4Ô, larges de 0'^.30 k 0»l60, peltées,
vernissées, sur lesquelles les gouttes d’eau
perlent comme des gouttes de mercure;
enfin, de l’aiselle de ces grandes feuilles
partiront les boutons floraux portés chacun
sur une hampe grandissant de plus d’un
pouce par jour de soleil, qui s’épanouiront
à 0"lG0 au-dessus de l’eau, eontme d’énor-
mes tulipes roses ou blanches, laissant voir
entre leurs pétales un pistil et des étamines
d’or, véritables merveilles de la création.
Avant la fin de l’été, tout l’espace livré
à chaque plante aura été occupé par elle.
Un bassin de cinq mètres de long sur deux de
large aura fourni une centaine d’admira-
bles fleurs se succédant pendant près de
deux mois ; elles seront remplacées par les
fruits de forme bizarre, turbinés, tronqués,
percés d’alvéoles au fond desquelles de-
vraient mûrir les graines à forme et à saveur
de noisette, qui nourrissaient, dit-on, les
anciens Égyptiens, mais qui, je dois le re-
connaître, avortent presque toujours dans
mes bassins.
L’hiver venu, la surface de l’eau peut se
congeler sans inconvénient pour le Nelum-
bium, qui ne souffre pas tant qu’il reste
une couche liquide interposée entre la glace
et lui; mais la plante serait compromise si
la gelée descendait jusqu’à ses racines.
Il est facile de la protéger, en ajoutant
pendant l’hiver à la hauteur de la couche
d’eau, ou, si le froid devient trop rude, en
jetant sur le bassin quelques planches ou
une toile qu’on réchauffe avec un peu de
paille ou de fumier ; les grandes gelées pas-
sées, on rend le Nelumbium à l’état normal,
et, dès avril, on verra poindre les jeunes
feuilles, préludes d’une floraison plus riche
encore/iue celle de la première année.
Encouragé par cette culture si lacile du
Nelumbium, je voulus, en 1864, consacrer
un bassin aux Nympbæas exotiques cultivés
dans les mêmes conditions. M. Van-Houtte
me fournit en mai les Nympbæas gigantea,
hybrida, Boucheana, Mathieu, Fintelman,
Adèle, InspecteurWendland, sculifolia, lo-
tus, ruhra , Frédéric, Devoniana , Louis
Van-Houtte.
De ces plantes, les six premières végétè-
rent obscurément au fond de l’eau sans vou-
loir se développer ; les six autres, au con-
traire, me donnèrent dans le courant de
l’été une très-belle floraison.
Endécembre,leurbassin fut couvert d’une
couche de paille, et je suis certain que la
gelée ne descendit pas jusqu’aux racines de
mes Nympbæas; ils ne résistèrent pas ce-
pendant, et je les trouvai tous pourris au
printemps suivant.
Je vais essayer de nouveau la culture de
ces plantes en y joignant celle du ]\élum-
bium Juteum, et, si j’obtiens quelque résul-
tat intéressant, je me ferai un plaisir d’en
informer les lecteurs de la Bei ue horti-
cole,
A. JOÂNNON,
Membre de la Sociélé impériale
(l’agricuUm’e du Rhône.
WEIGELIA HORTENSIS NIVEA.
En 1861, M. Carrière décrivit dans ce
recueil (page 331), une nouvelle variété de
Weiffdia à laquelle il donna la qualification
de Weigelin aibft. Inutile d’ajouter que cette
recommandation fut parfaitement accueillie
par le public horticole, et que, avides de
nouveautés, horticulteurs, amateurs, etc.,
s’empressèrent d’acquérir celle merveille.
WEIGELIA HORTENSIS NIYEA.
249
Mais en dépit de tout, le WeigcHa de 18G1 ,
qui se vendait bien alors, ne produisit que
des fleurs blanc=rosé. De là, déception com-
plète, espérances déchues de toutes parts;
et les horticulteurs de 1'«, et 3*^ classe,
qui comptaient sur une nouveauté, ne pou-
vant tenir leur sérieux en face de ce nou-
veau Weigelia qui ne valait pas l’espèce pri-
mitive, juraient mais un peu tard qu’on ne
les y prendrait plus.
Nous n’avons jamais pu comprendre l’en-
thousiasme qui émane de ci, de là, en fa-
veur des nouveautés ; mais nous comprenons
aisément que, s’il y a excès de zèle d’une
part, très-souvent cet excès peut donner
prise à la critique de la part du public.
On en jugera par le fait suivant :
Un campagnard, qui n’avait de paysan que
son costume, visitant dernièrement l’ex-
position horticole de Dergerac, s’arrêta stu-
péfait devant un sujet de Ferdinanda emi-
nens. a Ferdinanda eminens, dit notre
homme, en lisant l’étiquette, quel drôle de
nom ! Cela n’est pas possible. Pierre, dit-il
à son voisin: Co seimblo loti soulel gidey
damn nosto porto. » Langage populaire du
pays, qui se traduit ainsi : Ça ressemble au
Soleil (Helianihiis) qui est devant ma porte,
Quoi qu’il en soit, voici que grâce aux re -
cherches du docteur Sieboldt, l’horticulture
vient enlin d’étre dotée d’une nouvelle es-
pèce de Weigelia, découverte au Japon par
ce savant botaniste, mais qui à coup sur est
réellement à fleur blanches.
Le Weigelia horlenm nivea, est un ar-
buste très-rustique qui supporte bravement
sous notre ciel le froid des hivers. Ses ra-
meaux ne diffèrent que peu ou presque pas
des rameaux du Weigelia irma; ses feuilles
sont larges, fortement nervées, vert-jaunâtre.
Ses fleurs, disposées en bouquet, sont réel-
lement d’un blanc de neige, et se conservent
dans cet état jusqu’au moment de leur dé-
floraison.
La floraison du Weigelia hortensia nirea
s’effectue fin avril ou au commencement de
mai ; mais au mois de septembre dernier,
le pied-mère que nous avons en collec-
tion nous donna une seconde floraison digne
de la première. Si ce fait se renouvelle
annuellement, le Wiegelia horlensis nirea
n’en aura que plus de mérite aux yeux des
amateurs.
Indépendamment de ce fait, cet élégant
arbuste sera très-recherché à cause do la
gentillesse et de la coquetterie de ses fleurs
blanches, ce qui lui assure déjà une place
de distinction dans tous les jardins d’agré-
ment,
Cagnaire*
CHOIX DE QUELQUES \ AHIETÉS DE PÉLARGONIUMS.
Par suite de la quantité considérable des
variétés de Pélargoniums qu’on possède
aujourd’hui, il est difficile à un amateur
qui ne peut les acheter toutes (et il en est
beaucoup qui se trouvent dans ce cas) de
se fixer et de prendre ceux qui sont les plus
méritants ; je crois donc être utile aux ama-
teurs en leur indiquant un certain noinl)re
des plus nouvelles ou des plus jolies.
C’iioix lie queliiues \ariêt«*s
dites fantaisies.
Décision (Turner), pétale supérieur mar-
ron, liseré blanc, les inférieurs pourpres à
centre blanc.
Edgar (Turner), marron noir; centre
violacé.
Eleanor (Turner), rose pourpre, à cen-
tre blanc.
Glotte of Silver (Ilcnderson), blanc
d’argent, maculé rose clair.
Godfrey (Turner), pourpre velouté;
cœur blanc.
Lady To4vers (Turner), rose carmin;
centre blanc.
Lucy (Turner), pétale supérieur carmin
bordé blanc; les inférieurs blanc maculé.
Mis-in-her-teens (Turner), pétale supé-
rieur cramoisi vif, les inférieurs hlanc-car-
miné.
Mistriss Ford (Turner), pétale supérieur
rose, les inférieurs blanc striés rose.
Mistriss Reynolds (Turner), blanc pur
maculé, rose violacé.
Choix «le I®éIîirftoniuiiis à sraii«les fleurs
Variétés obtenues en France.
Augustine Richard (Duval), roSe carmi-
né ; centre blanc.
Céline Malet (Malet), rose vif à bord et
centre blanc.
Duchesse de Morny (Malet), rose clair
légèrement maculé ; centre blanc.
Egérie (Malet), blanc et lilas; centre strié
pourpre.
Général Fleury (Duval ), marron carmin ;
centre violacé.
Gustave Malet (Malet), marron clair,
macule marron noir.
Jupiter (Malet), violet pourpre velouté;
centre blanc.
Louise Rouillard (Malet), rose clair;
maculé marron.
Madame Alizet (Duval), rose vif; centre
blanc.
Madame Rerger (Duval), rose, maculé
marron sur les 5 pétales.
Madame Rezaut (Duval), lilas tendre, à
centre blanc.
250
CHOIX r>E QCELUUES VARIÉTÉS DE PÉLARGONll MS.
Madame André Dreux (Duval), lilas pour-
pre, à centre blanc.
Madame Ch. Keteleer (Malel), blanc ma-
culé de rose vif.
Madame Thibaut (Malet), rose saumoné,
bordé blané.
Maréchal Vaillant (Duval), écarlate
saumon, maculé marron.
3Iarquis de Toulongeon (Duval), cerise
carminé, à centre blanc.
Marquise de la Ferté (Malet), blanc ma-
culé rose vif.
Monsieur Bouchardat (Duval), marron
velouté, à centre violacé.
Monsieur Ch. Binder (Duval), cerise bril-
lant; centre nervé pourpre.
Monsieur Dufov (Malet), pétale supé-
rieur marron violacé, les inférieurs sont
striés lilas.
Monsieur Rouillard (Malet), rose ver-
millon à centre blanc.
Rubens (Duval), rouge orange vif, maculé
marron.
Victor Lemoine (Malet), rose carminé
maculé niarron sur les 5 pétales.
ViCTORiNE PiNGNARD (Malet), blanc chair,
maculé carmin.
Variétés aiig-laises {Nouveautés).
Charles Turner (Hoyle), rose carmin,
pétale supérieur maculé marron.
Lady of quality (Iloyle), pélale supé-
rieur marron noir, les" inférieurs rose à
centre blanc.
Marion (Foster), pétale supérieur car-
min foncé, les inférieurs rose vif à centre
blanc.
Progress (Hoyle), pétale supérieur
marron, bordé rose, les inférieurs car-
min.
PuRPUREA (Foster) , pétale supérieur
pourpre, les inférieurs violet clair.
William Hoyle (Hoyle), pétale supé-
rieur pourpre, les inférieurs carminés.
Il va sans dire que les variétés que je
viens d’indiquer ne sont pas les seules mé-
ritantes; il en est beaucoup d’autres qui ne
le cèdent guère à celles-ci, qui, même à
certaines personnes, pourraient paraître pins
belles; la question, on le comprend, est dif-
ficile à résoudre. En effet, il s’agit ici des
goûts et des couleurs, et, sur ce point, on ne
peut se prononcer, car c’est ici ou jamais le
cas d’appliquer le dicton : Des goûts et des
couleurs, il ne faut pas disputer.
Prochainement, et afin de compléter ces
renseignements, je donnerai une liste des
variétés de Pélargonium zonale des plus
méritants, de manière à guider l’amateur
dans le choix qu’il pourrait avoir à faire de
ces plantes.
Thibaut.
FLORAISON DE L’ÉCHINOCACTUS GIBBOSUS CELSIANUS.
La fleur de celte espèce mesure O'^.OG
de hauteur surO^.05 de diamètre à la partie
supérieure. Les sépales vert sombre, mar-
qués de blanc, sont, les inférieurs ronds, les
supérieurs ovales. Les pétales blancs; les
extérieurs marqués d’une ligne verdâtre, les
intérieurs d’un blanc de neige, sont tous lan-
céolés. Les étamines, très-nombreuses, à fi-
lets blancs portent des anthères jaune-ci-
tron, dont une partie formentune masse com-
pacte autour du style, les unes et les autres
s’élèvent graduellement en touchant aux
pétales. Le style blanc, peu élevé, offre douze
stigmates blancs, formant massue.
E. SUIRE.
CUPRESSUS CORNUTA.
« Dausle doute, abstiens-toi, » dit un pro-
verbe. — Si Ton avait toujours présent à l’es-
prit celte sage maxime, on serait plus réservé
qu’on ne l’est, et l’on avancerait moins de
faits comme certains, qui souvent sont loin
d’ctre hors de contestation. Mais l’amour
propre est en jeu, et, pour lui, le doute
n’existe pas! Pourtant, si l’amour-propre
ne trouvait pas aussi son compte à cette
manière d’agir, le côté sérieux y trouverait
le sien, et toutle monde, — savants et pra-
ticiens, — y g.agnerait.
Dans celte circonstance, bien que je sois
à peu près certain que le Cupressus cornuta
(fig. 32) n’est qu’une variété d’un type quel-
conque de ce genre, l’impossibilité dans
laquelle je me trouve de le rattacher d’une
manière certaine au type dont il sort, me
détermine cà le considérer lui-mème comme
formant un type.
Celte marche n’a rien qui répugne au bon
sens, elle est même favorable à la science,
elle la simplifie; tandis qu’en voulant, comme
on dit, suivre la filiation, en cherchant à
rattacher le Cupressus coru ata à un type
quelconque, je suis embarrassé, la plante en
question présentant des caractères coinmuns
à deux autres : au Cupressus Gou'euiaua ci
au Cupressus Lambert iaua, qu on considère
comme des types, et qui, sans aucun doute
pour moi, ne sont que des formes. Par con-
séquent, ma plante étant, par ses propres ca-
-
Rùvu£/ Horllcoie
\
Inip lsnoie des Bovhn^ersJS.Fsns
llliododeiulron vii">5aimn album
CCPRESSIS CORNl’TA.
251
ractères , distinde
de toute autre, je la
considère comme
espèce, et pour la
s P é c i ali s er, j e
prends pour carac-
tère celui qui es’t
le plus facile cà sai-
sir et en meme
temps le plus visi-
ble. Ici pas de difti-
culte, car, ce sont
les cornes qui la dis-
tinguent : de là le
qualificatif cornula
que je lui ai donné.
Voici les caractè-
res généraux qu’elle
présente :
Arbrisseau buis-
sonneux, vigoureux,
à branches étalées,
assurgentes. Feuil-
les squammiformes ,
rapprochées, élar-
gies à la base,
écartées et courte-
ment acumiiiées au
sommet. Strobiles
très -irréguliers, ou
monstrueux, brun
foncé ou presque
noirs, parfois un
peu pruineux, gib-
beux, un peu allon-
gés, portant vers le
sommet 2, 3, par-
fois 4 longs muerons
corniformes, épais,
Fig^. 32j — Ciipressus cormita, do grandeur naturelle.
subcylindriques,
gibbeux, souvent
courbés près du
sommet, qui est
largement obtus,
inégaux ; les deux
inférieurs beaucoup
plus courts, ou
presque rudimen-
taires ; les autres
de longueur diffé-
rente,toujours très-
développés , attei-
gnant parfois 12
millimètres de lon-
gueur, à écailles sen-
siblement striées -
cannelées ou pro-
fondément ridées.
Cette plante, très-
remarquable, existe
dans le jardin de
M. Denis, à Hyères
(Alpes-Maritimes),
où j’ai eu occasion
de l’étudier; elle est
distincte non-seu-
lement par ses
fruits, elle l’est
même par tous ses
caractères. J’avoue
cependant que si
je devais me pro-
noncer sur son
origine, je dirais
qu’elle sort du Cu-
pressus Gotveniam.
E.-A. Carrière.
RHODODENDRUM VIRGATUM ALRUM.
Arbuste vigoureux, très-floribond, à feuil-
les ovales-lancéolées, parfois légèrement
ondulées, persistantes, entières, acuminées
au sornmet en un court et gros mucron ob-
tus, d’un vert assez foncé en dessus, glau-
cescentes en dessous et pubérulentes par
de petits points saillants. Fleurs solitaires,
sessiles, placées dans l’aisselle des feuilles
et constituant des sortes d’épis qui attei-
gnent parfois jusqu’à 15 centimètres de lon-
gueur, d’un blanc pur, longuement tubulées,
portant à la base quelques écailles d’un
roux ferrugineux, à 5, plus rarement 4,
divisions obovales.
Originaire de l’himalaya, le Rhododen-
drum virgatum album (Hooker) est de serre
très-froide, du moins c’est ainsi qu’on a
l’habitude de le cultiver; mais il est très-
probable qu’il pourait supporter le plein
air dans beaucoup de parties de la France.
Le type (R. virgalum) diflère de la va-
riété album par des fleurs légèrement rose-
carné, qui se violacent lorsqu’elles pas-
sent; souvent aussi ses fleurs, un peu plus
rapprochées que celles de la variété, consti-
tuent des sortes de corymbes compacts, ca-
pitiformes.
Le R. virgatuM album est très-floribond;
il se prête bien à la culture forcée, de sorte
qu’on pourrait le chautfer ainsi qu’on le fait
des Azalées. Les plantes sont vigoureuses,
se font bien ; on pourrait donc les cultiver
pour le marché aux fleurs, et cela d’autant
mieux qu’elles ne sont pas délicates. C’est
donc à tort que cette plante n’est pas plus
répandue qu’elle ne l’est.
Il va sans dire qu’on doit cultiver le
R. virgatum album en terre de bruyère, qui
doit être toujours tenue légèrement humide.
A l’époque de sa floraison, qui a lieu vers la
252
RHODODENDUrM VIRGATEM ALBIM.
deuxième quinzaine de mars les arrosc-
menls doivent être plus abondants. On le
multiplie par boutures qui reprennent très-
bien; il va sans dire qu’on tait celles-ci à
chaud, sous des cloches ou sous des verres,
dans la serre à multiplication.
Au point de vue scientifique, le iî/mao-
dendrmi virgatum album offre aussi uncer-
' tain intérêt, car il présente un mode d’in-
tlorescence à peu près unique dans ce
genre. En effet, ses fleurs, au lieu de for-
mer des agglomérations subsphériques,
ainsi que cela se voit chez presque toutes
les espèces de ce genre, constituent, par
leur disposition, de véritables épis.
1 ' Tm’Frxi'T,
DAPHNE JAPONICA.
Arbuste Irès-ramifié, formant un buisson
arrondi, qui peut atteindre jusqu’à 1 mètre
d-e hauteur. Feuilles persistantes, lancéolées,
à contour souvent irrégulier, d’un vert lui-
sant en dessus, plus pâle en dessous, acu-
minées au sommet en une pointe obtuse,
bordées de toutes parts d’une bande jaune.
Fleurs de la forme et de la grandeur de
celles du Daphae Indica, disposées comme
chez celui-ci en capitules terminaux, d a-
bord rouge-violacé, puis rose-carné, finale-
ment presque blanches, très-odorantes,^ à
odeur balsamique, forte, quoique très-agréa-
ble, rappelant celle de l’Œillet des fleuris-
tes et du Girofflier.
Cette espèce, qui n’est probablement
qu’une forme du Bapfine JudicUy a été in-
troduite du Japon (peut-être de la, Chine)
il y a quelques années; elle est très-tlori-
bonde et paraît aussi très-rustique, puis-
qu’elle n’a pas souffert de l’hiver que nous
venons de traverser, qui, il est vrai, n’a
pas été rigoureux. Cultivée soit en pot, soit
en pleine terre, en serre froide, elle fleurit
l’hiver et orne les serres en même temps
qu’elle les embaume de son parfum. En
pleine terre, les fleurs s’épanouissent sui-
ant la température, à partir du mois de
mars. C’est donc une heureuse acquisition.
On multiplie le Daphné Japonica par
boutures et par greffes; les unes et les au-
tres reprennent très-bien. On tait les bou-
tures à partir de la fin de juillet jusqu’au 15
septembre environ; mises dans des petits
pots qu’on place sous cloches dans la serre
à bouture, elles s’enracinent assez bien et
fleurissent même, si, comme cela a presque
toujours lieu, on a pris les extrémités des
rameaux, qui, toujours aussi, se terminent
par un capitule de fleurs. Quant aux greffes,
on les fait sur le Daphné lauréole ou des
bois {Daphné laureola), soit en fente, soit en
placage; on les exécute à partir du lu août
environ, jusque vers le 15 septembre; si
les pieds-mères sont en serre, on peut
même greffer pendant tout 1 hiver ; il en
est de même pour le bouturage.
Certains cultivateurs préfèrent greffer sur
franc; pour cela, ils bouturent le Daphné
dapmika, et, lorsque les boutures sont re-
prises et qu’elles sont devenues assez, for-
tes ils les emploient comme sujets. Selon
eux, les plantes ainsi traitées sont plus vi-
goureuses et surtout, assurent-ils, elles m-
vent beaucoup plus longtemps.
Briot.
REVUE DES PUBI.ICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER.
Nous trouvons dansle Botan iral Magaz ine 1
les plantes suivantes figurées et décrites :
calnllioa '%eîtcliîana, J. Veitch., pl, 5533.
Cette belle Marantacée fut découverte par
M. Pearce, l’habile collecteur de MM. Veitch,
dans les contrées occidentales de l’Ame-
rique du sud tropical. — Le Calalhea \eit-
chiana. avec sa hampe florale portant au
sommet un épi floral très-serré, garni de
larges bractées dans les aisselles desquelles
se trouvent les fleurs blanches à labelle d un
pourpre pâle, appartient à la section du
genre que Koernicke appelle Pseudophi y-
nium et qui comprend également le Calalhea
(Maranta) zebrina. La beauté principale de
cette plante réside évidemment dons le co-
loris splendide de ses grandes feuilles ellip-
tiques, arrondies à leur base. Elles sont
niar([uées en dessus de chaque cote de la
nervure médiane, de larges taches en forme
de croissant d'un vert très-foncé, qui se dé-
tachent d’un fond de vert clair; ces taches,
dont les extrémités se joignent, tournent
leur côté convexe vers le bord de la feuil e
nui est d’un vert sombre, uniforme. Sur la
face inférieure, les feuilles sont plus pales,
et les parties d’un vert foncé de la face su-
périeure répondent ici à des taches ûg 1^
même forme, d’une teinle de pourpre, pale.
itlanlliiis c-liiiioMsl», Iiu-liilalus,
RE('.EE, pl. 5536.
Une belle variété du Dianlhus chinensis
à fleurs d’une dimension de .12 et re-
marquables par le bord très-profondement
lacinié des pétales. La figure nous ollre une
forme à fleurs d’un pourpre presque uni-
forme, violacé dans la gorge, et une autre
à fleurs d’un pourpre violacé, mais d un
Il HorùcüU
f
Jmp. Zanote r des Bovhn jers J3,Pap]s
233
REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER.
rose, pâle dans la partie du milieu, et d’un
blanc pur dans la partie supérieure des
pétales. Cette plante a été décrite par
M. Lemaire sous le nom de Bianihm ciu-
diuuilus.
Iioiiili'obiiim Taf t*»iilaiiuni. BATEMâN, pl. 3337.
Ce joli Dendrobium est un habitant de
TiViistralie septentrionale, oùM. J. -G. Veitch
l’a découvert et d’où il l’a envoyé à l’éta-
blissement de son père. On a donné à cette
plante son nom spécifique en honneur de
lord Egerton ofTatton, le possesseur d’une
des plus riches et des plus belles collections
d’Orchidées qui existent. Cette espèce offre
de petits pseudobulhes fusiformes qui à
leur jeune Age portent 4 à 5 feuilles linéai-
res, charnues, pointues, un peu plus que
deux fois de la longueur des pseudobulhes.
Les hampes florales se développent dans les
aisselles des bases des feuilles enveloppant
en partie les vieux pseudobulhes; elles at-
teignent environ Û'".40 de hauteuretportent
12à IStleurspédicellées, blanches dans leur
partie inférieure, jaunes aux extrémités des
pétales, à labelle intérieurement d’un violet
sombre dans sa partie supérieure. C’est
une charmante plante, dont les fleurs exha-
lent un doux parfum; elle est d’une culture
facile.
Siachylarplieta bicolor, J.-D. Hooker, pl. 3338.
Petit sous-arbrisseau appartenant à la fa-
mille des Verhénacées; il est moins remar-
quable que leStacliytarphelaaristala.Toule-
fois il est fort joli et curieux, surtoutà cause
du changement de coloris que subissent ses
(leurs tubuleuses en entonnoir, pendant
leur épanouissement. Elles sont d’un beau
pourpre tant que le timbe de la corolle n’est
pas ouvert, plus tard, elles deviennent d’un
bleu pâle un peu verdâtre, et leur gorge
est blanche. Les feuilles opposées -décus-
sées, sont courtement péliolées, ovales ou
ovales lancéolées, pointues au sommet,
dentelées au bord. Les tleurs sont disposées
en épis lâches, terminaux.
yici^embyrniitlicnmm aeinacifovme, Linné,
pl. 3539.
Cette espèce, du cap de Bonne-Espérance,
est une des plantes les plus splendides
qu’on puisse imaginer. Les énormes tleurs
pourpres ou jaunes présentent, suivant la fi -
gure que nous avons sous les yeux, un dia-
mètre deO"Ll2. Le Mesembryauthemumaci-
nacifornw est frutescent, à tiges anguleuses,
étalées sur le sol, à feuilles charnues, oppo-
sées, triangulaires, pointues au sommet.
Ce n’est point une plante d’introduction
nouvelle; mais, jusqu’ici, elle est loin d’èlre
aussi répandue dans les jardins qu’elle le
mérite.
l>cmlroI)iiim .Soliaiiiiix, ReicHF.NBACH. pl. 3340.
Cette espèce fut découverte par M. John
G. Veitch, sur les côtes septentrionales du
grand continent australien. M. Reichenbacb,
qui, dans le Gardeners' Ckronicle a donné
une description de cette plante, lui donna
son nom en honneur du nom de baptême de
celui qui l’avait découvert (un Dendrobium
Veifchiamnn, Lindley, existait déjà). Cette
espèce à tige renllée, à feuilles charnues,
linéaires-lancéolées se terminant en deux
dents inégales, est d’un aspect un peu plus
sombre que le Dendrobium Taltonianurn,
dont nous parlions tout à l’heure, à cause
de ses tleurs d’un brun de chocolat, tà labelle
d’un jaune doré, garni dans sa partie infé-
rieure de stries pourpres.
«9onoi>.«4i*4 paiiieiilnta, Lindley. pi. 3341.
Cette admirable Orchidée est de beaucoup
la plus belle du genre auquel elle appar-
tient, et qui, en dehors d’elle, ne contient
guère que des espèces insignifiantes. C’est
en même temps une des Orchidées les plus
répandues, car si, comme le suppose M. Rei-
chenbach, elle n’est qu’une variété du Jonop-
sistitricularioides, elle se trouverait partout
dans le continent de l’Amérique du sud. Le
pied qui a servi de modèle pour la figure
que nous avons devant les yeux avait été
importé du Brésil par MM. Hiigh Low et C ,
à Clapton. H fleurit au mois d’octobre et
novembre. Les fleurs, très - nombreuses,
supportées par une longueliampe grêle, pen-
chée, etVlisposées en grandes panicules, of-
frent beaucoup de variétés pour leur coloris.
Elles sont ou d’un blanc pur, ou jaunâtre,
ou bien blanches lavées d’unr ose très-pàle;
la base de leur grand labelle, dilatée, est
ornée d’une macule violacée. C’est une es-
pèce épiphyte à feuilles linéaires-lancéo-
lées, carénées.
Cnlntlioa tultispadlia, J. D. HoOKER. pl. 3342.
■ Cette Marantacée, très-insignifiante pour
ses tleurs, mais très-remarquable pour son
beau feuillage, est encore une introduction
de MM. Veitch, qui la reçurent des régions
tropicales occidentales de l’Amérique du
sud, où elle fut découverte par M. Pearce.
L’épi floral, composé d’un nombre très-
restreint de fleurs d’un jaune pâle, ne dé-
passe pas une longueur de 0"l04; il est
enveloppé nar deux grandes bractées exter-
nes qui forment une sorte de spathe tubu-
leuse. Les feuilles obovales-elliptiques ,
pointues au sommet, arrondies h la base,
supportées par de longs pétioles engainants,
sont d’un vert foncé vers le bord et des deux
côtés de la nervure médiane; les parties
plus claires qui se trouvent entre ces deux
zones, de cliaque côté de la nervure mé-
diane, sont d’un vert clair sur lequel se des-
sinent des taches rhoinboïdalesou oblonguis
254
REVUE DES PUBLICATIONS
d’un brun presque noir, ce qui donne à ce
feuillage une élégance extraordinaire.
Pucliypodium A. Deca.nlolce.
pl. 55i3
Une Apocynée fort singulière à cause
de la base de sa lige charnue, extrê-
mement enflée en forme d’un énorme
tubercule, qui émet des rameaux charnus
d’un vert glauque, garnies de feuilles qui
sont munies à leur base d’épines slipu-
laires. Les feuilles presque sessiles, lancéo-
lées, pointues, glauques, sont allernes. Les
belles fleursf pédicellées, de la taille
et à peu près du coloris de celles du
Laurier rose, sont disposées, au nombre de
8 à 10, en corymbes terminaux.
Thiliamtin «Pessloæ. J. D. HoûKER, pl. 5317.
Cette admirable Vacciniacr'^ est probable-
ment originaire des montagnes de Caraccas.
Elle fut introduite en Europe par M. Lin-
den, de Bruxelles. Elle diflèredu Thibaudia
man^ophyUa, nom sous lequel on l’avait en-
voyée en Angleterre, par des fleurs plus cour-
tement pédicellées. Les caractères qui distin-
guent le plus le Thibaudia Jessicœ de ses
proches voisins sont ses rameaux très-
élancés à leurs extrémités, ses grandes feuil-
les très-larges et d’une texture membra-
neuse et non pas coriace, et les fleurs très-
grandes et courtement pédicellées. C’est un
arbuste à rameaux pendants. Les fleurs, réu-
nies au nombre de 10 à 12 en courtes grappes,
solitaires sont d’un rouge magnifique. La co-
rolle atteint la longueur deO'n.03; elle est
tubuleuse, un peu rétrécie au sommet.
l'alceolaria hy.s^iioiiifolin, He.mijoldt, Bonpland,
et Kunth, pl. 5348.
Petit arbrisseau rameux, haut de 0™.70 à
1"^.40. Il porte avec raison son nom spécifi-
que à cause de ses feuilles linéaires-lancéo-
lées, sessiles, opposées. L’introduction de
cette jolie plante est due à MM. Isaac An-
derson Henry de Hay-Lodge, Trinity, Edim-
bourg, qui en reçut les graines du profes-
seur Jameson, de Quito. Le CalceoUiria
hyssopifoJia fleurit en pleine terre en août.
C’est un habitant des Andes de Quito, où il
se trouve à une élévation de 10 tà 11,000
pieds. C’est, à ce qui paraît, une plante
très-rustique; ses grandes fleurs sont d’un
jaune de soufre.
Aliroiiin NlTTALL, pl. 3344.
Celte Nyctaginée, la plus grande et la
plus belle espèce du genre, est un habitant
du versant oriental des montagnes Rocheuses
entre -iO» et 45o de latitude septentrionale.
Son introduction est due à M. Thompson
d’Ipswich. Elle a assez le pcrl de VAbrouia
nmbellata, mais ses dimensions sont plus
fortes. Sa lige est couchée sur le sol. Les
feuilles sont opposées, charnues, glabres;
HORTICOLES DE L’ÉTRANGER.
les pédoncules, axillaires, supportent une
large ombelle serrée composéede fleurs d’un
blanc pur de 0“‘.07 de diamètre, munie à sa
base d’un involucre .composé de bractées
ovales arrondies , courtement pointues au
sommet. Les fleurs de cette espèce sont très-
odorantes vers le soir.
negoiiin Peareel, J. D.Hooker, pl. 3343.
Très-belle espèce qui se lie très-étroite-
ment par ses caractères botaniques au Bé-
gonia cinnabarina. C’est M. Pearce qui l’a
récolté à La Paz, pour MM. Veitch. Le feuil-
lage de celte espèce est d’une grande beauté.
Les feuilles sont en dessus d’un vert très-
foncé à reflet métallique, veloutées, en des-
sous d’un beau pourpre clair sur lequel se
dessinent en vert clair les nervures saillan-
tes. Les fleurs, assez grandes, d’un jaune
doré sont portées à deux, l’une mâle et l’au-
tre femelle, par chacun despédonculesaxil-
laires.
Paliimbiiia oaiulida, ReiCHEXBAÇ.H, pl. 5346
Celte jolie Orchidée que Lindley comprit
dans le genre Oncidium^ n’est point d’une
introduction nouvelle. C’est Harhveg qui l’in-
troduisit du Mexique. Soumise à un traite-
ment dans la serre chaude, celte plante n’a-
vait pas très-bien réussi au commencement,
mais dans une serre tempérée elle prospère.
C’est une petite plante à pseudobulbes com-
primés dont chacun porte au sommet une
seule feuille ligulée, coriace, de 0"'.15 à
0»e30 de longueur. Les fleurs, disposées en
grappes lâches sur des hampes florales très>
grêles pourpre-violacées, sont d’un blanc
pur.
Palafoxia llookeriana, TORREY et Gray,
pl. 3549.
Celte belle composée , (le Palafoxia
Texana de Hoocker, mais non pas de De Can-
dolle), a fleuri pour la première fois dans les
jardins de Kew, en 1803; elle provient de
graines qui avaient été envoyées par le
Parry, du Nouveau-Mexique; cette plante se
trouve aussi à l’état spontané dans le Texas
et dans l’Arkansas. Elle atteint 0»’.70 à
1"'. 40 debauteur; ses feuilles, allernes, lon-
gues de 2 à 3 pouces, sont pétiolées-lancéo-
lées, aiguës, trinerviées. Les capitules flo-
raux sont disppsés en larges corymbes; le
coloris des fleurs du disque et des demi-
fleurons ligulés du pourtour sont d’un beau
rose. C’est une magnifique plante pour la
pleine terre.
Triehopilfn Turlalvne. REl(;HENRACR,pl. 5330.
Les véritable 7’r/V/n)yn7m8 semblent pres-
que exclusivement appartenir à l’isthme
qui lie les deux grands continents améii-
cains entre eux. Ils sont surtout nombreux
dans les montagnes du Veraguas, d’où pro-
vient aussi celle espèce, qui tire son nom ilu
REVUE DES PUBLICATIONS ]
volcan Turiaka. C’est une bien belle plante
qui a beaucoup de l’aspect du Trichopilki
picta. Les pseudobulbes, ovoïdes, portent une
seule feuille cliarnue, linéaire-ligulée, acu-
ininée. Les grandes Heurs solitaires, d’un
blanc jaunâtre, se trouvent dans les aisselles
des bractées qui enveloppent la base des
pseudobulbes. Le large îabelle tubuleux,
jaune à la gorge, est orné de nombreuses pe-
tites tacbes pourpres. La Heur atteint un
diamètre de 0"Mi.
l>iniiclla J. D. IIooCKEIi, pl. 5ool
Une charmante liliacée de la Tasmanie,
L’ŒILLET DU
Dianihus Tumphresfeus, Heldr. et Sart, (sect.
i^RMEniASTRUM). — D. l'iscidus var. Tijmphreslea,
B. et Spr., Diagn., \ III. — Boiss., lJia(in. plant,
orient, novar., vol. III, Lise. VI, p. 27. '
Le Muséum d’histoire naturelle a reçu,
en 1865, du jardin botanique de Dorpat,
l’un de ses correspondants dont les déter-
minations sont le moins sujettes à correc-
lions, des graines de l’Œillet qui fait le su-
jet de cette note.
M. Coissier, dans ses diagnoses de plantes
nouvelles d’Orienl, vol. III, fasc, YI, pag. 27,
en donne la description suivante : ’
<i Œillet vivace, sous la loupe un peu vis-
queux et hérissé-blanchàtre, à tiges nom-
breuses, naines, dressées ou étalées. Feuilles
étroitement linéaires, subaigues, un peu
molles et plus courtes que les entre-nœuds.
Fleurs terminales, au nombre de 2-3, ses-
siles et fasciculées. Ecailles calicinales au
nombre de 4, un peu renflées, décolorées,
brusquement atténuées en une pointe molle,
herbacée, 2 à 3 fois plus courtes qu’elle
(écailles) et presque étalée. Calice à tube
à peine plus long que les écailles, cylin-
driques, à dents lancéolées aiguës. Pétales
à limbe petit, rose clair, ovales, "à dentelures
arrondies, marqués au-dessus de la base
d une tache noir pourpre.
v( Cette plante habite les montagnes élevées
de la Grèce, au sommet de Taygète, à une
altitude de 6 à 7,000 pieds, ainsi que sur le
Tymphreste et le Parnasse. »
31. Boissier ajoute que cette plante est
constarnmentdilférenledu Diantliiis risci-
(ius, qui croît dans les mêmes montagnes,
et qu’on ne trouve aucun passage entre les
deux espèces. La stature naine de l’Œillet du
Tymphreste, ses capitules paucillores, ses
pétales maculés à la base, la forme du limbe
des pétales, plus longs et oblongs dans le
ïHanthus viscidus, les séparent nette-
ment.
Les graines de l’Œillet du Tymphreste
ont été semées en pot, au printemps de
136o. Le plant, sans être divisé, a été bi-
RTICOLES DE L’ÉTRANGER. 255
qui est très-ornementale par ses Heurs vio-
lacées à étamines jaunes, mais encore bien
plus par ses nombreux fruits de la forme et
de la couleur de petites prunes violacées.
Les feuilles, largement ensiformes, à bord
un peu enroulé et garni de dents épineuses,
atteignent 1 mètre à 1 "'.40 de longueur. Les
fleurs et les fruits très-nombreux sont dis-
poses en amples panicules. Les fruits attei-
0"’,I5 de longueur. C’est M.
William Archer qui a doté les jardins du
Kew des graines de cette belle plante .
J. Grœnland,
TYMPHRESTE.
veiné sous châssis, puis mis en pleine terre
vers le 15 mai dernier. Cet Œillet poussa
peu d abord; du reste, à son faciès, on
pouvait reconnaître aisément une plante de
dimensions fort réduites; elle fleuritvers le
15 mai, et, depuis cette époque jusqu’à ce
jour (20 juin), les fleurs se sont succédées
pour ainsi dire sans interruption.
Comme cela arrive et doit nécessairement
arriver toutes les fois qu’une plante nou-
velle, dont la description est faite à l’aide
d échantillons d’herbier, est cultivée, sur-
tout dans un pays fort éloigné de celui où
elle croît spontanément, et par conséquent
dans des conditions tout à fait différentes de
celles où la nature l’avait placée, on cons-
tate, et cela dans la première année même
de culture, des différences saillantes. C’est
ainsi qu’à la description que nous venons de
rappeler, nous pouvons ajouter les rensei-
gnements suivants :
Les tiges ont conservé leur position éta-
lée; e les sont toujours très-nombreuses,
mais plus ramifiées; la couleur en est d’un
vert moins pâle. Les feuilles sont plus déve-
loppées, mais cependant plus courtes que
entre-nœud. Les fleurs sont plus nombreu-
ses dans chaque glomérule; au lieu de 2 ou
3, nous en trouvons 3, 4, 5, mais jamais plus.
La coloration des fleurs tend à varier ; les
quelques pieds qui composent la touffe pré-
sentent chacun une nuance différente qui
va du rose très-pâle au rose fo»cé; les ma-
cules placées à la base de pétales et qui
donnent à la fleur l’apparence occulée, ten-
dent quelquefois à disparaître; d’autres fois
elles se présentent sous forme de petits
points arrondis disposés en ligne circulaire au
nombre de 3 à 6 par pétale; plus souvent
ces points s’élargissent en conservant la
meme disposition et se relient entre eux en
une ligne ondulée; enfin, 011 les retrouve en-
core sous forme d’une ligne brisée â angles
aigus; leur coloration est dans tous les^cas
plus foncée que celle du reste du limbe
mais d’un purpurin variant d’intensité. ’
256
L’OEILLET DU TYMUHRESTE.
Bien que ce joli Œillet ne soit pas encore ,
dans l’élat où nous le possédons, digne d’é-
tre recommandé d’une manière spéciale aux
amateurs, il nous a paru intéressant de le
signaler, et cela à deux points de vues diffe-
rents. D’abord pour les variations assez re-
marquables que nous trouvons dès à présent
entre la plante spontanée et la plante culti-
vée; en second liejn, parce que cette ten-
dance à la variation, qui d’ailleurs est mal-
heureusement (au point de vue de nos jar-
dins botaniques) bien loin d’êire exception-
nelle dans le genre Bianthm^ nous lait
espérer trouver la souche de bonnes plantes
à introduire dans nos jardins. Ce serait
alors un type nouveau, d’une culture et
d’usages spéciaux, et sur lequel nous revien-
drons, nous l’espérons, plus tard. La plante
paraît grainer sinon abondamment, du
moins en suffisante quantité pour qu il nous
soit permis d’espérer pouvoir la suivre dans
sa descendance. Nul doute, pour nous, que
mise entre les mains d’un jardinier hajjile,
il n’arrive sous peu à produire des variétés
dignes de nos parterres.
B . Yeulot .
BIBLIOGRAPHIE HORTICOLE.
L’année 1866 aura bien mérité, de la bo-
tanique et de l’horticulture par les livres
dont elle fixera la date. A peine est-elle au
milieu de son cours que déjà nous en avons
plusieurs à faire connaître à nos lecteurs. L art
et la science jardinique sont donc bien réel-
lement en progrès, ainsi quenous le disions
naguère, et il n’y aura plus désormais de
retardataires que ceux qui ne voudront pas
prendre la peine de lire.
Ab Jove principiiunf Commençons par
celui de ces livres que la dignité du sujet
classe au premier rang, et auquel le talent
de son auteur assigne une place distinguée
dans la littérature scientifique contempo-
raine : c’est le premier volume, longtemps
et impatiemment attendu, des Eléments de
botanique de notre savant confrère, M. Du-
chartre*, volume consacré principalement a
l’organographie et à la physiologie des plan-
tes. Nous avions déjà de bons livres élémen-
taires sur la matière, des livres qui conser-
vent encore leur valeur, mais qui devien-
nent chaque année plus insuffisants par le
progrès même de la science. Il faut bien le
reconnaître, et cela sans diminuer le mé-
rité d’aucun auteur, les ouvrages scientiti-
(lues sont essentiellement de ceux dont le
règne est passager. Un chef-d’œuvre litté-
raire peut durer éternellement parce qu il
est éternellement jeune et complet dans son
genre; un livre de science n’est jamais que
î’expression de l’état actuel du savoir hu-
main sur telle ou telle branche de connais-
sance, et, comme la science s’accroît sans
cesse, il faut ou que le livre se luodifie pé-
riodiquement pour suivre le progrès, ou qu li
cède la place à un autre.
C’est à cette inexorable loi que nous de-
vons tant de remarquables écrits qui mar-
quent la période où nous vivons, et, parmi
* Elémenla de hotamque, comprenant l’anatomi^
l’organographie, la physiologie ’av^c
M D Duchartre, membre de l Inslilui, eic.,
500 flgures dans le texte, dessinées d apres “o ’
tome l«s in-8», clic7, J.-lî, Bmllcre et lilb . Uns,
1866.
eux, les nouveaux éléments de botanique.
Depuis vingt ans, de nombreuses découver-
tes ont été" faites dans le règne végétal, de
nouveaux aperçus ont été ouverts et de Dop"
velles théories proposées aux esprits médi-
tatifs; mais ces découvertes et ces théories,
disséminées dans des centaines de mémoires
publiés en grande partie à l’étranger et dans
des langues qui ne nous sont pas familières,
restaient lettre close pour le public, même
pour le public éclairé. Réunir ces matériaux
épars, les coordonner, en faire un tout mé-
thodique, un corps de science en un mot,
telle est la tâche que s’est imposée le savant
professeur, tâche ardue par son immensité,
mais à laquelle son enseignement l’avait
préparé de longue main. Il 1 a heureuse-
ment accomplie pour le volume qui vient
de paraître, et c’est le gage assuré d un ega
succès pour celui ou ceux qui doivent
suivre. , , ,
Ce livre sera le bien venu auprès du bo-
taniste de profession; mais l’horticulteur, le
simple horticulteur, y trouvera-t-il aussi
son compte? Ici encore nous ne craignons
pas d’être affirmatifs, et c’est là effective-
ment un de ses titres a notre estime paiti-
culière. L'auteur n’est pas seulement un
botaniste de premier ordre, c’est aussi un
amateur et un grand connaisseur en horti-
culture, et chacun sait que, sous ce dernier
rapport, il a depuis longtemps fait ses preu-
ves. Personne ne s’étonnera donc, en le
lisant, de le voir faire àla culture des plan-
tes l’application des principes de la physio-
logie végétale; montrer, toutes les fois que
l’occasion s’en présente, la raison scienti-
fique de procédés horticoles sanctionnes pai
l’expérience, mais suivis routinièrement par
la foule. Nous ne sommes pas de ceux qui
n’esliment de la science que rutilite prati-
(lue; le prosaïque cui bono nous touche peu,
parce que nous connaissons les droits de
cette noble faculté qui s’appelle l intelli-
gence, mais il ne nous déplaît pas que a
science descende de temps en temps de ses
hauteurs pour ajouter au bien-elre des lui-
BIBLIOGRAPHIE HORTICOLE.
237
mains ou diminuer la somme de leurs
maux. Toutes les sciences sont appelées à
rendre ces services, mais aucune peut-être
i plus directement que la botanique, parce
I qu’elle touche d’une part à l’art le plus
* utile, l’agriculture ; de l'autre, à l’art le plus
i aimable, la culture des jardins. Si nous
? osions, ce qii’à Dieu ne plaise, adresser
! un reproclie aux anciens traités de botani-
: que, ce serait de n’avoir pas assez fait sentir
ce rapport entre la science spéculative et ce
côté pratique de la vie.
'■ Le sujet qui lait la matière du premier
f. volume des Elémenis de botaniqne est trop
t complexe pour que nous puissions l’analyser
ici; nous nous bornerons à dire que le lec-
: leur y trouvera tout ce (jue l’on sait aujour-
d’hui en anatomie végétale, en organogra-
pliie et en physiologie. La disposition des
matériaux, la manière dont ils sont enchaî-
nés et présentés à l'esprit, la forme, en un
mot, ii’eslpas moins excellente que le fond;
elle ne laisse rien à désirer, ou plutôt elle
fait, comme le fond lui-inénie, vivement
désirer la suite de l’ouvrage. Le style a
toutes les qualités requises pour un sujet
de celle nature : il est correct, clair, concis
et élégant dans sa simplicité; c’est le vrai
style de la science et de la raison. L’exécu-
tion matérielle elle-même ne mérite que
des éloges. Pourrait-on d’ailleurs les refuser
à ces charmantes gravures qui découpent
le texte, et dont les dessins ont été tracés
par l’infaillible crayon de M. Riocreux,?
EXPOSITION HORTICOLE INTERNATIONALE DE LONDRES’.
Les plantes de serre, àbeau feuillage, s’é-
* panouissaient dans toute leur gloire. En-
•1 core un triomphe de la culture, du temps
et de l’argent. On voyait là, exposés par
4 M. Raines, des Alocasia mclallka, avec leur
i grand feuillage semblable à du bronze Ho-
^ rentin; des Tlieophrasla impeHalis , des
4 Rhopala, des CrotoUj des Gleichenia d’un
I merveilleux développement. Legrelle
I d’Hanis, amateur distingué de la Relgique,
i avait envoyé d’Anvers ses Palmiers. MM. Lee,
î toujours aux premiers rangs, avaient des
f Fougères en arbre, entre autres un magni-
( fique Cibotiumpr inceps, dont la tête avait 5
t met. de diamètre ; des Palmiers superbes,
f des Araliacées, et surtout des toutfesd’.d-
V lorasia mekillica et Loicli à nuis autres pa-
t reils. Rs mesuraient chacun plus d’uninètre
» de diamètre; et chacun portait une cin-
I quanlaine de feuilles.
Mais le triomphe dans les Aroïdées de
\ forte culture appartenait à MM. Veitch,
) Cinq Anthurium étaient dignes d’une men-
f lion toute spéciale. Trois d’entre eux ap-
Îparlenaient à la môme espèce, bien que por-
tant trois noms différents. Cette espèce
Il était V Anthurium niagnificum, décrite et
I' figurée dans la Revue horticole (1865,
I p. 373), et qui, représentée là par trois
I échantillons absolument identiques, trônait
! sous les noms à^Anthurium cordatuni,
Anthurium magnificum et Anthurium
grande.
Pourquoi n’y avoir pas ajouté le qua-
I trième nom, Anthurium spectabite, dont
un horticulteur n’a pas craint de doter la
môme plante, malgré les observations réi-
' lérées qui lui ont été faites?
O horticulteurs marchands, vous voulez
qu’on vous croie et qu’on aie confiance
1 Voir la première partie de cet article, ii^ du
16 juin de la Hevue horticole, p. 233.
en vos prélenducs nouveautés I Et vous ne
craignez pas d’atfubler ainsi de diflérents
noms de votre crû, sans justification, les
enfants d’une môme souche! Vous aurez
beau dire chacun que vous avez le premier
introduit la plante et que vous avez le
droit de la nommer à votre guise, cela n’ein-
pôchera pas qu’il soit fort désirable de
vous voir vous soumettre au contrôle
de la science et abdiquer l’erreur et le char-
latanisme. Que vous coûterait-il, parexem.-
ple, au reçu d’une nouveauté, d’en confier
l’examen et la détermination à un bota-
niste éclairé? R vous dirait si la plante a été
nommée et par qui, si elle est introduite et
depuis quand, et le public, rassuré par
celte loyale déclaration, accueillerait les
yeux fermés les nouveautés affirmées, au
lieu qu’il ne s’en approche aujourd’hui
qu’avec défiance.
Ce besoin de priorité et de baptême des
plantes est donc bien vivace? L’amour des
barbarismes et le mot nobis après la déter-
mination, ont donc des charmes bien puis-
sants pour votre amour-propre ?
Ces erreurs ne sont plus de notre temps:
il faut qu’elles disparaissent. La science
des plantes se répand trop maintenant pour
que ces inventions aient longtemps du
crédit. On doit seulement les signaler,
qu’elles soient l’objet de coupables spécu-
lations ou l’effet d’une simple négligence.
Je n’entends pas comprendre MAI. Veitch
dans cette catégorie. Rs ont exposé, au
contraire, trois échantillons de la même
plante, venant de trois provenances diffé-
rentes, pour en montrer la similitude et
l’abus mercantile. Je le tiens de AI. Harry
Veitch lui-même.
. Ces plantes étaient d’une culture vrai-
ment incroyable. Plus d’un mètre de dia-
mètre sur autant de hauteur, nous voilà
IL
268
EXPOSITION HORTICOLE INTERNATIONALE DE LONDRES.
bien loin des dimensions que je lui avais
trouvées dans réchantillon qui m’avait servi
à décrire l’espèce dans l’article précité
(0‘".33 X O*". 25), en disant toutefois pour
réserve que j’espérais voir ces proportions
s’augmenter notablement.
Une autre e:;pèce plus connue et moins
nouvelle, YAnthuriiim leuconeurum, offrait
des dimensions au moins égales.
Mais la plus charmante de ces cinq plan-
tes, celle que je recommande particulière-
ment aux amateurs, à cause de son éclat,
de sa facile culture et de son abondante
floraison, est V Anthurium Scherzerianum.
Une touffe de cette charmante espèce, cou-
verte de plus de dix fleurs d’un écarlate aussi
brillant que le coquelicot des moissons,
captivait l’attention de tous les amateurs.
J’ai cru être agréable aux lecteurs de la
Revue en faisant prendre une aquarelle, qui
sera prochainement publiée avec une no-
tice culturale sur cette jolie plante. Ce sera
l’une des meilleures conquêtes nouvelles
de nos serres, et on peut lui prédire un
très-grand succès.
On a beaucoup admiré encore VAIocasin
Veitchii eÜePandnnus... toujours Veitchü,
exposés, par qui? parbleu! par MM. \eitch.
Aussi bien trouvez-moi un concours sérieux
où ces messieurs n’aient pas cueilli des
palmes? Je crois bien qu’ils ont pris part
à une cinquantaine d’engagements, et pres-
que partout, malgré les plus rudes jou-
teurs, ils se sont tenus au premier rang.
MM. Veitch et fils sont à la tête de l’un
des premiers établissements d’horticulture
du monde. On ne se fait pas l’idée du luxe
et de la perfection de culture qu’on y
trouve, sans parler des connaissances sé-
rieuses et spéciales qui distinguent parti-
culièrement les chefs de la maison.
Les Caladium ' k feuilles colorées, qui
ont pris une si grande faveur depuis que
M. Baraquin en a récemment introduit les
types, je les ai vus ici représentés par des
touffes énormes. Beaucoup de ceux exposés
par MM. Benderson, Veitch, Achenbach,
dépassaient un mètre de diamètre. Voilà de
quoi faire rêver M. Bleu, qui tenait du
reste, là-bas, une place honorable et hono-
rée, grâce à ses belles nouveautés. Je suis
heureux ici de payer une juste tribut d’é-
loges à cet amateur distingué, notre com-
atriote, et de luidire qu’on a salué à
ondres ses Caladium nouveaux : Docteur
Lindley, Reine Victoria, Isidore Leroy,
Charles Verdier. Impératrice Eugénie est
surtout un magnifique gain. J’apprends à
l’instant que la propriété en a été cédée à un
horticulteur de Londres, moyennant 12 liy.
12 schellings(315 tr.). Messieurs les Anglais
vont renvoyer dans peu à l’obtenteur sa
plante, si splendidement cultivée qu’il ne la •
reconnaîtra plus lui-même.
Peu de Palmiers, mais quelques collec-
tions bien cultivées, entre autres celles du
duc de Norlhumberland, où l’on voyait des
Cocos, Phœnix, Ceroxylon, Areca et Sea-
forthia d’une santé parfaite.
Parmi les plants à feuillage et surtout à
feuillage coloré, prennent place les Pélar-
goniums zonals à feuilles panachées , qui
font maintenant fureur en Angleterre, de-
puis que MM. Henderson, Fraser, Lee et
Smith enontfaitunespécialité. Il estcurieux
de voir jusqu’où va la manie de la panachure
parmi les amateurs. A Londres, la cité du
dieu Million, aussi affamée de nouveautés
que Paris, il paraît toutes les semaines un
ou deux Pélagoniums panachés. Cela se
vend une ou deux livres (25 ou 50 fr.) (’),
il n’y en a pas pour les plus curieux!
M. Henderson gagne actuellement à ce petit
métier une forte honnête aisance. Il en a
des serres pleines, et, pour les grands sei-
gneurs, il en fabrique de forts échantillons,
que les promeneurs de la Higli life s’arra-
chent au revenir de Regent’s Parck.
C’est fort joli, peut-être, mais c’est là
une mode que je trouve un peu bien exa-
gérée et frivole. A part deux ou trois varié-
tés, comme Mistress Pollock, Sophia
Cusak, Lucy Grieve, le reste ne vaut pas
grand chose, en dépit de ceux qui se sont
monté la tête à cet endroit. La mode en
passera... tout comme elle est venue.
On s’occupe trop peu des plantes tropi-
cales utiles. M. Linden, dont je parlerai
tout à l’heure avec tout l’honneur qui lui est
dû, est le seul horticulteur-marchand qui
s’attache à cette tribu recommandable.
Et cela pour le bien public et sa propre
satisfaction, car il n’y gagne pas, que je
sache, des sommes fabuleuses.
H avait apporté à Londres une collection
d’arbres fruitiers des tropiques fort intéres-
sante. On y voyait le Manguier, le Poivrier,
le Mangoustan, ce fruit délicieux dont le
bailli de Suffren était si friand, que les
méchantes langues ont été jusqu’à dire qu’il
organisait des expéditions aux Indes tout
exprès pour en aller manger; puis VErythro-
xyton my ricol des, sous\e faux nom de Coca.
(Le véritable Coca offre des feuilles plus gran-
des, traversées longitudinalement par trois
nervures dont deux sont presque périphé-
riques, comme dans les Mélastornacées) ;
une nouvelle espèce d’ Avocatier {Persea
pitotolensis), dont M. Linden m’a dit mer-
veilles. J’en passe, et de moins bons.
Les feuillages panachés sont aussi en
faveur en Angleterre. Les plus chlorotiques
sont les favoris de la mode. Je suis bien
aise de constater que nous ne sommes pas
I Sophia (w/.sr/c/i , une de ces nouveautés éplicmères,
est eu vente au prix de 42 shillini^s (52'. 50), et M. Ke-
teleer me disait l’autre jour, qu’une plu^s nouvelle
encore était i+nnoncée à 70 Shillings (87’.50j.
EXPOSITION lIOimCOIÆ INTEUNATIONALE DE LONDRES.
259
seuls il donner dans ce travers. Aussi ne par-
lerai-je pas du lot de M. William Paul, mais
seulement de ses belles plantes c^rimpantes
rusiiques. Parmi de fort belles Clématites,
une surtout était digne d’attention, à raison
(bî ses grandes fleurs violet foncé superbes.
Plie avait nom Clemalis riibro-violacen.
Les arbustes à feuilles persistantes, qui
• croissent si bien sous le climat brumeux de
I la Grande-Bretagne, et qui sont la meilleure
i parure hibernale des jardins, étaient repré-
sentés par de beaux spécimens sortis des
^ cultures de MM. Yeitcli, Standisb, Jacbman.
! Piien de nouveau dans. ces lots de belle cul-
I ture, si ce n’est de forts exemplaires cou-
V verts de fruits de toutes les variétés d’Aucu-
il bas du Japon. Décidément, la fructitication
ô en est facile et assurée, et voilà une parure
n nouvelle bien acquise à nos jardins.
J’appelle une attention plus soutenue au
t] profit des plantes vivaces exposées par
i MM. Backliouse (d’Yoïk) et Salter (de Ham-
:i mersmitli). Les plantes vivaces sont un des
1 plus précieux ornements des jardins ; elles
1 demandent peu de soins, n’ont pas besoin
!) d un renouvellement fréquent, sont acces-
i sibles à tontes les fortunes, et prennent de
H puissants attraits si elles sont bien cultivées.
A A toutes ces causes, on ne saurait trop
il louer les nouvelles introductions de ce
a genre. Pour moi, un Dielytra vaut mieux
f qu une belle Orchidée : celui-là, au moins,
;? est la fleur de tout le monde.
M. Backliouse s’adressait aux amateurs de
If p antes alpines, avec un assortiment com-
l| plet de Saxifrages : Sedum, Cyprinedium,
I Gentianes, Fougères, etc. Parmi leurs plan-
? tes vivaces de l’Amérique du nord, je recom-
:( mande les Uvularia ampleæicaulis, Viola
Canadensis, Phlox divarkala, Thalictrum
anemmoUes , Cypripediiim pubescens et
acaule.
Rapport de M. John Salter, qui fut au-
trefois un de nos horticulteurs estimés à
Versailles, comprenait une collection d’es-
pèces vivaces à feuilles panachées. Je les
condamne comme les arbustes, mais moins
absolument. Pour des plantes basses, des-
tinées a orner les rocailles, les bordures, à
i taire des contrastes avec d’autres feuillages
I colores, 1 inconvénient disparaît. Plusieurs
memes soiil charmantes : telles sont les
Arabis, Melka, Sedum Sieboldii,
iripMiuiity etc.; mais surtout le Mujruet à
leuilles rubanées [Convalkna mamlis
loi. l’fl;-.). Figurez-vous une feuille de Mu-
guet de bois parcourue dans le sens de sa
longueur par des bandes jaunes, dessinées
avec une régularité parfaite. C’est une nou-
velle et charmante variété qui fera bien son
chemin.
.Dans le même ordre de choses, il faut
citer la jolie Graminée panachée [Cynosu-
rusmstatüs foliis argcnleis), dont M. Ilen-
derson avait coin posé deux corbeilles étagées.
Je ne connais pas de teuillage plus blanc,
plus léger et plus gracieux. M. Ilenderson
la mit au commerce à l’automne 1860. G’est
une véritable trouvaille, d’autant plus que
la plante est très-tixee et qu’elle se multi-
pjiera comme da chiendent, c’est le cas de le
dire avec nos jardiniers.
Aux Orchidées maintenant. Pendant toute
la durée de l’exposition, la tente qui abri-
tait ces merveilleuses plantes, et où elles
occupaient une longeurde 400 pieds anglais
a été perpétuellement envahie, à ce point
qu'il était impossible d’en approcher. J’ai
du renoncer deux fois à prendre des notes;
il fallait les visiter pour cela dès six heures
du matin. G’est assez dire l’empressement
du public vers celte brillante famille.
B est vrai que c’était faveur méritée.
Jamais on ne vit réunie une pareille collec-
tion. Par centaines on pouvait compter les
Catleya, les Vanda, les Lfdia, les Dendro-
bwm, les Oncidiuw, les Phalœmmk les
plus beaux et les plus rares, et cela en
échantillons monstrueux.
II faut renoncer à les décrire et signaler
seulement les variétés de cet assemblage
unique. ^
Mais aussi les récompenses étaient dignes
des soins et de l’habileté des cultivateurs.
M. liobert Warner, par sa magnifique collec-
tion de 50 espèces distinctes, a reçu 55 li-
vres sterling (1,375 fr.), etM. Bulien, pour
20 plantes hors lignes, 70 livres (1,750 fr.)
Unjo i denier, n’est-ce pas? Gette atlrac-
non-la vaut bien celle de nos médailles
d argent de première classe. Elle est hono-
rifique et substantielle à la fois, et je sais
plus d un horticulteur du bon pays de France
qui engagerait volontiers la lutte si on lui
oflrait de pareilles couronnes.
Ont été remarqués dans les divers apports
par leurs raretés on leurs dimensions excep-
tionnelles, les espèces suivantes :
JUb Williams. Lowii. .[nœct.
Ilunen, Anœctachüus setacem^ charmaiiis
\\ ^??*hages réticulés d’or ou de pcurpre.
31. lurner. — Un Dendrobium nobile couvert
d innombrables fleurs lilas et blanc à centre
pourpre.
M. Barnet — Dendrobium taurinum! Miltonia
spectabdts var., Phalœnopsis Luddeman-
nia nu.
oon.
untiaKUH Uill.SSimum.
M. J. Ürand. — CaWeya iHossjVc (:î5 tiges à
lleiirs). (MUeya Adbindiw.
.'I. .Marshall - Erioysls ndidobokhn. Grau-
des teudlles noirâtres ; fleurs brun-noir en
grappes.
Dendrobium Densiflorum album, Dendro-
binm nobile. Dendrobium Dalhousianum.
■ ^^i'^'‘{*opilin crispa, Oncidiumsar-
codes, Odontoglossum nærium.
.7,; Ippriindinm bnrhntum muhis
(plus de 100 Heurs) . Cypripedium tiUosum.
Lœtia purpurala, Odontoglossum nærium.
EXPOSITION HORTICOLE INTERNATION Alt i)È L'ONDRËS.
31. Lcaf. — Dendrobium Danoniim.
M. Turner, de l’owbridge, Leicester. — Üdon-
toglossum cordât uni. Brassia vernicosa
major! Cgpripedium harbaium supcrbum.
Dendrobium Sajctoni. Phalœnoiisis grandi-
pora.
Eu parlant des Orchidées, nous ne pou-
vons passer sous silence le vaste et ingé-
nieux appareil thermosiphon de M. Ormson,
(jui chauffait la salle où elles étaient conte-
nues, en compagnie des nouveautés deserre
chaude. Une seule chaudière de petite di-
mension mettait en circulation 1 ,700 gallons
d’eau (7,990 litres) dans 3,^200 pieds de
tuvaux, et chauffait suftisamment 400,000
pikls cuhes d’air dans une salle mal fermée
et couverte d’une simple toile. Ce résultat
attirera l’attention de tous les gens qui s’oc-
cupent de chauffage.
Parlons seulement des Palmiers pour les
louer au passage et signaler le hel exemplaire
de Sterensonia ou Phœnicophorium SechcU
Uinnn^ apporté deGand par M. Verschatlelt.
Les Cycadées du môme étaient fort re-
marquables et lui ont valu un premier prix,
disputé de près par M. Taylor.
Les Pandanées de MM. \eitcli et Wil-
liams ne le cédaient guère les unes aux au-
tres, mais la balance a dû pencher en faveur
de MM. Veitch, dont la collection s’est enri-
chie d’une belle nouveauté à feuillage disti-
que ; , .
Le feuillage c( ondoyant » des r ougeres,
comme dit Milton, formait sur plusieurs
points de l’exposition des groupes d’une rare
élégance. On admirait dans la grande nef,
un" massif composé de cinq ou six énor-
mes touffes d’une beauté incomparable. Sans
parler des Fougères en c^bre, dont l’une
{Cgatllca meduUaris) n’avait pas moins de 10
mètres de hauteur sur 0 piètres de diainètre,
les collections de MM. Veitch, Bull, illiams,
BaineS) contenaient de splendides exemplai-
res de Ciboiinm princeps. Sdîiedei. Gleiifie-
nia se}mvestita :l),PabeUata. Maratliiaele-
nans. Todea Afrimna. Leptoptens superba
(?) Dnynaria morhilosa. Woidu'ardmradi-
Un de ceux qui m a le plus frappe par la
beauté de son port et son air de grande
santé est le Lomaria gibba, de M. W illiams,
espèce encore rare que l’on commence a
trouver ci Paris, et qui est d’un grand avenu
comme plante d’appartement. .
Les collections de MM. Ivery, Bull et J.
Salter comprenaient les Fougères de pleine
terre à ce point estimées en Angleterre
qu on en fait des plantations spéciales sur
rocailles qu’on appelle ferneries (fouge-
raies). , . r -n
Dans celle classe des gracieux leuillages,
se rangent les Lycopodes dont MM. V eitch,
Barnard et Fairbaim exhibaient de délicieu-
ses collections. ,
.Vroïdées : U’’ prix, M. \ eilch *, Araliacces :
jcrprix,M. Veitch; Maranlacées : U‘ prix,
M. Veitch, même en concurrence avecM. Le •
grelle d’ilanis, venu tout exprès d’Anvers
pour se faire battre, du reste, avec toute la
courtoisie possible.
Victorieux encore dans les concours de
Conifères, MM. Veitch ont eu cependant
maille cà partir avec MM. ùVaterers et Godfrey ,
de Knap-llili, qui exposaient de superbes
collection venues de loin et cà grands frais.
Outre de nombreuses nouveautés représen-
tées par de forts échantillons, je dois signa-
ler cavec mention extrcaordinaire leur Câpres-
sus huicsoninm argcntea, qui est un bijou.
Tous les amateurs de Conifères voudront le
posséder.
La Belgique a remporté les couronnes at-
tribuées aux l nm/, DasyUrion, dans
la personne de M. Jean Verschaffelt, bien
connu pour cetté spécialité.
De beaux Bégonias richement cultives ont
valu les premiers prix à M. Smee, M. Whee-
1er et M. Venner. Parmi les espèces cà belles
tleurs, le B. Digsu'elUuna, de M. Larley,
l’emportait sur tous ses concurrents.
Mcaisles premières réconipenses, pour les
Anthurium . les SaruceniUy ces fcurieuses
plantes de l’Amérique du nord, aux feuilles
{(iseidies) en forme de gobelets, munis d un
opercule, les Nepenlhes, non moins Uite-
ressanls, les Houx, une des gloires de la
culture anglaise, appcartenaienl encore a
M. Veitch. Jugez de la confiance qu’il faut
avoir en soi-même pour oser lutter avec de
pareils champions ! ....
Dans toute exposition, ce qui doit primer
tout le reste, ce sont évidemment les nou-
veautés. Il y a, en effet, un bien plus grand
mérite à doter son pays d’une plante nou-
velle, agréable ou utile, et à procurer ainsi
aux amateurs de nouvelles jouissances que
d’amener un développement inusité des es-
pèces déjcà connues. L’importateur d une nou-
velle plante est presque un créateur, puisque
sans lui, sans son initiative, Scans les sacritices
qu’il fait pour l’aller ou l’envoyer découvrir,
on serait réduit à la désirer toujours.
A Londres, malgré les magnificences dont-
je viens de vous parler, c’étcait encore la le
côté le plus brillant. Un nombre considéra-
ble de nouvelles plantes et de plantes hors
lignes, s’y sont rencontrées. Leurs descrip-
tions, s’il fallait les donner en detail, don-
nerait pâture à dix n^’^' de HBevue horticole.
On trouvera donc bon que pour ne jias
prolonger outre mesure cette notice, je
remette à un peu plus tard la publication
des notes détaillées prises sur les plantes les
plus remarquables. Plusieurs du reste, ont
été spécialement dessinées ou peintes pour la
la Revue qui aura la primeur des espèces les
plus intéressantes.
‘ IL ANimÉ.
{La suite au proehuiu uuuicr<i).
CHUüNlQUE HORTICOLE
(PREMIÈRE QUINZAINE DE JUILLET)
Los variations de température. — L’oïdium. — Exposition de la Société tmrilpnio ^
de Troyes. - Exposition de la Société d’I.orticulture delà II
cona^res pomoloi^ique de France, ù Melun. — Exposition de la Société d’IiorticnlturA session du
de Melun et Fontainebleau. - Exposition de la Société .iTortL^^^^^^^^^
horticoles d’Orléans, de Valognes, de Rozoy- en-Rrie, de Coulommiers, de Bour^' de Paris
mise au concours par la Société d’horticulture du Rhône. — Concours ouvert nar7i Snril â>r
de Marseille. - Concours de jardiniers dans la Côte-d’Or - D° liLt ore^i J^
personnalités. - Le Bigarreau Vochmissen. - Communication de M Eu^ Glà^^^^
chenilles dans le Lot-et-Garonne. — La chenille hagueuse. — Acclimatation ^des Ravages des
— Les plus beaux Colijmbea rmlnicala. - Communication de M.' Hantin. — Lettre dè^M^Vnlh-é°'^^’
Dponomenle cerasi. - Fructification de VAralia SieboldH an parc Monceau -Evnosii inn i . ‘ r 7*
Ferté-Süus-Joiiarre. - Exposition de Roses à Brie-Comte-Robert ^ Exposition horticole de la
Après les jours chauds et secs de la fin
du mois de juin, qui avaient succédé brus-
quement à un temps humide et relativement
froid, sont venues les journées froides et
pluvieuses du commencement de juillet. Ces
variations anormales de température de-
vaient déterminer dans la végétation des per-
turbations fâcheuses et donner naissamce à
certaines maladies. Le fait s’est réalisé, et
Vüidimn a reparu sur plusieurs points.
Quoiqu’il n’ait pas encore tait trop de rava-
ges, nous devons néanmoins le signaler, et
rappeler qu’il vaut mieux agir lorsque le
mal commence à se montrer que lorsqu’il a
déjà fait des progrès. Les moyens de com-
battre l’oïdium sont nombreux , mais le
meilleur, comme on le sait, est le sou-
frage.
— Les expositions ou concours horti-
coles que nous avons à signaler sont nom-
breux.
On nous annonce qu’une grande exposi-
tion aura lieu à Troyes, du 3 au 10 septem-
bre prochain, sous la direction de la Sodété
îiorticole, vigneronne et forestière. Elle com-
prendra les produits des jardins, des vignes,
des bois, l’apiculture et la pisciculture, les
oiseaux de basse-cour et de parc, les insec-
tes utiles ou nuisibles, les accessoires de
pêche et de chasse, les objets d’art ou in-
dustries qui rentrent dans les agréments de
la maison de campagne.
Les végétaux inédits , ou nouvellement
employés dans l’industrie y seront l’ubjet
I de récompenses spéciales,
j Entre autres clauses nouvelles, lé pro-
I gramme ne crée pas de concours à l’avance.
Chaque exposant sera libre de présenter ses
i collections en un seul lot, ou de les subdi-
' viser par catégories.
Des contérences seront organisées pen-
; dant l’exposition ; c’est là, nous le croyons
une très-heureuse idée.
En outre, la Société célébrera solennelle-
ment la saint Fiacre le jour où le jury se
trouvera réuni. Une messe en musique,
un banquet, où les dames seront admises^
un bal, une fête vénitienne au local de l’ex-
position (jardin public , dit Vnllée-Smsse)
constituent le programme de la fête.
Voilà une société nouvelle qui tait bien
les choses, et à qui on peut prédire le succès.
16 Juillet 1866.
— La Société d’horliculture de la Ifaute-
vienne fera une exposition générale d’horti-
culture, à Limoges, les 1 3, 14 et 1 5 août 1 SGG.
Cette exposition comprendra toutes les plan-
tes de serre ou de pleine terre, les fruits
les légumes, les bouquets montés, ainsi
que tous les instruments et objets d’art qui
se rattachent à l’horticulture.
Indépendamment des récompenses, qui
consisteront en médailles, livres ou som-
mes d’argent, la société met à la disposition
du jury une somme de 1,000 francs pour
être distribuée aux exposants, suivant la
valeur des lots. De plus, une médaille de
vermeil sera donnée par la Société à l’insti-
tuteur qui aura démontré avec le plus de
succès les principes de l’horticulture et
principalement de l’arboriculture. '
Tous les horticulteurs et amateurs qui
veulent exposer doivent adresser, avant le
août, à M. le^ docteur Thouvenet, secré-
taire de la Société, faubourg Montmailles
une déclaration indiquant la nature des pro-
duits qu’ils veulent présenter, ainsi que la
superficie du terrain dont ils ont besoin.
^ — Le congrès pomologique de France
tiendra sa onzième session, à Melun, du
vendredi 14 au mercredi 19 septembre 18GG.
Cette session, qui commencera le 14 sep-
tembre, à midi, aura pour but de continuer
les travaux qui n’ont pu être achevés dans la
session précédente : l’étude des fruits admis
provisoirement ; l’étude des fruits nouvel-
lement obtenus ou introduits, et dont le
mérite aura été constaté par des commis-
sions; l’étude monographique des fruits
obtenus dans le département de Seine-et-
Marne, présentée par les sociétés d’hor-
ticulture de Melun, Fontainebleau, de Meaux
et de Coulommiers.
Les Sociétés d’horticulture sont priées de
faire connaître leur adhesion et le nombre
des membres qu’elles enverront comme dé-
légués à cette session.— Celles qui seraient
dans l’intention d’exposer des fruits, vou-
dront bien en informer le secrétaire général
de la Société d’horticulture de Melun et de
Fontainebleau avant le 1er septembre pro-
chain. ^
La Société d horticulture des arrondis-
sements de Melun et de Fontainebleau fer
14.
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUIILLET).
concorder son exposition générale d’horti-
culture avec la session du Congrès pomolo-
giriue. Cette exposition sera ouverte les 15,
16, n, 18 et 19 septembre. Tous les horti-
culteurs et amateurs français et étrangers
sont invités à y prendre la plus large part
possible.
Toute personne qui voudra exposer devra
en faire la déclaration franco au moins huit
jours avant l’exposition, au secrétaire de la
Société.
Tous les objets exposés devront apparte-
nir à l’exposant, avoir été cultivés par lui
ou être le produit de son industrie. — L ex-
position comprendra des plantes de toutes
natures, fleuries ou non fleuries, des Heurs
coupées, des fruits, des légumes, des outils
et instruments de jardinage, des pote-
ries, etc. ', en un mot, tous les objets d art
se rapportant à l’horticulture.
— Les 5, 6, 7, 8 et 9 septembre 1866, la
Société impériale d’horticulture pratique du
Pibône ouvrira, au Palais des Arts, à Lyon,
une exposition générale de légumes,^ de
tleurs, de fruits et des différents objets d art
ou d’industrie se rattachant à l’horticulture.
Tous les horticulteurs et amateurs français
et étrangers seront admis à cette exposition.
Ceux qui voudront exposer devront adresser
franco, (\\i 15 au 25 août, h M. Cussin, se-
crétaire, au Palais des Arts, à Lyon, une
demande d’admission qui devra indiquer,
indépendamment des noms et prénoms du
demandeur, la nature des produits, 1 em-
placement qu’ils occuperont ainsi que les
concours auxquels ils prendront part. Les
objets destinés à l’exposition devront être
inkallés le lundi 8 septembre, avant six
heures du soh\
D’autres expositions d’horticulture au-
ront lieu : Du 12 au 16 août, à Orléans.
Du 1 1 au 14, à Valügnes. — Du 8 au 10 sep-
tembre, à Kozoy-en-Brie. — Du 8 au 12, à
Coulommiers. — Du 15 au 17, à Bourg.
Du 29 septembre au 3 octobre à Pans. Nous
reviendrons sur ces expositions lorsque
nous en aurons les programmes.
— Nous rappelons à nos lecteurs que le
concours ouvert par la Société d’horticulture
du Bhone sera clos le 31 décembre 1866, et
qu’aprcs cette époque, les mémoires ne se-
ront plus reçus! Le prix consiste en une
médaille d’or de 300 frans. Le sujet a trai-
ter est le suivant :
Indiquer les influences diverses d hu-
midité atmosphérique (pluie, neige, etc.),
les qualités des eaux employées pour 1 ar-
rosage, les conditions de leur emploi, leurs
C *\ï*cXCt'GI'GS •
' C( Insister particulièrement sur l’arrose-
ment, en tenant compte des saisons, des
suis, des modes d’arrosage et surtout de la
nature des espèces et des conditions de leur
végétation. »
It y a, dans la réalisation de reprogramme,
de grandes difficultés à surmonter, tant le
sujet à traiter est complexe.
— Le concours ouvert par la Société
d’horticulture de Marseille, relativement à
un Manuel de culture maraîchère spécial à
l’arrondissement de cette ville, sera clos le
31 mars 1867. Yoici quel en est le pro-
gramme :
Plan et disposition d’un jardin potager.-—
Calendrier pour les divers travaux. — Choix
des espèces et des variétés les mieux appro-
priées au climat de l’arrondissement, les
plus productives et les plus propres à la
vente. — Désignation des meilleurs instru-
ments de culture. — Culture, défoncement,
•labour, fumiers, engrais, amendements et
arrosements. — Culture des primeurs et
culture forcée; moyens à employer pour
obtenir les produits les plus avantageux. —
Semis, multiplications et soins à donner aux
plantes potagères. • — Maladies des végé-
taux. — Insectes et animaux nuisibles qui
attaquent les potagers dans le pays; modes
de préservation et de destruction. Eva-
luation des frais de culture et du produit.
La prime offerte par la Société est de
500 francs; des médailles d’or, de vermeil
et d’argent seront décernées aux concur-
rents les plus méritants.
Ces sortes de concours, qui mettent en
jeu l’amour-propre et l’intérêt, donnent
presque toujours de bons résultats. Nous
souhaitons donc un succès complet à la So-
ciété d’horticulture de Marseille.
— M. Durupt, chargé des cultures des
squares de la ville de Dijon, a déposé sui
le bureau de la Société d’horticulture de
la Côte-d’Or, dans sa séance du 11 avril
dernier, une lettre dans laquelle il demande
un concours pour les ouvriers jardiniers de
la Côte-d’Or.
Cette lettre ar été prise en considération,
et une commission a été nommée pour exa-
miner cette question qui a été accepté una-
nimement par la commission et par 1 as-
semblée générale. M. Durupt indiquera pro-
chainement les résultats du concoiiis.
Cette proposition faite par un de nos col-
lègues constitue un véritable progi^'s. Les
concours institués dans la Côte-d Or pei-
mettront aux ouvriers jardiniers de montrer
ce qu’ils savent faire, et exciteront 1 émula-
tion de tous.
— Nous avons reçu de plusieurs corres-
pondants des lettres de critique assez vive
auxquelles nous ne pouvons donner place
dans la chronique.
Loin de nous la pensee d etouffer les itis-
cussions, nous voulons, au contraire,
S63
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE JUILLET).
I qu’elles soient parfaitement libres, mais à
la condition qu’elles ne dégénèrent pas en
I personnalités, qui n’avancent en rien les
i| questions et ne profitent à personne. Aussi,
nous nous ferons un devoir, dans certains
; cas, d’analyser les lettres ou d’en repro-
duire les principaux passages, de manière à
faire disparaître des polémiques tout ce qui
n’a qu’un rapport indirect avec l’horticul-
ture.
Nous espérons que les collaborateurs de
la Revue horiicole partageront cet avis, et
9 nous les prions de continuer à nous faire
I part de leurs observations et de vouloir bien
^ les consigner dans des articles spéciaux.
I Ceci posé, voici une lettre que nous a
|i adressée notre excellent collaborateur,
M. Eugène Glady, touchant le Bigarreau
iC' Doclimissen ^ dont il a déjà entretenu les lec-
1 teurs. (V. Revue horticole, 1865, p. 431.)
« Bordeaux, le 25 juin 1866^
î (( Monsieur le rédacteur,
« Je récolte en ce moment le Bigarreau jaune
de Dochmissen, qui continue de tenir toutes ses
t promesses.
« J’engage les lecteurs de la Revue horticole
1 à relire l’article concernant l’introduction en
France de cette précieuse nouveauté {Revue
horticole, n» 22, 16 novembre 1865).
« La gravure reproduit bien la forme et la
grosseur du fruit, mais la nuance est trop
foncée et moins jolie que le type.
« Je me trouvais l’hiver dernier à Villeneuve-
d’Agen, et j’appris qu’un ouvrier pépiniériste
de MM. Galbai! père et fils, avait pris chez
ses maîtres, il y a quatre ou cinq ans de cela,
quelques greffons de mon Bigari eau jaune pour
les appliquer sur un gros cerisier.
(( Le cerisier transformé se couvrit en peu
d’années de ces jolis fruits si curieux et si bons,
et,'^u mois de juin dernier, l’ouvrier pépinié-
riste' apporta au marché de Villeneuve une 1 elle
corbeille de ces délicieux Bigarreaux avec une
branche littéralement couverte de bouquets de
I fruits.
i « J’ai imité cet exemple au mois de février
I dernier, et deux gros sujets convertis poussent
j. des jets vigoureux qui vont se ramifiant.
^ « Cette introduction de Grimée sera bientôt
répandue en France parl’envoi des greffons que
j’ai adressés à nos principaux pépiniéristes, et
par les demandes multipliées qui ont été faites
I à MM. Galban père et fils, à Villeneuve-sur-
! Lot.
« J’ai préconisé le Bigarreau de Germers dorf
pour sa grosseur. C’est là son seul mérite. Le
! Bigarreau noir d’Ornemann, ainsi écrit par
M. de Hartwich, a beaucoup d’analogie pour la
î forme, la couleur, la grosseur et le goût; avec
I ce dernier, il le devance de huit jours pour la
I maturité.
« Je reviendrai Fan prochain sur d’autres va-
f riétés.
« Les chenilles dévorent nos pruniers dans le
f Lot-et-Garonne. Sauverons-nous quelques pru-
neaux?
(( Veuillez agréer, etc.
« Eug. Glady. ».
Nous ne connaissons le Bigarreau jaune
de Dochmissen que par sa végétation; tout
ce que nous pouvons dire, c’est qu’on peut
aujourd’hui se procurer des jeunes arbres de
cette variété chez un grand nombre de pépi-
niéristes.
Au sujet des chenilles dont parle
M. Glady, nous rappellerons ce que nous en
avons dit dans notre dernière chronique
(page 242), et nous profiterons de cette cir-
constance pour révéler une erreur que nous-
même avons commise; elle a trait à l’ori-
gine de ces insectes.
Ces chenilles ne sont pas de celles qu’on
trouve l’hiver renfermées dans les nids, nous
en avons eu la preuve dans un voyage que
nous avons fait récemment. Ainsi, <à Meaux,
dans le jardin de l’hospice, où l’échenillage
est fait tous les ans à temps et scrupuleuse-
ment, nous avons vu des avenues de Tilleuls
dont les feuilles étaient complètement dévo-
rées. Il en est de même de très-grands Peu-
pliers plantés sur la roule de Trilport, à
Meaux. Là encore, il n’y avait pas un seul
nid de chenilles l’hiver, et pourtant, aujour-
d’hui, les arbres en sont littéralement cou-
verts; aussi, sont -ils à peu près complète-
ment dépourvus de feuilles. Ce n’est donc
point l’inapplication de la loi sur l’échenil-
lage qui est cause de l’apparition du fléau.
La chenille qui dévore aujourd’hui les arbres
nous paraît être celle qu’on nomme la Ba-
gueuse, ou peut-être une espèce dont le mode
de développement est analogue. Malheureu-
sement, il est difficile de la détruire, car ses
œufs agglutinés en bagues ou anneaux au-
tour des branches ont à peu près la couleur
de l’écorce, en scrte qu’on ne les aperçoit
pas, et, comme ils éclosent brusquement,
l’arbre est tout d’un coup couvert de che-
nilles, dont rien ne faisait soupçonner la
présence.
— M. Hautin nous écrit de Brest, à la
date du 22 juin, une lettre relative à l’accli-
matation des végétaux, dont le succès, d’a-
près notre correspondant, est due, en grande
partie, aux soins donnés aux plantes.
ConsidéranBensuite qu’un grand nombre
de végétaux qui, dans beaucoup de parties
de la France, ont besoin d’être rentrés en
serre pendant l’hiver, tandis qu’ils passent
l’hiver en pleine terre, dans la Bretagne et
dans le département du Finistère, M. Hautin
en conclut que ce climat est très-propre à
l’acclimatation. Il cite, à l’appui de son opi-
nion, quelques espèces, au nombre des-
quels se trouve le Colymbea (Araucaria)
imbricala, et, à ce sujet, il écrit :
« Vous avez annoncé, dans la chronique du
juin, que le plus fort plnnt de cette espèce
de conifère se trouve, en Angleterre, dans l’éta-
blissement horticole de M. Hischell, à Peltdown,
près Maresfield, dans le comté de Sussex; mais
CilUONIQUE HORTICOLE (PREMÎÈAE QUINZAINE DE JUILLET;.
iGi
vous ne nous faites pas savoir dans cet arlicle
la dimension de cet arbre.
« Je doute quTl soit plus élevé et aussi beau
que ceux que possède, dans sa propriété de
Pennandreff, commune de Flourin, à 16 kilo-
mètres de Brest, M: de Kerzauson. Ils sont gar-
nis de la base au sommet, et ont une forme par-
faite.
« Voici, du reste, la dimension des deux plus
forts: 1«l60 de circonférence de tronc, au collet
de la racine; 25 mètres de circonférence de
branches, ras de terre; 20 mètres de haut.
M. de Kerzauson a encore dans le même en-
droit quatre autres sujets de moins grande force,
mais, cependant, d’une végétation luxuriante ; ils
sont proportionnés et ont de 10 à 15 mètres de
haut.
« On est saisi d’admiration à la vue de ce
groupe d’arbres du Chili; comme végétation,
il est impossible de rien voir de plus imposant.
(( J’atlribue la belle végétation de cette espèce
de conifère^ pour notre région, ainsi que celle
de beaucoup d’autres plantes, à l’humidité de
l’atmosphère due au rapprochement de la mer;
à notre climat très-tempéré, le thermomètre
descendant rarement h quatre degrés au dessous
de zéro, et aux que! ] les soins apportés à leur
culture pendant les premières années de leur
plantation.
c( Veuillez agréer, etc.
< F. Hautin.
( Pépiniérisle à Brest. »
Nous ne partageons pas complètement les
idées de notre collègue , et nous ferons
d’abord observer qu’en matière d’acclima-
tion, on voit souvent les faits, les plus con-
tradictoires se produire et dérouter toutes
les théories. Nous allons en citer un exem-
ple d’autant plus saillant qu’il s’agit de cette
même espèce : V Araucaria imbricata.
Dans une propriété située au Plessis-Pi-
quet (Seine), appartenant auxliériliersdefeu
Vanderberg, on a planté, très-petit, dans un
massif, deux pieds de Cohjmbea imbricata;
ces deux individus, qui n’ont reçu aucun soin,
qui ont même, toujours été gênés par d’au-
tres arbustes , n’en sont pas moins des plus
beaux. Ils ont 4 mètres de hauteur sur en-
viron 15 centimètres de diamètre; ils sont
' d’une forme parfaite, garnis de branches et
de feuilles de la base au sommet. Et pour-
tant, au Plessis-Piquet, le voisinage de la
mer et le climat de la Bretagne sont hors de
cause. Indépendamment des conditions par-
ticulières à tel ou tel département, il y en
a d’autres, que nous ne connaissons pas.
qui concourent à la conservation et au
développement^ des végétaux.
— Notre collaborateur et collègue M. Ed
André nous écrit : « Dans une lettre que je
vous ai adressée sur les chenilles qui dévo-
rent les haies du chemin de fer de Sceaux,
il faut lire, pour le nom de l’insecte : Ypo~
nomente Cerasi. C’est à l’autorité de M. le
docteur Boisduval que je dois l’exactitude
de ce nom. »
Dans cette même lettre, M. André nous j
apprend que VAralia Sieboldti a fructifié à
Paris, au parc de Monceaux. N3us pouvons
ajouter que ce même fait s’est produit dans
plusieurs autres endroits, en France, notam-
ment à Angers.
— Les expositions et concours annoncés
sont tellement nombreux qu’ils ont presque
rempli toute la Chronique ; nous somnies
donc forcé de remettre au prochain numéro
la publication de certains faits intéressants
que plusieurs de nos collaborateurs ont bien
voulu nous communiquer. Terminons par
quelques mot< sur la troisième exposition de
la Société d’horticulture de l’arrondisse-
ment de Meaux, tenue à la Ferté-sous-
Jouarre, le 24 juin dernier. Cette exposition
était très-remarquable, et un de nos collabo-
rateurs en rendra compte prochainement.
En atten tant, signalons l’heureuse idée qu’a
eue la Société d’horticulture de Meaux d’al- j
1er de temps à autre planter son drapeau et
établir son quartier général dans les princi- I
pales villes de l’arrondissement de Meaux, 1
de manière à les faire profiler à tour de
rôle des avantages que procurent ces solen-
nités, et à resserrer les liens de fraternité et
de mutualité qui ne se forment jamais que
par le conctact direct des hommes! Honneur
donc à la Société d’horticulture qui a si bien
réalisé ce qu’elle avait si sagement conçu.
— Il nous reste à constater le succès de
l’exposition de Roses qui vient d’avoir lieu à
Brie-Comte-Robert. Non-seulement les or-
ganisateurs et les promoteurs de l’exposi-
tion de Brie-Comte-Robert, à la tête des- i
quels il faut placer son président, M. Ca-
mille Bernardin, ont tenu parole ; mais ils
ont fait mieux encore qu’ils ne Bavaient
annoncé.
Nous rendrons compte de cet exposition
dans notre proçhain numéro.
E.-A. Carrière.
FRAISIER HÉRICART DE THURY.
On cultive en grarid aux environs de Pa-
ris, notamment à Sceaux, Fontenay-aux-
Roses, Chatenay et dans le canton de Ma-
lassis, une variété de fraisier, connue sous
le nom de fraisier Héricart de Thury ; elle
fut obtenue de semis il y a 20 ou 25 ans.
et dédiée à feu le vicomte Héricart de
Thury, qui présida pendant un grand nom-
bre d’années la Société impériale et cen-
trale d’horliculture de Paris.
Cette variété, que les paysans nomment
c( la Ricart » , est très-fructifère et rus-
FRAISIER HÉRICART DE THURY.
tique ; ses fruits sont rouges, oblongs, de
grosseur moyenne. Elle a succédé aux va-
riétés de gros fruits, ôjies Ananas, qui pen-
dant longtemps s’étaient montrées supé-
rieures à d autres variétés dans les cultures
de ces diverses communes, où le terrain,
généralement en pente, est argilo-siliceux et
souvent mêlé de Silex.
Depuis ces dernières années, il a été dé-
friché aux environs de Verrières quelques
parties de bois, ainsi que le parc de M“‘" Do-
riat, longeant le bois de Verrières, et qui,
depuis trois ans, est planté en fraise Hêri-
cart , dont les produits considérables ne
sont pas sans mérilo.
Ce fraisier, planté tantôt en plates-ban-
des sur les plateaux, tantôt sur des pentes
plus ou moins abruptes et très-raides, dont
la partie argileuse devient souvent très-dure
par la sécheresse, forme, tant il a de vi-
gueur, une sorte de petit buisson. Il faut
dire que le sous-sol de ces terrains est
presque toujours frais, ce qui contribue
beaucoup à la végétation et à la production
de cette variété, qui aime l’humidité, qu’on
ne pourrait lui procurer qu’à grand frais si
elle n’existait déjà dans ces terrains.
Le parc de M'"® Doriat était composé de
grands bois, et, depuis 1862 seulement,
1 humble fraisier a remplacé les arbres de
haute futaie sur un assez grand nombre d’hec-
tares; il en a été de même sur les terrains
voisins où se trouvaient épars quelques bou-
quets de bois. Grâce à sa situation et à la
fertilité de son sot, cette contrée n’est pas
sans mérite pour les cultures jardinières.
La cueillette de la fraise Héricart de Thury
a commencé le 12 juin, et plus de 200 per-
sonnes sont occupées chaque jour à les ré-
colter, les mettre en panier et les apporter
pendant la nuit à la halle de Paris. Le prix
de vente en gros était de 35 fr. les 100
kilogr. Celte variété de fraise, comme toutes
celles à gros fruits, n’est pas remontante;
mais sa culture n’en est pas moins avanta-
geuse, car elle donne pendant un mois en-
viron, c’est-à-dire jusque dans les premiers
jours de juillet, suivant l’état de la tempé-
rature, qui, lorsqu’elle est trop élevée, hâte
et arrête la fructification. pépin.
SUR LES 25 VARIÉTÉS DE FRAISIERS
ADOPTÉS PAR LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE.
Je viens de lire seulement, et ensemble, les
trois articles de MM. Lebeuf et Gloëde sur
sur les vingt-cinq variétés de Fraisiers adop-
tées par la commission de culture potagère
de la. Société centrale d’horticulture; cela
peut vous paraître étonnant de la part d’un
horticulteur abonné à la Revue, mais, dans
notre état, les travaux sont pressants dans
les jardins au printemps,* et, pour mon
compte, je néglige, à cette époque, les lec-
tures pour courir aux arbres et aux
plantes.
Quelques personnes m’avaient déjà de-
mandé si j’avais lu le premier article de
M. Lebeuf, et ce que j’en pensais; j’avoue
que, n aimant pas à faire de polémique, je
ne cherchais pas à le lire ou je l’oubliais;
mais son dernier arlicle, qui vient de se
trouver sous mes yeux, et que j’ai lu, m’a
lait tout naturellement recourir au premier
et à celui de M. Gloëde.
Je ne viens défendre les travaux de la
commission que dans une certaine limite
dans celle qui a rapport à la confection de
la liste à laquelle, comme membre et secré-
taire de celle commission, j’ai contribué
puissamment, puisque presque toutes ses
variétés ont été étudiées chez moi et indi-
quées par moi ; nous en avions adopté une
quarantaine, parmi lesquelles trois ou qua-
tre ont été introduites au désir de quelques
membres; elles ont été conservées lorsque |
la commission, malgré moi, et, malgré
moi aussi , en a réduit le nombre à
vingt-cinq ; c' une des causes qui m’ont
fait me retirer. On verra plus loin que je
suis d’accord avec M. Gloëde, pour les
appréciations qu’il a faites de ces trois
ou quatre variétés, et même pour presque
toutes les autres, et je dois avouer, tout d’a-
bord, que sa critique est, selon moi, plus
sensée que celle de M. Lebeuf.
Avant tout, je suis de l’avis de ces deux
messieurs sur deux points :
y Le travail de la com mission, telquHl a
été fait, est inutile, je ne dirai pas stérile,
comme M. Gloëde, car c’est ce qu’on peut
trouver dans plusieurs catalogues et quel -
ques ouvrages : une simple liste de choix
2« Ce travail est incomplet. Aussi, j’ai
donné ma démission lorsqu’après avoir lutté
longtemps, seul, contre presque tous mes col-
lègues, j’ai vu enfin qu’il n’y avait plus que
moi pour minorité. J’ai expliqué mes raisons
assez longuement dans une lettre au conseil-
d’administration; j’avais demandé que cette
lettre fut publiée dans un des bulletins; le
conseil n’a pas cru devoir le faire, — je
m’incline.
Je laisse à M. Gloëde la responsabilité de
sa digression sur le but de la commission,
ou plutôt, comme il dit : de son président',
je n’avais, pour mon compte, aucune ar-
rière-pensée; en m’occupant d’une mission
2Û6 LES 25 FRAISIERS ADOPTÉS PAR LA
qui nous avait été confiée par le conseil
d’adniinistration de la Société, je pensais
faire un travail utile et digne de la Société,
voilà tout. Ce travail if était pas impossible,
comme le disent MM. Lebeul'et Gloëde, car
eux-mêmes et d’autres praticiens auraient
pu nous aider; mais il fallait que certaines
personnes oubliassent leurs préventions et
rancunes ; les choses ont tourné autre-
ment. ^ .
Je ne crois pas devoir divulguer ici les
débats de notre commission; toutefois, ce
que je peux dire, c’est que nous pouvions
faire un travail aussi complet que possible;
mais la commission a préléré le laire très-
restreint. 1,
Je reconnais, avec M. Gloëde, que 1 ou-
vrage de M. le comte de Lambertye est bon;
mais il n’est pas le dernier mut de la culture
du Fraisier et des meilleures variétés, puis-
que M. Gloëde lui-même en a fait un autre
moins d’un an après; il en est ainsi de tous
les ouvraües d’hoiticulture. Et, du reste,
M. Gloëde", en critiqiiant certaines variétés
de notre liste, ne s’aperçoit pas que cette
critique peut être retournée contre les listes
des deux ouvrages notés ci-dessus, puisque
Bristish Queenl Excellente, Bendrie's Seed-
ling et Capron Monstrous Hautbois, qu’il
trouve mal dans la nôtre, sont aussi dans
les leurs. En outre, M. Gloëde croit-il, sin-
cèrement et impartialement (je me sers des
deux mots qu’il a employés), que iiou/ë
de Saint-Julien, Crernont, Chili blanc rosé.
Ecarlate américaine, Elton, FUI Basket,
Gelineaa, Jucunda, Hoveifs Seedling, Pré-
mices de Bagnolet, Princess Fréderick Mil-
liam et Prtnce of Wales (Stewart et Neil-
son\, etc. (ce dernier qui ne paraît pas dil-
férer de Keen's Seedling), soient des variétés
de choix pour un amateur qui veut avoir les
meilleures fraises? Il ne laut donc pas être
exclusif. M. Gloëde dit aussi qu’une autre
variété aura été substituée à celle qui porte
le nom de bicolor (de Jonghe). _ _
J’ai monlré à la commission la variété
que j’ai reçue sous ce nom autrefois de
M. Gloëde ; je suis certain qiCune autre ne lui
a pas été substituée; mais, comme nul n’est
à l’abri d’une erreur en fait de fraisiers, pas
même M. Gloëde, je vais faire ce que je fais
depuis quelque temps quand je houte d une
variété : en demander directement à 1 obten-
teur ou lui envoyer des pieds en fruits et le
prier de me dire si j’ai bien la vraie. Du
reste, la description faite par la commis-
sion n’est pas de moi, puisque j’avais donné
ma démission avant que cette liste ait ete
faite. ,
Le Fraisier bicolor que j’ai, m a toujours
donné, à Charenton, les mêmes produits
qii’ici; c’est une variété distincte, par ses
feuilles et par ses fruits, ceux-ci sont
moyens ou assez gros, arrondis, un peu a
CENTRALE D’HORTICULTURE.
col, d’une couleur rouge près de ce col et
rosé ailleurs; les graines sont presque sail-
lantes, la chair est blanche, fine, sucrée et
assez parfumée; ses fiuits viennent par bou-
quets; le pétiole est long et velu, les feuilles
sont assez grandes, ovales, allongées, à
dents aiguës, d’une couleur vert pâle ; la
plante eli vigoureuse, très-fertile, puisque
tous les ans les filets mis en jauge près à
près j our la vente se couvrent de fruits au
printemps s’ils ne sont pas dérangés; de plus,
elle est aussi précoce que May Queen, el ses
fruits sont meilleurs (pour moi du moins) et
plus jolis ; je peux, du reste, en envover des
pieds et des fruits cà M Gloëde, s’il le dé-
sire.
Le Fraisier British Queen a ete maintenu
dans la liste des vingt-cinq au désir de
M. Jamin père, qui l’a introduit en f rance
en 18-4:2; et, pour cela, M. Gloëde fait erreur
dans son ouvrage quand il dit qu’il n’a
été connu qu’en 1848; le fruit de cette va-
riété est toujours un des meilleurs, et elle
n’est pas si abandonnée et tant à suppiimer
que M. Lebeuf veut bien le dire; je pour-
rais lui montrer des British Queen dans les
champs de nos environs où ils \iennent
bien dans des terres pierreuses assez
fortes, mais mêlées de sable rouge; les
cultivateurs qui en ont, vendent ses fruits
plus chers que ceux de toutes les autres
variétés. Les amateurs pourront donc culti-
ver ta Bristish Queen lorsqu’ils auront des
terres de cette nature. ‘
Fraisier Hendriess Seedling. D accord !
elle est inutile avec la Châlonnaise , j ai
reconnu ce fait cette année seulement pai
une comparaison des deux variétés venues
en pleine terre, mais sous verre; jusque-là
ie n’étais pas sûr de ma Châlonnaise. Je
dois la vraie à robligeance de M. le docteur
^’icaise. n • -i
Caperon Monstrous Hautbois, uui, il au-
rait été préférable de mettre Belle Bot de-
laise ou même Black Hautbois, mais le pi ^-
sident de la commission a proposé celui-la,
et c’est lui qui l’a classé.
Fraisier Princesse royale. Lest une
vieille variété qui a rendu des serNices à
M. Gontier; il a désiré la conserver.
M. Gloëde a encore raison lorsqu il donne
la. priorité au nom de Vicomtesse HQ'icart de
Thurif plutôt qu’à celui de Prince impéi lal,
car j’étais à la maison de MM. \ilmorin lors-
que M. Graindorge me fit voir, un des pre-
miers, son gain de Prince impérial, et je
me rappelle très-bien que la variété poi tant
le premier nom était déjà dans les champs;
du reste, je crois aussi que ces deux variétés
sont très -voisines, mais ne sont pas les
mêmes pourtant. .
Maintenant, j’ai peu de choses a dire
contre les articles de M. Lebeuf, parce que
M. Gloëde a déjà réfuté, avec raison, les
SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ET
• LES 25 FRAISIERS ADOPTÉS PAR LA SOCIÉTÉ
appréciations erronées qn’il fait de plu-
sieurs variétés de notre liste, surtout des
diverses quatre saisons. Seulement, M. Le-
beuf dit, après avoir commencé son pre-
mier article, « qu'il est loin de sa pensée de
faire de la critique; '>'> il en fait pourtant, et
de la belle, car il déprécie ou il supprime
presque toutes les variétés adoptées par la
commission, mais il se garde bien d’en in-
diquer d’autres pour les remplacer, tant il
est vrai qu’il est plus facile de critiquer un
travail que de le faire ou de le remplacer.
Malgré la dilférence des sols, des exposi-
tions et des climats, etc., que j’accorde à
M. Lebeuf, il y a pourtant des variétés de
fraisiers reconnues bonnes et qui sont cul-
tivées dans plusieurs endroits de la France;
(jue M. Lebeuf nous les indique avec de
bonnes descriptions en place des nôtres,
et nous verrons.
Il ne s’agit pas de dire, comme M. Le-
beuf, de certaines de nos variétés: a Bien l
ou Oui! Mais il y a mieux, » ou encore de
VEléonor : « Pourquoi celui-là plutôt que
vingt autres qui valent mieux', » ce sont
des phrases, car on peut lui demander :
Quelles sont celles qui valent mieux? Nom-
mez cesvingt autres qui, aussi tardives, valent
mieux que VEléonor pour la culture des
IMPÉRIALE ET CENTRALE D’HORTICELTERE. 267
champs ? ,1e connais pourtant dans nos envi-
rons de belles pièces d’Eléonor, et, à Verriè-
res, plusieurs cultivateurs en loid dans les
champs, et tuusils trouvent ces fruits avanta-
geux pour les marchés à l’arrière-saison, .le
pourrais continuer, mais ce que je viens de
dire doi prouver, ce me semble, qu’on ne doit
crili(}uer que lorsqu’on peut mieux faire.
Que M. Lebeuf trouve qu’une liste, indi-
quant les meilleures variétés de fraisiers,
est inutile, impossible, nuisible même s'il
le veut, cela est bien, puisque c’est son opi-
nion; mais critiquer, déprécier, rabaisser
ou détruire ce que les autres ont fait, sans
se donner la peine d’indiquer mieux, cela
peut s’appeler, je crois, un travail facile.
M. Lebeuf a pris pour règle de n'ad-
mettre que des fraisiers pouvant végéter
dans tous les sols et dont tes fruits soient
assez gros et de* bonne qualité, etc.; nous lui
souhaitons bonne chance! S’il a déjà ob-
tenu ce résultat, ou quand il l’aura obtenu,
nous lui serons obligé de le publier; car
alors il n’y aura plus besoin de composer
une liste pour chaque sorte de sol, d’expo-
sition, de climat, etc., puisque a Isienne
sera bonne partout.
Robine,
Horticulteur à Sceaux
BIBLIOGRAPHIE HORTICOLE.
La deuxième édition du Guide pratique
du jardinier multiplicateur vient de paraî-
tre L Ce livre, dont l’auteur est un de nos
praticiens les plus éclairés et un des plus
utiles coopérateurs de ce journal, ce livre,
disons-nous, est bien connu de la plupart
des lecteurs de la Revue, et il est peu de
jardiniers qui ne l’aient entre les mains. La
première édition étant épuisée, il était du
devoir des éditeurs d’en faire une seconde.
Mais l’horticulture, aussi bien que la bota-
nique, est soumise à la loi du progrès, et tel
traité qui estcomplet aumoment desa publi-
cation, ne l’est déjà plus au bout de quelques
années. De là les retouches et les additions
que les auteurs bien avisés font subir à leur
travail dans les éditions successives ; de là
aussi la chute inévitable, après une durée
[)lus ou moins longue, de livres jugés d’a-
bord excellents, mais qu’on a laissés irnmo»
biliser dans le statu quo. M. Carrière n’a pas
voulu qu’il en fût ainsi du sien; sans en
changer le fond ni même la forme, il y a in-
troduit les modifications que dix ans de pra-
tique de plus lui conseillaient; il a aussi
’ Guide pratique du jardinier muilipUcaieur, ou
Art de propager les végétaux par semis, boutures,
greffes, etc., par M. E. A. Carrière, chef des pépi-
nières du Muséum d’histoire naturelle. In-S» ; Paris,
Librairie agricole de la Maison rustique.
introduit un grand nombre de gravures qui
aident puissamment à la compréhension du
sujet. Tel qu’il est aujourd’hui, son Guide
praticiue du jardi- nier multiplicateur est
ce qu’on possède de plus complet et de
mieux raisonné sur ce point circonscrit du
jardinage.
Maisla multiplication des végétaux est-elle
bien ce qu’on peut appeler un point circons-
crit du jardinage ? Evidemment non ; elle en
est, au contraire, une très-large partie, et fort
complexe dans ses procédés. Il serait plus
juste de dire qu’elle en est le point culminant,
et que tout le reste estsous sa dépendance,
puisque c’est elle qui produit, qui créée, en
quelque sorte, les objets sur lesquels l’art du
cultivateur est appeléà s’exercer. Avant de cul-
tiveril faut faire naître les plantes par semis,
'parbouturage,p9rniarcottage,pargretfes,etc.,
toutes opérations qui exigent de la perspi-
cacité et de la dextérité. Il y faut aussi une
certaine connaissance de la bolanique, car
toutes les plantes ne se prêtent pas indiffé-
remment, ni au même degré, à ces moyens
divers de multiplication, et il faut savoir
choisir, pour chacune d’elles, celui qui lui
convient le mieux dans telle circonstance
déterminée. Est-ce même assez de ces con-
ditions pour réussir? Non encore, car, pour
dire ici toute notre pensée, il faut y ajouter une
BIBLIOGRAPHIE HORTICOLE.
568
qualité sans laquelle les autres ne sont rien,
c'esVd’être né jardinier. Quiconque n’a pas
reçu de la nature (( cette influence secrète, »
cette espèce de divination qui révèle au pre-
mier coup d’œil les besoins de la plante, ce
qu’enunmotnous nommons le sens ciiUural,
celui-là ne devrait jamais toucher à un us-
tensile de jardinier. Qu’il soit tout ce qu’il
voudra, maçon, cordonnier, porteur d’eau,
auteur dramatique ou même ministre, mais
qu’il n’embrasse pas une profession à la-
quelle il n’est pas propre et où il n’aurait
que des échecs à recueillir. C’est parce
qu'on oublie trop cette nécessité des apti-
tudes qu’il y a en France 'tant de mauvais
jardiniers, et que dans certaines contrées le
jardinage semble ne pas devoir sortir de la
routine.
Suivant les dispositions qu’on apporte, les
livres servent ou ne servent pas. Comme le
dit avec beaucoup de sensM. Carrière, dans
sa conclusion, la science ne se vend ni ne
s’achète; elle s’acquiert par le travail de
l’esprit, et, quand il s’agit d’un art, il faut y
joindre la pratique. La pratique , voilà
effectivement le vrai point de départ de l’art
horticole; c’est dans la pratique que se ma-
nifeste la vocation, c’est elle aussi qui four-
nit les sujets d’observation sur lesquels la
réflexion doit s’exercer. Le goût du jardi-
nage existe-t-il chez un commençant, rnet-
tez-lui un bon livre entre les mains, et vous
serez bientôt étonné- de ses progrès. Or,
nous n’en voyons pas qui y convienne mieux
que celui de M. Carrière, aussi n’hésitons -
nous pas à le recommander à la classe nom-
breuse des jeunes praticiens.
Naudin.
SUR QUELQUES FRUITS NOUVEAUX*.
La Poire Alexandrine Donillard a été
récompensée d’une médaille de la Société
de Nantes, ainsi que le Beurré de Nantes,
la Poire Chaigneau, le Beurré datais et la
Bergamote Lesèble.
Depuis que la Société impériale et cen-
trale donne des médailles aux gains de la
pomologie, ce qui ne remonte pas très-
loin, la'Poire Passe Crassane Boishunel a
obtenu une grande médaille d’argent, pre-
mière classe; la Poire Jutes dWirotes (Léon
Leclerc), la même récompense.
La Poire Jacques Cliamaret, le Beurré
datais, ont obtenu des médailles de deu-
xième classe, ainsi que le Souvenir Favre,
déjà couronné à Nantes, à Dijon, à Rouen.
La Poire Fortunée Boisselot vient de rece-
voir à Nantes un premier prix.
Nous ne trouvons pas que parmi les
fruits, dont nous sommes le premier des-
cripteur isolé, il y en aiteubeaucoup d’autres
présentés en concours; nous n’avons pas le
temps de faire de recherches à cet égard,
nous nous bornons donc à cet exposé, qui
vous permettra de penser qu’avec le métal
de toutes ces médailles, on pourrait ache-
ter assez d’or pour bien dorer comme nous
vous l’avons promis de le faire, la petite
pilule qu’on veut vous faire prendre.
Nous vous gardons encore, mon cher
Monsieur, quelques belles et bonnes poires
pour la soif, s’il vous reste, ainsi qu’à vos
lecteurs, quelque confiance dans le léger
savoir-faire et le goût de votre serviteur,
ci-joint la liste de toutes celles que nous
avons à l’étude, que les deux années anor-
males que nous venons de passer nous ont
empêché de juger. D y a là encore une
^ Voir le n® du juin de la Hevue horticole
p. 217.
bonne petite moisson à faire pour les co-
lonnes de la Berne tiorticote nous le croyons.
Vous ferez de celte liste ce que vous ju-
gerez convenable, elle vous prouvera, de
reste, que nous ne marchons pas par trop à
ta tégère avec un pareil bagage sur le dos
et nos pauvres misères physiques, et que le
courage et la bonne volonté ne nous man-
quent pas.
Mais n’avons-nous pas un peu l’air de
comparaître devant un tribunal et d’y dé-
fendre un coupable qui n’est pas même ap-
pelé à sa barre? N’eussions-nous pas mieux
fait de garder le silence? peut-être? mais
nous avons cru que peut-être aussi quelques
explications bien franches, établissant la
position de tous nos confrères en pomolo-
gie, comme la nôtre, éviteraient pour la
suite ces coups d’épingles qui occupem si
inutilement, selon nous, les colonnes d’un
journal sérieux comme te vôtre et que si, du
moins, ils devaient se reproduire, la question
assez bien posée rendrait la polémique plus
claire et plus calme' ?
M. Michelin parait garder bien longtemps
rancune à M. Cbauvelot, pour n’avoir pas
trouvé bonne la Poire Souvenir Favre, ju-
gée favorablement par votre serviteur, pre-
mière opinion qui s’est trouvée ensuite ap-
puyée par la sanction de plusieurs sociétés;
c’est cependant une opinion personnelle
d’un praticien, une observât ion basée sur un
étément puisé à une source différente, comme
celle que produit lui-même M. Michelin, à
la grande pratique près, au sujet de la
^ C’est aussi l’opinion de la rédaction ; aussi, à
l’avenir, n’adinettra-t-elle ))lus ces sortes de ci’iti-
ques, qui, en général, ne changent rien Aux opinions
et dégénèrent souvent en personnalités sans qu’il y
ait avantage pour personne.
(Xote de la Rédaction).
S69
SUR QUELQUES FRUITS NOUVEAUX.
Poire Roux- Car cas^ qui a été assez heu-
reuse pour lui être soumise clans de bonnes
conditions; car nul doute que, prévenu
comme il se trouvait l’être, contre la des-
cription première de son auteur, M. Miche-
lin n’aurait pas manqué de nous le dire,
eût-elle été primée par plusieurs aéropages
horticoles, et il eut bien fait!
Toutes ces contradictions, ces petites co-
lères, même ces gros mots, sont peut-être
amusants pour quelques personnes; selon
nous, elles sont aussi ennuyeuses que pos-
I sihle. Finissons donc cette causerie bien lon-
li gue, mais qui ne sera peut-être pas inutile;
|i il faut l’espérer et vous quitter, mon cher ré-
;! dacteur, en vous promettant bien de n’y pas
i revenir de longtemps, si ce n’est jamais ce
qui serait mieux encore.
^ Nous venions de terminer la correction de
l’épreuve que nous vous adressons quand
nous est parvenu le numéro de la Revue
du 15 mars. Nous avons été dans
un grand étonnemenld’y trouverla descrip-
tion, signée Michelin, d’unPommieret deson
fruit très-peu connu et que nous croyons
inédit !
Nous nous sommes demandé comment
M. Michelin expliquerait sa lettre, puisque
lui-même se met dans le cas si grave des
jugements isolés.
Il est vrai que, présentant un fruit qu’il
annonce à peu prés comme médiocre, il n’a
pas dû craindre un contradicteur; mais, ce-
pendant, je ne voudrais pas en jurer.
Recevez, etc.
J. DE Liron d’Airoles.
alors déforment un peu l’ombelle principale
en l’augmentant considérablement de gros-
seur.
Cette variété, obtenue par M Billiard dit
la graine, pépiniéristeàFontenay-aux-Roses,
de graines du Spirœa aquüegifolia est, je
le répète, une plante des plus jolies et
des plus vigoureuses du genre. Inutile de
dire qu’elle est très-rustique. Sa multi-
plication se fait par boutures, en sec, c’est-
cà-dire avec des rameaux dépourvus de feuil-
les, à partir du mois d’octobre ju&iju’en
mars. Ces boutures se plantent en pleine
terre siliceuse qu’on entretient légèrement
humide. On la multiplie également par bou-
tures herbacées, qu’on place sous cloche
dans la serre à multiplication.
Le Spirœa aquüegifolia Vanhouttei pré-
sente souvent une anomalie toute particu-
lière et très-remarquable. Ainsi il arrive
fréquemment que, pendant l’été, il se déve-
loppe sur les branches des bourgeons qui
se terminent par une inflorescence dont
tous les pédicelles, très-longs, nus et grêles,
se terminent par un verticille de 5 feuilles
largement ovales , sur lesquelles vient
s’étaler une Heur à 5 pétales du double
plus grande que celles qui se montrent
normalement, portant de 15 à 25 étamines
environ.
Très-souvent du centre de ces fleurs part
un bourgeon qui est la continuation de l’axe
du pédicelle qui alors se transforme en vé-
ritable rameau portant des feuilles ovales
elliptiques. briot.
SPIRÆA AQUILEGIFOLIA VAMHOUTTEI.
Le Spirœa aquilegifolia est, dit-on, une
forme du Spirœa trilobata. Le fait est pos-
sible ; mais, qu’il soit ou qubl ne soit pas
vrai, cela n’a pour mon sujet aucune im-
portance; ce que je tiens à constater, c’est
que c’est une plante buissonneuse, délicate,
diffuse, qui s’élève peu et ne donne que des
ramifications grêles. La variété Van fioul lei
qui en est issue, est, au contraire, très-vigou-
reuse; elle atteint jusqu’à 2 mètres de hau-
teur, et ses fleurs sont tellement abondantes
quelles font incliner les rameaux, qui forment
alors des sortes de girandoles des plus jolies.
Pour faire son éloge, il suffit de dire que
c’est une plante des plus belles du genre.
Voici l’énumération des caractères qu’elle
j présente :
Arbrisseau très-vigoureux , atteignant
1">.50 à 2 mètres de hauteur, à écorce brune.
Feuilles des bourgeons vigoureux très-lar-
gement elliptiques, atténuées, subcunéifor-
mes à la base, dentées-crénélées dans toute
la partie supérieure, planes, vert foncé en
dessus, glaucescentes en dessous. Feuilles
, des ramilles florales oblongues, parfois
1 très-légèrement dentées au sommet, très-
I glabres, glauques en dessous. Fleurs blanc-
I pur, légèrement et agréablement odorantes,
i excessivement nombreuses, placées àl’extré-
} mité d un pédicelle très-tenu, arrivant pres-
I queàla même hauteur et constituant des sor-
I tesdecorymbestrès-élegantsau sommet des
' ramilles, ou bien portées sur des pédicelle
i qui se ramifient à une certaine hauteur et
forment ainsi des ombelles doubles, qui
MICROCACHRYS TETRAGONA.
La plante si curieuse représentée par la
figure 33 (le Michrocadirys telragona,
Hook), très-rare encore, est aujourd’hui
cultivée dans le jardin Royal de Kew où elle
a déjà fleuri et fructifié, ce qui a permis à
M. Ilooker d’en faire faire une bonne figure
270
coloriée dsins\e Botanical Magazine, t 5576
(1866), et d’après laquelle a été dessinee
celle que nous reproduisons ici. Malheu-
reusement, on ne possède encore qu un
sexe, le mâle; de sorte que, comme la
plante est dioïque, on ne peut esperer en
récolter des graines. L’insulfisance du dé-
veloppement de certains de ses caractères
ne nous permet pas non plus de lui assigner
une place rigoureusement déterminée.
M. Hookerle classe dans la Diœcie Monan-
drie ; mais c’est là, on le comprend, un ca-
dre très-large, puisqu’à peu près toutes les
conifères y entrent, de sorte que sa place n est
pas encore bien
MICROCACHRYS TETRAGONA.
rouge, très-brillants. Il est vrai de dire qu’il
va dans les Taxinées, notamment dans les
Ifs et dans les Pudocarpas, certaines espèces
dont les fruits sont également colorés. Mais
pourtant, ajoute-t-il encore, des fruits de
conifères à écailles charnues lorsqu’elles
sont jeunes, de consistance semi transpa-
rente et d’une couleur brillante, est un fait
unique jusqu’ici dans cet ordre ; aussi
M. Hooker se demande-t-il si ce caractère
persistera sur les fruits mûrs.
M. Hooker nous apprend encore que
l’échantillon qui a servi à faire le dessin
qu’il a fait représenter du Microcachrijs te-
tragona a été pris
définie. Toutefois,
d’après ses carac-
tères, le Microca-
chrys nous paraît
très - voisin des
Bacrydium, près
desquels nous le
plaçons. Voici les
caractères qu’il
présente :
Arbuste buis-
sonneux , diffus,
parfois presque
rampant. Ramilles
et ramilles subté-
Iragones par l’im-
brication des feuil-
les. Feuilles per-
sistantes, squami-
formes, étroite-
ment imbriquées,
longues d’environ
3 millimètres,
ovales - rhomboï-
dales, obtuses, ci-
liolées, convexes
sur le dos, obscu-
rément cannelées;
celles des bran-
ches, souvent un
peu plus longues
et plus écartées.
Chatonsmàles ter-
minaux , petits , ^
lonss d’à peine 4 millimétrés, composes de
20 ^à 30 étamines écailleuses, scarieuses,
triangulaires à anthères transversalement
déhiscentes. Chatons femelles également
terminaux, ovoïdes ou globuleux, longs d en-
viron 8 à 10 millimètres, d’un rouge vit, a
écailles épaisses, charnues, portant un ovule
la description qu’il en adonné(/oc. cit.),
M. Hooker ajoute q\ie\e Microcachnjs tetra-
Qona est assurément la plus remarquable de
toutes les conifères, et, sous plusieurs rap-
ports, la plus intéressante, principalement
par ses fruits qui sont charnus, de couleur
Fig. 33. — Microcachrys tetragona, de grandeur naturelle
oblongs ou ovoïdes.
au jardin Royal de
Kew sur un indi-
vidu qui avait été
donné à cet éta-
blissement par M.
AY. Archer , et
que, c’est en 1862,
qu’il a fleuri et
fructifié pour la
première fois.
Nous ne savons
donc si, depuis
cette époque,
d’autres fruits se
sont montrés, et
si ceux-ci seraient
parvenus à leur
maturité corn-*
plète.
Nous ferons re -
marquer que les
fruits que repré-
sente la gravure ci-
contre sont d’un
très - beau rouge,
et qu’à en juger
d’après leur as-
pect, ils semblent
être une agréga-
tion de petits akè-
nes, semblables à
ceux soit des Bu-
biis,so\\ même des
Mûriers. H est bien entendu, toutefois, que
cette comparaison ne s’applique qu’à l’aspect
et que les caractères organiques sont com-
plètement différents.
La grande analogie que cette espece nous
paraît\irésenter soit avec les Dacrydiinn,
soilaïecleSflxe-Go(/(rt>(T,sembleiLidiquer(iiie
sa culture devra être la même que celle a
laquelle on soumet ces plantes, et que, a
Paris, on devra le tenir en serre froide.
Quant à sa multiplication, il est douteux
que, en France, on puisse jamàis la fane
par graines ; il faudra donc recourir au bou-
turage, peut-être à la greffe.
C.\RR1ÈBE .
Imjj. Zàiiote r.des Boulan^t
PANDANUS FLAGELLIFORMIS.
Exposée à Londres, sous le nom de Pan-
daniis Veitchii la plante représentée par
notre gravure coloriée est des plus remar-
quables; elle intéresse à la fois l’amateur
et le savant. Voici les caractères qu’elle
présente :
Tige formée par la base des feuilles qui
se sont successivement développées et em-
boîtées les unes dans les autres, renflée et
comprimée vers son milieu, soutenue, jus-
qu’à 20 centimètres de liauteur, par de gros-
res racines, ainsi que cela a lieu, du reste,
chez tous les Paudaniis.
La forme générale de cette plante est,
ainsi qu’on peut le voir, celle d’un éventail
très-régulier, dont la hauteur, à partir du
sol jusqu’à l’extrémité des leuilles centrales-
verticales, est de 2'". 50, sa largeur est de
3'”. 40 environ, soit l'".70 de chaque côté
de la tige ; quant à l’épaisseur, elle était de
la largeur d’une feuille : 9 centimètres envi-
ron. Feuilles très-rapprocliées , coriaces,
vert-luisant, visiblement sillonnées en des-
sus, glaucescentes en dessous, surtout à
leur base qui est presque pruineuse, épais-
sies-carénées en dessous; concaves en des-
sus dans les deux tiers inférieurs et s’emboî-
tant ainsi les unes dans les autres, puis
presque planes jusqu’au sommet, bordées
de toutes parts d’une ligne rouge qui porte
des dents également rouges, à dents fortes,
très-piquantes, couchées de bas en haut;
carène peu saillante, rouge et dentée comme
les bords.
Au point de vue scienlihque, le Pandauus
flabelliformis est des plus intéressants ; la
disposition tout à fait distique de ses feuil-
les est non-seulement différente de toutes
celles des autres espèces du genre, elle l’est
probablement de toutes celles des Bromé-
liacées.
D’où vient cette plante? C’est ce qu’il est
difficile d’affirmer. On sait seulementqu’elle
a appartenu longtemps à Debrie, ensuite
à M. Burel, qui récemment vient de la
vendre pour l’Angleterre. Elle est donc née
chez M"’® Debrie, mais on n’est pas d’accord
en ce qui concerne son mode d’apparition.
Il y a à ce sujet deux versions. D’après la
première, le Pandanus llabelliformis se
serait trouvé dans un semis de Pandanus
utiiis. D’après la deuxième, la disliquilé ne
serait qu’accidentelle, et se serait montrée à
la suite d’un coup qui aurait détruit la
tête; alorç seulement un nouveau bourgeon
se serait développé, lequel, au lieu de la
forme sf iralaire, aurait pris la forme distique.
Si ce dernier fait est vrai, il n’est pas moins
curieux, puisqu’il semblerait prouver que la
matière qui constitue les êtres étant plasti-
que, leurs formes sont en rapport avec les
milieux et les conditions dans lesquelles
elles se produisent.
Quoi qu’il en soit, il nous paraît très-re-
grettable qu’une plante aussi curieuse, qui
était née en France, à Paris même, ait si
promptement quitté le sol natal pour n’y
jamais rentrer, selon toute probabilité. Elle
a été achetée par MM. Veitch et fils, hor-
ticulteurs à Londres qui, nous l’avons déjà
dit, l’ont exposée sous le nom de Pandanus
Veitchii. Sa véritable place était, soit au
Muséum, soit dans les collections de la
ville de Paris, à la Muette-Passy.
Mais, puisque le fait est accompli, jetons
sur cette plante un coup d’œil d’adieu et
tâchons d’en bien faire ressortir les caractères
afin d’en graver le souvenir, la seule chose
qui nous restera d’elle.
Les feuilles de ce Pandanus étaient au
nombre de trente de chaque côté de l’axe,
sans compter les deux centrales ou termi-
nales, qui, presque verticales, semblaient,
par leur base, devoir cmitinuer Taxe. Les
feuilles, sur chacun de leurs bords latéraux,
portaient 300 dents, et la nervure médiane
(carène) 350, ce qui fait environ 900 dents
par feuilles, nombre qui, multiplié par
30, donne 27,000; soit 27,000 dents! Sa
surface totale était d’environ 8 mètres
carrés.
E. Carrière.
LES PLANTES VOLÜBILES D’APRÈS LE SYSTÈME DARWIN.
Depuis quelques temps, on s’occupe beau-
coup du système de M. Darwin sur l’origine
des espèces, les uns pour le critiquer, les
autres pour y applaudir. J’ai moi-même pu-
blié plusieurs articles sur ce système en
me«rangeant du nombre de ceux qui le com-
battent. Je m’étais promis de ne pas y reve-
nir, parce que j’avais développé toute ma
pensée et que je n’avais pas la prétention, en
combattant mes adversaires, de les ramener
à mes idées. Je sais que c’est une des cho-
ses les plus difficiles à réaliser; mon but
était d’entraîner parmi mes lecteurs ceux
dont les idées sur ce sujet ne sont pas com-
plètement arrêtées.
Je suis engagé de nouveau à rentrer dans
la lice par un article de M. Naudin, publié
dans la Revue horticole du 16 février 1866,
(page 65). M. Naudin se range franche-
ment au nombre des évolutionnistes. Cet
écrivain prétend que Dieu crée tous les jours
et que tous les jours il permet sous sa direc-
tion le perfectionnement des espèces. Cette
opinion émise par un homme aussi éminent
LES PLANTES VOLLBILES D’APRÈS LE SYSTÈME DARWIN.
me paraît, il me permettra de le dire, un
paradoxe d’autant plus dangereux qu’il part
de plus haut. Et d’abord, d’après notre loi,
d’après la Genèse, histoire la plus ancienne
du monde. Dieu a tout créé parfait dans son
organisation, parce qu’un être infiniment
parfait comme Dieu ne pouvait rien créer
d’incomplet. La Genèse est positif à cet
égard, elle dit : « Dieu dit encore : que la
terre produise de l’herbe verte qui porte de
la graine, et des arbres fruitiers qui portent
du fruit chacun selon son espèce et qui ren-
ferment leur semence en eux-mêmes pour
leur reproduction sur la terre. »
Le plus petit animalcule, la plante la plus
infime sont aussi complets dans leur orga-
nisation que l’homme, qui est l’être le plus
avancé de la création terrestre. Si j’ai re-
cours aux preuves matérielles, la géologie
établit clairement que l’organisation des es-
pèces a été immuable depuis leur création,
ou du moins depuis des milliers d’années.
D’un autre côté, peut-on admettre logique-
ment qu’un être aussi sage que Dieu, (ses
œuvres en attestent, ait pu avoir la pensée
d’entrer dans un travail continuel de créa-
tion? Gette manière de faire selon la raison
humaine me paraîtrait avoir pour résultat
de faire entrer le Créateur dans un dédale
inextricable.
J’arrive maintenant, après ce court préam-
bule philosophique, aux faits naturels sur
lesquels s’étale l’article de M. Naudin. Cet
écrivain prend pour exemple, afin de baser
son raisonnement, les évolutions des plan-
tes volubiles et grimpantes. Il cherche à
prouver que ces plantes n’ont pas dû grim-
per dans le principe et que c’est la concur-
rence vitale qui les a armées des moyens né-
cessaires pour pouvoir s’attacher aux autres
arbres plus élevés afin d’arriver à leurs ci-
mes pour y trouver l’air et la lumière, deux
conditions essentielles à leur existence.
Il est certainement bien évident que les
plantes grimpantes s’accrochent aux arbres
pour trouver les éléments de leur vie. Mais,
selon moi, tout prouve que lors de leur
apparition sur la terre elles avaient les
mêmes moyens de s’attacher qu’elles ont
aujourd’hui. Est-ce qu’il n’y avait pas de
grands arbres dans le principe? Les troncs
gigantesques de Fougères que l’on trouve
dans les terrains houillers me paraissent ce-
pendant l’établir assez clairement.
Quel avantage d’ailleurs y aurait-il pour
l’homme de croire le contraire, en admettant
la progression continuelle des espèces, et
quel en serait le résultat? Il arriverait, pour
être logique dans son raisonnement, que les
grands arbres devraient, eux aussi, s’élever
et que cette évolution continuelle finirait
par porter leurs têtes dans les profondeurs
de l’infini.
Les expériences actuelles prouvent, d’ail-
leurs, que celle transformation continuelle
des espèces n’existe pas. Je vais en citer
un exemple pris dans la catégorie des plan-
tes citées par M. Naudin.
L’homme, par la culture et par des soins
incessants, peut obtenir des Lierres, des
Chèvrefeuilles, des Vignes, etc., qui se sou-
tiendront par leur propres forces, c’est-à-
dire qui deviendront des plantes arbores-
centes. Mais pour que cet état de chose se
maintienne il faut qu’il veille constamment,
qu’il ne laisse pas auprès d’elles d’autres
choses plus rigides; car si on les perd de
vue un seul instant, une jeune pousse s’élan-
cera et s’accrochera ou s’enroulera bien vite
à tout ce qu’elle pourra rencontrer. Donc la
nature de ces végétaux est de s’accrocher.
Si elles n’avaient pas été créées avec les
moyens de le faire, si cela n’était que le ré-
sultat d’un besoin accidentel pour vivre,
elle resteraient sans difficulté, le besoin ces-
sant, dans l’état dont je viens de parler
lorsque l’homme les y place.
On nous fait dire que Dieu a dû créer
dans^ le principe des tuteurs, des rames
pour recevoir l’enroulement du houblon
et des haricots. Est-ce que dans le principe
il n’a pas pu exister des plantes plus rigides
pour recevoir ces enroulements? On dit
aussi que, lorsque les grains de raisin avor-
tent sur la grappe, celle-ci se transforme en
vrille. Est-ce que le pétiole et la tige de la
grappe n’ont pas celle organisation? On a
pu voir fréquemment des grappes de raisin
chargées de leurs fruits s’accrocher par
leurs pétioles. Pourquoi donc n’auraient-
elles pas été créées dans le commencement
avec ces moyens? Rien ne prouve maté-
riellement dans la nature que l’organisation
des espèces ait changé, et tout ce que
l’on peut avancer contre cette théorie est
hypothétique. Avec ce moyen, on peut faire
tout ce que l’on veut. L’hypothèse est sou-
vent nécessaire dans les sciences, mais il
faut qu’elle soit affirmée par les faits pour
qu’elle ait de la valeur.
Que serait-ce donc que cette concurrence
vitale, que cette évolution et celte transforma-
tion continuelle des espèces? Oû cela mène-
rait-il? Celte belle œuvre de la création ne
serait plus, je le répète, qu’un dédale inex-
tricable dans lequel l’homme, et peut-être
Dieu lui-même, ne comprendraient plus
rien.
Admettre ce système, ne serait-ce pas
annuler Dieu en le subordonnant aux forces
de la nature? En admettant, au contraire^ la
perfection terminée dans le principe dans
un mécanisme aussi beau que celui de l’uni-
vers, Dieu reste debout au milieu de son
œuvre, resplendissant de perfection, de
gloire et de puissance.
En résumié, je pense qu’il est préférable
27S
LES PLANTES VOLUBILES D’APRÈS LE SYSTÈME DARWIN.
de croire aune base fixe et immobile pour la I base évolutionnant toujours et conséquem-
solidité et la perfection de l’édifice, qu’à une I mentmobile. De Ternisien.
PHORIUM TENAX VARIEGATA.
Si l’on pouvait adresser un reproche à
cetle plante, ce ne serait certainement pas
sonanliquité.En effet, elle est très-nouvelle,
et c’est à peine si en France on pourrait en
trouver quelques pieds. C’est donc ce qu’on
peut appeler une très-haule nouveauté. Mais
ce n’est là qu’un bien faible mérite compara-
tivement à celui que présente la plante. Son
port et son fades sont semblables à ceux du
type; la différence réside dans lapanacliure
des feuilles; celles-ci sont bordées d’un ti- j
let roux ferrugineux, tout le reste est strié- I
rubanné jaune pâle ou blanchâtre, entremêlé
de quelques bandes vertes; le centre cepen-
dant est le plus souvent jaunâtre, comme
cela se voit dans le Yucca qnadricolor. On
ne pourrait donc adresser au Phormium te-
nax variegata d’autre reproche que celui
d’être lent à multiplier, ce qui, comme con-
séquence, explique sa rareté et l’élévation de
son prix. Triomphera-t-on de ces obstacles?
Je le désire dans l’intérêt de tous, mais n’ose
trop l’espérer.
Truffaut fils.
EXPOSITION HORTICOLE INTERNATIONALE DE LONDRES*.
Voici la liste des plantes nouvelles qui ont
le plus attiré l’attention générale :
M. Linden: (1er prix, 18 liv. ster. (450 fr.) : An-
thurium regale (Pérou oriental); Dichori-
sandra musaica (Maynas), Maranta Lindeni
(Pérou), Echites ruhro-venosa (Rio-Negro),
Maranta illustris (Haut-Amazone) , Maran-
ta rosea-picta (Llaut-Amazone) , Psychotrïa
nivosa (Parana) , Maranta virginalis (Pérou
oriertal); Smüax marmorea (Rio-Negro),
Eranthemum igneum (Maynasj, Trade scan-
tia undulat a (May nas). A']outez atout ceci vingt-
cinq autres Alarantas nouveaux et Ærides Ja-
ponicum (Orchidée).
M. Veitch : Aralias et Crotons de la Nouvelle-
Calédonie , Maranta Veitchii (Pérou) , Rho-
dodendron Brookeanum (Bornéo) , Dracœna
albo-marginata (Iles Salomon) \Begonia Pear-
cei (Pérou), Aphelandra? (Pérou), Darivi-
nia fimbriata (Australie), Coleus Gibsoni
(Nouvelle-Calédonie), Bertolonia guttata (Ma-
dagascar), Primula cortasoïdes amœna (Ja-
pon), Dieffenbachia Pearcei (Pérou), et
plusieurs autres plantes australiennes et ja-
ponaises, non encore nommées.
M. William Bull : Rhaphanus caiidatus, Berto-
lonia margaritacea (Brésil) , Malope australis
(Australie), Phajm grandifolius fol. varieg .
(Japon), Diffenbachia eburnea (Amérique
sud), Urospatha splendens (Para), Urospa-
tha spectabilis (Para), Eranthemum arqijro-
îiCMrnm (Pérou), Terminalia nobilis (Mada-
gascar).
M. Tinné : Tinœna Æthiopica (Afrique centra-
le) , Gardénia Tinnæana (Afrique centrale) .
AI. J. Standish . Clematis Fortunei cœrula (Ja-
pon).
AI. A. Verschaffelt,de Gand: (Afri-
que du sud); Gomphocarpus grandiflorus
(Afrii^ue du sud),
AI. Siark : Aspidium fragans.
MM. Thibaut etKeleleer, de Paris : Rhus glabra
laciniata (Amérique du nord).
‘ Voir les n<>s du 16 juin et du 1er juipet de la Re-
vue horlicole^ pages 233 et 257.
AI. G. Davies, Liverpool : Thuia Stanleyana
(Australie).
AI. Rob. Veitch, d’Exeter : Adiantum Farte-
yense.
AI. AVilliams : Calamus Impératrice Eugénie.
AI. J. Standish, d’Ascot : Juglans macrophylla (?)
(Chine) ; Lomaria dura (île Chatam) ; Reti-
nqspora filiformis (Japon) ; Rhododendrum
Lindleyanum (ne paraît pas être autre chose
qu'un R. Nuttalli).
Si, après avoir parlé sommairement des
plus belles choses, nous voulions glaner dans
ce champ où la moisson a été si abondante,
nous trouverions encore un nombre suffisant
à contenter de superbes expositions.
Je cueille donc au passage, sur mon car-
net de notes, les apports suivants :
Les Fougères de pleine terre et de
serre froide de MM. Ivery et fils ;
Les arbres fruitiers forcés de MAI. Lane
et fils, de Herts. On doit s’étonner de n’avoir
pas rencontré dans ce concours le maître
des forceries anglaises, M. Hivers, de Saw-
bridgeworth. Cette exclusion volontaire a
frappé bien des gens ; nous y avons perdu
de superbes produits.
3o Les Tulipes de AI. Turner. En Angle-
terre on ne proscrit pas la couleur jaune,
comme chez nous, et les fleurs n’y perdent
rien. Cette exclusion systématique de cer-
taines formes et de certaines couleurs fait
naître non plus des amateurs, mais des mo-
nomanes, des maniaques, qui ne reconnais-
sent plus que des beautés de convention et
méprisent les choses véritablement belles.
4o Les plantes à feuillage coloré, desti-
nées à orner les jardins l’été, exposées par
AI. Henderson. Je recommande la disposi-
tion employée ici par cet habile horticul-
teur pour faire juger d’un seul coup d’œil de
l’effet d’ensemble. Chaque espèce (et il y en
avait 50) était représentée par une terrine
274
EXPOSITION HORTICOLE INTERNATIONALE DE LONDRES.
de 30 OU 40 jeunes plantes, représentant
une corbeille en petit ou une portion de
corbeille.
5« VIxora Amboinensis, mai^nitique es-
pèce à fleurs orangées, et tes Erica obbata
et Cavendishii, de MM. Veitch.
6» Le Clerodendron Kœmpferi, aux fleurs
écarlates, de M. Henderson.
7» La belle collection de Rhododen-
drons rustiques deM. Standish, d’Ascott.
8® Celle plus remarquable encore de
M. Noble, de Bagstiot, dans laquelle on
remarquait des nouveautés hors ligne ; Lord
Palmerston^ cerise vif, admirable ; The mo-
nitpr, écarlate très-foncé; Seedling, écar-
late-violacé, The Queen^ blanc-lilacé, déli-
cieux.
Les Œillets, (mignardises anglaises)
de M. Turner. Ce sont de ravissantes plantes,
pour la plupart métisses de D. plumariiis et
de D. caryophylhiSy naines comme le pre-
mier, et à grands fleurs odorantes comme
le second. Les plus Jolies variétés sont:
Rubens^ pétales laciniés, rouges et blancs;
Blondin^ centre blanc avec le pourtour brun ;
Sarahy White, Miss Eaton.
10® Les trois énormes touffes é'Eachnris
grandiflora^ exposées par M. Brand, riche
amateur de Balham. Ces plantes, les plus
belles de l’espèce qu’on ait jamais vues (on
peut l’affirmer sans crainte), mesuraient
chacune 1 mètre 50 de largeur, et for-
maient des touffes épaisses de feuillage vert-
noir d’où s’échappaient 50 à 60 hampes de
ces grandes fleurs blanches parfumées que
nous avons tant de peine à obtenir chez nous
une à une. Cet apport a été l’un des plus
étonnants de l’exposition.
il® Les Calcéolaires herbacés de M. Ja-
mes, d’Isleworth. On pourrait peut-être
faire aussi bien en France ; mieux, jamais.
1 2" Les fougères de serre de M. Ham-
bury.
13® De M. Fischer, de Sheffield, un très-
bon arbuste nouveau de plein air: Berberis
stenophylto;
14» Le Maïs panaché de M. James Car-
ter, de Londres, bien supérieur à celui
que nous possédons déjà (voir le récent arti-
cle de M. Sisley dans la Revue).
15® La plante dentelle (Ouvirandra fenes-
tralisA très-bien cultivée par M. Marshall,
de Clay-Hill.
16® UAmarantus hybridus^ à feuillage
rouge-pourpre et jaune pâle, très orne-
mental, exposé par M. Knigth, de Pontchar-
train, près Paris.
17» Les Bugainvillea en fleurs de M. Tur-
ner; le lot de Liliiim auratum, du même
exposant. Bien de plus merveilleux que
cette plante, dont plusieurs exemplaires pré-
sentaient des fleurs énormes. Sur un
pied de 1"’.50‘, qui en portait cinq à la fois.
nous en avons mesuré une de 0f«.32 c. de
diamètre! Et un parfum... à embaumer
toute la salle.
18o Parmi les Maranta, deM. Yeitêh,
le M. tubispatha mérite une mention hors
ligne; •
Les Cactées fleuries et les Euphor-
biacées, de M. Pfersdortf, de Paris;
20« Les Alternant fiera et Teleianthcra
de M. Foljambe, de Worksopp, petites
plantes à feuillage coloré de rouge, de vert
et de jaune, excellentes pour bordures au
plein soleil;
21» Les Nepenthes, notamment le N. Baf-
ftesianay de MM. Veitch (l"b50 de dia-
mètre);
22» U Adianthum Farleyanum du colo-
nel Miles;
23» Les fougères de MM. Backhouse et
fils, d’Yorc, kil’une culture sans reproche et
d’un choix d’espèces fort complet.
Fruits et légumes.
L’Angleterre a gardé longtemps la préé-
minence en fait de culture forcée. Nous
avons maintenant à lui opposer de sérieux
concurrents. Les noms de MM. Gontier, et
de Lambertye ne sont pas indignes de s’acco-
ler à ceux des Bivers et des Mac Ewen. Sou-
vent mê ne ils les ont dépassés en juste re-
nommée.
J’ai trouvé les apports de fruits forcés
superbes, mais beaucoup moins nombreux
qu’on ne s’y attendait généralement. Parmi
les lots de raisins, les plus dignes d’éloges
étaient ceux de MM. Bannermann, Bill,
Allport, Turner, Osborne. Les variétés
exposées, en parfaite maturité, apparte-
naient presque tous aux Frankenthal
(nommé là-bas Black-Hamburg), Black-
Prince. Golden Ilambrey, Black Ténériff,
muscat d’Alexandrie, chasselas musqué.
Pas un chasselas de Fontainebleau.
Quatre superbes vignes en pots, couvertes
des fruits bien murs, étaient inscrits sous le
noms de MM. Lane et fils.
Un lot de M. Turner se composait de
spécimens fort beaux et très variés de
fraises de premier ordre, Burgnous lîunt’s
Tawny, Pêche grosse mignonne. Figue
Brown Turkey, Melon Boger’s Early et Vic-
tory of Batb, Ananas et raisins.
Notre supériorité pour la culture et la
taille des arbres fruitiers est connue et
appréciée en Angleterre. Les deux premiers
prix que MM. Jamin et Durand, de Bour-la-
Beine, sont allés conquérir, en font foi.
Deux lots d’arbres formés, irréprochables
dans la disposition de leur charpente,
avaient été exposés par eux.
Enfin, pour les légumes, rien ou peu s’en
faut. Même abstention qu’en France, même
indifférence des maraîchers pour les palmes
du concours et l’appréciation des visiteurs.
EXPOSITION HORTICOLE INTERNATIONALE DE LONDRES.
Et cela malgré tous les efforts de la société
et du comité exécutif, qui avaient institués
pour cette classe des prix foit convenaliles,
allant jusqu’à six livres sterling pour cer-
taines spécialités. Nous ne sommes pas
seuls à déplorer cette résistance d’une
classe d’horticulteurs à qui les expositions
rendraient certainement des services si-
gnalés.
Toutefois, il faut apprécier en Angleterre
la supériorité avec laquelle on cultive
quelques genres. Ainsi, les poireaux de
Kent y sont énormes; on en voyait de plus
de 30 centimètres de circonférence.
Les rhubarbes, qui se vendent là-bas à
pleines voitures comme chez nous les choux,
ont été perfectionnés étonnemment. Les
plus belles et les meilleures variétés, dit-
on, sont Rli. MynWs, Victoria j à pétioles
rouge vif, et Barkshire’s Seedlinq, rouge
cendré.
Excepté cela, il y a bien peu de choses à
citer, si ce n’est les concombres, dont on
fait aussi une consommation prodigieuse,
et dont le plus beau, surnommé modeste-
ment 'un concombre!) a eu les
honneurs de la journée, devant le jury. Je
ne parle pas du laidis à queue^ de M. Wil-
liam Bull, qui est une très-curieuse nou-
veauté qu’il sera bon de juger avant d’en
parler.
Accessoires. ■ — Sous ce titre : Imple-
mcnts, une assez grande collection de ma-
chines horticoles, pojnpes, chariots, outils,
caisses, etc., se pressaient dans le voisinage
des tentes de l’exposition, ou bien le long des
galeries qui touchent à la grande serre de
Kensington. On n’y a pas trouvé grand’chose
de remarquable comme nouveauté. Des per-
fectionnements plus ou moins justifiés, voilà
tout.
Les plans de jardins n’étaient pas meil-
leurs. Le goût anglais est donc bien lombé
pour qu’on ait cru devoir attribuer des pre-
miers prix à de semblables inepties. La
commission organisatrice avait imposée aux
dessinateurs ses limites pour la surface et
l’échelle de leurs plans; elle n’en avait pas
imposé, que je sache, à leur talent. Com-
bien il est regrettable que quelques concur-
rents français, — et nous en avons beau-
coup qui ont un véritable talent, — ne
soient venus leur donner une leçon de des-
sin et de composition de jardins, et montrer
que si en Angleterre la tradition des beaux
(1) Les horticulteurs ou amateurs qui, sur nos
indications succi rites, auraient le désir de se rendre
acquéreurs de quelques-unes des plantes citées avec
éloge dans ce compte-rendu pouri'aient demander
le Catalogue de l’Exposition au bureau de la Société
royale à Kensington, Londi'es. Le commerce pari-
sien aura, où a déjà du reste, la plupar t de ces
plantes, et notamment MM. Thibaut et Keteleer,
146, rue de Chai’onne.
m
parcs anciens semble compromise, on la
retrouve en France plus en honneur que
jamais! L
IL — Le Congrès.
Ces grandes expositions horticoles n’ont
pas ponr seul elfet d’ouvrir une lutte
féconde entre les concurrents et de décerner
des récompenses aux plus habiles ; elles
sont encore le prétexte heureusement
choisi pour réunir les célébrités ou les
notoriétés de la botanique et de l’horticul-
ture. Un des plus grands plaisirs pour ceux
qui visitent ces sortes de fêtes, c’est de pou-
voir serrer la main des amis lointains qu’on
n’aurait pas vus sans cela; c’est de faire de
nouvelles connaissances, de mettre un nom
sur un visage, inconnu jusque-là autre-
ment que par des écrits. C’est une occasion
d’échanger des idées sur les points obscurs
ou controversés de la science, d’apprendre
soi-n ême et parfois d’instruire les autres,
mieux cent fois qu’on ne l’aurait pu faire par
la correspondance la plus étendue.
Toutes ces causes justifient outre mesure
la pensée qu’ont eue les hommes dévoués,
dont plusieurs faisaient partie du comité
exécutif de l’exposition, d’organiser un con-
grès international de botanistes et d’horti-
culteurs, à l’occasion de la grande exposi-
tion.
On sait que cette idée appartient en principe
à l’un des plus actifs botanistes de ce temps-
ci, M. Edouard Morren, qui l’avait mise en
avant à l’occasion de l’Exposition générale de
Bruxelles, en 1864. La réalisation s’en est
faite sans lui; cloué dans son lit par la ma-
ladie, il n’a pu qu’applaudir de loin aux
efforts de ses collègues pour le suppléer.
L’exemple a porté des fruits. Il a donné
naissance, l’an dernier, au congrès d’Ams-
terdam, dont les travaux viennent de pa-
raître dans un beau volume, et cette année
à celui de Londres, dont je vais dire un
mot.
La présidence en avait été déférée à
M. Alph. de Candolle, porteur d’un des plus
beaux noms de la botanique, et lui-même
botaniste distingué.
On avait choisi pour lieu de délibérations
du congrès la fameuse salle des cartons de
Baphacl (Rhaphoel carloon room)^ dans le
Kensington Muséum. Jamais plus belle réu-
nion ne siégea aumilieude plus merveilleux
chefs-d’œuvre.
Après avoir payé sa bienvenue par quel-
quesmots prononcés en anglais, et demandé
que chacun des orateurs s’exprimât libre-
ment dans sa propre langue, afin que tout
Anglais pût faire de même partout ail-
leurs dans de semblables occasions, M. de
Candolle lût en français le discours d’ouver-
ture, qui fut fort bien accueilli.
Des considérations claires et exactes sur
276
EXPOSITION HORTICOLE INTERNATIONALE DE LONDRES.
l’alliance de la botanique et del’horticüUure
ont précédé, dans le discours du professeur,
l’idée ingénieuse d’un local d’expérimen-
tation imaginé par lui pour la physiologie
végétale. M. de Candolle voudrait qu un
grand établissement fit construire sur une
vaste échelle une serre expérimentale qui per-
mettrait de reprendre les essais incomplets
ou faits en petit par les physiologistes qui
nous ont précédé.
On pourrait ainsi apprécier exactement
le rôle de la lumière, de la chaleur, des gaz,
de l’électricité sur la végétation. L’idée est
originale, bien queM. de Candolle 1 ait déjà
formulée moins en détail. La réalisation de
cette proposition pourrait bien n’être pas
éloignée, car elle a trouvé de l’écho dans
un bon nombre des botanistes présents au
congrès.
Dans la suite de son travail, M. de Can-
dolle passait en revue les ouvrages icono-
graphiques qui ont enrichi à la fois la science
des plantes et leur culture, et il a notam-
ment payé un digne tribut de reconnais-
sance aux grands savants que l’Angleterre
vient de perdre : MM. Paxton, Lindley et
Hooker.
Puis, après quelques considérations sur
l’utilité de la botanique alliée à l’horticul-
ture et un résumé rapide des progrès de
cette dernière science, le président a donné
la ;^:.role aux différents membres du congrès
qui avaient préparé des communications. .
La liste en serait longue et intéressante
jen’ai ni le loisir ni l’espace nécessaires pour
résumer ces travaux, qui paraîtront, du
reste, dans tout leur détail, sous la forme
d’un volume publié par la direction du con-
grès.
On a remarqué parmi l’assistance les
membres étrangers suivants, auxquels a été
décerné le titre de vices-présidents : MM.
Lecoq, de Clermont-Ferrand; Weddell, de
Poitiers; Morren, de Liège; Kickx, de Gand ;
Caspary, de Kœnigsberg; Reichenbach, de
Hambourg ; Koch, de Berlin ; Wendland, de
Hanovre ;"Schultz, de Deidesheim ; Meissner,
de Baie; Triana, de la Nouvelle-Grenade.
Des travaux importants ont été successi-
vement portés à la connaissance du bu-
reau, et discutés en public par les spécialis-
tes des diverses matières énoncées.
M. Lecoq a développé des considérations
sur les migrations de plantes de montagnes,
notamment sur celles de l’Auvergne, qu’il
croit avoir été apportées des Alpes par les
vents et les oiseaux, et non pas, comme on
l’a pensé, par un envahissement graduel
pendant la période glaciale.
La culture du Colchicum Bysantimim est
aussi l’objet d’un travail intéressant de
M. Lecoq.
M.Mas, de Bony, demanderait quels seraient
les moyens à suivre pour obtenir de nou-
velles variétés de fruits. M. Lahaye, de Pa-
ris, prétend qu’on ne peut conserver les
fruits produits par des arbres malades.
M. Bossin, de Paris, voudrait savoir s’il est
un caractère botanique qui permette de
dire si une graine produira des fleurs dou-
bles ou simples; et, d’autre part, si l’origine
de la Poire Belle-Angevine est bien fran-
çaise ou anglaise. De plus, il poursuit tou-
jours son projet de faire attribuer aux va-
riétés légumières des qualificatifs latins,
comme on le fait pour les espèces botaniques.
Enfin, l’auteur cet article a présenté un mé-
moire intitulé : Essai historique et critique
sur t'art des jardins en France. Tel est à peu
près le contingent apporté par notre pays
aux travaux du congrès.
La Belgique, réprésentée par M. le pro-
fesseur Kickx, qui traitait de la physiologie
des cryptogames; par M. Morren, notre sa-
vant confrère et àini, qui examinait le rôle
du gaz d’éclairage sur les végétaux et ren-
daitcompte de ses intéressantes expériences;
par M. Van Huile, le savant linguiste et di--
recteur du jardin botanique de Gand, qui
parlait d’une méthode rationnelle de taille;
enfin, MM. Baumann et Dominer, de Gand, la
Belgique, disons-nous, a tenu honorablement
sa place scientifique dans les délibérations.
D’Allemagne, de Norwége, de Suisse, de
Hollande, d’Angleterre, étaient venus des
communications nombreuses, dont plusieurs
des plus utiles aux progrès de la science. B
faut citer, parmi les principaux auteurs et
les principales œuvres ; M. Carroll, de Glas-
verin, sur le drainage; M. James Anderson,
de Glasgow, des effets de la température de
l’eau sur la végétation ;
M. de Candolle, sur le mesurage récent
des Séquoias delà Californie;
M. le Dr Caspary, sur le changement de
direction des branches par les différentes
températures;
M. Clarke, de Londres, sur les enveloppes
florales des Lauracées;
M. le Dr Gœppert, de Breslau, sur la
cultures et l’assainissement des plantes al-
pines et sur la paléontologie, science dans
laquelle ce vieillard vénérable s’est fait un
si beau nom ;
M. S. Hibbert, de Londres, de la nomen-
clature des plantes. L’auteur propose l’éla-
blissement d’une école de nomenclature bo-
tanique ;
M. Hildebrand, de Rouen, observations
sur nos connaissances actuelles des espèces
du genre Cinchona ;
M. le Pr. Karl Koch, obèervations sur les
systèmes botaniques et leur confusion ac-
tuelle ;
M. Krelage, de Harlem, sur les noms des
variétés jardiniques et leur confusion, sur-
tout à l’égard des plantes bulbeuses;
if
t
l
i
‘i
••I
EXPOSITION HORTICOLE INTERNATIONALE DE LONDRES.
M. Laxton, expériences d’hybridation sur
les pois et résultats ;
D'’ Masters, de Londres, sur les fleurs dou-
bles;
.Di’ David Moore, de Glasnevin, climat,
flore et moissons de l’Irlande ;
D'’ Reiclienbach, sur la structure de
quelques Orchidées;
M. Anderson, sur laciilture des Orchidées,
communication qui a entraîné une intéres-
277
santé discussion à laquelle ont pris par tous
les hommes spéciaux à la culture et la con-
naissance de celle magnifique famille.
Le congrès s’est terminé aux applaudisse-*
men4s de la nombreuse compagnie qui n’a
cessé d’assister assidûment aux séances, et
qui conservera certainement un souvenir
vivace de cette réunion féconde en bons ré-
sultats et en salutaires exemples.
E. André,
SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE.
Séance du 28 juin.
Les apports faits dans cette réunion ont été
peu nombreux. Nous allons les passer en
revue.
Parmi les objets déposés au comité de
culture potagère, M. Trony, jardinier au
château de Bordes (Seine-et-Oise), avait pré-
sénlé deux Choux cœur de bœuf, gros, qui
avaient reçu un traitement particulier. Vers
le milieu de leur lige, on avait pratiqué une
incision, ou plutôt, à l’aide d’une serpette,
on avait enlevé une lame de l’axe princi-
pal d’environ 2 centimètres de largeur
sur un millimètre d’épaisseur; le présenta-
teur prétend que ces incisions qu’il avait
pratiquées dans le but d’empêcher ces plan-
tes de fleurir, ont parfaitement réussi, puis-
que tous ceux qui n’avaient pas été incisés
ont monté. Il serait intéressant de savoir si
cette pratique ne pourrait pas présenter
quelques inconvénients et de connaître l’é-
poque à laquelle elle doit être faite.
^ M. Morand, jardinier-chef k l’Asile de
l’Orne, à Alençon, avait déposé deux pieds
d’arlichaux gros vert; cette présentation
était accompagnée de la note suivante, que
nous copions textuellement: «Je détache
les œilletons de moyenne force queje plante
en pots, je les conserve sous châssis, comme
les Géranium, pendant les grands froids de
l’hiver, et à la fin de mai, je les plante à
distance de 80 centimètres sur tous sens;
ils produisent souvent plus tôt et plus abon-
damment que ceux qui ont été hivernés sur
place. J’en ai planté cette année 500 pieds,
dont trois seulement n’ont pas produit; les
autres portaient trois fruits par pied; je me
propose à l’avenir de ne nas les cultiver au-
trement. »
Le Comité demande des détails plus éten-
dus et plus précis sur le mode de culture
adopté par M. Morand.
M. Fontaine (Adolphe), jardinier chez
M. le marquis Couvion de Saint-Cyr, à Yil-
sari, présentait trois chouxfleurs dits demi-
durs, améliorés, pesant ensemble 17 hilogr.;
l’un d’eux porte 90 centimètres de circon-
férence et pèse 5 kilogr. 200 gr. Ce produit
remarquable à tous égards mérite à l’obten-
lenteur une prime de 2^ classe.
Le Comité d’arboriculture a examiné les
objets suivants : un pied de vigne en pot ap-
partenant à la variété Frankenthall (ou Black
Hamburgh}; cet exemplaire, palissé en cy-
lindre, étaitd’unegrande vigueur,et plusieurs
grappes splendides ornaient ses sarments.
Le présentateur, M. Knight, jardinier-chef
au château de Ponlchartrain (Seine-et-Oise),
dit que ce pied est le produit d’un œil qui
avait été mis en terre en avril 1865. Une
prime de classe lui est accordée.
Un panier composé de cerises de la va-
riété Royale, cueillies sur un espalier, mé-
rite des remercîments à M. Lépine, de Mon-
treuil. Des fruits d’une autre variété de ce-
rises récoltés sur un arbre franc de pied, et
en plein vent, sont présentésparM. Aubrée,
propriétaire à Châlenay (Seine). L’arbre sur
lequel il les a recollés est dans sa propriété,
mais il n’en connaît pas l’origine. Ces fruits
ont intéressé le Comité, qui a nommé une
commission pour aller examiner l’arbre qui
les produit.
Les présentations faites au Comité de flo-
ricullure sont peu variées; cependant une
plante très-intéressante au point de vue de
l’ornementation des jardins, est soumise à
son approbation par MM. Havard et C^ ; c’est
une variété du Maïs ordinaire, à feuilles ru-
banées de blanc et de vert, qui rappelle les
panachures de VArimdo donax variegata ;
mais cette plante est beaucoup plus gracieuse
que ce dernier. Le présentateur dit que
l’exemplaire qu’il soumet à la Compagnie
est issu d’un semis et non de bouturage, et
que cette variation se reproduit très-fran-
chement. M. Barillet-Deschamps, dit avoir
reçu de la Maison Bernary, d’Erfurt, une
quantité assez considérable de graines qui
ont donné naissance à des pieds bien pa
nachés. Selon M. Jamin, les graines de ce
Maïs proviendraient des Elals-Unis (de
Springfield) et non du Japon, comme M. Ha-
vard le prétend. Quoi qu’il en soit, cette va-
riété mérite, suivant nous, une place dans
nos jardins; et, comme M. Pelé (Adolphe)
SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ET CENTRALE DTIORTICELTCRE
27S
en a déjà récolté des graines sur un individu
cultivé dans un très-petit pot, on a heu île
croire que cette variété n est pas dehcate et
que nous pouvons la considérer comme ac-
(iuise à nos jardins. , . m m
Après ces diverses présentations, M. le
Boisduval rend un compte sommaire de
l’examen qu’il a fait des végétaux malades
ramTr sV Marseille par M. Rivière, et
présentés par lui à la dernière seance,
qu'il en dit : Le tronc des jeunes
Peupliers d’Italie, qui présente de place en
place des engorgements ou
Sont le cœur est ronge par une
lerie est l’ouvrage de labaperde Lau/tfli «s,
'qui esrunvrai tllau dans le JinU et en Apo-
rie pour les jeunes peupliers. M. Boisduval
dit Çe RatieLurg,' dans son magn. que
ouvraüe sur les insectes nuisililes aux loiels,
«lie d’enduire, pour les préserver de
celte Saperde, 'e
avec une bonne couche d onguent de haiiit
FiSm à la hauteur de cinq pieds environ.
Sous cette croûte, l’arhre se développe, et
après six ou sept ans de plantation,
rien à redouter des Carcharias.
Les galles foliacées, analogues au Bode-
gar des Ronces et Églantiers, qm lonnen
Ses espèces de houles à l’extremite les
branches du Saule g
sont le résultat de la piqûre d un Lynips,
dont la petite larve rudimentaire ne pe
suffire à déterminer l'espèce.
Le puceron rapporté de la pro^mce dans
des feuilles cloquées de
pèce méridionale appelée par M. Boisduval
persicarum;i\ ne se trouve pas dans le nord.
ni dans le centre de la France*, notre Pé-
cher, aux environs de Paris, nourrit trois
antres pucerons, qui sont : Aphis persicœ,
Kattenbaclr, Aphis persicœ, Morren (A. per-
sicola, Bdv.) et Aphis amygdah, Bl. .
M. Boisdnval présente aussi un Liliiwi
Thunberqianum portant deux rameaux bien
lleuris. il dit, en parlant des Lys, que cette
année il a remarqué pour la première lois
sur le Lilimn auranhacum et sur une ou
deux autres espèces, une Cochenille voisine
du Coccnsadonidum (Poux blanc des serres),
il a d’abord pensé que cette codiem'le pour-
rait bien être nouvel le; mais, enl etudiant, il
a vu quelle était connue et parfaitement
décrite par le profe.sseur Bouché, dans a
Gazette entomologique de Stettin, sous le
nom de Coccus talipanim. Selon cet ento-
mologue, c’est une espèce qui a ete appor-
tée de l’étranger dans les serres de Berlin,
etqui,à l’automne, se retire dansles squam-
mes des Liliacées, où elle attend tranquille-
ment que la végétation s( it développée pour
se multiplier; on la détruit comme la Coche-
nille de serre avec un petit pinceau et de
l’alcool. , ^
M. Bouchard - Huzard offre a la ^ Ï50-
ciété un travail bibliographique qu il a
fait sur les travaux de Duhamel-Dumonceau,
et sur ceux des nombreux auteurs qui les
ont commentés. La Société remercie tres-
vivement l’auteur pour ce don
M. Duchartre lit un rapport de M. Lecoq,
de Clermont-Ferrand, sur l’exposition d hor-
ticulture de Londres ; mais, la seance étant
très-avancée, cette lecture est ajournée.
L. Neumann.
CULTbRE DU MEDINILLA MAGNIFICÂ
Cette belle plante, quoique’ introduite
chez nous depuis plusieurs années, n est
pas encore connue autant qu elle devrait
l’être et n’est pas non plus, selon moi,
appréciée à sa juste valeur. Nous constatons
cependant que sa culture commence a se
répandre et qu’elle tend de plus en plus a
s’ibroduire dans les serres chaudes e
humides, seuls endroits ou 1 ou doive la
'*'^Comine plante d’ornementation, cette es-
pèce a le double avantage d’edrir «« amP'®
feuillage et de plaire beaucoup a 1 œil, ae
plus ses grandes bractées pétaloides, d un
Peau’ rose, disposées en ‘“S"®* .
pendantes, sont d’un charmant eflet L est
certainement une plante des plusjolies et des
plus ornementales que l’on puisse cultiver
dans les serres que nous
quer, en compagnie des Orchidtes, aes
^Xien que la culture du Meâiniüa mamn-
fica ne présente pas de difficultés reelles,
elle demande, toutefois, des soins
liers si l’on veut faire acquérir aux plantes
une végétation luxuriante.
Le sb qui me paraît lui convenir le mieux
est un composé de 00 parties de terre de
bruyère fibreuse, concassée et Pa?®®®
au crible, 10 parties de terreau de feuilles
bien consommé, 20 parties de terreau de
couche, 5 parties de sable et 5 de charbon
Tbois pilé. La terre , ainsi préparée
voici commeiit on procède : On P'’®"d l)®
jeunes plantes bien ramifiées, on les Ue-
pote en faisant tomber avec soin une partie
de la vieille terre usée, puis, apres un bon
drainage, on place chaque plante dans ni
pot de capacité voulue;
légèrement la terre de maniéré a b en as-
seoir la plante et à pouvoir couvenaolement
l’arroser Ceci fait, il convient, P®® ;;''\'®*
fortes chaleurs, de donner d® ' ®
plantes, d’entretenir la serre '”! ™*® ®
lépandant de l’eau dans les se'O,'®'^ « ’
quand la température est trop elevee, de
CULTURE DU MEDINELU MAGNIFICA.
279
bassinerdeux ou trois fois pendant le jour. Il
faut aussi donner de l’air toutes les fois que
la température intérieure est trop élevée et
que celle de l’extérieur le permet. Pendant
la végétation, on place les plantes auprès du
verre en ayant soin de tourner les pots de
temps à autre pour que le développement
se fasse d’une manière régulière. Quand la
pousse annuelle est terminée, on met les
plantes dans une serre un peu moins
chaude que la précédente et à mi-ombre,
pour faire aoûler les bourgeons et permet-
tre tà la tleur de se former. En automne, il
faut de nouveau rentrer les plantes en serre
chaude, et c^est en opérant ainsi que l’on
obtient en février, mars et avril une magni-
que floraison. Nos Medinilla sont cultivés
de la sorte, et, chaque année, nous obtenons
de très -beaux résultats. L’an dernier même,
au parc de la Téle-d’Or, une plante vigou-
reuse qui fleurit fut fécondée artificiePe-
ment et nous donna des graines qui fu-
rent semées et produisirent des jeu-
nes plantes de toute beauté. On peut aussi
multiplier par boutures le Medinilla magni-
/?ca; pour cela, on prend des pousses encore
herbacées que l’on plante en terre de
bruyère mélangée de sable fin; on les place
en serre chaude, sous cloche, et, lorsqu’el-
les ont pris racines, on les transporte dans
des petits pots sur une couche chaude pour
les traiter ensuite comme il vient d’être dit
plus haut.
C. Denis,
Chef de culture du jardin botanique au parc
de la Tête-d’Of, à Lyon.
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES.
Kennedya Frediüoodiiy Hort. (^?) — Plante
vivace ou sous-frustescente, grimpante, à
fleurs d’un beau rouge cerise. — Originaire
de l’Australie, cette plante, dont la Revue
horlicole donnera prochainement une figure
coloriée, exige la serre tempérée pendant
l’hiver. — MM. Thibaut et Keteleer.
Cerasus Sieboldtii^ Nob.; Cerasiispseudo-
cerasus rosea plena^ Sieb. (Exposit. d’hort.
de Bruxelles, 1865.) — Cette variété exposée
àBruxellesparM. Sieboldt, qui l’avait impor-
tée du Japon, a attiré tout particulièrement
l’attention du jury, qui lui a donné une ré-
compense spéciale, a fleuri cette année chez
MM. Thibaut et Keteleer, où nous l’avons
fait peindre. La Revue horlicole donnera
prochainement à ses lecteurs une gravure
coloriée de la plante en question. C’est un
arbrisseau très-rustique et très-joli, destiné
à orner nos jardins.
Eulacla Rulei, Nob.; Araucaria Rulei,
Lindl. — Originaire de la Nouvelle-Calédo-
nie, cette espèce de plante est des plus cu-
rieuses au point de vue scientifique. C’est une
sorte de 'Protée qui, dans sa jeunesse,
semble appartenir à la section Eulacla du
genre Araucaria, tandis que lorsque la
plante est adulte elle semble au contraire
rentrer dans la section Colymbea et se pla-
cer près de l’espèce imbricala {Araucaria
nubncata). La Revue horticole en donnera
bientôt une gravure dans laquelle seront
1 Eu cherchant à appeler l’attention sur les
plantes nouvelles, rares ou peu connues, nous
croyons devoir indiquer où nous les avons remar-
quées, de manière que les amateurs, en apprenant
le nom d’une plante, apprennent aussi où ils pour-
ront se la procurer.
H va de soi que cette indication ne veut pas
dire cpi’on ne trouve ces plantes que dans les
endroits indiqués, mais qu’on est à peu prés sûr de
CS y rencontrer.
représentées les principales modifications
que présente cette espèce.
Calalhea Veitchiana. — Sorte de Maran-
tLacée à feuilles condiformes, zébrées de
brun-foncé en dessus , rouge-violacé en
dessous. — MM. Thibaut et Keteleer.
Coleus Gibsonii. — Plante nouvellement
introduite, à tige violet-foncé, très-robuste.
Sans nous prononcer d’une matière absolue
sur son mérite, nous doutons qu’elle dé-
trône jamais sa parente, le Coleus Vers-
chaffelti. Ce jugement, toutefois, n’est pas
sans appel. — MM Thibaut et Keteleer.
Acantholimun venustum, Boissier. —
Plante vivace, presque sous-frutescente, ap-
partenant au groupe des Stalice. Originaire
d’Orient, elle est assez rustique. Elle existe
au Muséum, où chaque année elle se couvre
de fleurs d’un beau rose. La Revue en don-
nera une figure coloriée.
Indigofera elatior. Arbrisseau très-
vigoureux, à branches dressées, robuste,
pouvant atteindre 1 mètre 50 à 2 mètres
de hauteur . dans une même année. Ra-
meaux nombreux, dressés, feuilles com-
posées, imparipennées, à folioles petites,
longuement ovales, arrondies obtuses au
sommet, glabres. Eleurs très-nombreuses,
disposées en grappes à la base et sur les
rameaux de l’année, très-grandes, à étendard
et carène écartés, assez étroits et comme
ondulés-tourmentés; les deux ailes sont
d’un rose vif presque rouge, appliquées sur
la carène qu’elles cachent à peu près entiè-
rement.
ludigofera elatior dumosa. — Arbuste
hnissonneux à branches ditfuses, divari-
qnées ou presque horizontalement éta-
lées, Irès-ramifiées. Feuilles rapprochées,
d’un gris-blanchâtre. Fleurs à peu près
semblables à celles du type, ordinaire-
PLANTES NOUVELLES, P>AP.ES OU PEU CONNUES.
'280
ment moins crispées, mais de la même cou-
leur. . . . ,
Vlndigofera elatior est originaire d Amé-
rique; les graines ont été envoyées au
Muséum par M. Helias Durand, botaniste
français. Il est peut-être un peu plus sen-
sible à la gelée que Vindigofera dosua, du-
quel il se rapproche, bien qu’il en soit très
différent. Dans les hivers rigoureux, a
Paris, il souffre un peu, et son jeune bois
est parfois détruit, et, comme il ne fleurit
que sur les bourgeons qui naissent sur le
bois d’un an, il en résulte alors que la flo-
raison est compromise. ^
Par son port et son faciès l Indigofera
elütior se distingue nettement de l
fera dosua; corses branches, au lieu de se
diriîîer obliquement ou même horizontale-
ment et d’être rétléchies au sommet, sont
droites, presque verticales, et, de plus, elles
sont beaucoup plus fortes.
Deux nouvelles variétés de Lauroçerasus
Yulgaris.
Ces deux variétés, dont l’une le Lauro-
cerasHS vulgaris rolundifolia, ^éié obtenu
par M. Billiard, dit la Graine, pépinieriste
à Fontenav-aux-Roses; l’autre, le Lauroce-
rasus longifolia, par M. A. Leroy, pepinie-
riste à Angers, sont très-remarquables par
la forme de leurs feuilles qui leur a valu
leur dénomination : la première, le Lauro-
cerasus vulgaris rotundifolia, a les feuilles
larges, relativement courtes et très-arron-
dies, entières ou à peine dentées; l’autre, le
Lauroçerasus vulgaris longifolia, a les
feuilles très-longues et étroites, largement
et assez fortement dentées , à* dents cou-
chées. Toutes deux sont très-remarquables
et complètement dilférentes de tout ce qui
est connu dans ce genre. Inutile d ajouter
qu’elles sont à feuilles persistantes.
Marronnier rouge à feuilles panachées.
Æsculus ruhicunda foliis variegatis. —
Cette variété est tout aussi vigoureuse que
le type dont elle se distingue par ses leuil-
les bordées de toute part d’une bande
irrégulière d’un beau jaune soufré, un peu
verdâtre. Ses fleurs sont à peu près les
mêmes que celles de type. Sa panachure est
très-constante, et il n’est pas une feuille qui
ne soit marquée; de plus, la panachure per-
siste pendant toute la durée des feuilles.
C’est donc une variété intéressante et dou-
blement ornementale. On la doit à M. Char-
les Dupuy, pépiniériste à Loches (Indre-et-
Loire). C’est une variété trop peu connue.
Pancratium illyricum, Linné. — Cette
plante n’est pas nouvelle, tant s en laut,
mais elle n’en est pas moins tres-remar-
quable et très-belle. Le temps, qui détruit
tout, n’a pu faire quelle ne soit encore au-
jourd’hui l’une des belles plantes de la
famille des AmarijUidées. C’est une espece
très-rustique et trop peu connue,^ qui sera
figurée dans la Revue horiicole.
Tamarix tetrandra purpurea. — La qua-
lification purpurea que porte celte variété
dispense de tout éloge en sa faveur. En effet,
un Tamarix tetrandra à i\env rouge foncé
indique assez qu’elle doit être très-jolie : ce
qui est vrai. Mais là n’est pas le seul
avantage qu’elle présente sur le type qui, on
le sait, est déjà un des plus jolis arbustes et
n’est pas autant cultivé qu’il devrait l être,
car le Tamarix tetrandra purpurea se tient
très-bien ; ses rameaux, entièrement couverts
de fleurs d’un beau rouge, sont dressés,
et comme il est plus tardif que le type d’en-
viron quinze jours, il en résulte qu on peut
d’autant en prolonger la floraison. Cette va-
riété a été obtenue pr M. Billiard, dit la
graine, pépiniériste à Fontenay-aux-Roses.
Anthurium Scherlzerianum — Petite
plante à hampe uniflore, nue, terminée pp
une spalhe d’un très-beau rouge-carmin
foncé du centre duquel sort un spadice cy-
lindrique, contourné. Cette espèce, qui est
encore rare et chère, se multiplie très-dif-
ficilement. Elle exige la serre chaude. —
La Revue en donnera prochainement une
gravure coloriée. .
Hydrangea rosalba, Vanhoutte. racies
et port général des Hydrangea, fleurs Llp”
elles ou très-légèrement rosées lorsqu elles
commencent à s’épanouir, puis se colorant
de plus en plus de manière à devenir d un
beau rouge-foncé Japon. La Revue en pu-
bliera prochainement une gravure coloriée.
L’origine du nom de cette plante nous
paraît assez curieuse pour être rapportée ;
la voici : On a vendu à deux fois diflérentes
deux Hydrangea, c’était V Hydrangea rosea
et Ÿ Hydrangea alba. M. Vanhoutte, ayant
reconnu que ces deux prétendues especes
n’en faisaient qu’une, eut alors l’heurpse
idée de fondre les deux noms en un seul, et
d’en faire celui derosu/èu, qualification heu-
reuse, nous le répétons, puisqu’elle al avanta-
ge, tout en fondantlesdeux noms, d indiquer
aussi les deux couleurs que cette plante re-
vet successivement.
Alsine Rauhinorum, J. Lay. — liante
alpine Irès-cespiîeuse s’élevant à environ
0»' 12 et constituant des tapis serres qui se
couvrent de feuilles blanches à 5 petales
arrondis-obovales, à feuilles linéaires, tres-
ténues. Cette espèce, propre à tonner des
bordures, est très-rustique et vigoureuse;
on la multiplie très-facilement par la divi-
sion des touffes. ^
Alsine liniftora, Linné. Espece tres-
voisine de la précédente dont elle a tous les
caractères. Comme elle aussi, elle est vivace,
très-rustique et également propre a loi-
mer des bordures.
(La suite prochainement).
L’oü des rroptiétaires BIXïO-
(DEUXIÈME QUINZAINE DE JUILLET).
CHROMQUE HORTICOLE
Eli(|ueües eu ivoire et étiquettes en zinc. — Encre indélébile. —"Lettre de M
de M. Uherpin, — Lu laitue Rossin. — luconvéïiients des fumigations de tabac dans les serres Em-
ploi du savon noir et des décoctions de tabac pour détruire les pucerons.
Un des fails les plus impoiTanls de la
dernière quinzaine est 1‘exposilion de Roses
de Brie-Comte-Robert, dont nous avons dit
quelques mots dans notre précédente chro-
nique. En raison de rintérêt particulier
qu’otîrait cette exposition, nous en publions
plus loin (page 280) un compte-rendu.
— Nions avons reçu le programme géné-
ral de l’Exposition d’horticulture qui sera
annexée cà l’Exposition universelle de 1807.
Nions mettons ce document important sous
les yeux de nos lecteurs :
Article R*’. — Une Exposition internationale
et permanente de riiorliculture sera ouverte
])emlant la durée de l’Exposition universelle de
1867, du avril an 31 octobre.
Un jardin de 50,000 mètres cai’rés compris
dans l’enceinte de l’Exposition, an Champ de
Mars, est spécialement affecté à cette destina-
tion.
Les produits seront placés, suivant leur na-
ture, dans des serres chaudes ou tempérées,
sous des tentes, dans des galeries ou en plein
air.
Art. 2.' — U sera ouvert successivement, du
Ri- avril au 31 octobre, quatorze concours hor-
lioles internationaux.
Tout exposant que la commission consulta-
tive', nommée jxr la commission impériale,
aura admis à uirde ces concours, sera tenu de
laisser ses produits exposés pendant toute la
durée du concours, ({ui ne pourra excéder
(luinze jours, et de iiourvoir à l’entretien de ces
}irodiiifs pendant leur séjour à ^E^posilion. Les
Trais de transport de ces produits sont à la
charge des exposants; une réduction de
50 p. 100 sur les tarifs en vigueur sera con-
sentie par les Compagnies de chemins de fer de
l’Empire français.
Art. 3. — Les demandes des horti.'^ulteurs
fi'ançais devront être adressées au •conseiller
d’Etat, commiss, dre généra! de l’Exposiiion uni-
verselle de 1867, au Palais de l’induslrie,
(diamps-Elysées, porte no 1\ , deux mois au
moins avant 1 ouverture de chaque concours.
Les exposants seront informés de leur admis-
sion un mois au moins avant l’ouverture dudit
concours.
Chaque demande indiquera, outre le nom et
•le domicile du demandeur, l’espèce et la variété
de produits (pi’il désire exposer, le mode d’ex-
position que ces produits réclament, l’espace
* Celte Commission est composée de MM Brox-
(.xiART (Adolphe), membre de ITiistitut, p/'csâ/ea/ ;
, rice-préfiiileiit ; B.\RiUÆT-I)KstHAMi>s,6ecrc-
luirc; Dl:(;\l^x^;, memlnc de l’Institut; Boi ciiARD-
lli/.Aïui, 11aiu)\, Rivicrk (.\iig'iisle), Viiaiorix
(Henri).
quuls occuperont, le nombre de corbeilles, de
groupes de massifs que le demandeur propose
de remplir. Une première déclaration, faite
avant le 28 lévrier 1867, indiquera les divers
concours auxquels le candidat exposant a l'in-
teniion de prendre part pendant la durée de
l’Exposition.
Les demandes des horticulteurs étrangers
devront être adressées aux commissions res-
pectives instituées pour l’Exposition par chaque
gouvernement. La liste des exposants admis
sera remise, par chaque commissaires étran-
ger, un mois avant l’ouverture du concours,
au conseiller d’Etat, commissaire général.
Elle devra, comme il a été dit pour les de-
mandes des horticulteurs français, indiquer,
outre le nom de chaque exposant, les produits
qu’il désire exposer, les conditinns où ceux-ci
doivent être placés, l’espace qu’ils occuperont,
le nombre de corbeilles, de groupes ou de
massifs que le demandeur propose de remplir.
Art. 4. — Les quatorze concours annoncés
a l’article 2 sont réglés comme suit :
Premier cox’cours, ouvert le Rr avril 1867 ;
Camélia, Conifères, végétaux ligneux et de
pleine terre ; Ericacées, fruits etiegumes for-
cés.
Deuxieme concours, ouvert le 15 avril ;
Rhododendron orboreum, fruits forcés; Jacin-
thes et plantes de serres tempérée.
Troisième concours, ouvert le R> mai : Or-
chidées, Azedea indien, Tulipes, plantes orne-
mentales et de serre tempérée.
QUATRIEME concours. Ouvert le 15 mai;
Azalea indica et ponctica, Dhododendron,
Orchidées et plantes ornementales de pleine
terre.
Cinquième concours, ouvert le Ri' juin : Or-
chidées, Rosiers, Pélargonium, plantes orne-
mentales et potagères.
Sixième concours, ouveiT le 15 juin : Pé-
largonium, Piosiers, Orchidées, fruits de sai-
son.
SEPTIEME CONCOURS, Ouvert le Rr juillet :
Palmiers, plantes de serre chaude et plantes
annuelles, fruits de saison,
HUITIEME CONCOURS, ouvert le 15 juillet :
Aroidées, plantes nouvelles et annuelles, fruits
de saison.
Neuvième concours, ouvert le Rr août : Plan-
tes à feuillage coloré, Gladiolus, Fuchsia, fruits
de saison .
Dixième concours, ouvert le 15 août : Plantes
ornementales et annuelles. Fougères et fruits
de saison.
ONZIEME concours. Ouvert le Ri‘ septembre :
Plantes potagères, plantes ornementales. Dahlia,
fruits de saison.
DOUZIEME coNcouiiS, ouvciT le 15 sepleml.rc :
Dahlia, plante diverses et fruits de saison.
CHRONIQUE HOKTICOLE (DEIXIEMC QEENZAIINE DE JUILLET).
T'iŒiziLME CONCOURS, ouveil le lc>' octobre :
Fruits (concours général) et plantes diverses.
OuATORZiEME CONCOURS, Ouvert le 15 octobi c :
Arl)res fruitiers formés (concours général).
Fn programme général et détaillé de ces (pia-
lorze concours sera publié avant la lin du mois
de juillet 1866.
Art. 5. — Les plantes exoticpies, pendant les
deux premiers jours de chaque concours, seront
placées dans l’enceinte du Palais de cristal,
élevé au centre du jardin de l’Exposition inter-
nationale d’horticulture ; elles seront replacées
ensuite dans les serres spéciales qui leur auront
été affectées.
Art. 6. — Une section spéciale du jury inter-
national des récompenses, composée de ^ i mem-
bi-es, dont Français, est instituée par la Com-
mission impériale, sous le titre de : Jury du
yroupe des produits vivants et spécimens d'é-
tablissements de l'horticulture.
Sur les propositions [)résentées par ce jury,
la Commission impériale nommera, cinq jours
avant l’ouverture de chaque concours, un
comité international de jurés-associés choisis
parmi les notabilités horticoles de la France
(H. de l’Etranger.
Ces jurés auront pour mission de juger les
produits présentés au jiremier concours ouvert
après leur nomination, de^'classer ces produits
selon leur mérite, en quatre catégories, sous
les titres : Premiers, deuxièmes, troisièmes prix
de concours et Mentions honorables.
Les opérations des jurés commenceront le
jour même de l’ouverture du concours et seront
terminées en deux jours. Les prix et mentions
de concours accordés par les jurés seront im-
médiatement rendus publics et affichés sur les
produits qui en auront été jugés dignes. Ces
prix et mentions ne seront pas décernés après
chaque concours, mais seront portés au dossier
de l’exposant, comme des titres pour l’obtention
de quelqu’une des grandes récompenses qui
seront décernées et distribuées à la lin de l’Ex-
position universelle, sur l’avis du jury interna-
tional.
■\rt. 7. — Les récompenses à décerner })ai*
le jury international des récompenses pour les
produits de l’agriculture, de l’horticulture et de
l’industrie, sont instituées ainsi qu’il suit par le
règlement de la Commission impériale sur les
récompenses, du 7 juin 1866, approuvé par
décret de l’Empereur en date du 9 juin 1866 :
Crands prix et allocations en argent, d’une
valeui* totale de deux cent cinquante mille
francs ;
• Cent médailles d’oi-, d’une valeur de mille
francs chacune ;
Mille médailles d’argent ;
'i’rois mille médailles de bronze;
i mq mille mentions honorables au pins.
'foutes les médailles ont te même module.
Un consen supérieur, t'e vingt-se})t membres,
institué par le même règlement, et ori siègent
le président et le vice-président du jury du
groupe de l’horticulture, est chargé de répartir
les récompenses ci-dessus énumérées, entre les
divers grou}»es de produits. Il déterminera, far
conséquent, la part du nombre total des récom-
penses énoncées ci-dessus, (|ui sera attribuée
aux exposants des produits vivants et spécimens
de l’horticulture.
Art. 8. — Le jury du groupe de l’boi ticui-
turc lera, le '20 octobre 1867, un relevé ijéiir-
ral des prix de concours de divers ordres et
des mentions accordés à la suite de cbacun des
quatorze concours. D’après ce relevé, en tenant
compte du nombre et de l’ordre des prix ainsi
(pie des mentions obtenus par un même expo-
sant, le jury de groupe décernera les grands
pi ix, allocations en argent, médailles d’or, d’ar-
gent (ju de bronze, mis à sa disposition par le
conseil supérieur.
Les diplômes porteront un rappel des ]»rix et
mentions de concours remportés par le lauréat
pendant la durée de l’Exposition.
Ix présidnil de la cominuakm conmllalire,
Hh(»xc.xiakt.
Le secrétaire,
IjARJLI.ET-DeSCHA.MI'S,
On nous assure que de nouvelles dispo-
sitions seront prises ultérieurement. S’il en
est ainsi, nous liendrons nos lecteurs au
courant des modifications qui seraient ap-
portées au présent arrêté.
— Dans notre dernière chronique, nous
avons annoncé qu’une Exposition des pro-
duits de l’horticulture aurait lieu à Rozoy-
en-Brie (Seine-et-Marne), du 8 au 10 sep-
tembre 1860. Voici les principaux articles
que contient le programme :
Article Bc. • — Tous les horticulteurs et
amateurs sont invités à prendre à cette exposi-
tionlaplus grande part possible.
Art. 2. • — Ae seront admis à l’exposition
et ne pourront prendre part au concours, que
des plantes d’agréments en Heurs, des plantes
rares ou précieuses fleuries ou non fleuries,
des Heurs coupées, des fruits et légumes, des
arbres, des outils, des poteries, et enfin tous ob-
jets se rapportant au jardinage.
Art. o. — Tous les objets soumis au
(concours devront appartenir à l’exposant, avoir
été cultivés par lui ou être le produit de son
industrie.
Art. 4. — Chaque personne qui voudra
exposer devra faire sa déclaration franco au
moins huit jours avant l’exposition au secrétaire
de la Société.
Art. 5. — Les objets destinés à concou-
rir devront être envoyés franco au local do
l’Exposition, à Bozoy, munis d’étiquettes portant
leurs noms, et seront reçues le jeudi 6 septem-
bre depuis 8 heures du matin jusqu’au vendredi
7, à 1 1 heures du matin, terme de rigueur.
— Nous frouvoiis dans le dornioi’ cahii^c
des Archives d(‘S missions scientifiques, un
rappurf (jue M. de Sebimper, professeur à la
Faculté lies sciences de Strasbourg, aadressi'*
à ]\1. le ministre de l’instruction juiblitjue, et
dans lequel il nous fait connaUre l’ardeur
avec laquelle les ouvriers se livrent eu Aii-
gieterre à la culture des sciences naturelles.
Ce rapport est cligne de toute notre atten-
tion. Voici ce que dit M. Scliimper :
Cl Les ouvriersnaturalistesd’As/Bo//-t/nc/cr-
Lynr, m’ayant invité à assister à une de leurs
léunions scientitiques, je me suis l'endu, le
l!2 juiii, dans cette petite ville manufactu-
OHkOixlQlE hOKüCoLE (DEUXIEME QUINZAINE DE JUiLLET).
rière. J’ai trouvé, dans cette réunion intéres-
sante, des ouvriers de toutes les professions
qui ont coastitué une association portant le
nom de Société des ouvriers et praticiens
naturatistes {Society of the Pratical and
working-men Naturatits). Cette Société
forme une branche de la Société linnéenne
du Lancashire, essentiellement composée
d’ouvriers, et dont le nombre monte déjà à
près de cinq cents. Des associations sem-
blables existent dans presque tous les dis-
tricts de l’Angleterre. Dans tous les endroits
où une branche d’une association de district
a son siège, les membres de cette branche
contribuent, au moyen d’une petite cotisa-
tion, à former une bibliothèque scientifique,
dont les livres sont prêtés aux sociétaires.
J’ai été étonné de voir combien ces hommes,
occupés toute lajournée d’un travail manuel
l)lus ou moins pénible, prennent intérêt à
toutes les questions scientifiques, même à
celles qui ne se rattachent pas immédiate-
ment à la vie pratique. Un ouvrier tisserand,
membre de l’association de Todmodem, dans
le Yorkshire, que j’ai prié de m’accompa-
gner dans le pays de Galles, m’a été du plus
grand secours pendant ce voyage, par ses
profondes connaissances de la Flore d’An-
gleterre. Près éé Ashtou-under-Lync, j’ai
visité, sous la conduite des naturalistes-
ouvriers, un dépôt géologique extrêmement
remarquable par la composition variée de
ses matériaux. »
Nous serions heureux de voir les scien-
ces naturelles, qui ont fait si longtemps la
gloire de la France, cultivées chez nous
comme elles le sont en Angleterre.
— Nos lecteurs se rappellent l’article pu-
blié par M. André, sur les étiquettes de
jardin (voir Revue horticole, n» du 16 mai,
page 198). Après avoir-dit dans cet article
que les bons procédés d’étiquetage ne sont
pas chose commune, notre collaborateur
accordait la priorité aux petites fiches d’i-
voire, sur lesquelles on écrit avec une
encre composée ad hoc. M. André indiquait
que le procédé était de M. Martins, directeur
du jardin botanique de Montpellier.
A propos de cet article, M. J. N\ Farbos
nous écrit de Mont-de-Marsan la lettre sui-
vante :
« Monsieur,
« Dans le numéro du 16 mai de la Revue
hocticole, M. Kd. André dit : « Qu’une bonne
étiquette de jardin est une soi'le de pierre phi-
losophale. » J’ai tâché, dans mes petits essais, de
prouver le contraire; que les plaques d’os ou
d ivoire ne doivent pas être préférées au zinc,
et que les encres pour le zinc sont aussi bonnes
dans leur emploi que le nitrate d’argent. Les
jdaques et le nitrate sont difficiles à trouver ;
leur prix est exorbitant, pour peu qu’on em-
ploie d’étiquettes. Le zinc est supérieur à tout
auti'e objef, tant pai* son bon marché (pie par
sa réussite, si on use des précautlôûè néces-
saires.
L’encre au nitrate d’argent peut être bonne
pour les étiquettes sur os et sur ivoire. J’ai vu
un morceau d’os poli, suspendu à l’extérieur
d un arbre, à toutes les intempéries, y séjourner
pendant dix ans sans s’altérer. Mais, en sera-t-il
de même de l’inscription au nitrate d’argent?
Je vois, chaque jour, des tabatières ornées de
dessins au nitrate de mercure qui s’effacent en
peu de temps, si elles subissent un contact
prolongé. M. Martins affirme, cependant, l’inal-
térabilité des caractères au nitrate d’argent.
J’ai essayé d’enduire du bois blanc bien poli
de silicate de soude ou liqueur des cailloux, au
titre où il se trouve dans les laboratoires’ de
chimie.^ Le caractère, à peine desséché à l’air
libre, s’est raccorni et s’est boursouftlé comme
du parchemin présenté devant le feu. L’emploi
de cette liciueur réussirait, peut-être, si on l’al-
longeait d’un tiers ou de moitié d’eau distillée.
J admets, comme M. André, que plusieurs
genres d’étiquettes de jardin atteignent mal
leur but. Mais, quant au zinc, experto credo
Roberto, j’affirme qu’il est supérieur à tout,
d’aboriJ, parce qu’il coûte peu, et puis par l’inal-
térabilité des traits qu’on y imprime par divers
agents chimiques, qui sont partout, lorsque le
nitrate d’argent ne se trouve que dans les villes
un peu importantes, où, même sur un certificat
du maire, les pharmaciens qui eu sont seuls
détenteurs, ne peuvent le livrer sans enfreindre
la loi, qui est rigoureuse sur tous les poisons.
Pour rendre les caractères indélébiles sur le
zinc, il ne suffît pas, comme nous le voyons
chaque jour, de le décaper avec du vinaigre,
ou de le fourbir avec du sablon. L’émeri fin lui-
même, seul et humecté d’eau, n’a pas répondu
a mon attente. Il faut attaquer l’oxyde gris, qui
recouvre le zinc, avec une bouillie composée de
sablon (exempt de sels de chaux) et d’acide hy-
dro-chlorique du commerce, en frottant avec un
bouchon de liège lin. Le zinc prend la couleur
et l’éclat de l’argent qu’il conserve jusqu’à son
emploi. On en plonge chaque morceau dans de
l’eau pure en un vase neuf; on les lave, on les
étale ensuite sur une toile bien buvarde, qu’on
recouvre d’une autre toile pareille; on opère
partout une pression avec les mains; on les es-
suie l’un à près l’autre dans un linge jusqu’à
une dessiccation complète, car le zinc se ternit
rapidement, s’il est humide. On les chauffe au
soleil ou sur une plaque s’il se peut.
Je me sers de l’encre indiquée par la première
recette connue. J’ai en terre, depuis douze ans,
des étiquettes décapées par ce procédé. Le sol
se trouve constamment frais; le zinc se ternit;
mais il suffit d’un lavage à l’eau simple ou avec
de la salive pour distinguer les caractères encore
noirs. Si, par hasard, ce lavage ne suffisait pas,
on frottera légèrement avec la bouillie de sablon
et d’acide hydro-chlorique. Dans ce cas, les
traits noirs disparaissent, mais rarement. S’ils
sont enlevés, on les voit toujours en relief blanc ;
donc, on peut toujours relire sur le zinc, mal-
gré l’assertion de M. Ed. André.
Je décris l’ancienne formule d’encre pour h*
zinc : oxyde vert de cuivre ou verdet, 10 gr. ;
hydi’o-chlorate d’ammoniaque ou sel ammoniac,
lu grammes; ocre rouge ou jaune ou brique
pilée, T) grammes ; eau, lOU grammes (équiva-
lant a (» cmllerccs a bouche). L’oxyde de cuivia*
CBIVONIQÜB HOBUCOLE (DEUXIÈME (JDINZAINE DE JDHLLET)
f*‘Tt un double inconvénient ; il se trouve
aitéré’^ de moitié de fraude; les pharmaciens et
les drOffuisles ne veulent pas partout en livrer.
J’ai composé des encres plus pures, que cha-
cun peut fabriquer; j’ai essaye du ^^us-acetate
de plomb liquide des pharmacies, et obtenu une
teinte plus noire c^u’avec l’ancienne formule, a
cause de sa pureté. . j xr' „
be suracétate de cuivre ou cristaux de Venus
à 10 grammes par 50 de vinaigre ordinaire e
50 gr, d’eau, m’a donné le même résultat. Le
sel se trouve difücilement.
Le sulfate de cuivre ou vitriol bleu (qu on ne
confondra pas avec celui qui porte le nom de
Saltz’oourg, mêlé à du sulfate de ter), a la
dose de 15 gram. pour 100 d eau, est identique
aux deux agents précédents. Ce sel, qui sert
pour le chaulage, a l’avantage de se trouver
^ La limaille de cuivre rouge à 10 grammes
p. 50 de fort vinaigre, en digestion jusqu a
l’obtention d’un liquide vert fonce. Le vinaigre
doit rester sur la limaille ; on peut meme e
ajouter jusqu’à la complète dissolution du
luétal. .1
Limaille de cuivre rouge, 10 gram.; sel de
cuisine ou bien sel ammoniac, 10 gram., en
macération dans 50 grammes d eau.
Ces encres sont très-supérieures a l ancienne;
elles frappent beaucoup sur le métal ; les traits
sont d’un noir plus foncé.
On préparera, chez soi, le sous-acetate de
plomb liuuide en faisant bouillir et agitant
souvent dans un vase de terre non vernisse, ou
dans une fiole mince, au-dessus d une lampe :
30 grammes de litharge ou protoxyde de plomh
pulvérisé dans 125 gram. de fort vinaigre jus-
qu’à dissolution presque complète de 1 oxyde.
Les différents produits chimiques précités se
trouvent chez les droguistes, les peintres en
bâtiment, les fabricants de couleurs, les teintu-
riers, les pharmaciens.
Agréez, etc. ^
® ’ G. A. Farbos
Mais tout n’est pas dit relativement aux
étiquettes, et voici une lettre que nous
adresse sur ce même sujet M. Cherpin, de
Lyon :
Monsieur, ,•
M Ed. André attribue à M. Martms, (( maî-
tre ês-sciences et directeur du jardin botanique
de Montpellier, » l’invention d’une recette nou-
velle « pour faire des étiquettes surpassant en
solidité toutes les autres. » Eh bien, cette re-
cette est extraite presque textuellement, comme
vous allez le voir, du premier numéro du Jonr-
■nal des roses et des vergers, que je cri^ai a
Lyon, en 1853, et qui a été remplace, en 1800,
par la Revue des jardins et des champs.
Je vous cite en entier ma note, extraite du
.fournal des roses et des vergers, afin que vous
puissiez la reproduire textuellernent. vos lec-
teurs jugeront s’il existe une différence notable
entre elle et celle de M. Ed. André. Elle est
intitulée : Etignettes pour les jardins, sous la
rubrique mélanges. ,
« Depuis longtemps, les amateurs d horticul-
ture sont à la recherche d’une marque telle
que celle dont nous allons parler. Un horticul-
teur * a bien voulu nous communiquer le moyen
I M. Moreau, amateur (Vhorticulturo.
suivant, dont nous nous servons avec efficacité.
Tous les marchands de tabletterie vendent
des fiches en os et en ivoire servant à marquer
les points au jeu de cartes. Celles a forme
obloncEue et de couleur blanche, seules, peu-
vent être employées pour marquer les plantes.
Leur prix est de 1L25 le cent, et elles peuvent,
au besoin, être divisées par la scie en deux par-
ties égales. En haut de ces fiches, il faut prati-
quer deux trous ou deux entailles pour y passer
ou y fixer un fil de plomb qui servira a les atta-
cher au pied de la plante.
A( Mais avant cette opération, il faut p pro'
curer du nitrate d’argent cristallisé, le taire
dissoudre dans de l’eau distillée en proportion de
3Ü gram. par litre. On trempera dans ce liquide
une plume bien fine, comme dans un encrier
ordinaire, et l’on écrira sur la fiche le nom de
la plante que l’on voudra marquer. L écriture
ne sera pas tout de suite visible à l œil nu, mais,
au bout d’un instant, elle deviendra brune. Les
lettres seront tellement imprimées dans l os ou
dans l’ivoire qu’elles résisteront aux pluies les
plus longues, et la marque durera au moins
autant que la plante. ^
« Pour rendre l’écriture immédiatement vi-
sible, on pourra colorer le liquide avec un peu
d’encre de Chine. Elle deviendra tres-noire si
l’on passe dessus un pinceau mouille de sultate
de potasse liquide. D faut avoir grand soin de
ne pas toucher le nitrate avec les doigts, parce
qu’il tache la peau.
« Agréez, etc.
« Votre déyoué confrère,
« J. ClIERPlN. »
La réclamation de M. Cherpin est jusle, et
nous nous sommes fait un devoir de l insérer .
Sa lettre prouve qu’il connaissait le procède
d’étiquetage recommandé par M; André
treize ans avant qu’il ne fut indiqué la
Revue horticole; mais, peut-être, M. Martms
le connaissait-il depuis plus longtemps en-
core? Il y a ainsi une foule de procédés
qu’on croit nouveaux, mais qui sont in-
ventés depuis longtemps, et dont on aurait
beaucoup de peine à retrouver l’origine.
— Un de nos abonnés nous dempde no-
tre avis sur la Laitue Bossin. A oici ce que
nous en savons :
Cette Laitue est tout simplement une Ba-
tavia améliorée; il n’y a donc rien d étonnant
qu’elle devienne très-grosse. Mais, aussitôt
que les chaleurs arrivent, elle ne pomme
plus et monte. De plus, elle est très-tendre;
elle est souvent brûlée par le soleil. Le
sont là du moins des inconvénients que
nous avons constatés. En sera-t-il de meme
partout?
— Nous terminons cette chronhiue par
l’indication d’une recette qui n’est pas
nouvelle, tant s’en faut, mais qui n en ren-
dra pas moins des services à ceux qui ne
la connaissent pas. Elle s’applique à la des-
truction des pucerons verts.
On sait qu’on détruit ces insectes au
moven de la fumée de tabac. Pratiquement,
la chose n’est pas aussi simple qu on se
285
CJSOMIQÜE HOUTtCW.E (DEUX
l’imagirie. D’abord, lorsque les pucerons
sont en plein air, il est impossible de les
atleindre, et, lorsqu’on opère dans des ser-
res ou dans des collres sous des châssis, les
fumigations ont souvent l’inconvénient de
brûler ou au inf/ins de fatiguer les tissus
herbacés de certaines plantes délicates.
On évite cet inconvénient et l’on se déba-
rasse des pucerons en employant une dis-
solution (le savon noir qu’on lance sur les
végétaux à l’aide d’une seringue. La quan-
tité de savon noir doit être de 10 grammes
par litre d’eau, soit iOü grammes par 10
litres d’eau. On bassine surtout le soir lors-
que le soleil ne donne plus sur les plantes,
et il est bon le lendemain, avant que le so-
MOI KN D’OBTENIR UNE SECONDE
Abandonnée à elle-même, la Clyciue de
la Chine (Wiskiria sinensis) ne fleurit
qu’une fois. Cendant l’été, elle donne fré-
quemment ({uelques fleurs éparses; mais
ce n’est pas là, à vrai dire, une seconde
floraison. Cet indice nous fait voir que, à
l’aide d’un traitement particulier, on peut
arriver à faire de la Glycine de la Chine
une plante remontante, et, pour obtenir ce*
résultat, il suffit tout simplement de faire
développer les parties de 1a plante qui
donnent une floraison estivale, c’est-à-dire
des rameaux ou brindilles très-courts, dont
les yeux, très-rapprochés, sont entourés de
feuilles.
Presque toujours, sur les bourgeons où il
y a eu des fleurs, il se développe, au-
dessous de celles-ci, un bourgeon souvent
QUELüUES OBSERVATIONS SUR
Les nombreux procédés relatifs à la cul-
ture des arbres ne conviennent pas égale-
ment partout; c’est une chose ({u’on oublie
trop souvent. Il est donc très-important de
bien considérer sous quel climat et dans
([uelles conditions on opère. Ainsi, telle
méthode, très-bonne en un endroit, sera
défectueuse dans un autre. Nous en avons
un exemple dans une opération que l’on fait
parfois subir aux arbres fruitiers trop vigou-
reux et qui consiste dans la suppression de
quelques racines. Ce procédé, c(ui donne
I parfois de bons résultats, peut parfois aussi
devenir funeste aux arbres sur lesquels on
l’applique. Voici, à ce sujet, les observa-
tions qu’il nous a été permis de faire. Nous
avions un Poirier plein d’une vigueur que
I rien jus(|ue-là n’avait pu diminuer. Au mois
de mai, après l’avoir déchaussé jusqu’aux
racines, nous en coupâmes une assez forte
! à 0.30 du tronc; la même année, l’arbre ne
parut pas en souffrir et sa végétation con-
I:ME gUUNZAÎNE DE JUILLET).
leil ait frappé ces plantes, de les bassiner '
avec de l’eau fraîche, de manière k enlever
complètement le reste de savon qui aurait
pu se déposer.
On peut faire la même opération en em-
ployant de la lessive au lieu d’eau de savon,
seulement, comme la quantité de potasse
contenue (lans la lessive n’est pas détermi-
née, il faut agir très-prudemment, et la cou-
per avec une quantité d’eau suffisante, de
manière à ne pas brûler les feuilles.
On obtient un résultat analogue en se
servant d’une décoction de tabac qu’on
lance sur les plantes attaquées par des pu-
cerons, ainsi qu’il vient d’être dit.
E. A. Carrière.
FLORAISON DU GLYCINE SINENSIS.
très-vigoureux, qui, parfois, atteint plusieurs
mètres de longueur. Ces bourgeons donnent
naissance à des feuilles, rien de plus. C’est
donc une production inutile, et qu’on doit
supi rimer toutes les fois qu’on n’en a pas
besoin pour garnir des vides.
Si au lieu de laisser pousser ces bour-
geons-gourmands on les pince aussitôt après
leur apparition, la sève se concentre à
la base des feuilles, en modifie les yeux,
qui , presque toujours, se transforment en
fleurs. En opérant ainsi successivement et
avec soin, on obtient une seconde floraison
assez belle, et, de plus, il n’est pas rare
qu’on ait durant une partie de l’année
quelques grappes de fleurs. '
André Leroy.
A MISE A FRUITS DU POIRIER
tinua, mais elle ^arrêta pourtant plus tôt
(lue d’ordinaire, ce qui produisit la forma-
tion de quelques rares boutons à fruit. L’an-
née d’après, cette belle vigueur fit place à
une végétation languissante, qui, cepen-
dant, reprit un peu sur l’arrière-saison, et
au mois de novembre, notre arbre se trouva
littéralement couvert de productions frui-
tières sur toute la longueur des branches.
Ces fruits furent très-petits, insipides sans
arôme; nous remarquâmes que les feuilles
jaunirent plutôt sur le côté dont la racine
avait été amputée ; elles tombèrent en
grande partie avant le temps. Le bout des
branches, qui avaient à peine poussé de quel-
ques centimètres, se montra brûlé ; enfin,
l’année d’après, c’est-à-dire la troisième de
l’opération, une paralysie se manifesta sur
ce même côté qui fit sécher une forte bran-
che, ainsi que d’autres secondaires, et nous
craignons beaucoup aujourd’hui pour le
reste de l’arbre. De ce fait, nous concluons
586
nUELUÏji-S OBSEU\AllOxNS SlK
qu’une telle opération ne peut-être d’un
bon etîet sous le clinriat brûlant du Midi, où
les fortes chaleurs suffisent, avec le temps,
à dompter toute exubérence de végétation.
Une des opérations qui nous a le mieux
réussi, c’est la transplantation, mais faite
sur des sujets jeunes de 3 ou -4 ans et avec
de grandes précautions, en conservant tou-
tes leurs racines dont nous supprimions à
peine l’extrémité ; ces arbres sont aujourd’hui
LA MlbE A tKLlib ï)l PUIKIEK.
très -productifs et d’une bonne vigueur.
Mais nous avons été plus satisfaits encore
de la suppression de la taille pendant une
année, car, l’année suivante, une grande par-
tie des branches était garnie de bonnes pro-
ductions fruitières, et nous n’eûmes qu’à
racourcir ensuite pour rétablir l’équilibre
des arbres.
M. Gaubül, ]
l!oilicullt;ur à l’Estagnol (Ca^cut^ollHC .
VHÉAOMÈNE D’HYBRIDAÏION OBSERVÉ DANS LE GENRE MATHIÜLA.
Le major Frevor Cdarke, dans le Güvd-
nefs Chrouicle, numéro du !23 juin 1860,
écrit :
<( Depuis longtemps, j’observe toujours
très-attentivement les symptômes de modifi-
cations des graines contenues dans les fruits
fertilisés par des pollen étrangers, et , à ce su-
jet, je me suis livré à beaucoup d’expériences.
11 y a à peu près une dizaine d’années, j’en-
trepris le genre Mathiola, principalement
dans le but d’en obtenir, par le croisement,
des améliorations pour nos jardins, et d’es -
sayer en meme temps si de ces expériences
ne ressortirait pas quelque lumière sur la
formation des fleurs doubles. On sait que
notre Girollée bisannuelle, à grandes Heurs
rouges (il/, annua), appelée Cocardeau en
France, porte des graines d’une teinte unico-
lorc,brun clair, tandis que chez notre Giro-
llée Qiieen Stock, à rameaux pouprés, race
distincte-se rapprochant du type M. utcanà,
elles sont d’un violet foncé. Des Heurs du Co-
cardeau rouge ayant été fertilisées par le pol-
len delà variété pourpre, les siliques, souvent
examinées, furent trouvées contenir 50 p. 0/0
de graines noires. Les graines noires et
brunes provenant du môme fruit, furent se-
mées séparément dans <les pots, et ma joie
fut grande lorsque je vis les jeunes plantes
issues des graines brunes se développer avec
des liges vertes, tandis que celles des noires
étaient fortement teintées de pourpre. Ces
dernières produisirent des Heurs pourpres!
très-vives, à peine teintées de rouge, tandis!
que les premières différaient à peine comme j
port, et pas du tout comme nuance, dn|
porte-graines. Des fécondations répétéessoit-'
du rouge, ou du rouge purpurin de la Giro- 1
liée Cocardeau seulement, paraissaient en- '
richir le coloris, c’est-àrdire le foncer, et ce.
ne fut qu’après plusieurs générations de croi- '
sements que j’obtins une variété à Heurs
rouge pourpre.
« Maintenant on peut se demander si les
plantes rouges étaient des productions pures
de la plante-mère n’ayant subi l’inlluence
d’aucun pollen étranger?
«Je ne le pense pas, car, à la inéme épo-
que, j’obtins, de la petite Girollée annuelle,
a feuilles glabres [M. (jræca), fécondée par
le pollen de la grande espèce ci-dessus men-
tionnée, les résultats suivants : une moitié
des semis étaient glabres ou à feuilles de gi-
roHée des murailtes; l’autre moitié, présen-
tait des feuilles rudes ou rugueuses, comme
chez le M. incano, le parent mâle. Je ne
trouvai aucune forme intermédiaire ; mais
les semis glabres ne demeurèrent plus giro-
Hées miniatures, elles étaient très -fortes et
très-vigoureuses. Dans ce cas aussi, des gé-
nérations successives, obtenues d’individus
à feuilles rugueuses, produisirent beaucoui)
de plantes à feuilles glabres. »
Louis jNeuma?\N.
EXPOSITION DE ROSES
Cette exposition coïncidait avec la fête de
Grie-Gomte-Robert. et se tenait sur la place
publique de la ville. La tente sous laiiuelle
elle avait lieu formait un rectangle dont la
surface était d’environ 1 ,500 rnètres ; la dis-
position intérieure était très-bien entendue ;
une plate-bande, disposée en talus, faisait
le tour de l’enceinte, et, à l’intérieur, se
trouvaient quelques massifs, le tout détaché
par de grandes allées, qui permettaient aux
nombreux visiteurs de circuler librement.
On avait eu la bonne idée, qui, jusqu’ici,
nous paraît neuve, de semer dans tous les
DE IIUIE-COMÎE-ROBERT.
massifs, quelques jours à l’avance, des gra-
minées qui recouvraient le sol d un gazon
naturel, dans lequel étaient placées les bou-
teilles contenant les Roses.
Celles-ci étaient au nombre de soixante -
dix-huit mille cinq cents, et ce chiH’re,
énorme assurément, n’a pas lieu de nous
étonner. Pour ne rien omettre, nous devons
avouer aussi que nous avons été agréable-
ment surpris à la vue d’un petit bassin, dis-
posé avec goût, qu’alimentait un filet d'eau
de Roses. Ceci dit, nous allons glaner par-ci
))ar-lâ, et sianaler les plantes (jui nom
!!.'
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II
Kxmsrrw^N ni: r.osKs dk I'.iîik-comtk-i'.oiîkiit/
(I mil paru les plus belles ou les meilleures.
J Or, à tout seigneur tout liouucur ; et il
nous paraît juste de commencer par parler de
la nouveauté qui a été reconnue la plus mé-
ritante et couronnée par le jury. Celte Iiose,
; sortie delà nouveauté dite Souvenir ileVEx-
: position, et dont l’obtenteur est M. Démasu-
re, a reçu le nom de Comtesse de Jaucoi ut.
i Ses fleurs, très -grandes et très -pleines,
! s’épanouissent bien ; elles sont de couleur
i rose-carné tendre, supportées par un fort
! pédoncule. Elle rentre dans la série des
i ))lantes que les borticul leurs nomment hy-
I brides renion tan tes. F é\[c\{ons^e jury d’avoir
I été aussi sévère dans l’admission des nou-
{ veaux gains ; c’était prudent, car, là où
l’on a déjà tant de belles choses, on ne doit
eu recommander d’autres qu’avec la plus
grande réserve.
Comme nous ne pouvons donner un
I compte-rendu très-détaillé de l’exposition
j des Roses, nous nous contenterons de citer
I seulement les noms des variétés que nous
j avons remarquées, sans indiquer les carac-
I tères, qu’on trouvera facilement dans les
I catalogues des principaux rosiéristes.
Nous ne citerons que de bonnes plantes :
Impératrice Eugénie, l’une des meilleures
variétés à fleurs blanches ; Comtesse Cécile
de Chabriant, Sydonie, Jules Margottin, Sou- ,
venir de la Reine d’Angleterre, Général Ja-*
queminot. Vicomte Vigier, Gloire de Dijon,
Madame Boll, Aimé Vibert, la Reine, Fran-
çois Arago, Madame Charles Crapelet, Mis-
tress Rosanquet, Victor Verdier, Vulcain,
Triomphe de l’Exposition, Louise Odier,
Madame Laflaye, Sénateur Vaïsse, Mère de
saint Louis, Baron Gonello, Vicomtesse de
la Barthe, Marguerite de Saint-Arnaud, Anna
Diesback, Julietta (celle-ci, qui est rose
carné, soufrée au centre, peut être appelée
la Rose des Dames, car, indépendamment de
sa beauté, elle a encore le privilège de faire
mentir le proverbe, selon lequel : ün'yapas
de rose sans épines). Docteur Hénon, Madame
Furtado, Gloire de Waltliam, Eugène Hap-
|)ert. Docteur Andry, Emotion, Prince Ca-
mille de Roban, Duchesse de Morny, Thé
Sombreuil, Charles Lefèvre, Charles Rouil-
lard, Charles Margottin, Codina Forestier,
; Baronne de Meynart, Madame Moreau, Ma-
il idame Schmidt, Madame Caillat, Souvenir du
ou docteur Jamain, John Hopper, Auguste Mie,
II' [Louise Péronie, Belle Normande, Gloire de
Bordeaux, The Madame Charles, M. Bon-
C' cenne, Jean Rosenkrantz, Maréchal Niel.
le. (]ette dernière, dont on a tant parlé, est à
m fleurs jaunes, très-grosses et très-pleines.
lO: Elle aura, nous sommes porté à le croire,
1^' le grand inconvénient de ne s’épanouir que
très-difficilement. Ça pourra être une très-
(' ! bonne variété pour les pays chauds ; dans
-elle centre et le nord de la France, elle sera
i 'encore ti'ès-honne à cultiver en pots.
■
?S7
Ainsi qu’on peut le voir |)ar cet aperçu,
nous ne nous bornons pas à signaler les
nouveautés ; nous indiquons les bonnes plan-
tes, de manière à pouvoir guider les ama-
teurs dans leur choix.
Cependant tout n’étaii pas pour le mieux
a l exposition de Brie-Comte-Robert; comme
il arrive toujours en pareil cas, nous avons
remarqué certaines imperfections assez gra-
ves et qu’il eût été facile d’éviter. Elles por-
taient sur l’inexactitude et la mauvaise orto-
grapbe des noms. Ainsi, sous le nom de
M'"^ Falcot, on trouvait le Souvenir de la
Malmaison : sous \e nom de Hermosa, on
trouvait Louise Odier : sous le nom de Belle
(diartronaise, on trouvait le The Som-
breuil : sous le nom de Docteur Hénon, qui
est une rose blanche, on trouvait une variété
à fleurs rose foncé ; sous le nom de Davifl
Pradel, on trouvait Madame de Vatry, etc.
Voilà pour l’inexactitude. Quant à l’orto-
graphe des noms, elle laissait beaucoup à
désirer. On trouvait écrit par exemple,
Risonel pour Harissonii; Wagiston pour
Washington ; Général éxuénwnof pour Général
Jaqueminot; Commisse pour Comice ; Seneta-
/ettr pour Sénateur; hnperaterice pour Impé-
ratrice ; Seline pour Céline; Raine et Rayne
pour Reine, etc.
L’ohservation critique que nous faisons ici
a sonimportance, car, ilne faut pasl’ouhlier,
une exposition est une école où le public
vient pour s’instruire presque toujours en
payant ; il a donc droit à de bons renseigne-
ments, et, tandis qu’il apprend à connaître
les choses, il est bon qu’il sache aussi com-
ment en écrire les noms.
La cérémonie horticole s’est terminée par
la distribution des médailles, qui a eu lieu
sous une tente admirablement ornée, et
décorée avec goût. La séance a été pré-
sidée par M. le préfet de^ Seine-et-Marne, as-
sisté des notabilités de la commune, qui ont
proclamé le nom des lauréats en leur remet-
tant les récompenses que le jury leur avait
décernées.
Voici les noms des lauréats :
Médaille d’or de S. E. M. le ministre de l’a-
gricultiire, à M. Granger, rosiérisie à Snisnes,
prè.s Brie-Comte-Robert, pour sa magnilique col-
lection de Roses de 580 variétés.
Médaille d’or de M. le préfet de Seine-et-
Marne, à M. Victor Gauthereau père, pépinié-
riste à Rrie-Comte- Robert, pour son lot, qui ne
comprenait pas moins de :25Ü variétés.
Médaille d’or de M. le comte de Jaucourt, à
J[. Cochet-Aubin, rosiériste à Grisy-Suisnes,
pour son lot qui comprenait 30:2 variétés.
Médaille d’or du conseil municipal de Rrie-
Comte-RoherG à M . Cochet, horticulteur à Suis-
nes, près Rrie-Comte-Robert, pour l’ensemhb'
de son exposition qui comprenait 405 variétés .
iMédaille d’or de M. Rournet, maire de Limo-
ges-Fourche, à M. Le Réchaux, rosiériste à
Villecresnes, pour sa collection de 210 variétés.
Médaille de vermeil du conseil municipal de
“288
EXPOSITION DE UOSES DE DIUE-EOMTE-KOKEHT.
lIrio-Conite“UoJ)ert, à M. riOchel pèro, rosir-
ri^te à nrie-Comte4inbert, pour s:i collection de
250 variétés.
Médaille de vermeil de M. le baron de Beau-
verger, à M. Cochet fils, rosiériste à Brie-
Comie-Bobert.
Médaille de vermeil de la Sociélé d’horlicul-
ture de Coulommiers, à M. .Iules Motbeau,
rosiériste à Mandres, pour sa collection do 120
variétés.
Médaille de vermeil de la Société d’borlicul-
ture de Melun et Fontainebleau, à M. Denis-
Victor, rosiériste à Grisy-Suisnes, pour sa collec-
tion de 103 variétés.
Médaille de vermeil de M»^® la comtesse de
Bolignac, àM. Gauthereau, Auguste, rosiériste à
Brie-Comte-Bobert, puur sa collection de 55
variétés.
Médaille de vermeil de M. le baron de Noire-
mont, à M. Desplaces, rosiériste à Grisy-Suisnes,
pour sa collection de 50 variétés.
Médaille de vermeil de M. Eugène Quinzard,
à M. Gemeau, rosiériste à Grisy-Suisnes, pour
sa collection de 50 variétés.
Médaille de vermeil de M. Bernardin, juge de
paix à Brie-Comte-Bobert, à M. Denis Guérin,
rosiériste à Servon, pour l’ensemble de son
exposition comprenant GO variétés.
3Iédaille d’argent de la Société d’borticulture
de Melun et Fontainebleau, à M. Cocbet, pour
deux massifs de Boses : l’un de la variété Gloire
de Dijon, l’autre de la variété Souvenir de la
Malmaison, contenant près de GOO variétés de
fleurs.
Médaille d’ai'gent à M. Granger, pour deux
massifs de roses : l’un, de la variété M^^Mloll,
contenant 400 fleurs ; l’autre, Souveni de la
reine d’Angleterre, comprenant 450 roseS.
Médaille d’argent de M. Camille Bernardin,
président de la Société des rosiéristes de Brie-
Comte-Bobert, à M. David, rosiériste à Brie-
Comte-Bobert, pour sa collection de 40 va-
riétés.
Médaille d’argent de M. Delamarre, secré-
taire de la Société d’horticulture de Coulom-
miers, à M. Piron-Médard, rosiériste à Suisnes,
près Brie-Comte-Robert, pour l’ensemble de son
exposition, comprenant 103 variétés.
Médaille d’argent de M. Mauduit aîné, à
M. Demazures, rosiériste à Suisnes, près Brie,
pour une rose de semis nommée Comtesse de
jaucourt.
Médaille d’argent du Comice agricole de Me-
lun et Fonlainebleau, à MM. Dubois, père et
fils, rosiéristes à Brie-Comte-Bobert, pour leur
lot d’ensemble.
Médaille d’argent de la Société d’horticulture
de Melun et Fontainebleau, à M. Brassoud, cou-
telier à Paris, pour un sécateur destiné à l’ha-
billage des Bosiers.
Médaille d’argent à M. Roblin pour sa distil-
lation d’eau de rose.
Médaille d’argent à M“‘® Aurélie, fleuriste à
Paris, pour ses roses artificielles.
Médaille de bronze à Mme Lelèvre, pour ses
rosés aiTilicielles en laine.
Deux médailles en vermeil ont été données
en dehors des concours : l’une à M. Camille
Bernardin, l’autre à M. Belin, pour le zèle et
l’empressement qu’ils ont mis à l’organisation de
cette fête.
En terminant noire compte-rendu de
l’exposition des Roses, nous croyons devoir
donner un extrait du discours prononcé à la
distribution des prix par M. Camille Ber-
nardin, président de la Société des Rosié-
ristes. Ce discours nous semble très-instruc-
tif. Après avoir montré quel a été le point
de départ de la culture des Rosiers à Brie-
Comte-Robert, l’orateur a fait ressortir les
progrès jusqu’ici accomplis, et s’est exprimé
en ces termes :
La ville de Brie-Comte-Bobert et les treize
communes qui l’environnent renferment des cul-
tures de Bosiers que l’on rencontrerait diflicile-
ment ailleurs. Je vous ai fait connaître, l’année
dernière, l’origine de notre commerce de Bosiers,
remontant à 1799. Permettez-moi, aujourd’hui,
d’entrer dans des détails statistiques qui vous
donneront une haute idée de cetle importante
branche de notre industrie horticole locale.
La commune de Grisy et le hameau de Suisnes
ont été le lieu de nrdssance de nos pépinières
de Bosiers; depuis 1799 jusqu’à ce jour, 21 ro-
siéristes se sont livrés avec succès à la culture
de celte charmante plante, et, en vous disant
qu’il y a dans cetle commune 214,400 Bosiers,
je suis encore au-dessous de la vérité.
Cette localité a fourni au commerce, depuis
1823 jusqu’à celte année, un certain nombre de
roses nouvelles, qui, presque toutes, ont été
primées dans plusieurs expositions; les noms de
ces charmantes fleurs, nos compatriotes, sont
d’abord ; \e Bengale P hilémon et Bougainville,
puis les Iles Bourbon Scipion, Caroline
d'Erard : dans le genre des hybrides, la So-
eiêlé d'horticulture de Melun gI Fontainebleau ,
le Souvenir de la reine d'Angleterre, Arthur
de Sansal, Baronne PrévosC Marquise de Boe-
cetta, Madame Damème, Emma Dampierre,
le Comice de Seine-el-Marne, Charles de Bos-
sière, Angelina^ Granger, Empereur. N(fpo-
léon HT, Madame Trotter, Maria Portemer,
Rème de Dolmar, Prince Impérial, Comtesse
de PoUgnac, Général Washington, Baronne de
Noirmont, Robert de Brie, Présidente Geof-
frog. Baronne de LassusSaint-Geniès, Madame
Charles-Bog, Maurice Bernardin, Princesse
de Metternich, le Juif-Errant, Baronne Pol-
letan de Kinketin, Louis Vanhcute, Kate Ilaus-
burg, Léopold Hausburg, Simon Oppenkeim,
et ènlin Exposition de Brie-Comte-Bobert,
jiriirrée par le jury à notre fête de l’année der-
nière.
D’autres Roses sont encore nées dans celte
localité, se sont : le Sénateur Favre, Jean-Ba-
tiste Josseau, et enfin, pour clore cette nomen-
clature, je citerai une Rose qui a eu pour par-
rain et marraine l’Empereur et l’Impératrice.
Cette plante, présentée à Leurs Majestés, à
Fontainebleau, en ma présence, par SoiiExcell.
M. Drouhin de Lbuys, ministre des affairçs
étrangères, a reçu le nom glorieux de Puebla.
eu souvenir d’une grande victoire remportée
par nos armées.
Je dois rendre hommage aux semeurs qui
ont produit à difléreriles époques toutes ces
Boses; ce sont : MM. Cocbet (Je Suisnes,
Granger et Bousseaux.
A quelques pas de celte localité, dans la
EXPOSITION DE DOSES DE DDIE-EOMTE-DOBEKT.
commune de CoubeiT, une très-belle pépinière
ne renferme pas moins de 27,000 Rosiers.
A peu de distance encore, nous .trouvons à
Evry-les-Cbateaux, un spécialiste en Rosiers du
Roi, qui cultive 2,000 pieds de cette espèce
pour la vente des lleurs à Par is.
8,000 Rosiers sont plantés dans les trois
pépinières de Lieusaint.
A Chevry-Cossigny, nous voyons les 0,200
Rosiers du seul rosiériste de celte commune. A
Servon, nous comptons dans hs champs de six
rosiéristes, 71,000 Rosiers. C’est de cette com-
mune que sont sorties les plus belles Roses du
Roi qui faisaient un des plus beaux ornements
de notre exposition de l’année dernière. On se
souvient encore avec plaisir de la belle corbeille
organisée avec tant de goût par M. Denis Guérin.
A Grégy, un champ de 5,000 Rosiers du Roi
s’offre à nos regards, et, dans les pépinières de
Réau,on compte plus de 2,000 sujets en variétés
différentes.
A Santeny, quatorze rosiéristes cultivent
60,900 Rosiers ; à Marolles, trois rosiéristes n’ont
pas moins de 24,300 pieds; à Périgny, 36,000
llosiers sontplantés dans les pépinières de deux
rosiéristes. Ce n’est pas assez dire que, dans la
commune de Mandres, quinze spécialités don-
nent leurs soins à des champs immenses qui
ne contiennent pas moins de 120,900 Rosiers.
La commune de Villecresnes-Cerçay est peut-
être, dans notre circonscription, la localité où il
y a le plus de cultivateurs de Rosiers. En effet,
on en compte vingt-huit (jui possèdent dans
leurs pépinières 389,500 Rosiers.
En des semeurs de cette commune, M. Lede-
chaux, a livré au commerce plusieurs de ses
gains dont nous devons donner ici les noms ; ce
sont : Adolphe Nohlet, Triomphe de ViUerres-
nes, Joseph Durand et Adèle Jouganl.
M. Alexis Poulain, de Cercay, est aussi obten-
leur des Roses John W alleren cUjéon Poulain .
J’arrive, enfin, à vous parler de la culture de
Rosiers à Rrie-Comte-Robert.
Dans notre ville, nous avons 6 rosiéristes
dont les pépinières ne renferment pas moins
de 60,000 Rosiers. Deux d’entre eux ont été
assez heureux pour obtenir dans leurs semis
des Roses qui ne sont pas sans mérite réel.
Nous voulons parler de la Rose qui porte le
nom de M. Alphonse Relin, maire de notre
ville; delà Rose Denis Hélye, et enfin, de celle
que le jury de notre fête de l’année dernière
a nommée Camille Bernardin. Voilà une gra-
cieuseté dont je ne saurais trop remercier
MM. les jurés et l’obtenteur, M. Gautreau
père.
Pour terminer cette nomenclature des Roses
nouvelles obtenues dans notre circonscription,
je ne puis oublier de citer la Rose Derthe Levé-
que, mise au commerce récemiiient par M. Cé-
chet père.
Le. congrès des Rosiéristes, qui devait se
tenir à Brie-Comte-Robert le dimanche, n’a
pu avoir lieu que le lendemain. Il a été
arrêté que la prochaine session s’ouvrirait
dans la même ville, et le bureau a été immé-
diatement formé. Nous faisons des vœux
sincères pour le succès du nouveau congrès;
mais nous croyons le lieu de réunion mal
choisi. Rrie-Comte-Robert est éloigné des
grandes villes, et, de plus, une distance de
8 kilomètres environ sépare cette localité du
chemin de fer le plus proche. Cependant,
nous espérons que les rosiéristes de Brie-
Comte-Robert sauront vaincre ces difficultés
et trouver tous les éléments hécessaires
pour constituer une œuvre durable.
E. A. Eariuèbe,
FRUCTIFICATION DES AUCUBA.
Ce n’est déjà plus une nouvelle pour plu-
sieurs amateurs que la fructification de
VAucuba Japonica. M. Naudin a dit, il y a
deux ans, aux lecteurs de la Revue, com-
ment M. Fortune avait enfin apporté du Ja-
pon un pied mâle, cédé à M. Standish au
poids de l’or, et dont la progéniture allait
féconder bientôt tous les Aucuba de l’Eu-
rope.
Mais tout le monde n’a pas encore vu ces
fruits tant désirés, qui vont, avant peu d’an-
nées, ajouter à la belle livrée verte et bi-
garrée de nos buissons d’Aucuba une nou-
velle et charmante parure de corail. '
C’est pour ceux-là que nous avons fait des-
siner un jeune pied qui vient de porter des
fruits, chez MM. Thibaut et Keteleer, à Paris.
« Voir, c’est avoir, » a dit un de nos poètes
nationaux. Si cela est vrai, que les déshéri-
tés de cette belle plante se consolent donc
en voyant la planche d-contre, de n’avoir
pas encore vu mûrir ces fruits dans leur
jardin. Ils les auront bientôt.
Un bien ne vient jamais sans un autre. A
la suite de cette précieuse introduction du
sexe noble de notre plante, vient d’appa-
raître toute une collection de variétés, et
peut-être d’espèces nouvelles, dont M. Car-
rière donnait ici, il y a peu de mois, la des-
cription concise et fidèle. Pas n’est besoin
de contrôler les assertions de M. Carrière;
et, cependant, nous ne sommes pas fâché
de vous dire combien nous avons trouvé ad-
mirablement exactes ces diagnoses rapides
que nous comparions tout à l’heure avec
des notes prises par nous sur le même sujet
avant l’apparition de son article.
Le premier pied d’Aucuba fut apporté du
Japon en Angleterre en 1783, par M. John
Grœlfer. Ce pied était femelle. Il devint, par
division (boutures et marcottes), la souche
de tous les Aucuba qui ont peuplé nos jar-
dins jusqu’à ces dernières années. Et, non-
seulement ce seul pied répandit l’arbuste
en Europe, mais l’Amérique du nord, où il
est actuellement fort cullivé,y trouva Pori-
‘JO
FUlCTinCATÎON DES AECDHA.
i*ine (le tous ceux qu’elle possède. Ce frêle
rameau, (lélaclié d’un jardin japonais, au
hasard, est donc aujourd’hui des millions
de fois grand-père.
Ce bel arbuste fut d’abord traité comme
une plante de serre. Il fallut qu’un amateur
plus hardi se décidât à le risquer en plein
air, et qu’il réussit, pour qu’on l’imilàt. —
11 n’y a pas longtemps encore, au commen-
cement de ce siècle, Dumont de Courset
écrivait : « L’Aucubaest plus rustique qu’on
ne l’avait d’abord cru. ,1’en ai un pied qui a
résisté aux gelées de notre climat, .le ne
lui donne, vers le mois de décembre, qri'nn
peu de paille, pour le préserrer seulement
de Velfel immédial du froid. »
Et remarquez que peu auparavant il avait
déclaré que l’arbuste était de serre chaude,
et qu’il en avait vu seulement un pied en
orangerie chez un amateur du voisinage.
On peut donc assurer que l’Aucuba n’est
Fig-. 34. — Fleur cl fruit de i’Aucuba Jnponica.
considéré comme plante de plein air que
depuis soixante ans environ.
Chose bizarre ! personne n’avait osé révo-
quer en doute que l’Aucuba fut une plante
àfeuillage spontanément panaché; pourtout
le monde, on avait là l’espèce type. L’intro-
duction de VAucuba Himalaïca, découvert
par le D'’ ,T. D. Hooker, dans le Sikkim, il
y a peu d’années, et porlant des feuilles
d’un vert parfaitement uniforme, fit naître,
il est vrai, quelques doutes sur la pureté
spécifique de nos spécimens d’Aucuba du
.Japon. ^
Mais ce ne fut que lorsque M. Fortune
découvrit le pied mâle, à feuilles très-vertes,
que l’on s’aperçut qu’on n’avait jusque-là
pris pour type qu’une variété fort éloignée,
que les Japonais avaient obtenue par une
(uilture peut-être séculaire.
En effet, aucune des variétés mâles ou fe-
melles à feuilles entièrement vertes que l’on
possède aujourd’hui, ne présente le port et
la forme de feuillage de notre ancien Aucuba
des jardins, représenté parla planche co-
loriée ci-contre.
Sans doute, il est fort difficile de discer-
ner le type spontané parmi ces variétés,
d’autant plus que la plupart sont d’origine
japonaise * ; mais il n’en est pas moins vrai
que notre ancienne plante s’en écarte beau-
coup comme forme, et c’est là une preuve
de l’ancienneté de la culture des Aucuba
au Japon.
Le pied mâle cédé à M. Standish, d’Ascolt-
Nursery (Angleterre) fleurit d’abord au prin-
temps de 1863. Ces fleurs, dont tous les ca-
ractères, du reste, se sont exactement repro-
duits depuis, formaient de petites pani-
cules lâches, pourvues de grandes bractées,
et portaient des corolles à quatre pétales
brun foncé, de la grandeur et de la forme
de ceux des fleurs femelles. Entre ces péta-
les, quatre étamines à courts filets présen-
taient des anthères globuleuses, rénifor-
mes, blanc jaunâtre. La fécondation arti-
ficielle fut opérée d’abord au moyen d’un
léger pinceau; toutes les fleurs fécondées
rü ANDF!U)fl..
Fig-. 3ri. — Inflorcpceiicc mâle de l’Anciiha .lajionica.
nouèrent parfaitement. Au mois de janvier
suivant, 25 fruits s’étaient parfaitement dé-
veloppés. Ils avaient environ la grosseur
d’une olive, étaient d’un beau rouge vermil-
lon luisant, rapprochés en un corymbe
dressé, fort élégant.
Nous avons dessiné ad naluram ces orga-
nes, nouveaux pour nous, dans leurs détails,
et nous en donnons ici une explication qui
peut être utile aux personnes peu fami-
liarisées avec la botanique et désireuses de
tenter la fécondation sur les Aucuba fe-
melles de leurs jardins.
Figurés noires (fig. 3J) : I . — Fleur fe-
melle, grossie 3 fois, avec son stigmate
(dans la partie centrale), prêt à recevoir le
pollen ;
2. — Fleur mâle, grossie 3 fois, avec ses
4- anthères, qui s’ouvrent au milieu et don-
nent passage au pollen, qu’il faut répandre
sur le pistil de la fleur femelle ;
* Ces variétés, que rAiifçleterre a mises (iepuis
peu au commerce, se vendent de 5 à fi shilliuivs,
lorsque ce sont des pieds femelles. Le pri.v moule
tout de suite à une "uinée dès qu’il s’as:it d'une
plante mfde.
VU& H OT'ticoLc^
Tl * i clii lui m M a n ^ J 0 s i i
liTip Zanote r. des Bouhn^ersJJ.Pans
■^locreux Pntx^:
i
Aiiruba Japoiiica
lmp Zanotç r. des Boulangers .15 .Pans
i
FIUjCTIFICATION DFS AF(
— (^üupe traiisvei*sal(‘ (ruii IViiil mur
(grandeur naturelle) ;
i. — Coupe longitudinale d’un fruit miir
(grandeur naturelle) ;
5. — Fruit mûr (grandeur naturelle; ;
Fig. 35 — Portion d’inllorescence mâle
(un peu plus grande que nature).
La fécondation artilicielle des Aucuba est
des plus simples. Il suffit de savoir le mo-
ment où l’anlhère s’ouvre, afin qu’un acci-
dent ne vienne pas faire tomber le pollen,
et de répandre légèrement cette poussière
fécondante sur le stigmate des Heurs femelles
d’un pied voisin. 11 est bon, pour plus de
sûreté, d’opérer sur des pieds rentrés mo-
mentanément en serre. Quand les jardins
seront peuplés d’Aucuba mâles, ces précau-
lions seront superflues; les plantes n’auront
que faire du secours de l’homme.
Du reste, excepté en France, les pieds
d’Aucuba en fruits no sont plus très-rares.
Xous avons vu, en I86i, à l’exposition
de Bruxelles, un exemplaire apporté par
M. Standish, et qui portait bien une centaine
de fruits mûrs. Il fut acheté, — nous a-l-on
dit, 500 fr. par M. Amhroise Yerschalîelt,
de Cand, qui ne s’amusa pas, croyez-le
bien, à regarder pousser sa plante. Les
IVuits furent semés incontinent. Tous levè-
rent. Ils montrent déjà une grande variété
de formes et de couleurs, et dont nous ver-
rons sortir sans doute d’intéressantes nou-
veautés.
En Angleterre, M. Lee, de Ilammersmilh,
possède mieux que cela. Il montrait ce prm-
lemps aux visiteurs de son établissement un
superbe buisson qui n’avait pas moins de
1 mètre de haut sur autant de large, couvert
de ces beaux fruits. On en comptait plus de
500. Ce pied a été pris au hasard, dans un
carré, l’année dernière. Il allait partir pour
le jardin d’un client, au prix modeste et rai-
sonnable de 1 fr. 50, lorsque M. Lee, ayant
un pied mâle en Heur, utilisa cette plante fe-
melle comme porte-graines. La fécondation
réussit à merveille et produisit sur tous les
rameaux de magnifiques corymbes de fruits.
N’allez pas croire cependant que l’heureux
'19 \
horticulteur si‘ soit contenlé de la gloire
d’avoir eu de beaux fruits; il compte bien
escompter les jeunes plantes futures à beaux
écus sonnants.
Si vous aviez offert alors à M. Lee autant
de schillings que sa plante avait de graines,
il vous aurait ri au nez. Et ma foi, il aurait
peut-être eu raison. Mais pourtant qu’il
liâte! ou bien l’an prochain, il faudrait ôter
deux zéros à ce chiffre respectable. Du reste,
les exemples de ce genre se multiplient en
Angleterre. Nous avons pu admirer à la der-
nière exposition de Kensington de magnifi-
(jues échantillons d’Aucuba en fruits, expo-
sés par diverses personnes et appartenant à
plusieurs des variétés anciennes et nouvel-
les.
Nous n’avons pas eu dans notre beau
pays de France la primeur de cette frucli-
lication; il en faut faire notre deuil, et nous
frapper humblement la poitrine.
Toutefois, c’est à nous probablement
qu’il appartiendra d’avoir obtenu une séi'ie
de variétés nouvelles. C'est ce qui fait espérer
la réussite des fécondations opérées par
MM. Thibaut et Keteleer sur les diHérentes
variétés d’Aucuba qu’ils possèdent. Ces mes-
sieurs ont dans ce moment plusieurs plantes
dont les fruits mûrissent et qui ont été fé-
condées par les pollens des six mâles connus
actuellement au commerce, à savoir : A?/ -
cuba Jap. bicolore A. J. pjfgmwa, A. J. pic-
lurata^ A. J, ovala, A. maculata, A. ./.
aiiguslifolia.
L’une de ces plantes fructifiées, haute â
peine de 20 centimètres, présente une énor-
me panicule de plus de 120 fruits, dont la
plupart seront fertiles, â en juger par l’em-
bryon que nous avons trouvé très-déve-
loppé en faisant la section de l’un d’eux.
Il n’est pas douteux qu’en fécondant de
nouveau ces produits avec VA. Hlmalaïca et
les deux plantes à grandes feuilles et à fruits
sphériques déprimés que ces habiles horti-
culteurs ont obtenus, on ne découvre de
nouvelles formes qui viendront augmenter
Tattrait déjà si grand de ces beaux arbustes.
Kn. Axdri:.
TRlCHINtlJM DE MANGEES.
Le genre Trichinium appartient à la fa-
mille des Amarantacées, etlesauteursquiont
écrit sur ces plantes le rangent dans la tribu
des Achyranthées, dont plusieurs espèces,
très-singulières pour la coloration du feuil-
lage, ont été introduites depuis quelque
temps dans les jardins, oû on les emploie
pour la formation de bordures curieuses
d’un effet pittoresque. ’
Le genre Trichinium renferme des plantes
annuelles, vivaces ou suffrutescentes, mais
qui, dans ce dernier cas, ne forment que des
sous-arbrisseaux â tiges généralement dé-
combantes, de formes très-variables ; elles
sont tantôt glâbres, tantôt velues-liérissées,
et même laineuses au même titre que celles
du GnapbaUum lanalum ^ si généralement
cultivé aujourd’hui. Les Heurs sont herma-
phrodites et munies de 3 bractées; elles
sont terminales et groupées en capitules ou
en épis, à la manière de diverses Célosies;
les bractées carénées, sèches, brillantes et
292
TUICHir^ lUM J)E MANOLKS.
diversement colorées, selon les espèces,
sont persistantes, les latérales se détachant
parfois avec le fruit. Les poils des Heurs
sont articulés et obliquement dressés ; les
étamines, au nombre de cinq, sont réunies
à la base en cupule, ou très-rarement en
tube ; leur filet est filiforme ou dilaté subulé
(les staminodes sont nuis) ; les anthères sont
tantôt biloculaires, elliptiques ou arrondies.
L’ovaire est renflé sur le côté, uniloculaire
et uniovulé, et surmonté d’un style allongé,
couronné par un stigmate en tête.
Presque tous les Trichinium, au nombre
d’tine soixantaine environ, croissent sponta-
nément en Australie, où plusieurs espèces
nouvelles, qui avaient échappé aux investiga-
tions de l’illustre I\. Brown, ont été décou-
vretes dans ces dernières années par M. Ferd.
Mueller. Mais, par une anomalie intéressante
au point de vue de la géographie botanique,
à causes du rapprochement qu’elle établit
entre le deux continents, et qu’on a déjà
constatée pour plusieurs autres genres de
plantes, par exemple pour les
[es Eucalyptus, eic., on a trouvé quelques
représentants de ce genre au cap de Bonne-
Espérance.
L’espècefigurée ci -contre, le Trtchinium
Mauglesii est, sans contredit, l’une des plus
jolies du genre ; elle fut découverte près la
rivière des Cygnes (Swau River), vers 1831),
par J. Drummond. C’est, croyons-nous, par
l’intermédiaire de M. Thompson, d’Ipswich,
que cette plante a été introduite, il y a peu
de tempsj encore, dans quelques jardins an-
glais, be ges et français, et c’est de lui aussi
que le Muséum en a reçu dernièrement des
graines.
Le Tricliinium Manglesii a une racine
grêle, simple, que surmonte une rosette de
feuilles radicales longuement pétiolées, sub-
aiguës, mucronulées, sinuées, glabres, ver-
tes, augueuses, épaisses et assez coriaces.
A l’aisselle de ces feuilles s’élèvent des
tiges herbacées ascendantes , sillonnées,
striées, presque glabres, virescentes, hautes
de 30 à 40 centimètres, portant de rares
petites feuilles linéaires lancéolées et sessi-
les, et terminées par des capitules solitaires,
hémisphériques, très-obtus, composés d’un
grand nombre de fleurs très-serrées et d’un
rose-lilacé vif. Les bractées florales sont
presque égales, lancéolées-aiguës, mucro-
UNE
La plante dont nous allons parler est le
Rhpliiolepis Japonica, Sieb., var. integer-
rima, R., ovata, Hort. Yoici les caractères
qu’il présente :
Arbrisseau vigoureux, très-ramifié. Feuil-
les persistantes, obovales, très-épaisses,
nulées, diaphanes, d’un jaune roussâlre ,
très-légèrement poilues sur le dos et beau-
coup plus courtes que le calice; les divisions
de celui-ci sont étroitement linéaires, tron-
quées et denticulées au sommet, d’un rose-
lilas, et de couleur blanche à la face supé-
rieure et parfois au sommet.
Ce qui constitue l’élégance de celte plante,
c’est surtout le contraste que forme le rose
lilas des divisions de la fleur avec la blanc
des poils très-nombreux sur lesquelles elles
se détachent, et qui forment le fond de l’in-
florescence.
La culture de cette plante ne nous est pas
suffisamment connue pour que. nous puis-
sions la décrire ici ; néanmoins, nous croyons
que le plein air en été, le châssis froid et
sec l’hiver, des pots bien drainés et une
terre légère et sablonneuse sont les condi-
tions qui doivent lui convenir. Cependant,
jusqu’ici il ne nous semble pas que le Tri-
clnnium Manglesii, comme les autres espè-
ces curieuses ou intéressantes de ce genre,
soit d’une culture facile. L’inspection des
diverses espèces, au nombre d’une trentaine
environ, de l’herbier général du Muséum,
nous a laissé sous l’impression que ces plan-
tes seraient d’une conservation difficile et
d’une culture peu pratique. Pour cette ap-
préciation, nous nous sommes basé sur les
caractères extérieurs de ces plantes : par
exemple, des racines grêles, peu longues, et
en général peu ramifiées; des tiges rameu-
ses, souvent décombantes et d’une consis-
tance plus ou moins sèche, etc. Mais misait
^ qu’une plante sauvage, qu’elle soit indigène
ou d’un pays éloigné, est d’autant plus déli-
cate dans nos jardins que sa culture en est
moins ancienne, et que quelquefois elle s’ha-
bitue insensiblement aux conditions nou-
velles et souvent très-différentes dans les-
quelles elle se trouve placée ; il y a là, il
faut le reconnaître, mais non dans l’accep-
tion exacte de ce mot, une sorte d’acclima-
tation manifeste. B serait à désirer que le
fait se produisit pour la plante qui fait le
sujet de cette note ; ce serait une pré-
cieuse acquisition à ajouter au petit nombre
de ces ravissantes plantes herbacées du con-
tinent australien qu’on a réussi jusqu’ici à
propager dans nos jardins. '
r>. Ver LOT.
[É .lAPONAISE.
coriaces, luisantes, parfois largement arron-
dies, obtuses et courtement bilobées, le
plus souvent atténuées au sommet, glabres;
les jeunes feuilles sont d’un verl roux, très-
tomenteuses sur les deux faces el surloul
en dessous, par un duvet rubigineux qui se
i:ne NoiiVEAim': jai‘Onaise.
293
détache facilement avec le doigt, très-cuur-
tement dentées près du sommet, dents
qui disparaissent promptement en laissant
ainsi des feuilles entières longuement atté-
nuées à la base, accompagnées de 2 stipules
très-longues, étroitement linéaires, cadu-
ques. Fleurs disposées en épis ou plutôt en
sorte de grappes dressées, ramifiées, élar-
gies à la hase, arrondies au sommet, blan-
ches, nombreuses, solitaires sur un court
pétiole. Calice à cinq divisions étroites,
couvertes de poils roux, d’abord appli-
quées, puis étalées. Corolle à cinq pétales i
obovales, étalés, atténués en onglet î\ la |
base. Fruits noirs, pruineux à la maturité,
d’environ 6-7 millimètres de diamètre.
Cet arbrisseau, essentiellement ornemen-
tal, est assez rustique; cependant, il ne
pourrait peut-être pas supporter les hivers
sous le climat de Paris, où sa floraison, d’ail-
leurs un peu trop printanière, pourrait être
compromise. Dans tous les cas, c’est un
charmant arbrisseau, très-lloribond. On le
multiplie par boutures, qui reprennent très-
bien lorsqu’on les fait avec du jeune bois
aoûté.
I)R10T.
DE LA GERMINATION DES NOYAUX.
Est-il vrai, comme on le dit générale-
ment, que les noyaux ne conservent pas
leurs facultés germinatives au delà d’un an,
et, par conséquent, ne lèvent pas deux ans
après avoir été récoltés?
Avant de faire connaître notre opinion à
ce sujet, disons ce qu’on doit entendre par
c( conservation des facultés germinatives. »
On désigne ainsi la durée pendant lar
quelle les graines se conservent bonnes,
c’est-à-dire sont susceptibles de germer. Il
en est des noyaux comme des autres grai-
nes ; leur faculté germinative est variable,
suivant les espèces auxquelles elles appar-
tiennent. Ainsi, tous ceux dont l’endocarpe
est mince, en général, ne se conservent pas
au delà d’une année; mais il peut en être
autrement de ceux dont l’endocarpe est li-
gneux, épais et très-dur, par exemple des
noyaux de Pèches, dont nous allons parler.
On a dit, redit, et sans cesse écrit, que les
noyaux de Pêche ne lèvent pas la deuxième
année après qu’ils ont été récoltés. Est-ce
vrai? Oui et non.
Nous avons des exemples de noyaux de
Pêchers qui ont germé au bout de deux,
trois et quatre ans, et même plus. Que ce
soit une exception, nous le voulons bien,
mais toujours est-il que ces faits suffisent
pour modifier la règle.
Maintenant, bàlons-nous de dire que
beaucoup de noyaux ne lèvent pas au bout
de deux ans. Pourquoi cela? Nous allons
chercher à l’expliquer.
D’abord, ces dilférences pouvant se ren-
contrer chez des noyaux appartenant à une
même variété, il en résulte que tous ces
noyaux ne sont pas de même nature, ou
bien que leur embryon n’a pas la même
puissance vitale. Les deux choses étant pos-
sibles, faisons les deux suppositions. Admet-
tons d’abord l’égalité de force des enveloppes
et l’inégalité de puissance des embryons,
([u’arrivera-t-il? Les embryons les plus forts,
lorsqu’ils auront absorbé l’humidité néces-
saire au développement de leur radicule,
briseront le noyau et pousseront ; les
embryons les plus faibles, lorsqu’ils seront
arrivés au point convenable pour émettre
leur radicule, trouvant dans le noyau une
résistance trop forte, se décomposeront et
formeront une sorte de bouillie. Dans le
cas inverse, si les noyaux sont d’inégale
force, et les embryons d’égale puissance, les
mêmes faits se présenteront : les embryons
contenus dans les noyaux faibles se dévelop-
peront, tandis que ceux contenus dans des
noyaux très-résistants, ne pouvant trouver
une issue, pourriront comme les premiers.
Mais il ne faut pas oublier, non plus, que
la puissance de l’embryon, quelle qu’elle
soit, est soumise à la loi générale, et s’affai-
blit avec le temps. Il en résulte que, plus les
graines sont vieilles, plus il faut venir à leur
aide. Que doit donc faire l’horticulteur lors-
qu’il a à semer des noyaux dont l’enveloppe
est très-dure, et lorsqu’il doute de la vita-
lité de l’embryon qu’ils renferment? Mettre
pendant quelque temps ces noyaux dans une
terre humide, de façon à ce que l’humidité,
pénétrant peu à peu les tissus, puis l’em-
bryon, fasse rentier celui-ci et le dispose à
entrer en végétation, en un mot, à revêtir
la vie active ; casser, alors, les noyaux avec
beaucoup de précaution , en extraire les
amandes, les mettre en pots dans une terre
légèrement humide, et les placer sous des
châssis, de manière qu’ils ne reçoivent d’eau
que celle qu’on juge à propos de' leur don-
ner. On peut même, par précaution, lorsque
les noyaux sont très-durs et qu’on doute de
la germination, les casser de suite avec
beaucoup de soin et en semer les amandes,
en les traitant ainsi qu’il vient d’être dit. Si
l’on a opéré avec beaucoup de soin, on peut-
être à peu près sûr du résultat. Nous avons
très-souvent employé ce procédé, et tou-
jours avec succès. Nous ne craignons même
pas d’avancer que ce moyen est infiniment
préférable à celui qui consiste à user le
'294
DK LA GKDMINATION DES NOYAKX.
noyau du colé où la radicule doit passer;
car, dans ce dernier cas, l’humidilé pénètre
promptement dans l’intérieur et gorge subi-
tement l’embryon, de sorte que ne pouvant se
développer immédiatement, sa tigelle et ses
colylédons ne tardent pas à pourrir, et cehi
bien que parfois la radicule ait déjà com-
mencé à s’allonger.
H. Desportes,
Chef des pépinières de M. André Leroy,
à Angers.
REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER.
Nous continuons notre revue des plantes
figurées et décrites dans le Bofn)}iral Mafjn-
zine : ^
f.ælia grandis. Lindley et Paxton, pl. 5553.
Cette magnifique Orchidée fit sa première
apparition dans les établissements horticoles
de l’Europe en 1850, chez M. Morel, à Paris;
mais elle ne tarda pas h disparaître des
collections anglaises, et elle fut introduite de
nouveau parMM.Hugh Lowet C**' à Clapton,
qui en reçurent quelques pieds de Babia.
C’est une espèce épiphyte dont les tiges,
minces en bas, un peu enflées vers Te haut,
ne dépassent pas 0"'.30. Ces tiges suppor-
tent une seule feuille carénée, coriace,
ligulée. Le pédoncule, enveloppé à sa base
dans une espèce de spathe, porle deux
grandes fleurs à sépales et pétales d’un
jaune Nankin brunâtre; le grand labelie
est blanc, à veines pourpres.
iiegonia lineeatn. J. D. Hooker, pl. 5554.
Cette singulière espèce, dont les fruils
constituent des baies, fut découverte par le
botaniste-voyageur M. Gustave Mann, dans
les îlesSaint-Thomé et F ernando-Po (Afrique
occidento-tropicale), où elle se trouve à
une élévation de 1,300 pieds. Les tiges, ro-
bustes, allongées, de l’épaisseur du pouce,
sont couvertes ainsi que les pétioles, les pé-
doncules et les pédicelles, d’un duvet ferru-
gineux. Les feuilles, longues de 0>^.12 à
O"™. 20, largement orbiculaires, en cœur à
leur base, sont glabres en dessus à l’excep-
tion des nervures ferrugineuses, velues en
dessous. Les grandes stipules, larges-oblon-
gues, sont caduques. Les grandes Heurs
blanches, monoïques, disposées en courtes
cimes, ont un diamètre de O"™. 065. Le
fruit est, selon la description qu’en donne
M. Mann, une baie charnue, sphérique, in-
déhiscente.
Kparaxis imlcherrima, J. D, Hooker, pl. 5555.
Jolie Iridée bulbeuse, du cap de Bonne-
Espérance, à grandes Heurs penchées d’un
pourpre extrêmement brillant. Cette magni-
fique plante a Henri en octobre dernier chez
MM. Backlîouse, à York, qui l’avaient reçue
du district entre Keiskamma et la rivière des
Buffles, dans le sud-est de l’Afrique (Caf-
frerie et Natal). Les feuilles raides sont en-
siformes. Les hampes florales atteignenl
dans la patrie de cette plante jusqu’à deux
mètres de hauteur et portent des grappes
ou des panicules chargées de magnifiques
fleurs pourpres de la grandeur de celles de
nos glaïeuls, enveloppées à leur base dans
des bractées scarieuses. ‘
myriaiithimi. Linoley, pl, 555(1.
Cette espèce fut découverte par M. Skin-
ner dans les montagnes du Guatemala, à une
élévation très-considérable. Ayant été cul-
tivée en serre chaude, elle refusait obstiné-
ment de donner des fleurs ; mais aussihït
qu’on la soumit à la culture en orangerie,
elle développa en abondance ses fleurs dis-
posées en amples panicules, composées,
comme l'indique son nom spécifique, d’un
nombre énorme de petites fleurs d’un beau
lilas. Les feuilles, linéaires-lancéolées, sont
distiques et les panicules des fleurs sont
terminales.
f hameranthemiim neyriehii. NEES; var. va-
rie$:^ata. pl. 5557.
Acanthacée du Brésil méridional, belle
par ses grandes fleurs blanches lavées
de pourpre, disposées en épis composés,
axillaires, dressés, mais plus remarqua-
ble encore par ses magnifiques feuilles
blanches dans la partie qui entoure des
deux côtés la nervure médiane, d’un vert
sombre au bord. Ces feuilles opposées,
courtement pétiolées, sont oblongues ou
ovales-oblongues, ou bien lancéolées-oblon-
gues, pointues au sommet.
I.uisia l»syohe. Rei(',HEX1ï.\EH, pl. 5558.
Le port de cette Orchidée rappelle celui
du Vanda teres. Elle fut découverte à Bur-
inalî par M. Parish, qui envoya des pieds
vivants à MM. Ilugh Low et C*'’, à Clapton.
Les fleurs disposées au nombre de 2-3, en
courts épis, ressemblent un peu à celles de
plusieurs espèces de nos Ophrys par leur
labelie bombé, marqué de larges taches
pourpre-brunâtres. Dans celte plante, ce-
pendant, les fleurs ont plus de quatre fois
les dimensions de celles, par exemple, de
notre Ophrys apifera. Le Lvisia Psyché est
une plante de culture facile; il fleurit pen-
dant le printemps et l’été.
isaiihinla toinontosa, LiNN., var. ^slabrata :
pl. 55G0.
Le jardin de Kew doit ce 'joli arbuste à
REVIE DES DlBLlCAllOiNS llOKTlCüLES DE L’EiUAiNEEii.
M. Monleiro, qui, en 1860, en envoya des
graines de Bembe en Benguela, d’où pro-
viennent les plantes, qui fleurirent en Angle-
terre en novembre dernier. La patrie de cette
plante est Ceylan, Malabar et d’autres con-
trées des Indes orientales; elle se trouve
également dans plusieurs localités de l’A-
frique orientale-méridionale. C’est un joli
arbuste à feuilles pétiolées, de cette forme
bilabiée si caractéristique pour le genre
Bauhinia. Les grandes fleurs, disposées par
deux au bout des rameaux, sont d’un
jaune pâle. Le pétale supérieur est orné à
sa base d’une large tache pourpre-brunâ-
tre.
Kiilophia Keichenbalh, jtl. oüGl.
Cette singulière Orchidée n’est nullement
remarquable par la beauté de ses fleurs.
Elle^ fut introduite du Vieux-Calabar par
M. Gustave Mann. C’est une espèce terres-
tre à longs pseudobulbes peu à peu atténués
yersle haut. Les fleurs verdâtres, â labelle
jaunâtre â sa base, blanc dans sa partie su-
périeure, garni intérieurement vers le
milieu de stries pourpres, rappellent celles
de nos^ Epipaclis. Elles sont disposées en
longs épis sur les hampes florales qui nais-
sent â la base des pseudobulbes.
Tfllandï»iit xipliioïiles, Ker, pl. 5562,
Belle Broméliacée à grandes fleurs blan-
ches, â pétales ondulés, disposées en épis
serrés. Les feuilles étalées, larges â leur
i)ase, subulées au sommet, sont couvertes
de poils écailleux qui leur donnent un aspect
grisâtre; elles sont disposées en rosettes
serrées desquelles naissent les épis floraux,
enveloppés â leur base de feuilles jaunâ-
(res dressées, subulées. Selon Ker, cette
plante serait originaire de Buénos-Ayres.
M. le D‘‘ Gillies l’a récoltée près Mendoza,
où elle abonde sur les arbres et les rochers
des Cordillères. On la cultive fréquemment
a Buénos-Ayres, où on l’apprécie beaucoup
a cause du parfum délicieux qu’exhalent ses
fleurs.
JlJibranthu»» J. D. HoOKER, pl. 5563.
Cette magnifique Amaryllidée, dont ou
ne nous indique point la patrie, fleurit en
avril. Elle est voisine du fJahrcwt/nts phu-
celloides, mais elle est plus qee deux-
lois de la grandeur de celui-ci. Les feuil-
les glauques, longues environ de 0»‘.08, sont
linéaires et ont une largeur d’environ 0»v03
â 0«eO:2; elles sont recourbées et obtuses
au sommet. La hampe florale, haute de 0"V 50
est pourpre en bas; porte une ombelle
(le sept grandes fleurs*, d’un diamètre de
0''’.07^ à d un magnifique rouge
orange. Le tube de la fleur est jaune exté-
rieurement et intérieurement.
Uendrobiiim üixantbiitii, REicHENRâCH,
pl. 5564.
Moulmeiii, lamineinépuisabledenouveauv
pendrobium, est aussi la patrie de celte
Orchidée, qui y fut découverte, en
1 8b^, par M. Parish, et envoyée â MM. Hugh
Low et C'^, à Clapton. Cette espèce pousse
tres-vigoureusement et fleurit abondamment
au commencement de l’été. Le Dendrobium,
dixanthum a cela de particulier, que, à Pé-
poque de sa floraison, il est entièrement dé-
garni de ses feuilles linéaires, longues de
O'^COb â 0“M0. Les fleurs sont disposées
en (tourtes grappes dans les aisselles des
feuilles tombées; elles sont assez grandes
d un jaune pale, sauf le labelle qui, dans sa
partie inférieure, est d’un jaune doré très -
eclatant.
«ladiolu^ Papilio, J. D. Hookër, p|. 5565.
On sait que la flore du cap de Boniie-
Esperance est très-riche en Glaïeuls d’es-
pèces différentes. Parmi celles qu’on ren-
contre, le G. Papilio n’occupera certaine-
ment pas le dernier rang. Cette plante a
a peu près le port de nos Glaïeuls; les
feudles et les fleurs sont de da meme
taille que celles du Gladiolus gandavensis.
Les trois folioles supérieures du périanthe
sontd^un pourpre très-pâle et presque blan-
ches a leur base, les trois folioles inférieu-
res sont marquées d’une large tache longi-
tudinale, bilobée, d’un pourpre très-brillant
sur fond blanc dans la partie médiane
intérieure ; la partie supérieure est bordée
d une zone pourpre-violacée, et, entre cette
bordure et la tache pourpre, se trouve une
tache jaune-dorée. Ces fleurs sont d’un as-
pect extrêmement gracieux. Le jardin de
Kew a re(;u cette plante, en 1861 , de M. Ar-
nol de Colesberg.
Pei‘isti‘0|»hc laiic€M>taria, ÎN'ëes. pl. 5566.
Cette belle Acanlliacée, aussi appelée
Justicia htnceohirict^ est encore une con-
quête de M. Parish, qui la trouva â Moul-
mein, et en envoya des graines au jardin de
lyew. Les grandes fleurs pourpres, qui ont
1 aspect de celles d’un Justicia, sont dispo-
sées en courtes grappes axillaires et termi-
nales. Ses feuilles sont opposées, lancéolées
ou oblongues-lancéolées, longuement acu-
minées, courtement pétiolées; la tige est un
peu ligneuse â sa base.
Batcmaiinia giamiifloia . nEiCHEM.un
pl. 5567. ‘ ’
Cette belle Orchidée fut introduite, il y a
déjà très-longtemps, par M, Linden de la
Aouvelle-Grenade. Les fleurs ont quelque
ressemblance avec celles d’un Cypripe-
dium, surtout lorsqu’on les regarde en face*
cependant le labelle n’est pas creux et enflé^
comme dans les fleurs de ce genre, mais sou
extrémité est recourbée. C’est une plante a
KliVtK PÜBJ4CAUUINS
pseiidobulbes ovales, qui portent deux gran- j
des feuilles larges, lancéolées, très-poin-
tues. Les grandes fleurs sont réunies au
nombre de 3 à 4 sur la hampe florale qui
part delà base d’un pseudolmlbe. Les sépa-
les et pétales sont verdâtres, marqués de
nombreuses lignes longitudinales pourpres.
llOHTlCOHiS ut t’ETUANUtn,
Le large labelle blanc est également garni
de stries longitudinales pourpres, entre
lesquelles on observe des proéminences
longitudinales frangées dans la partie in-
férieure; le labelle olïre une espèce de col-
lerette frangée jaune.
J. Gboenlakd.
SPIRÆA REEWESIANA RORUSTA.
Le Spirœa Reeicesiana rohusfa (Spjrwa
Becîvesiana, spec. nova, Hort.) est, ainsi que
son nom l’indique, issu du type Sp. Recive-
.smnrt;mais, hâtons-nous de le dire, l’enfant
est bien préférable â sa mère. Vomi en quoi :
Tout aussi rustique et aussi tloribond, il est
plus vigoureux. Lâ pourtant ne se borne pas
l’avantage qu’il présente sur le type; il n’a
pas non plus, comme celui-ci, le grand incon-
vénient de perdre presque tous les ans une
bonne partie de ses fleurs quand viennent
les gelées printanières; il est beaucoup plus
rustique : de sorte que toujours il fait un des
plus beaux ornements, depuis le 15 avril en-
viron jusque vers la fin de mai. .l’ajoute en-
core, â l’avantage de cette variété, qu’elle
fleurit parfois sur les bourgeons de Tannée;
elle tend donc â devenir remontante.
Le Sp. Reeivesiana rohmtan' est pas ce=
pendant une plante parfaite, dans toute l’ac-
ception du mot; cette variété, bien que munie
d’organes sexuels en apparence très-bien
conformés, ne donne pas de graines. Cet in-
convénient n’est que préjudiciable, il est vrai,
qn’â ceux qui voudraient obtenir des variétés
â Taide des semis, et qui sont toujours très-
peu nombreux. PourTamateur, au contraire,
c’est un avantage, puisque, la fécondation
n’ayant pas lieu, la floraison en est prolon-
gée. Ce qui est un mal pour Tun est un bien
pour l’autre. N’est-ce pas ainsi que se pas-
sent toutes choses ici-bas? C’est donc encore
le cas de rappeler ce proverbe : A quelque
chose malheur est bon.
B. DESPÜRTE9.
SUR LES 25 VARIÉTÉS DE FRAISIERS
ADOPTÉES PAR LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’HORTICULTURE,
Les 25 Fraises recommandées par la So-
ciété impériale, ont donné lieu, dans les
colonnes de la Revue, â une controverse
fort intéressante entre M. Lebœuf et
M. Gloëde sur la valeur de certaines d’en-
tre elles. Mais, en présence des appréciations
si différentes émises par Tun et l’autre de
ces praticiens, il me paraît fort difficile de
savoir de quel côté se trouve la vérité, si,
toutefois, ces messieurs ne sont pas dans le
vrai tous les deux, suivant les circonstances.
Je crois donc qu’il est de l’intérêt de tous
que chacun livre â la publicité les observa-
tions qu’il peut avoir faites, même ne se-
raient-elles que partielles ; c’est pourquoi
je me permets aujourd’hui d’exprimer l é-
tonnement que m’a causé cette phrase de
M. Lebœuf à propos de la Fraise Sir ILyry ;
à supprimer dans le nord et dans le midi de
la France. .
J’habite Cette, une localité situee,^ on le
sait, quelque peu dans le midi de laTrance,
etj’y cultive, en amateur, la Fraise Sir llarry;
or, loin de lui lancer l’anathème comme
M. Lebœuf, je me vois forcé, tout au con-
traire, d’avouer que c’est une variété par-
faite de forme, de goût et de couleur, d une
grosseur toujours suffisante, souvent au-
dessus de la moyenne, quelquefois mons-
trueuse, que la plante, déjà très-productive
sans arrosements du 15 mai au 15 juin, re-
monte abondamment â partir du l^'*’ juillet,
si on a le soin de la tenir arrosée. Les fruits
qu’elle donne alors sont presque tous d’une
forme irréprochable et portés sur des pédon-
cules hauts et robustes qui donnent â la
■plante l’aspect le plus agréable. Quelques
pieds, il est vrai, se montrent parfois déli-
cats, et d’autres meurent épuisés par une
fructification excessive ou par l’effet du
blanc aux racines; mais, en revanche, ainsi
que le dit M. Gloëde, la plupart des coulants
plantés â l’automne donnent au printemps
suivant une récolte aussi remarquable par la
quantité que par la beauté du fruit.
Est-ce donc là une mauvaise Fraise a faire
disparaître des cultures ? Pour moi, je la
recommande spécialement dans le Midi.
Quand au Nord, cela ne me regarde pas;
mais elle se recommanderait d’elle-même
pour le Centre, si j’ajoutais aux miennes
certaines observations faites dans le dépar-
tement de TAllier,* celui-là même où eut
lieu, en 1865, la floraison du Nelumbium
speciosum en pleine eau, floraison un peu
maigre, je le reconnais avec M. Joannon, de
hl]R LES 35 VAHIÉTES üE FRAISJEHS ADUHEES EAU LA SULIETE U’tlOU'nCÜLTlKE. 397
Lyon, surtout si nous la comparons à celles
que nous pouvons admirer chaque été dans
les jardins de notre région méditerra-
néenne.
Comme moi, bien des personnes igno-
raient sans doute que cette belle Nym-
phéacée lleurit aussi abondamment à Lyon,
et je me félicite, en signalant un cas nou-
veau de sa floraison, d’avoir provoqué la note
intéressante et utile où sont consignés les
résultats remarquables obtenus par M. Joan-
nn . L’honorable membre de la Société
d’agriculture du Rhône, me permettra seu-
lement de lui faire remarquer que, lorsqu’il
s’agit de la naturalisation ou seulement de la
cufture des végétaux étrangers, on s’expo-
serait à commettre de graves erreurs sur
les conditions plus ou moins favorables of-
fertes par les localités, si l’on se bornait à
considérer seulement le degré de latitude
sous lequel elles sont situées. La conforma-
tion physique du pays et l’orientation des
pentes ont souvent bien plus d’influence
que la position géographique. C’est ainsi
que sur les côtes du Languedoc et même
du Roussillon on ne peut conserver en
pleine terre une foule de végétaux qui ne
meurent jamais de froid à Hyères, à Cannes
ou à Nice. Sur certains points des vallées
des Hautes-Alpes, on rencontre des plantes
du bassin méditerranéen dont elles sont
tributaires. Dans les îles Borromée, au pied
des Alpes du Tyrol, l’Olivier, l’Oranger, le
Caroubier, le Camphrier, etc., ne souffrent
point du froid, malgré la latitude relative-
ment élevée de ce point.
Lyon me paraît rentrer à peu près dans
ces conditions, malgré sa latitude peu difte-
rente de celle du département de l’Ailier;
par sa position dans la vallée du Rhône, il
ne peut éviter de ressentir l’influence du
climat méditerranéen, climat dont on ren-
contre les indices bien au delà dans la val-
lée de la Saône. -Le fait de la floraison ha-
bituelle du Nelumbium speciostim, à l^yon,
continue donc à me paraîtrebeaucoup moins
surprenant que celui de la lloraison acci-
dentelle, peut être, de cette même plante
dans le Bourbonnais, qui, appartenant au
bassin de la Loire, se ressent de l’influence
de l’Océan, et dont la température est re-
froidie par la proximité des montagnes de
l’Auvergne et du Morvan.
.le fais, du reste, des vœux pour que cette
belle plante se montre à l’avenir assez peu
délicate pour permettre d’en faire l’orne-
ment des eaux dans toutes les parties de la
France. '
N. Doumet,
EXPOSITION D’HORTICÜLTERE DE LA FERTÉ-SOUS-JOUARRE.
La Société d’horticulture de Farrondisse-
mentde Meaux, qui avait choisi cette année
la Ferté-sous-Jouarre pour faire son expo-
sition, a obtenu un plein succès, grâce à
l’aide des amateurs et des horticulteurs qui
sont venus la secondër.
L’exposition était vraiment remarquable,
aussi regrettons-nous de ne pouvoir citer
les noms de tous les élus.
Les huit médailles d’honneur ont été
ainsi réparties :
Médaille d’or des Darnes patronesses, à
M. Mézard, horticnlteiir à Deuil, pour un nou-
veau Pélargonium : La gloire de Corbéng.
Médaille d’or de son Excellence le iMinisti-e
de ragricultui’e, à M. Congis, jardinier chez
M. le vicomte d’Avène, à Coulominiers, pour
plantes de serre chaude et légumes.
Médaille d’or de M. le préfet, à M. Fleuret,
jardinier au château de Lagny, pour plantes de
seri’e chaude et semis de Pétunias.
Médaille d’or de M. le comte de Jaucourt,
député de Pan’ondissement, à M. Desprez, jar-
dinier chez 31. le duc de Rohan, à Reuil, pour
plantes de serre chaude et Pétunias.
ôlédaille d’or de 31. André, député du Gard,
à M. Lesueur, maraîcher à Lagny, pour son
beau lot de légumes.
Médaille d’or de la ville de la Ferté-sous-
Jouarre, à 31. Nivert(Alexandre), horticulteur à
la Ferté-sous-Jouarre, pour ses magnifiques Pé-
largoniums.
31édaille de vermeil de la Société d’horticul-
ture de Goulommiers, à 31. Laniel, jardinier au
château d’Orly (Seine), pour légumes.
31édaille de vermeil de la Société d’horticul-
ture de 31elim et Fontainebleau, à 31. 31achet-
Soulas, horticulteur à Château-Thierry, pour
ses Géraniums zonales, pour Fuchsias et plan-
tes de serre tempérées.
Après avoir nommé ceux qui ont contri-
bué au succès de l’exposition, en y appor-
tant leurs produits, il serait injuste de pas-
ser sous silence les noms de 3131. le préfet
de Seine-et-3Iarne, le sous-préfet de 3Ieaux,
de Jaucourt, député de l’arrondissement;
le baron d’Avène, président de la Société;
le comte de 31ousüer, conseiller général;
Thuret, maire et conseiller général; Carro,
secrétaire de la Société; Duffié, maire de
Jouarre; Rolland, commissaire central de
l’exposition; Thibaut, trésorier, dont le con-
cours généreux ne s’est pas fait attendre.
Quant â 31. Ebener, secrétaire -adjoint, il a
fait preuve d’une activité qui ne peut être
égalée que par le zèle qu’il apporte toujours
en pareilles circonstances.
Quetier.
NE TAILLEZ PAS LES AZALÉES.
L^intéressaiit article que \ieiit de publier
M. André, dans la Revue horticole du 16 juin
1866, sur l’exposition de Londres, m’engage
à faire quelques observations critiques sur
quelques principes énoncés dans cet ar-
ticle.
M. André, dont je me plais à reconnaitre
le talent comme horticulteur et comme écri-
vain, préconise la méthode anglaise touchant
le plan général des expositions horticoles. Il
dit quelles Anglais, dans leurs exhibitions,
négligent le plan général pour reporter tous
leurs soins sur les plantes elles-mêmes, afin
de les mettre dans des positions avanta-
geuses pour être facilement examinées par
les amateurs, tandis qu’en France, et en
province particulièrement, nous négligeons
cette partie essentielle pour reporter toute
notre attention sur l’ensemble. M. André
blâme celte dernière méthode et la mpiie
que nous avons de faire de nos exhibitions
de petits jardins anglais remplis d’accidents
de toute espèce, tels que cascades, rochers,
rivières, etc. Tout cela est, d’ailleurs, fort
joli, dit-il; mais, selon moi, ces choses sont
toujours écourtées et s’éloignent du beau.
îil. André a mille fois raison en engageant
à abandonner cette méthode pour reporter
toute l’attention sur la position avanta-
geuse à donner aux plantes.
Cet écrivain a admiré â l’exposition de
Londres les Azalées de Tlnde taillées en
pyramides. Il préfère cette forme à celle
semi-sphérique que Ton voit dans ces plantes
généralement en France. Là, je ne suis pas
de son avis. Suivant mes principes, la règle
du beau doit être établie par l’homme d’après
les œuvres du grand architecte de l’univers.
Eh bien ! la nature n’est pas d’accord avec
le système préconisé. En effet, les Azalées,
généralement dans l’état naturel ne s’élèvent
pas en pyramides; elles s’étendent, au con-
traire, sur le sol en larges toulfes buisson-
neuses.
Si M. André n’a pas été dans l’Inde, et
que son intention fût d’y aller pour voir les
Azalées dans leur état naturel, je pourrais
lui éviter les risques et les frais de ce long
voyage. Il n’a qu’à venir à Cherbourg, où
nous serions heureux de le recevoir, et
là, nous pourrions lui montrer des Azalées
cultivées à Tair libre dans les coulée^ de
nos montagnes, et qui, étant abandonnées
aux soins de la bonne nature, ne prennent
pour ainsi dire jamais la forme pyramidale.
Ces plantes luxuriantes de végétation étalent,
au contraire, sur la terre de larges touffes
dont quelques-unes ont près de 2 mètres de
diamètre, et nous pourrions présenter des
centaines de pieds de diverses variétés dans
ces conditions.
Je n’ai pas vu les Azalées à l’état spontané
dans l’Inde ; mais, d’après la végétation natu-
relle que je connais ici à celte plante, je
crois pouvoir affirmer qu’elle ne s’élève pas
ordinairement en pyramide. La nature a
encore été là une mère prévoyante, car, pen-
dant les froids, lorsque les gelées de l’hiver
se font sentir, ce n’est pas le feuillage des
Azalées qui gèle, mais le bois lui-même. Donc
la nature en façonnant ces plantes en touffes
serrées, le bois se trouve naturellement ga-
ranti des froids rigoureux. Dans leur pays
natal, dans les montagnes élevées de l’Inde,
il y gèle avec intensité, et là, connue chez
nous, la nature a dû déployer la même pré-
voyance.
Je me crois donc autorisé à dire : Ne tail-
lez pas vos Azalées; laissez la nature façon-
ner vos plantes, et vous serez satisfaits.
L’Azalée, d’ailleurs, est un arbrisseau qui
prend naturellement des formes gracieuses.
Pourquoi donc mutiler ces jolies plantes,
soit par le pincement, soit par la taille?
Savez-vous, d’ailleurs, si vous ne les faites
pas souffrir en pratiquant cette barbare opé-
ration, et si elles n’ont pas le sentiment de
la douleur? Dans le doute, abstenez-vous.
DE TERMSIEN.
MULTIPLICATION DU NOYER.
Dans de très-nombreuses localités du |
centre de la France, le Noyer est tellement
répandu que le voyageur, ne cesse pas d’en
avoir qnelques-uns sous les yeux, ([uand il
n’en a pas des centaines et même des niil-
liers à saisir d’un seul coup d’œil (vallée de
Vaugues, près Sancerre (Cher), sur le bord
de nos chemins, de nos grandes roules, dans
les vignobles et en plein champ. Mais que
l’on prenne'la moyenne du produit, et 1 on
n’arrivera jamais à démontrer que tous ces
arbres, en plein rapport, rendent plus de
deux doubles décalitres chaque année par
arbre.
De ce que nos Noyers nous donnent des
récoltes aussi insignifiantes, il s’ensuit que
nous ne nous préoccupons nullement de
leur donner des soins de culture; que nous
les arrachons à tort et à travers, sans prendre
aucune information sur leur valeur relative de
production. Aussi entend-on souvent ces la-
mentations tardives : « Quel dommage! c é-
lait un arbre qui payait bien sa place. El
aussi cel autre genre d’exclamation : Voici
.MLi;m>U(;ATiOiN di aovei:.
“299
1111 arbre séculaire <|ui ii’a jamais rien pro-
duit ; il tombe de vétusté et sou squelette
ne produira pas *:2() i’r. à son jiropriétairc.
Combien de litres de haricots et de pommes
de terre n’eiit-ou pas pu recueillir à cette
place, sinon de bonnes noix, depuis un
siècle ! »
Et cependant, malgré cette prodigieuse in-
différence, de loin en loin quelques Noyers
nous sont signalés comme très-remarquables
par leur lertilité : les uns rapportent par an
dix doubles décalitres, d’autres jusqu’à iO
et 50.
Au milieu de semblaliles circonstances, et
après avoir lu dans la llerue horlkolc de
1863 (page 450), un article de M. dcMorlil-
let, qui constateque le département de l’Isère
I et après lui, à son exemple, la Haute-Vienne,
le Lot, la Corrèze, la Charente et la Dor-
dogne), a décuplé sou revenu par une cul-
luiT' intelligente du Noyer, en avant recours
pnncipalernent à la greffe, je résolus d’ap-
jtorler remède à un pareil é'tat de choses.
J’pisai, sur ces entrefaites, un Noyer à
^égélatiou tardive, cité dans le voisinage
comme produisant régulièrement de belles
et bonnes noix, grâce à son mode particu-
lier de végétation qui le met à l’abi i des
gelées printanières Sans tenir compte des
avertissements qui m’étaient donnés par
M. deMortillet, qui soutient que la noix tar-
dive surtout ne se reproduit jamais iden-
tique par le semis, je commençai parsemer
trente noix de inondit Noyer sero/Dm. Hélas!
sur ces trente noix, trente Noyers prirent
bien racine, et formèrent leur tige; mais un
seul accusa la lardiveté.
Déconcerté par ce résultat, je passai
immédiatement à la greffe. Je me trouvais
par hasard alors en pépinière 95 jeunes
Noyers dans un petit coin de mon jardin et
je résolus de les transformer. J’eus recours
pour cela à la greffe en fente et à la greffe
en écusson. Cette dernière ne me réussit
nullement, et cela tient, je crois, à ce que je
ii’ai pas appliqué ma ligature assez près
de 1 œil modilicateur , en dessus connne
en dessous; car, peu de jours après l’opéra-
lion, l’écorce du sujet s’écartait et l’œil
sisolait'du bois auquel je voulais le faire
adhérer. Mais il me restait, et me reste
encore, do mes greffes en fente, 33 sujets
translormos, qui ont dans leur première an-
née de pousse, atteint :2 mètres de hauteur
en moyenne, et qui, aujourd’hui, à leur se-
conde année de végétation, me promettent
déjà quelques fruits.
Si, pour mes expériences de cette année,
je lais la part de la mauvaise qualité des
greffons que je me suis vu obligé d’employer,
jeûnai pas eu un moins bon résultat: sui-
^0 jeunes Noyers d’un seul rana, jVii au-
jourd’biu U greffons qui ont la'tige et la
leuille au vent.
Je comprends que cette expérimentation
a ete laite sur une trop petite échelle pour
entraîner après elle la conviction. Aussi me
suis-je empressé déplanter six cents sujets
que je grefferai au mois de mars et avril pro-
chain ; cette année, au mois de novembre,
J en planterai de nouveau plusieurs milliers’
et nous verrons avant peu qu’il est facile’
dans le centre comme dans le sud-est de la
France, de décupler la récolte de nos Noyers
et d’introduire ainsi chez nous une nouvelle
et importante source de richesse agricole.
Quoique j aie grand souci de ne pas fati-
guer mes lecteurs, je ne puis guère termi-
ner ce petit travail sans faire connaître par
quels moyens je pense arriver à de meilleurs
résultats.
H Je me suis procuré trois arbres re-
marquables par leur fertilité, et je les con-
sacre spécialement à me fournir par le
recepage des rameaux d’un an ou de deux
ans au plus, sains, vigoureux, bien aoûtés en
un mot.
Je gretferai, provisoirement, en lente,
très-près de terre et imur ainsi dire sur
racine.
3'> Les parties soumises à l’opération se-
ront ligaturées fortement avec du chanvre
puis mastiquées. ’
> Enfin, je mettrai mon greffon à l’abri
de la sécheresse jusqu’à la reprise, en l’om-
brageaiit, soit à l’aide d’une cloche, soit, de
préférence, avec des tubes ou cornets’ de
papier blanc.
Toutes les fois que j’ai opéré dans ces
conditions, j’ai obtenu un succès presque
complet, et je garantis les meilleurs résul-
tats à tous ceux qui voudront opérer sans
dédaigner aucune de ces règles établies par
de bien plus savants que moi.
Romain Martin.
Membre do la Sociclé d’agrioulUirc du Ciicr.
PLA^iTES NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES
Tanica saxifraga, Scop. — Charmanlc
plante gazonnante, très-propre à former
des bordures; feuilles linéaires, tenues,
d un vert loncé; fleurs nombreuses d’un
J, 27y la llcr;:e lioKiroh,
beau rose. Multiplication par graines. On
sème celles-ci soit au printemps, soit à
la lin de l’été; on repique en place ou
bien en pépinière. Dans ce dernier cas, les
plantes doivent être levées en mottes.
P(i/i((i:er siiicafiiiu, Bet. Bout. — Celte
300
PLANTES NOUVELLES, KÂlVES OU PEU CONNUES.
plante, que l’on ne connaît guère en dehors
des jardins botaniques, est digne, selon
nous, d’entrer dans les cultures ornemen-
tales. Elle est vivace, originaire d’Orient,
couverte de toutes parts de nombreux pods
laineux, contournés. Ses fleurs, grandes, cà
i pétales, d’un rouge-orange pâle tirant
sur le jaune, blanches à la base, portant un
faisceau d’étamines à^filets blancs, surmon-
tés d’antbères grosses de ta même cou-
leur, rappellent un peu celles du Papaver
orientale. Ses feuilles, grandes, sinuées-
lobées, sont d’un vert très-glauque.
Clerodendron Thonisonæ, Ealf. -- Cette
magnifique espèce, qui vient de fleurir d une
manière splendide dans les serres du
Muséum, est originaire de l’Afrique occi-
dentale. C’est une liane très-vigoureuse,
très-propre par conséquent à garnir les
murs et les colonnes des serres chaudes ^
ses fleurs, qui présentent deux couleurs très-
diflerentes (blanc et rouge) nettement tran-
tranchées, sont très-abondantes. C’est une
plante à grand effet, dont la Renie horticole
donnera prochainement une gravure colo-
riée.
Lychnis Senno. — Plante vivace nouvel-
lement introduite du Japon, assez voisine,
par son port et son aspect général, du TajcU-
nis Büngeana, dont elle est probablement
une forme. Ses fleurs sont grandes, d’un
rouge très-foncé, striées de blanc. Il laut la
culüver en terre de bruyère, à l’ombre.
Ophiopogon Jaburan. — Cette espèce,
qui al’aspect de V Ophiopogon spicatus, mais
qui est plus vigoureuse, a des feuilles pana-
chées de jaune et de vert. C’est une belle
plante à feuillage ornemental, originaire du
Japon. Bien qu’elle soit rustique, pour l’a-
voir belle sous le climat de Paris, on doit la
tenir en serre froide l’hiver. Si l’on en
essayait en pleine terre, il faudrait les placer
au nord, en terre de bruyère, à 1 ombre.
Spiræa Fonlenayüi. — Plante robuste,
vigoureuse et très-tloril)onde. Branches
dressées, à écorce gris-rougeatre. Feuilles
ovales, courtement petiolées, dentées à
partir du milieu, glabres. Fleurs blanches,
disposées en panicules spiciformes, com-
pactes.
Cette belle plante, obtenue parM. Billiard,
dit la graine, pépiniériste à Fontenay, vient
du Spiræa sinensis, Hoit., espèce très-voi-
sine du Sp. canescens, dont elle a du reste
un peu le bois; mais comme elle se lient
beaucoup mieux et que son inflorescence est
complètement différente (le Sp. canescens),
fleurissant en ombelles larges, très-plates,
nous avons préféré la distinguer nettement
par un nom spécifique particulier.
Spiræa Fontenaysii rosea. — Obtenue
par le meme M. Billiard, celle variété ne
diflere de la précédente que par la couleur
de ses fleurs qui est rose-carné.
Spiræa expansa alba. — Port et végéta-
tion semblables à ceux du type. Feuilles Ion-
guement ovales ou ovales lancéolées, lorte-
ment dentées, à dents couchées, aiguës,
tomenteuses de toutes parts, d’un vert-gris
en dessus, incanes ou glauques en dessous.
Fleurs nombreuses, blanches, disposées en
ombelles larges, plates. Obtenue par
M. Billiard, dit la graine, pépiniériste à
Fontenay-aux-Roses.
Guudelia Tournefortii, Linn. — Plante
vivace à feuillage ornemental, pouvant at-
teindre 80 centimètres environ de hauteur,
à écorce d’un vert jaunâtre. Feuilles longues
et assez larges, pinnaliséquées, très-épi-
neuses sur les bords, à nervures larges, d un
jaune pâle ou blanchâtre. Pleine terre.
Multiplication par graine.
Salvia scabiosæ folia , Lam. Cette
vieille plante, â peine connue en dehors de
quelques jardins botaniques, est vivace,
presque sous -ligneuse. Elle est rusti([ue et
très-vigoureuse; ses fleurs très-nombreuses,
disposées en longs épis, sont d’un rose-
carné, plus ou moins violacé. Elles s ep.i-
nouissent depuis le 15 mai environ jusqu’à
la fin de juin. Comme elle prend assez
d’extension, il convient de ne pas la mettre
trop près des chemins. On la multiplie par
graines et par éclats.
Sylibuni viride. — Cette plante, a feuil-
lage ornemental, est une variété du Syh-
buniMarianum ou Chardon Marie. Fille dc-
naturée, elle menace de détrôner sa im're,
sinon par sa beauté, du moins par sa vigueui .
Mais ne devançons pas les événements, et,
au lieu de susciter la haine ou la jalousie
entre la mère et la fille, tachons de tout
concilier et de tirer parti des deux en asso-
ciant leurs qualités. Il va sans dire que,
comme le Sylibuin Marianum, le Sylibunt
viride Gèl annuel.
1,’iin des rioprictaircs : Pixn»..
CHRONIQUE HORTICOLE
(PREMIÈRE QUINZAINE D’AOUT).
Communications relatives aux vingt-cinq variétés de Fraisiers recommandées par la Société centrale d’hor-
ticulture. - Lettre de M. Delaville. - Pétunia Vrêmice, de la Société de Beauvais -
a M. Decaisne par M Balansa. - Voyage scientifique de M. Balansa dans les montagnes de la Turquie
de lArundo cnnspicua au point de vue ornemental. — Destruction des insectes nui-
sibles — Recettes indiquées par le Dulletin de la Société d’horticulture de la Dordoane — Lerfourmis
les altises, les chenilles, le puceron lanigère. — Emploi de l’huile, du chlorure de diaux du sulfure de
po asse, du coaltar. — Floraison du Napoleona Iludelolii au Muséum. — Faits curieux de vé4^ation —
Lettre de M Luizet père. - Transformation d’un Amandier en Pêcher. - Anomal!^ ohservfe S^ la
production fruitière d’un Amandier à fleurs doubles. — Lettre de M. Helye sur quelques arbres remar-
quables. — Végétation rapide du Bamhusa edulis. — Congrès des rosiéristes de^Brie-Comte-Robert —
Exposition de la SociétcMiortic^ole, vigneronne et forestière de l’Aube.- Prochaines expositions horticoles
de Chaloi -sur-Saone, Nuits, Nîmes. — Exposition automnale de la Société impériale et centrale d’hor-
ticulture de I rance. — Expositions des Sociétés d’horticulture de la Sarthe et de l’Ain — Exposition
d horticulture au Vesi net — La fête des fleurs au Pré Catelan. — Exposition d’horticulture au Pré Lte-
lan. — Mort de M. Savart, vice-president de la Société d’horticulture de Meaux
Nous avons encore reçu plusieurs lettres
relatives au vingt-cinq variétés de fraisiers,
recommandées par la Société impériale et
centrale d’horticulture de France ; ces
lettres n’apportant au débat aucun argu-
ment nouveau, nous ne les publierons pas,
et nous considérons la discussion comme
close.
— Nous avons aussi reçu une lettre de
M. Delaville aîné, professeur de la Société
d’horticulture de Beauvais, par laquelle il
nous fait connaître qu’au jardin de la So-
ciété, on a obtenu, de semis, un Pétunia à
fleurs doubles, qui sera mis au commerce
sous le nom de Prémices de la Société de
Beauvais.
— ■ M. Decaisne a bien voulu nous com-
muniquer l’extrait suivant d’une lettre qu’il
a reçue d’un botaniste collecteur, M. Ba-
lansa, dont le nom est déjà connu des hor-
ticulteurs par l’introduction qu’il a faite, en
France, d’espèces intéressantes, telles que
les Amd/gdalus Balansæ et salicifolia, VA-
bies Cilüicay le Pinus Fenzleyi, etc., etc.
Voici l’extrait de cette lettre :
Rizeh % 22 juin.’
... Je reçois à l’instant votre lettre du 3 mai
dernier, dans les montagnes duLaristan. Comme
vous le voyez, j’ai modifié la première partie de
mon itinéraire. Au lieu de me diriger directe-
ment de Trébizonde vers les hauts plateaux de
1 Arménie, qui sont à 1,700 ou 1,900 mètres
d altitude, et où la végétation arborescente est
presque nulle, j’ai préféré explorer une haute
chaîne de montagnes, non encore visitées, et
remarquable par l’étendue de ses forêts. Je
n entre en ce moment dans aucun détail; mais
vos instructions ne me quittent pas. Je me
propose, dans trois mois d’ici, l’exploration du
pays terminée, de vous envoyer un rapport dé-
taillé sur tout ce que j’aurais observé. Malheu-
reusement, plusieurs de mes questions resteront
cette année sps réponse.... — Le climat du
Laristan est singulièrement pluvieux. Nos her-
borisations en souffrent beauco’up. J’ai fait ce-
pendant d’assez belles trouvailles. Quoique la
végétation de ces montagnes se rapproche beau-
* Ville de la Turquie d’Asie, à 40 lieues de Tréhi-
zonde.
coup de celle de l’Europe, on trouve çà et là
quelques types magnifiques. J’ai l’espoir d’avoir
à vous offrir cette année de belles nouveautés
dans les arbres ou dans les arbustes.... — Les
arbres fruitiers abondent à Rizeh. On compte sur-
tout quinze à vingt variétés de Poires dont je
vous préparerai des échantillons, soit en fleurs
soit en fruits.... — Le Pinus Fenzleyi, dont ma
parlé M. Carrière, n’a été publié nulle part.
C est M. Kostchy qui a fait cette espèce pour
un Pin croissant en très-grande abondance dans
le région supérieure du Taurus de Cilicie. Pour
moi, il doit rentrer dans le groupe du P. Lari-
cio, qui compte de nombreuses variétés; je l’ai
pifljlié, au reste, dans mes collections de plantes
d Orient. J’ai rencontré sur les côtes* du Laris-
tan un bois de Pins remarquables par la peti-
tesse de leurs cônes. Ne serai-ce pas le Pinus
Abasica? Pouvez-vous m’envoyer une courte
description de cette espèce, afin de savoir à
quoi m’en tenir? Le Pinus Abasica ayant été
déjà introduit en France, je m’abstiendrais de
faire récolter les graines de mon espèce incon-
nue si elle devait se rapporter à V Abasica...
* Balansa.
Nous remercions bien vivement M. De-
caisne de cette bienveillante et très-intéres-
sante communication. C’est là certainement
une bonne nouvelle, dont nos lecteurs se
réjouiront comme nous. En effet, une excur-
sion dans un pays encore inexploré, faite
par un homme du métier, qui a l’habitude
de ces sortes de recherches, profitera à tout
le monde. Souhaitons donc bonne chance à
M. Balansa.
— En parlant précédemment de VArundo
conspicua {Bevue horticole^ 1866, p. 243),
nous avons fait une omission quenous avons
à cœur de réparer.
Au point de vue ornemental, cette plante
ne vaut pas, à notre avis, une belle variété
de Gijnerium. Mais, outre sa précocité, elle
présente une particularité digne de remar-
que.
Contrairement aux autres plantes, qui se
fanent dès qu’elles sont mortes, VArundo
conspicua QmheWii après sa mort. Voici com-
ment : les hampes, à peu près semblables à
celles des Gynérium, se montrent, s’épa-
nouissent, mais restent toujours raides
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’AOUT)
302
n’onl rien de flexueux, de nébuleux ; tandis
nue si on les coupe et si on les met dans un
aprarteinent sec^ les fleurs s’ouvrent, de-
viennent soyeuses, et aulieu de grises qu elles
étaient, elles passent p blanc pur. Un
pourra donc en confectionner de tres-jolis
iDouquets. Nous croyons même que lors-
qu’on les- coupe en temps opportun, ces
fleurs se maintiennent mieux que celles des
Gynérium.
Nous trouvons dans le Bulletin de lu
Société d'horticultm^e de la Dordogne., 1 in-
dication de quelques procédés pour détruire
les insectes. Bien que nous n’en connais-
sions pas la valeur, nous n’en croyons pas
moins devoir les indiquer, car les insectes
sont des ennemis qui tendent à augmenter
tous les jours, et sont pour la plupart en
dehors de nos atteintes*, on ne doit négliger
aucun moyen de s’en débarrasser.
Ainsi, pour empêcher les fourmis de
monter sur les arbres, on prend, dit le jour-
nal en question, de l’huile à brûler ordi-
naire, qu’on expose au soleil pendant trois
bu quatre jours, ce qui la rend gluante et lui
donne une odeur nauséabonde. On trace
alors, au moyen d’un pinceau ordinaire, à la
distance de 0^.50 du tronc, un cercle de
0^.05 de large autour de l’arbre k préser-
ver, et on répète cela pendant trois ou qua-
tre jours. Ce procédé garantit l arbre pen-
dant quatre ans au moins de l’invasion des
fourmis et des autres insectes destruc-
teurs. , , - ^
Avec un lait de chlorure de chaux dont
on asperge les plantes, le soir ou le matin
de bonne heure, on éloigne, assure-t-on, les
attises, les chenilles, etc. •
Pour éloigner les chenilles des arbres
fruitiers, on prend une partie de chlorure
de chaux que l’on mélange avec une demi-
partie de saindoux, et l’on en forme une pâte
que l’on enveloppe dans de l’étoupe et que
l’on suspend au tronc de l’arbre. Les che-
nilles alors se laissent tomber et ne cher-
chent même pas à remonter.
—En ce qui concerne \ePuceron lanigère,
après avoir essayé une foule de moyens de
destruction dont aucun n’a réussi complète-
ment, on est arrivé aujourd’hui cà conseiller
l’emploi de Peau simple lancée avec une très-
grande force sur les parties attaquées. Ce
moyenne peut en aucune façon être nuisible,
au contraire ; nous n’hésitons donc pas à en
recommander l’usage. Nous ajoutons qu’on
se trouverait bien d’ajouter à l’eau un peu
' de sulfure de potasse; cette subtance, em-
ployée en très-petite quantité, est non-seu-
lement un insecticide, mais un stimulant
pour la végétation. On peut aussi, au prin-
temps, avant le départ de toute végétation,
enduire complètement l’arbre depuis ses
racines (en dégageant par conséquent le
collet) jusqu’à l’extrémité des branches
charpentières, avec du coaltar; si l’on
répète cette opération pendant plusieurs
années, on est à peu près assuré du ré-
sultat.
On voit en ce moment, en fleur, dans
les serres du Muséum une plante très-jolie,
rare non-seulement comme espèce, mais
encore comme spécimen. C’est le Napo-
leona Hadelotii. Ce spécimen, haut d’en-
viron 5 mètres, porte de nombreuses fleurs
rouge-orangé, ayant un peu la forme d’une
sorte de cuvette plate, peu profonde rela-
tivement à la largeur, à bords frangés-
fimbriés, rappelant un peu les nombreuses
tentacules de certaines anémones de mer.
— Un de nos collègues, M. Luizet père,
arboriculteur à Ecully, près Lyon (Rhône),
nous signale un fait de végétation des plus
curieux ; c’est la transformation partielle,
momentanée pourrait-on dire, d’un Amandier
en un Pêcher. Yoici comment M. Luizet
raconte le fait :
(( Cet Amandier-Pêcher, qui est âgée de 7
ans, est greffé sur Pêcher; il est de la grosseur
du bras, bien vigoureux. En 1863 et 1864, il a
porté quelques grosses amandes. Les fleurs, de
très-grande dimension, ont 45 millimètres et
plus de diamètre, elles s’ouvrent très-bien et
sont d’un joli rose clair. Les, bourgeons, forts,
rouge-violacé du côté du soleil, sont verts du
côté de l’ombre. Les feuilles sont longues et
relativememt étroites, bien planes, assez line-
ment dentées. Les glandes sont réniformes,
nombreuses, rouges à l’automne. Les fruits
sont allongés, plus gros et plus charnus que
ceux des autres Amandiers; leur peau, legere-
ment coloré du côté du soleil, est vert jaunâtre
dans l’ombre; elle est bosselée, et sa surface
est très-courtement duveteuse ; la chair, d un
iaune clair, était immangeable, et 1 eau qu elle
contenait, en très-pelite quantité, était complè-
tement dépourvue de saveur. Le noyau gros,
allongé, très-dur, était très-peu rustique. La
maturation de ces fruits a eu lieu en octobre.
« En 1865, cet arbre m a donné six P ecli es et
nas d' Amandes ; ces fruits, un peu au-dessous
de la moyenne, à peu près sphériques ou tres-
léf’èrement ovales, étaient d un rouge m1 du
côlé frappé par le soleil ; la chair,* un peu
jaunâtre, était légèrement savoureuse; sans
être bonne, elle était meilleure que celle des
Amandes. On pouvait la manger. »
Ce fait, assurément des plus curieux, est
de nature à faire réfléchir sur la valeur des
formes, et montre que, dans certains cas,
celles-ci peuvent présenter de notables dit-
férences .
Nous avons été témoin d’un fait semltla-
ble à celui que nous venons de rapporter.
Ce fait, sur lequel nous reviendrons, s est
produit sur un Amandier à fleurs doubles :
après nous avoir donné pendant plusieurs
années des Amandes grosses et longues, a
surface bosselée, à peau verte, courtement
duveteuse, à sarcocarpe très-mince, dehis-
303
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D*AOUT).
ceni, à chair presque nulle, sans saveur, il
a produit pendant deux années de suite des
fruils à peu près sphériques, très-charnus,
indéhiscents, à chair blanche, épaisse, ayant
une légère saveur de Pêche; l’année sui-
vante (Î8G5), cet arbre a encore produit de
très-grosses Amandes.
 quoi ces faits si singuliers sont-ils dus?
Nous n’essayerons pas de le dire; nous nous
bornons à les signaler.
— Les lecteurs n’ont pas oublié la note
très-intéressante qu’avait bien voulu nous
adresser M. Hautin, relativement à quel-
ques Cohymhea imbricata très-remarqua-
bles qui existent dans les environs de Brest.
Cette communication, nous en a valu une
analogue de notre collègue et collaborateur,
M. Helye, chef de culture au Muséum.
La voici :
(( Mon cher collègue,
«: La science générale, ainsi que vous l’avez
dit plusieurs fois avec beaucoup de raison, est
le résultat de faits particuliers qu’on a réunis.
C’est afin de faciliter celle-là, en ce qui con-
cerne les végétaux, que je vous adresse ces
lignes qui m’ont été suggérées par les faits très-
intéressants que vous a communiqués M. Ilau-
tin, et que vous avez publiés dans votre der-
nière chronique. Les faits que je vais faire con-
naître, qui se rapportent aux conifères, n’ont
certainement pas l’importance de ceux dont
nous a entretenus M. Hautin, néanmoins, ils
présentent aussi un certain intérêt.
(( Les arbres dont je vais parler, sont plantés
dans la propriélé de M. Guy, maire de Saint-
P)rice-sous-Forêt (Seine-et-Üise) ; ce sont :
t W ellingtonia gigantea, qui, en 1857, lors-
qu’il fut planté, avait 0m.40 de hauteur; cet
arbre, très-beau, a aujourd’hui 7"’. 60 de hau-
teur sur de circonférence à \ mètre du
sol; il forme une pyramide conique tellement
compacte qu’il est tout à fait impossible de voir
sa tige; 1 Abies Nordmanniana, bien que jeune,
mesure 3”. 20 de hauteur. Plusieurs Plcea mo-
rinda, également très-beaux, mesurent près de
6fïi.50 de hauteur; 1 Cedrus Deodora, très-vi-
goureux, 6“. 60 de hauteur;! Cedrus Deodora
robusta, a 2“’.70. Il existe aussi, dans la même
propriété, un certain nombre de Pinus excelsa
qui poussent avec vigueur, et qui sont d’une
beauté vraiment remarquable.
« Ces quelques conifères ne sont pas les seuls
’ qui sont plantés chez M. Guy, mais ce sont les
plus forts et les plus beaux; ce sont aussi ceux
dont on peut recommander la plantation.
4 D. Hélye. »
Les communications de cetle nature sont
des plus intéressantes, et si nos lecteurs vou-
laient bien, chacun de leur côté, en faire
de semblables, en très-peu de temps on con-
naîtrait le bilan des arbres remarquables
qui existent en France. Déjà M. de Terni-
sien nous a transmis un article fort ins-
tructif sur quelques conifères remarqua-
bles, cultivés à Cherbourg. On trouvera
plus loin cet article (p. 314).
— Dans notre chronique du Ici" juillet
dernier, page 243, nous avons parlé d’un fait
de végétation extrêmement rapide du Ban-
busa viridi-glaucesceus, au Muséum; au-
jourd’hui nous allons faire connaître un fait
de même nature qui se montre en ce moment
au fleuriste de la Ville de Paris sur le Bmi-
busaedulis. Cette espèce, — dont nous indi-
querons les caractères dans l’énumération
des plantes nouvelles ou rares, — plantée
depuis deux ans seulement en pleine terre,
vient de développer trois forts bourgeons,
dontl’un, dans l’espace d’environ trois semai-
nes, a acquis une hauteur de 4 mètres sur
presque 3 centimètres de diamètre. Notons
qu’il n’a pas atteint toutes les dimensions
qu’il est susceptible d’acquérir. C’est très-
probablement l’espèce qui est appelée à
rendre le plus de services sous le climat ^
de Paris. Nous y reviendrons.
— Décidément le vent est aux congrès.
Aujourd’hui, il y a des congrès politique,
diplomatique, harmonique, philarmonique,
pomologiques, etc. etc. D y a aussi des con-
grès scientifiques de toutes natures, et tout
récemment, ainsi que nous l’avons dit dans
notre dernière chronique, on vient de for-
mer un congrès des rosiéristes. Celui-ci,
encore à l’état naissant, ira-t-il bien loin ?
Nous n’oserions l’assurer; néanmoins, nous
lui souhaitons bonne chance. Quoi qu’il en
soit, voici comment il est composé :
Président d'honneur: M. le Préfet- de
Seine-et-Marne.
Vice~présidenl dlwnneur: M. Belin, mem-
bre du conseil général, maire de Brie.
Président titulaire du congrès : M. Ca-
mille Bernardin, président de la Société
des Bosiéristes de Brie-Comte-Bobert.
Vice-présidents : M. Cochet, rosiériste à
Suisnes, près Brie; M. Eugène Verdier, ro-
siériste à Paris.
Secrétaire générât : M. Eugène Dela-
marre, de Coulommiers.
Secrétaires : M. Levêque, rosiériste à Pa-
ris; M. Dubois rosiériste à Brie.
Trésorier: M. Gautreau, rosiériste à Brie.
Membres du Conseil : MM. Cochet- Aubin,
rosiériste à Grisy -Suisnes; Granger, rosié-
riste à Suisnes; Charles Verdier, rosiériste
à Paris; Margottin père, rosiériste à Bourg-
la-Beine.
— Dans notre dernière chronique, nous
avons annoncé qu’une grande exposition de
la Société horticole-, vigneronne et forestière
aurait lieu au mois de septembre à Troyes.
Aujourd’hui, d’après de nouvelles dispo-
sitions, le jour de l’ouverture est changé.
Voici, à ce sujet, la lettre que nous adresse
notre collègue et collaborateur, M. Charles
Baltet :
« L’exposition générale de la Société hor-
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’AOUT).
ticole, vigneronne et forestière à Troyes, est
devancée de huit jours. Elle aura lieu du 26
août au 4 septembre, de sorte qu’elle ouvrira
le jour des courses de chevaux et finira le len-
demain de la Saint-Fiacre.
Elle admettra de tous les pays, les produits
horticoles, viticoles et sylvicoles; les oiseaux de
basse-cour et de luxe ; l’apiculture, la séricicul-
ture, la pisciculture, les accessoires de chasse
et de pêche, les objets d’art ou d’industrie
agronomique, etc.
Les exposants enverront leur déclaration
avant le 15 août, à M. Argence, maire de
Troyes, président de la Société, et les objets
seront adressés à M. Dosseur, commissaire-gé-
néral du concours, dans la Vallée-Suisse, à
Troyes, avant le 25 août.
— Une exposition d’horticulture aura
lieu à Chalon-sur-Saône, à partir du 29 août
jusqu’au 2 septembre inclusivement.
Pour cette exposition, 29 concours sont
ouverts, dont 23 se rapportent directement
à l’horticulture, les autres s’y rattachent
plus ou moins directement.
Les objets exposés ne seront reçus que
les 27 et 28 août de 7 heures du matin à
6 heures soir, et, pour les fleurs coupées,
seulement le 29, de 7 à 9 heures du matin.
Il est un article du règlement qui nous pa-
raît devoir donner de bons résultats, c’est
l’article 13, ainsi conçu : « Les exposants
sont invités à placer sur chaque objet, en
chiffres connus, le prix de vente. » Si cet
article est honnêtement et rigoureuse-
ment exécuté, les visiteurs de l’exposi-
sition auront des renseignements exacts
sur la valeur des lots exposés, et pourront
faire leurs achats en connaissance de cause.
— Après l’exposition de Chalon-sur-
Saône, se présente celle de l’arrondissement
de Beaune, qui se tiendra à Nuits (CôtQ-
d’Or), à partir du samedi 15 jusqu’au lundi
17 septembre.
Cette exposition comprend 21 concours,
dont 20 se rapportent directement à l’horti-
culture; le 21e embrasse tout ce qui est re-
latif aux arts ou à l’industrie horticole.
— Du 13 au 16 septembre 1866, aura lieu
à Nîmes une exposition d’horticulture. Cette
exposition, qui se tiendra dans l’enceinte de
la Fontaine, comprendra, indépendamment
des fleurs, plantes et fruits, tous les objets
d’art ou d’industrie qui se rattachent à l’hor-
ticulture et à la botanique. Tous ceux qui dé-
sirent exposer devront remettre au secré-
tariat de la mairie de Nîmes, avant le 5 sep-
tembre, un état indiquant leur nom, leur
domicile, la liste des objets qu’ils veulent
exposer, ainsi que les concours auxquels ils
désirent prendre part. Les objets exposés
devront être rendus dans le local de l’expo-
sition le 11 septembre, excepté pour les
fleurs coupées, qui pourront n’être apportées
que le jour même avant sept heures du
matin.
La Société impériale et centrale d’hor-
ticulture de France fera sa prochaine expo-
sition automnale dans son hôtel, rue de
Grenelle-Saint-Germain, 84, à partir du 29
septembre jusqu’au 3 octobre 1866 inclu-
sivement. Tous les horticulteurs et ama-
teurs français et étrangers sont invités à y
prendre part.
^ Le règlement de cette exposition ne dif-
fère pas sensiblement des autres règlements
adoptés en pareil circonstance.
Nous appellerons seulement l’attention
sur l’article 5, qui est ainsi conçu : « Tous
les objets admis à l’exposition devront être
à l’avance étiquetés correctement et lisible-
ment. » — Jusqu’à présent, cette condition,
qui est presque toujours stipulée dans les
programmes, n’est jamais remplie. G’était
lettre morte! Ensera-il autrement à la pro-
chaine exposition? Nous nous promettons
de le dire.
— Les 5, 6 et 7 octobre 1866, aura lieu,
au Mans, la 15® exposition de la Société
d’horticulture de la Sarthe.
— La Société d’horticulture pratique de
Bourg, dont nous avons dit quelques mots
dans notre numéro du 16 juillet, page 262,
fera sa 13e exposition à partir du samedi
jusqu’au lundi 17 septembre inclusivement.
Tous ceux qui voudront exposer, devront
écrire franco au secrétaire de la Société, à
Bourg-en-Bresse, avant le 20 août. — Les
objets destinés à l’exposition seront reçus à
partir du jeudi 13 septembre jusqu’au
samedi 15, à dix heures du matin, sous peine
de ne pouvoir concourir. On ne pourra expo-
ser que des produits qu’on a cultivés soi-
même depuis deux mois au moins. Si ce
sont des outils ou des instruments hortico-
les, ils devront avoir été fabriqués, inventés
ou au moins perfectionnés par l’exposant.
Un concours particulier est ouvert entre
les instituteurs de l’arrondissement de Tré-
voux. Une somme de 100 francs et des
médailles sont mises à la disposition du jury
pour être réparties entre les instituteurs
dont les jardins seront les plus remarqua-
bles par leur culture et leur bonne tenue.
— Les 26, 27 et 28 août 1866, aura lieu
au Vésinet une exposition d’horticulture.
Les objets destinés à l’exposition devront
être rendus au frais de l’exposant, à la tente
dressée à cet effet, sur une des pelouses, en
face la gare du chemin de fer, le vendredi
avant 6 heures du soir. Tous ceux qui vou-
dront exposer devront en faire la demande
à M. Emile Gappe, secrétaire général de la
Société d’horticulture de Saint-Germain, 8,
rue de l’Eglise, au Vésinet, avant le 23 août,
terme de rigueur. 33 concours sont ouverts,
ainsi répartis : deux pour la culture maré-
chaîre, huit pour la culture fruitière, seize
pour les plantes d’agrément; les sept autres
305
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’AOUT).
concours sont spéciaux pour leVésinet, soit
pour les jardiniers, soit pour les amateurs.
Une commission spéciale stalura sur ces
sept concours.
— La fête des fleurs, organisée depuis
quelques années à l’occasion de la Saint-
Fiacre, et qui se tient au Pré-Catelan (Bois
de Boulogne), joindra cette année, aux di-
vertissements habituels, une exposition
d’horticulture qui commencera le jeudi 30
août pour finir le dimanche soir 2 septem-
bre. Les demandes des exposants devront
être faites avant le 25 août, et être adres-
sées àM. le secrétaire de l’exposition, 141,
rue de la Tour, à Passy-Paris. Les produits
seront reçus jusqu’au jeudi 30 août, à 9
heures du matin, terme de rigueur. Cette
exposition comprendra trente concours pour
lesquels seront affectés des médailles d’or,
d’argent, de vermeil, de bronze, ainsi que
divers autres objets qui seront donnés
comme récompenses.
— La Société d’horticulture de Meaux
vient de perdre un de ses membres, M. Sa-
vart, architecte, vice-président honoraire
de la société, dont il était l’un des fonda-
teurs. Amateur éclairé de jardinage, doué
d’un grand esprit, homme d’énergie et de
dévouement, on le trouvait toujours prêt à
payer de sa personne. Non-seulement la
Société d’horticulture de Meaux, dont il était
l’un des soutiens, mais tous ceux qui l’ont
connu, perdent en lui un bon conseiller et
un véritable ami.
E. A. Carrière.
ERYTRINA CRISTA GALLE
Cette plante se cultive en orangerie dans
presque toute la France, mais, dans ces
conditions, il est difficile d’obtenir tout le
développement dont elle est susceptible.
Pour arriver à un bon résultat, il suffira
d’employer le procédé suivant, qui nous a
toujours réussi : on met la plante en pleine
terre dans un endroit bien exposé au soleil,
et l’on choisit un terrain sain et parfai-
tement drainé pour que l’humidité ne
vienne pas, en hiver, faire pourrir les ra-
cines. Au commencement du mois de no-
vembre, lorsque les gelées sont à craindre,
on coupe les tiges ras de terre, et l’on
recouvre la souche d’une cloche à melon.
Cela fait, on entoure chaque cloche de
sable, en ayant soin toutefois de laisser à
découvert la partie supérieure.
En décembre, janvier et février,, quand
les gelées sont très-fortes, on recouvre en-
tièrement chaque cloche d’une brouettée de
fumier de cheval; seulement, si le temps
le permet, si le soleil se montre, on doit
ôter le fumier qui occupe le sommet
^ de la butte pour permettre à la lumière de
parvenir jusqu’à la plante. En mars, on
enlève le fumier pour ne plus laisser que
le sable ; puis, à la fin d’avril ou au com-
mencement de mai, dès que les chaleurs
arrivent et qu’on voit à travers la cloche
les jeunes bourgeons se développer, on
enlève le dernier abri, laissant la plante
entièrement libre. Les tiges poussent aus-
sitôt avec vigueur, et atteignent quelquefois
plus de 2 mètres. Au bout de 5 ou 6 ans
de ce cette culture en pleine terre, chaque
touffe peut facilement donner de 25 à 30
tiges, longues, en moyenne, de 1^.50 à
2™. 25, et portant chacune 40 à 60 fleurs
sur une longueur de 15 à 25 centimètres. On
peut ainsi, tout en restant quelquefois au-
dessous de la réalité, estimer à 12 ou 1,500
le nombre des fleurs, et la floraison dure
pendant les mois de juillet et d’août. Peu
de plantes produisent dans les jardins
autant d’effet que l’Erythrina bien cultivé,
et, pour l’obtenir tel, il n’y a pas, comme
on le voit, de grands sacrifices à faire. On
peut encore arriver à un plus ample déve-
loppement de cette plante en tapissant, en
été, le sol d’une bonne couche de fumier et
en arrosant le tout; c’est ainsi qu’aujour-
d’hui nous possédons une douzaine d'Ery-
thrina crista Galli du plus charmant effet.
André Leroy.
UNE VIEILLE PLANTE PROPRE A FORMER DE BEAUX GAZONS.
Cette plante, tout le monde a pu la re-
marquer; à cause de la découpure de ses
feuilles, elle est connue de tout temps sous
le nom de mille-feuilles (Achillea millefo-
lium, Linn.)
Peu de plantes sont aussi élégantes, et,
de plus, sont aussi rustiques. En effet, si elle
s’accommode de tous les terrains, quelque
humides qu’ils soient, elle s’accommode
également bien des plus secs. Elle est très-
jolie, gazonnante à l’excès; de plus, elle
supporte très-bien la tonte et constitue des
gazons d’une légèreté et d’une beauté dont
aucun de nos gazons ne fournit d’exemple.
Elle est aussi très-vivace, et on peut la mul-
tiplier par la division des souches et par
graines, en un mot, elle réunit toutes les
qualités qu’on peut désirer. Il est vrai
306 UNE VIEILLE PLANTE PROPRE
qu’elle n’a pas eu le bonheur d’avoir pour
berceau la Chine ou tout autre pays éloi-
gné. Non, elle croît partout, le long des che-
mins, à nos portes, etc. D’où vient donc
que, jusqu’ici, on n’en a pas encore tiré parti?
Probablement parce qu’on n’y a pas songé.
Cet articlesul’fira-t-il pour appeler l’atten-
tion sur VAchillea millefoliwn et le faire
employer à constituer des gazons, auxquels,
par sa nature, il paraît si merveilleusement
approprié? Je le désire, moins pour la
A FORMER DE BEAUX GAZONS.
plante qui peut très-bien se passer de ce
privilège, que pour nous, qui avons tout à y
gagner !
^ S’il m’était permis de prédire l’avenir, je
ne craindrais pas d’affirmer que VAchiUea
millefolium aura le sort du Lierre, et que,
bientôt peut-être, il aura remplacé le fameux
Ray-grasSj considéré pendant si longtemps
comme le roi des gazons.
E. Lebas.
DU REMPOTAGE
Y a-t-il une époque déterminée pour exé-
cuter le rempotage? Pour bien se rendre
compte de cette opération, il faut se rappe-
ler deux choses : Qu’un végétal vivant est
un être qui consomme, qui absorbe, et qui,
par conséquent, a besoin de trouver, sous
une forme particulière, les matières propres
à réparer ses pertes; que le végétal,
considéré comme être vivant, peut souffrir
s’il subit de mauvais traitements, ou^ des
traitements faits inopportunément, ou bien
encore si on lui donne des matières qui ne
sont pas en rapport avec sa nature. En rai-
son même de la souffrance, le naal, qui est
plus ou moins grand, se traduit à l’exté-
rieur sur la végétation, soit en la rendant
plus chétive, soit en donnant aux organes
foliacés (pousses et surtout feuilles), une
couleur pâle, plus ou moins cblorosée.
Dans le développement annuel des plan-
tes, on peut distinguer deux époques : l une
d’activité, l’autre de repos. Ces époques,
très-distinctes et faciles à saisir chez les
plantes à feuilles caduques, sont parfois au
contraire difficiles à apprécier cliez les vé-
gétaux à feuilles persistantes.
Quelle que soit la cause qui détermine le
repos des plantes et amène la chute des
feuilles, on peut la considérer comme due
à un état de malaise, jusqu’à un certain
point analogue à la mue chez les animaux.
Or, le rempotage des plantes devant tou-
jours fatiguer celles-ci, ce n’est pas quand
elles souffrent déjà qu’il faut le pratiquer.
On voit donc que ce n’est pas lorsque les
plantes sont en repos ou qu’elles vont y
entrer, qu’il faut les remporter; c est au
contraire lorsqu’elles arrivent à leur période
de développement. Il pourra y avoir des
exceptions, mais, quelles qu’elles soient,
elles ne détruisent pas la règle.
D’un autre côté, chaque plante ayant,
pour ainsi dire, son tempérament et son
FAGUS CÂ
Le Fagus Caroliniana est-il une espèce,
et, dans le cas négatif, quel est-il? Telle est
la question que nous posons, question que
DES PLANTES.
mode de végétation particulier, il s’ensuit
que l’on doit les surveiller et les observer
afin de leur donner tous les soins qu’elles
réclament. C’est là ce qui explique les
difficultés qu’on éprouve lorsqu’on cul-
tive une nombreuse collection d’espèces
très-variées, et la facilité au contraire des
cultures spéciales. Représentons-nous une
serre quelconque, chaude ou froide, d’un
grand établissement,' comme celui du Mu-
séum, par exemple, renfermant des plan-
tes de tous les pays , de tous les cli-
mats presque , qui croissent aussi dans
des conditions très-différentes, les unes vi-
goureuses, les autres délicates; celles-ci à
feuilles caduques, celles-là à feuilles per-
sistantes, etc. Toutes ces plantes entrant en
végétation à des époques très-différentes,
il "faudra donc les rempoter à des époques
aussi très-diverses. Supposons, au contraire,
une serre occupée par un seul genre de
plantes, soit Cduiélid-, Azalées, Peldvgo-
niiim, etc., etc., dans ce cas, toutes de-
mandant les mêmes soins, rien n est plus
facile que de les leur donner. Ceci,^ nous le
répétons, explique la supériorité qu ont tou-
jours les spécialistes quand on les compare
à ceux qui font des généralités.
Mais comme le rempotage a pour but de
'donner à la plante la nourriture dont elle a
besoin ; et, comme la faim n a pas d epoque,
il s’ensuit encore qu’il est impossible de
bien fixer le moment ou 1 on doit pratiquer
cette opération. Maintenant, on comprendra
facilement que le rempotage qui se fait à des
époques toujours fixes, comme cela se pra-
tique encore dans certains établissements,
est dû à une ancienne habitude, à la rou-
tine séculaire et à la profonde ignorance
des notions les plus élémentaires de la
physiologie végétale. Dans un prochain
article, nous traiterons des arrosages.
Thibaet.
nous laisserons résoudre à nos lecteurs
après leur avoir exposé les faits.
Mais, avant d’aborder ce sujet, quelques
FAGUS CAROLINIANA.
détails préliminaires nous paraissent néces-
saires. Disons d’abord que le Fagus Caro-
liniana est un arbre en général délicat, qui
nous paraît devoir rester beaucoup plus
faible que le Hêtre commun {Fagus syl-
vatica)\ ses rameaux, en général courts,
sont gros, couverts d’une écorce d’un vert-
gris, marquée de lenticelles ou points blancs;
ses feuilles sont très-longuementet régulière-
ment elliptiques, acuminées, aiguës au som-
met, très-régulièrement et fortement ner-
vées comme celles du Chàtaigner commun,
auxquelles, du reste, elles ressemblent assez
sous tous les rapports, ce qui a valu à
cette plante la qualification de castanxfolia.
Ajoutons que ces feuilles, d’un vert roux,
sont très-douces au toucher en dessous,
grâce au duvet très-court et serré-feutré qui
les recouvre. Mais, avant tout, nous ferons
observer qu’aucune partie d’un végétal
ne pouvant être exactement semblable à une
autre, et, possédant au contraire des pro-
priétés particulières, on pourra parfois ob-
tenir soit par boutures, soit par la greffe,
des individus présentant des caractères dif-
férents de celui dont ils proviennent, surtout
si l’on réfléchit que chaque œil, chaque bour-
geon peut être consi léré comme un végé-
tal qui a ses caractères propres.
Tout ceci est d’une vérité rigoureuse, et
si l’on a rarement l’occasion de le constater,
c’est que nos moyens d’appréciation sont
DE LA VALELR
DANS LES CONES DES
Si l’on examine chez les végétaux les di-
mensions, les formes, les couleurs, les po-
sitions, la nature des organes, etc., on
reconnaît toujours, entre les points qu’on
considère comme les extrêmes des séries,
une quantité plus ou moins grande d’inter-
médiaires qui les relient en les confon-
dant.
En faisant l’application de ces principes
aux diverses espèces de Sapins on verra
qu’ils sont d’une vérité rigoureuse, et que
les caractères qui distinguent les séries re-
gardés jusqu’ici comme absolus, bien
qu’ils soient très-accentués et très-sensibles
lorsqu’on les considère dans leurs points
extrêmes , s’affaiblissent et disparaissent
même lorsque, en poussant un peu l’expé-
rience, on se rend compte des résultats.
Pour le démontrer, prenons deux plantes
regardées non-seulement comme spécifique-
ment distinctes, mais appartenant même à
des sections diverses : VAbies balsamea et
VAbies fraseri. Le premier a les bractées in-
cluses, le deuxième les a saillantes. Si l’on
sème des graines de l’une et de l’autre on
pourra, dans l’un comme dans l’autre cas.
insuffisants, car les faits existent. Quelque-
fois pourtant les faits deviennent patents, et
il arrive alors qu’un œil donne un bourgeon
qui présente des caractères tout autres que
l’individu dont il provient, soit par ses
fleurs, soit par ses feuilles, par ses fruits, etc.
C’est ce qu’on nomme un accident. Ce fait,
que nous considérons comme une rare
exception, est cependant assez commun;
ce qui est exceptionnel pour nous, c’est sa
manifestation aussi brusque, et avec des
caractères si fortement accusés.
On ne saurait jamais trop se pénétrer de
ces principes qui sont rigoureusement vrais.
C’est pour les avoir ignorés ou n’en avoir
tenu aucun compte qu’on est souvent étonné
de certains faits, qui pourtant n’ont rien que
de naturel. Ce sont eux qui sont cause de
certaines formes qu’on rencontre souvent et
dont on ne peut alors comprendre l’origine.
Mais, revenons au Hêtre dit de la Caroline
ou à feuilles de Châtaignier, et si nous de-
mandions à nos lecteurs quelle est la valeur
spécifique de cet arbre qui parfois émet des
rameaux du Hêtre commun, ils n’hésite-
raient peut-être pas à répondre que c'est^ un
accident du Hêtre commun, et ils auraient
raison. Bien des fois nous en avons eu des
exemples, et celte année comme l’année pré-
cédente, nous l’avons observé de nouveau
dans les pépinières impériales, à Trianon-
Yersailles. Briot.
DES BRACTÉES
/ÉGÉTAUX CONIFÈRES.
obtenir des plantes qui auront des carac-
tères opposés à ceux de leurs parents. Par
exemple des graines de l’espèce à bractées
incluses, on pourra obtenir des plantes à
bractées plus ou moins saillantes; de même
qu’en semant des graines de l’espèce à brac-
tées saillantes,^ on pourrait obtenir des
plantes à bractées incluses.
On nous objectera peut-être que les Abies
balsamea et fraseri ne sont pas des espèces,
mais seulement des formes d’un même
type, etc. Soit, mais l’expérience n’en dé-
montre pas moins cette vérité, que de l’un
peut sortir l’autre, et vice versa, et que,
d’après notre classement, nous sommes con-
duits à éloigner l’enfant de sa mère!...
Cependant ce n’est pas tout d’avoir dit que
l’un est une forme de l’autre; il se présente
cette autre difficulté : Lequel des deux est
le type? Cette question est secondaire heu-
reusement, car elle est insoluble !
Si, en poursuivant l’expérience, onsuppose
que la plante à bractées saillantes est le type,
il faut admettre que VAbies fraseri en est une
variété à bractées saillantes; si, au contraire,
on prend ce dernier comme type, on est con-
308
DE LA VALEUR DES BRACTÉES DANS
duit'à admettre que VAbies balsamea en est
une variété à bractées incluses. Dans les pre-
miers cas, il y aurait eu ascendance ou aug-
mentation, dans le deuxième, il y aurait eu
descendance ou diminution. Dans les deux
cas, on aurait été obligé, poursuivre l’ordre
scientifique, de faire ce que nous avons déjà
dit : séparer les enfants des parents ; par
conséquent, en voulant trop classer, on se-
rait conduit à déclasser.
Ce qui a dû jusqu’ici empêcher de re-
marquer le fait que nous signalons, c’est
que, en général, on ne tient pas compte de
l’origine des plantes; aussi, presque tou-
jours, on juge cette origine d’après les ca-
ractères généraux que présentent les plantes.
Voici une plantation de Sapin par exem-
ple, ce sont des Abies balsamea ou fraseri
(ils sont tout à fait semblables par leurs
caractères physiques), ils ont des cônes; si
en les regardant attentivement, vous voyez
que les bractées sont incluses, vous conclu-
rez que vous avez affaire kV Abies balsamea.
Mais attendez, voici bans le même lot quel-
ques individus dont les bractées sont sail-
lantes; cette fois, plus de doute possible, on
a devpt soi VAbies fraseri. Ce n’est pas
tout, il y a parmi ce groupe d’autres arbres
dont les bractées sont très-courtes, il est
vrai, mais qui malgré cela sont visibles.
MAGNOLIA GRAND
La plante qui fait le sujet de cette note, le
Magnolia grandiflora anglorim, est encore
très-peu connue, bien qu’elle mérite en tout
point de l’être. Il y a 50 ans environ, un
horticulteur de Jersey, nommé Bodin, faisait
le commerce des plantes nouvelles et ser-
vait en quelque sorte d’intermédiaire entre la
France et l’Angleterre. A l’un de ses voyages
en France, il était porteur de la plante en
question, qu’il nous venditmoyennant 300 fr. ;
cet homme en ignorait l’origine ; tout ce
qu’il put nous dire, c’est que cette plante
venait d’Angleterre, et, comme elle était une
variété du Magnolia grandiflora, nous lui
donnâmes, pour la distinguer, le qualificatif
d'anglorum, nom sous lequel nous l’avons
toujours vendue depuis. Aujourd’hui, la
plante-mère a au moins 8 mètres de hauteur.
Lorsque cette variété estplantéejeune, et
RUDGEA
La jolie Rubiacée choisie pour le sujet de
cet article, faisait partie du lot remarquable
de plantes nouvelles qui ont valu à M. Lin-
den une série de premiers prix à la dernière
exposition de Londres.
C’est une plante brésilienne que ce pau-
:s CONES DES VÉGÉTAUX CONIFÈRES.
Qu’en ferez-vous? Les considérerez-vous
comme des Abies balsamea dont les bractées
se sont un peu allon- gées, ou bien comme
des Abies fraseri à bractées très-courtes?
Nouvel embarras pour l’observateur.
Il ne faut pas croire que ces supposi-
tions sont gratuites; non, car tout récem-
ment nous avons été témoin des faits que
nous venons de rapporter, et c’est précisé-
ment 1 embarras dans lequel nous nous
sommes trouvé qui nous a suggéré cet arti-
cle.
Nous pouvons même ajouter que tout les
arbres qui ont présenté les différen-
ces que nous venons de rapporter prove-
naient d’un même semis fait avec des grai-
nes d' Abies balsamea.
De tout ceci doit-on conclure qu’il faille
renoncer à toute classification? Non, certai-
nement, car ce serait perdre un avantage sans
en rien retirer, pas même de la satisfaction.
Dans un grand travail sur l’espèce, qui
nous occupe depuis longtemps, nous trai-
terons la question ab ovo, et, après des
considérations générales, nous entrerons en
matière en partageant notre travail en trois
parties : 1» U espèce scientifique; 2^ V espèce
pratique; 3® V espèce philosophique.
E. A, Carrière.
FLORA ANGLORUM.
et que les arbres sont abandonnés à eux-
mêmes,' ils forment de forts buissons, très-
larges, se couvrant pendant tout l’été de
fleurs qui atteignent jusqu’à 30 centimètres
de diamètre et se détachent sur le vert bril-
lant des feuilles. Les pétales sont très-
épais, charnus et d’un blanc mat; les feuilles
sont relativement courtes, ovales arrondies,
vertes et brillantes en dessus, fortement
rubigineuses en dessous.
Cette variété n’est pas délicate ; on la
cultive absolument comme les autres. Il en
est de même de sa multiplication; on la fait
pp couchages qu’on laisse 2 ans en terre, ou
bien on les greffe en fente, ou en placage,
plus rarement en approche, sur des sujets
de semis du Magnolia grandiflora, ou ob-
tenus par couchage du M. purpurea.
André Leroy.
NIVOSA.
vre Libon, peu de temps avant sa mort, avait
rencontrée sur les bords et dans la province
du Parana (Brésil extra-tropical). A pre-
mière vue, elle lui avait paru rentrer dans le
genre Psychotria, si fécond en espèces dans
ces contrées, et il l’avait envoyée à son cor-
RUDGEA NIVOSA.
309
respondantsousle nom àePsychotrianivosa.
C’est sous cette appellation que M. Linden
l’a provisoirement conservée jusqu’ici, qu’il
l’a vue fleurir et qu’il l’a exposée pour la
première fois à Kensington au mois de mai
dernier.
Cependant il doutait lui-méme de l’exac-
titude de ce nom. Un examen attentif, fait
sur de nouvelles fleurs qu’il nous a envoyées,
nous a démontré que la plante était un Riid-
gea, genre voisin des Psychotria. La section
des Rubiacées, dans laquelle rentrent ces
deux genres, est, du reste, fort mal définie;
le nombre des espèces qu’elle renferme est
considérable (le seul genre Psychotria ren
ferme seul 227 espèces décrites dans De Can-
dolle et Walpers), que M. Weddel lui-même,
le botaniste le plus exercé dans cette spé-
cialité, s’y est trouvé souvent embarrassé.
C’est ainsi que, tout en n’hésitant pas à
faire rentrer l’espèce qui nous occupe dans
les Rudgea, dont elle a tous les caractères,
nous devons en ajouter quelques-uns, in-
connuz de Salisbury lorsqu’il créa le genre.
Nous croyons que ce moyen est préférable
à l’établissement d’un genre nouveau qui
ne différerait de celui-ci que par deux ou
trois détails insignifiants.*
Voici, d’ailleurs, les caractères distinctifs
des Psychotria et des Rudgea. Un parallèle
immédiat nous paraît le seul moyen de sai-
sir d’un regard les différences qui leurs
sont propres.
i Genre Psychotria, Linn.,
! gen., pl. n° 225.
! Tube du calice ovale,
limbe court à cinq lobes,
ou à 5 dents ou presque
I entier. Corolle en enton-
I noir, courte, à cinq divi-
I sions régulières, à limbe
1 étalé ou recourbé, à
I gorge velue ou glabre.
! Cinq étamines, à anthères
j saillantes en dehors, ou
I insérées sur la gorge-,
stigmate bifide. Feuilles
pétiolées.
Genre Rudgea, _ Salisb.
trans, soc. lin.
Tube du calice ovale
globuleux, limbe à cinq
lobes aigus. Corolle à
tube long, grêle, arrondi,
à cinq lobes étalés re-
courbés, pourvus d'un
onglet sur le dos, aigus,
à gorge nue. Anthères
incluses , sessiles , insé-
rées au-dessous de la
stigmate bilamellé.
Ramilles et pétioles gla-
briuscules cendrés. Feuil-
les opposées, grandes, un
peu glabres. Panicule ter-
minale, épaisse, bractéo-
lée, à ramules opposés ;
fleurs noircissant par la
dessiccation.
un genre nouveau. Ce n’est pas, d’ailleurs',
le premier exemple d’une Rubiacée portant
à la fois des fleurs à 4 et à 5 divisions, et,
deux espèces de Rudgea étant jusqu’ici seules
connues (R. lançœfolia et R. ovalifolia), il
n’est pas étonnant que les caractères d’un
genre si peu connu soient modifiés par des
espèces nouvelles.
Le Rudgea nivosa, que nous appellerons
en français, si vous le voulez bien, rudgea
AUX FLEURS DE NEIGE , est un arbuste ra-
meux, à tiges cylindriques et vertes dans leur
jeunesse. Il porte des feuilles opposées, sessi-
les, ovales-oblongues un peu acuminées à
l’extrémité, parfaitement entières, glabres et
d’un beau vert brillant en dessus, plus pâles
et pubescentes en dessous dans leur jeune
âge, â bords un peurévolutés. Une nervure
médiane, saillante en dessous, partage régu-
lièrement le limbe. Ces feuilles sont accom-
pagnées à leur insertion de stipules ovales,
bifides, embrassantes, pourvues de longs
poils roux.
Les fleurs sont charmantes. Elles naissent
au sommet des rameaux (fig. 36) et forment
des corymbes d’un beau blanc et d’un aspect
neigeux. Le corymbe, irrégulier, se compose
de fleurs à pédoncules et pédicelles fermes,
dressés, blancs, hérissés d’une laine blanche
longue et épaisse, qui les enveloppe, ainsi
que toute la partie extérieure des fleurs,
comme d’un manteau de neige. La corolle,
longue de quatre centimètres, est tubuleuse,
en forme d’entonnoir; elle se subdivise au
sommet en quatre ou cinq lobes étalés, re-
tombants, mucronés et pourvus en dessous
d’un éperon long, aigu.
Le pistil, filiforme, sort de la corolle et se
termine par un stigmate bifide.
Les étamines, au nombre de 4 ou 5, sont
insérées â l’intérieur du tube, au-dessous de
la gorge, et les anthères oblongues â deux
loges déhiscentes longitudinalement, sont
fixées par leur milieu sur des filets courts,
dressés.
Les fruits ne se sont pas encore mon-
trés en Relgique, et c’est â peine, je crois,
si l’on en trouve en voie de maturation L
Nous avons insisté pour donner cette des-
cription, longue et entière, parce que nous
avons remarqué de combien d’erreurs on se
On le voit, les caractères soulignés dans
ces descriptions présentent entre eux des dif-
férences fort sensibles. Les seules modifica-
tions â introduire dans la diagnose du genre
porteraient sur le nombre des pétales, des
sépales et des étamines, qui est parfois de
quatre et parfois de cinq, et sur les étami-
nes qui sont pourvues de filets et non sessi-
les dans notre plante. Ce sont là des détails
qui se traduisent par un mot, sans attaquer
en quoi que ce soit la validité des autres ca-
ractères. Encore une fois, cela vaut mieux
que d’augmenter la confusion en fabricant
1 Frutex ramosus, ramis teretibus primùm viri-
dibus ornatus, foliisque oppositis, sessilibiis, ovato-
oblongis apice acuminatis, integerrimis, supra gla-
bris viridi-nitentibus, subtùs pallidioribus primâque
ætati pubescentibus, margine vix revoluto. Stipulas
ovales, bifidæ, amplexantes, pilis rufis intermixtæ.
Corymbi ad apicem ramorum congesti; pedunculi
pedicellique erecti’ Calyces 4-5 fidi, corollæ, rachi-
des et pedicelli albâ crassâque lanâ extùs vestiti.
Corqlla plus quam pollice longa, infundibuliformis,
apice 4-51obis patenti nutantibus, mucronatis galea-
tisque partita. Pistillum filüorme,exsertum, stigmati
bifido coronatum. Stamina 4-5, infra faucem inserta;
antheræ oblongæ longitrorsùm biloculares déhiscen-
tes, filamentis brevibus erectis medio affixæ. Fructus
haud vidi...
RUDGEA NIVOSA.
310 .
rendait coupable d’ordinaire
pandre dans le commerce des
sous de faux noms, sans
description et sans histoire.
Nous sommes convaincus
fpie le Rudgea nivosa sera,
par son joli feuillage lui-
sant et ses boules de neiges
aux. corolles si singulière-
ment éperonnées, une de
nos plus jolies plantes de
serre chaude et peut-être de
serre tempérée. La culture
des Gardénia lui convien-
dra de tous points. Notre
plante a des affinités de port,
lie famille et de tempérament
avec ce genre. Une serre
bien éclairée, un peu hu-
mide, les pots enfoncés dans
en laissant ré- I la tannée, beaucoup d’air pendant la pé-
piantes parues I riode de repos qui suivra la floraison, terre
de bruyère légère, peu sa-
bleuse, très-douce, poreuse
et rousse , sont les con-
ditions d’une bonne culture.
Multiplication de boutures
herbacées en serre chaude,
sous cloche.
Elle est de toute nou-
veauté pour l’horticulture,
puisqu’elle n’est pas en-
core au commerce. M. Lin-
den attend qu’il en ait mul-
tiplié un assez grand nom-
bre pour la répandre, et
tout lait espérer qu’elle sera
en vente à l’automne ou au
printemps prochains.
Ed. André.
Fig. 36. — Rudgea Nivosa.
MULTIPLICATION DU FIGUIER COMMUN (ficus carica, l.)
Vers le 15 décembre 1864, un des ou-
vriers jardiniers, attaché au jardin du
Luxembourg et spécialement chargé de la
taille des arbres fruitiers, eut la pensée de
couper des branches de Figuier et de les
enterrer horizontalement dans l’une des
plaie-bandes de la pépinière, à environ 40
ou 50 centimètres de profondeur. Il voulait
.jJ
Fig. 37. — Bouture de Figuier.
faire un esssai de boutourage à Lair
libre.
Les branches restèrent ainsi sous cette
couche de terre jusqu’au 10 mai suivant,
époque àlaquelleilles retira; il en coupaalors
les extrémités par petits tronçons de 15 à
"20 centimètres de longueur, qu’il enfouit
ensuite perpendiculairement dans un coin
de terre préalablement labourée. Ces tron-
çons, distancés les uns des autres d’environ
25 centimètres, furent complètement recou-
verts, à leur extrémité supérieure, par une
couche de terre de 0"‘.03 centimètres d’é-
paisseur (fig. 37). Après la plantation, un
ReviLù’ B orücoR
lmp Zmwte.Up desBoulcW^ersP^ns
Th i b au (lia corditolia
à
JieAUJC Horticole
1
Iivp- Zanote r des Boulangers JZ.Paris
MULTIPLICATION DU FIGUIER
311
Vers les premiers jours de juin, les bour-
geons de ces boutures sortirent de terre, et
les pousses se développèrent bientôt avec
une telle rapidité, que, dans Tespace de
quatre mois, elles atteignirent une hauteur
de 0"*.50 à 0"\97 centimètres (tig. 38), et
se couvrirent en même temps de fruits, qui,
il est vrai, n’arrivèrent pas à maturité.
De ceci, on est en droit de supposer que,
en couchant l’iiiver les jeunes rameaux
dans des fosses préparées d’après le système
[iratiqué à Argenleuil, on pourrait peut-
être, l’été suivant, obtenir quelques fruits
(jui parviendraient à maturité.
J’ajouterai que les jeunes boutures, ex-
posées à l’air libre, et malgré la sécheresse
prolongée et exceptionnelle de 1865, n’ont
été arrosées que deux fois seulement pen-
dant leur premier développement.
Les racines ne laissaient non plus rien à
désirer.
Voulant me rendre compte et m’assurer
si les bons résultats que j’avais obtenus n’é-
taient pas dus à un fait exceptionnel, j’ai re-
commencé l’expérience rnoi-nième, et, pour
cela, j’ai fait couper, le 1 5 décembre dernier,
des branches de Figuier ;]e les ai fait ensuite
enterrer comme il a été dit ci-dessus, et le
10 mai de cette année, les boutures ont été
faites d’après les prescriptions que je viens
d’indiquer.
Aujourd’hui, 1 7 juillet, toutes les boutures
sont en parfait état de végétation. J’espère
donc, ultérieurement, faire connaître les
résultats définitifs, ainsi que les nouvelles
observations que j’aurai à signaler dans l’in-
térêt de tous. A. Rivière,
Jardinier en chef au palais du Luxembourg.
TIIIBAUDIA CORDlFOLIAf
Le genre Thibandia est rangé dans la fa-
mille des Vacciniées à côté des Ceratostem-
maydes G mjlusacxia, des Agajwtesy des Mac-
leaniay etc., dont les représentants ont entre
eux un grand air de parenté, à tel peint
qu’on pourrait même les réunir sous un
seul genre dont ils ne formeraient que des
subdivisions. Les Thibaudia sont des ar-
brisseaux à tige ordinairement renflée à la
base, très-rameuse, le plus souvent sarmen-
teuse, et, dans ce cas, s’appuyant ou s’en-
roulant autour des grands arbres, comme
le font, dans les forêts élevées de l’Asie,
certaines espèces de Bhododendron. Leurs
feuilles sont alternes, persistantes et de
formes plus ou moins ovales ou cordées,
mais toujours entières. Leurs fleurs sont
charnues, tubuleuses, fortement rétrécies
au-dessous du limbe, qui consiste en cinq
petits lobes. Les étamines, au nombre de 10,-
ont leur filet court, à base libre, soudé vers
le milieu et devenant fourchu supérieure-
ment; les anthères sont allongées. Le style
est simple, terminé par un stigmate en tête
surmontant un ovaire à 5 loges multi-ovu-
lées. Le fruit est une baie d’une saveur
agréable dont le Myrtille de nos bois {Vacci-
nium MyrlilluSy L.) et la Canneberge des
marais {Oæycoccos palustris, Pers.) peuvent
nous donner une idée.
Les Thibaudia sont propres aux régions
élevées des Andes du Pérou et de la Nou-
velle-Grenade. De Candolle, dans son Pro-
dronins, en décrit 29 espèces; mais, depuis
1843 ce genre s’est enrichi de formes inté-
ressantes. Du reste, les espèces sont exces-
sivement voisines les unes des autres, et
deviennent même très-difficiles à distinguer
une fois desséchées dans nos herbiers.
Le Thibaudia cordifoliay H. B. et Kth.
{T. ocanemiSy Batem. ; Proclisia cor di folio ,
Klotsch) croît dans plusieurs provinces de
la Nouvelle-Grenade, à une altitude supra
marine de 2,400 à 2,800 mètres; il est sur-
tout commun dans les Andes de Bogota, où,
d’après leDi’Triana, les habitants le désignent
sous le nom de Baisin d’Anis([/m de Anis).
C’est un arbrisseau qui, dans nos cultures,
peut atteindre environ 1 mètre de hauteur;
rameux, glabre, à peine pubescent sur les jeu-
nes rameaux et sur l’inflorescence ; les ra-
meaux sont à peu près cylindriques et portent,
principalement vers leur sommet, des feuil-
les persistantes, très-entières, ovales oblon-
gues, légèrement en cœur à la base, obtuses
et glabres sur les deux faces, à 3, 5 très-
rarement 7 nervures, brièvement péliolées,
longuesd’environ 3à 4 cent., larges de 2 à 3.
Fleurs pendantes réunies en grappe serrée,
courte, entourées à la base de bractées im-
briquées, concaves, oblongues, beaucoup
plus' longues que les divisions du calice,
qui sont verdâtres ou très-peu colorées; co-
rolle brièvement pédicellée, longue de plus
de 0.'"02, d’un rouge sanguin écarlate, à
tube cylindrique, oblong, fortement rétréci à
la gorge qui est d’un blanc cireux, et offre
5 petits segments (très-exceptionnellement
4 ou 6); calice presque globuleux, à 5 divi-
sions courtes; filets des étamines courts
terminés par de longues anthères oblongues.
Non seulement comme les autres espèces
de ce genre, mais encore comme toutes les
Vacciniées exotiques actuellement intro-
duites dans les cultures, le lliibaudia cor-
1 Je me suis servi, pour rédiger cette notice, ainsi
que l’article inséré dans le précédent n® de la Revue
hort. Trichinium, des articles publiés par W. Hook
et J.-D. Hook, dans le Doianical Magaùne, et par
M. Ch. Lemaire, dans VUlustration hort. (1866).
312
THIBAUDIA CORDIFOLIA.
difoliay sous le climat de Paris, doit être
cultivé en pot et hiverné en serre tempérée.
La terre qui lui convient le mieux est un
terreau de bruyère peu effrité; mieux vau-
dra même l’employer en toutes petites
mottes, et cette terre devratoujours reposer
sur un drainage épais.
D’ailleurs la culture de ces plantes est
en quelque sorte identique à célle des Rho-
dodendron de rHinialaya; ainsi, une terre
peu sablonneuse et poreuse, se décomposant
le moins vite possible et maintenue dans
un état constant de fraîcheur, est celle
qu’on doit préférer. En outre, il est utile, le
printemps venu, de sortir les pots et de les
placer à l’air libre dans un lieu demi-om-
bragé. La multiplication peut se faire de se-
mis, de couchage ou de boutures. Nous
n’avons rien de particulier à dire sur les
deux premiers modes, leur exécution ne
diffère pas de celle des autres Vacciniées de
serre ou d’orangerie. Quant aux boutures,
elles réussissent mieux lorsqu’on les fait
avec des rameaux jeunes et grêles que lors-
qu’on emploie des rameaux forts, succu-
lents ou bien nourris, qui, dans la plupart
des cas, fondent avec une extrême facilité.
C’est pour ce motif que nous conseillons,
pour assurer cette multiplication, de con-
server toute l’année dans une serre tempé-
rée, voire même sous un châssis aéré et
demi-ombragé, quelques individus qui, fa-
tigués de croître dans de telles conditions,
ne produisent que des ramifications grêles
qu’on peut bouturer avantageusement.
B. Verlot.
MALUS FLORIBUNDA.
Le Pommier à fleurs nombreuses, répré-
senté ci-contre, est originaire du Japon. Il
fait partie de ce groupe d’espèces nommées
vulgairement baccifères, à cause de la peti-
tesse de leurs fruits, et dans lequel rentre
cette belle espèce de Chine, à fleurs dou-
bles, le Malus spectabilis.
Bien que\e Malus floribunda, S\eho\ài, soit
introduit depuis quelques années déjà, il est
encore peu connu. M. Yanhoutte, à notre
connaissance, est le seul auteur qui en ait
parlé. Il en a donné trois belles figures dans le
tome XY de la Flore des serres, p. 161, sous
les nos 1585, 139L, 1395. Yoici l’indication
des caractères que présente cette variété :
Arbrisseau un peu buissonneux, à ra-
meaux relativement grêles, couverts d’une
écorce luisante, noirâtre, parfois un peu
pictée de gris-brun. Feuilles elliptiques, fine-
ment etsensiblement dentées. Fleurs exces-
sivement nombreuses, rose clair à l’inté-
rieur, beaucoup plus foncées à l’extérieur,
réunies et formant des sortes de corymbes,
portées sur des pédoncules excessivement
ténus, presque filiformes. Fruits très-petits
(6-10 millimètres de diamètre), subsphé-
riques, à divisions calycinales caduques.
de sorte que en très-peu de temps les fruits
sont complètement nus et dépourvus de
couronne calycinale , et qu’il ne reste
plus à leur sommet qu’une petite cicatrice
concave, en forme de coupe.
Le Malus floribimda, nous n’en doutons
pas, est appelé à entrer pour une très-grande
part dans l’ornementation des jardins; nous
ne serions même pas surpris, lorsqu’il sera
mieux connu, de le voir cultiver clans des
pots pour le vendre sur le marché aux
fleurs; sa végétation, relativement faible, sa
floribondilé et sa facilité à fleurir, nous le
font espérer. Dans le cas où l’on voudrait
tenter cette culture, deux moyens se pré-
sentent : greffer sur place sur des sujets
Paradis que l’on mettrait en pots lorsque
les têtes seraient formées, ou bien mettre
en pots ces mêmes sujets, et, lorsqu’ils se-
raient repris, les greffer en demi-fente, soit
au printemps, soit dans le courant cle l’été
avec des bourgeons semi-aoûtés, ainsi qu’on
le fait pour les Orangers, les Azalées, les
Rhododendron, etc. Il va sans dire que le
Malus floribunda est très-rustique, et que,
comme tous ses congénères, il est à feuilles
caduques. Baptiste Desportes.
REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES'DE L’ÉTRANGER.
Le Botanical Magazine nous offre les
descriptions des plantes suivantes :
I*eperomia marmoraia, J. D. IIOOKER ,
planche 5568.
Le genre Peperomia est, en général, relé-
gué dans les collections botaniques quoi-
qu’il y aurait plus d’une de ses espèces cjui
se prêterait avec avantage à la culture orne-
mentale. Dans ce nombre, il faut avant
* tout citer le Peperomia marmorata, une
espèce du Brésil méridional, extrêmement
remarquable par son beau feuillage. C’est
une plante robuste, courte, couverte d’un épi-
derme glabre, papilleux. Les feuilles pétio-
lées, opposées, longues de 7 à 12 centiniè-
tres, ovales-cordiformes, profondémentbilo-
bées à leur base, â lobes arrondis, succulentes,
à 5 nervures, d’un vert très-sombre autour
des nervures en dessus, d’un vert pàle^ en
dessous et ont les nervures d’un pourpre pâle.
REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER.
Uricinella llanuîi, J. D. IIoOKER, pl. 5569
Charmante Ericée qui, dans son pays,
atteint 2 à 4 mètres. Cette jolie plante
fut découverte par le célèbre collecteur
M. Gustave Mann, qui la trouva à Fernando-
ro, à une élévation de 3,000 mètres, et sur
O Camaroune, entre 1,500 et
3,500 mètres d’élévation. Les feuilles li-
néaires, pointues, sont disposées en ver-
ticelles de quatre. Les jolies petites fleurs
penchées, d’un beau rouge, très-nombreu-
ses, se trouvent réunies au nombre de 3
a 4 sur les extrémités des ramilles. C’est
un arbuste qui a tout à fait le port de plu-
sieurs de nos Ericas à petites fleurs.
Polychilcs Cornu-cervi, KuHL VAN HasS
planche 5570. ’
Cette Orchidée fut découverte, il y a
déjà longtemps, à Moulmein, par Lobb ; mais
vivante en Angleterre qu’en
1304. M. Parish, dont nous avons eu si
souvent déjà l’occasion de citer le nom
1 avait envoyée à MM. Low. ’
Suivant M. Reichenbach, le genre Poly-
r/itlos devrait être réuni aux PhalænopsL
et, en effet, les Phalxnopsis Luddeman-
mana et Ph. Sumatrana, que nous avons
mentionnés récemment dans cette revue
semblent former une transition complète
entre les deux genres. Néanmoins, M. Hoo-
ker croit devoir encore conserver le genre
Polychilos. Notre plante est épiphyte, et
elle a le port d'un Phalxnopsis. Les feuil-
les sont longues d’environ 3 centimètres,
distiques, oblongues, pointues. La hampe
florale, cylindrique à la base, est plus
large dans sa partie supérieure ; elle est
comprimée, ailée, et porte 6 à 12 fleurs
qui s épanouissent successivement, de sorte
qu 11 n y a jamais plus de 4 à 5 fleurs ou-
vertes a la lois. Les fleurs sont jaune-ver-
datre, bariolées de macules allongées trans-
versales, d’un pourpre brunâtre.
Tacsonîa Vaii-Volxemiî, FuNK, pl. 5571.
Magnifique Passiflorée à fleurs d’un beau
rose tonce, atteignant jusqu’à 0"L 12 cen-
me res parfois plus, de diamètre. Les
leuilles de celte splendide plante grimpante
sont profondément trilobées, en cœur à la
hpiL contredit, une des plus
belles P antes décoratives qu’on ait jamais
introduites en Europe. Suivant M Le-
maire, cette espèce serait originaire de la
province .4ntioquia, dans la Nouvelle-Gre-
nade,^ ou elle est cultivée aussi par les
indigènes ; elle fut introduite en Belgique
en 18o8, par un amateur zélé, M. Van-
Volxem, qui l’avait trouvée dans les jardins
de Bogota. C’est une plante de serre tem-
peree; cependant, qn prétend que dans son
pays natal elle existe à une température
qui peut descendre jusqu’à zéro degré. Sa
culture n’olfre point de difficulté.
313
lliltonia ancep§^ ReichenbaCH, pl. 5572.
Cette singulière Orchidée fut introduite
dans I origine par MM. Loddiges ; elle ne
tarda cependant pas de disparaître des col-
lections jusqu’au moment où elle fut réin-
troduite par MM. II. Low et’C«, de Clapton
qui la reçurent de M. Blunt. Cette espèce
P®® d’autres soins que les
Uiltonw en général, a les pseudobulbes
comprimes, lancéolés. Jaunâtres lorsqu’ils
ont atteint un certain âge. Les feuilles
au nombre de deux sur chaque pseudobulbe’
sont oblongues-lancéolées, pointues, caré-
nées. Les hampes, unitlores, qui portent
ji a 4 bractées engainantes jaunâtres, dont
la supérieur enveloppe l’ovaire, sont assez
pandes, d un jaune olivâtre, sauf le large
abelle qui est blanc et qui porte trJis
larges stries longitudinales pourpres et
plusieurs taches de la même couleur sur
un fond blanc.
SIussæufla luteola^ Delile, pl. 5573.
Un très-joli sous-arbrisseau, appartenant
a la lamilledes Rubiacées et originaire de
^ cù il fut trouvé en premier lieu
par Lailliaud pendant son voyage à Méroe
sur les bords du Nil, à 10 degrés environ de
latitude septentrionale. Les feuilles sont
ovales-oblongues, courtement nétiolées
Les fleurs, disposées encorymbes palmillo-
res, sont d un jaune-pâle. Le calice a ceci
de particulier qu’il est composé de cinq
lobes, dont quatre petits, subulés, le cin-
quième, au contraire, représentant une
l^euille absolument semblable aux autres
leuilles de la plante, à cette différence près
qu elle est plus longuement pétiolée et
d un jaune très-pâle, presque blanc. R va
sans dire que cette particularité constitue
une grande valeur ornementale pour la
plante.
Cymbidium llcokeriaiium, PiEICHENBACH
planche 557i. ’
Cette magnifique Orchidée habite le
bikkini Himalaya, où M. le J. D. Hooker
1 a lécoltée. Elle a très-bien fleuri peu de
temps après son introduction à Exeter
mais depuis on a dû attendre longtemps
avant qu’elle montrât de nouveau ses fleurs,
la raison était probablement qu’on lui don-
nait trop de chaleur. — C’est une plante
a tres-grandes fleurs disposées en grappes
tombantes, composées de 8 à 12 fleurs.
M. Hooker est assez disposé à la consi-
dérer comme une variété du Cymbidium
giganteum.
.Les feuilles de cette espèce sont linéaires
ligulées, pointues; ellesont de0m.30 àO™ 70
de longueur. Les fleurs, qui atteignent un
diamètre de 0™.8 à 0'«.12, sont vertes, sauf
le grand labelle qui est blanc au milieu
jaune vers le bord et orné dans sa partie infé-
rieure et vers son bord de macules pourpres.
REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER.
Thibauclia coronaria, J. D. HOOKER,
planche 5575.
Cette charmante Vacciniacée, qui fut in-
troduite par M. Linden, de Bruxelles, sous
le nom de CeTcitosteMïïid covohidfid^ est pro-
bablement originaire de la Nouvelle-Gre-
nade ou de Vénézuela. Elle diffère essen-
tiellement des Cerdtostemmdy par ses éta-
mines qui ne sont point soudées en un tube ;
elle se rapproche plutôt du genre Theniis-
toclesid de Klotzsch. C’est un petit arbuste
rigide, très-rameux, portant de nombreuses
petites feuilles ovales, obtuses, d un vert
foncé. Les fleurs, -d’un rouge-brique, demi-
transparentes, longues d’environ 28 centi-
mètres, sont solitaires ou géminées aux ais-
selles des feuilles.
Iris retîculata, BiEBERSTEIN, pL 5577»
Plante bulbeuse, originaire de la Géorgie,
de l’Asie mineure, du Kurdistan, de la Sy-
rie et delà Perse. Vlris reticuldtd a fleuri
au mois de mars dernier au jardin de
Keiw. Les feuilles linéaires, anguleuses,
longues d’environ 0«».33, sont enveloppées
à leur base, ainsi que les hampes flora-
rales, qui sont plus courtes que ces feuil-
les, de larges bractées engainantes, sca-
rieuses, blanchâtres. Les fleurs, qui res-
semblent beaucoup à celles de Vlris Xy-
phium, sont d’un magnifique coloris pour-
pre-violacé. Les segments extérieurs du
périanthe sont d’un beau jaune orangé à la
gorge.
Cerope^^îa soporîa, HarveY, pl. 5578.
Asclépiadée grimpante originaire de la Ca-
ffrerie, à feuilles opposées, étroites, linéaires,
pointues. G’est une plante volubile, rameuse
et fort élégante dont les feuilles atteignent
0'".08 à 0"‘.16 de longueur. Les fleurs soli-
taires, supportées par de longs pédoncules,
naissent des aisselles des feuilles; elles sont
tubuleuses, verdâtres dans leur partie infé-
rieure, à limbe rabattu, extérieurement lavé
de pourpre, intérieurement garni de larges
stries transversales d’un pourpre noirâtre
sur un fond vert.
J. Grœnland-
DE LA CLOQUE.
Les pucerons, ce fléau redoutable pour les
Pêchers, sont favorisés depuis quelques an-
nées par des printemps secs et chauds; aussi
prennent-ils des proportions tellement con-
sidérables, qu’ils peuvent causer de graves
inquiétudes aux cultivateurs de Pêch ers.
Ces sortes d’hémiptères attaquent généra-
lement les feuilles et les bourgeons nouvel-
lement éclos et en sucent toute la sève au
détriment de ces derniers sur lesquels ils
établissent leur foyer d’approvisionnement
Le parenchyme de la feuille est d abord
tendu par des boursouflures, puis la teuille
se replie sur elle-même et détermine ce
nu’on appelle le recroquevillement.
Les feuilles ainsi déformées perdent leur
force d’absorption et neutralisent complète-
ment la circulation de la sève en cessant d e-
laborer les sucs qu’elles recevaient de 1 atnaos.
phère et des racines de l’arbre. Les feuilles
sont en quelque sorte des appelle-seve, qui,
une fois mangées par les pucerons,jaunissent
et tombent; mais, malheureusement, leur
chute entraîne presque toujours la perte des
bourgeons sur lesquels elles étaient pla-
cées. Ainsi attaquéVarbre dépérit très-vite ;
il pourrait même mourir si on n’y apportait
un remède prompt et efficace.
Depuis quelques années, je me sers, pour
combattre ces insectes d’une dissolution
aloétique dans la proportion de 4 gram-
mes par seau d’eau; j’emploie cette dissolu-
tion au moyen d’une pompe à arroser les
espaliers. La végétation un instant interrom-
pue par la présence des pucerons, redevient
luxuriante, et est désormais â l’abri du recro-
quevillement des feuilles et de la dissection
des branches, parce que les pucerons, qui
recherchent avec avidité les substances su-
crées, sont rebutés par l’amertume de
l’aloës.
Gohingh,
à Villers, par Foucannonl
(Seine-Inférieure).
QUELQUES CONIFÈRES REMARQUABLES.
Je crois être agréable aux amateurs en
leur signalant quelques conifères exotiques
que M. Herpin de Fréinont cultive dans
sa propriété de Frémont, )*rès Cherbourg.
M. Herpin est un amateur distingue, doue
surtout d’un grand savoir et d’une grande
modestie. Je le pressais depuis longtemps
déjà, afin d’avoir l’autorisation de faire con-
naître ses arbres, il vient de me la donner.
en profite pour faire connaître ses cul-
;s au inonde horticole. Bien que cet arti-
soit particulièrement destiné aux Loni-
s, ie ne passerai pas sous silence plu-
irs Bambous qui chez lui, sont de la plus
iule beauté. Sa pisciculture joue aussi
rôle important, et est dirigée avec a
Heure entente. . •
e vais d’abord m’occuper des coniteres.
QUELQUES CONIFÈRES REMARQUABL .
Un Séquoia sempervirens «15 mètres de
liant. Le tronc de cet arlire a. an collet de la
racine, 2*". il de circonférence ; à nn mètre
de terre, 1"\58. La circonférence de ses
branches est de 27 mètres. Il forme nne pyra-
mide parfaite de la base an sommet. Son
écorce est des pins cnrienses :elle est spon-
giense, épaisse, donce an toncher et a de
l’analogie avec l’amadon. On ponrrait, an
besoin, en faire un matelas bien donillet
^ Un 12m.40 de liant;
circonférence dn tronc an nivean dn sol,
1"™.66; àl mètre dehantenr, 1"M6. Circon-
férence des branches, 18 mètres. Son écorce
a de l’analogie avec celle dn Séquoia. Pyra-
mide parfaite qni se convre cbaqne année
d’nne mnltitnde de petits cônes presqne
globnlenx.
ViiAbies spectabüis. à 11"". 56 d’élévation;
la circonférence dn tronc près dn sol, à 0'". 92;
celle des branches a 18 mètres. Cet arbre
est snrtont d’nn effet ravissant en été
lorsqn’il présente anx regards sa belle
pyramide revêtne de cônes d’nn bean
bien métalliqne parsemé de larmes d’ar-
gent.
Un Âbies religiosa de 10 mètres de hant.
Arbre vigonrenx et d’nn port élégant.
Un Abies pinsapo de 8 mètres d’élévation,
formant nn pyramide parfaite.
Un Pinus insignis de 1 7 mètres de hant.
Cet arbre, an fenlliage d’nn vert intense,
forme nne pyramide très-remarqnable. C’est,
chez nons, nn des pins les pins rnstiqnes;
il résiste bien snr les bords de la mer.
Un Pinus muricata, 12 mètres de hant;
Un Pinus Australis, 12 mètres déliant,
Un Cuminghamia sinensis, 9 mètres de
liant.
Un Araucaria imbricata, 7°’.67 de hant.
Pyramide parfaite, très-belle.
Je cite senlement ici les exemplaires re-
marqnables par lenr force. M. de Frémont,
cultive dans sa propriété un grand nombre
d’es pèces ou de variétés deconifères exotiques
nouvellement introduites dans nos cultures,
315
qui par conséquent sont encore petits et
n’ont qu’un mérite relatif.
Je veux (lire maintenant quelques mots
des Bambous. Il existe dans le parc de
M. de Frémont des toulfes iV Aînmdinaria
falcatade la plus grande beauté; ces touffes
se composent génémlement de 60 à 80 tiges
qui ont de 6 à 7 mètres de hauteur. Lors-
que l’on aperçoit ces tiges élancées se balan-
çant sur le bord des eaux, on est saisi
d’admiration.
En effet, rien de gracieux et de léger
comme cette Graminée, qui fait le désespoir
des peintres et des dessinateurs, à cause de
la difficullé à rendre la légèreté et la mo-
bilité de son feuillage. Je citerai encore les
Bambusa mitis, nigra^ verticillata, aurea
et viridi glaucescens. La plupart de ces
plantes sont représentées par de beaux
exemplaires. Le B. mitis surtout a un
grand avenir; après deux ans de plantation,
il a des tiges de 2 centimètres de diamètre
et de 8 mètres d’élévation.
Ces plantes remarquables donnent à la
pr(3priété qui m’occupe un aspect tropical
qui étonne si l’on considère notre latitude,
qui est de 49 degrés.
La propriété de Frémont, indépendam-
ment de toutes ces beautés, est encore re-
marquable par son heureuse position, par
l’abondance et la pureté de ses eaux, qui
sont distribuées avec une grande habileté
tant sous le rapport du coup d’œil que sous
celui de la pisciculture.
Je termine ici cette courte notice. J’aurais
beaucoup d’autres choses à dire sur la pro-
priété de Frémont, mais^cela m’entraînerait
au delà d’un article de journal.
Je laisse aux amateurs le soin de venir
eux-mêmes visiter les richesses horticoles
que je viens de décrire, bien imparfaitement
sans doute, et dont la plume la plus exercée
(ce n’est pas le cas de la mienne), pourrait
à peine donner une idée.
A. Ternisien.
BIBLIOGRAPHIE.
Manuel de ramaleur des jardins, traité né-
néral d’horticulture, par MM. J. Decaisne et Ch
Naudin, t. II.*
Le 2e volume du Manuel de Vamateur
des jardins vient de paraître; ce volume
comprend huit chapitres qui sont consacrés
à la culture des plantes d’agrément, soit de
plein air, soit d’appartements, dans les diffé-
rents climats de la France.
Le Chapitre premier est intitulé ; Clima-
tologie de la France considérée au point
^ 1 vol. in-8. de 82i P ges avec 2 pl. col. et 2U
fig. Librairie Firmin Didot. Prix : 7 fr. 50.
de vue de ses rapports avec la culture. Les
auteurs divisent la France en cinq climats :
1° le climat vosgien ou du nord-est;
2» — séquanien ou du nord-ouest;
3o — girondin ou du sud-ouest;
4-0 — rhodanien ou du sud-est ;
5o — du midi ou niéditerrannéen.
Il n’est pas besoin de démontrer l’utilité
de ce chapitre, qui faisait j’usqu’ici défaut
aux ouvrages d’horticulture générale. Cha-
que climat étant examiné au point de vue
des maxima de froid et de chaleur, de la
quantité de pluie, des vents dominants et
BIBLIOGRAPHIE.
316
autres particularités atmosphériques, on en
tire des conséquence's importantes au point
de vue de l’aptitude de tel ou tel climat à
telle ou telle plante, telle ou telle culture.
C’est ce qu’examinent les auteurs, qui, après
avoir décrit ces climats, donnent une énumé-
ration des plantes indigènes ou introduites
qui y prospèrent et qui peuvent servir à les
caractériser. C’étaient là des connaissances
dont jusqu’ici l’agriculture seule avait su
faire son profit, et qu’il était regrettable de
voir négliger dans la science horticole. Ce-
pendant, comme on le comprend, il n’y a là
rien d’absolu-, ce ne sont, en réalité, que des
points de repaire; il peut arriver que tel ou
tel point privilégié de ces cinq climats
nourrira des végétaux qui périraient ou
ousseraient mal à quelque distance de là,
ien que dans la même région climatolo-
gique. C’est ce qu’ont eu soin d’indiquer les
auteurs, qui, sous le titre de Climats locaux^
énumèrent les circonstances dans lesquelles
se modifie l’influencé des climats : acci-
dents de terrain, roches, orientation, nature
du sol, etc.
FloricuUiire et autres cultures d’agré-
ment de plein air, parterres, jardins fleuris-
tes, parcs, jardins paysagers, etc., tel est le
titre du 2^ chapitre.
Dans les considérations générales qui
forment le sujet du premier paragraphe, les
auteurs déterminent le rôle que la floricul-
ture, c’est-à-dire la culture des plantes rus-
tiques ou demi-rustiques de plein air, a
joué depuis l’antiquité et joue encore ac-
tuellement, en l’envisageant surtout au point
de vue des modifications qu’elle affecte sui-
vant les temps et les lieux. Pour les auteurs,
cette partie du jardinage n’est pas seule-
ment un métier, qui nécessite des connais-
sances spéciales; c’est un art, l’art jardini-
que, et c’est à lui surtout que l’on doit la
création des jardins dits pittoresques ou
paysagers. Passant ensuite en revue les va-
riations qui se sont produites dans le style
des jardins fleuristes, suivant les époques
et les mœurs, MM. Decaisne et Naudin arri-
vent aux parterres tels qu’ils existent de
nos jours avec les modifications que leur
impriment forcément les circonstances lo-
cales. Qu’il y a loin des parterres du temps
de Henri IV comparés à ceux de nos
jours!
Le paragraphe 2 est consacré an parterre;
sa situation par rapport à l’habitalion, le
choix et la préparation du terrain, la forme
et le dessin, sont autant de subdivisions
traitées brièvement, mais de main de maî-
tre. Nous voyons passer en revue les bordu-
res des allées et des sentiers, qui sont ou
vivantes, telles que le Buis, le Thym, le
Gazon d’Olympe, etc., ou sèches, la brique,
le bois et le fer; puis, les pelouses et
gazons, leur établissement, le choix des
espèces qui les composent, les différents
modes de formation et les soins d’entretien;
enfin, sous le titre général d’accessoires des
parterres, la pépinière, qui en est le jardin
de préparation, les bassins et jets-d’eaux,
les bancs et sièges, les vases artistiques ou
les caisses à plantes ou arbustes d’ornement
qui contribuent à l’embellissement; puis, en
dernier lieu, les haies considérées plutôt au
point de vue décoratif que défensif.
Le paragraphe 3 traite l’importante ques-
tion du choix des plantes et de leur distri-
bution dans les parterres. Dans les jardins,
tels qu’on les entend aujourd’hui, il n’est
pas de question plus intéressante, car,
ainsi que le disent les auteurs, k si Ton voit
tant de jardins fleuristes mal plantés et d’un
médiocre effet, c’est parce qu’on néglige
trop généralement les règles tracées par
l’expérience et le goût; » et nous ajouterons
que, nulle part, un jardinier ne trouvera
ces règles posées d’une manière plus nette
et plus sûre; qu’il ait affaire à une distribu-
tion de plantes par entrem élément à’ espèces
ou bien à la formation de massifs d’une
même espèce, il trouvera ici, réunies sous
une forme concise, les notions dont il devra
toujours tenir compte, soit pour les dimen-
sions relatives des plantes, soit pour leur
coloration. Nous signalerons surtout ce qui
a rapport à ce dernier point. Les considé-
rations sur l’assortiment des couleurs, sur
les rapprochements à opérer pour obtenir
des contrastes agréables et sur ceux, au con-
traire, qu’il faut éviter parce que leur résul-
tat en est médiocre ou mauvais, sont indi-
qués de manière à ne laisser aucun doute
dans la pratique. A la plantation en massif
se rattache la plantation des individus iso-
lés, ce sont souvent les mêmes plantes qui
ont été employées pour la formation de mas-
sifs de grandes dimensions, et, pour notre
compte, nous avouons que ces grands massifs
ne nous séduisent que médiocrement, car il
nous semble que quelques pieds de Bali-
siers, de Caladium, de Wigandia, ou autres
plantes analogues, produisent un effet plus
pittoresque que quand on en réunit un
grand nombre en masse compacte. Il va de
soi que notre réserve ne s’applique qu’à des
jardins de dimensions réduites, comme l’est
la grande généralité des jardins qui nous
entourent. Les aquariums, surtout dans le
Midi, sont souvent associés à la décoration
des parterres; de là, quelques considéra-
tions sur l’emploi des plantes les plus pro-
pres à les orner.
Le choix et le classement des plantes
qui doivent entrer dans la composition des
parterres forment l’objet du paragraphe 4.
Il faut que le jardinier sache d’avance si
les plantes qu’il emploie s’accomoderont
des conditions dans lesquelles se trouve le
parterre, et si elles y acquerront toute leur
beauté; c’est contre ces échecs qu’il doit se
mettre en garde, ce qui est facile avec les
ressources si variées dont il dispose. Deux
catégories, disent les auteurs, sont à sa dis-
position, peu nettement délimitées d’ail-
leurs :Ies plantes de fantaisie, qu’on pourrait
appeler passagères, et les plantes de collec-
tion d’introduction généralement ancienne,
d’importance bien plus gr^ande pour l’a-
mateur. Comme exemples de ces dernières
rappelons les Rosiers, les Œillets, les Tuli-
pes, etc., et, parmi les récentes, les Dahlias,
les Glaïeuls, les Chrysanthèmes, les Reines-
Marguerites, etc. Nous trouvons ensuite une
énumération, rapportée à nos différents cli-
mats, des plantes les plus intéressantes
classées suivant qu’elles fleurissent en hiver
au printemps, en été ou en automne.
Ce chapitre se termine par un dernier pa-
ragraphe dont le sujet est l’étude générale
des jardins pittoresques ou paysagers, des
jardins publics, parcs, promenades, avenues
et arboretums. Nous trouvons des considé-
rations très-intéressantes sur les différen-
ces qu’affectent les jardins paysagers sui-
vant les conditions locales; qu’elles résul-
tent soit du climat, soit de la configuration
du terrain, soit de la mode régnante, enfin
sur les accessoires, tels que rocailles, laby-
rinthes, tonnelles, etc. , ainsi que sur les
plantations urbaines, celles à exécuter le
long des routes et des voies ferrées
Avec le chapitre III, nous entrons dans
une partie du livre entièrement distincte de
celles que nous venons de parcourir; nous
allons voir maintenant se dérouler succes-
sivement devant nous les genres, les espè-
ces et les variétés qui méritent d’être uti-
lises dans les jardins. Ce qui nous frappe
tout d abord, en jetant un coup d’œil sur la
partie que nou^ allons examiner, c’est une
classification toute nouvelle et vraiment ori-
ginale,^ que, du reste, nous avons déjà vue
indiquée dans les pages précédentes. Au
lieu de suivre les sentiers battus par leurs
devanciers, MM. Decaisne et Naudin ont
préféré employer une classification qui
pour n etre pas scientifique, a au moins cet
avantage de disposer les plantes d’une ma-
niéré pratique. Les plantes propres à la dé-
coration des parterres sont divisées en plan-
tes de collection et de fantaisie, puis vien-
nent les plantes grimpantes, les grandes
plantes ornementales et enfin les plantes
aquatiques ou d’aquariums.
Le chapitre III, consacré aux plantes de
collection, s ouvre par une étude sur les
Rosiers, qui est une véritable monographie
Description générique des Rosiers au point
de vue botanique, considérations générales
sur leur végétation, sur la caducité ou sur
la persistance du feuillage, sur le coloris
des fleurs, sur les aptitudes à la duplicature
et sur le mode suivant lequel elle s’opère
BIBLIOGRAPHIE.
317
ainsi que sur ses différents degrés; distri-
bution géographique,difficulté de la distinc-
tion des formes vraiment spécifiques, diffi-
culté augmentée encore par la production
d un nombre considérable de variétés et
certainement aussi d’hybrides; puis énumé-
ration des espèces botaniques de Rosiers
avec une description très-claire des carac-
tères auxquels oii les reconnaît, et l’indi-
cation des principales variétés qu’on peut
rapporter à chacune d’elles; enfin, la cul-
ture a laquelle se rattachent la taille, la
multiplication soit par semis, qui se fait
surtout dans le but d’obtenir de nouvelles
variétés, soit par les différents procédés
mécaniques connus, et pour complément les
maladies et insectes nuisibles; tel est aussi
brievementque possible l’immense quantité
de renseignements qu’on trouve réunie
surun seulgenre de plantes et qui devra don-
ner pour lecteurs à MM. Decaisne et Naudin
tous ceux qui s’intéressent à la plus belle
de nos fleurs.
Nous ne suivrons pas les auteurs dans
1 etude des autres genres de niantes qu’ils
traitent successivement dans^ ce chapitre •
R nous suffira de dire que les Œillets, les
l uhpes, les Jacinthes, les Lys et autres Li-
liacees; les Amaryllidées, telles que Narcis-
ses et Pancratium, Amaryllis, etc.; les
™isins, tels que Tigridia,
ülaieuls, Safrans, etc. ; les Primevères et
les Auricules, les Pensées, les Anémones et
et les Renoncules, les Chrysanthèmes, les
Heines-Margueriles, et enfin les Dahlias,
ont été traités d une manière aussi magis-
trale. ®
Les plantes de fantaisie propres à la dé-
coration des parterres qui font l’objet du
chapitre IV , comprennent, disent les auteurs
(( 1 innombrable catégorie de plantes d’or-
nement, annuelles ou vivaces, qui, sans
avoir dans l’estime des floriculteurs la
meme importance que les plantes de col-
lecüon proprement dites, n’en jouent pas
moins un rôle considérable dans la déco-
ration. »
Nous louons les auteurs d’avoir générale-
ment restreint leur choix à celles des espè-
ces qui présentent un mérite incontestable •
nous trouvons dans les considérations géné-
rales des notions indispens*ables sur la cul-
ture et la multiplication des plantes dont il
est fait mention dans ce chapitre. Il arrive
SI fréquemment que des jardiniers, par suite
de soins mal entendus, manquent leurs
semis, qu’il n’était pas inutile d’insister sur
es réglés a suivre selon la nature du terrain
le volume des graines et les différentes
conditions dans lesquelles on opère Ce
paragraphe se complète par quelques indi-
cations générales destinées à guider dans le
choix et 1 emploi des espèces.
Suit, d’après l’ordre alphabétique, et
1
318
BIBLIOGRAPHIE.
aiiïiTîenlôs de la culture et de 1 emploi or-
nerneulal, les descriptions d’environ 650
espèces ou variétés de plantes annuelles,
biLannuelles, vivaces et quelquefois même
ligneuses, appartenant aux climats et aux
fa^rnilles les plus diverses.
Après avoir songé càla décoration de nos
parterres, les auteurs arrivent, dans le cha-
pitre Y, aux plantes qui peuvent servir a
décorer les murs et les tonnelles. Ici, nous
remarquons un mot nouveau et qui nous
semble mériter d’être adopté, parce qu il ca-
ractérise un fait général, c’est celui de cle-
matisme^ pour indiquer la faculté de grim-
per. Les auteurs distinguent quatre modes
de clématisme : , i i i
jo Par Enchevêtremefit) dans lequel la
plante s’insinue, comme la ronce, dans la
végétation environnante sans exercer sur
elle de compression; 2® par préhension,
lorsque la plante s’accroche à l’aide de vrit-
les, comme la Yigne, le Cobœa, etc ; 3^ par
enroulement, comme dans les Liserons e
toutes les autres plantes dites volubiles; et
40 \)2ir juxtaposition, quand la tige adlieie
aux corps environnants à l’aide de crampons
radiculaires, comme cela arrive dans le
Lierre et le Tecoma radicans.
Les plantes grimpantes sont rangées en
deux grandes séries : celles à tiges se re-
nouvelant chaque année, et celles au con-
traire dont les tiges ligneuses persistent.
Cette classification est factice d ailleurs,
puisque, sous d’autres climats, les plantes a
tiges annuelles deviennent ligneuses, par
exemple laCapucine, le ,1e iüawraiif/ia.
Comme les précédentes, cette partie est
traitée avec une grande connaissance de la
question, et, quelle que soit la région delà
France qu’on habite, on y trouvera des ren-
seignements certains sur les plantes qu on
devra préférer. Nous en dirons autant des
grandes plantes ornementales, qui forment
le sujet du chapitre Yl, et des plantes aqua-
tiques, pour aquariums divers, qui sont dé-
crites dans le chapitre YH. ^
Nous regrettons que, limite par 1 espace,
nous ne puissions insister davantage sur les
excellents renseignements contenus dans
les pages que nous venons de parcourir trop
rapidement. Il nous resterait à essayer de
donner aux lecteurs une idée générale du
Chapitre YIII qui termine ce volume; le
sujet qu’il traite est, nous le croyons, tout
nouveau, puisqu’il s’agit de la culture des
plantes en pots, de celles qui sont destinées
aux appartements et aussi d un sujet (jui,
nous l’avouons, a nos sympathies toutes
spéciales : les plantes alpines et alpestres,
et les fougeraies. Nous ayons remarqué sur-
tout, dans les considérations générales sur
la culture des plantes en put, des préceptes
1 i • onnîvnr à iinP
d’une haute importance pour arriver à une
réussite assurée. MM. DecaisneetNaudinin -
sistent d’une manière toute particulière sur
le drainage destiné à débarrasser les pots
de l’eau stagnante dont les effets sont si per-
nicieux. Du reste, tout dans ce livre, dont
nous avons eu l’imprudence d’entreprendre
l’appréciation, tout, sans exception, est à lire
et à lire attentivement, de manière à s en
bien pénétrer ; nous ne connaissons aucun ou-
vrage où la science théorique se marie d’une
manière aussi intime et aussi claire à
l’expérience pratique de l’horticulture. Lst-
il besoin d’ajouter, pour le recommander a
nos lecteurs, qu’il est écrit d un style tou-
jours pur, clair et élégant. Quant à 1 exécution
typographique, elle ne le cède pas à celle du
premier volume : c’estassezdirequ ellese dis-
tingue par la clarté et la correction du texte ;
214 dessins dus au crayon de M. Riocreux
etdisseminésdanslesSOOpages qui composent
ce volume, augmentent encore son mérite aux
veux des gens de monde par la beauté tonte
artistique de leur exécution, et «leur fidélité
est telle qu’il n’est pas de jardinier qui, pour
reconnaître ces plantes, ne puisse se passer
des légendes qui les accompagnent.
Nous sommes l’écho du*public horticole
en réclamant la prompte publication du
3e volume, dans lequel on nous promet des
arbustes et arbres d’ornement et la culture
sous verre, ainsi que le 4® volume qui sera
consacré au jardinage d’utilité. La France
possédera alors un ouvrage d horticulture
qui ne nous laissera rien à envier a l e-
tranger. B. \erlot.
SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE.
Séances des i2 et 26 juillet.
Les objets présentés au comité de cul-
ture potagère, dans ces deux séances, con-
sistent en fruits nombreux du Fraisier des
4 saisons (Reine), semis de 1864 et 18bb,
déposés par M. Gauthier.
M. Yivet fils, jardinier au cbateau de
Coubert (Seine-et-Marne), dépose de belles
racines de Cerfeuil bulbeux dont le déve-
loppement considérable mérite au présen-
tateur une prime de 2'^^ classe. Selon le
comité, les racines de celte espèce gagne-
raient en qualité si on ne les employait
qu’un mois ou six semaines après leur arra-
chage. Plusieurs personnes ont constate
qu’après ce laps de temps les racines sont
plus féculentes et plus sucrées; cependant,
il ne faudrait pas attendre trop longtemps,
car, cà la fin de janvier, quoique plus su-
J
SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ET
crées encore, elles sont beaucoup moins
féculentes. Les petites racines peuvent-être
employées sans être pelées.
Le comité de doriculture a été plus heu-
reux dans les présentations qui lui ont été
faites. Une très-belle collection composée
de 46 variétés de Roses trémières écossai-
ses a été déposée par M. Loise, marchand
ffrainier, à Paris; cette présentation a
valu à son auteur une prime de classe,
et, à la compagnie, un historique très-
étendu, sinon neuve, de ces plantes.
Ainsi, commençant par l’étymologie du nom
Rose trémière, M. le maréchal Vaillant le
fait sortir de Rose d'outre-mer, que les an-
ciens donnaient k ces fleurs, parce qu’elles
avaient été rapportées de Damas par les
Croisés. M. Rrongniart pense que ce nom
signifie Rose de trois mois. Qui a raison?
M. Margottin donne à la Société de nom-
breux renseignements sur la culture de ces
plantes toutes françaises, et il s’étonne que
les Anglais se permettent de les débaptiser,
pour les décorer de noms anglais. M. Loise
fait remarquer k M. Margottin, que nos
voisins d’outre-Manche sont parfaitement
dans leur droit, parce qu’ils ont beaucoup
amélioré nos variétés françaises par les
nombreux semis qu’ils en “ont faits. Au
sujet de leur multiplication, M. Margotlin dit
que ces plantes se propagent par greffes, par
séparages et par boutures, tous moyens
capables de conserver les variétés; la pre-
mière de ces opérations est assez délicate,
mais elle peut produire d’assez bons résul-
tats, pratiquée en septembre, février et
mars, sur racines de Guimauve {Althxaoffi-
cinalis, Linn.J. M. Raccot, qui cultivait ces
plantes avec succès, préférait ce sujet aux
racines de Roses trémières de semis parce
qu’il était plus vigoureux. Pour les sépara-
ges, voici les moyens employés par M. Mar-
gottin: au mois d’octobre, on rabat leS tiges
à 0*".8 ou 0^.10 du sol, on relève les plantes
en novembre, puis on les place sous châssis
à froid, en ayant soin que l’humidité ne sé-
journe pas dans la partie creuse de l’axe
principal; au printemps, on les éclate, et
chaque pied peut alors fournir 25 ou 30
greffes ou boutures qui réussissent très-
bien.
Des Œillets nains de semis propres à
faire des bordures sont présentés par
M. Ronnet (Louis) horticulteur à Vanve
(Seine); il croît que ces Œillets ont fleuri
chez lui pour la première fois; d’après
M. Thibaut, cette variété est très-répandue
sous le nom d'OEillet de Verrier.
M. Durand fils dépose un échantillon
(fleur et feuille) d’une espèce d’Aristoloclie
d’introduction toute récente, qui fleurit
pour la première fois en France. M. Du-
chartre, après de nombreuses recherches,
a trouvé dans VHortus sempervirens de
CENTRALE D’HORTICULTURE. 319
Renier, une figure qui lui est très-sembla-
ble; le norn sous lequel elle est désignée est
celui d Aristolochia cordiflora, tandis que
celui sous lequel elle a été vendue à M. Du-
rand est A. cordata. C’est de l’établisse-
ment Linden, le principal introducteur de
la plupart de nos nouveautés horticoles,
qu il 1 a obtenue . Sa fleur, qui ne dure qu’un
jour, ressemble à celle de V Aristolochia ^
gigas, Lindley, ou A. cordiflora, Mutis,
comme forme, couleur et dimension, sauf
l’appendice en forme de lanière, de 0"L40à
0"'.50 de longueur, qui, chez celle-ci, ne
dépasse pas 0«^02 à O^n.03; les feuilles sont
beaucoup plus amples, fermes et en cœur,
d’un vert tendre, luisant. Cette espèce, d’a-
près les observations de M. Jamin fils, se-
rait plutôt de serre chaude que de serre
tempérée, et M. Duchartre la suppose ori-
ginaire de Vénézuela.
M. Louesse, fleuriste, présente sept va-
riétés de Phlox, à fond blanc. Celle portant
le no 37, qui ressemble un peu à la variété
Mme Andry, mais dont l’œil est moins vif,
est jugée digne d’une prime de 3« classe. Le
comité déclare qu’il devient de plus en plus
difficile de juger ces plantes (et combien
d’autres sont dans le même cas !) ne pouvant
se rappeler les innombrables variétés de
semis déjà obtenues. Un semis de 1863, de
M. Chaté fils, d’une merveilleuse beauté
comme couleur et tenue, qu’il a nommé
Comtesse Albert de Laroche foucauld, de cou-
leur rose à œil carmin vif, formant par la
masse de corolles un dôme de fleurs, lui
mérite une prime de 3^ classe. M. Chaté dit
que, pour conserver les variétés naines et
trapues, il n’y a que le bouturage, car le
semis reproduit rarement ces formes.
Une collection composée de 60 variétés
du Gladiolus Gandavensis. Hort., mérite
à M. Loise fils une prime de 3® classe. Le
choix est très-varié; mais le comité n’y re-
connaît que des variétés connues.
Parmi les présentations de M. Rivière,
jardinier en chef du Luxembourg, se trouve
plusieurs Orchidées en bel état de floraison
et de fructification. Le but que se propose
le présentateur, est de démontrer, que les
fruits laissés sur les pieds de ces plantes, n’al-
tèrent en rien leur végétation, comme beau-
coup d’amateurs et d’horticulteurs l’avaient
supposés, et il montre à l’appui de ce qu’il
avance plusieurs espèces dont quelques-
unes ont des pseudobuibes portant à la fois
de très-gros fruits et des bourgeons en par-
fait état de développement. Ces plantes, ap-
partenant à des genres très- différents, mon-
trent aussi la facilité qu’elles ont de donner
de beaux fruits par la fécondation artifi-
cielle. Dans la séance du 26 juillet, M. Ri-
vière a présenté à la société des échantil-
lons fleuris et cueillis à Marseille dans la
belle propriété de M. Paulin Talabot, grand
320
SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ET CENTRALE D’HORTICULTCRE
amateur d’horticulture, un grand nombre
de plantes, parmi lesquelles nous citerons
les suivantes qui sont parfaitement rusti-
ques sous ce climat et y acquièrent de très-
beaux développements : la Rose du Nil {Ne-
lumbium spëciosum, Willd.) orne les bas-
sins de ses immenses fleurs, rappelant un
peu celles de nos Magnoliers, et de ses feuil-
les ne mesurant pas moins de 0™.35 a 0"\40
de largeur; le Lagerstrœmia indica, Lin.,
formant un bel arbrisseau, qui se couvre
généralement à la fin de l’été de noinbreu-
ses fleurs, de nuances variables, mais com-
munément rose violacé, dont les cinq pé-
tales ressemblent à de petites plumes ondu-
lées et frangées , qui semblent piquées
autour d’un petit disque vert et jaune ;
V Acacia Jiilibrissin^ Willd. {Albizzia Juli-
brissin, Benth.), vulgairement Arbre
de soie^ que nous avons vu fleurir quelque-
fois sous notre climat de Paris pendant les
années où nos froids d’hiver ne descen-
daient pas au-dessous de 4 degrés centigrades.
Dans le Midi, ce bel arbre captive l’attention
de tout le monde par son magnifique feuil-
lage ressemblant à des frondes de fougères,
et par ses fleurs qui simulent des aigrettes
de soie. Le Poinciana Gilliesü, Hook., ori-
ginaire des Antilles, se plaît aussi dans nos
pays méridionaux où il est, à juste titre, con-
sidéré comme l’arbre le plus ornemental ; le
Dioclea glycinoides,J). G. de la Nouvelle-Gre-
nade, arbrisseau grimpant à magnifiques
fleurs rouge écarlate; VArauja albens^ Don.,
{Physiantlius albens, Mart. du Brésil) ; le Ra-
phiolepis rubra, LindL; le Pistaciaterebin-
thus, L., sont aussi des végétaux très-re-
cbercbés pour l’ornementation des jardins
du midi, ainsi que VAralia papyrifera,
Hook., de l’île Formose,et VAbutilon veno-
sum, Paxt. {Sida venosa, Hort.) du Mexique.
Comme ces faits n’offrent rien d’extraordi-
naire, et que la plupart de ces végétaux sont
cultivés depuis de longues années dans le
midi et dans l’ouest de la France, nous ne ^
nous y arrêterons pas davantage.
Différents renseignements sont fournis à
la société sur les sujets suivants : Sur
un mode de destruction du puceron lanigère,
par M. Horney, horticulteur. L'auteur lave
les arbres infestés par ces insectes avec de
riiiiile de pétrole, en ayant soin d’opérer en
hiver, lorsque tout les organes foliacés ont
disparus, et il s’en trouve parfaitement. Plu-
sieurs arboriculteurs l’interpellent pour sa-
voir comment il fait pour détruire cette peste
sur les racines. M. Horney dit qu’il ne s’est oc-
cupé jusqu’à présent que des parties aérien-
nes. — 2» Sur la destruction delà Cuscute,
en employant 20 kilog. de sel marin pour
200 litres d’eau; on asperge avec cette pré-
paration les plantes infestées; mais, comme
toutes ne possèdent pas le même degré de
rusticité il serait à craindre que quelquefois le
remède ne soit pire que le mal. — 3® M. Bou-
chard Huzard donne lecture d’une note au
sujet de l’avantage qu’il y aurait à faire stra-
tifier certaines graines pour en obtenir
une germination plus prompte et plus facile.
L’auteur mentionne le Ligustrum ovalifo- ■
Hum comme lui ayant parfaitement réussi.
M. Leroy, jardinier à Kouba, envoie à la
Société une boîte remplie de ces criquets,
improprement appelés sauterelleSy qui, tout
dernièrement, ont fait une si terrible inva-
sion en Algérie, et réduit à une affreuse mi-
sère les malheureux colons. Ces insectes
sont soumis à l’examen du Di^ Boisduval,
qui reconnaît que ces criquets appartiennent
aux Acridiummigratorium et peregrinum.
Ce sont les mêmes qui ravagèrent l’Egypte
du temps de Moïse. C’est encore cette même
espèce qui, parfois aussi, a fait irruption en
Provence et a anéanti toutes les récoltes.
L. Neumann
DEUX MOTS SUR LE BAMBUSA FORTUNEI VARIEGATA.
La plante cultivée sous le nom de Bam-
busa Fortunei rariegata est-elle un Bam-
bou? On peut en douter, bien qu’il soit sou-
vent difficile, lorsqu’on est privé de fleurs,
de se prononcer d’une manière absolue sur
le genre auquel appartient telle ou telle
plante et que la difficulté soit encore aug-
mentée lorsqu’il s’agit de Bambous, plantes,
en général, très-mal connues. Nous doutons
toutefois, que la plante en question appar-
tienne à ce genre; l’étude que nous avons
faite de ces plantes et l’habitude que nous
avons de les voir, est, pour nous, un guide
qui nous permet d’émettre ces doutes.
La végétation, d’une part, et surtout le
fades du prétendu Bambusa Fortunei i^a-
riegatUy n’ont rien des Bambous. Cette
plante paraît-être un PhalariSy ou bien un
Paniciim, très-probablement ce dernier.
Mais, quoi qu’il en soit et pour ne pas ap-
partenir au genre Bambou, son mérite ne peut
en souffrir, et l’on ne saurait trop en recom-
mander la culture; cette plante est d’ailleurs,
très-ornementale, et sa rusticité est à toute
épreuve. De plus, elle est gazonnante ou ces-
piteuse, s’élève peu et lance des bourgeons
ou sortes de drageons-rhizomes qui se ter-
minent par une rosette de feuilles. La tige et
les feuilles sont liserées de blanc, sur un
fond vert, à peu près comme celles du Pha-
taris arundinacea picta. C’est une espèce
très-jolie et surtout très-propre à former
des bordures.
E. Lebas.
CHRONIQUE HORTICOLE
(DECXIÈME QUINZAINE D’AOUT).
I PS expositions automnales. — Exposition d’horticulture de Clermont. — Exposition d’automne organisée
par la Société d^horticulture et de botanique de Reauvais. — Étude des Pommiers à cidre. — U foire
aux ruits. — Exposition automnale de la Sociùlé d’Iiurliculture de la Haute Garonne — Exposition
mai-aiU'éie iln la Sociclé .l’horlirnl'ure eide bülanique del'llétault. - Le Vraisier
Vicomiesse llencart de Ihunj et le Mais panacne. — Lettre de M. Jamin — Lettre de M André en
repense à M de ïenM'sie,, sur la laille des Azalées, - Communicaliuu de M càUIre -
Maréchal Niel. — Les éUqueltes de .ianlni. — Cemmunicalion de M. le commaiidaiil Saiiit-Quenlin —
La Laitue Bossin. — Lettre de M. De-uy. — Emploi du suTuie de carbone |.our détruire les rats* —
Sriï'irPeinp® """i T- - Gloire de Dijon - Anomalie observée dans sa floraiso'n à
bourg-la-Kei.ne - Le Bamlmm edulis et Is Hambiwi Simonu. — l‘lanles rares et curieuses du fleuriste
de la ville de Pans. - Les Nepeutes et les Orchidées. — Reproduction par voie de semis de la variété
'‘emarqnables de végétation. - Floraison d’un Cycas mâle au Muséum. - Fruc-
tihcation du Phijllodadus glaiica femelle. — Introduction en France d’une nouvelle variété de Pêcher
originaire de la Chine.
Avec les beaux jours disparaissent les
tleurs, mais aux Heurs succèdent les fruits,
qui font le succès des expositions automnales
de meme que les Heurs font le succès des
expositions de printemps et d’été.
La première exposition dont nous avons à
parler est celle qui doit avoir lieu à Cler-
mont (Oise), à partir du 27 septembre jus-
qu’au 30 inclusivement.
Tors les horticulteurs et amateurs sont
invités à prendre part à cette exposition qui
admettra, indépendamment des Heurs, des
fruits, des légumes, etc., tous les instru-
ments d’horticulture.
Le programme comprend 27 concours,
dont deux méritent une mention toute parti-
culière, parce qu’ils ont trait à une question
fort importante, celle de l’enseignement de
l’horticulturedansles écoles primaires : l’un,
pour le meilleur mémoire sur une question
pratique d’horticulture, mise à la portée des
élèves des écoles (le choix du sujet estlaissé
aux concurrents); — l’autre concours, pour
l’apport à l’exposition de la plus belle col-
lection de fruits ou de légumes provenant
du jardin de V école.
Le transport des objets destinés à l’expo-
sition est à la charge des exposants, qui doi-
vent les faire parvenir au plus tard le 27 sep-
tembre à huit heures du matin. — Ceux qui
désirentexposer doivent en faire la demande
CO, jusqu’au 22 septembre, à M. lepré-
sidentde la Société, à Clermont.
— La Société d’horticulture et de bota-
nique de Beauvais fera son exposition d’au-
tomne du samedi 29 septembre au mardi 2
octobre inclusivement, dans les jardins et
bâliments de l’ancien séminaire. Cette expo-
sition comprendra les Heurs, les fruits, les
légumes, ainsi que les divers objets qui se
rattachent à l’horticulture.
Ceux qui voudront exposer devront en
faire la demande avant le 27 septembre à
M. HippolyteRodin, secrétaire de la Société,
rue Saint-Nicolas, et à M. Cyrille Caron,
secrétaire de la commission d’organisation,
85, rue de la Préfecture. Une condition que
la Société impose, c’est que tous les objets
soient le produit de la culture ou de l’in-
dustrie des exposants, fait qui devra être af-
firmé par ceux-ci lors de leur demande.
Toute contravention à cet arrêté exclut du
concours celui qui s’en rend coupable; de
plus, mention en est faite au procès-verbal.
^ Une partie de cette exposition sera affec-
tée à l’étude des Pommes à cidre. Dans le but
de débrouiller un peu la confusion qui existe
dans la nomenclature de ces fruits, la Société
engage, par un appel général, MM. les pro-
priétaires, cultivateurs, curés et instituteurs
du département, à concourir à ce travail.
Elle les prie de présenter, autant que pos-
sible, des fruits adhérents aux branches
et accompagnés d’étiquettes indiquant le
nom sous lequel les fruits sont connus dans
la commune, ainsi que tous les autres ren-
seignements qui pourraient aider à en éta-
blir la synonymie. Enfin, le mardi 2 oc-
tobre, à l’issue de l’exposition, aura lieu la
foire aux fruits.
— La Société d’horticulture de la Haute-
Garonne fera son exposition d’automne à
deux époques différentes. La première exposi-
tion, commençant le 4 octobre, finira le 7 ; la
deuxième aura lieu les 3 et 4 novembre. —
Cette exposition forme deux divisions; la
première comprend deux concours : l’un
affecté aux semis, l’autre à la multiplication
par greffe, bouture, marcotte, etc., etc. —
La deuxième division comprend 28 con-
cours, dont 3 pour les arts et industries se
rattachant à l’horticulture, tels que plans
de jardins et constructions rustiques, ins-
truments ou objets d’art employés en hor-
ticulture; enfin les produits industriels
obtenus de végétaux cultivésdansles jardins.
Le 28« et dernier concours est ouvert pour
tous les ouvrages, mémoires et journaux
qui offrent un intérêt spécial pour les cul-
tures horticoles du sud-ouest de la France.
Deux exemplaires de ces ouvrages devront
être remis au secrélariat, un mois avant l’ou-
verture de l’exposition. Tous ceux qui vou-
dront exposer devront en faire la demande
par une lettre adressée au secrétaire de la
Société, rue St-Antoine-du-T, 2 bis, huit
jours avant l’exposition, sous peine d’être
mis hors de concours. Les lots devront être
rendus les 3 octobre et 2 novembre, avant
9 heures du malin, au local de l’exposition.
CHUOTsIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AOU'l>
- L’exposition pomologique, florale et
maraîchère, organisée parla Société d’horti-
culture et de botanique de l’Hérault, aura
lieu cette année du 5 au 9 septembre, à
Montpellier.
On sait que la Société d’horticulture et
de botanique de l’Hérault a pour président
un homme d’une haute valeur, un amateur
éclairé, M. Doumet, que la Revue horticole
compte au nombre de ses collaborateurs.
— Ün de nos collègues, M. F. Jamin,
nous adresse la lettre suivante :
Mon cher rédacteur,
Permettez-moi de vous adresser deux obser-
vations que me suggère la lecture du numéro de
la RevAie horticole du 16 juillet. Dans un article
de M. Pépin sur le Fraisier Vicomtesse Héri-
cart de Thury, Fauteur dit bien que l’obten-
tion de cette précieuse variété remonte à 20 ou
25 ans, mais il n’en cite pas l’obtenteur. Or, je
suppose que vos lecteurs verront avec plaisir
cette lacune comblée, et je vous dirai que moi-
même j’éprouve quelque satisfaction à vous
annoncer que c’est à mon père, M. J.L. Jamin,
qu’on doit ce fraisier, qui aujourd’hui, comme
le fait justement observer M. Pépin, est cultivé
sur une grande échelle. Le Fraisier Vicom-
tesse Hériciirt de Tliury provient de graines du
Fraisier British Qiieen, dont mon père avait rap-
porté quelques fruits et quelques plants d’iVn-
gleterre, alors qu’il était encore nouveau.
Ma seconde observation porte sur l’article qui
rend compte de la séance du 28 juin de la So-
ciété impériale et centrale d'horticulture. Dans
cet article, on me fait dire que le Maïs panaché
présenté à cette séance serait d’origine améri-
caine. Ce n’est pas cela que j’ai fait obser-
ver. J’ai dit que la plante était japonaise ; mais
que, selon toute probabilité, elle avait été im-
portée d’abord aux États-Unis d’Amérique, d’où
on en avait expédié des graines en Europe;
que notre maison en avait reçu directement
d’un horticulteur marchand de Springfield, Mas-
sachussetts.
Au surplus, voici les renseignements que je
trouve dans une circulaire qui est venue avec
les graines.
« Le Maïs à feuilles panachées a été obtenu au
Japon par M. Thomas Hogg, pépiniériste et hor-
culteurbien connu de New-York, qui en envoya
des graines au printemps 1864, à son frère,
M. James Hogg. Il parait être une variété du
Zea Caragua, qui ditfèie du Zea Maïs par divers
caractères. 11 atteint une hauteur de 5 à 6 pieds,
et les feuilles ont deux ou trois pouces de lar-
geur sur 4 pieds de longueur. Elles sont magni-
liquement et régulièrement panachées et ruba-
nées de vert et de blanc, voire même de rose au
début de la végétation. La plante a l’aspect de
VAnnido clonax variegata, mais elle est beau-
coup plus jolie et plus forte.
« Rien ne saurait égaler en grâce et en beauté
un groupe de 3 à 5 pieds de ‘cette variété de
Maï?^. » E. Jamix,
llorlicullcur à liuurg--!a-Rcinc.
Si l’on admet, avec M. Jamin que le Maïs
I anaché est d’origine japonaise, il ne faut
pas en conclure que les autres variétés ont
la même origine ; on le sait, la patrie du
type Maïs est restée jusqu’à ce jour complè-
tement inconnue.
Quant à la Fraise Vicomtesse Héricart de
Thury (la Ricart des cultivateurs), nos
lecteurs apprendront avec plaisir quelle est
due à M. Jamin père.
— Nous avons reçu plusieurs autres let-
tres que nous croyons devoir publier. La
première, adressée par notre collaborateur
M. André, est ainsi conçue :
Passy, 10 août 1866.
Mon cher rédacteur,
Tout en rendant justice au talent et à la
courtoisie de M. de Ternisien, je me crois forcé
de faire quelques observations à l’article qu’il
a publié contre la taille des Azalées.
Que M. de Ternisien me permette d’abord de
m’étonner de le voir, lui qui a émis l’idée
d’élaguer ^ les conifères, s’insurger contre la
taille, après l’avoir préconisée !
^ Ensuite, je n’ai pas dit que les Azalées que
j’avais vues à Londres fussent taillées. J’ai dit
qu’elles étaient formées en pyramide, ainsi que
nombre de plantes de serre froide, et j’ai re-
commandé cette forme comme plus agréable et
plus rationnelle que Informe en boule. Les An-
glais taillent très-peu leurs plantes, et les Azalées
dont je parle sont seulement palissées en pyra-
mide sur de légères armatures en fer qu’on
enlève quand les plantes sont formées.* Je n’ai
pas dit autre chose, et n’ai point sur tout
parlé de taille.
Et cependant, j’en veux dire un mot. Je ne
suis pas du tout de l’opinion de M. de Ternisien
là-dessus. Je ne pense pas que lui-même puisse
élever de jeunes plantes en pot, de forme
agréable, sans corriger par une taille intelli-
gente leurs éepts de végétation. Si nos horti-
culteurs ne faisaient pas ainsi, qui voudrait de
leurs pfa'ntes? Le palissage dont je parle ne
peut-être employé que pour former de forts
spécimens d’exposition. La plante marchande
ne peut coûter tous ces soins; il lui faut vite
une forme correcte; de là, la nécessté de la
tailler.
Que maintenant, dans les régions où les
Azalées à feuilles persistantes supportent les
hivers, on les laisse croître à leur caprice, en
liberté, à merveille! Je ne doute pas que M. de
Ternisien en ait de fort belles. Mais j’aurais
bien voulu voir l’effet qu’elles auraient produit
avec leur formes pittoresques et leurs fleurs
éparses en regard des immenses et éclatantes
girandoles de Kinsington !
M. de Ternisien paraît connaître à merveille
la végétation des Azalées de l'Inde. C’est très-
bien, mais je n’y vois qu’un petit inconvénient :
c'est qu'il n'y a pas d' Azalées dans l'Inde. Les
plantes connues sous ce nom au commerce sont
toutes du Japon et de la Chine ; une seule est
de Java. L’erreur accréditée vientde loin,elleest
passée dans l’usage. Je la coiislalt' sans cher-
cher à la justilier.
D’ailleurs, M. de Ternisien eût pu lire ce
que j’ai autrefois écrit là-dessus, dans mon
I
323
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AOUT).
Traité des plantes de terre de bruyère ; peut-
être eût-il modifiée ensuite sa critique.
Veuillez, croire_, etc.
E. André,
— Dans une lettre que nous adresse notre
collaborateur, M. Gagnaire, nous trouvons
un passage intéressant pour nos lecteurs. Il
s’agit de la variété de Rosier appelé Maré-
chal Niel, sur la valeur de laquelle nous
avions émis des doutes. M. Gagnaire écrit ;
« Le Rosier Maréchal ISiel, dont vous
avez parlé, et duquel on a fait grand bruit, a
été introduit dans les cultures depuis deux
ans. Pour notre compte, nous n’avons pas à
nous féliciter de cette variété. Car sa flo-
raison est très-souvent compromise et les
boutons ne s’épanouissent que très-difficile-
ment. Mais si, par hasard, la floraison s’ef-
fectue dans de bonnes conditions, les fleurs
sont à peu près semblables à celles du Ro-
sier Chromatella. »
— On ne saurait trop appeler l’attention sur
les procédés qui peuvent rendre des servi-
ces à l’horticulture; c’est pour cette raison
que nous allons publier la lettre suivante,
relative aux étiquettes :
Condé-sur-Escaut, le 2 août 1866.
I Monsieur,
Puisque la question des étiquettes est à l’or-
dre du jour, j’ai l’honneur de vous en adresser
quelques-unes afin que vous jugiez par vous-
même et que vous puissiez faire voir qu’une
bonne étiquette de jardin n’est pas la pierre phi-
losophale.
Les trois étiquettes en zinc, écrites, donnent
ar leur inscription la date de leur confection,
es deux numéros qu’elles portent viennent
d’une série qui constituait ma collection de
Chrysanthèmes avant 1854. Ces chiifres ont
donc plus de douze ans d’existence, et ne servent
plus maintenant que de numéro d’ordre. Vous
remarquerez que les mots Saturne et Souci doré
n’ont pu être effacés assez complètement pour
n’être plus lisibles.
Quand ces numéros ou les inscriptions de-
viennent peu lisibles par l’oxydation superfi-
cielle du zinc ou par la mince couche de terre
qui y adhère, je les frotte avec un morceau de
pierre ponce et un peu d’eau, puis je les essuie
et y passe un linge gras pour donner un peu de
transparence à la légère couche de matière
pulvérulente qui peut y rester. Il arrive quel-
quefois que l’inscription ne résiste pas parce
quelle n’a pas été bien faite : la seule ressource
est alors de l’effacer entièrement et de la re-
faire.
L’écriture est faite avec une encre qui se rap-
proche beaucoup de celle de M. Farbos {Revue
horticole, 186C, page 283), mais elle est déjà
bien vieille. Je l’ai trouvée dans le Traité de
l'OEillet,àe M. Ragonot Godefroy (Paris, 1844)
page 64.
Vert-de-gris 2 parties.
Sel ammoniac en poudre 2 a
Noir de fumée 1 ,
Eau 10 ,
« On délaye le noir de fumée dans un petit
verre d’esprit de vin, puis on mêle le tout en-
semble de manière, à ce que toutes les substances
soient bien écrasées et incorporées. On tiendra
la bouteille bien bouchée, etc. i»
J’ajoute qu’on l’agitera avant de s’en servir.
Les numéros sont faits avec la même compo-
sition, rnais dans laquelle entre beaucoup
moins d’eau. Les matières sont broyées et
employées avec une petite brosse et des chiffres
découpés.
L’encre doit 'surtout être employée avec des
plumes d’oie, car elle attaque fortement les
plumes en fer. Pourtant on peut encore se
servir de ces dernières, à la condition de les
renouveler souvent. Si on pouvait obtenir des
plumes en cuivre, cette composition ne laisse-
rait réellement rien à désirer. J’ai, d’ailleurs,
essayé d’autres encres, mais je suis toujours
revenu à cette formule que.j’engage à adopter.
Agréez, etc.
C. St-Quentin,
Chef de bataillon du génie.
Nous pouvons affirmer, en effet, que les
étiquettes qui nous ont été envoyées par
M. Saint-Quentin, et quenous tenons du reste
à la disposition de tous ceux qui désirent
les voir, n’ont subi aucune altération.
— Nos lecteurs se rappellent sans doute
que, dans une de nos précédentes chroni-
ques, nous avons donné notre avis sur la
Laitue Rossin. Nous avons reçu une lettre
de M. Deruy qui confirme à peu près tout ce
que nous en avons dit. Voici cette lettre :
Mesnil St-Georges, près Montdidier (Somme),
le 5 août 1866.
Les quelques renseignements que vous avez
donnés dans votre avant-dernière chronique
au sujet de la Laitue Bossin, me font espérer que
vous accueillerez ceux que j’ai l’honneur de
vous transmettre sur le même sujet et qui con-
cordent assez bien avec les vôtres.
J’ai semé des graines de la Laitue Bossin
vers le 15 mars, sous cloche ; les plants qui ont
été mis en place à la fin d’avril, pommaient à la
mi-juillet, c’est donc 3 mois pleins qu’il leur a
fallu pour qu’ils fussent bons à manger.
Sur 100 plants obtenus d’un paquet de 100
graines, un cinquième seulement a pommé;
notez que je les avais plantés dans une bonne
terre de potager fumée avant l’hiver et bien
préparée. Les 4/5 ne m’ont donné que des
feuilles, et ont monté sans pomme. Quant à
l’autre cinquième, qui a pommé, les plantes
n’avaient rien que de bien ordinaire, et encore
n’ai-je pu en obtenir une seule à peu près saine;
toutes pourrissaient sous les premières feuilles
de la pomme, quoique le temps fût très-sec.
Aussi j’ai renoncé à la cultiver.
Agréez, etc.
A. Deruy, jardinier.
— Tout le monde connaît ces terribles ron-
geurs, les rats, qui font tant de dégâts et dont
il était à peu près impossible de se débar-
rasser, sinon par des moyens dont l’emploi
pouvait avoir parfois de fâcheuses consé-
quences. Nos lecteurs apprendront donc avec
plaisir que M. Cloëtz, aide-naturaliste au
3i4
CHUONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AOUT).
Muséum, a trouvé un procédé aussi simple
et facile à employer qu’il est sûr quant aux
résultats. Ajoutons qu’il a cet autre mérite
d’être peu dispendieux
Ce moyen consiste à les asphyxier à l’aide
du sulfure de carbone. Voici comment
on procède ; on bouche toutes les entrées des
trous, soit avec des tampons de foin, soit avec
de la terre ; puis on y rend un petit tuyau en
plomb dont l’entrée supérieure est évasée en
forme d’entonnoir ; on introduit la base dans
l’un des trous tamponés de manière que l’air
ne pénètre pas; cela fait, on verse dans le
tuyau un peu de sulfure de carbone. Cette
substance, qui est liquide, descend dans le
trou, et ne tarde pas à se volatiliser. La va-
peur du sulfure de carbone pénètre jusque
dans les moindres^ interstices et détermine
sur tous les rats un engourdissement assez
semblable à celui que produit le chloro-
forme. Toujours, et même en très-peu de
temps, cet engourdissement est suivi de
mort. A l’aide de ce procédé si simple, on a
pu détruire au Mir éum des quantités consi-
dérables de rats.
Cette expérience a été faite récemment à
la ménagerie du Muséum. Une cabane oc-
cupée par des animaux était envahie par les
rats qui avaient creusé dans le sol de nom-
breuses galeries. Après avoir introduit clans
les galeries un peu de sulfure de carbonne,
on déblaya le sol et on trouva dans les trous
cent hait rats asphyxiés. La mort par.dt
avoir été douce, car aucun d’eux n’avait ma-
nifesté le plus petit signe de douleur, ce
qui s’annonçait par Tabsence de contrac-
tions; on les aurait crus endormis.
Ce moyen est d’autant plus précieux :
que le sulfure de carbone n’a aucun in-
convénient pour l’homme, qui peut impuné-
ment le respirer; 2» que cette substance,
est à bas prix. En l’achetant en gros, on la
paye 0L85. le kilogr.; comme il en faut à
peu près 50 grammes, ou 60 grammes si les
galeries sont nombreuses et profondes, c’est
donc une dépense d’environ 4 à 6 centimes
par opération.
Ce n’est pas seulement les rats qu’on
peut faire mourir par ce procédé, mais tous
les animaux qui se terrent, tels que taupes,
souris, renards, etc.
Le tuyau en plomb doit avoir environ
l mètre de longueur, de manière qu’il puisse
pénétrer assez profondément dans le sol,
et, comme il pourrait se boucher, il hmt
avoir soin de percer quelques trous latéra-
lement vers son extrémité, de manière à
donner, au besoin, plusieurs issues au sul-
fure de carbone.
— En parcourant récemment un petit
jardin appartenant à M. Jamin, àBourg-la-
Reine, nous avons été frappé de l’aspect d’un
Rosier, qui, par son faciès, ne nous était pas
étranger, mais que nous ne reconnaissions
pas. C’était cependant une vieille connais-
sance : le Rosier Gloire de Dijon. Celte va-
riété-là était couverte de belles fleurs rou-
ge-saumoné, presque orangées, tandis que
normalement, ainsi qu’on le sait, elle donne
des fleurs de couleur jaune un peu Nankin. A
quoi donc était due celte couleur inusitée?
Evidemment à l’influence du milieu dans le-
quel était placé le Rosier, influence qui,
sans aucun doute non plus, exerce sur les
formes et sur la nature de tous les êtres une
I puissance des plus grandes, modifie à l’in-
I finie tous les caractères, et qui, très-proba-
blement, est la principale pause à laquelle
sont dus les phénomènes et les particula-
rités de la végétation.
— Le riche établissement du fleuriste de
la ville de Raris, à la Muette (Passy-Paris),
présente, entre autres merveilles, un Bam-
busa edutis ou mitis, dont la vigueur est
très-remarquable. En effet, mis en pleine
I terre depuis deux ans seulement, il a dé-
veloppé plusieurs bourgeons, dont l’un,
dans l’espace d’environ 3 semaines, a acquis
4 mètres de hauteur sur plus de 2 centi-
mètres de diamètre. Si l’on réfléchit que la
pousse annuelle n’est pas terminée et qu’elle
pourra encore s’allonger, on sera convaincu
que cette espèce, dont la patrie est très-pro-
bablement la Chine, est réellement une heu-
reuse acquisition; elle est d’autant meilleure
que le Bambusa ednlis est très-rustique et
qu’il supporte, sans souffrir, les hivers de
Paris. Nous en donnerons une description
sommaire dans un des articles intitulé :
Plantes nouvelles, rares ou peu connues.
! Une autre espèce de Rarnbou, récemment
introduite en France, est le Bambusa Si-
I monii, également originaire de la Chine,
' d’où le Muséum la reçue. Cette espèce à
: feuilles très-longues, la plupart bien pana-
chées-lisérées, est des plus rustiques et
assez vigoureuse, puisque celte année (1 866)
I le pied-mère, que nous cultivons au Muséum,
j nous a donné dans une année des bourgeons
de 3 mètres de hauteur. Nous en donnerons
I également une description,
i Nous citerons encore, comme plantes ra-
I res et intéressantes que nous avons remar-
! quées au fleuriste de la ville de Paris, les
j Ixora alba, Amboynensis, coccinea, Java-
nica, aurantiaca, flammca, floribunda,
enfin V Ixora salicifolia, plante très-remar-
quable, dont les feuilles larges d’à peine
3 centiniètres, alleignent jusqu’à 25 à
30 centimètres de longueur; les fleurs,
nombreuses, sont d’un rouge orangé-jaunâ-
tre, disposées en ombelles très-fortes; leurs
divisions sont longuement accuminées -ai-
guës.
— Nous avons également admiré presque
toutes en fleurs, à la Muette-Passy, les
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’AOUT).
Nepenthes disfillatoria^phyllamphora, Hoo-
kerii, Lœvis, Dominical Éafllesii^ hybrida
maculfila. Ces piaules, comme on sait,
sont Irès-cnrieuses par la nervure médiane
de leurs feuilles, qui, à son extrémité, se di-
late et se transforme en une espèce d’urne
munie d’un couvercle ou sorte d’opercule
qui enferme complètement l’entrée. A côté,
dans une autre serre, on voyait en Heurs le
Disa grandiflora, orchidée terrestre à feuil-
les lancéolées-ai^uës, embrassantes; les li-
ges, qui atteignent jusqu’à 50 centimètres
de hauteur, sont terminées par des Heurs
très- larges, ''arfois nombreuses, d’un rouge
vermillon, trè— ouvertes, éperonnées, bi-
zarres, en un mot, comme sont celles de la
plupart des orchidées.
— - La variété de Pécher Unique, appelée
aussi Neiü serrated, variété si singulière et si
dïslmcie, unique, on peut dire, par la forme
et la découpure de ses feuilles, vient de se
reproduire de semis au Muséum, du moins
quant à la forme de ses feuilles. En sera-t-il
de même des fruits? C’est ce que nous ne
pouvons dire.
— Un fait très-remarquable, probablement
unique en France, et peut-être même en
Europe, vient de se produire dans les serres
du Muséum, qui, comirie on le sait, sont con-
fiées aux soins de M. Houllet. Ce fait, que
l’on peut considérer comme un heureux
phénomène, c’est la Horaison d’un Cycas
mâle, de l’espèce Riuminiana. Celte espèce,
originaire des Philippines, a été introduite
en Europe par M. forte en 1863.
L’individu qui a Heuri a une tige de 2'^. 10
de hauteur surO'«. 08 dediamètre. Cette tige
est surmontée d’une couronne de belles
feuilles qui rappellent un peu celles du C.
CircinaHs. Au centre de cette couronne est
placé le cône ou cliâion mâle, qui est dressé,
long de 16 cent., atténué, obtus aux deux
bouts, de 6 cent, dans sa plus grande lar-
geur. Les écailles an thérifères, ferrugineuses,
325
roux-foncé, presque orangé, subcunéifor-
mes, épaisses, sont terminées par un ap-
pendice raide, sjiinescent, aigu, tourné vers
le sommet du cône, long o’environ 8 ou
10 millimètres. Antbères globuleuses, blan-
châtres, sessiles, j)lacées sur toute bipartie
des écailles qui est cachée.
Le fait dont nous venons de parler est
d’autant plus précieux que chaque année,
au Muséum, des Cycas femelles fleurissent;
mais, jusqu’ici, ils restaient stérdes faute de
pallen. Espérons qu’il n’en sera plus ainsi,
car M. Houllet a recueilli le pollen du
C. Biiminiona et en a imprégné les Heurs
femelles du C. CircinaHs, ouvertes en ce
moment.
— On voit aussi en ce mjoment au Muséum,
un P fui llocla dus femelle qui porte
des fruits; ceux-ci, qui sont déprimés, lui-
sants, un p3u plus petits qu’un grain de
Chènevis, commencent à mûrir. La ilri’we
horlicole donnera prochainement une gra-
vure de celte intéressante espèce, qui fruc-
tifie très-jeune, et facilement. Nous l’avons
déjà vu plusieurs fois fructifier: la premiière
fois, chez M. Rougier-Chauvière, et depuis
dans plusieurs endroits, notamment chez
M. André Leroy, à Angers, où, indépen-
damment de l’individu femelle, nous avons
pu étudier l’individu mâle en Heurs.
— Nous terminerons cette chronique en
annonçant à nos lecteurs l’introduclion de
la Chine d’une nouvelle variété de*Pêcher.
Cette variété que 1 on doit à M. Gustave Thu-
ret, à qui nous l’avons dédiée, et dont nous
donnerons une gravure et une description
dans un article spécial, est à grandes Heurs;
ses fruits, qui par leur grosseur et presque
par leur forme rappellent ceux de la variété
désignée par les horticulteurs sous les noms
d' Avant Pêche rouge et de Petite Mignonne,
sont à chair libre; ils sont juteux, assez
agréablement parfumés.
E. A. Carrière.
UN MOT SUR LA CULTURE FORCÉE DU PÊCHER.
Nous empruntons au Journal of Horti-
culture (no du 23 mai dernier), la petite
note suivante, qui est de M. Michael Davis,
jardinier à Rockhamplon, près de Londres,
pensant (|ue ceux qui s’occupent de la cul-
ture forcée des arbres fruitiers, de ce côté
du détroit, pourront y trouver presque autant
d’intérêt que leurs voisins d’outre-Manche.
Il est entendu que nous laissons à M. Mi-
chael Davis la responsabilité de ses allé-
gations :
(( La culture des arbres fruitiers sous
verre, nous dit-il, est devenue si générale
en ce pays, que, depuis longtemps déjà, il
n’est plus nécessaire de la patroner par la
voie des journaux. Tout le monde cepen-
dant ne se fait pas une juste idée des profits
qu’elle peut procurer. J’espère faire voir
par les faits que je vais r;q)porter et que je
garantis parce (pi’ils se sont passés sous mes
yeux, que ces profits sont plus grands qu’on
ne le soupçonnerait à (iremière vue, et je
ne serai certainement pas démenti par ceux
de mes confrères qui tiennent une exacte
comptabilité de leurs opérations.
« On se figure assez généralement en
Angleterre que les rapides communications
qui se sont établies entre ce pays et les
pays voisins ont notablement abaissé le
prix des produits du jardinage, et, en parti-
826
m MOT SÜU LA CüLïlRE FORCÉE DE PÊCHER.
culier, des fiuits, dont ils nous arrive de
grandes quantités du dehors. Certainement
nos marchés en sont plus abondamment
pourvus aujourd’hui qu’aulrefois, mais le
seul effet sensible qui en ait été la consé-
«juence est l’accroissement du nombre des
consommateurs et une plus large consom-
mation pour chacun d’eux. Le prix des den-
rées lui-même s’en est à peine ressenti, et
l’on peut dire sans exagération qu’il est resté
le même pour les fruits de premier choix, et
particulièrement pour les fruits de primeur.
Ce résultat s’explique naturellement par ce
fait que les fiuits importés dans leur sai-
son naturelle sont presque exclusivement
achetés par la classe populaire, tandis que
ceux de primeur s»ont restés et resteront
probablement un luxe accessible seulement
aux classes riches. Nous avons donc toute
raison de penser que, quelque accroisse-
ment que prenne rimportation des fruits en
Angleterre, ceux qui s’y livrent à la culture
forcée trouveront toujours une suffisante
rémunération de leui travail et de leurs
avances. Voici les faits sur lesquels je me
fonde :
(L Dans une serre à vignes 'ürchard house)
adossée à un mur, longue de 12 mètres et
large de 5, un Pêcher Royal Georges et un
Brugnonier ont été plantés il y a douze ans,
devant le mur de fond, sur lequel ils sont
palissés et dont ils occupent toute la lon-
gueur. Le Pêcher est le plus grand des
deux, et tient environ un quart plus de
place que le Prugnonier. Avant d’être planté
dans cette serre, il était palissé sur un mur
à l’air libre, et lorsqu’on l’a mis là où il est
aujourd’hui, on a eu grand soin de faire en
sorte que toutes ses racines restassent à l’in-
térieur du local pour les faire béiiéticier de
la chaleur qu’on y entretient artificielle-
ment. La pièce est parcourue par trois
tuyaux de thermosiphon, du système tubu-
laire de Weeks, savoir, un tuyau d’aller et
deux tuyaux de retour. Depuis l’année 1801
que ces deux arbres sont sous ma direction,
j’ai tenu une note exacte de leurs produits
et des prix de vente, ce qui me permet de
donner avec exactitude les chiflres sui-
vants, qui se rapportent au Pêcher seul :
Années. Maturité au Récoltes vendues.
1862
1863
1864
1865
1866
15 juin,
28 mai,
l^’’ mai,
21 avril,
10 mai,
1,062 fr.
1,212 »
1,675 »
1,625 »
1.250 »
(( Le Brugnonier donne annuellement, en
moyenne, 20 douzaines de fruits, qui se
vendent, l’une dans l’autre, 15 schelings ou
18fr. la douzaine, donnant un total moyen de
360 fr. La moyenne annuelle du produit du
Pêcher, en argent, est 1,364 fr., ce qui fait,
en y ajoutant le produit du Brugnonier,
1,724 fr. De ce produit il faut sans doute
déduire les frais de culture et de chauffage,
mais il faut considérer en même temps que
la serre n’est pas exclusivement occupée
par les deux arbres en question; que c’est
à proprement parler une serre à vignes, et
que le prix de vente du raisin doit aussi être
porté en ligne de compte. Au total, le pro-
duit de cette petite serre est très-rémuné-
rateur, et, comme je l’ai dit plus haut,
ceux qui s’occupent, en Angleterre, de
forcer des fruits, pourront au besoin con-
firmer mes calculs, s’ils en veulent prendre
la peine. »
Pour notre compte, nous ne ferons pas
d’observations sur ce point; nous ferons
seulement remarquer que les racines des
deux arbres ont été tenues dans le local
chauffé artificiellement, et cette particula-
rité de la culture, à laquelle on fait généra-
lement peu attention, est bien probablement
pour quelque chose dans le résultat obtenu.
Naudin.
LIMNANTHES ALBA
En visitant, au commencement du mois
de mai dernier, le jardin botanique de Gre-
noble, deux corbeilles me frappèrent, non-
seulement à cause de leur beauté, mais parce
qu’elles étaient formées d’une plante que
je n’avais pas vue jusqu’ici employée dans
les jardins. Cette plante, dont les fleurs blan-
ches assez grandes, extrêmement nombreu-
ses et se succédant sans interruption pendant
près de 6 semaines, formaient le plus ravis-
sant effet, était \e Limmnîhes albn, Hartw.
Mss. ex Bentlî. Pl. Hartw. 301, n» 1677,
originaire delà vallée de Sacramento (Cali-
fornie), où elle croît dans les lieux humides.
Nos jardins possèdent depuis longtemps
déjà, et nos jardiniers connaissent tous, le
Limianthes DougJasii, R. Br., indigène aussi
de la Californie, à fleurs grandes, étalées,
blanc jaunâtre passant au jaune vers le cen-
tre et veinées ou lignées de gris, à feuilles
glabres et segmentées, un peu charnues.
Plus récemment, on a introduit dans les
jardins où, par parenthèse, la plante est d’une
extrême rareté, le Linwantkesrosea, Hartw.,
espèce californienne aussi et qui ne diffère
du précédent que par ses liges plus grêles ,
plus nombreuses, par ses feuilles plus peti-
tes, à segments plus étroits, par ses fleurs
rosées, plus petites et plus longuement pé-
tiolées; comme le précédent, c’est une
plante tout à fait glabre.
Le Liîiwarthes alla est beaucoup plus
DESMANTHUS NATANS.
327
voisin du Limnantlies rùseaque du Limmn-
thes Donglasü. En voici une description plu-
tôt horticole que botanique faite sur des
échantillons vivants cueillis dans les cor-
beilles qui avaient attiré notre attention.
Plante à racine annuelle, pivotante et très-
peu rameuse, couronnée par une rosette de
feuilles glabres, pétiolées, pinnatifides ou
pinnatipartites, à divisions étroites, aiguës,
mucronées, émettant à leur aisselle des ra-
meaux flasques, étalés sur le sol, puis re-
dressés cà leur sommet, hauts de 15 tà 20
centimètres et munis de quelques feuilles
alternes et plus petites que les radicales.
Fleurs assez grandes, portées par des pédon-
cules de 8-10 cent., formées de 5 pétales ré-
guliers, lancéolés ou ovales-lancéolés, d’un
blanc presque pur, à peine teinté de rose
très-clair au sommet; calice poilu, persis-
tant, monosépale, à 5 divisions lancéolées
aiguës; étamines au nombre de 10. Pistil
formé de 5 styles. Fruit composé de 3 à 5
carpelles uniloculaires arrondis, rugueux et
disposés en verticille.
Le Limnantlies alha est propre à faire des
bordures aussi élégantes que celles qu’on ob-
tient avec plusieurs Leptosipbons, Némopbi-
les, etc., ou à orner desplate-bandes. Comme
les deux autres espèces connues, celle-ci est
suffisamment rustique pour supporter l’hi-
ver sous le climat de Grenoble, où les hivers
sont assez rigoureux. On doit le semer cà
l’cautomne ou au printemps. Dcans le premier
cas, le semis se fait en septembre ou en oc-
tobre, et sa floraison, qui commence en mai,
peut durer jusqu’à la deuxième quinzaine de
juin; dans le second cas, on sème vers la fin
d’avril ou au commencement de mai et les
fleurs se succèdent de juillet à août. Les
graines se détachent avec une extrême faci-
lité et se répandent sur la terre où la récolte
devient alors difficile. Pour obvier à cet in-
convénient, on devra arracher les pieds quel-
ques jours avant la complète maturité des
graines, et on les déposera sur une feuille de
papier qu’on placera dans un lieu sain et
sec.
B. Verlot.
DESMANTHUS NATANS.
Cette espèce appartenant au groupe des
Mimosées, que nous avons aujourd’hui en
fleurs, est une vieille connaissance, très-
rare pourtant. Elle est des plus intéressantes
et se place à côté d’une autre Mimosée éga-
lement très-remarquable, du Mimosa pudica,
qui est assez communément cultivé dans
nos jardins, où il est généralement connu
sous le nom de Sensitive. Toutes les deux
sont annuelles, et le seul moyen de les
multiplier est par semis ; mais tandis que le
Mimosa pudica donne très-facilement des
graines, il en est autrement du Desrnanthus
natans (Willd.); la cause paraît due à
ce qu’il fleurit très-tard en saison. Le pu-
blic a pu le remarquer à l’Exposition d’hor-
ticulture de 1855, à Paris, où je l’ai cultivé,
et où il a même fleuri, mais sans donner
de graines.
De même que la Sensitive, le Desrnanthus
natans est sensible au moindre contact des
En écrivant cette notice, notre intention
n’est pas de faire connaître les caractères
scientifiques qui distinguent le Cèdre de
l’Atlas, nous voulons seulement faire ressor-
tir l’avantage immense qu’il présente sur
l’ancienne espèce : le Cèdre du Liban L
’ L’avantage que présente le Cèdre de l'Atlas
sur le Cèdre du Liban est bien connu d’un pro-
priétaire desplus éclairés, M. le Marquis de Vibraye,
qui considère cette espèce comme devant entrer
dans la composition des forêts. Depuis longtemps
corps étrangers. Il est surtout remarqua-
ble par sa tige flottante, assez grosse, en-
tourée de cellules aériennes d’une couleur
blanchâtre qui fait que la plante paraît en-
veloppée de coton, ce qui est très-curieux,
et attire l’attention de tout le monde.
La culture de cette plante D’est pas bien
difficile, elle demande d’abord l’eau à 20»
et surtout beaucoup de lumière; la lerre
glaise mêlée de morceaux de tourbe est
celle qui paraît le mieux lui convenir.
Le jardin botanique de Munich en pos-
sède actuellement un sujet très-vigoureux
qui est couvert de fleurs, et tout nous fait
espérer quelle donnera de bonnes graines
à l’aide desquelles on multiplira cette es-
pèce, qui, nous le répétons, est des plus
curieuses.
Kolb,
.Jardinier en chef au jardin bota-
nique de Munich.
Peu d’espèces de conifères, si ce n’est
peut-être le Séquoia sempervirens et le
WeUingtonia gigantea, poussent plus vite
que le Cèdre de l’Atlas. En comparant le
Cèdre du Liban au Cèdre de l’Atlas, dans
des conditions identiques, on trouve les
résultats suivants :
Cèdres du Liban, âgés de 1 an, hauteur
déjà, il en a planté des quantités considérables; et,
placé dans des conditioits très-diverses, cet arbre a
parfaitement réussi. — Xote de la rédaction.
LE CÈDRE DE L’ATLAS.
328
LE CÈDRE DE L’ATLAS.
6 à 8 centimètres ; de 2 ans, 12 à 15 centi-
mètres ; de 3 ans, de 18 à 25 centimètres;
de 4 ans, 30 centimètres ; de 5 ans, 50 cen-
timètres; de 6 ans, 75 centimètres, de
7 ans, environ 1 mètre.
Voici maintenant les dimensions que,
pendant un même laps de temps et soumis
au même traitemeni, acquièrent des Cèdres
de l’Atlas. La première année, les plants
atteignent “10 à 15 centimètres; la 2®, de
20 à 30; la 3^, 40 à 50; la 4°, 1 mètre; la
5«, l'“.75 ; la 6®, 2"L50; la 7®, 3 mètres
et plus. Une fois arrivés à cet âge, l’accrois-
sement annuel est souvent de plus de
1 mètre. J’ajoute que, jusqu’ici, j’ai tou-
jours vu réussir également bien le Cèdre de
l’Atlas dans tous les sols, et que, partout
aussi, il pousse très-vigoureusement. Il est
bon de remarquer encore que le Cèdre de
ENCORE UNE EXCI
RELATIVEMENT A LA GERMINATION
Les graines de Gledilschia, quelle que soit
l’espèce ou la variété qu’on examine, ont le
tégument fortement corné, épais et très-dur;
aussi n’est- il pas rare, lorsqu’on les sème
au printemps, qu’elles soient ou non vieilles,
et quel que soit aussi le traitement auquel
on les soumette, de ne tes voir lever seule-
ment que la deuxième, la troisième ou la
quatrième année; il en est même un certain
nombre qui mettent encore [dus de temps
à lever. Gela m’est toujours arrivé, et cette
année encoreayant labouré un coin de terre
qui avait été ensemencé il y a cinq ans de
graines de Gleditscliia triacmithos et de
G. sinemiSy le terrain s’est couvert de Gle-
ditschia provenant de graines âgées d’au-
moins 6 ans, qui étaient depuis 5 ans en
terre.
Tous les pépiniéristes ont pu constater
des faits analogues. Aussi, tous les auteurs
qui ont parlé des graines, ont-ils fait ressortir
cette particularité et dit, que, en général, la
germination ou la levée des graines de
Gledilschia n’a lieu que la deuxième antiée.
Et bien, ce qui a été vrai pour moi pendant
un grand nombre d’années, a cessé de l’être
en 1866, du moins d’une manière absolue,
puisque ayant semé des graines de G. tria-
canlhos, saspica, cinensis, et macranlhos,
de dillèrents âges, elles ont tonies levé dans
un espace de temps de 15 à 18 jours.
A quoi donc est dû ce résultat si singu-
lier? Dans cette circonstance il n’y a pas à
invoMuer l’influence du sol ni de la clnileur,
puisque le sol et l’emplacement étaient
les mêmes que les années précédentes : en
pleine terre ordinaire au Muséum. Quant à
l’Atlas, au moins aussi rustique que le Cèdre
du Liban, est moins délicat, et que sa re-
prise, lorsqu’on le transplante, est beaucoup
plus sûre. Aussi, je n’iiésite j»as à croire que
d’ici quelques années beaucoup de champs
incultes et considérés comme improductifs
seront occupés par cet arbre, et que, la oû
naguère poussaient à peine quelques mau-
vaises herbes, on verra de belles forêts de
Cèdres de l’Atlas.
En terminant cet article, et pour donner
une idée de la vigueur avec laijuelle croît le
Cèdre de l’Atlas, je dirai qu’un arbre âgé
de 12 ans (l’année du semis compris),
planté chez moi, mesure aujoui d’hui 1 mè-
tre de circonférence. Cet arbre, de toute
beauté, est en ce moment couvert d’une
très-grande quantité de chatons mâles.
André Leroy.
mm A LA RÈGLE
DES GRAINES DE GLEDITSCHIA.
la chaleur, il n’y en a pas eu beaucoup ; le
printemps de cette année, 1866, a été plu-
tôt froid que chaud.
Or, de ces faits, il est facile de tirer les
conséquences les plus contradictoires. Que
serait il arrivé, en effet, si la pretnière fuis
que j’ai semé des graines de Gledilschia
j’avais obtenu le résultat que j’ai obtenu
celte année, et si je l’avcis consigné dans
un livre? J’aurais dit absolument le con-
traire de ce que j’ai dit. Mais, n’aurait-il pas
pu se faire que ce qui m’arrive celle année
fût arrivé â un autre, et que cet autre eût,
comme moi, consigné ses résultats, tout à
fait contraires aux miens? Qu’aurait-il pu en
résulter? Ceci : Que, opposant notre assei-
tion l’un â l’autre, on nous aurait mal
jugés. Pourtant, tous deux nous aurions
dit vrai.
Tout ceci montre combien il faut être
réservé lorsqu’on a à parler de fûts de vé-
gétalien, et surtout lorsqu’on les élève à
l’état de théorie.
Pins que ja nais, nous sommes bien con-
vaincu que, dans les sciences naturelles, il
ne peut y avoir aucune tliéorie absolue, et
que, saut' lie Irès-rares exceptions, à un fait
avancé, résultant de rex|)érience, on pourra
opposer un autre fait tout â fut contraire
résultant également de l’e.xpérience; aussi,
nous ne cesserons de répéter celle vérité
qu’on ne deviaiil jama’s oublier: consigner
les faits lunt en les observaid avec un grand
soin, alin d’en tirer parii, voilà la vraie et la
seule science, celle (jui profite à tous et qui
sert à la fois la pratique et la théorie.
E. A. Carrière.
UN OUBLI A RÉUABEB.
Quelque soin que l’on prenne, tout en bor-
nant ses recherches et en ne s’occupant que
(Tun seul sujet, on oublie toujours quelque
chose. Ce qui esta remarquer dans cette cir-
constance, c’est que l’oubli porte très-fré-
quemment sur des objets qu’on a pour
ainsi dire toujours sous les yeux, et qui, au
point de vue qu’on poursuit, ne sont pas
sans valeur. Cette fois, l’oubli est d’autant
plus regrettable qu’il porte sur une plante
d’une véritable valeur, le Salvia lricoloï\
Qu’on se figure en effet des feuilles d’un
beau rouge à reflet violacé sur lesquelles se
détachent çà et là de grandes macules d’un
beau blanc, parfois même, et c’est le cas le
plus fréquent, toute la moitié supérieure
des plantes est d’un blanc jaunâtre, pur ou
mélangé de violet.
A cette vue, on se demande qu’elle peut-
être la cause de l’abandon d’une aussi jolie
plante. On s’en étonne d’autant plus que,
dans les traités qu’on a fait des plantes à
feuillage ornemental, on en trouve cité un
très-grand nombre qui ne lavaient pas pour
la beauté, et qui, de plus, sont d’une culture
relativement difficile ou dispendieuse. Parmi
celles qu’on a recommandées, il en est un
grand nombre qu’il faut rentrer en serre
pendant six mois au moins, et lorsqu’on les
a mises en pleine terre tout n’est pas fait, il
faut encore attendre longtemps avant quel-
les produisent de Veffet. Certes, nous ne di-
sons pas qu’on a tort de cultiver ces plantes,
qui, pendant deux mois, sont admirables, ce
que nous voulons seulement, c’est appeler
raltention sur une pauvre délaissée qui ne
manque pas de mérite et qui, on peut le
dire, ne présente aucun inconvénient. Elle
n’a pas seulement le mérite d’être un orne-
ment de jardin, elle est encore douée de
propriétés médicinales qui lui permettent
de nous rendre des services.
Bien que \e Salvia o f fl cinalis tnco/or puisse
croître dans tous les terrains légers, plutôt
secs qu’humides, il semble préférer néan-
moins une terre franche siliceuse. Sa rusti-
cité est très-grande; le mieux est de s’en
servir pour border les massifs. Quant à sa
multiplication, on la fait par la division des
pieds, qui doit se faire au commencement
du printemps lorsque les plantes entrent en
végétation.
Bakon .
DICHOmSANDRA MUSAtCA.
Le Dighoiusandbe mosaïque {Dichori-
sandra musai ca), qui est représenté par la
figure 39, faisait partie de la remarquable
collection de nouveautés, apportées à la
dernière grande exposition de Londres
par M. Linden, C’est, jusqu’à présent, une
des plus belles plantes du genre. On
avait bien quelques espèces à feuillage
teinté de pourpre, soit en dessous, soit
plus rarement en dessus des feuilles, mais
aucune ne présentait ces macules trans-
versales, blanches, alignées comme une
mosaïque satinée, et rappelant la dispo-
sition du réseau qui parcourt les fleurs
de la fritillaire damier {Frilillaria mulea-
gris).
M. Linden a reçu cetle plante de son
collecteur, M. Wallis, successeur de Li-
bone, dans les explorations botanico-hor-
ticoles de l’Amérique équatoriale. Elle
croît au Pérou, aux pieds de la grande
Cordillère, sur le versant de l’Amazone,
dans la région même où vivent d’autres
nombreuses espèces de Commelynacées, fa-
mille à laquelle appartient le Dichorisandra
musaica.
Ses tiges sont dressées, cylindriques, char-
nues (la plante mère exposée à Londres
avait deux tiges et environ 0*".50 de hau-
teur). Les feuilles, dont la surface du limbe
est inclinée presque verticalement par rap-
port au sol, sont sessiles, ovales oblon-
gues, acuminées, glabres, embrassantes,
alternes, distiques, épaisses, ondulées, lon-
gues de 20 à 27 centimètres, larges de 12
I à 15, sur la plante que nous avons vue. Leur
couleur est un beau vert brillant en dessus,
marbré de macules transversales oblongues,
presque rectangulaires, en forme de damier
I ou de mosaïque, d’un rouge violacé en des-
sous. Elles sont accompagnées à leur base
par des gaines entières, membranacées,
amplexicaules.
i L’inflorescence terminale forme un
^ thyrse serré, bractéolé. Les fleurs offrent
un périanthe à six divisions, dont les trois
intérieures sont plus grandes, d’un beau
' bleu d’azur à centre blanc. Les étamines,
au nombre de six, ont des anthères jaunes,
agglomérées et divisées en deux, caractère
qui a motivé la dénomination du genre
( 8tç, deux; divisions; av/jp, avSpor,
homme, organe mâle).
1 Cette description, que nous avons prise
DICHORISANDRA ML'SAICA,
330
].?’cZŒ £‘s: I îc "•
nniic chaudes et coiume
{outes ses congénères,
le Dichorisandra mu-
saica sera une plante de
serre chaude, facile à
vivre et réclamant des
soins analogues à ceux
qu exigent les autres es-
pèces du genre.
^ Compost de deux
tiers de bonne terre de
bruyère et d’un tiers
de terre franche; des
arrosements copieux
pendant la végétation et
modérés pendant l’hi-
ver, des rempotages fré-
quents (car la plante est
vigoureuse) sont les soins
qu’il convient d’accor-
der à cette plante. Mul-
dans nos serres, et il
nous faudra attendre,
sans beaucoup d’espoir,
à moins que M. Wal-
lis ne les ait observés
sur la plante sponta-
née.
La seule inflorescen-
ce qui se soit encore
montrée sur le pied
mère de M. Linden, a
été coupée pour l’é-
tude par le professeur
Koch, à son passage à
Bruxelles (retour de
Londres). Les savants
ne respectent rien !
La plante n’est pas
encore au commerce,
bien que les amateurs
1 attendent avec impa
x ctvuc irnpa- ~ ^'‘^^onsandra musaica. -i- '^v^nvicm u accor-
tience. Il faut espérer qu’ils n’attendront I cette plante. Mul-
longtemps, et, U 'printem?troIm! su'STè cCu
' Ed. André.
PHÉNOMÈNE DE VÉGÉTATION
PRODUIT PAR LE STANGERIA PARABOXA.
« Nous n avons vécu que sur des rui-
nes, » disait un jour M. Guizot :
Ces paroles du grand orateur pourraient
iurmnt application; mais c’est
jurtout dans les sciences naturelles, et en
se qui^ concerne les théories, qu’on en re-
connaît la justesse. Non-seulement chacun
emet souvent la sienne sur un même su-
et, mais il est bien rare que chacun ne
modifie pas continuellement son opinion.
Constamment, on remplace une théorie par
une autre; on bâtit sur des ruines!... Pour
expliquer ou pour justifier cette mobi-
lité, on invoque le progrès, l’on dit que
c est par suite de nouvelles observations
ou d observations mieux faites, etc. ou
bien encore qu’on y est contraint par l’étude
de nouvelles introductions, etc., e(c. Soit
évidemment il y a une cause; quelle qu’elle
puisse etre, nous la respectons; notre but,
ICI, est de constater un fait, celui de l’im pos-
sibilité ou 1 on est de fixer quoi que ce soit
d une maniéré absolue.
L’exemple suivant, que nous allons rap-
porter, en donne encore une preuve des plus
remarquables; il nous est fourni par une
Lycadee, parle Stangeriaparadoxa, E. Moor.
(Lomariœeriopus, Schrad.) (Fig. 40). Cette
espece, originaire de l’Afrique australe (Na-
tal.), tres-voisine des Encephalartos, et dé-
couverte en 1835, a été introduite en Eu-
rope par le D*’ Stanger en 1841.
Le fait dont nous allons parler, qui se
rattache a la physiologie, porte sur les
bourgeons, et, sous ce rapport, il est
contraire aux idées qui ont été émises sur
ce sujet. Jusqu à présent, que nous sachions
du moins, on n avait pas d’exemple de bour-
geons développés dans le centre d’un axe
dans cette partie des végétaux qui corres-
pond a ce qu’on nomme la moelle. Aussi
avait-on admis comme règle qu’on n’en pou-
vai obtenir gu’à la périphérie des plaides,
soit a 1 extérieur, soit à l’intérieur de l’é-
Zaï’ !*• “r’'® l’o» nomme
couche génératrice. Aujourd’hui, ie Slanae-
naparadoxa vient de détruire cette théorie
absolue en montrant une exception. Le fait
s est passé dans les serres du Muséum et on
doi la constatation à M. Houlet. En voulant
multiplier cette plante, il en a fragmenté la
tige, qui, solide et charnue, peut être non
assimilée mais comparée à celle soit d’un
zama, soit d’un Encephalartos. C’est au
centre d un de ses fragments, dans la partie
correspondant à la moelle, que s’est amassé
du tissu cellulaire qui a donné naissance
au bourgeon figuré dans la gravure 40.
Un fait très-singulier, c’est qu’aucun
des tronçons n’a présenté la moindre ap-
parence de bourgeons à l’extérieur, tamtis
que tous ont produit vers le centre des
amas de tisp cellulaire que l’on pouvait
comparer à celui qui se fait à la hase
lmp. Zanote J3,r des Boulangers. Pans
Ke nii e clva F r e d wo o dii
PHÉNOMÈNE DE VÉGÉTATION PRODUIT PAR LE STANGERIA PARADOXA.
331
des boutures et que
lent bourrelet.
heStangeriapara-
ftoxa a, du reste,
des caractères exté-
rieurs qui semblent
annoncer unecontor-
mation organique
toute spéciale, et de
nature même à trom-
per les botanistes.
Par leur forme, leur
aspect et leur nature,
ses feuilles rappel-
lent exactement celles
de certaines fougères,
cequiexpliquelenoin
de Lomaria qu’on lui
a donné. Quant à sa
tige, voici les caractè-
res qu’elle présente :
Tige charnue, so-
lide, présentant àl’in-
térieur, près du cen-
tre, une sorte d’an-
neau ou de cercle fi-
breux à l’intérieur
duquel existe une
masse de tissu cellu-
laire très-compacte.
A l’extérieur se trou ve
une partie qui sem-
ble plus dure et plus
solide, probablement
à cause de la place
qu’elle occupe; elle
est unie extérieure-
ment, un peu verru-
queuse, d’un gris-
roux légèrement fer-
rugineux. Les feuil-
les, semblables à des
frondes, sont formées
les jardiniers appel- I d’une sorte de pétiole long, solide, qui
d’abord comprimé, s’arrondit et se couvre
de poils feutrés-lai-
neux, couchés, blan-
châtres. Les folioles
ou sortes de pénu-
les sont longuement
lancéolées, plus ou
moins élargies à la
base, parfois atté-
nuées et comme pé-
tiolées , portant au
milieu une nervure
médiane saillante,
à bords légèrement
sinués, vert foncé lui-
sant sur les deux
faces, à nervures la-
térales simples, plus
rarement ramifiées ,
très-visibles, rappe-
lant celles des fou-
gères, courtement ré-
trécies au sommet
qui est terminé par
un mucronule rai-
de, parfois irrégu -
lièrement bi ou tri-
fide.
Pourquoi, disons-
nous en terminant ,
le Stangeria para-
doxa produit-il des
bourgeons dans sa
partie centrale, fait
que jusqu’ici on n’a
encore, à notre con-
naissance du moins,
observé chez aucun
végétal? Nous le de-
mandons aux hom-
mes compétents.
Fiff. 40. — Tronçon de tige du Stangeria pai adoxa, ayant pro- r *ot>tr«Tr-
duit un bourgeon dans la partie centrale. A. U.'VhRiLHh,
RAMONDIA PYRENAICA
Le genre Ramondia, dédié par Richard à
un naturaliste français, à Ramond, mort en
1827, ne comprend qu’une seule espèce,
celle que nous représentons ci-contre, le
R. Pyrenaica, Rich. (Verbascum Myconi,
Linn. ; Mymiia borraginea^La^. ; Chaixia
Myconi^Lag.). Ses caractères botaniques sont
les suivants ; calice libre, à 5 divisions, à lo-
bes égaux, obtus. Corolle rotacée, à 5 lobes
ovales, réguliers, presque égaux. Etamines
5, insérées sur la gorge de la corolle, à fdets,
courts, glabres. Anthères dressées, à loges
opposées, déhiscentes de la base au som-
met. Style simple. Ovaire capsulaire, à 2
valves placentifères sur leurs bords. Graines
petites, oblongues, hérissées,
Le Ramondia Pyrenaica est, ainsi que
son nom l’indique, originaire des Pyrénées.
C’est une plante acaule dont les feuilles,
disposées en rosettes, s’étalent sur le sol;
elles sont longuement ovales, dentées hé-
rissées de toutes parts de poils roux-ferru-
gineux à la face inférieure, blanchâtres
à la face supérieure. Ses hampes, courtes,
se terminent en une sorte d’ombellè qui
porte 2-5 fleurs, grandes, d’un pourpre
violet, à 5 lobes ciliés, à gorge courte,
munie devant chaque fdet d un faisceau de
poils courts, orangés. Ovaire pubescent.
Cette espèce, qui est très-floribonde et
très-jolie, a, au point de vue de l’ornement,
cet autre avantage de ne pas être délicate,
332
KENNEDIA FREDWOODII,
de sorte qu’on peut en faire une plante d’or-
nement. Si on la cultive en pots, la terre qui
doit être celle de bruyère très-grossièrement
concassée, doit aussi être fortement drainée,
de manière à éviter l’humidité stagnante
autour des racines. Les arrosements, qui
doivent-être très-fréquents pendant le temps
que la plante végète, doivent au contraire
être très-modérés, ou plutôt presque nuis,
pendant tout le temps que la plante est en
repos.
On multiplie le B. Pijrenaica par graines
que l’on sème aussitôt qu’elles sont mûres
sur de la terre de bruyère grossièrement
concassée. Il faut bassiner très-fréquemment
de façon à entretenir le sol constamment
frais. On repique les plants en pots lors-
qu’ils sont suffisamment forts, c’est-à-dire
KENNEDYA
Plante volubile, vivace, sous-ligneuse
en serre tempérée. Tige cylindrique, cou-
verte de poils gris-brun, très-courts. Feuil-
les composées-trifoliolées, accompagnées à
la base d’une large stipule cordiforme ar-
rondie, presque amplexicaule; pétiole long
d’environ 12 à 15 millimètres, velu; folioles
largement ovales ou obovales, arrondies, à
bords fortement ondulés-sinués, d’un vert un
peu terne. Fleurs solitaires où le plus sou-
vent réunies sur une ramille pédonculifor-
me velue, entourée de toutes parts près de
sa base d’une stipule circulaire herbacée,
entière, assez large; pédicelledeG à 10 mil-
limètres. Fleurs d’un beau rouge cerise, à
étendard obovale, large et bien ouvert, fine-
ment strié blanc et portant à la base une
macule jaune-verdàtre; carène allongée,
étroite, de même couleur que l’éten-
dard.
Le Kennedya Fredwoodii est très-proba-
blement originaire de l’Australie; il n’y a
^ que très-peu de temps qu’il a été introduit
ARBRES I
ou COMMENÇANT A FLEÜRIli
Pendant mon séjour à Londres où j’étais
allé pour visiter la magnifique exposition
florale qui s’est tenue dans le courant du
mois de mai de cette année, j’ai remarqué
que la végétation des arbres dans les parcs
et jardins était encore bien peu avancée.
J’ai trouvé en fleurs des arbres qui, depuis
longtemps déjà, étaient défleuris dans les
jardins de* Paris ; tels sont les Marronniers
blancs {Æsciilus hippocmlamim), Marron-
niers à fleurs rouges {Æsculus rahicunda),
Pavia à fleurs jaunes (Pavia lutea), Lilas
la seconde année après que le s^emis a été
fait; on place les pots sous des châssis
froids, où on les prive d’air pendant quelque
temps, pour favoriser la reprise; puis, l’on
aère fortement et presque continuellement,
excepté pendant les très-grands froids, où
l’on peut tenir les châssis fermés.
Un autre procédé de multiplication, qui
est de beaucoup préférable au précédent,
consiste à séparer les bourgeons axillai-
res. Dans ce cas, au printemps, lorsque les
plantes commencent à pousser, on détache
les bourgeons qui ont poussé à l’aisselle des
feuilles, on les met dans des petits pots qu’on
place sous cloche jusqu’à ce que les plantes
aient développé des racines; ensuite on
donne de l’air ainsi qu’il a été dit ci-dessus.
B. Verlot.
FREDWOODII.
d’Angleterre en France. C’est donc ce qu’on
peut appeler une nouveauté.
Plantée en pleine terre en serre tempé-
rée, cette espèce fleurit dès le mois de fé-
vrier et la floraison se prolonge pendant
longtemps. On peut, soit en former des
guirlandes, soit la faire monter le long
des colonnes qu’elle couvre en produisant
un très-bel effet.
Cette espèce est encore rare; nous ne l’a-
vons vue qne chez MM. Thibaut et Keteleer
où a été fait le dessin ci-contre; elle exige
l’abri d’une serre tempérée pendant l’hiver.
On la multiplie de boutures qui reprennent
très-bien lorsqu’on se sert de bourgeons
herbacés, pourtant un peu aoûtés. Mais on
peut aussi la multiplier par graines que l’on
doit semer au printemps; on repique les
plants lorsqu’ils sont assez forts, en pots,
qu’on place sous des châssis, où on les prive
d’air pendant quelque temps; Les arrose-
ments doivent être très-modérés pendant
tout l’hiver. E. Lebas.
FLEURS
A LONDRES DU 20 AU 28 MAI.
violet et blanc. Azalée pontique à fleurs jau-
nes, etc. Les espèces qui ne commençaient
qu’à fleurir étaient: l’Aubépine à fleurs blan-
ches et la variété à fleurs roses, le faux Ebé-
nier {Ct/tisus la b urnmn), Boule de neige(Ui-
barniim opulussterüis), Rhododendron poli-
tique {Rododmdriim poulie \nn)\ le Robinier
hlum [Bobiiiia pseudo- acacia) ne commen-
çait encore qu’à développer ses premiers
bourgeons.
En comparant la végétation des jardins
de Londres dans cette saison à celle desjar-
/
ARBRES EN FLEURS OU COMMENÇANT A FLEURIR A LONDRES DU 20 AU 28 MAI,
333
dins de Paris, on constatait un retard de
plus de quinze jours. Ce n’est évidemment
pas un mal pour certaines plantes dont la vé-
gétation n’est pas liàlive; mais pour un grand
nombre d’espèces exoti(|ues, cette tempéra-
ture est nuisible, au point que l’on ne peut
cultiver à l’air libre les Pivoines en arbre
{Pœonia Moulant le Panlotvnia ImperiaUs
et beaucoup d’arbres et d’arbustes à feuilles
caduques.
Les arbres qui composent les plantations et
qui font en ce moment l’ornement des parcs
et des squares sont déjà très-anciens. Ainsi,
à Hyde Parc, ce sont de magnifiques Ormes
{lUmits cainpestris); Tilleul d’Europe {Tillia
plaiiphyllos); Chêne pédonculé {Querciis
pedwiciilatay, Erable sycornore(Acer pseudo-
plalanus)^ le Charme commun (Carpinus
Belulus)\ de très-beaux spécimens d’Au-
bépine blanche ou rose, à fleurs simples et à
fleurs doubles ; de beaux Marronniers blancs,
et, ce qui m’a beaucoup intéressé, c’était de
voir, mêlés à ces arbres, de magnifiques
Chênes verts (Qnercm ilex) assez élevés et
d’une bonne grosseur. La végétation du
printemps est tardive, à ce point qu’àl’épo-
où je faisais ces observations, les nouveaux
bourgeons de ces Chênes ne faisaient que
commencer à poindre.
Les Araucaria imbricata font merveille
sous ce climat, il y en a un pied planté dans
le jardin de Kew dont l'introduction paraît
rèmonter à 1834. Il est magnifique et fruc-
tifie depuis plusieurs années; j’ai compté 16
où 17 cônes fixés à l’extrémité des branches
latérales et qui, quoique très-gros, n’a-
vaient pas encore acquis leur entier déve-
loppement.
La plupart des grands parcs sont plantés
d’essences d’arbres ou d’arbustes rustiques
et par conséquent peu variés. Je disais que
les Ormes, les Tilleuls, les Aubépines et les
faux-Ehéniers dominaient dans les planta-
tiotis; mais il faut ajouter aussi le Peuplier
d’Italie qui joue un très-granil rôle dans la
disposition des massifs; le Houx commun et
ses variétés, le Thuya du Canada, y sont très-
répandus, de même que le Genévrier de Virgi-
nie, l’If, le Buis, etc. Le Troënecommuuy est
planté comme arbuste, en touffe, mais c’est
surtout comme haie vertequ’il est employé,
et sous cette forme on le rencontre dans tous
les jardins que l’on borde de haies ainsi que
dans les massifs des parcs, en compagnie
des Lilas violets et blancs, de l’Aucuba du
Japon, du Mahonia à feuilles de Houx, du
Cîiêne vert, qui, comme je le disais, est très-
rustique et résiste mieux à ce climat que
les Auciiba et les Mahonia^ qui perdent
beaucoup de leurs feuilles. Là se bornent
à peu. près les arbres et arbustes que
l’on rencontre dans les parcs et jardins
en y ajoutant toutefois les Rhododendrum
ponticum. J’ai remarqué aussi quelques
Arbousiers, mais en petit nombre, c’étaient
VArbatas anedo et VArbulus Andrachne.
Les Magnolia grandiflora y végètent, je
n’en ai pas vu de beaux; mais l’Ajonc marin
à fleurs doubles y prospère d’une manière
très- remarquable ; ses nombreuses fleurs
d’un jaune d’or produisent au printemps un
grand effet, soit en ‘massifs ou en touffes
isolées.
On voit, par cette énumération, combien
il se trouve de charmants arbustes à feuilles
persistantes, que nous cultivons en pleine
terre sous notre climat, tandis qu’à Lon-
dres et dans ses environs on est obligé de les
cultiver en serre froide pour les conserver.
Pépin.
LISTE DE QUELQUES ESPECES DE SPIRËES
LES PLUS PROPRES A L’ORNEMENTATION.
Parmi les arbustes d’agrément, le genre
Spirœa est l’un de ceux qui fournit le plus
grand nombre de plantes pour l’oniementa-
tion des jardins. Presque toutes les variétés
ou espèces qu’il renferme sont très-jolies et
très-floribondes, et leurs fleurs s’épanouis-
sent très bien. Presque toutes sont rusti-
ques et d’une culture facile. C’est donc réel-
lement un genre de plantes ornementales
par excellence. Aussi ai-je pensé rendre
service aux amateurs en publiant une liste
des espèces ou variétés que l’on peut plus
particulièrement recommander
Spiræa sorbifolia
— Billiardii
— longispicata
ariæfolia
blanc
rouge
rouge
blanc
Spiræa Nicoudersii blanc
— Siriensis pendula blanc
— salicifolia alba blanc
— — rosea rose
— — grandiflora rosea . . rose
— Douglasii rouge
expansa nivea rose carné
— — alba blanc
— calosa ou Fortunei rouge
— — alba blanc
— — pariicuUîta rouge
— — seinperlloreris . . . rouge
— — Nobleana rouge
— — Uegeliana rouge
— Lindleyana blanc
— opulifolia blanc
— lævigata blanc-rosé
— bella rose
— prunifolia blanc
33A LISTE DE QUELQUES ]
Spiræa primifolia flore pleno blanc
— eximia rouge
ESPÈCES DE SPIKÉES.
Spiræa rupestris blanc
— oblonffifolia Llanr»
— Revesii ou lanceolata blanc
— — flore pleno .... blanc
— — robusta* blanc
— Canadensis rubra rouge
— — a!ba blanc
— ulmifülia blanc
— pubescens blanc
— crenata blanc
— amœna rose
— canescens blanc
— grandiflora(&roconfiV7,ry/Y/nrf.) blanc
— .speciosa '. . . . blanc
— pachystachvs . . rose
— confusa blanc
— Thunbergii blanc
ITnol\PT*ll l'Aiirrû
— cana blanc
— Ajuiirensis blanc
— acutifolia blanc
— chamædrifolia blanc
— Kamounn rose
— — spicata rouge
— floribunda blanc
— Van llouttei ’ Idanc
— Fontenaysii allia'^ blanc
— — l'osea rose
Billiard, dit la Grune,
Pépir.iéristc à Foiilcnay-aux-Koses.
FLORAISON ANORMALE DE L’ADHATODA VASICA.
Un amateur d’horticulture, M. A. Place,
me transmet à l’adresse de la Revue horti-
cole^ la note suivante :
« V Adhntoda vasica, Nees; JusHcia adlia-
Ihodüy Linn., vulgairement Noyer des Indes
ou Carmantine en arbre, est originaire du
Népaul. C’est, comme on le sait, un très-
joli arbuste d’orangerie. Ses feuilles sont
persistantes; ses fleurs bilabiées, d’un blanc
d’argent, striées de pourpre, ne s’épanouis-
sent qu’en hiver si la plante est tenue en
serre tempérée, et même, malgré cela, sa
floraison est chétive, parce que cet arbuste
ne reçoit pas d’assez grands vases chez la
plupart des cultivateurs.
« Le hasard m’a fourni l’occasion d’ob-
tenir une abondante floraison de ce joli ar-
buste en d’autres saisons que celle où il
fleurit d’ordinaire.
c( En 1865, je plaçai en pleine terre au
printemps un Adhatoda; mais l’été fut si
sec, que l’eau me manquait pour les arrosa-
ges, et l’arbuste végéta peu. Aux pluies
d’automne, il prit une grande vigueur; et,
sur la lin d’octobre, il était couvert d’épis
floraux bien garnis de boutons dont quel-
ques fleurs commençaient à s’ouvrir. Mais
le froid était imminent; ne voulant pas
laisser geler V Adhatoda, je l’enlevai pour le
remettre en pot et le plaçai dans le vestibule
de ma serre. Je le négligeais, lorsque je vis
que les üges et les feuilles se flétrissaient
sans périr cependant; les boutons restaient
verts mais ne se développaient pas. Je con-
çus alors l’espoir que, en modérant les arro-
sements, je pourrais retarder la floraison
jusqu’aux printemps suivant; je n’arrosai
donc plus l’arbuste qu’autant que cela était
nécessaire pour l’empêcher de périr pen-
dant la mauvaise saison.
« Au 5 mai dernier, j’ai placé mon Adha-
toda en pleine terre, et, depuis celle époque
jusqu’à la fin de juillet, cet arbuste a été
couvert de fleurs; il y avait plus de cent
épis floraux; en ce moment, les épis sont
couverts de graines que j’espère voir mûrir,
et de nouveaux épis floraux se préparent
pour l’année prochaine.
(( Ainsi, on le voit, V Adhatoda rasiai
étant soigné ou plutôt négligé convenable-
ment, peut devenir une des plus jolis plan-
tes estivales de nos parterres. »
Pierre Valin.
MOYEN DE DÉTRUIRE L’ACARUS DES ORCHIDÉES.
Les auteurs qui ont écrit sur les insectes
nuisibles aux plantes se bornent souvent à
désigner ces derniers sous des noms vulgai-
res, changeant avec les localités, ce qui ne
suffit pas pour reconnaître l’espèce. Le genre
qui nous occupe comprend un certain nombre
d’insectes différents les uns des autres. Nous
croyons qu’il y a plusieurs acarus aujour-
d’hui dans les serres, les jardins et les
champs. Quoiqu’il en soit, l’insecte le plus
redoutable dans la culture des Orchidées
exotiques est le Tetranichus{OrcMdeams).
* Voir Revue horticole, 1866, pa^e 296,
Il se multiplie d’une manière extraordinaire
en peu de jours, et, soit qu’il se place entre
les bulbes, les squames, dessous ou même
sur les feuilles, il cause de grands ravages
sur ces plantes qui sont toujours d’un prix
élevé.
Pendant le jour, l’acarus court de piaule
en plante cherchant les jeunes pousses
et les feuilles à épiderme tendre, les bou-
tons à fleurs, dont il suce le suc, et laisse
des taches noires ou rougeâtres sur les
1 Voir Revue horticole, 1866, page 269.
® Voir Revue horticole, 1866, page 300.
335
MOYEN DE DÉTRUIUE L’ACADüS DES ORCHIDÉES.
plantes, qui, une fuis attaquées, dépérissent
peu à peu. Il importe donc de détruire l’in-
secte aussitôt qu’il paraît dans les serres sur
les Orchidées et les autres plantes.
Après avoir essayé de tous les moyens
prônés et recommandés pour opérer cette
destruction, je me suis vu obligé d’en cher-
cher un plus efficace. Jemesers aujourd’hui
avec succès d’un procédé qui a réussi depuis
deux ans sur les Anselia, Ærides, Angrœ-
cnm, Brassavola, Brama., Burlwgtonia,
Caltleya, Celogyue^ Cymbidium, Cypripe-
dium, Dendrobium, Epidendrum, Lœlia,
Maxillaria, Aliltonia, Oncidiim, Periste-
ria, Phajus, Phalœnopsis, Benanthera, Sac-
colabium, Schomburghia, SobraUa, Sianho-
pea, Tricopilia, Vanilla, Vanda, Zygopeta-
lum, etc., etc.
Pour cela, je prends quelques liges et feuil-
les fraîches de Belladone, de Jusquiame, de
Pyrètre et de Tabac, je les fais bouillir dans
un vase clos pendant quelques minutes seu-
lement, je laisse ensuite refroidir le liquide
sans découvrir le vase, et le lendemain, vers
neuf heures du malin, je m’en sers pour bas-
siner avec soin les Orchidées en dessus et en
dessous des feuilles; j’évite de laisser tomber
trop d’eau sur les jeunes pousses, ce qui
leur serait nuisible.
Comme l’acarus est très-petit et se ren-
ferme dans les moindres cavités, entre lesbul-
bes, dessous les feuilles, I3 long des racines
aériennes dans le sphagnum et les rugosités
des paniers qui renferment les plantes, etc.,
il faut répéter l’opération pendant trois ou
quatre jours consécutifs. Mais ce n’est j)as
tout, car l’insecte dépose ses œufs dans les
cavités qu’il rencontre, et, lorsque ceux-ci
éclosent, il faut encore renouveler l’opé-
ration.
Si l’on a des Orchidées qui présentent un
aspect jaunâtre, souffreteux, on fait dissou-
dre dans un litre d’eau un demi-gramme de
sulfate de fer dont on se sert pour bassiner
les plantes pendant quelques jours. En pro-
cédant ainsi, on obtient bientôt une teinte
d’un beau vert, surtout si l’on a soin d’agir
lorsque les plantes sont en végétation.
H Denis,
Chef des cultures du Jardin botanique
au parc de la Têle-d’Or,
FRUCTIFICATION A ANGERS DU NEFLIER
ou BIBACIER DU JAPON.
Arbrisseau haut de 2 mètres à 4 mètres
toujours vert, réussissant très-bien dans le
midi de la France, où il fleurit et fructifie à
ce point que les grainetiers d’Hyères annon-
cent sur leur catalogue les graines de cet ar-
buste comme étant d’une récolte régulière;
mais il faut bien reconnaître que toute la
France ne possède pas une température aussi
douce que celle d’Hyères, et, qu’en dehors
de cette contrée, on n’a guère vu jusqu’à ce
jour leNétlierdu Japon (Èriobotrya Japoni-
ca) donner des fruits. Cependant, le fait s’est
produit à Angers cette année. Un très-gros
pied, planté jeune encore, il y a environ dix
ans, dans le jardin de M. Métivier, premier
président de la Cour impériale de notre ville,
grand amateur et admirateur de beaux ar-
bres, a donné des fruits qui ont atteint une
parfaite maturité. Un autre sujet plus jeune,
planté à l’angle d’un mur et exposé au midi,
dans notre pépinière, a, malgré l’ombre des
arbres environnants, donné aussi quelques
fruits, mais en moins grand nombre.
Ces fruits, sans avoir une chair et un goût
très-fins, sont cependant mangeables; on dit
même qu’ils sont recherchés dans les con-
trées plus chaudes que la nôtre. Quoi qu’il
en soit, ce n’est pas précisément pour ses
fruits qu’on le cultive à Angers, puisque
c’est, à notre connaissance, la première fois
qu’il en donne; mais bien pour ses grandes |
et belles feuilles, longues de 20 à 25 centimè-
tres. Celles-ci sont aiguës, cunéiformes, et
sont cotonneuses au-dessous.
Le moyen le plus naturel et le plus simple
pour multiplier cet arbuste est bien certai-
nement de se servir de graines, mais les
plantes dans leur jeunesse sont lentes à pous-
ser, et il faut plusieurs années pour obtenir
un sujet de 50 centimètres de hauteur ayant
5 ou G branches, tandis qu’en le greffant en
fente sur cognassier et sous châssis, au
mois de mars, on obtient des sujets sembla-
bles au premier dès le mois de septembre de
la même année. On peut aussi le greffer en
écusson à œil dormant, en pépinière, comme
des Poiriers; il croît encore plus vigoureuse-
ment et donne de plus beaux sujets; mais
alors la transplantation en est bien plus dif-
ficile et la réussite n’est rien moins qu’as-
surée. Il est rustique, peut supporter, dans
les massifs, de 10 à 12 degrés de froid.
Il est très-connu dans tous les jardins de
ville, à Angers, où l’on en trouve qui ont 3 à
4 mètres de hauteur, autant de largeur et
produisent un bel effet.
Il donne en décembre et janvier des fleurs
blanches, en grappes serrées, qui exhalent
une odeur d’amande, d’autant plus agréable
qu’à cette époque les jardins n’offrent guère
d’autres plantes en fleurs.
Baptiste Desportes.
UNE PLANTE D’ORNEMENT TROP DÉLAISSÉE.
Le Coronilla glauca, auquel je vais con-
sacrer quelques lignes, est trop peu connu
ou n’est pas apprécié à sa juste valeur, car
aucun autre motif ne pourrait justifier l’a-
bandon dans lequel on le laisse. C’est un
arbrisseau ou plutôt un arbuste qui, par ses
dimensions, peut être placé dans tous les
petits jardins. De plus, il n’est pas délicat, 41
se multiplie facilement, et il se trouve
ainsi à la portée de tout le monde. Nous
ajouterons que, pendant toute l’année, il est
presque entièrement couvert de fleurs, dont
l’odeur rappelle celle des fleurs d’Oran-
ger. Malheui eusement, ses fleurs sont jau-
nes, couleur qui inspire à quelques per-
sonnes un dédain que rien ne justifie, et
c’est peut-être pour cette cause que le Co-
ronilia glaiica n’est pas plus répandu.
Je vais essayer de Iracer le portrait du
Coronilla glauca, moins pour lui rendre
justice que pour en recommander la cul-
ture, bien convaincu que ceux qui l’auront
cultivé ne l’abandonneront pas et le recom -
manderont à leur tour. Voici son signalement ;
Arbuste buissonneux. Rameaux et ramu-
les nombreux, courts, compacts, à écorce
lisse, rougeâtre, luisante. Feuilles compo-
sées, imparipennées, à 3 paires de folioles,
plus l’impaire; folioles obovales, très-élar-
gies au sommet, qui, le plus souvent, est
comme tronqué, parfois un peu saillant, ar-
rondi et portant au centre un très-petit rnu-
cronule, très-atténuées à la base, sessiles,
assez épaisses, bien que molles, très-glau-
ques en dessous. Fleurs d’un beau jaune,
très-nombreuses, réunies au sommet d’un
pédoncule d’environ 3 centimètres de lon-
gueur et formant ainsi des sortes de capitu-
les, à étendard large, relevé et mettant à
découvert les deux ailes très-développées
qui cachent complètement la carène, qui,
du reste, est très-petite.
On multiplie le Coronilla glauca par
graines qu’on sème au printemps; elles lè-
vent très-bien. Si l’on était placé sous un
climat ou dans des conditions où le jeune
plant pût souffrir l’hiver, on le garantirait un
peu à l’aide de feuilles ou de grande litière,
ou bien on l’arracherait pour le mettre en
jauge dans un endroit abrité.
J AMIN, fils,
Pépiniériste à Bourg-la-Reine.
ŒILLET HYDRIDE MADAME CHARLES PETIT.
L’hybridation ou le croisement a pour
résultat la production d’individus qui, le
plus souvent, tiennent des deux parents.
Presque toujours aussi, lorsque les parents
appartiennent à des espèces très-distinctes,
les individus issus du croisement sont sté-
riles; c’est le cas dans, lequel se trouve la
plante dont nous allons parler. Voici les ca-
ractères qu’elle présente :
Plante vivace à tiges florales nombreuses,
dressées, très-ramifiées, à ramifications éga-
lement dressées, atteignant à 0^.50
de hauteur, à nœuds très-renflés, rouge-
violacé. Feuilles longues de 10-15 centimè-
tres, larges d’environ 1, planes ou légère-
ment canaliculées, acuminées-aiguës au
sommet, d’un vert glauque. Boutons gros,
tout à fait semblables pour l’aspect et la
forme à ceux du Dianthns cariophyllus.
Pétales d’un rouge cramoisi foncé, veloutés,
à bords irrégulièrement dentés.
L’Œillet hybride Madame Charles Petit a
été obtenu en fécondant le Dianthns cario-
phyllus (Œillet des fleuristes) avec le Dian-
thus Hedwigii. Il tient des deux : du père,
par son aspect et par le coloris des fleurs;
il tient de la mère par le port et la tenue de
la plante, ainsique par la forme des fleurs.
Mais là ne se bornent pas les qualités de
VŒiWeA Madame Charles Petit ; une des plus
grandes et dont je n’ai pas parlé, réside dans
sa floribondité, qui est assurément des plus
grandes; la floraison n’est arrêtée que par
les gelées, qui, lorsqu’elles arrivent, trou-
vent les plantes garnies de boutons et de
fleurs épanouies.
Sous tous les rapports, l’Œillet Madame
Charles Petit est donc une précieuse acqui-
sition. C’est surtout dans les plates-bandes
et les massifs de fleurs qu’est sa véritable
place, car, une fois planté, on n’aura plus
à s’en occcuper, et il donnera des fleurs
pendant oute l’année.
Sa mulliplication est des plus faciles, on
la fait soit de boutures, soit d’éclats, en
divisant les touffes. Ce travail doit se faire
de bonne heure, soit à l’automne, soit au
printemps, lorsque les plantes entrent en
végétation. Il est toujours prudent de met-
tre en pots quelques pieds de cette variété,
qu’on placera l’hiver sous des châssis à froid.
Quetier.
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES.
Philadel plius tomentosus. Arbuste très-
vigoureux, à feuilles larges, fortement ner-
vées, très-tomenteuses en-dessous. Fleurs
blanches, odorantes, très-grandes et très-
nombreuses, atteignant jusqu’à 0™.06 de
diamètre. — M. A. Leroy.
337
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES.
— Rlnjncùspermiimjasminoides. Cette es-
pèce, originaire de la Chine, n’est pas préci-
sément rustique sous le climat de Paris,
bien qu’elle résiste souvent aux froids; sa
floraison y a rarement lieu; mais il en est
autrement dans le centre, dans le sud, dans
le sud-est et même dans l’ouest de la
France, où elle forme des buissons très-
vigoureux. A Paris, il faut la cultiver en
serre froide, et, dans ces conditions, elle
peut être considérée comme une plante vo-
lubile ou plutôt sarmenteuse. Elle est li-
gneuse, à feuilles persistantes, et ses fleurs,
blanches, répandent une odeur des plus
agréables; aussi, bien qu’elle ne soit pas
nouvelle, on ne peut trop la recomman-
der.
— Ceanothus Fontanesianus roseus. Sous
ce nom, M. André Leroy cultive une va-
riété de C. americanus à fleurs d’un beau
rose.
— Melia Azedarach bipinnata {Azeda-
rachta bipinnata, aliq. auctor.). Port et
aspect général semblables à ceux du Melia
Azedarach. Fleurs très-nombreuses, rose li-
lacé, disposées en longues grappes. Résiste
et fleurit en pleine terre chez M. André
Leroy, à Angers.
— Lonicera atrosanguinea, Hort. Cette
espèce, que l’on désigne aussi sous le nom
de Lonicera etrusca, est remarquable par la
couleur de ses bourgeons, qui est d’un noir
foncé luisant. C’est une plante très-vigou-
reuse, sarmenteuse, dont les bourgeons se
terminent par des corymbes paniculiformes
de fleurs légères, rosées, qui passent piomp-
tement au jaune. — M. André Leroy.
— Dianlhas hybridus Quetierii. Très-
belle plante, atteignant 0f«.30 environ de
hauteur, franchement remontante, à fleurs
très-pleines, odorantes, rouge foncé ou lie
de vin, parfois striées ou maculées de blanc.
— Celle variété a été obtenue par M. Quê-
tier, de graines provenant du croisement de
l’Œillet-Flon avec le Dianthus Hedwigii.
— Amaryllis vittataydiYÏéié Napoléon 111.
Cette variété, obtenue par M. Truflaut, hor-
ticulteur à Versailles, est une des plus belles
de ce genre, déjà si riche pourtant. Elle
est très-vigoureuse et très-rustique (elle ré-
siste en pleine terre). Sa hampe, grosse,
droite et rouge, se termine par de nom-
breuses fleurs grandes et belles, d’un rouge
foncé, striées de blanc. En pleine terre, à
l’air libre, sa floraison commence à partir
des premiers jours de juin et se prolonge
pendant très-longtemps. Mais, un autre
avantage qu’elle présente, c’est que, comme
le type ou les autres variétés de ce dernier,
VAmaryllis Napoléon 111 se force tout
aussi bien que les Tulipes, les Jacin-
thes, etc., et que l’on peut la faire fleurir
pendant tout l’hiver.
— Lobelia purpurascens, R. Rrown. Char-
mante petite plante à fleurs rose-lilas. Véri-
table miniature alleignant à peine un déci-
mètre de hauteur, celte espèce est très-
propre à former des bordures dans les
serres froides. Comme elle est cespiteuse
et Irès-floribonde, on pourrait la cultiver en
pots, dont on serait à peu près sûr du pla-
cement.
— Genisia Ætlinensis, D. C. Quoique
très-ancienne, cette espèce n’est guère
connue que des botanistes; ce fait est très-
regrettable, car c’est Tune des plus jolies
espèces qu’on puise voir. Elle se couvre
littéralement de fleurs d’un beau jaune;
ses rameaux, excessivement nombreux, jon-
ciformes, sont presque dépourvus de feuil-
les, de sorte que la plante a un aspect
tout particulier. Elle forme un arbre de
8-10 mètres de hauteur, à tête elargie-
arrondie, ou plutôt un énorme buisson.
Associé au Pavia Californica, qui fleurit à
la même époque et dont les fleurs sont blan-
ches, il en résulte un contraste du plus bel
effet. Nous engageons donc fortement les
horticulteurs à cultiver ces deux espèces.
L’administration du Muséum distribuera des
rameaux du Genista, des sujets ou des gref-
fons du Pavia, à tous ceux qui en feront la
demande.
— Spartium jiinceiim flore pleno. Variété
des plus belles aussi et qui mérite égale-
ment d’être plus répandue qu’elle ne l’est.
A peu près semblable au type par son faciès
général, elle en diffère par ses fleurs, qui
sont très -pleines. Celles-ci durent beau-
coup plus longtemps et très-souvent même
la plante remonte, comme on dit, ce qui
doit la faire préférer au type. On la mul-
tiplie facilement par la greffe en écusson
qu’on pratique sur ce dernier.
— Rien qu’on dise que le mérite ne vieillit
pas, ce qui est vrai, il faut pourtant convenir
qu’il est très-souvent délaissé. On y revient,
mais après un temps plus ou moins long, car
il est clans la nature humaine de revenir au
beau comme il l’est également de revenir à
la vérité lorsciu’on s’en est écarté. C’est ce
motif qui fait que nous allons appeler l’at-
tention sur une plante que tous les parisiens
connaissent, mais que peu pourtant, même
parmi les horticulteurs, ont équitablement
jugée. R s’agit du Vinca rosea, L. {Lochnera
rosea, Reiclienb., vulgairement Pervenche
de Madagascar). Ainsi qu’on le sait, il en
existe deux formes, l’une rose : c’est le type,
dit-on; l’autre est blanche avec un œil rose
au centre.
Cette espèce est excessivement floribonde,
ou plutôt elle est toujours couverte de fleurs ;
elle est sous-ligneuse, mais frileuse. Plantée
en pleine terre le long du mur d’une serre
chaude , elle le recouvre promptement, et ne
forme plus alors, toute l’année, qu’un véri-
table tapis de fleurs. Elle présente cette par-
338
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES.
licularité que, plus on la coupe, plus elle
fleurit, et que ses rameaux, coupés et mis
dans l’eau, continuent à fleurir comme ils
l’auraient fait sur le pied.
On peut en voir un mur bien garni dans
une des serres chaudes de Furtado, à
Rocquencourt. Depuis bien longtemps que
nous connaissons cet exemple et bien que
nous l’ayons vu à toutes les époques de l’an-
née, nous avons toujours trouvé cette plante
en fleurs, ce qui n’a, toutefois, riend’éton-
nant, puisque c’est son état normal.
— Nous allons chercher à appeler l’atten-
tion sur une vieille plante beaucoup trop né-
gligée, et qui, par sa beauté, ferait pâlir
beaucoup de nouveautés : c’est le Salvia
horminum. Cette espèce n’est pas remar-
quable par ses fleurs, qui sont petites et dis-
posées en groupe, étagées autour de l’axe,
de couleur rose ou lilas-violacé; mais ce
qu’il y a de très-joli dans le Salvia hormi-
num, ce sont les extrémités de ses tiges, qui,
ainsi que les bractées ou feuilles qu’elles
portent, sont très-grandes, d’un rose brillant
ou d’un violet très-foncé, suivant la variété,
car cette espèce présente toujours deux for-
mes tout à fait semblables par le port, l’as-
pect et la végétation, mais très-différentes
parles fleurs. Cette coloration, qui se montre
aussitôt que les plantes ont acquis une cer-
taine force, se maintient pendant tout le
temps de leur végétation; de sorte que,
sans peine et sans dépense, l’on a des plantes
t5ujours très-ornementales.
Le S. horminum a encore cet autre avan-
tage que, coupé et mis dans l’eau, il se con-
serve pendant très-longtemps avec tous ses
caractères, de sorte qu’il est aussi très-propre
à orner les appartements. Mais comme cette
espèce est annuelle, pour l’avoir belle il faut
en semer les graines à l’automne et repiquer
les plants dans des petits pots qu’on place
sous châssis pendant l’hiver, partout où
elle pourrait souffrir du froid; on met ces
plants en pleine terre au printemps et
bientôt ils deviennent assez rustiques pour
pouvoir se passer de soins; si on sème en
place, il faut opérer de bonne heure, choisir
une exposition abritée et fortement insolée.
Nous ne saurions trop enpger â cultiver
cette espèce, dont la description seule peut
à peine donner une idée.
— Eugenia ugni. Si cette plante n’est pas
précisément nouvelle, on ne doit pas moins
la recommander. C’est un petit arbuste â
feuilles persistantes, originaire du Chili, à
fleurs assez grandes, en cloches, blanches,
légèrement rosées, assez jolies, auxquelles
succèdent chaque année en grande quantité
des fruits d’un rouge foncé, presque noirs,
très-bons â manger et répandant une odeur
des plus agréables. Cet arbrisseau est au
moins aussi rustique que le myrte commun.
dont il a; du reste, un peu l’aspect; chacun
devrait en cultiver au moins un pied.
Arlirisseau d’ornement et fruitier tout à
la fois, VEugenia ugni présente cet autre
avantage que ses feuilles répandent aussi
une odeur des plus agréables. — M. Rou-
gier-Cliauvière.
— Deutzia Fortunei. Tout aussi rustique
que le Deutzia crenata avec lequel il a quel-
que rapport le Deutzia Fortunei est très-
floribond ; ses fleurs, blanches, sont un peu
plus grandes que celles du Deutzia gracilis.
C’est un charmant arbuste qu’on pourra cul-
tiver en pots de même qu’on le fait du Deut-
zia gracilis. Comme toutes les espèces du
genre, il est â feuilles caduques ; celles-ci
sont d’un vert glaucescent. Plante très-rus-
tique. — M. Rüugier-Chauvière.
— Ficus Suringarii. Feuilles cordifor-
mes, atteignant 0“'.40 de longueur, sur
0*"25 de largeur, longuement acuminées, â
nervures rouges, ainsi que les renflements
annulaires de la tige, d’où naissent les
feuilles. Cette très-belle plante de serre
chaude pourrait bien être une espèce d’Ar-
tocarpus. — M. Rougier-Chauvière.
^ — Alocasia divaricata. Très-belle Aroï-
dëe de serre chaude, à grandes feuilles
d’un vert-brunâtre ou bronzé, très-longue-
ment hastées. — M. Rougier-Chauvière.
— Hoya Maxima. Feuilles très-épaisses,
longuementelliptiques, excessivement épais-
ses. Belle plante de serre chaude. — M. Rou-
gier-Chauvière.
— Dieffenbackia gigantea. Très-belle
plante de serre chaude. Feuilles très-lon-
gues, d’un beau vert, largement maculées
blanc, à pétiole marbré dans le genre de
VArum dracunculus. — M. Rougier-Chau-
vière.
— Syringa oblata. Sorte de Lilas, origi-
naire delà Chine. Feuilles caduques, large-
ment cordiformes, acuminées au sommet.
Arbuste très-rustique, à fleurs en grappes
rose-violacé. On en connaît aujourd’hui
deux variétés : Ambroise Verschaffelt et
Président Massart. — M. Rougier-Chau-
vière.
— Cytisus nigricans longispicata, Hort.
Port et faciès intermédiaires entre ceux du
Cytisus elongatîis et le Cytisus nigricans.
Rameaux â écorce gris-cendré. Feuilles lon-
guement pétiolées, trifoliolées, régulière-
ment elliptiques, sessiles, d’un vert sombre
à la face supérieure, à face inférieure gris-
blanchâtre, luisant par des poils argentés,
fortement appliqués. Fleurs nombreuses,
très-rapprochées et disposées en un long
épis. Cette variété, obtenue par M. Billiard,
dit la Graine, pépiniériste à Fontenay-aux-
Rüses, est des plus jolies; elle est de beau-
coup supérieure par ses qualités ornemen-
tales au CyR’sMS sessilifolius, et autres petites
Hàmes nouvelles, rares ou peu connues.
espèces de ce genre. Greffée, elle forme des
tôles compactes qui se couvrent de fleurs en
juin-juillet.
— Philadelphiis Californicay Deutzia
Californica, Hort. Cette espèce, bien qu’in-
troduite depuis plusieurs années, est encore
peu et même trop peu répandue. Elle cons-
titue un arbuste buissonneux, diffus; ses
branches, grêles, étalées, sont nombreuses,
divariquées, parfois penchées; ses feuilles
sont d’un vert-grisâtre, glaucescentes, lui-
santes; ses fleurs, excessivement abondan-
tes, moyennes, d’un beau blanc, sont sub-
sessiles sur des ramilles courtes.
— Spirœa salici folia subiimbellata. Cette
variété, obtenue par M. Billiard, dit la
Graine, pépiniériste à Fontenay-aux-Roses,
est très-jolie. Issue du Spirœa salicifolia
alba, elle s’en distingue non-seulement
par des fleurs roses, mais surtout par
la disposition de ces fleurs, qui, très-nom-
breuses, forment des sortes de gros épis
raccourcis, qui, par leur réunion, sem-
blent constituer des sortes d’ombelles. Le
port et le faciès des plantes, ainsi que leur
végétation, sont semblables à ceux du type
(Spirœa salicifolia). Plante très-ornemen-
tale et très-vigoureuse.
— Eutacta Rulei polymorpha (Araucaria)
Rulei. Cette espèce, originaire de la Nou-
velle-Calédonie, est surtout très-remarqua-
ble par son protéisme. Dans sa jeunesse, elle
ressemble parfois à s’y méprendre à VEu-
tacta excelsa {Araucaria excelsa), mais
lorsque les individus sont adultes, on pour-
rait les confondre avec le Colymbea imbri-
cata (Araucaria imbricata]. — MM. Thibaut
et Keteleer.
—Aralia hybrida. Très-jolie plante, inter-
médiaire entre les Aralia Japonica et spi-
nosa, à rameaux extrêmement courts et gros,
à peine épineux. Feuilles composées, sem-
blables par la forme et l’aspect à celles de
V Aralia Japonica, atteignant jusqu’à 1 mè-
tre de longueur, non épineuses, à folioles
largement cordiformes, d’un vert très-foncé,
luisantes en dessus, gris-cendré, ou plutôt
glauques en dessous. Pleine terre. Très-belle
^plante et trop peu connue.
— Rudleia curvifolia. Arbuste très-vigou-
reux et excessivement ramifié, à rameaux
quadrangulaires, largement ailés. Feuilles
opposées, atteignant jusqu’à 0*".18 de lon-
gueur sur O^'.OS de largeur, très-longue-
ment acuminées au sommet. Fleurs dispo-
sées en un long épi, d’un violet rosé, rappe-
lant par leur forme et par leur disposition
celles du Rudleia Lindleyana, mais plus
fortes. Fleurit presque tout l’été. Il faut
l’abriter l’hiver, à Paris.
— Rhus glabra angustifolia. Arbrisseau
très-vigoureux, à branches rès-fortes, diva-
riquées, obliquement étalées. Bourgeons à
écorce rouge, très-finement pointillée blanc.
Rachis à écorce rouge comme celle des
bourgeons. Feuilles composées, impari-
pennées, atteignant 0"^40, parfois plus de
longueur, à folioles opposées, très-rarement
alternes, étroitement ovales-lancéolées, gla-
bres et luisantes en dessus, régulièrement
altenuees de chaque côté en une pointe
obtuse, longues de 8-13 centimètres, lariîes
de 3 à peine.
Le Rhus glabra angustifolia, Nob., a été
envoyé de la Chine au Muséum en 1863 par
M. Eugène Simon. Très-rustique.
Rhus Simonii . Arbrisseau ou petit
arbre, droit. Branches dressées-étalées,
relativement faibles. Bourgeons à écorce
roux-ferrugineux. Feuilles composées, im-
paripennées, longues de 0"e20 à 0™.25 à
folioles longues de 0™.07 à 0™.09, lar’o-es
d’environ 0*".03, sessiles, vert foncé, lui-
santes en dessus, atténuées de chaque côté
en une pointe obtuse. Même origine que la
précédente, et, comme elle aussi, très-rus-
tique.
— Pentstemon diffusus. Plante vivace
très-rarneuse. Tige couchée terminée par
des panicules très-longues de fleurs rosées à
reflets violacés. Pleine terre. Une des plus
jolies plantes d’ornement.
— Phellodendron Amurense. Petit arbre
ou arbrisseau très-ramifié, voisin par son
faciès général ainsi que par ses caractères
organiques des ^anlhoxylum. Bien qu’in-
troduit depuis 7 à 8 ans, c’est à peine si on
le connaît. Très-rustique et assez'* joli.
Multiplication de racines.
Pentstemon Jeffrey anus. Plante vivace
ou sous-frutescente, atteignant 0«u35 envi-
ron de hauteur. Feuilles étroites, très-den-
tées. Fleurs bleues à reflet violet.Très-belle
plante, mais délicate. Il est prudent d’en con-
server au moins quelques pieds en orangerie.
— Clematis intermedia. Plante vivace*
sous-frutescente, à rameaux sarmenteux ou
grimpants. Feuilles simples ou composées
imparipennées, à folioles ovales, Cordiformes,
planes, entièrement glabres, rappelant assez
exactement celles de la Clematis languinosa.
Fleurs atteignant 0™.08 à 0-«.10 de diamè-
tre, d’un violet foncé, à reflet rosé, lilas en
dessous, à 4 ou 5, plus rarement 6 divisions
largement elliptiques, mais paraissant sou-
vent largement linéaires par l’enroulement
de leurs bords, portant au sommet un mu-
cronule très-court, pointu, souvent courbé
en dessous. Cette espèce, très-jolie, que
nons n’avons encore vue que Chez M. Bil-
hard, à Fontenay-aux-Roses, paraît intermé-
diaire entre les viticella et les espèces japo-
naises du groupe des lanuginosa. Elle tient
des premières par la forme et la disposition
des fleurs, des secondes par la forme et la
disposition des feuilles. Belle plante, vigou-
reuse, très-rustique
— Rerberidopsis Corallina. Ce charmant
340
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES.
arbrisseau sous-ligneux, grimpant, à feuilles
persistantes, a passé les deux hivers derniers
en pleine terre au fleuriste de la ville de Paris
où il vient de fleurir. C’est probablement la
première fois que ses fleurs se montrent en
Europe. La Revue en donnera prochaine-
ment une gravure coloriée.
— Wigandia Vigierii. Dédiée au baron
Vigier, amateur distingué à Nice. Cette es-
pèce, encore toute nouvelle, devra, dit-on,
effacer son aînée, le W. Caracassana. Elle
est, en effet, très-vigoureuse, et, au lieu
d’être d’un vert sombre et glutineuse comme
cette dernière, le W. Vigierii est argenté,
chatoyant par de nombreux et longs poils.
Culture semblable à celle du W. Caracas-
sam. — Fleuriste de la ville de Paris, à
Passy-Paris.
— Bocconia Jedoensis. Charmante espèce
originaire du Japon. Feuilles étalées, large-
ment obtuses, très-élégamment échancrées,
à échancrures très-gracieuses, rappelant un
peu une as de trèfle. Port, inflorescence et
fleurs comme celles du B. cordala. Même
culture et multiplication — MM. Thibaut ci
Keteleer. La Revue en donnera prochaine-
ment une gravure.
— Lippia repens. Cette plante n’est pas
assez répandue; elle trace et ne dépasse
guère O"™. 10 de hauteur. On peut en former
soit des gazons, soit des bordures, et là où
rien ne vient, elle ne tarde pas à se faire re-
marquer par sa vigueur. Dans les pentes
les plus abruptes, où il n’y a jamais d’humi-
dité, pourvu qu’il y ait un peu de terre, le
L. repens s’y enracine et a bientôt converti
en un tapis de verdure très-joli, rehaussé de
petites fleurs blanches, les endroits qui
semblaient ne pouvoir nourrir aucun vé-
gétal. On peut la recommander de confiance.
Fleuriste de la ville de Paris. — M. Pelé.
E. A. Carrière.
ACACIA JULIBRISSIN (ACACIA DE CONSTANTINOPLE.)
Ce,t arbre, originaire de contrées beau-
coup plus chaudes que l’ouest et le nord de
la France, a besoin de quelques précautions
en pépinière, dans son bas âge. Voici ce que
l’expérience nous a amené à faire à Angers :
Les semis ont lieu en plein air sans plus
de précautions que pour des arbres rusti-
ques ; les graines, que nous faisons venir
du midi de la France, sont généralement
très-bonnes, elles lèvent bien, et, pour peu
> que l’été soit chaud, le jeune plant atteint
facilement en 4 ou 5 mois 20 à 30 centi-
mètres de hauteur. Au mois de novembre,
lorsque le bois est aussi bien aoûté que
possible et que les feuilles sont tombées,
on enlève ces plants avec précaution, on les
met en jauge le long d’un mur en plein
nord; ils passent sans souffrir l’iiiver
dans cette position. Au printemps, à une
époque déjà assez avancée en végétation (car
cet arbre ne pousse guère qu’à la fin de
mai, ou même au commencement de juin),
on plante de nouveau ces jeunes sujets à
un mètre environ, le long du même mur,
toujours au nord.
Les jeunes plants ont besoin d’être rabat-
tus à quelques centimètres au-dessus du ni-
veau du sol, parce que leur extrémité, en-
core herbacée lorsque les premières gelées
d’automne les ont saisies, sont à peu près
toutes mortes. Laissés sur place ou exposés
au midi, ces plants périssent presque tou-
jours après l’hiver. Transplantés, ils pous-
sent peu d’abord les premières années, et
ce n’est qu’au bout de 4 ou 5 ans qu’on peut
faire un arbre de 2 à 3 mètres environ avec
quelques branches en tête, parce que chaque
année s’ils croissent de \ mètre ou 1»‘.25,
ils en perdent bien la moitié pendant l’hi-
ver, et, s’ils sont au midi, ils en perdent
encore d’avantage, quelquefois même ils
meurent tout à fait. Ce fait, qui n’a pas seu-
lement lieu pour le Mimosa., mais qui se
produit chez la plupart de nos arbustes à
feuilles persistantes, et notamment dans le
Camellia, s’explique, suivant nous, de cette
manière : au nord, l’arbre pendant tous
nos grands froids ne dégèle pas durant le
jour; il reste comme engourdi, et, lorsque
le soir ou la nuit la gelée augmente encore,
la transition n’est pas grande et le mal est
en proportion.
Plus tard, quand la tête de l’arbre est for-
mée, les rameaux sont plus nombreux mais
moins longs et moins herbacés; ils sont
plus durs et perdent beaucoup moins pen-
dant l’hiver. Leur tête forme toujours une
surface plane inclinée au midi, et tournée
du côté du soleil. La floraison commence
avec la grande chaleur en juillet et passe
avec elle en août. Elle est tellement abon-
dante qu’elle recouvre en entier la surface
de l’arbre ; on dirait des flocons de soie tein-
tés de nuances mélangées de jaune et de rose
qui se seraient abattus sur cet arbre. Le feuil-
lage n’est pas moins élégant ni moins léger
que la fleur, et cet arbre est bien certaine-
ment pendant la belle saison d’été un des
plus beaux ornements des jardins.
Il a besoin pour atteindre toute sa beauté
de beaucoup de chaleur et doit être ainsi
planté dans un terrain sec et très-chaud.
André Leroy.
I.’uQ (les Pcopriétaires : Ma.i;rice bixio.
CHRONIQUE HORTICOLE
(PREMIERE QUINZAINE i)E SEPTEMBRE).
Prochaine exposition de la Société d’horticulture de Fontenay-le-Conite. — Exposition d’horticultnrp H,.
Vesinet. — Exposition de la Société horticole, vigneronne et forestière de l’Aur - Expos of
Catelan. - L’initiative individuelle. - M. Barillet-Deschamps. - Les plantes non étSée et 1^^^
reurs ae dénomination. — Les devoirs de la critique.- Lettre de M. Gagnaire. — Véffétatfon del’Æriy'
crista Galh so\is differentes latitudes. — Lettre de M. Sisley en réponse à M de Teriiisien
Lectihcatiou. relative aux variétés de Pétunia obtenues dans le jardin de la Sociétn’SiciH
ture de G ermont. - Gornmission permanente chargée de classer les meilleures variétés de plantes ”
Examen c es ouvriers jardiniers.- Noms des lauréats récompensés à la suite du premier examen - Gir
culaire relative a l orgamsation de ces examens. -- Transformation des Buttes Ghaumont à Paris —
Acclimatation et utilisation des animaux — Les buffles du parc de la Tète-d’Or, à Lyon —Les Hémiones
- Services qu elles peuvent rendre. - Le ü/on^s Constant inopolUana est-iUme espèce’’ - Con^fervS
de deux cepages précieux. - Destruction des fourmis. - Progrès réalisés depuis un siècle toSnÆ
moyens de détruire les insectes. ^ loucnant les
Nous n’avons aujourd’hui qu’une seule
exposition horticole à annoncer. G’est celle
qui aura lieu à Fontenay-le-Gomte (Vendée),
les 11, 12 et 13 octobre prochain.
Cette exposition comprend sept concours
diflérents. D’abord, un concours spécial pour
les exhibitions de produits aux séances ordi-
naires de la Société. — La Société a décidé,
sur la proposition de son président, M. Bon-
cenne, qu’à l’avenir il serait accordé par un
jury permanent des mentions aux personnes
qui apportent des fruits, des fleurs, des lé-
gumes ou autres produits remarquables à
ses réunions ordinaires, et, qu’aux séances
publiques de chaque année, les membres qui
auraient obtenu les mentions les plus nom-
breuses et les plus honorables, recevraient,
à titre de récompense, des médailles, des
livres ou autres objets relatifs à la culture
des jardins.
Viennent ensuite un concours d’horticul-
ture maraîchère pour les plus beaux lots de
légumes et de plantes alimentaires ; un con-
cours de fruits ; un concours de floricul-
ture ; un concours de cultures en pépinières ;
un concours de culture maraîchère. Enfin,
les instituteurs communaux, membres titu-
laires de la Société, sont invités à exposer les
produits horticoles ou agricoles provenant
de leurs jardins. Ils concourront entre eux
et recevront, à titre de récompense, se-
lon le mérite et l’importance du lot exposé,
des médailles d’argent ou de bronze offertes
par M. le ministre de l’agriculture.
Quoique la plupart de ces concours soient
institués pour les horticulteurs marchands,
jardiniers ou pépiniéristes, cependant les
amateurs sont invités à prendre part à l’ex-
position en apportant des fleurs, des fruits
ou des légumes. La même invitation est
adressée à MM. les propriétaires, cultiva-
teurs, fabricants ou marchands d’outils, de
meubles et d’ornements de jardinage qui vou-
dront bien exposer soit les produits de leurs
jardins ou de leurs champs, soit des plans,
dessins, ustensiles, objets d’ornements, etc.
Des primes en argent, des médailles ou des
mentions honorables, pourront être décer-
nées, soit à titre d’encouragement, soit
pour récompenser le mérite d’un produit
ou d’un objet remarquable. '
— Parlons maintenant de trois expositions
qui viennent d avoir lieu* nous le ferons
d’autant plus volontiers que ce sont, en quel-
que sorte, des innovations.
La première est l’exposition du Vésinet
près Saint-Germain-en-Laye. ^
^ La commune du Vésinet est de création
recente; elle est cependant fort coquette :
lacs, villas, rivières se voient à chaque pas*
les promenades, surtout, sont charmantes’
et celui qui, transporté pendant son som-
meil se réveillerait au Vésinet, pourrait se
croire au bois de Boulogne. Mais tout ceci
n’est que secondaire; ce qui nous importe,
c’est l’exposition d’horticulture, qui, grâce
à l’activité de M. Emile Gappe, secondé par
les propriétaires du Vésinet, vient d’être inau-
gurée. Gette exposition était très-jolie, les col-
lections étaient assez nombreuses, variées,
et disposées surtout avec beaucoup de goût!
G’est d’un heureux présage. Gomme on doit
le penser, l’exposition du Vésinet n’était
qu une sorte d’annexe de celle de Saint-
Germain-en-Laye, aussi était-elle présidée
par M. Evrard de Saint-Jean, président de la
Société d’horticulture de Saint-Germain-en-
Laye. Voici l’indication sommaire des prin-
cipales récompenses accordées aux expo-
sants : La médaille d’honneur, en or, de
l’Empereur a été décernée à M. Guedeney,
amateur au Vésinet, pour ses Yuccas et ses
Gactus; la médaille d’or, du ministre de
l’agriculture, a été accordée à M. Flèche,
jardinier-chef chez M. de la Rochejaque-
lein, au Pecq, pour son lot de plantes de
serre chaude ; une médaille d’or exception-
nelle a été décernée à M. Gorbie horticul-
teur au Pecq, pour ses Glaïeuls de semis
et pour des fruits qu’il avait aussi expo-
sés. M. Eugène Verdier, qui avait exposé
un lot de Glaïeuls très-jolis, a été récom-
pensé de la médaille de vermeil de la ville
de Saint-Germain. M. Lecointre, jardinier
à Groissy, avait exposé un très-beau lot de
Caladium, qui lui a valu une médaille de
vermeil. M. Foucard, horticulteur à Ghatou,
a obtenu la même récompense pour une
collection de Pélargonium zonale. M. Gappe
avait exposé plusieurs lots remarquables
qui ont été très-appréciés; il avait aussi ob-
tenu un prix pour la tenue et la disposition
m CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE 8EPTEMRRE).
(les jardins, mais il a persisté à refuser les
récompenses que le jury voulait lui donner.
— La Société horticole, vigneronne et fo-
restière de l’Aube vient de faire sa première
exposition à Troyes. Cette exposition a été
belle et très-intéressante, et, à plusieurs
points de vue, elle a montré d’heureuses
innovations, qui, on peut l’espérer, seront
d’un utile enseignement. Nous en donnerons
prochainement un compte-rendu fait par
notre collaborateur M. André.
— La troisième exposition dont nous
avons à parler est celle qui a eu lieu au Pré
Catelan à l’occasion de la Fête des fleurs.
Cette exposition a dépassé de beaucoup ce
(ju’on osait en attendre, et a même été supé-
rieure aux expositions instituées depuis
quelques années par la Société impériale et
centrale d’horticulture de la Seine.
Voilà un exemple de ce que peut faire un
homme dévoué à une idée juste. C’est, en
elïet, à M. Barillet-Dechamps, à peu près
seul, qu’on doit l’exposition du Pré Catelan.
Mais, disons-le encore, ses efforts ont été
dignement récompensés, car le succès a été
complet. 130 exposants, dont plusieurs
étrangers à la France, ont répondu à l’appel
qui leur avait été fait. Les produits ont été
placés dans le jardin du Pré Catelan avec
un bon goût et un art qui font honneur à la
direction.
Cependant tout n’était pas parfait, et on
nous pardonnera quelques critiques à l’a-
dresse d’une exposition dont nous recon-
naissons d’ailleurs tout le mérite. A côté de
plantes non étiquetées, ce qui est toujours
mauvais dans une exposition où le public va
pour s’instruire, nous avons vu quelques
erreurs de dénomination, ce (jui est égale-
ment regrettable. Le préjudice est double,
car l’amateur ne peut prendre note exacte
des plantes qui lui conviennent pour les
demander au marchand ; il est exposé à de-
mander les plantes sous un faux nom, et on
lui envoie tout autre chose que ce qu’il
croyait recevoir. 11 se récrie, et il a raison,
mais à qui la faute?
A l’exposition du IVé Catelan, comme à
toutes les expositions, il y a eu des contents
et des mécontents. A notre avis, (}neh|ues-
nns avaioiit de bonnes raisons de ne pas
être satisfaits. Aussi, sans vouloir en quoi
que CO soit l.làmer le jury, qui, sans aucun
(toute, aagiavec une intention équitable, nous
nous permettrons de dire que certains lots ont
été beaucoup trop récompensés, tandis que
d’autres ne l’ont pas été assez. Nous cite-
rons seulement deux cas : l’un se rapporte
aux Conifères, l’autre aux Reines-Margue-
rites. Le lot de Conifères primé était peu
nombreux, il y avait relativement beaucoup
d’(îrreurs de dénominations, et de plus, les
sujets, étaient faibles; néanmoins, il a obtenu
une médaille d’or, tandis que neuf autres
lots de Conifères, composés de bonnes plan-
âtes, très-fortes et très-belles, n’ont été ré-
compensés que d’une médaille en argent de
deuxième module. Ces lots, qui apparte-
naient au même propriétaire, étaient dis-
séminés dans le jardin qu’ils contribuaient à
embellir.
Un lot àe Reines-Marguerites, qui, assuré-
ment, étaient belles, a obtenu une médaille
d’or, alors qu’un lot de Zinnia à fleurs dou-
bles très-variées, très-beaux et bien culti-
vés, n’a valu à son propriétaire qu’une mé-
daille en argent de petit module. R nous
semble qu’on n’est pas resté dans une juste
mesure, surtout si l’on songe que les Reines-
Marguerites sont de vieilles plantes qui ont
atteint leur apogée; qu’elles ont déjà été mé-
daillées, archimédaillées d’or et de vermeil,
tandis que les jeunes Zinnia, très-beaux,
ont devant eux, au point de vue de l’amélio-
ration, l’avenir que les Reines-Marguerites
n’ont plus.
Ce sont là de ces faits qu’on peut regret-
ter mais non blâmer, car rien n"est plus
difficile (jue de bien juger, et la critique,
qui est au contraire facile, ne saurait
être trop réservée dans toutes ces circons-
tances. Aussi, nous le répétons, il ne faut
voir dans notre langage qu"un avis donné en
prévision de l’avenir. C’est en nous avertis-
sant mutuellement de nos erreurs qu’on
arrive à les éviter. C’est ainsi que se fait
l'éducation générale vers laquelle tous nos
efforts doivent tendre.
Dans un prochain numéro, un de nos col-
laborateurs fera un compte-rendu de l’expo-
sition du Pré Catelan.
— M. Cagnaire nous a écrit, à la date du
10 août, relativement à l’article publié sur
VErythrinacrista Galli le imlu 10 août
de la Revue horticole. M. Cagnaire croit
que cette plante ne se cultive pas en oran-
gerie dans presque toute la France, comme
l’a dit l’auteur de l’article en question, et, à
ce sujet, M. Cagnaire nous rappelle qu’il a
dit précédemment (n» du lei* juillet dernier)
que les souches et une partie des tiges sup-
portent (chez lui) les hivers les plus rigou-
reux. Puis, il ajoute : « Le devoir d’un cha-
cun étant de combattre les erreurs que l’on
rencontre, je m’empresse de vous adresser
CCS quelques lignes afin d’éviter aux ama-
teurs et aux horticulteurs du midi de la
France qui cultivent VErythrinacrista Galli,
de se livrer annuellement à des soins mi-
nutieux inutiles sous notre ciel. »
Nous ne croyons pas qu’il y ait eu erreur
dans l’article qui nous a valu la rectification
de notre collaborateur M. Cagnaire*. Cet ar-
ticle s’applique, en effet, au climat d’Angers
(|ui est bien différent de celui d(^ Rei’gerac,
et, à plus forte raison, du climat du midi de
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUÎN’ZAINË DE SEPTEMBRE).
lu France. 11 ne laul. pas oublier qu’Angers
est placé sous le 47o 28 latitude, tandis que
Ilergerac est sous le 5-4. D’ailleurs, en
Espagne, nous avons vu des Erythrina dont
la tige avait jusqu’à G mètres de hauteur sur
30 centimètres de diamètre; en Amérique,
les Erythrina sont de très-grands arbres.
— Nos lecteurs se rappellent, sans doute,
l’article qu’a publié M. de Ternisien en ré-
ponse à ce qu’avait écrit M. Naudin sur les
modifications que présentent les plantes
grimpantes suivant le milieu elles conditions
dans lesquels elles vivent. A ce sujet, nous
avons reçu plusieurs lettres écrites dans le
mémeesprit. Nous publions la première, qui
résume toutes les autres. Elle est de M. Sis-
ley. La voici :
A M. le rédacteur en chef de la Revue horticole.
(( Monsieur,
« Dans le numéro du 16 juillet de la Revue
Il articule, M. de Ternisien, pour combattre les
llicories de Lliarles Darwin et les idées de
M. Naudin, àpi'0[)os des plantes volubiles, ap-
pelle à son aide le texte de la Genèse.
«' Toutes les opinions sont respectables j)Our
moi, (juand elles sont basées' sur la conviction;
au<si je ne trouve pas mauvais que M. de
Ternisien ne ])artage pas les idées de Charles
Darwin, ni celles de M. Naudin; mais je viens
protester, au nom de riudé|)endance des opi-
nions et des consciences, contre l’a}»pel à telle
ou telle doctrine religieuse! pour tranchci’ une
epiestion scientilique.
« Ceux qui lisent les journaux horticoles de
'l'étranger se rappelleront, sans doute, qu’il y
a quelques années, dans une des séances de la
Société royale d’horticulture de Londres, quel-
epies membres s’élevèrent contre la pratique de
I l lécondation artiticielle des plantes comme
contraire aux lois de Dieu.
(( M. de Ternisien ne veut sans doute jias al-
ler si loin, mais son argumentation y conduit.
(( A l’appui de ma protestation, je renvoie les
lecteurs de la Revue au discours prononcé par
'A. A. de Candolle au banquet donné à l’oc-
casion de l’Exposition horticole internationale
et du congrès botanique de Londres.
« 11 y a développé dans des termes clialeu-
reux, celte thèse :
« Que les hommes (fui s’occupent de scien-
ces ont besoin d’une liberté pleine et entière
pour discuter toutes les théories, et que l’opi-
nion publicfue et les préjugés du vulgaire ne
ne leur créent point d’entraves.
« 11 serait à désirer que l’opinion d’un des
maîtres de la science prévalût partout.
(( Agréez, etc.
« Jean Sisley. »
Comme le dit M. Sisley, toutes les opi-
nions sont libres lorqu’elles ne blessent ni
la morale, ni les gens. Mais nous croyons
aussi que les questions pratiques n’ont rien
à gagner à être mêlées aux questions théo-
logicfues. Aussi nous espérons que la dis-
cussion n’ira pas plus loin et que ce débat,
aïKfuel l’hoiTicurture n’a rien à gagner*, va
m
se terminer là. Nous l’espérons d’autant
plus que, dans ces sortes de questions, les
meilleures raisons ne convaincront personne
et que chacun restera toujours avec les
opinions qu’il s’était faites.
— Dans notre chronique du numéro du
IG août de la Revue horticole (p. 301), nous
avons annoncé qu’un Pétunia à fleurs dou-
bles, obtenu de semis par M. Delaville dans
le jardin de la Société d’horticulture de
Beauvais, allait être mis au commerce sous
le nom de Prémices de la Société de Beau-
vais.
D eût été plus juste de dire que le nou-
veau Pétunia serait propagé sous les aus-
pices de la Société d’horticulture et de bo-
tanique de Beauvais. En effet, il ne peut
entrer dans les vues de la Société de le
mettre au commerce. La Société, se con-
formant au but qu’elle s’est proposé « la
vulgarisation et la propagation de tout ce
qui intéresse l’horticulture et l’arboricul-
ture, » pourra en distribuer des boutures à
ses membres ainsi qu’aux sociétés d’horti-
culture avec lesquelles elle est en bonnes
relations de confraternité; mais elle ne met-
tra jamais en vente ce qu’elle aura obtenu,
le gain fût-il tout à fait remarquable.
— M.BarilletDescliamps, à qui estdue l’ex-
position d’horticulture du Pré Catelan, dont
nous avons parlé ci-dessus, frappé de l’in)-
nieiise quantité de plantes d’ornement, telles
que Pétunia-, Verveines et Pélargonium
(jue l’on met chaque année au commerce,
et voulant guider les amateurs dans le choix
des meilleures variétés, vient Id’instituer
une commission composée de MM. Malet,
Dufoy (Alph.), Chaté fils, Urbain, Legrand,
Domage, Ermens, Carrière, Bafarin, qui
chaque année devront se réunir au fleuriste
de la ville de Paris pour se prononcer sur
les meilleures variétés à recommander. Cette
commission a déjà consacré une séance
à l’examen des Pélargonium zonale-inqui-
nans, qui, comme on le sait, prennent une
très-grande part à l’ornementation des
plaie-bandes et des massifs de pleine terre.
Prochainement, un de nos collaborateurs
fera connaître les variétés les plus méri-
tantes.
— Une nouvelle qui sera accueillie avec
plaisir, est celle de la fondation d’un comité
permanent chargé d’examiner et d’inter-
roger les ouvriers jardiniers et do leur don-
ner des récompenses. Celte commission,
dontM. Barillet est l’organisateur, et qui a
été instituée d’après ses instances, se com-
pose de MM. Rivière, Cels, Courtois-Gérard,
Barillet, Burel, Ermens, Forêt, Rouillard,
Lezier (un des principaux maraîchers de
Paris), Leroy, André, Bafarin et Carrière.
Cette commission a interrogé 23 ouvriers, et
leur à décerné différents prix, soit à titre
CiiUOKiUlii ilOilXiCüLE (Pl'iEMlÈRE UülNZAir^E DE bEPTEMDUEj.
344
d’encouragement, soit à titre de récompense.
Ces prix se composaient : 1» d’une médaille
en or offerte par M. Millaud, au nom du
Petit Journal’^ de livres d’horticulture et
de botanique offerts par plusieurs éditeurs
de Paris, notamment par la Librairie agri-
cole et par MM. Courtois-Gérard, Penaud et
Jolly, et Rotschild, ainsi que quelques ins-
truments d’horticulture donnés par M. Ar-
nheiter.
Les^3 aspirants ont été interrogés, savoir :
10 sur la floriculture ;
4 sur la sylviculture et l’arboriculture ;
3 sur la culture maraîchère et les pri-
meurs;
8 sur Fart horticole en général.
Nous croyons devoir faire connaître le
nom des ouvriers qui ont été examinés,
ainsi que les récompenses qui leur ont été
accordées :
MM. Yan Lil (Pierre), sur VArt horticole en
général. Prix d’honneur, consistant
en une médaille d’or, et 13 volumes.
Goügnard, sur l'Art horticole en géné-
ral. Prix : Botanique de Gaudichaud,
■4 volumes et atlas.
Geffroy, sur VArt horticole en général,
8 volumes.
Vendenhec, sur VArt horticole en gé-
néral, 14 volumes.
Clervoix, sur la Floriculture, 3 volu-
mes.
Rouisant, sur la Floriculture, 3 volu-
mes
Relahaie, sur la Floriculture, 3 volu-
mes.
Lépine,w la Sylviculture et l'Arbori-
culture, 13 volumes.
Ruly^ sur la Sylviculture et l'Arbori-
culture, 2 volumes.
RoLET,swr la Floriculture. Encourage-
ment : 1 échenilloir et une serpette.
Jean Blanc, sur la Sylviculture et
l'Arboriculture. Encouragement : 1
sécateur et 1 greffoir.
Martin, sur la Culture maraîchère.
Encouragement : 1 volume.
Madiot, sur la culture maraîchère. En-
couragement : 1 volume.
Les 10 autres ouvriers examinés ont été
n’ayant pas été jugés assez avancés pour
être récompensés, ont été priés de se
présenter plus tard.
M. Barillet, afin de donner le plus de pu-
blicité possible à son œuvre, nous avait
adressé le programme qu’il avait rédigé.
Ce document nous étant parvenu beaucoup
trop tard, nous n’avons pu l’insérer. Mais,
comme l’institution est permanente, nous
allons reproduire ce programme, qui est
conçu en ces termes :
Monsieur,
J’ai l’honneur de vous informer que le comité
d’organisation de l’exposition horticole qui doit
avoir lieu le 30 courant, à l’occasion de la Fête
des heurs, a décidé qu’un concours spéciale-
ment destiné à récompenser les ouvriers jardi-
niers qui par leurs connaissances seraient re-
connus les plus capables dans l’art horticole,
aurait lieu dans les conditions suivantes
Article premier. — Seront seuls admis à con-
courir, les ouvriers jardiniers.
Art. 2. — Les examens se feront le soir et
le dimanche. Une lettre d’avis indique^ra les
lieux, jours et heures désignées pour les séances.
Art. 3. — Le programme détaillé des ques-
tions à adresser aux candidats sera, pour cha-
que section, rédigé par les jurés examinateurs,
choisis parmi les notabilités horticoles.
Art. 4. — Ce concours sera divisé en 4 sec-
tions :
lo Floriculture.
L’examen portera : sur la multiplication, cul-
ture, emploi et nomenclature des végétaux de
serre chaude, froide ou tempérée, orangerie et
pleine terre. Décorations des jardins; conduite
et direction des serres, bâches, etc., etc.
2o Sylviculture et arboriculture
Choix des terres, multiplication, culture,
transplantation, taille, direction, emploi, no-
menclature, maladies et animaux nuisibles des
arbres, arbustes et arbrisseaux (remèdes et
moyens de destruction), etc., etc. ^
Taille raisonnée des arbres fruitiers.
3» Culture maraîchère et -primeur iste.
Choix de la terre et de l’exposition d’un jar-
din potager, multiplication, culture en plein air,
sur couche ou sous bâches, etc. Nomenclature
de la collection des plantes dites maraîchères.
Culture et nomenclature des espèces et va-
riétés de fruits forcés. Conduite et direction des
serres et bâches de primeurs,
~ 4o Art horticole en général.
Cette partie du concours embrassera, outre
les 3 sections ci-dessus indiquées, les principes
généraux de physiologie végétale et de botani-
que élémentaire.
Art. 5. — Les candidats devront adresser
leurs demandes avant le 22 courant, terme de
rigueur, en spécifiant la section dans laquelle
ils désirent concourir.
Art. 6. — Outre le diplôme qui leur sera
délivré, les plus méritants de chaque section re-
cevront à la distribution solennelle des récom-
penses des lauréats de l’exposition horticole
(qui aura lieu le dimanche 2 septembre, a
3 heures t/2 du soir, au Pré Catelan), des prix
consistant en ouvrages sur l’horticulture et mé-
daillés d’or.
Art. 7. — Un prix d’honneur (12 volumes)
sera mis à la disposition du jury pour être dé-
cerné au candidat le plus méritant de la 4*^ sec-
tion du concours.
Art. 8. — La commission d’organisation de
la Fête des fleurs se réserve le droit d’éliminer
de ce concours les candidats dont la conduite
laisserait à désirer.
Piecevez, Monsieur, l’expression de ma con-
sidération très-distinguée. B.\rillet.
— On sait que les buttes Chaumont, de
Paris, subissent en ce moment une vérita-
ble transformation. Le ino't de transforma-
3i5
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE SEPTEMBRE).
Hou, dans nous nous servons ici, idarieii
que de très -juste. Ces buttes, qui naguère
encore étaient inaccessibles sur plusieurs
points, et qui, par cette raison, servaient
de repaire à certaines gens mal famés, vont
devenir, — ou plutôt sont déjà en partie,
— une promenade charmante. Les planta-
tions sont faites et les gazons sont semés
depuis longtemps sur différents points
qui ont déjà été livrés au public; de sorte
qu’aujourd’liui c’est à peine si l’on peut se
faire une idée de ce qu’étaient autrefois
les buttes Chaumont. Au point de vue de
l’histoire comme au point de vue de l’hor-
ticulture, il est intéressant de consigner ce
fait. Prochainement nous publierons l’his-
torique de ces transformations, et nous don-
nerons le plan général légendaire du parc
des buttes Chaumont aussitôt que le travail
sera terminé.
— Depuis quelque temps, on parle beau-
coup d’acclimatation; il est donc intéres-
sant de connaître le parti qu’on a su tirer
des animaux importés chez nous. Sous ce
rapport, le Jardin public de Lyon (parc de
la Tête-D’or) a fait plus que le jardin des
Plantes de Paris; s’il n’a pas cherché a
acclimater, il a utilisé, ce qui.est bien pré-
férable.
Au parc de la Tête-d’Or, on a mis au
joug les buffles et les hémiones, qu’à Paris
011 se contente de tenir prisonniers dans des
parcs, où ils s’ennuient sans rendre d’autre
service que de boire et de manger et d’amu-
ser le public. Pourtant ces animaux peuvent
devenir de précieux auxiliaires. L’unique
couple de buffles qui existe à Lyon est
employé à charrier les fumiers et à traî-
ner les tonneaux d’arrosages, ce qui est
très-pittoresque et convient à un jardin
public. Nous les avons vus à l’œuvre, et
nous pouvons affirmer qu’ils paraissent
s’accommoder parfaitement à ce genre de
service. L’homme qui les conduit nous a
assuré que ces animaux sont tellement
forts, que, quelque fardeau qu’il leur ait
donné à traîner, ils s’en sont très-bien ac-
quittés. On dit que les buffles sont laids,
c’est possible ; mais qu’est-ce que cela fait
s’ils peuvent nous être utiles.
Quand aux hémiones, c’est autre chose,
tout le monde sait qu’elles sont aussi gra-
cieuses que fortes et agiles; aussi n’est- il
personne qui, en les voyant, ne tienne à peu
près ce langage : « Quel dommage qu’on ne
puisse les dompter et que d’aussi beaux
animaux ne puissent être utilisés. » Aujour-
d’hui, le contraire est prouvé, et tous les
jours, dans Lyon, on peut voir une cariole
traînée par trois hémiones attelées de front
et courant au galop. Plusieurs fois, nous
avons admiré cet attelage d’un nouveau
genre, et nous pouvons assurer que rien
n’est plus joli.
On avait dit aussi que les hémiones
étaient méchantes; c’est un peu vrai, mais
il y a des exceptions pourtant, puisque sur
les trois dont nous parlons, il en est une
qui, loin d’être méchante, est au contraire
très-douce. Mais, en admettant le fait, est-on
en droit de condamner les hémiones d’une
manière absolue? Nous ne le pensons pas.
Qui, en effet, oserait affirmer que le cheval
et l’âne, lorsqu’on a commencé à les do-
mestiquer, n’étaient pas aussi méchants et
peut-être même plus que ne le sont les
hémiones? Aujourd’hui même ne voit-on
pas des chevaux vicieux qu’on peut à peine
utiliser? Quoi qu’il en soit, le problème,
nous le répétons, est résolu; etl’hémione,
qui se multiplie bien sous notre climat,
dont le tempérament et les goûts sont analo-
gues à ceux de l’àne, sauf la force et l’agi-
lité qui sont beaucoup plus grands, peut
être compté comme un auxiliaire de plus
pour nous.
— Le Morus Constantinopolitana est-il
une espèce? Nous n’hésitons pas à répon-
dre ; Non! C’est tout simplement une forme
monstrueuse que plusieurs fois nous avons
rencontrée dans des semis de graines de
Mûrier blanc ordinaire.
— Nous apprenons par le n» 2 des Annales
de la Société horticole, vigneronne et fores-
tière de r Aube, que, grâce à un vitieulteur
distingué, M. Manoury, deux cépages pré-
cieux qui étaient sur le point de se perdre
viennent d’être sauvés; ce sont : le Saint-
Laurent, gamet précoce, extrêmement pro-
ductif, donnant un vin alcoolique et coloré,
et dont la pellicule très-épaisse lui permet
de résister aux diverses intempéries. L’au-
tre cépage, appelé la Terre promise, est un
pinot noir, mi-précoce, fertile, non sujet
à la coulure ; il donne du vin d’une grande
finesse. La réunion de ces deux cépages
fait, dit-on, du vin d’excellente qualité.
Une troisième sorte de raisin, le Triferrat,
est, dit ce même recueil, d’une étonnante
fertilité. En 1865, il adonné trois récoltes
qui ont parfaitement mûries. La qualité de
cette dernière sorte, est, dit-on, médiocre.
Bien que ces renseignements ne portent pas
sur l’horticulture, nous avons cru devoir les
faire connaître, parce qu’ils peuvent être
également utiles aux horticulteurs.
Dans un bulletin de la Société d’horticul-
ture de Fontenay-le-Comte, il est dit que,
dans la Bibliothèque physico-économique,
année 1782, on recommande pour éloigner
les fourmis d’un arbre de délayer de la suie
dans de l’huile de chènevis et d’en barbouil-
ler la tige. On ne dirait pas mieux aujour-
d’hui, ce qui semble prouver que, il y a un
siècle, on était presque aussi avancé sur le
moyen de destruction des insectes qu’on
l’est aujourd’hui.
E. A. CARRIÉ RE
EXPOSITION UNIVERSELLE O’HOHTICLLÏURE 1)E 1807.
I.
S’il est une entreprise qui ait jamais réu-
uie toutes les sympathies, c’est évidemment
celle de l’exposition universelle de 1867.
En effet, cette œuvre de paix, cette grande
lutte de l’intelligence et du travail, fut
presque la seule qui trouva grâce devant les
préoccupations de ces derniers temps. Et
lorsqu’une partie de l’Europe était en feu,
que la France pouvait être appelée à pren-
dre part à cette lutte fratricide, nous avons
vu presque tous les organes de l’opinion
publique s’inquiéter de l’avenir et déplo-
J’er que la guerre puisse faire reculer l’é-
poque fixée pour ce grand congrès où les
œuvres de l’esprit comme le travail manuel
doivent recevoir leur récompense.
Toutes ces craintes ont heureusement
disparu; la paix, et comme conséquence,
les travaux vont se continuer. A la guerre
où la force brutale est si souvent celle qui
décide du sort des peuples, succédera l’ère
des conquêtes de l’intelligence qui doit
amener le bien-être de tous.
Parler de l’exposition universelle, four-
nir des détails sur son ensemble ou sur une
partie des merveilles qui vont s’y trouver
l’éunies, c’est donner satisfaction aux inté-
rêts du moment et entrer dans l’esprit de
fous. C’est ce qui nous engage à écrire ces
lignes.
La commission impériale de l’exposition,
comprenant l’importance que prend chaque
jour l’horticulture, et reconnaissant com-
bien elle augmente le bien-être et les jouis-
sances de toutes les classes de la société, a
décidé de consacrer un quart du parc qui
doit entourer l’exposition universelle, pour
être affecté aux produits horticoles.
Cette partie, qui sera entourée de grilles,
communiquera par quatre portes avec l’ex-
position générale; son entrée principale
d’honneur sera à l’angle, de l’avenue de La-
mqtte-Piquet et de l’avenue de la Bourdon-
nais.
Le plan de ce terrain a été remis à
MM. Alphand, ingénieur en chef des ponts-
et-chaussées et des plantations de la ville
de Paris, et Barillet, jardinier en chef, avec
la mission de créer un chef-d’œuvre.
La chose était facile à des hommes dont
la devise est : Passé oblige; aussi cette par-
tie de l’exposition sera-t-elle d’une [beauté
remarquable.
(Je terrain sera Iranformé en un jardin
où se trouveront représentés les plus jolis
sites, soit de France, soit des pays étrangers,
où les végétaux les plus variés viendront se
grouper.
Beux rivières, serpentant à travers lés
gazons, seront alimentées par des sources |
artificielles d’où elles s’échapperont ici avec
l’impétuosité du torrent, là en cascade,
pour se réunir ensuite dans une immense
pièce d’eau qui sera peuplée de poissons
aussi remarquables par leur grosseur que
par leur origine. On y verra, entre autres,
bon nombre des fameuses carpes que Fran-
çois !«’ fit mettre dans les réservoirs du
palais de Fontainebleau. Des milliers de
plantes aquatiques de tous genres orneront
ce bassin ainsi que les rivières, elle jonc si
connu se mêlera aux fleurs des variétés des
Nelumbium, de Thalia, tV Aponogeton, etc.,
ainsi qu’à celles de la Vicloria regia, cette
gigantesque nympJiéacée^ originaire de la
rivière des Amazones ou de ses affluents,
plantes déjà offertes par un horticulteur
spécialiste renommé pour la culture de ces
végétaux.
Les roches d’où sortiront les sources for-
meront l’entrée de deux vastes grottes dont
le plafond, fait en verre de glace, suppor-
tera des Aquarium, où se trouveront réunis :
dans l’un, des végétaux et des poissons d’eau
douce; dans l’autre, ceux qui vivent dans la
mer. Les piliers soutenant ces Aquarium,
ainsi que toute la charpente et le pourtour
des grottes, seront des roches et des stalac-
tites artificielles.
Autour du jardin, dans les massifs d’ar-
bres et d’arbustes divers, seront construites
dix-huit serres de différents modèles, qui, en
même temps qu’elles serviront d’exposition
pour les constructeurs, serviront aussi à
placer les végétaux à l’abri et à les mainte-
nir dans une atmosphère appropriée à leur
nature et où ils pourront rester, tout le
temps du concoui‘s, exposés à la vue du
public.
D’élégantes et coquettes tentes, fermées
au besoin par des rideaux, abriteront contre
la pluie, les grands vents ou l’ardeur du
soleil, les végétaux qui, pour vivre, ont be-
soin d’être placés à l’air libre.
Rien de plus gracieux que ces lentes dont
on peut voir en ce moment les modèles
construits au magnifique établissement hor-
ticole de la ville de Paris (137, avenue
d’Eylauj, et qui, dressées çà et là sur des
corbeilles à côté de charmants kiosques et
d’élégants chalets, feront du jardin de l’ex-
position d’horticulture un Eden où cette fois
la main de rhoinme ne gâtera pas l’œuvre
du Créateur.
Au milieu du jardin s’élèvera une serre
aux proportions monumentales, à laquelle
dès à présent on donne le nom de Palais de
Cristal. Dans cette construction magnifique,
qui n’aura pas moins de 50 mètres de long
sur 37 mètres de large et 20 mètres de haut,
seront rassemblés, à l’ouverture de chaque*
EXlM)SrnOÎS ILNIVEUSEIJÆ D’HORTIEIILEIUE DE Esr.T
S(‘rie des (■oncours, les végétaux que le jury
sera appelé à juger, et qui, aussitôt l’opéra-
tion terminée, seront placés dans les serres
ou dans les corbeilles dont il est parlé ci-,
dessus. Le Palais de Cristal est, en outre,
destiné aux grandes réunions des jurés et à
celle des membres du congrès botanique,
qui doivent se rassembler autant de fois que
cela sera nécessaire pendant toute la durée
de l’exposition.
Autour de ce palais, dans une vaste gale-
rie, seront exposés les petits instruments,
les dessins, les plans spécialement horti-
coles, etc.
Dans un des angles du jardin, un bâti-
ment demi-circulaire sera alïecté à un Dio-
rama botanique, où les visiteurs verront
passer devant eux les sites les plus variés
de l’ancien et du nouveau continent où
croissent les végétaux qui seront également
vus tels que la nature les produit.
Le long de l’avenue de la Bourdonnais,
une autre galerie servira d’exposition pour
les produits maraîchers et les fruits.
Après avoir tracé à grands traits celte es-
quisse du jardin et des principales cons-
tructions qui y seront élevées, nous allons
passer aux concours qui seront établis
de manière à les échelonner tous en les
:î47
faisant concorder avec l’époque où les
plantes révèlent leur plus grand intérêt.
Les végétaux, en etfet, ont des époques à
peu près fixes pour fleurir, et ceux dont l’or-
nement réside principalement dans la forme
ou la couleur de leur feuillage, ont égale-
ment un moment où ils brillent de toute
leur beauté; il était donc presque impossi-
ble de faire une seule exposition. La com-
mission impériale a pensé à diviser le con-
cours en 14 séries se subdivisant selon la
nécessité. Dans ce but, après avoir éla-
boré un projet, et afin de donner autant que
possible pleine satisfaction à tous les inté-
ressés, elle a réuni les principaux horticul-
teurs des environs pour les entendre et re-
cevoir leurs observations sur le travail de
la commission d’horticulture. Toutes satis-
factions ont été données, et aujourd’hui, bien
qu’il puisse s’y trouver encore des omis-
sions, le programme déposé à l’imprimerie
doit être considéré comme remplissant
toutes les conditions pour produire un libre
concours dans toutes les sections et aux
horticulteurs de tous les pays. Nous allons
très-succinctement en faire connaître la te-
neur.
Rafauin.
[fji snile au proehain numno)
DEUX PLANTES A SEMER EN SEPTEMBRE.
Le semis d’automne est un des moyens
d’obtenir de certaines plantes annuelles
une floraison très-abondante et de très-
bonne heure, au printemps.
Beaucoup de plantes qui se prêtent à ce
traitement peuvent également être semées
au printemps pour en obtenir la floraison
en été; mais celles qui font le sujet de cet
article (la première surtout) paraissent ne
réunir ou du moins ne donner des résultats
satisfaisants, au point de vue qui nous oc-
cupe, que lorsqu’on les sème d’automne.
Le Collinsia verna, Nultal., originaire do
l’Ohio, et introduit dans le commerce hor-
ticole en 1864 par NV. Thompson, d’Ipswicb,
est une plante annuelle, un peu maigre et
tendre, mais très-tloribonde et excessive-
ment gentille. Elle est haute del5 à20 cen-
timètres , ramifiée dès la base; les feuilles
opposées, lancéolées-aiguès et dentées, sont
d’un vert gai ; les fleurs, disposées sur tou-
tes les ramifications en glomérules verticil-
lées, forment des sortes d’épis d’abord ra-
massés qui commencent à fleurir tout près
de terre, puis qui s’allongent d’environ 10
à L2 centimètres, prolongeant ainsi la flo-
raison pendant un mois environ. — Ces
fleurs assez grandes (comme celles du Col-
linsia l)icoloi\ et au nombre d’une dizaine
environ par verticille, ont une corolle irré-
gulière en forme de mufle ou de papillon.
dont la lèvre supérieure est blanche tachée
de jaune au palais, avec de petites ponc-
tuations pourpre ; la lèvre inférieure est
d’un bleu tendre ou améthyste très-gai; la
carène est d’un bleu rosé ou lilas très-frais.
Semée en septembre, soit en place, soit
en pépinière, à une bonne exposition, en
terre saine et légère, la floraison arrive en
plein air dès le mois d’avril et se prolonge
jusqu’en mai.
Cette précocité de floraison rend cette
nouvelle espèce précieuse pour les jardins
où l’on cherche à obtenir des fleurs qui
décorent les massifs, les bordures, les pla-
tes-bandes ou qui forment des tapis fleuris
dès la fin de l’hiver et qui ensuite laissent
la place libre à l’époque du semis ou de la
plantation des espèces plus frileuses, des-
tinées à l’ornementation d’été.
V Anthémis Chia, hm., est encore une de
ces plantes à semer d’automne, qui n’est
pas assez appréciée et dont on pourrait tirer
un excellent parti.
C’est surtout aux personnes qui, comme
nous le disions tout à l’heure, cherchent à
obtenir des fleurs de très-bonne heure au
printemps, et qui ont besoin d’avoir leur
terrain libre pour les semis ou la plantation
des espèces destinées à la décoration d’été,
que nous recommandons particulièrement
VAnihemis Chia.
348
DEUX PLANTES A SEMER EN SEPTEMBRE.
Semée en septembre, en place ou en pé-
pinière, en terre ordinaire et saine de jar-
din, cette plante passe bien l’hiver et se
couvre, dès le mois d’avril et tout le mois
de mai, de fleurs radiées, blanches, tout à
fait analogues pour la forme et la couleur à
celles de la Grande Marguerite des prés, ou à
celles des Anthémis frutescents si usités en
été pour la décoration des jardins. Suivant
que les pieds sont plus ou moins serrés,
que le terrain est plus riche ou que la
saison est plus favorable, cette plante se
ramifie plus ou moins dès la base, et ses
fleurs capitulées, longuement pédonculées,
qui se détachent sur un joli feuillage dé-
coupé à la façon de celui de la Camomille,
peuvent s’élever depuis 15 jusqu’à 30 et
même 35 centimètres. Bien que nous ayons
dit qu’on doit semer en septembre les Col-
linsia verna et Anthémis Chia, on peut sans
inconvénient, même à Paris, continuer le se-
mis jusqu’en octobre.
La floraison de V Anthémis Chia coïncide
avec celle du Collinsia verna (ci-dessus
mentionné); du Doronique du Caucase, à
fleurs jaunes; de VAubrietia deltoidea, à
fleurs bleu-violet; de VAhjsse ou corbeille
d'or, à fleurs jaunes, de VArabette printa-^
nière à fleur blanches; de la Saxifrage de
Sibérie, à fleurs roses; de la Giroflée jaune
brune hâtive et des autres variétés du Chei-
ranthus Cheiri, et aussi avec le commence-
ment de la floraison du Dielytra spectabilis.
On pourra donc tirer un très-bon parti du
Collinsia verna et de V Anthémis Chia, soit
pour la formation de tapis, massifs ou bor-
dures, avec une seule de ces plantes; soit en
obtenir de charmants contrastes dérouleurs
en les associant l’une à l’autre ou aux diver-
ses plantes que nous venons d’énumérer.
Par exemple, on pourrait mettre :
Anthémis Chia au milieu, en massif, avec
bordure de Collinsia verna, ou d’Alysse
corbeille d’or ;
Ou bien :
Doronique du* Caucase, ou Giroflée jaune
brune hâtive, ou autre variété de Giroflée
jaune au milieu, avec bordure à' Anthémis
Chia ;
Ou bien :
Giroflée jaune ou brune, ou Doronique du
Caucase au centre avec une ceinture d’ An-
thémis Chia autour de laquelle on mettrait
une bordure soit d’Alysse corbeille d’or,
soit d’Aubrietia deltoidea ou pur pur ea, ou
bien, s’il fallait quatre rangées de couleur,
on borderait la corbeille d’or avec de l’A-
rabette printanière, oudeV Aubrietia ou du
Collinsia verna ;
Ou bien encore on en pourrait faire une
rosace comme suit :
Centre : Giroflée jaune à fleurs violettes ou
jaunes brunes;
2e rang Doronique du caucase;
3e — Anthémis Chia',
4® — Saxifrage de Sibérie;
5e — AlySse corbeille d’or;
6® — Arabette printanière;
7e — Collinsia verna,
8e — Aubrietia deltoidea ou purpii-
rea, etc. Clémenceau.
SUR L’HYGIÈNE DES PLANTES
A L’ÉTAT DE DOMESTICITÉ, ET SUR QUELQUES MALADIES QUI LES ATTAQUENT.
L’hygiène, de nos jours, est recomman-
déeà l’homme comme un des éléments in-
dispensables pour entretenir sa santé. Cette
science n’a pas moins d’importance à l’é-
gard des végétaux. Convaincu par expé-
rience de ce que je viens d’avancer, je vais
essayer de traiter dans cet article de l’hy-
giène des végétaux, comme moyen de les
préserver des nombreuses maladies qui les
attaquent.
De même que pour les animaux, la pro-
preté est un des plus puissants moyens de
santé pour les végétaux. Il est donc impor-
tant de veiller sans cesse â cette partie
essentielle de leur existence, c’est-â-dire
qu’il faut les débarrasser des branches et
(les feuilles altérées, des nombreux crypto-
games qui les envahissent continuellement,
tels que Lichens, Urédinées Mucédinées,
Mousses, etc., des insectes sans nombre qui
les rongent; il faut aussi veiller à la sanité
du terrain qui les nourrit, ainsi qu’à celle
de l’eau que l’on emploie â leur arrose-
ment, etc. Je ne traite ici la chose que som-
mairement; on trouvera déplus longs détails
dans tous les traités d’horticulture. Je veux
seulement appeler l’attention sur l’impor-
tance de l’hygiène végétale.
Les végétaux n’étant pas doués de la loco-
motion, doivent être bien plus que l’homme
et les animaux l’objet de soins particuliers.
Ce sont ces soins qui contribuent puis-
samment à entretenir chez eux une bonne
santé.
Je vais maintenant parler de quelques
maladies qui les attaquent fréquemment. Je
citerai d’abord la cloque du Pêcher, du Ce-
risier et de beaucoup d’autres espèces vé-
gétales.
Plusieurs opinions ont été émises sur ce
sujet. Les uns ont prétendu que c’était une
maladie organique, les autres qu’elle étail
occasionnée par la piqûre des insectes, etc.
Les premiers ont préconisé les engrais puis-
sants afin de donner de la vigueur aux
plantes et par ce moyen faire disparaître la
SUR [.’HYGIKNK DES PUANTES.
349
cloque, les seconds ont conseillé l’emploi de
diverses substances afin de détruire les in-
sectes. Selon mes observations, les uns et
les autres se sont trompés. La maladie dont
je parle ne provient ni des organes malades
de la plante, ni des insectes. Je l’attribue à
des causes purement atmosphériques L En
effet, au printemps dernier, j’ai eu l’occasion
d’étudier cette maladie sur une plantation
de 200 à 300 jeunes Cerisiers. Yers la fin
de mai, ces arbres étaient en pleine végéta-
tion, le feuillage était vert foncé, luisant, ce
qui indiquait une santé parfaite. Le terrain
dans lequel ils étaient plantés est en pente
au nord et est exposé sans abri aux vents de
l’ouest à l’est en passant par le nord. Au
commencement de juin, après des journées
chaudes, il se produisit un vent de nord-est
très-froid, qui occasionna subitement un
écart de température de 12 à 15 degrés
centigrades. Les feuilles du sommet de ces
jeunes arbres se cloquèrent presque instan-
tanément et la végétation s’arrêta. Yers la
fin de juin, la température étant redevenue
plus douce, mes plantes repartirent avec vi-
gueur; de nouvelles pousses se produisi-
rent, en laissant au-dessous d’elles des an-
neaux de feuilles cloquées. Il fut dès lors
bien évident pour moi que le mal ne venait
pas de la racine, mais qu’il avait été causé
par le vent glacial du nord-est qui les fouetta
pendant plusieurs jours; convaincu donc que
ce fait a été la cause du mal, le meilleur
conseil que je puisse donner pour prévenir
les ravages de cette maladie, c’est d’établir
pour les plantes de bons abris, particulière-
ment contre les vents que je viens de signa-
ler, car ceux de l’est à l’ouest en passant
par le sud sont moins dangereux.
La chose est facile à faire. Nous possédons
aujourd’hui un grand nombre de variétés
de Conifères touffues qui peuvent être d’une
grande utilité dans la circonstance. Par
exemple, diverses espèces de Cyprès, de
Thuia, de Pins, etc.
Lorsque la cloque est formée par les
causes que je viens de signaler, les insectes
tout naturellement viennent s’y loger; ils
trouvent là de petites habitations bien com-
modes, s’en emparent, aggravent le mal,
mais ils n’en sont pas la cause; néanmoins,
il est bon de les détruire.
Je vais maintenant parler de quelques
cryptogames qui, de nos jours, envahissent
les végétaux. D’abord de ïoïdium qui atta-
que d’une manièreviolente et souvent désas-
^ Celte opinion est aussi celle de beaucoup d’au-
tres personnes, et nous-mcme avons écrit dans notre
encyclopédie horticole, page 112 : « La cloque pa-
raît être surtout déterminée par des changements
subits de température qui font gauffrer et crisper
les feuilles, sous lesquelles ne tardent pas à s’abriter
des pucerons qui bientôt sont suivis par des fourmis
qui viennent pour en butiner les excréments. »
RÉI)\r,T10N.
Ireuse, le Rosier, le Pêcher, laYerveine et
beaucoup d’autres plantes. Je ne donnerai
pas ici la description scientifique de cette
mucédinée, on la trouvera dans tous les traités
de botanique. Cette plante, elle aussi, trouve
les éléments de son développement dans des
causes atmosphériques ^ ; mon opinion dif-
fère encore de celle des botanistes qui l’ont
décrite. La plupart, en effet, disent que ce
cryptogame attaque les feuilles malades du
Rosier et qui commencent à entrer en dé-
composition, et que c’est là une condition
nécessaire à son développement. Les étu-
des que j’ai faites depuis longtemps sur ce
sujet m’ont prouvé le contraire. En effet, j’ai
observé que des feuilles de Rosier parfaite-
ment saines se trouvant auprès d’autres feuil-
les déjà attaquées étaient bientôt envahies.
Dernièrement encore je plantais dans mon
jardin un pied de Rosier bien portant, élevé
en pot et dont les racines, que j’ai pu faci-
lement examiner, étaient parfaitement sai-
nes, auprès d’un autre Rosier attaqué de
Voïdium. Je ne tardai pas à voir quelques
feuilles prendre une teinte blanchâtre, el
bientôt toute la plante fut envahie. Comme
ce Rosier qui avait été cultivé dans un antre
jardin était exempt de traces iVoïdium lors-
qu’il est arrivé dans le mien, c’est au voisi-
nage de mes Rosiers qui étaient malades
qu’il faut attribuer la cause de sa maladie.
C’est donc à détruire ou seulement à para-
lyser le développement de cette mucédinée
que doivent tendre les efforts de l’homme.
Heureusement il existe un remède bien
simple que tout le monde connaît, mais que
je vais cependant rappeler. Il consiste à sau-
poudrer au moyen d’une houppe en laine,
avec de la fleur de soufre les parties malades
des Rosiers, et même comme moyen pré-
ventif, les parties qui ne le sont pas.
J’ai fréquemment employé le soufre, soit
comme moyen préventif, soit comme moyen
curatif; il m’a toujours réussi. Dernièrement
encore l’effet de la fleur de soufre a été
concluant pour moi. Ayant saupoudré la
moitié de la tête d’un Rosier qui était tota-
lement malade, je vis que dans la partie sau-
poudrée le mal s’arrêta subitement et que
la plante repoussa vigoureusement sans oï-
dium, tandis que l’autre moitié est restée
souffrante et sans végétation.
Je crois donc devoir engager les amateurs
d’horticulture à recourir à ce moyen.
DE TeRNISIEN.
‘ Tout en reconnaissant avec M. de Ternisien que
les changements subits dans la température peuvent
entrer pour une grande part dans le développe-
ment de Voïdium, nous reconnaissons aussi qu’il y a
d’autres causes. En effet, indépendamment de ce que
cette maladie se développe dans tous les climats et
dans tous les milieux, ne se développe-t-elle pas aussi
dans les serres, là où à l’aide de soins de toutes
sortes on maintient la température à une uniformité
presque mathématique? Rkdaetton.
EllTACTA HULEI POEYMOllPllA.
EulactaRuleipoIymorpha, Nob. {Arauca-
ria Riilei, Lindl.), grav., 41, est un véritable
Protée, une sorte d’énigme qui semble jeté
à la science pour embarrasser les savants.
Pendant la première partie de son existence,
il semble appartenir aux espèces austra-
liennes, au genre Eutacta, tandis que plus
tard son faciès et son port semblent le rat-
tacher aux espèces américaines, au genre
Colymbea. C’est dans le premier genre
qu’il doit rentrer. Lorsque les plantes sont
jeunes (lig. 41, A), elles sont Aellement
semblables à VEulacta c.rcclm, qu’on peut*
les confondre ,
bien que les ra-
meaux, un peu
plus gros et plus
allongés, soient
aussi plus ar-
qués; mais à me-
sure que les
plantes pren-
nent de la force,
les feuilles de-
viennent plus
fortes (fig. B).
Lorsqu’au con-
traire elles sont
adultes, les ca-
ractères dilfè -
rent complète -
ment, lesfeuilles
sont larges, pla-
nes, épaisses et
carénées en des-
sous (fig. 41, C,
D). Dans cet étal
la plante rappel-
le assez exacte-
ment la variété
densa du Colym-
bea imbricata.
La figure C re-
présente une ra-
mille foliaire
d’un individu a-
dulte, et la figu-
re D représente une ramille fructifère du
même individu.
Voici, du reste, l’indication des caractères
que présentent les jeunes plantes qu’on
trouve dans le commerce : Port et fades
à peu près semblables à ceux de VEu-
tacta excelsa, ou plutôt intermédiaires en-
tre celui-ci et ÏEutacîa Cunniugluimi.
Ramilles allongées, alternes, arquées, un
peu plus grosses que celles de VEiUarta ex-
celsa. Feuilles très-étroitement subtrigones,
fortement carénées en dessous, planes ou
légèrement concaves en dessus, arquées
ou courbées vers le rameau comme sont
Fi^. 41. — Eiilacla nulci polymorplia
celles de VEutacla excelsa, d’un vert roux
ferrugineux, parfois complètement vertes.
Plantes adnllcs : Arbre très-ramifié, à
cime élargie-arrondie, un peu buissonneux,
atteignant 15 mètres de hauteur, mais s’éten-
dant beaucoup en largeur, et pouvant, lors-
qu’il est bien développé, couvrir une surface
d’au moins 10 mètres de diamètre. Bran-
ches nombreuses, horizontalement étalées
ou défléchies, régulièrement verticillées.
Ramilles foliaires atteignant 2 centimètres
de diamètre,. couvertes de feuilles élargies,
courbées vers l’axe des ramilles; ramilles
fructifères beau-
coup plus gros-
ses que les ra-
milles foliaires.
Feuilles imbri-
quées, épaisses;
élargiesàlabase,
arquées vers h^
rameau qu’elles
recouvrent com-
me le font cel-
les de VEulae-
ta excelsa, ca-
rénées en des-
sous, atténuées,
obtuses au soni -
met, longues di'
15 à 18 millim.,
larges de 0 à 7 ;
celles des ra-
milles fructifè-
res atteignant
jusqu’à 25 mil-
lim. de longueur
sur 10 de" lar-
geur à la base ;
toutes très-rai-
des, non aiguës,
d’un vert foncé
presque noir, lui-
santes et comme
vernies , réflé-
chissant la lu-
mière ainsi que
le feraient, dit-on, de véritables miroirs.
L’Eulacta Ru Ici polymorpha habite dans
une île de la Nouvelle-Calédonie (sud de
l’Australie), où il a été découvert par M. Dun-
can, collecteur de M. John Rule, pépinié-
riste à Victoria, dans le sud de l’Australie. 11
croît sur un volcan éteint, dans des débris
qui, en été, deviennent durs comme des
pierres, et qui, pendant l’biver, sont sou-
mis à des pluies torrentielles accompagnées
d’ouragans et de vents froids. On ne trouve
aucune trace de végétation jusqu’à plus d(‘
30 mètres au-dessous de l’endroit où crois-
sent les Eutacta Rulei. e. a. CAimiKRE.
i.
1 !
I
lî
1
;i;
R a 77 ô Horticole
Pansjith. 2anote r. de.<! Boulangers 15
H el) e c I i n i u m m a crophy 11 u iii
Revue Horlicde^
F Yerm Pinx^
P a n ci‘ at iinn 1 1 1 vr ic um
Pansjmp. lanote.r. des Boulangers .1
IIEBECLYNIIJM MACROPHYLLUM.
VHebeclinnm macrophyllinn est une
plante ligneuse, ramifiée, atteignant parfois
par la culture 2 à 3 mètres de hauteur.
Les tiges arrondies, presque cylindriques,
portent de grandes feuilles opposées, lon-
guement pétiolées, larges de à 28 cen-
timètres, longues de 25 à 30 cent., subcor-
diformes, aiguës, dentées et crénelées sur
les bords. Les nervures, à la surface infé-
rieure, sont très- saillantes et réticulées; la
face supérieure du limbe est glabre et un
peu luisante; celle de dessous est légère-
ment pubescente. En mars ou en avril, les
tiges se ter-
minent par
un corymbc
composé de
capitules reri-
fermant un
plusoumoins
grand nom-
bre de fleu-
rons de cou-
leur lilas.
Originaire
de l’Améri-
que méridio-
nal e, cette
belle compo-
sée exige,
pendant l’bi-
ver, l’abri de
la serre cbau-
de.
L’ampleur
de son feuil-
lage a valu à
VHebeclimmu
macrophyl-
ium l’avanta-
ge d’être em-
ployé pour les
jardins , où
on le cultive,
soit isolé-
ment, soit en
groupe. Il est
nécessaire, pour avoir de beaux exem-
plaires pendant toute leur période de végéta-
tion, de traiter ces plantes de la manière
suivante :
Pendant l’hiver, on les multiplie de bou-
tures d’après les moyens connus afin d’ob-
tenir de jeunes sujets, puis, vers le milieu
du mois de mai, c’est-à-dire lorsque les
gelées, sous le climat de Paris, ne seront
plus à craindre, on choisira, dans le jardin,
une exposition chaude et abritée. On creu-
sera alors un trou de 40 centimètres de
profondeur, large de 60 à 80 -cent, si l’on
ne doit y mettre qu’une planle, plus large
si on veut former un groupe de plusieurs
sujets. On garnira ce trou d’un compost de
terre de bruyère, de terreau de fumier ou
de feuilles et de terre de jardin. La planta-
tion sera faite dans ce mélange. On arrosera
peu d’abord, parce que, pendant quelque
temps, les jeunes plantes resteront station-
naires; mais dès que la chaleur estivale
commencera à devenir forte, le développe-
ment se fera bientôt remarquer, et c’est
alors qu’il sera bon d’augmenter les arro-
sages proportionnellement à la vigueur des
sujets. Cette plante étant très-vigoureuse, on
pourra, pen-
dant l’été,
donner un ou
deux arrose-
ments à l’en-
grais liquide,
soit avec du
purin étendu
d’eau, soit a-
vec du sang
fermenté dans
l’eau.
Ainsi con-
duit, YHebe-
cUniw)i6é\e-
loppera de
très-belles et
larges feuil-
les, et pourra
a 1 1 eindre,
jusque vers la
fin de septem-
bre, une hau-
teur de 60 à
80 centimè-
tres.
La planle
qui fait le su-
jet de cette
notice n’est
pas seule-
ment décora,-
tive à cause
de son feuil-
age, elle l’est encore par la splendeur de ses
fleurs. Mais, pour jouir de tout le luxe qu’elle
peut étaler, il faut la rentrer à temps dans
la serre. Vers le 20 septembre, on son-
gera à la rempoter; à cet effet, on cer-
nera avec la bêche les racines des plan-
tes cultivées en pleine terre, de façon à
proportionner la grosseur de la motte à
la force des sujets et à la grandeur des pois
ou des caisses dans lesquels les plantes de-
vront être mises pour passer l’hiver. Immé-
diatement après l’opération du cernage, on
versera au pied des plantes un ou deux ar-
rosoirs d’eau, ensuite on remplira de terre
HEBECLYNIUM MACROPHYLLEM.
352
et on attendra huit jours en mettant un ar-
rosoir d’eau toutes les 48 heures. Après ces
huit jours, on procédera à la mise en pots,
et l’on rentrera les plantes dans la serre
chaude. De copieux arrosements seront
alors donnés pendant les premiers jours;
on les modérera ensuite selon les besoins.
Après la reprise des plantes, qui a lieu
très-rapidement, la végétation continuera
et fera développer de très-grandes feuilles ;
mais, vers les premiers jours de mars, un
peu plus tôt ou un peu plus tard, les feuilles
naissantes commenceront à diminuer de
grandeur. Bientôt on verra apparaître le
corymbe, composé de nombreuses et jolies
fleurs lilas. J’ai vu déjà, depuis plusieurs
années, sur le pied cultivé au jardin du
Luxembourg, d’après les indications que je
viens de donner, les corymbes atteindre i
jusqu’à 30 et 40 centimètres de diamètre.
C’est alors une plante vraiment belle. |
Quand on possède des sujets qui ont ainsi
fleuri, on peut également les cultiver en
pleine terre pendant l’été. Ces plantes se
ramifient et donnent pendant l’hiver plu-
sieurs inflorescences.
La figure coloriée ci-jointe représente la
fleur lilas de VHebecUniim macropkyllum,
et la figure 42 fait voir le port d’une plante
ramifiée.
Cette plante, voisine des genres Eupato-
rium et Agératum, ménie donc de trouver
une place dans nos cultures de serres et de
jardins.
A. Rivière,
Jardinier clief au jardin du Luxembourg:. j
!
TRITOMA UVARIA.
Il est certes peu de plantes vivaces aussi
belles que le Tritoma uvaria, et dont la
culture soit aussi facile et à la portée de
tous les amateurs de jardin. Aussi croyons-
nous bon de revenir encore sur ce sujet,
bien qu’il ait déjà \éié traité dans la Revue.
Comment s’expliquer qu’à une époque où le
public horticole s’engoue aussi facilement
de la première nouveauté venue, souvent
d’un mérite très-cofltestable, une plante
aussi jolie que le Tritoma uvaria soit en-
core si rare dans les jardins ?
Peut-être cela tient-il à ce qu’elle n’a pas
été chaudement patronée et convenablement
produite en public. Peut-être aussi n’en
possédait-on pas encore un nombre d’exem-
plaires suffisant pour la répandre et Pexpo-
ser en pleine terre dans les jardins et les
squares où les amateurs pourraient l’admi-
rer. — Ce qu’il y a de certain, c’est que tous
les auteurs qui ont parlé de cette plante
sont unanimes pour la ranger au nombre
des plus méritantes et la regardent comme
une de celles dont la multiplication dans
les jardins serait le plus désirable.
Aujourd’huile Tritoma uvaria est moins
rare et l’on peut se le procurer abondam-
ment dans le commerce, à des prix très-
modérés.
Déjà cette année on a eu l’occasion d’en
voir quelques beaux sujets isolés ou grou-
pés sur les pelouses, soit au parc Mon-
ceau et dans d’autres jardins publics, soit
dans quelques jardins d’amateurs, où l’on
en a même formé des massifs entiers. Tout
nous fait donc espérer que ces bons exem-
ples seront bientôt suivis d’une manière gé-
nérale, et que de même qu’il n’y a plus de
jardin sans un ou plusieurs Gynérium, il
n’y en aura plus sans Tritoma uvaria.
Que ceux qui ne connaissent pas le Tri-
toma en question se figurent une plante vi-
vace, formant dès le commencement du
printemps des touffes volumineuses ^ de
feuilles linéaires, canaliculées , carénées,
longues de 0™.75 à 0^.80, d’un beau vert,
analogues à celles de certaines graminées,
et gracieusement arquées, du milieu des-
quelles s’élèvent, depuis le mois de juin,
parfois dès le mois de mai jusqu’aux ge-
lées, des hampes vigoureuses de 1 mètre et
plus de hauteur terminées par un énorme
épi très-dense, long de 15 centimètres et
plus, composé d’un nombre considérable de
fleurs tubuleuses, d’abord dressées et d’un
rouge corail éclatant dans le jeune âge,
puis étalées et ensuite penchées, passant au
rouge -orangé puis au jaune verdâtre. Ces
fleurs, qui s’épanouissent de bas en haut,
prolongent la floraison de chaque épi pen-
dant un mois et quelquefois plus.— Presque
toujours, lorsque les plantes sont fortes,
plusieurs hampes se développent à la fois,
ce qui arrive d’ordinaire en août-septembre,
et l’on a alors, sur la même touffe, des
hampes en train de défleurir et jaunes, des
hampes en pleine floraison et offrant les
trois couleurs ci-dessus, ainsi que des
hampes commençant à fleurir, entièrement
d’un rouge éclatant, et enfin des hainpes
moins développées qui viendront continuer
ce bouquet aux couleurs variées.
Le Tritoîïia uvaria est donc une plante a
grand effet, très-propre à obtenir des con-
trastes d’arrière-plan ; ses dimensions per-
mettent cependant de le placer sur des plans
plus rapprochés. . .
Sa véritable place est à une exposition
chaude et aérée, en plein soleil, sur une
pelouse où l’on pourra le planter isolement
ou en former des groupes de 3 ou de 5. Si
l’onparvientà en composerune corbeille ou
i
TRITOMA UVARIA.
un massif entier, l’effet sera des plus jolis,
surtout si on lui a choisi un terrain profond,
sain, léger, tel que doit l’être toute bonne
terre de jardin. — On pourra planter les
groupes ou les massifs uniquement avec
cette plante, son port touffu et son feuillage
garantissant suffisamment le sol; cepen-
dant on se trouvera bien de l’entourer d’une
bande de quelqu’une des plantes suivantes :
Héliotrope, ou Agératum bleu, ou Antemis
frutescent, ou Pétunia blanc, ou Pétunia
violet, ou Pétunias variés, ou Pétunia Comtess
of Ellemière, ou de quelqu’une des varié-
tés roses, blanches, ou panachées de Pé-
largonium, Zonale-Inquinans, Manglesii, etc.
Un autre mérite de cette plante consiste
à pouvoir utiliser ses hampes florales, à la
façon de celles des Glaïeuls, pour les garni-
353
tures d’appartements. — Coupées et mises
dans l’eau, au milieu d’autres fleurs et de
branchage à feuillage léger, ces hampes qui
continueront à fleurir jusqu’au sommet, se
conserveront pendant près de quinze jours.
Les Tritoma présentent encore l’avantage
de n’exiger aucun soin de culture, et, bien
qu’ils ne redoutent pas l’humidité, ils peu-
vent se passer complètement d’eaii.
Quant à la description de différentes va-
riés de Tritoma, ainsi qu’au mode de cul-
ture et de multiplication de ces plantes, on
les trouvera mentionnés dans ce journal et
dans les différents ouvrages horticoles, tels
que l’almanach du Bon Jardinier, les Fleurs
de pleine terre, Vilmorin, Andrieux, etc.
Jean-Claude.
BOUTURAGE DE L’ŒILLET.
Bien que l’Œillet soit en dehors aujour-
d’hui de la vogue qu’il avait autrefois, les
vrais amateurs le tiennent toujours, avec
raison, comme une fleur qui, par la suavité
de son parfum, la richesse de son coloris,
l’élégance de sa forme, n’a de rivale que la
Rose. En attendant que l’Œillet
fleur des dieux) reprenne faveur, ce qui
ne peut manquer d’arriver, il ne sera peut-
être pas hors de propos, pour sa réhabilita-
tion, d’appeler l’attention des cultivateurs sur
la facilité de multiplier cette belle plante
par le bouturage. Bon nombre d’amateurs
et de jardiniers sont portés à se plaindre
de ce mode de propagation ; je veux leur
exposer en peu de mots ma manière très-
efficace d’opérer. Voici : Dans des petits
godets ou d’autres petits pots drainés, je
répands une légère couche de suie, je les
remplis de terre de bruyère sablonneuse,
puis, ayant fait mes boutures avec talon,
autant que possible, je les plante très-peu
avant dans les pots que j’enfunce dans la
tannée sous des cloches qu’on doit avoir soin
d’ombrager. Pas n’est besoin de dire qu’une
légère et constante humidité doit régner
dans ces pots ainsi qu’autour des cloches
jusqu’à reprise complète. Ce simple procédé
ne ni’ajamais rien laissé à désirer. Sur près
de cinquante boutures faites ainsi dans une
serre, en toute saison, l’hiver comme l’été,
pas une n’a manqué, qu’il s’agisse d’Œil-
lets flamands, d’QEillets remontants ou au-
tres.
Dans un article de la Revue horticole du
mars 1863, je lis que l’Œillet Flon ne
doit être multiplié par boutures qu'au prin-
temps seulement, vers le commencement de
la floraison; j’en ai fait des essais en tout
temps et la reprise a été constamment heu-
reuse.
La cause de cette réussite est due sans
doute à la tannée ainsi qu’au milieu favora-
ble dans lequel je plante les boutures; mais
la suie que je mélange à la terre n’aurait-elle
pas aussi une action chimique qui contri-
buerait à la reprise des boutures? Ce qu’il
y a de certain, c’est que la suie ne laisse
pas d’être un puissant moyen pour la des-
truction des petits vers qui pullulent dans
la tannée et qui divisent et soulèvent la
terre des pots. L’abbé Brou,
PANCRATIUM ILLYRICUM.
La plante dont nous allons parler, et qui
mérite bien certainement d’être propagée,
peut être reconnue à ce signalement : Oi-
gnon allongé, très-vivace. Feuilles épaisses,
nombreuses, atteignant jusqu’à 50 centi-
mètres et plus de longueur, sur 6-8 de
largeur, canaliculées-arrondies, très-régu-
lièrement et courtement atténuées au som-
met qui est obtus, recouvertes de toutes
parts d’une sorte de poussière glauque ou
pruineuse analogue à celle qu’on rencon-
tre sur certains fruits. Hampe florale axil-
laire, partant de l’oignon et sortant du sol
entre les feuilles, glauque comme toutes
les parties de la plante, très-comprimée, at-
ténuée sur les côtés latéraux, terminée par
une inflorescence en forme de grand capi-
tule ombelliforme, enveloppée, lors de son
apparition, dans une spathe membraneuse
très-mince, scarieuse, marcescente. Fleurs
blanches, nombreuses partant du sommet
de l’axe, supportées chacune par un gros
354 PAÎSCRATIUM
et court pédicelle trigone, longuement tubu-
leuses, puis largement ouvertes. Périantlie
à 6 divisions très-rapprochées, alternes,
longuement ellipliques-lancéolées; les 3
externes très-entières, acuminées au som-
met; les internes un peu plus obtuses,
dentées-crènelées et comme légèrement on-
dulées sur les bords. Etamines G partant
de la base d’une membrane interne corolli-
forme blanche, jaune à la base, qui, en se
dilatant, forme par sa prolongation une
sorte d’étoile cà six branches assez profon- ’
dément et largement bifides, à filets blancs,
à peu près de même longueur que le pé-
rianthe. Style un peu plus long que les
étamines, légèrement arqué, souvent couché
et comme genouillé à sa base, à stigmate
arrondi ou subglobuleux, entier.
Ajoutons encore, en faveur de notre
* vieille plante, que ses Heurs répandent une
odeur très-douce de Heur d’oranger, ce
qui ne contribue pas peu à en rehausser
le mérite.
Le Pancralium lUyricum est très-rusti-
que et très-ornemental, car, outre qu’il Heu-
rit facilement, il a [l’avantage de conserver,
longtemps encore après que les Heurs sont
passées, ses belles feuilles qui, par leurs
dimensions et leur aspect glauque, produi-
sent un très-bel elîet.
On le cultive enterre légère, siliceuse;
celle de bruyère additionnée de terre fran-
che légère lui convient surtout. Toute-
ILLYKIC13M.
fois, comme il n’est pas délicat, il s’acco-
mode, à la rigueur, de presque tous les
sols pourvu qu’ils ne soient pas trop argi-
leux. Comme presque tous les oignons, il
redoute aussi une humidité trop prolongée.
Les oignons de Pancralium lUyricum
n’exigent aucun soin, pour ainsi dire. Une
fois plantés on *n’a donc plus, chaque an-
née, qu’à jouir des Heurs qu’ils donnent.
En raison, des dimensions qu’atteignent
les feuilles, il ne faut pas trop rapprocher
les plantes, car non-seulement elles pre[i-
nent beaucoup de développement, mais
comme les oignons se multiplient dans le sol
au bout d’un certain temps, on a de fortes
touffes, desquelles, chaque année, sortent
un plus ou moins grand nombre de hampes
Horales.
Une exposition chaude convient au Pan-
cratium lUyricum\ celle du midi, par exem-
ple, est favorable à son développement prin-
tanier; mais alors, on le comprendra facile-
ment, les Heurs durent moins longtemps et
les feuilles aussi disparaissent plus promp-
tement. Sa floraison, qui commence vers la
fin d’avril, se prolonge pendant tout le mois
de mai. C’est, nous le répétons, une belle
plante de pleine terre, qui par son aspect et
son feuillage seuls pourrait être classée
dans les plantes d’ornement. Sa multipli-
cation se fait par caïeux qu’on peut même
détacher sans arracher les pieds-mères.
Truffait.
FLORAISON EN PLEINE TERRE A MONTPELLIER
DU DASYLIPdON GRACILE.
Le Dasylirion gracile, Zucc., est une
plante des' hauts plateaux du Mexique, cul-
tivée ordinairement en serre froide dans le
Midi, en serre tempérée dans le nord de
l’Europe. Je l’ai mise en pleine terre de-
vant l’orangerie du Jardin des plantes de
Montpellier, en 1801 ; elle y a admirable-
ment prospéré, n’a point souffert des froids
de l’hiver, et a Heuri en 1806. M. J.-E.
Planchon a vu la même plante fleurir dans
un vase chez M. Van Houlte, à Gand, en
1851, et en a donné la description avec une
figure noire très-réduite.
"Rien de plus embrouillé que la synonymie
de celte espèce; c’est le Bonapartea graci-
lis et le Barbacenia gracilis des horticul-
teurs, le Boulinia gracilis de M. Bron-
gniart, et enfin, suivant Kunth, le Dasyli-
rion acrotrichmn, Zucc. La place du genre
Dasylirion, dans la série des familles végé-
tales, n’est pas mieux déterminée. Pour
M. Brongniart, il fait partie des Liliacées;
M. Planchon le rapproche des Joncées ano-
males, telles que les Xerotes et le kingia
de l’Australie; enfin, M. NAalpers le place
d’abord dans les Broméliacées, puis dans
les Asparaginées.
Endlicher et M. A Torrey qui a décrit
cinq espèces de Dasylirion, dont deux nou-
velles, savoir : /). tenuifoliim, Torr.; D. gra-
minifolinm, Zucc.; D. Bigelovn, Torr.;
D. Lindheinierianum, Scheele et D. erum-
pens, Torr., mettent ce genre dans les Bro-
méliacées. C’est l’opinion à laquelle je me
rallie. Les feuilles comprimées, raides, pla-
tes ou concaves en dessus, convexes en
dessous, garnies de crochets recourbés,
sont celles d’un Bromelia ou d’un Ananas;
l’inilorescence, les Heurs petites avec un
périanthe à six parties, six étamines hypo-
gynes, le fruit sec indéhiscent, à trois loges,
l’embryon droit contenu dans un albumen,
tous ces caractères donnés par M. lorrey
classent ce genre dans la troisième section
des Broméliacées, à côté des Uechlia, des
Gussmannia et des Bonaparlea. En Europe,
les fruits n’arrivent pas à maturité ; il en a
été ainsi dans les quatre Horaisons de Dasy-
lirion qui ont eu lieu à Montpellier, et dans
celui décrit par M. Planchon; mais M. Tor-
FLoKAiso?; i:>i l'LKiisr: teiiue, a muaipellifi;, de 1)A.sy,uiwo>', ('.!',agiiA':
rey les a étudiés sur les cinq espèces qu’il a
décrites. Le pied qui a fleuri à Gand était
femelle; celui de Montpellier polygame. Les
Délités fleurs étaient disposées sur un triple
'épi accompagné d’une bractée recourbée
en forme de crochet arrondi qui en couvrait
la base. Ces bradées et ces épis étaient au
/xombre de 320 sur le pied de Montpellier;
JC nombre total des petites fleurs s’élevait à
plusieurs milliers.
Pour l’horliculture paysagiste et pour
1 artiste, ce sont les feuilles qui donnent à
celte plante sa physionomie pittoresque;
elles forment une touffe épaisse et arrondie
iflacée sur un slipe surbaissé. Les plus lon-
gues ont 1 mètre de long sur 0"\03 de lar-
geur à la base ; leur forme est celle d’une
épée, et elles se terminent par une houppe
brune formée des fibres desséchées et légè-
rement frisées du parenchyme. A l’intérieur
du ff\isceau, ces feuilles diminuent de lon-
gueur et passent par des transitions insen-
sibles aux bractées recourbées. Voici main-
tenant l’iiistoire de la floraison du pied de
BfWjlirion gracile qui a fleuri, et qui était
eu pleine terre depuis 1861 :
Le 4 juin 1866, au soir, le jardinier en
clief aperçut une hampe dont la pointe se
dégageait du faisceau des longues feuilles
dentées qui entourent le stipe de cette es-
pèce. Cette hampe avait déjeà 0'".85 de hau-
teur. Dès cet instant, la croissance fut me-
surée chaque jour à six heures du soir et à
six heures du malin. Rapide jusqu’au 14 juin,
cette croissance se ralentit peu à peu et ne
Int plus sensible cà partir du 23 au soir, lors-
que la hampe avait atteint une hauteur de
2"’. 881. J’ai construit cette courbe d’accrois-
sement en prenant les jours pour abeisses
cl les hauteurs observées pour ordonnées :
en la prolongeant inférieurement, je trouve I
que la hampe a dû commencer à pousser
dans la journée du l*^>’juin. C’est donc en
vingt-trois jours qu’elle à atteint la hauteur
de 2'". 881, s’élevant en moyenne à O*". 125
en vingt-quatre heures. Mais celte crois-
sance n’était pas uniforme. Pendant les onze
premiers jours, la hampe s’est élevée à
2 '".083, croissant de O'^ElOO par vingt-qua-
trejieures; dans les douze derniers, de
0"‘. 798 seulement. Décroissant alors que de
0'".66 par vingt-quatre heures.
Ce ralentissement graduel dans l’accrois-
seinent de cette hampe, à partir d’une cer-
taine période, est conforme aux lois de l’ac-
croissement de tous les êtres organisés ;
mais, ce qui ne l’est pas, c’est que cet
accroissement était plus fort la nuit que le
jour. Ainsi, du 4 au 21 juin, la hampe a
jioussée de 1"^.266 pendant la nuü (en
moyenne 0'".600 de six heures du soir à
six heures du matin) ; pendant le joar, de
0;*. 793 seulement (en moyenne 0"\038 de
six heures du matin à six heures du soir).
355
Le maximum de la croissance diurne en
douze^ heuras (0'n.;03) a eu lieu dans la
journée du 5 juin, ot le maximum de la
croissance nocturne dans le même laps de
temps (O"’. 140), pendant la nuit du 10 au
11 juin. En résumé, le rapport de la crois-
sance nocturne à la croissance diurne est
comme 1 est à 0.63.
Des observations continuées le 11 juin,
de trois heures en trois heures, jour et nuit,
ont montré que la croissance la plus rapide
(0'«.023) avait eu lieu entre trois heures et
SIX heures du matin, puis entre neuf heures
du soir et minuit (0'".019).
On aurait tort de supposer que cet ac-
croissement était peut-être spécial au sujet
(|ue j’observais; en effet, en 1854, un ])a-
sylinon gracile cultivé dans une grande
caisse et renfermé pendant l’hiver dans l’o-
rangerie, a poussé en juillet une hampe qui
s’est élevée de D».18 pendant la nuit, et ,
seulement de 0‘«.96 pendant le jour : le
rapport des deux accroissements entre eux
fut comme 1 à 0.81.
La même plante a refleuri en 1862, à la
fin de juin et au commencement de juillet.
La hampe a poussé de 0'".88 pendant la
nuit, et pendant le jour de 0>”.75. Le rap-
port est encore comme 1 à 0.85. L’excès de
l’accroissement nocturne sur l’accroisse-
ment diurne a été moindre, comme on le
voit, pour un sujet cultivé dans une caisse
que pour un pied végétant en plein terre.
Une liliacée, le Phormium tena.r, cultivée
dans un vase, m’a offert le même phéno-
mène. Sa hampe florifère commença à pous-
ser le 3 avril 1854; elle atteignit en qua-
rante-cinq jours la hauteur de D».303, et for-
mait un candélabre portant quarante et une
heurs. Dans cette plante, l’accroissement
nocturne fut également plus fort que l’ac-
(Toisement diurne, dans le rapport de 1 à
0.88.
Ces résultats m’ont d’autant plus étonné
qu’ils sont en contradiction avec ceux aux-
quels on est toujours parvenu quand on a
comparé l’accroissement nocturne avec l’ac-
croissement diurne de la hampe d’une
plante dont la végétation a beaucoup d’ana-
logie avec celle des espèces dont je viens de
parler : c’est l’Aloès-Pitte ou Agave Ameri-
cana. Tous les botanistes savent que cette
plante, originaire du nouveau monde, spon-
tanée maintenant sur le littoral de la région
méditerranéenne, pousse subitement, à un
âge variable pour chaque individu, une
hampe florale qui s’élève en quelques se-
maines à la hauteur de 6 a 8 mètres sous le
ciel de Montpellier. Plusieurs de ces ham-
pes, mesurées matin et soir, croissaient
toujours davantage le jour que la nuit dans
la proportion d’un tiers environ. Dans une
plante de la même famille, V Amaryllis Bel-
ladona, l’accroissement observé par M. Er-
FLORAISON EN PLEINE TERRE, A MONTPELLIER, DU DASYLIRION GRACILE.
iiest Meyer était du double pendant le jour.
Ces faits, sur lesquels M. DucliaiTre a
appelé l’attention des observateurs dans la
séance de l’Académie des sciences de Paris
du 9 avril de cette année, montrent qu’un
champ nouveau s’ouvre devant eux. Pour
bien analyser ces phénomènes, je crois qu’il
faut étudier séparément la croissance lente,
régulière et normale des tiges ou des bran-
ches ou des pédoncules, et ensuite celle de
ces hampes florales qui, s’élevant tout à coup
rapidement à une grande hauteur relative-
ment à celle de la plante, se couvrent de
tleurs et de fruits et entraînent souvent
après elles la mort du sujet, épuisé, pour
ainsi dire, par cet excès de végétation. Cette
croissance peut être représentée par des
courbes, dont la forme se ressemble, quoi-
que l’accroissement soit tantôt plus fort pen-
dant le jour, comme c’est la règle pour les
tiges et les branches, tantôt plus rapide
pendant la nuit, contrairement à tout ce que
nous connaissons de l’influence prépondé-
rante de la chaleur et de la lumière sur le
développement normal des végétaux.
Ch. Martin s,
Professeur à la Faculté de médecine
de Montpellier.
SUR LES REINES-MARGUERITES JAPONAISES.
Callisthephus Sinensis, Nees.
Ces variétés, qui appartiennent^ à la sec-
tion dite Pyramidale, sont de récente in-
troduction; elles sont remarquables par leurs
grandes fleurs de couleurs variées. Parmi
les huit variétés recommandées et que je cul-
tive au Muséum, trois seulement méritent
d’attirer l’attention par le coloris et la forme
bizarre de leurs fleurs. L’une aies fleurs de
couleur chair un peu gris de lin, à ligules
longuement tubulés, et roulés vers le centre,
ce qui donne à l’ensemble la forme Pivoine.
La variété violet foncé est à fleurs plates,
ligulées à l’extérieur, tubulées au centre qui
est jaune. Les autres variétés qui sont blan-
ches, violettes, roses, rouges, et rouge
foncé, se distinguent des précédentes par
la forme de leurs fleurs qui sont aussi très-
grandes, à larges et longs ligules demi-im-
briqués et à centre jaune, ce qui rappelle
notre Marguerite primitive. Toutes ses va-
riétés, à fleurs semi-doubles, sont loin d’éga-
ler celles que nous cultivons, telles sont, par
exemple, nos races Pivoines, ImbriQuése,
Pompons, chez lesquelles on trouve les cou-
leurs les plus variées jointes à une dupli-
cature extrême. S’il est vrai que le type
primitif de nos Reines-Marguerites est oii-
ginaire de Chine, il est plus que probable
que les variétés japonaises dont nous parlons
sont également d’origine chinoise, et que
c’est de ce pays quelles ont passé dans les
cultures japonaises.
La culture des Reines-Marguerites japo-
naises étant la même que celle des variétés
qu’on cultive en France, et qui est très-bien
connue, nous n’en parlerons pas seulement
afin de faire Toir avec quelle rapidité se
modifient parfois certains genres de plantes,
nous profiterons de cette circonstance pour
rappeler que le type des Reines-Marguerites,
introduit en France en 1731, était à fleuis
simples (tubulées), et que les plantes ne se
tenaient pas, c’est-à-dire que leurs tiges,
très-grêles, se couchaient sur le sol a la
moindre pluie. Quelle différence, en effet,
ne remarque-t-on pas si on les comp^are
avec toutes les races de grandeurs, de mî-
mes, de coloris et de ports si variés qu on
possède aujourd’hui. C’est un exemple
frappant de la puissance de l’homme sur
les végétaux que nous rappelons à ceux qui
nient cette puissance.
D. Helyl.
DES ARROSEMENTS.
A quelle époque doit-on arroser les végé-
taux? Cette question, au premier abord,
paraît tellement simple, qu’il semble super-
flu de la poser. Si l’on demandait à un
enfant quand il convient de donner à boire
aux plantes, il répondrait assurément : ((C’est
lorsque celles-ci ont soif, » et il n’aurait pas
tort; pourtant, ce ne serait pas assez. R reste-
rait à savoir à quel moment elles ont soif,
quelle est la quantité d’eau qu’on doit leur
accorder, etc., choses très-variables selon la
nature des plantes, leur état de santé, leur
vigueur, les conditions dans lesquelles elles
se trouvent placées, etc., etc. On peut donc
dire, sans crainte d’être contredit, que l’ar-
rosage est une des opérations de jardinage
des plus difficiles et naturellement aussi
des plus mal faites.
Les plantes ne sont pas comme les ani-
maux, elles ne peuvent pas demander a
boire lorsqu’elles en ont besoin, et, d une
autre part, elles ne peuvent pas non plus
refuser l’eau qu’on leur donne brsqu elle
leur est nuisible. C’est à celui qui est
chargé des arrosements de bien étudier les
plantes auxquelles il a affaire et de savon,
suivant leur nature, leur degré de dévelop-
pement et le milieu dans lequel elles se
Di-S AKKUSEMEiMS
367
trouvent, effectuer les arrosements que leur
état réclame.
Les connaissances nécessaires à un arro-
seur s’acquièrent par l’observation et l’é-
lude des végétaux; c’est, pourrait-on dire,
une affaire de tact; aussi les principes sur
lesquels elles reposent sont-ils difficiles à
indiquer. Nous allons pourtant essayer d’en
démontrer les bases principales de manière
à guider ceux qui ne seraient pas bien au
courant de cette sorte d’opération?
Nous croyons nécessaire de rappeler
aussi qu’une plante peut manifester des si-
gnes de souffrance sans pour cela avoir
soif; cet état est quelquefois dû aux mau-
vaises conditions des racines, il est donc bon
de s’assurer de temps à autre de l’état dans
lequel se trouvent celles-ci, ainsi que de
l’état du sol. Si les plantes sont dans des
vases, la terre pourra être humide à la sur -
face et très-sèche à l’intérieur, de sorte
qu’une plante peut avoir soif bien que le ter-
rain paraisse très-humide. Par contre, il peut
arriver que la terre soit humide à l’intérieur
lorsque l’extérieur est très-sec; c’est ce qui
arrive lorsqu’il fait de grands hâles, car
alors l’humidité disparaît promptement à
la surface des caisses ou des vases, et, dans
ces circonstances, ce qu’il y a de mieux à
faire, c’est de bien examiner le sol.
SUR LA DÉGÉNÉRESCENCE
Les arbres fruitiers dégénèrent-ils? Si
cette question n’est point encore résolue, cela
tient, je le^ crois du moins, à la manière
dont elle a été posée. Celte dégénérescence,
si elle existe, est sans doute due à des cau-
ses diverses. Mais pour expliquer ces phéno-
mènes , s’est-on rendu suffisamment compte
de l’influence qu’exerce le climat et le sol?
de celles des températures souvent excessi-
ves, des sécheresses ou des pluies prolon-
gées, des vents brûlants du Midi oû des
mois et des saisons se passent sans voir un
seul jour de pluie, oû d’excessives sécheres-
ses, des vents secs et brûlants viennent sur-
prendre et arrêter le grossissement des
fruits et des rameaux?
Lorsqu’on considère ce qui se passe dans
la nature, on est disposé à ne pas croire à
la dégénérescence des fruits, en effet.
On retrouve dans les hautes vallées des
Pyrénées des arbres fruitiers de plein
vent, deux fois centenaires, placés dans un
sol profond argilo-calcaire ou siliceux, cà
l’abri des vents du sud-ouest ou du nord,
rafraîchis par les pluies et d’abondantes
rosées et vivifiés par les chauds rayons du
soleil du midi. Eh bien ces magnifiques
restes de nos grands vergers, dans ces con-
ditions, ne produisent jamais ces fruits piqués.
D’une manière générale nous disons on
doit ménager l’eau aux plantes malades,
cà celles qui poussent peu, et n’arroser que
très- peu celles dont la végétation est ter-
minée.
Les feuilles étant des organes d’évaporation
par excellence, il faut, en général, encore
arroser d’autant plus copieusement que les
plantes en sont plus chargées. Aussi les
plantes à feuilles caduques n’on t-elles besoin
que de tres-peud eau pendant 7eur saison de
repos, lorsque, comme disent les jardiniers
ôIIgs sont d6poVj%ll66Sm Si los râcinGS sont
tenues et nombreuses, on doit arroseraussi
plus souvent que lorsqu’elles sont grosses et
charnues.
Lorsque les plantes sont malades, elles
consomment moins, il ne faut donc leur
donner que peu d’eau afin de ne pas fati-
guer leurs organes déjà affaiblis parla mala-
die. Il faut les mettre à la diète.
Lorsque les plantes annuelles ont fleuri
et que leurs graines sont bien formées, on
doit, en général, cesser de les arroser.
^ Quand il fait chaud et sec, il faut de temps
a autre donner un arrosage de fond % de
manière que la terre soit bien trempée, en-
suite il suffit pendant quelques jours de les
bassiner.
E. A. Carrière.
DES ESPÈCES FRUITIÈRES.
yerreux, tachés que l’on remarque dans les
jardins fruitiers situés dans la plaine. Ils
conservent et leur grosseur et toutes leurs
qualités. Le sol ne s’en trouve pas jonché,
leurs fruits sont tels que les ont décrits
nos plus anciens auteurs : telles sont no-
tamment quelques espèces très-anciennes,
la Poire Royale qui se conserve jusqu’en
février et mars et qui est un des plus beaux
ornements de nos desserts, la Poire St-Ger-
mairij la Louise Bonne, VEchassery, les
Bezi, \es Doyennés blanc et roux, le Beurré
gris, la Poire Pradière, les Bousselets, le
Martin sec, etc. , très-anciennes espèces cul-
tivées dans les pépinières du sud-ouest, de
l’Ariége et de la Haute-Garonne en parti-
culier. Ces espèces si bonnes, si anciennes
conservent leur remarquable grosseur et
toutes les qualités qui leur assuraient la
première place dans nos jardins fruitiers et
dans les grands vergers de production et de
vente. Depuis un temps immémorial on n’a
cessé de cultiver les délicieuses Prunes de
Reine-Claude et les Prunes d'Ente (d’Agen)
fournissent encore de riches sujets qui se
^ Arroser à fond c’est donner aux plantes une
quantité d’eau suffisante pour pénétrer toute la terre
dans laquelle se trouvent placées les racines.
SUR LA DÉGÉ^'ÉRESCE^XE DES ESPÈCES FRUITIÈRES
reproduisent presque toujours francs de
pied.
Les observations que j’ai pu faire à
ce sujet sont, du reste, confirmées par
celles si savantes et si positives que nous
devons à M. le professeur^ Decaisne, qui,
dans son ouvrage descriptif des fruits du
Muséum, a résolu d’une façon si lucide et
définitive la question qui fait l’objet de mon
imparfaite notice. Léo D’Olnous.
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D'HORTICLLTDRE.
Au comité de Üoriculture,un grand nom- |
bre de Glaïeuls ont été présentés : 1° Par
M. Eugène Verdier, horticulteur, 10,rueDu-
nois (Paris). 60 variétés, toutes plus belles
les unes que les autres, indescriptibles
comme coloris; le comité accorde à ce pré-
sentateur une prime de 2® classe. 2® Par
M. Louis Alliaume, horticulteur, 10, rue de
Fontenay (Vincennes). 40 variétés, qui,
moins belles que les précédentes, méritent
de la part du comité des remerciements à
M. Alliaume. 3«Par M. Chardine, jardinier
à PierreüUe (Seine), 8 variétés de ses semis ;
parmi elles-, deux surtout sont considérées
comme très-remarquables et attirent parti-
culièrement Pattenlion du comité. Celle
présentée sous le 1, est baptisée séance
tenante du nom de Président Brongniart',
elle a le fond rouge-saumoné, lavé de cra-
moisi; ces deux teintes sont mariées très-
avantageusement. Ajoutons que les Heurs
sont très-grandes et que leur tenue est irré-
prochable. Le 2 a été dédié par l’obten-
teur à Chardine. La tenue de cette
plante, les grandes dimènsions de ses fleurs
ainsi que leur beau coloris carné, lui don-
nent un rang distingué parmi les variétés de
ce genre; ces deux plantes méritent à l’ob-
tenïeur une prime de 2^^ classe. Ce culti-
vateur présente aussi 4 Dahlias de ses semis
1863, et, parmi eux, on remarque une va-
riété déposée pour la seconde lois sous le
. nom de Beauté de Pierrefttte. Le comité lui
reconnaît une excellente tenue, une tonne
parfaite, et accorde pour cet apport une
prime de 2« classe.
Après les Glaïeuls etlesDalilias, arriyaient
les variétés du Zinnia elegans, qui bientôt
rivaliseront de grosseur et de perfection avec
nos Dahlias. Plusieurs collections sont pré-
sentées; mais, comme nous l’avons déjà dit,
à cause même de leur nombreuse variation,
ces plantes deviennent pour ainsi dire im-
possibles à juger. M. Alexandre Regnier fds,
jardinier au château des Tourrelles, a Eyry
(Seine-et-Oise), obtient pour sa collection
de Zinnia doubles une prime de 3^ classe.
Depuis quelques années déjà, un fait inté-
ressant a été remarqué à l’égard de ces
plantes, c’est que les variétés doubles ont
beaucoup plus varié de coloration que les
simples. On sait que les premiers Zinnia
doubles ont été trouvés dans le jardin de
M. G. Grazan, de Dagnères-dc-Bigorre, qui
avait reçu ces graines des Indes-Orien-
tales. Le même horticulteur présentait
aussi des variétés du Ligeria caulescens,
erecta, mais peu méritantes,. M. Margottin
déposait des variétés perfectionnées de Ro-
ses trémières obtenues pas lui de semis. On
sait que M. Margottin cherche à rendre à
ces plantes Pimportance qu’elles avaient
autrefois.
On recherche surtout aujourd’hui les
fleurs très-pleines plus ou moins bombées.
Celte préférence, ce choix est une question
de commerce que nous respectons beaucoup;
mais ces Heurs informes sont-elles réelle-
ment bien supérieures à celles que nous
possédons? M. Margottin dit que les variétés
anglaises sont les meilleures pour porte-
graines, et ajoute qu’il faut toujours rejeter
celles qui ne sont pas parfaitement doubles.
Il cite les noms des quelques belles variétés,
telles que White globe, la meilleure de tou-
tes les variétés, puis Black Prince et Black
King, Ce même cultivateur présente un pot
de son invention pour conserver les hampes
Heuries de Roses trémières. Ce pot n’oHVe
rien de particulier : c’est un pot à Heurs, cloi-
sonné transversalement vers son milieu in-
térieur et portant au centre un tube faisant
corps avec la cloison pour recevoir la hampe
qui doit tremper dans l’eau dont le fond est
rempli.
• M. Pépin présente cà la compagnie des
échantillons Heuris de V Acacia relinoides,
dont il attribue la détermination à M. De-
caisne. Cette espèce est australienne et a
été décrite par F. Müeller, directeur du
Jardin botanique de Melbourne. Le présen-
tateur dit que cette plante est précieuse,
en ce qu’elle Heurit continuellement. M. Pé-
pin aurait dû ajouter qu’elle Heurit nijeux
l’été que l’hiver, ce qui, d’ailleurs, a déjà été
constaté dans différents recueils de culture.
M. Pépin ajoute que celte plante est confon-
due dans les étahlissements horticoles avec
VA. longissima, AVendl. Cette confusion ne
nous paraît guère possible pour plusieurs
raisons; c’est, d’abord, l’aspect très-différent
de ces deux espèces, et ensuite les époques
de Horaison qui ne coïncident par entre
elles. Des échantillons non Heuris delA.
longifolia, Willd., sont également présentés
à là compagnie par M. Pépin qui ajoute
que cette espèce ne varie jamais dans
1 les cultures. Cette remarque manque de
3o9
SI*:ANCt:S DE LA SOCIÉTÉ CErsTRALE DTIORTICCLTURE.
j'uslcssc, car il serait diflicile d’en trou-
ver doux pieds bien identiquement sem-
blables.
Un dessin. représenlant un développe-
ment anormal du Pandanvs ntiliSy Bory,
est })résenté par M. Burrel, l’ex-proprié-
laire du seul sujet vivant de cette plante.
Il réclame contre l’appellation de Flabelli-
fonnls que lui a donné M. Carrière dans un
article inséré dans la Revue horticole^ n» du
16 juillet 1866. M. Bivière, dans \q Journal
de la Société impériale dlioriiculture, iP
de février 1866, l’ayant l)aptisé du nom de
disticJius. Bappelonsque cette plante remar-
quable, vendue à l’établissement horticole
de MM. Veitchet fils, a déjà changé denom
cheznos voisins d’outre-Manclie, qui lui ont
donné celui de Veitchü. Bientôt tout ce qui
sortira de cette forme sera Veitch Ifw; c’est,
du reste, tout en la compliquant, un bon
moyen de simplilier la nomenclature bota-
nique.
M. Duchartre fait part à la compagnie
d’un fait de dédoublement qu’il a observé
sur des Heurs de Fuchsia. Ce qu’il y avait
de remarquable, ajoute cet observateur,
c’est que toutes les pièces de la Heur
étaient développées très-normalement; le
^■alice, la corolle, les étamines et le pistil
étaient parfaits, seules les pièces de la co-
rolle étaient plus nombreuses que chez les
Heurs normales. Ce fait n’a rien qui nous
étonne; il s’est déjà produit plusieurs fois,
et nous nous souvenons d’une variation du
Lu/eria Faragona dont la corolle, parfai-
tement développée, se trouvait accompagnée
do cinq autres divisions également très-
développées sans qu’aucune autre pièce de
la Heur eût subie aucune altération.
Une discussion s engage sur les causes
de la duplicature des Heurs; mais les opi-
nions, comme on doit s’y attendre, sont
très-différentes; cependant, comme toutes
celles qui ont été émises offrent de l’intérêt,
nous les rappellerons très-succinctement.
Suivant un allemand, dont le nom nous
échappe, ce phénomène serait dû à la sé-
cheresse; il prétend qu’en faisant souffrir
une plante par le manque d’humidité, on
lui donne une lendance à produire des
graines, dont les individus qui en naîtront
seront doubles. Ainsi, à Erfurt, les quaran-
taines cullivées pour la graine, qui produi-
sent ces belles variétés doubles que nous
connaissons, sont tenues en lieux secs, à
1 abri des pluies et même des rosées ; c’est,
dit-il, le meilleur moyen d’obtenir les grai-
nes de quarantaine double. Pour conserver
les simples, on doit faire le contraire. Ce
même observateur prétend avoir obtenu
d’un Kerria Japonica à Heurs simples, traité
par la sécheresse, des graines qui ont donné
naissance à des-produits doubles.
M. Margottin est d’un avis opposé. Suivant
lui, pour les Bosiers, c’est tout le contraire
qui amène la production de Heurs doubles;
tenus à la sécheresse, ces arbustes se sim-
plifient, et en les poussant à l’eau, au con-
traire, ils deviennent très-doubles. Mais ici
nous ferons remarquer que le cas est diffé-
rent, ce n’est plus la graine qui est en vue,
mais la plante elle-même; néanmoins, nous
croyons M. Margottin dans le vrai. M. Ver-
dier père, dont la modestie et la science
horticole sont parfaitement connus, appuie
les observations de M. Margottin, en disant
que les Boses sont toujours plus doubles en
année humide que sèche. M. Burrel fait re-
marquer que beaucoup de nos plantes à
Heurs doubles deviennent simples sous
des climats plus chauds, et que le contraire
arrive pour les plantes à Heurs simples
que nous recevons de ces pays, et qui dou-
blent chez nous.
M. le D^’ Pigeaux fait remarquer que la
GiroHée de muraille {Clieiranthus cheiri),
qui vit à la sécheresse, ne double jamais.
M. Forney prétend que la taille courte pra-
tiquée sur les Bosiers prédispose ces ar-
bustes à la duplicature. La cause en serait,
suivant lui, due à une abondance excessive
de nutrition; cela est fort probable.
M. Fabart, dans une autre genre d’idée
tendant au même but, prétend que les éta-
mines imparfaites attachées aux pétales des
Heurs doubles produisent une fécondatio]]
plus avantageuse à Fobtention des Heurs
doubles qu’en prenant les étamines parfai-
tes. Nous savons déjà que le choix des éta-
mines, courtes ou longues, lorsqu’il eji
existe de deux sortes dans une Heur, influe
beaucoup sur la taille des individus à venir.
M. Duchartre donne connaissance à la
compagnie d’un Lilium auralum dont les
Heurs avaient déjà une douzaine de j)étales.
Nous craignons que cette amélioration ne
défigure beaucoup cette jolie Heur.
Au comité d’arboriculture ont été présen-
tés : par M. Chevalier, cultivateur à Mon-
treuil, une corlieille de Pêches, grosse mi-
gnonne hâtive J l’un de ces fruits pèse
:200 grammes et mesure 0’”.^5 de diamètre.
Une prime de classe lui est accordée;
par M. Chevreau, de Montreuil, des fruits
de même sorte qui lui méritent une prime
de iU classe.
Des Prunes de semis sont présentées par
M. Hutin, pépiniériste à Laval; leur examen
est renvoyé à la commission de pomologie.
Des Poires Fyson et lieurré des Nouchaises,
variétés nouvelles, sont aussi présentées par
M. le président de la Société d’horticulture
de l’Ain. Ces fruits sont renvoyés au comité
d’arlioricnltim'.
L. Allmanx,
ALNUS BARBATA.
VAlnus barbata, connu depuis longtemps
déjà, est encore très-peu répandu, et l’on
pourrait assez facilement compter les indi-
vidus qui existent en France. Voici les ca-
ractères qu’il présente : Branches très-rap-
prochées, étalées ; bourgeons anguleux, à
écorce gris - verdâtre , légèrement verru-
queuse, feuilles subcordiformes, minces,
atténuées à la base, brusquement arrondies
au sommet qui se termine en une sorte
d’apicule court, vert foncé à la face supé-
rieure ; glaucescentes incanes et légèrement
tomenteuses à la face inférieure, atteignant
jusqu’à 18 centimètres de long (y compris
le pétiole) sur 9 à 10 centimètres de large,
courtement et inégalement dentées-serrées,
à dents penchées, parfois aiguës.
D’où vient cette plante qu’on ne trouve
décrite nulle part? Est-ce une espèce ou
est-ce seulement une forme de V Alnus sub-
œrdata, G. A. M., qui est originaire du Cau-
case, ainsi que tout semblerait le faire croire?
Bien que sous ce rapport nous ne puissions
rien assurer, nous n’en regardons pas moins
cette hypothèse comme très-probable. Ce
que nous pouvons assurer, c’est que c’est un
bel et bon arbre qui est non-seulement très-
ornemental, mais qui peut, même avec
avantage, être employé au point de vue dè
la production du bois. Il est d’autant plus
propre à cet usage que l’arbre est très-vi-
goureux et qu’il vient à peu près dans tous
les sols. Aussi, en recommandant VAlnus
barbata, croyons-nous rendre un véritable
service. Nous ne craignons pas les repro-
ches ; nous ne regrettons qu’une chose, c’est
de ne pouvoir indiquer d’endroit où l’on
puisse s’en procurer facilement.
Le Muséum, malheureusement, n’en est
pas non plus très-fourni, il ne peut en don-
ner que des rameaux, à l’aide desquels on
pourra faire soit des greffes, soit des boutu-
res ; mais celles-ci encore ne reprennent pas
toujours très-bien. Le moyen de multipli-
cation qui, jusqu’à ce jour, nous paraît être
le meilleur, c’est le couchage, procédé un
peu long, c’est vrai, mais qui donne de bons
résultats. Plus tard, peut-être, pourra-t-qn
le multiplier par graines. Dans un prochain
article, nous parlerons de deux autres sortes
d’ Aulnes tout aussi belles et aussi intéres-
santes que celle qui fait l’objet de cette
note : l’une est VAlnus subcordata, G. A.
M.; l’autre VAlnus Vihnoreana, qui n’est
qu’une forme très-voisine de VAlnus bar-
bata. E. Lebas.
EMPLOI DE LA LIE DE VIN EN HORTICULTURE.
Un de mes amis possède un jardin dans
un terrain sec, silico-graveleux, dans lequel
il me montra, il y a quelques années, plu-
sieurs Magnolia grandiflora qui végétaient
avec une lenteur désespérante. Le hasard
voulut qu’un jour il eût à nettoyer quel-
ques futailles ayant contenu un vin gros-
sier, qui formait un dépôt assez abondant.
Il recueillit cette lie, ainsi que les eaux pro-
venant du lavage des barriques, et plutôt
que de les perdre, il eut l’idée d’aller les
répandre au pied d’un des Magnolia en
question.
Quel ne fut pas son étonnement, lorsqu’il
vit l’année suivante ce Magnolia reverdir et
pousser d’une façon exceptionnelle, tandis
que les autres continuaient à bouder et à
garder un feuillage d’un vert-jaunâtre, qui
indiquait que le terrain ne leur convenait
aucunement. lien rechercha la cause, et
se souvint alors de ce qu’il avait fait l’année
précédente. Voulant s’assurer si le résultat
qu’il remarquait était réellement dû à l’em-
ploi de la lie de vin, il s’en procura de
nouveau, et en répandit au printemps en-
viron deux ou trois arrosoirs au pied de deux
autres Magnolia qui restaient souffreteux.
L’effet ne se lit pas longtemps attendre : les
feuilles de ces arbres prirent dès la même
année une belle teinte verte, et, l’année sui-
vante, ils se mirent à végéter avec vigueur,
tandis que ceux qui n’avaient pas reçu de lie
de vin continuaient à rester stationnaires. Il
n’y avait donc plus à en douter, c’était à la
lie de vin qu’il fallait attribuer ce succès. Il
va sans dire que les autres Magnolia reçu-
rent à leur tour une forte dose de cet engrais ,
qu’une nouvelle ration en fut donnée aux pre-
miers, et aujourd’hui, grâce à cette médica-
tion,tous ces]Magnolia se portent à merveille.
Je les ai vus cette année, et leur propriétaire
était fier, en me montrant sa petite forêt
de Magnolia (dont \\ avait désespéré un ins-
tant) de me raconter l’heureuse découverte
qu’il doit au hasard. Je le répète, il s’agit
d’un terrain sec et silico-graveleux. Depuis
lors, il a appliqué sa recette à des Orangers,
à des Pittosporum et à des Lauriers-Roses
élevés en caisses, et, dans toutes ces circons-
tances, il a toujours obtenu d’excellents ré-
sultats.
Clemenceau.
L’un des Propriétaires: Maurice bixio.
Monlereau. — lmp. de L. ZAKOTt.
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE SEPTEMBRE).
Prétendu commerce des crapauds à Paris et à Londres. — Examen des légumes à la loupe. — Les poules
bottées. — Fructification au muséum du Chionante de Virginie. — L’ Aster versicolor est il une espèce''
Le Dioscorea Decaisneana et le D. Batatas. — Modifications que subissent les types des vé^-étaux —
Phénomène de végétation observé sur un pied de vigne de la variété Fmnkentdl. — Fructification à
Agen de VEriobotnja japonica. — Lettre de RI. Dayres aîné. — Communication de M Durupt relative
aux Concours des ouvriers jardiniers dans la Côte-d’Or. — Qu’est-ce queVIIehedinium macropli,illum''> —
Les plantes mises au commerce sous le nom de Achyrrantes aureo- reticulata. — Fixation dès variétés
dans les yégétaux. — Le Frêne commun. — Fait exceptionnel de végétation présenté par le Marronnie-'
— Catalogue de nouveaux Glaïeuls et des plantes bulbeuses. — La taille en trois temps — Fructification
au Muséum du Robinia pseudo-acacia monophylla.
Les ateliers de notre imprimerie ayant été envahis par les eaux de la Seine
cette livraison est forcément en retard de quatre jours.
Tout le monde a pu lire dernièrement,
dans presque tous les journaux politiques,
un petit article que nous croyons devoir
rapporter ; le voici :
a II se fait à Paris un commerce considéra-
ble de crapauds.
« Les crapauds sont devenus depuis quelques
années les auxiliaires indispensables de nos
maraîchers. Ces animaux font une guerre
acharnée aux limaces et aux limaçons, qui, en
une seule nuit, peuvent ôter toute valeur com-
merciale aux laitues, aux carottes, aux asperges
et même aux fruits de primeur. En recourant à
ce singulier moyen, les maraîchiers français
suivent l’exemple des horticulteurs anglais.
<c Une grande partie des légumes dont s’ap-
provisionne Londres se cultivent dans les po-
tagers qui environnent cette ville immense, sur
une superficie de 4,800 hectares, et emploient
35,000 personnes.
Non-seulement on n’y laisse point une
mauvaise herbe, mais encore on examine à 'la
loupe tous les légumes pour en enlever la nielle
et les fongosités. Outre les crapauds, qu’on
achète à raison de 6 sh. la douzaine, on a re-
cours, pour détruire les cloportes, à des poules
chaussées d’espèce de bas, qui les empêchent
de gratter la terre et les oblige à ne picoter
que du bec.
« Le cours des crapauds est moins élevé à
Paris qu’à Londres : dans cette première
ville on ne les vend encore que 2 fr. 50 c. la
douzaine, et ce qu’il y a déplus curieux, c’est
qu’on en expédie beaucoup en Angleterre. »
11 est possible que le crapaud soit très-
friand de certains insectes, mais on n’en fait
pas, à Paris, un commerce considérable,
tant s’en faut. Les assertions de la note
ci-dessus, sont complètement erronées en
ce qui concerne le commerce des cra-
pauds à Paris et à Londres. Pour nous
en assurer, nous avons écrit à plusieurs
des principaux horticulteurs d’Angleterre
avec lesquels nous avons l’honneur d’être
en rapport. Tous nous ont répondu que
ce prétendu commerce de crapauds est
tout à fait imaginaire. L’un d’eux nous a
même écrit : « Il est assurément très-fà-
cheux que les journaux politiques aient
imprimé d’aussi grosses bourdes, m.ais ce
qui est surtout regrettable, c’est que des
recueils horticoles l’aient écrit avant eux. »
Quant au prétendu examen (( à la loupe »
que l’on fait subir aux légumes, en Angle-
OcTûcr.E !SG6.
terre, pour en enlever les fongosités, il est
au moins ridicule. Nulle part, peut-être
plus qu’à Paris, on n’a soin de nettoyer, et
même de parer les légumes, et cependant on
est loin de faire un travail aussi minutieux
que le dit l’auteur de l’article aux crapauds.
Le fait de chausser les poules pour
qu’elles ne puissent gratter la terre et
quelles en soient réduites « à picoter du
bec, » est une autre erreur tout aussi grosse
que la précédente. Ce serait au moins ab-
surde, SI ce n’était grotesque ; il faut être
tout à fait étranger aux moindres no-
tions du jardinage pour écrire de sem-
blables choses. Qui ne sait, en effet, que la
plupart de nos légumes, laitue, romaine,
chicorée, oseille, etc., n’ont pas de plus
grand ennemi que les poules? Voilà néan-
moins comme on écrit l’histoire.
— Un fait assez rare et qui nous paraît
digne d’être signalé, c’est la fructification,
au Muséum, en pleine terre bien entendu,
du Chionante de Virginie {Chionantus Vir-
ginica), vulgairement Arbre de neige. C’est,
en effet, la première fois que nous le voyons
fructifier en France.
— L’Aster versicolor est-il une espèce ?
Si l’on admet que, pour mériter ce nom, une
plante doit se reproduire identiquement, on
est conduit à effacer V Aster versicolor ’ du
cadre spécifique. En effet, dans un semis
que nous avons fait de ses graines récoltées
par npus, cette plante ne s’y est reproduite
qu’en petite minorité et encore pas identique
au type sur lequel nous avions récolté les
pvaines. Dans les individus qui en sont sortis,
il y en avait non-seulement dont les couleurs
étaient différentes, mais dont l’inflorescence
était aussi dissemblable. Celle-ci était pres-
que oiTibelliforme. Il y en avait aussi un
pied très-nain, dont la floraison n’a eu lieu
qu’un mois environ après les autres. Nous
la décrirons plus tard.
— Le Dioscorea Decaisneana est-il, ainsi
que nous l’avons dit, une forme du Dios-
corea batatas, ou bien est-il ce qu’on a l’ha-
bitude d’appeler une espèce? Sans nous
arrêter à cette interminable question, nous
dirons seulement que, jusqu’à présent, tous
les individus qui ont fleuri sont femelles. Le
10,
362
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE SEPTEMBRE).
contraire a lieu, on le sait, pour le Dios-
corea hatatas qui, presque toujours, est
mâle. En cultivant ces deux plantes l’une
auprès de l’autre, on pourra donc obtenir des
graines à volonté, ce qui permettra de faire
des semis et probablement d’obtenirdes va-
riétés.
— Un fait sur lequel il est bon de rappe-
ler souvent l’attention, c’est la modification
constante et, comme conséquence, les chan-
gements successifs que présentent certains
types (peut-être tous ?). (J’est ce qui explique
comment, au bout d’un temps plus ou moins
long, on se trouve possesseur de variétés
dont on ignore l’origine. Un phénomène de
végétation qui ressort de ceci et dont nous
allons parler, s’est produit sur un pied de
Vigne de lavariétéFrankental.Ge pied, ayant
été rabattu, avait produit trois sarments
dont l’un fut couché ; celui-ci donna depuis
des grappes plus petites et plus compactes,
à grains beaucoup plus petits, mûrissant
quinze jours au moins plus tôt. Ce fait, qui
est très-constant, se reproduit chaque an-
née. C’est une sorte de Pinot, un vrai Raisin
à vin. Voilà donc une variété très-distincte
qui s’est produite seule, et qu’on peut per-
pétuer de boutures.
Mais, si les modifications incessantes qui
se passent dans chaque individu peuvent
produire des changements avantageux et
donner des formes qui présentent de l’inté-
rêt pour nous, elles peuvent aussi se passer
différemment et produire des formes désa-
vantageuses, ce que nous nommons dégéné-
rescence. Le fait n’est pas douteux. En voici
un exemple fourni par le même pied de
Vigne :
Des deux autres sarments, l’un donne
chaque année de beaux Raisins à grains gros,
un peu inégaux, mais en général de belle
qualité ; l’autre sarment, au contraire, donne
beaucoup de Raisin, mais celui-ci n’arrive
jamais à maturité; il se fane, puis tombe, et
quelques grappes seulement résistent, mais
n’acquièrent pas de qualité, et les grains
mûrissent très-inégalement. Presque toutes
les feuilles jaunissent et tombent en partie,
même avant la maturité du Raisin.
Ces faits prouvent que, lorsqu’on prend
des boutures, on ne saurait y regarder de
trop près, et qu’on doit toujours choisir des
parties saines, dont les produits, autant que
possible, ne laissent rien à désirer, Rs peu-
vent donc jusqu’à un certain point expliquer
la présence dans les Vignes, d’une partie des
variétés qu’on y rencontre.
— Nos lecteurs se rappellent sans doute
l’article que notre collaborateur, M. Baptiste
Desportes, a publié sur la fructification en
pleine terre, à Angers, de VEriobotnjaJapo-
nica. Un de nos abonnés, M. Dayres aîné,
nous apprend que ce même fait s’est produit
dans son jardin, à Agen, sur un sujet âgé
d’environ 20 ans, et que les fruits arrivés
à maturité étaient très-bons. Ceci n’a rien
qui puisse étonner, x\gen étant beaucoup
plus au midi qu’ Angers, qui nous paraît être
la dernière limite septentrionale oû VErio-
botrya puisse vivre en plein air.
■ — La communication que nous avons
faite, dans notre dernière chronique, au sujet
des examens institués par M. Barillet, dans
le but de constater les capacités des ouvriers
jardiniers, et de leur donner de l’émula-
tion en récompensant leur mérite, nous a
valu de notre collaborateur, M. Durupt, la
lettre suivante que nous nous empressons
de publier :
Dijon, le 15 septembre 1866.
Monsieur le rédacteur,
J ai remarqué dans le numéro de la Revue
horticole du 16 juillet 1866, quelques lignes au
sujet du concours qui devait avoir lieu pour les
garçons jardiniers du département de la Côte-
d’Or ; je vous en remercie au nom de la Com-
mission, et vous prie d’insérer dans votre
journal les quelques lignes ci-dessous, extraites
du bulletin de la Société d’horticulture et d’ar-
boriculture de la Côte-d’Or:
« Le conseil arrête, ainsi qu’il suit,lc« condi-
tions des concours entre les garçons jardiniers.
« Les épreuves consisteront en un examen
oral pour la culture maraîchère, et en un exa-
men pratique pourlafloriculture, l’arboriculture
et la culture maraîchère.
(( Les candidats devront habiter dans le dé-
partement de la Côte-d’Or, et produire, au mo-
ment de leur demande d’inscription, un certifi-
cat de bonne conduite et de travail délivré par
leur patron et légalisé par le maire de la com-
mune. Les inscriptions auront lieu au secréta-
riat de la Société, chez M. Antoine Petit, doc-
teur en médecine, rue du Chaignot, n« 2, à
Dijon.
« Les récompenses consisteront en un di-
plôme aux armes de la Société, soit une prime
ou médaille, soit en bons livres d’horticulture
et, en outre, dans le droit des lauréats d’assis-
ter aux séances de la Société.
Programme des questions.
Pour le concours de culture maraîchère qui
aura lieu du 1er au 15 novembre.
1 . Quels sont les termes jardiniques employés
en culture maraîchère?
2. Quel est le meilleur emplacementd’un jardin
maraîcher?
3. Quelle est l’influence des différents terrains?
4. Quels sont les différents engrais et comment
les emploie-t-on en culture maraîchère?
5. Qn’entend-t-on par amendement? Expliquez
les différentes manières d’amender un ter-
rain?
6. Qu’entend-t-on par défoncement et quels
sont ses avantages?
7. Combien y a-t-il de manières de semer et de
planter?
8. Qu’entend-t-on par entre et contre-planter
et par entre et contre-semerl
1). Quels sont les soins à donner aux plantespo-
ta gères eu général?
363
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE SEPTEMBRE).
10. En combien (le sections divise-t-on les plan-
tes potagères?
11. Nommez-en quelques-unes de chaque sec-
tions?
12. Comment conserve-t-on les légumes en hi-
ver, indiquez les meilleurs procédés à em-
ployer ?
13. Ou’entend-t-on par alternance des cul-
tures?
14. Quelle plante faut-il choisir pour porte-
graines et comment faut-il les traiter?
15. Dites ce que vous savez de la récolte, conser-
vation et faculté germinative des graines?
16. Qu’entend-t-on par culture sur ados et quels
sont ses avantages?
17. Quels sont les diilérents composts et com-
ment les prépare-t-on?
18. Comment s’y prend-t-on pour confectionner
les couches ; quels sont les matières qui y
sont utilisées?
19. Comment conduit-on les couches?
20. Qu’entend-t-on par réchauds?
21. Quels sont les légumes de nature à être
forcés?
Agréez, etc.
Un des membres de la Commission,
N, Durupt.
— Qu’est-ce que VHebeclinmmmacrophyl-
lum? Une simple variété qui ne se repro-
duit même pas de graines. Ainsi, dans un
semis fait par M. Chaté , horticulteur ,
comprenant plusieurs centaines d’individus,
il ne se trouvait pas un seul Hebeclinium
mocrophyllum, mais des Hebeclinium œtro-
rubens Hort. donc F Hebeclinium macro-
phyllum nous paraît être une variété acci-
dentelle.
— Sous le nom de Achyrranthes aureo-re-
ticulata, on vend dans le commerce une
plante décolorée, un accident à feuilles
vertes et à nervures jaunâtres de VAchyr-
ranthes Verschaffeltii. Le Coleus marmo-
rata n’est non plus qu’un accident, une dé-
coloration du Coleus Verschaffeltii, et qui
est bien loin de valoir celui-ci; nous croyons
devoir en avertir les amateurs, afin de leur
éviter des mécomptes et d’épargner aussi
des réclamations aux horticulteurs.
— Pendant longtemps on a cru que les
variétés n’étaient jamais que le résultat des
cultures; il n’en est plus de même aujour-
d’hui. Mais, comme sur ce point il est bon
de multiplier les preuves, nous croyons de-
voir faire connaître la suivante qui se rap-
porte au Frêne commun. Cette espèce, on
le sait, donne fréquemment dans les semis
qu’on fait de ses graines, une variété à une
feuille, le Fraxinus excelsior monophylla
(on sait que les Frênes ont les feuilles com-
posées). Et bien, ce même fait se reproduit
chez le Frêne à l’état sauvage; plusieurs fois
nous l’avons constaté, notamment au Bois
de Fontaine et au Bois-Robert, près Ver-
nelle, commune de May (Seine-et-Marne),
où il s’était produit spontanément de grai-
nes tombées de Frênes communs. Or ,
comme il est bien constaté qu’il se formi'
des variétés à l’étal sauvage; comme il est
également reconnu que ces variétés peuvent
se fixer et constituer des îxices et qu’il est
aussi hors de doute (du moins pour nous)
que ce qu’on nomme espèce n’est qu’une
race devenue permanente, il s’ensuit qu’il
se forme tous les jours de nouvelles es-
pèces.
— • Puisque nous en sommes sur les faits
particuliers ou exceptionnels de végéta-
tion, nous croyons devoir en signaler un
autre qui pourra présenter un certain in-
térêt, et en même temps jeter quelque
lumière sur un des points de la physiolo-
gie végétale. Nous croyons d’autant mieux
devoir faire connaître les exceptions que si,
comme on le dit, elles confirment les règles,
elles tendent en même temps à les détruire
en leur enlevant leur caractère absolu. Le
fait dont nous allons parler porte sur les
fruits du Marronnier commun. On sait que
l’enveloppe externe de ceux-ci est hérissée
de pointes très-raides; eh bien, tout récem-
ment, sur un Marronnier qui faisait partie
d’une avenue, nous avons remarqué des
fruits tout à fait lisses et unis, soit isolé-
ment, soit à côté d’autres très-épineux.
Gomme l’on sait que tous les caractères
d’une plante tendent à se reproduire, si
l’on reproduisait et qu’on fixât par la greffe
le fait dont nous venons de parler, quels
seraient alors les caractères distinctifs entre
les Paria et les Marronniers? Il n’y en au-
rait guère d’autres que la forme des fleurs.
— Nous avons reçu le catalogue des
nouveaux Glaïeuls mis au commerce pour
la première fois par M. E. Verdier, horti-
culteur, 3 rueDunois, â Paris (Gare-d’Ivry).
Ce sont :
Ad. Brongniart , fleur extra grande, forme et
tenue parfaites; fond rose très-légèrement
teinté orange, flammé rouge, très-grande
macule blanche. Plante très-remarquable par
son coloris frais et séduisant, l’ampleur et
la perfection de ses fleurs, extra.
Anais, fleur moyenne, forme parfaite, blanc
très-légèrement teinté lilas, très-grande ma-
cule blanc soufré, très-largement bordée
carmin lilacé. Plante très-remarquable (va-
riété naine).
Apollon, fleur grande, forme et tenue parfaites,
rose lilacé, large macule carmin vif très-
foncé, ligné blanc au centre.
Bernard Palissy, fleur grande, bonne forme,
rouge cerise vif, flammé et strié rose carminé
sur large fond blanc pur.
Th. Paxton, fleur grande, forme et tenue par-
faites, rouge légèrement teinté orange clair,
finement strié rouge carminé sur fond blanc ;
coloris très-brillant.
Félicien David, fleur grande, forme et tenue
parfaites, rose cerise strié carmin clair sur
large fond blanc ayant un très-bel épi.
3G4
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE SEPTEMBRE).
Lady Franklin, fleur très-grande, forme et te-
nue parfaites; blanc légèrement teinté de
rose, finement strié carmin et très-largement
flammé rose carminé (variété naine).
Noëmie, fleur grande, rose-lilacé clair, épi très-
ample.
Princesse Marie de Cambridge, fleur très-
grande, très-ouverte, forme et tenue irrépro-
chables, blanc mat, très-large macule carmin
clair, extra.
Révérend Berkeley, fleurs grandes, forme et
tenue parfaites, disposées en épis serrés,
rose vif teinté de violet, strié carmin sur fond
blanc.
Sir William Hooker, fleur grande très-ouverte,
forme et tenue parfaites, cerise clair, maculé
rose carminé sur large fond blanc pur, d’un
grand effet.
Th. Moore, fleur grande, forme et tenue par-
faites, très-beau rose carminé à fond blanc,
maculé et flammé carmin vif.
Indépendamment de ces variétés, le ca-
talogue général en indique plus de 200 au-
tres, qui, bien qu’un peu plus anciennes,
n’en sont pas moins, pour la plupart, très-
belles.
Nous avons également reçu le catalogue
de plantes bulbeuses (Jacinthes, Amaryllis,
Irica, Renoncules, Tulipes, Glaïeuls, Spa~
raxis, etc., etc.) de M. Van Houtte, horti-
culteur à Gand. Indépendamment de ces
plantes, on y trouve indiquées quelques
nouveautés, telles que Dodecathéon Jeffrey i,
Fonkia Fortunei, les Disacornnta, Grandi-
flora, Longicornis, etc., etc.
— La taille dite en trois temps, selon une ex-
pression très-significative, et, disons-le, assez
juste, est due, nous le pensons du moins, à
un pépiniériste dont le nom est bien connu,
à M. Armand Gonthier, de Foiïlenay-aux-Ro-
ses. Ce n’est pas une taille, à vrai dire, c’est
un véritable élagage pratiqué à l’aide d’un
croissant, et qui, par conséquent, suppose des
arbres élagués ou taillés sur trois côtés, c’est-
à-dire par devant, par derrière et sur le des-
sus,ce qui explique et justifie même la dé-
nomination de taille en trois temps.
Cette dénomination, qu’on pourrait ap-
pliquer à tous les végétaux qu’on soumet à
ce traitement, est surtout employée lors-
qu’il s’agit d’arbres fruitiers disposés en
haies pour former des abris. Ce moyen, très-
grossier, brutal en apparence, est plus con-
forme, qu’on est d’abord disposé à le suppo-
ser, aux règles que les professeurs d’arbo-
riculture s’efforcent d’établir tous les jours.
En effet, à quoi peuvent conduire presque
toutes les théories, tous les raisonnements
inventés pour déterminer les productions
fruitières, sinon à ce principe : transformer
les parties vigoureuses en branches plus fai-
bles qui doivent porter des fleurs, ou, le plus
souvent, à les rogner pour en faire naître
d’autres d’une nature particulière, que, sui-
vant les arbres, on nomme dards, brindil-
les, lambourdes, bourses, bouquets de
mai, etc.? Et bien, c’est précisément ce que
fait le croissant lorsqu’on pratique la taille
en trois temps. Dans ce cas, tous les bour-
geons vigoureux étant retranchés, ou seule-
ment rognés, il se développe une quantité
de ramifications petites et de nature parti-
culière qui sont précisément des produc-
tions fruitières; aussi les arbres qu’on sou-
met à ce traitement donnent-ils générale-
ment beaucoup de fruits.
Si le progrès d'une chose résulte toujours
des simplifications qu’on apporte à l’accom-
plissement de cette chose, on ne peut nier
que la taille en trois temps ne soit un véri-
table progrès, et il est curieux de voir que,
après s’être creusé la tête à inventer des
théories, des procédés divers et compli-
qués pour faire produire des fruits, l’homme
soit arrivé à ce but par le moyen le plus
simple de tous : celui qui consiste presque
à ne rien faire.
Nous n’avons, pas l’intention de blâmer
ici les diverses méthodes de tailles préconi-
sées dans ces derniers temps ; nous voulons
seulement démontrer que la taille telle
qu’on la pratique de nos jours n’est pas
indispensable pour obtenir des fruits.
— LeRobinia pseudo-acacia monopliylla,
cette variété très - belle et très-vigou-
reuse, qu’on ne saurait trop recommander,
et qui mérite de prendre place sjar nos pro-
menades, a fleuri et fructifié au Muséum.
Ses fleurs, à peu près semblables à celles
du Robinia pseudo-acacia, moins nom
breuses toutefois que chez ce dernier, sont
disposées en longues grappes peu serrées.
Depuis quelques années déjà, notre pied
mère fleurissait; mais, l’année dernière seu-
lement, il adonné des graines, qui, semées,
ont reproduit les caractères de cette variété
(la monophyllité) dans la proportion de 1/4-.
Les enfants seront-ils tout à tait semblables
à leur mère ? C’est ce que nous verrons, et ce
que nous nous proposons de faire connaître.
E. A. Carrière.
MATIÈRES QUI PEUVENT SERVIR D’ENGRAIS.
On ne saurait se faire une idée de la I laisse perdre aussi bien dans les fermes que
quantité des matières fertilisantes qu’on | dans les jardins, sans se rendre comp e
36Ü
MATIÈRES QRI PEÜVE^'T SERVIR D’ENGRAIS.
qu’il serait facile d’en tirer un bon parti et à
bien peu de frais.
Cette réflexion m’est suggérée à la lecture
d’une note de voyage que je vais transcrire
littéralement.
En passant dans une petite ville du Cher,
qui a nom « Sancoins, » j’eus l’occasion
d’aller visiter les cultures d’un jardinier
amateur, nommé Delaire, chez lequel je vis
un carré de fraisiers d’une végétation ex-
traordinaire, non-seulement par la vigueur
des sujets, mais encore par l’abondance et
la beauté des fruits dont ils étaient garnis.
Questionné sur le procédé de culture quhl
employait, voici ce que M. Delairè nous
répondait :
(( Tous les ans, j’ai^dans mon potager une
certaine quantité de betteraves et de choux;
au lieu de laisser leurs feuilles inutiles se
perdre sur le terrain, comme c’est l’ordi-
naire, je les recueille avec soin et les
dispose par lits alternatifs sur lesquels je
jette environ 1 k. 500 gr. de gros sel gris
pai’ mètre cube de feuilles; je laisse le tas
pourrir pendant une année, et, après l’avoir
brassé et remué une ou deux fois, j’étends,
à l’automne, ce fumier sur mes planches de
fraisiers que j’ai préalablement épluchés et
nettoyés; cette couche de fumier passe ainsi
tout l’hiver sur le sol; au printemps, je l’en-
CULTURE DES ROSIERS
Ainsi que beaucoup d’amateurs et d’horti-
culteurs de notre ville, j’ai été invité par
M. Jean Sisley, à visiter ses cultures et par-
ticulièrement celle de Rosiers. — Je me
suis rendu à cette invitation le 14 juillet,
— et comme les Rosiers sont cultivés, chez
M. Jean Sisley, autrement que chez tous les
autres amateurs et différemment aux théo-
ries enseignées dans les traités d’horticul-
ture, je crois être agréable aux lecteurs de
la Reçue horticole, en rendant compte de
ma visite et en faisant part, des réflexions
qu’elle m’a suggérées.
_ En 1864, M. Jean Sisley, à planté plu-
sieurs centaines de Rosiers divers sortant
de chez MM. Lacharme, Damaizin, Guillot
père, Guillot fils, et Gonod, horticulteurs,
dont une partie étaient greffés sur des Eglan-
tiers de semis; les autres étaient francs de
pied, — Cent pieds des variétés dites Hy-
brides remontantes ont été plantés, le long
d’une allée allant du nord au midi, et bor-
dée, au couchant, d’un massif de Poiriers
en contre-espalier et en cordon oblique; au
levant, par des massifs d’arbustes.
— Comme on le voit, les cent Rosiers ne
furent pas plantés dans les conditions les
plus avantageuses’ de sol, d’air, et de lu-
mière, puisqu’ils avaient à disputer ces
terre par un binage, après quoi, j’étends sur
mes plates-bandes de fraisiers une nouvelle
couche dudit engrais. » Voilà, médit M. De-
îaire, tout le secret. Je l’ai confié à quelques
amis, qui n’ont qu’à se louer de m’avoir
imité.
Ce procédé n’est pas entièrement nou-
veau; il me rappelle que j’ai vu souvent
les cultivateurs des environs de Paris se
servir avec succès, non pas de l’engrais do
feuilles de choux et de betteraves assaison-
nées de gros sel, mais de fumier ou de ga-
doue de Paris qu’ils répandent ainsi à l’au-
tomne pour l’enterrer au printemps par une
façon, après laquelle ils étendent sur le sol
et en couverture une nouvelle couche de cet
engrais qui n’est autre chose que le résidu
des immondices de Paris, et à l’emploi du-
quel nous sommes redevables d’une partie
des légumes et des fruits succulents qui ali-
mentent la capitale.
Quel est le jardin potager, ou la ferme,
où il ne serait pas possible de se procurer,
sans frais, une provision d’engrais analogue
si, au lieu de laisser perdre sur le sol ou sur
la voie publique tous les débris végétaux et
animaux qui s’y trouvent, on les recueillait
avec soin et qu’on les laissât se consommer
ainsi en tas dans un des coins reculés et ca-
chés de la propriété? Meyer de Jouhe.
TAILLÉS A LONG BOIS.
trois éléments nécessaires à leur existence
aux arbres et arbustes environnants, plantés
depuis plusieurs années.
Les Rosiers de M. Jean Sisley sont plantés
sur deux rangs, à 1 mètre de distance les
uns des autres et les rangs sont seulement
espacés de 50 à 60 centimètres. — Toutes
ces plantes ont été mises en terre sans avoi.-
rabattu ni racines, ni rameaux; les premiè-
res furent étalées avec soin par un temps
doux et couvert; pendant les six derniers
jours du mois, une petite pluie vint chaque
jour apporter son tribut bienfaisant à la
plantation, et ce ne fut que vers le 4 dé-
cembre que la première gelée se fit sentir.
Celte plantation avait donc été favorisée.
Plus tard M. Jean Sisley, fit une autre plan-
tation, de 100 pieds de Rosiers dits Hybri-
des remontants qui furent plantés dans les
mêmes conditions, en deux massifs, dans la
partie nord du jardin; et une trentaine de
Rosiers thés, dans un troisième massif près
de l’allée transversale allant du levant au
couchant. Ces trois massifs sont placés,
sous le rapport du sol, de l’air et de la lu-
mière, dans de meilleures conditions que
les premiers, ayant plus d’espace et se trou-
vant plus éloignés des massifs d’arbres et
d’arbustes.
366
CULTURE DES ROSIERS TAILLÉS Â LONG ROIS.
Au mois de décembre, par un temps
doux succédant à quelques jours de gelée
on a procédé au travail du couchage et de
l’inclinaison horizontale de tous les rameaux
des Rosiers qui lurent fixés raz-terre, au
moyen de petits crochets en bois. — Pen-
dant l’hiver les Rosiers thés avaient été légè-
rement recouverts de feuilles et de paillas-
sons, et, malgré cette précaution, le 14 fé-
vrier 1865, tous les rameaux furent gelés
raz-te4Te à la température de — IS^. Aussi
en avril 1865, M. Jean Sisley, fut-il obligé de
tailler ses Rosiers thés, c’est-à-dire de sup-
primer tous les rameaux morts, et il n’ob-
tint cette année-là qu’une très-maigre flo-
raison.
Quant aux Rosiers hybrides qui n’avaient
pas souffert du froid, ils lui donnèrent en
mai une floraison magnifique et, mainte-
nant, ils ont développé des bourgeons de
plus de 2 mètres de longueur. — Au mois
de décembre dernier, on à procédé de nou-
veau à l’inclinaison des rameaux sans rien
supprimer que les ramilles de vieux bois de
l’année précédente.
M. Sisley, remarqua alors qu’il avait
planté trop près. Cette année, comme nous
n’avons pas eu de froids rigoureux pendant
l’hiver, les Rosiers thés, sans être couverts,
n"ont pas gelé, et pas un n’a été taillé. —
Vers Je 10 mai, tous les yeux des rameaux
inclinés avaient développé un bourgeon,
et porté chacun d’innombrables fleurs. A
cette époque, personne à Lyon n’avait en-
core de fleurs en plein air en aussi grande
abondance.
On avait prédit à M. Sisley, qu’au taillant
aussi long, il n’aurait que des fleurs petites.
— Cependant, nous avons vu chez lui des
fleurs assez belles sur les variétés suivantes
de Rosiers thés : Falcot, Safrano, Triom-
phe du Luxembourg, Caroline, Rougère,
Souvenir d’un ami, Clara Sylvain, Gloire de
Dijon, etc., et en grande quantité.
— Pendant cette première floraison, il a
poussé du centre des Rosiers des bourgeons
vigoureux qui ont produit à leur tour une
belle floraison, laquelle a commencé vers
le 15 juin et dure encore en ce moment.
— Les hybrides n’ont pas donné une
floraison aussi soutenue que les Thés, les
Rourbons, les Noisettes et les Rengales ;
néanmoins ils ont donné une floraison ca-
pable de satisfaire l’œil le plus blasé de la
floriculture, puisque, sur des rameaux de
Rosiers Rolle, Ardoisée de Lyon, Reine
des Violettes,’ Anna Diesbach, Général Jac-
queminot, etc., on comptait plus de 100
fleurs par pied et des fleurs d’une belle
grandeur.
Enfin, voilà des Rosiers plantés depuis
18 mois qui n’ont été soumis, pour ainsi
dire, à aucune taille, et qui, cependant sont
d’une vigueur extraordinaire après avoir
fleuri abondamment.
M. Jean Sisley, a été amené à traiter ainsi
ses Rosiers d’après les conseils de M. Daniel
Hoïbrenck ; il s’est aussi appuyé sur les idées
émises par M. le docteur Jules Guyot, et
M. E. A. Carrière, dans leurs ouvrages sur
la vigne.
Nous ne partageons pas les idées de
M. Sisley, sur ce dernier point; nous ne
pensons pas qu’on doive appliquer la taille
de la vigne aux Rosiers ; ce système de
culture des Rosiers inclinés horizontalement
de manière à couvrir complètement le sol,
est un moyen à employer, selon nous,
lorsqu’on se propose de produire de l’effet.
Ce système s’est fait jour depuis quelques
années et commence à attirer l’attention
des amateurs, qui prétendent que les Ro-
siers ne sont plus aussi vigoureux ni aussi
vivaces qu’autrefois. — R prétendent qu’il
fut un temps où l’on commençait seule-
ment à cultiver les Rosiers, alors, les con-
naissances théoriques et pratiques étaient
moins développées qu’aujourd’hui, et ce-
pendant les Rosiers poussaient et fleuris-
saient très-bien. — Notons bien qu’autre-
fois on taillait rarement, on coupait l’ex-
trémité des rameaux vigoureux, et l’on
supprimait le vieux bois des années précé-
dentes, et pourtant les Rosiers atteignaient
souvent une force peu commune, et rivali-
saient avec les autres arbustes.
Comme le Rosier craint d’être taillé
court, nous préférons la taille à long bois
qui consiste à supprimer le vieux bois, et
à ne conserver que celui de l’année précé-
dente dont on enlève seulement fextré-
mitée à la longueur voulue, et ainsi de suite
chaque année, comme cela se pratique pour
le framboisier ; mais, nous ne sommes pas
de l’avis de ceux qui prétendent qu’il ne
faut pas tailler; nous sommes de ceux qui
recommandent de tailler long.
Denis.
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ D’HORTICULTURE ET DE BOTANIQUE
DE L'HÉRAULT.
Monsieur le rédacteur.
L’exposition automnale de la Société
d’horticulture et de botanique de l’Hérault
a été close dimanche 9 septembre par la
distribution des récompenses. En ma qualité
de collaborateur de la Revue, je m’empresse
de vous dire quelques mots de cette fête
florale, la cinquième organisée par notre
Société depuis sa fondation.
Comme pour la plupart des expositions
367
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ DTIORTICUL'
de province, nous avons à lutter ici contre
l’inertie individuelle et ce n’est qu’à force
de persévérance que l’on parvient à obtenir
des résultats satisfaisarits. Mais ce qui peut
s’expliquer à la rigueur lorsqu’il s’agit de
certaines contrées pauvres ou éloignées des
grands centres de progrès, on a peine à le
comprendre quand le tliéàtre est une cité
populeuse et riche, dont la réputation scien-
tifi(}ue rayonne au loin depuis des siècles.
Hé bien! dans ce foyer de richesses agrico-
les et d’études scieiitiüques, qui s’appelle
Montpellier, nous trouvons au suprême
degré l’alliance déplorable de l’inertie du
côté des praticiens, et de l’indifférence de la
part du public pour les progrès de l’horti-
culture.
Grâce, pourtant, au petit nombre d’hom-
mes qui forme le noyau de la Société d’hor-
ticulture et de botanique, il nous a été
donné de voir exposés et groupés avec art,
dans l’une des cours du Lycée, de magnifi-
ques lots qui eussent partout été appréciés
des amateurs.
Les collections de Cactées et de plantes
de serre chaude à feuillage ornemental,
Bégonias, Caiadiums et Achimènes du Pré-
sident de la Société; les lots de plantes de
serre chaude de M. Bravy, amateur à Ania-
nes, où figuraient, entre autres nouveautés,
les Miconia argyrœa, Psychothria leiican-
tha, Crescentia macrophylla, Anthurium
inagnificum, Ficus cooperi, Chamæranthe-
rum verbenaceum, Amorphophallus campa-
nulatus, Acrosîichum crinüum, etc., etc.;
les apports du Jardin des Plantes, Palmiers
et Cicadées de grandes dimensions; les 40
espèces de Sempervivum et les deux pieds
de Jalap de l’école de pharmacie dont le
savant directeur, M. Planchon, cherche à
introduire la culture de cette dernière
plante dans le midi; tous ces lots autour
desquels venaient se grouper un grand
nombre d’autres moins importants formaient
déjà un ensemble très-satisfaisant pour une
exliibition départementale.
TÜRE ET DE ROTANIQUE DE L’HÉRAULT.
Mais, la portion la plus remarquable était
sans contredit la partie pomologique. Les
lots de fruits de M. Démouilles de Toulouse
(280 variétés de Poires, Pommes, Pêches,
Prunes, etc.), de M. lïortolès de Montpellier,
(227 var.) et de plusieurs autres horticul-
teurs ou amateurs, lots qui brillaient plus
encore peut-être par la beauté des échan-
tillons que par le nombre des variétés pré-
sentées, faisaient un digne pendant à la
splendide collection de Raisins de tous
pays exposée par M. Henri Bouschet, l’heu-
reux obtenteur des cépages hybrides à jus
coloré qui formaient un lot spécial des plus
intéressants pour la grande industrie vini-
cole.
En somme, je le répète, malgré tout,
notre exposition a réussi, grâce au zèle
d’un certain nombre de membres distingués
de notre Société, grâce à l’activité et au dé-
vouement sans bornes de notre Président,
dévouement qui a pu trouver une légitime
récompense dans l’enthousiasme unanime
avec lequel ont été accueillies les paroles
élogieuses prononcées par M. Planchon
dans son remarquable rapport sur les opé-
rations du jury.
Et maintenant, avant de terminer, permet-
tez-moi de profiter de l’occasion qui m’en
est offerte pour faire cesser la confusion qui
s’est glissée dans notre dernière chronique :
L’amateur éclairé qui préside la Société de
l’Hérault, est M. Emile Doûmet, ancien dé-
puté, commandant de la Légion d’honneur, le
fondateur et propriétaire des belles galeries
d’histoire naturelle et de curiosités que les
étrangers visitent en passant par Cette; c’est
à lui que s’adressent, de droit, les expres-
sions flatteuses dont vous vous êtes servi.
Quant à celui qui s’honore de compter
parmi les collaborateurs de la Revue horti-
cole, c’est, il est vrai, l’un des secrétaires
de la Société et le fds de son honorable
Président, mais son seul mérite jusqu’ici
consiste à aimer la science et l’horticulture
en particulier. Napoléon Doumet.
DES PLANTES A FEUILLES PERSISTANTES.
Y a-t-il entre les plantes à feuilles per-
sistantes et les plantes à feuilles caduques
des limites absolues, où bien ces limites ne
sont elles que relatives? Cette dernière hy-
pothèse, seule, est très-probable.
. Mais, comme la question que nous nous
proposons de traiter est très-complexe, nous
devons autant que possible remonter à son
origine et rechercher la base sur laquelle
elle s’appuie.
Si l’on examine certains genres très-nom-
breux qui comprennent des espèces â feuil-
les persistantes et d’autres à feuilles cadu-
ques, on verra que des unes aux autres on
passe par une gradation assez régulière,
mais souvent insensible. Parmi les premiè-
res, les feuilles ne sont pas toutes également
persistantes, au contraire, il en est chez les-
quelles elles persistent beaucoup plus long-
temps que chez d’autres; enfin, les feuilles
des unes restent pendant plusieurs années
sur certains arbres, tandis que chez d’autres
elles tombent quand les nouvelles appa-
raissent. Tous les horticulteurs savent cela.
Les horticulteurs savent aussi que, dans les
genres de plantes à feuilles caduques, il est
des espèces qui diffèrent sensiblement des au-
tres. Chez les unes, les feuilles tombent même
368
DES PLANTES A FEUILLES PERSISTANTES.
bien avant l’arrivée des froids, tandis que
chez d’autres elles ne tombent que lorsque
ceux-ci se font sentir depuis longtemps.
Les faits que nous signalons sont très-ma-
nifestes dans les Erables, dans les Ro-
siers, etc., etc.
Les horticulteurs savent encore que ces
différences se montrent souvent dans les
semis, chez des individus résultant de grai-
nes récoltées sur une même plante. Cer-
taines variétés d’Erablesnous en fournissent
de nombreux exemples. Ainsi, dans le semis
de graines à’ Acer opulifolimn, on trouve des
individus à feuilles très-caduques ; d’autres
dont les feuilles persistent plus longtemps,
et d’autres enfin dont les feuilles sont roar-
cessantes. Dans les semis de graines iVAcer
Monspcssula7ium, le fait est "plus sensible
encore ; on trouve parfois , indépendam-
ment d’individus à feuilles de forme et de
grandeur très-diverses , des individus à
feuilles subpersistantes qui semblent ne
tomber que par suite de l’action du froid.
Mais, le fait peut-être le plus curieux de
cette tendance que paraissent avoir certaines
espèces à feuilles caduques à revêtir la per-
manence, à passer aux feuilles persistantes,
nous est fourni par deux espèces du genre
Rhamnus^ par le Rhammis Alpimis, d’une
part, de l’autre par le Rhaimms frangula,
deux espèces à feuilles essentiellement ca-
duques; néanmoins, la première, le Rkam-
nus Alpimis a produit une plante à feuilles
siibper sût antes, de forme complètement dif-
férente de celle de l’espèce dont elle sort;
différente même de tous les Rhammis con-
nus : c’est le Rhammis Billiardii. Le
Rhmnnus frangula a produit dans un semis
fait en 1 862, qiimze plantes à feuilles
sistantes tellement semblables à une espèce
à feuilles persistantes originaire de la Cali-
fornie : au Rhammis oleifolins, Hort., que,
pendant la première année, il fallait une
certaine habitude pour les distinguer de ce
dernier. Et le Rhammis hyhridiis à feuilles
cà peu près persistantes, ne sort-il pas aussi,
comme on l’assure, du Rhammis Alpimis?
Pour expliquer tous ces faits, on fait in-
tervenir la fécondation, et l’on dit : ce sont
des hybrides entre des espèces à feuilles
caduques et d’autres à feuilles persistantes.
La chose est plus facile à dire qu’à prouver,
surtout en ce qui concerne l’apparition des
Rhammis frangula à feuilles persistantes;
les graines ayant été récoltées là où il n’y a
aucune espèce à feuilles persistantes, dans
ce cas, on se demande avec quoi les plantes
qui ont produit ces graines auraient ])u
jouer. Pour justifier la valeur hybridiqiie de
ces plantes, du moins du Rhammis Bil-
liardii et du Rhammis hybridus, on s’est
appuyé sur ce fait, qu’ils ne fructifient pas.
C’est là une hypothèse qui repose sur cette
autre inadmissible pour nous : « qu’il y a
des espèces absolues. »
De ces quelques exemples, qui démon-
trent que l’on peut passer insensiblement,
par le seul fait de la végétation, des feuilles
caduques aux feuilles persistantes, on peut
en conclure que les différences sont dues
à un mode particulier de groupement des
molécules suivant lequel des faits contraires
peuvent également se produire ; le Cedriis
Libani decidua nous en fournit un exem-
ple.
E. A. Carrière,
SUR LE VINCA ROSEA.
En parcourant le numéro de la Revue
horticole du Rr septembre 1866, il me re-
vient un souvenir à la lecture de l’éloge si
mérité qu’on y fait du Vinca (Lochnera) ro-
sea ou Pervenche de Madagascar. Peut-être
sera-t-il avantageux de le compléter par
quelques détails sur la culture de cette
plante et faire connaître en même temps
une particularité qu’elle présente dans sa
multiplication. La voici :
Lorsqu’on sème des graines fraîches
ou nouvelles de cette plante, elles lè-
vent très-rarement ou très-mal, tandis que
lorsqu’on sème des graines récoltées depuis
au moins une ou deux années, elles ger-
ment parfaitement. Le semis se fait habi-
tuellement sur couche chaude en mars et
avril; mais les jardiniers qui approvision-
nent les marchés aux fleurs et qui ont be-
soin d’avoir des plantes un peu fortes, déjà
bonnes à vendre en mai et juin, sèment dès
janvier et février. Les jeunes plants sont
repiqués en pots que Pon place de nouveau
sur couche chaude où on les enterre et où
on les laisse jusqu’au moment de la vente.
Bien que la Pervenche de Madagascar soit
plus fraîche et plus jolie, si on la laisse tou-
jours sous verre et surtout sous châssis, elle
n’en est pas moins une des meilleures plan-
tes pour l’ornement des parterres en été où
l’on en fait, de la fin de mai en septembre-
octobre, de superbes massifs et des bandes
ou des bordures d’un très-bel effet, soit en
mélangeant les couleurs, soit en les sépa-
rant.
Il existe depuis quelques années une va-
riété de Pervenche de Madagascar dont la
fleur est entièrement blanche, mais elle est
loin d’être aussi jolie que l’ancienne variété,
si coquette avec sa tache rose carminé qui
occupe le centre ou gorge de la fleur.
Jean-Claude.
LOBELIÂ FA Bill.
Plante vivace, velue-blanchâtre, d’un
as)3ect cendré. Tiges de 1 rnèlre et plus,
cylindriques à la base, sillonnées-angu-
leuses supérieurement par la décurreiice
des feuilles, simples, parfois rameuses.
Feuilles mollement velues, linéaires obîon-
gues-lancéolées, atténuées a la base et inéga-
lement dentées, longues de 8-12 centime"
très, larges de 25 millimètres; les florales plus
courtes que les fleurs, à l’exception des
plus inférieures, roides et ondulées Fleurs
solitaires à l’aisselle des feuilles supérieu-
res, brièvement pédicellées,en grappes lon-
gues de 30 à 80 centimètres; pédicelles velus-
hérissés, longs de 8-10 millimètres, munis
vers leur milieu de deux petites bractéoles, le
tout lavé de pourpre, surtout dans les fleurs
supérieures; calice également velu-héris-
sé, à tube hémisphérique, à divisions trian-
gulaires très-allongées, longues de 12 mil-
limètres bordées de cils blancs, corolle
lilas-rosé velouté, avec deux macules plus
pâles à la base de la lèvre inférieure ; tube
longs de 14 millimètres, large de 4-5, à peu
près égale dans toute sa longueur, à 5 lobes .
les deux supérieurs étroits, dressés et pa-
rallèles; les trois inférieurs, étalés en
éventail : les deux latéraux un peu plus
courts que le médian; étamines à filets
rosés, ciliés aux bords; anthères jaune
lavé de lilas: les deux inférieures barbues.
Style terminé par un stigmate lilas et sur-
MACLEYA ^
Cette intéressante nouveauté (fig. 43) se
trouve dans le commerce sous les noms de
Bocxonia japonica et Bocconia jedoensis.
Ce n’est pas un Bocconia. Bien que ce
genre appartienne aussi à la famille des
Papavéracées, il est assez distinct du genre
Macleya, établi par Rob. Brown, pour
qu’on rapporte facilement à chacun d’eux
les espèces qui se présentent dans nos cul-
tures. Parmi les principaux caractères qui
distinguent ces deux genres, il faut compter
les suivants : chez les Bocconia, 8-24 éta-
mines au lieu de 24-30, filets très-courts et
non allongés filiformes, ovule unique et non
de 3 à 6 dans chaque capsule, sous-arbris-
seaux et non plantes vivaces, originaires de
FAmérique et non de la Chine, feuilles
oblongues, très-allongées lobées, presque
sessiles, et non pétiolées cordiformes, et
1 II faut écrire Yedoensis, et non Jedoensis, ainsi
qu’on le fait par erreur. Lorsqu’on latinise un
nom, rien ne doit être changé si ce n’est la ter-
minaison, qui obéit aux lois de la langue dans la-
quelle on le fait entrer. L’adjectif Yedoensis venant
de Yedo, capitale du Japon, on doit conserver cette
orthographe.
montant un ovaire glabre, vert, contenant
des graines nombreuses. Fleurit du com-
mencement de juillet à la fin d’août.
Ce Lobelia, qui nous a été communiqué
par M. le professeur Fabre, d’Avignon,
pourrait être considéré a priori comme une
des nombreuses formes hybrides cultivées
qu’on suppose être sorties des Lohelia car-
dinalis et syphilüica. B se rapproche
surtout d’un Lobelia que cultive M. Adolphe
Pelé sous le nom de Gloire d'Anvers
(Sommers); mais celui-ci s’en distingue
facilement par la glabriété presque com-
plète de la plante, par ses feuilles relative-
ment luisantes, par ses fleurs plus petites, de
couleur plus pâle, portées sur des pédoncules
2 à 3 fois plus longs et par ses divisions ca-
licinales plus longues. Ce qui distingue
surtout ces deux plantes, c’est la stérilité
absolue du Lobelia Gloire d’Anvers, mise
en regard de la fertilité, au contraire, du
Lobelia Fahri. Dans les exemplaires que
j’ai cultivés, toutes les capsules sans excep-
tion sont remplies de graines de la plus belle
apparence.
Sa culture est identique à celle du Lo-
belia cardinalis, c’est-à-dire qu’une terre
plutôt un peu forte que légère, mais
meuble, poreuse et fraîche lui conviendra
mieux que toute autre. Sa muiii; llcation se
fait facilement d’éclats, de bonne heure au
printemps. B. Yerlot.
UlYAüMCTCl
surtout nombreuses différences essentielle-
ment botaniques dans la graine et dans l’eni-
bryon, dont nous éviterons au lecteur les ari-
des détails.
Nous nommerons donc notre plante Ma-
dey a Yedoensis.
Elle se rapproche beaucoup àn Macleya
cordata, ancienne espèce introduite de la
Chine par sir George Staunton en 1795, et
répandue d’Angleterre en France par les
soins de Salisbury. G’est à ce point qu’à
première vue, nous pensions à une simple
variété obtenue au Japon même du Macleya
cordaia; mais plusieurs caractères impor-
tants du feuillage, des étamines et des ovu-
les motivent une espèce distincte: cette es-
pèce, japonaise, nous est venue de Yedo il y
a une couple d’années. Par qui? Gomment?
nous le demandons vainement aux intro-
ducteurs.
Reprenons notre description ; mais, quels
que soient l’endroit etlepays d’où il vienne,
souhaitons la bienvenue au Macleya Yedoen-
sis.
Dans nos cultures, la plante forme une
370
MACLEYIA YEDOENSIS.
souche vivace, qui résistera difficilement à
nos hivers, nous le pensons du moins, si
l’on en juge par le Madeya ccjdata, dont
la conservation est assez capricieuse. '
Sa tige varie de hauteur entre 1 mètre
et suivant qu’elle se ramifie ou non,
et d’après les mesures que nous avons ob-
servées cette année. Cette tige, c^lindiic^ue,
glauque, couverte d’une pruinosité blanche
ainsi que les pétio-
les et le dessous des
feuilles, est fis-
tuleuse et d’un port
élégant.
Les feuilles sont
alternes, étalées,
[lianes, à pétiole à
peu près aussi long
que le limbe, cylin-
drique, puis dilaté et
cilié à la base. Le
limbe est orbiculaire,
divisé en 7-9 lobes
principaux, profonds,
grossièrement cré-
nelés, à sinus parfai-
tement arrondis. El-
les sont glabres sur
les deux faces, d’un
vert glaucescentner-
vé de jaune rosé en
dessus, à nervures
saillantes et blan-
châtres en dessous.
L’intlorescence
terminale, est en pa-
niculedressées,pici-
forme , bractéolée,
décomposée en pa-
nicelles ^ latérales ,
dévariquées, alter-
nes, portant des
fleurs pédicellées.
La corolle nulle, est remplacée par un ca-
lice composé de deux pétales ovales oblongs
claviformes concaves, caducs à l’épanouis-
sement, blancs avec une tache jaunâtre au
sommet. Les étamines, au nombre de 2-4-
30, sont caduques après l’anthèse. Elles sont
composées de filets grêles, blancs et d’an-
thères oblongues, linéaires, â deux loges, à
déhiscence longitudinale.
* Nous ne trouvons pas d’expression plus concise
et plus exacte pour rendre notre pensée. On ne peut
appeler épillets ou ramules, ou autrement les par-
ties paniculées elles-mêmes qui constituent les pa-
nicules. Et de même qu’on dit pédoncule, pédi-
celle, nous croyons, pour les besoins de la cause,
pouvoir dire panicule, panicelle.
L’ovaire ovale, oblong, déprimé enferme
de silique aplatie, est surmonté d’un stig-
miate subsessile, bilobé, â lobes oblongs,
chagrinés au sommet. La capsule, â sa ma-
turité, longue de 1 centimètre et large de
0,005, est'en forme de silique subcompri-
mée, bivalve, claviforme, uniloculaire. Elle
contient des graines elliptiques, petites, au
nombre de 4 à 6 insérées sur la section la-
térale où se fait la
déhiscence, sur le
rebord persistant sé-
minifère, pendant
que les valves dispa- '
raissent.
Les pieds qui ont
servi â cette descrip-
tion ont été conser-
vés en serre dans de
petits pots où le dé-
faut de nourriture a
imposé une contrain-
te à leur développe-
ment et les a déter-
minés à fleurir et
â fructifier. Nous
croyons que c’est le
meilleur moyen pour
en obtenir des grai-
nes. En pleine terre,
\e Madeya Yedoensis
pousse beaucoup et
ses feuilles prennent
des dimensions inu-
sitées, mais en re-
vanche les panicu-
les florales prennent
aussi de plus gran-
des dimensions. On
aura tout avantage à
le multiplier par se-
mis, car les gran-
des dimensions étant
le but, on doit s’en rapprocher par tous
les moyens possibles. Ces conditions ob-
tenues, on aura dans cette plante un des
plus jolis exemples de la découpure
élégante du feuillage, qui semble ici avoir
été'taillé à plaisir à l’emporte-pièce.
Une bonne terre légère, mélangée de terre
de bruyère et de terreau par parties égales,
des trous larges et bien drainés, beaucoup
d’eau dans les chaleurs, et multiplica-
tion de semis sous verre ou de boutures
printemps, tels sont les préceptes dont il
ne faut pas s’écarter pour le Madeya le-
doensis.
Ed. André.
MAGNOLIA LENNÉ.
Arbrisseau vigoureux pouvant même for- 1 les caduques, très-grandes, cordiformes ou
mer un arbre de. moyenne grandeur. Feuil- 1 presque orbiculaires, fortement nervees, gia-
lùvuc l[oriiA:x)le
RaJiLe H or Italie
t' TernaPnix '^
Paris, lith, Zano'te r. des Boidan^
er
sI5.
à
< - e r a s 11 s Si e b o J d t i i
MAGNOLIA LENIS’É.
371
bres cl d’un vert assez intense. Fleurs très-
fortes (étoffées), atteignant jusqu’à 0^.15 et
même plus de diamètre, lorsqu’elles sont
complètement ouvertes, ce qui arrive lors-
qu’elles Yont se passer, d’un rouge pourpre
foncé à l’extérieur, blanc carné à l’intérieur,
assez brusquement rétrécies à la base; de là,
callebassiformes, portant à la base trois folio-
les calycinales (bractées), longuement obo-
vales, souvent irrégulièrement striées rose
violacé à l’extérieur, blanches à l’intérieur;
tombant avant la fleur. Pétales 6, sessiles,
diarnus, très-épais, obovales, largement
arrondis au sommet, disposés en deux ver-
tidlles superposés, alternes. Etamines,
nombreuses, insérées autour et à la base
des ovaires, qui, très-nombreux et imbri-
qués, forment au centre de la fleur une
sorte de colonne.
Cette plante, qui appartient au groupe des
Magnolia Yii-lan , Soulongemia , purpu-
rea, etc., se range à côté de ce dernier dont
elle est très-différente par ses feuilles beau-
coup plus grandes, par ses Heurs également
beaucoup plus fortes, par ses pétales plus
charnus et plus épais, qui, au lieu d’être
acuminés sent .-très-largement arrondis.
Elle en diffère encore par ses branches
qui sont beaucoup plus grosses, ainsi que
par sa vigueur beaucoup plus grande ; de
sorte que les plantes, au lieu de buissonner,
peuvent s’élever en arbre.
Le Magnolia Lenné fleurit dans la dernière
quinzaine d’avril, et comme cette plante est
très-floribonde, rien, on peut le dire, n’est
plus beau à voir lorsqu’elle est en fleurs.
CERASUS
La plante figurée ci-contre, à laquelle
nous donnons le nom de Cerasus Sieboldtii^
est ce qu’on peut appeler une haute nou-
veauté. C’est une de celles qui, il y a deux
ans, au Congrès de Bruxelles, ont attiré tout
particulièrement l’attention du jury, et qui
a été l’objet d’une mention et d’une ré-
compense spéciales. Le Cerasus Sieboldtii,
iin porté du Japon par M. Fortune, a été
mis au commerce par M. Standish, sans
nom, sous la simple désignation de Doîible
Japonese cherry.
Acheté lors de l’exposition susnommée
par MM. Thibaut et Kételeer, à M Sieboldt,
qui l’avait exposé sous le nom de Cerasus
pseudo Cerasus rosea plena, c’est la pre-
mière fois que le Cerasus Sieboldtii fleurit
en France. C’est donc, nous le répétons, une
haute nouveauté; nous ajoutons que son
mérite est encore rehaussé par sa rusticité.
En effet, il ne craint pas les plus grands
froids, et, il présente encore cet autre avan-
tage de pouvoir être cultivé en pots et de
Plantée alternativement avec le Magnolia
Yu-lan dont les fleurs sont d’un beau blanc,
l’effet produit par cette opposition de cou-
leur est au-dessus de tout ce que l’on peut
dire.
On peut s’en procurer chez certains hor-
ticulteurs, entre autres chez. M. Trulîaut, à
Versailles.
La multiplication ne présente rien de par-
ticulier; on la fait par couchages et par gref-
fes en approche pendant l’été, et en placage
dans la serre vers le 15 juillet.
Quant à la rusticité, elle est des plus
grandes.
Je crois devoir faire observer que les
fleurs viennent même beaucoup plus gran-
des que celles que représente la gravure ci-
contre; ces fleurs ayant été prises sur un
individu qui avait été transplanté l’an der-
nier.
L’origine du Magnolia Lenné paraît en-
core environnée d’obscurité. D’après cer-
taines personnes, ce serait un hybride, ce
qui est probablement plus facile à dire qu’à
prouver. Les uns prétendent qu’il a été ob-
tenu en Allemagne, d’autres, en Italie. La
première hypothèse paraît probable, et j’in-
cline à croire qu’il a été dédié à M. Len-
né, ex-directeur des jardins royaux de
Prusse.
Quoi qu’il en soit, c’est une très-belle
plante, la plus belle du groupe, ce qui n’est
pas peu dire. Il est donc bien permis de la
recommander aux amateurs, qui peuvent
l’acheter de confiance.
Briot.
s’y couvrir de fleurs. Voici les caractères
qu’il présente :
Arbrisseau très-rameux, vigoureux. Feuil-
les alternes, caduques, pétiolées, d’un vert
gai, atténuées à la base, très-longuement
acuminées et comme cuspidées au sommet
qui est obtus, sensiblement nervées, bor-
dées de chaque côté de dents très-fines et
excessivement rapprochées, très-aiguës,
ciliées, molles, très-douces au toucher et
chatoyantes par de nombreux poils laineux
très-fins mais plus abondants en dessous,
accompagnées à la base de deux longues
stipules dentées-fimbriées, parfois longue-
ment bifides, velues, ciliées de toutes parts
comme les feuilles. Pétiole long de 12-
16 millimètres, également velu, cilié, por-
tant à son sommet, près de la base du limbe,
deux glandes globuleuses, rouges, qui plus
tard s’effacent presque complètement tout
en perdant leur couleur. Fleurs d’un rose
carné très-tendre, semi-pleines, à pétales
externes obovales, échancrés, parfois den-
372
CEUAS\]S SÆEOLDTlî.
ticulés au sommet. Étamines nulles. Pétales
internes résultant de la transformation des
étamines, longuement onguiculés ou plutôt
comme pédicellés par suite des filets des
étamines qui, dans cette partie, ne sont pas
complètement transformés, ensuite élargis
vers le sommet qui est échancré denticulé,
ainsi qu’il l’est chez les pétales internes.
Le Cerasus Sieboldlü nous fournit l’exem-
ple d’un mode de duplicature dû à la trans-
formation complète de ses organes sexuels;
aussi est-il toujours stérile. C’est une très-
belle plante, mais malheureusement d’une
couleur trop tendre pour être rendue, et,
quoi qu’on fasse, l’art ne peut que la défi-
gurer. 11 faut y suppléer par l’imagination ;
en d’autres termes, il faut lavoir! Celte
plante vient du Japon ; mais à quelle sec-
tion du genre Cerisier doit-on la rapporter?
Nous ne pouvons le dire. Tout ce que nous
savons, c’est que nous n’en possédons pas de
semblable. Ceci semble confirmé par sa na-
ture organique qui paraît être toute particu-
lière; car, jusqu’ici, toutes les tentatives qui
ont été faites pour la greffer ont échoué. On
n’a encore trouvé aucun sujet avec lequel le
Cerasus SieholcUii puisse s’unir par la greffe :
heureusement qu’il reprend très -bien de
boutures. Pour réussir celles-ci, il faut avoir
un pied en pot, et qu’on laisse pousser à l’a-
bri de Pair, soit dans une serre, soit sous
des châssis, et, lorsque les bourgeons sont
aoûtés, on les bouture et on les place sous
cloche dans la serre à multiplication, oû
ils s’enracinent promptement. Nous de-
vons faire observer toutefois, et ceci est une
règle générale qui s’applique à toutes les
plantes à feuilles caduques, qu’on doit faire
les boutures assez tôt pour qu’elles ne
s’enracinent pas seulement , mais pour
qu'elles puissent pousser avant rhiver. Sars
cette précaution, elles s’enracinent, c’est
vrai, mais les feuilles ne lardent pas à
tonilDer, et les plantes, alors, périssent pen-
dant l’hiver.
Le Cerasus Sieholdtii nous fournit en-
core un exemple du peu de valeur que, dans
beaucoup de cas, on doit ajouter à la villo-
sité. Ainsi toutes ses parties, qui sont exces-
sivement velues lorsqu’elles se développent,
sont pour ainsi dire complètement glabres
un ou deux mois plus tard. Carrière.
EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE DE 1867 L
II
La première série de concours ouvrira le
1er avril 1867 ; elle comprendra ;
11 concours pour Camellia fleuris.
4 — pour plantes de serre chaude
de nouvelle introduction.
2 — pour plantes de serre chaude
obtenues de semis sur le
continent.
3 — pour plantes de serre tempé-
rée de nouvelle introduc-
tions.
4 — pour plantes de serre tempé-
rée obtenues de semis sur le
continent.
A — pour Orchidées.
A — pour Broméliacées.
6 — pour Fougères her-
bacées.
6 — pour Erica fleuris.
2 — pour Acacia et Mi-
mosa.
;1 — pour Fougères her-
bacées.
A pour Amaryllis fleu-
ries.
2 — pour Cinéraires fleu-
ris.
A — pour Primula sinen-
sis fleuris.
de
serre
chaude
de
serre
tempé-
rée et
froide.
2 concours pour Daphné fleuris
3 — pour Cyclamen fleu-
ris.
* Voir lievue
page 346.
horticole, n«> du 16 septembre,
1
1 —
I —
1 —
3 ~
Q
4 —
de
serre
tempé-
rée et
froide.
1 xo*
pour Giroflées fleu-
ries.
pour plantes diver-
ses.
pour Houx,
pour Magnolia gran-
diflora.
pour Yucca,
pour Lierres,
pour plantes ligneu-
ses diverses,
pour Tulipes hâtives
fleuries.
pour Crocus fleuris,
pour Lilas fleuris,
pour Rosiers fleuris,
pour arbustes divers 1
fleuris. !
pour plantes nouvelles diver-
ses.
pour Ananas. ^ I
pour arbres fruitiers i
de
pleine
terre.
de
culture
forcée.
et fruits,
pour Melons,
pour Fraises,
pour Concombres,
pour légumes divers,
pour fruits conservés,
pour Poiriers
de
culture
forcée.
\ A w» l'w « r«
EXPOblTlON ü ^tYEIlSElLE D’HOUTiCELTEKE DE 1807.
373
2 concours pour Pêchers.
Arbres
formés.
pour Cerisiers,
pour Vignes,
pour Pruniers,
pour Abricotiers,
pour divers arbres
ou arbustes frui-
tiers.
arbres fruitiers élevés à liges.
La deuxième série de concours ouvrira
le 15 avril 1807 ; elle comprendra :
12 concours pour Conifères d’ornement.
2 — pour Conifères d’essence fores-
tière.
1
10
3
4
2
2
!
C)
LlOl O.
— pour plantes à feuil-
lage ornemental.
— . pour Orchidées.
— pour Cactées.
— pour Sélaginelles et
Lycopodes.
— pour Agaves.
— pour Aioës.
— pour Dasylirion et
Bonapartea.
— pour Yucca,
pour Rhododendrons
fleuris.
de serre
chaude.
de serre
temperée
et froide.
fleuris.
pour Epacris fleu-
ries.
pour Erica fleuris,
pour Cinéraria fleu-
ris.
pour plantes vivaces,
pour Jacinthes,
pour Pensées,
pour Primula veris.
pour Giroflées jau-
nes.
pour Magnolia à
feuilles caduques,
pour Piosiers tiges
fleuris.
pour Piosiers nains
fleuris.
pour plantes nouvelles diverses,
pour Melons,
pour Fraisiers,
pour Asperges,
pour Concombres,
pour légumes divers.
de pleine
terre.
^de pleine
terre.
Culture
forcée.
La troisième série de concours ouvrira
le 1er niai 1867; elle comprendra :
8 concours pour Azalea indica fleuris.
8 — pour Rhododendrons arboreum,
fleuris.
4 — pour plantes nouvelles de tous
genres.
5 — pour plantes fleuries de tous
genres.
2 concours pour Orchidées fleuries de
serre chaude.
2 — pour plantes spécialement af-
fectées à la décoration des
appartements.
pour Ixia et Sparaxis fleuris,
pour Pivoines arborées fleuries .
pour Pivoines herbacées fleu-
ries.
pour Rosiers tiges fleuris,
pour Rosiers nains fleuris,
pour Clématites fleuries,
pour suspensions garnies dii
plantes à rameaux pendants,
pour Tulipes fleuries,
pour Pensées fleuries,
pour Auricules fleuries,
pour Giroflées quarantaines
fleuries.
pour Réséda fleuris,
pour Gladiolus nains fleuris,
pour plantes nouvelles diverses,
pour Asperges,
pour Champignons,
pour légumes divers,
pour Melons,
pour légumes divers,
pour arbres fruitiers
et fruits,
pour Ananas.
Culture
forcée.
La quatrième série de concours ouvrira
le 15 mai 1867 ; elle comprendra:
11 concours pour Palmiers.
2 —
1 —
pour Cycadées.
pour Orchidées fleuries,
pour Ixora.
pour Azalea indica fleuris,
pour Calcéolaires fleuris,
pour plantes'destinées àl’appro-
visionnement des marchés,
pour Rhododendrons de l’Hi-
malaya fleuris,
pour Auricules fleuries,
pour Rhododendrons de pleine
terre fleuris.
pour Azalées de pleine terre
fleuries.
pour Kalmia fleuris,
pour Clématites fleuries,
pour Rosiers tiges fleuris,
pour Rosiers thés à tige fleuris,
pour Rosiers nains fleuris,
pour végétaux li-
gneux divers,
pour plantes vivaces
fleuries.
pour plantes annuel-
les fleuries,
pour Pivoines herba-
cées fleuries,
pour Pivoines arbo-
rées fleuries.
ide pleine
i terre.
374
EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE DE 1867.
1 concours pour Renoncules fleuries.
1 ' — pour Anémones fleuries.
1 — pour Bellis perennis fleuries.
2 — pour plantes nouvelles diverses.
1 — pour fruits forcés.
2 — pour Raisins de table forcé.
3 — pour légumes divers.
La cinquième série de concours ouvrira
le 1er juin 1307 • elle comprendra :
9 concours pour Orchidées fleuries.
8 — pour Pélargonium à grandes
fleurs fleuris.
5 — pour Pélargonium fantaisies
fleuris.
— pour plantes diverses de serre
chaude.
4- — pour plantes à feuillage orne-
mental.
5 — pour Caladium bulbeux.
1 — pour plantes diverses de serre
tempérée.
3 — pour Calcéolaires fleuris.
4 — pour Verveines fleuries.
2 — pour plantes annuelles fleu-
ries.
2 — pour plantes vivaces fleuries.
3 — - pour Pivoines de Chine fleu-
ries.
1 — pour Œillets fleuris.
2 — pour végétaux li-
gneux.
1 — pour végétaux divers
de terre de bruyère.
5 — pourRliododendrons
4 — pour Azalées demis.
1 — pour Kalrnia fleuris, de pleine
2 — pour Rosiers tiges / terre.
fleuris.
4 — pour Rosiers nains
fleuris.
1 — pour Rosiers sar-
menteux et grim-
pants fleuris.
5 — pour Roses en fleurs coupées.
2 — pour plantes nouvelles diverses
1 — [)our Melons.
3 — pour légumes divers.
3 — pour fruits forcés.
La sixième série de concours ouvrira le
15 juin 1807 ; elle comprendra :
4 concours pour Piosiers tiges fleuris.
5 — pour Rosiers nains fleuris.
1 — pour Rosiers grimpants ou sar-
menteux fleuris.
4 ~ pour Roses en fleurs coupées.
4 — pour Pandanées.
4 — • pour Pélargonium à grandes
fleurs fleuries.
3 — pour Pélargonium fantaisies
fleuris.
3
4
3
5
3
3
3
2
4
1
1
1
2
2
2
1
2
2
3
1
3
1
2
4
concours pour Pélargonium zonale-in-
quinans fleuris.
— pour Orchidées de serre chaude
fleuries.
— pour Théophrasta et Clavija.
— pour Maranta, CalaÜiea et
Phrynium.
' — pour Musa.
— pour Bégonia (types).
— pour Bégonia variétés.
— pour Orangers, Citronniers, etc.
— pour Verveines fleuries.
— ■ pour Calcéolaires fleuris.
— pour plantes vivaces fleuries.
— pour plantes annuelles fleu-
ries.
— pour Delphinium fleuris,
pour Iris fleuris.
— pour Giroflées Quarantaines
fleuries.
— pour Orchidées indigènes.
— pour plantes alpines et alpes-
tres.
— pour plantes nouvelles diverses.
— pour Pivoines herbacées fleu-
ries.
— pour Pivoines arborées fleu-
ries.
— pour Légumes divers.
— pour Bananes.
— pour Cerises.
— pour Fraises.
La septième série de concours ouvrira
le 1^1’ juillet 1867 ; elle comprendra :
7 concours pour Pélargonium zonale-in-
quinans fleuris.
4 — pour Pélargonium 'zonale à
feuilles panachées.
2 — pour Pélargonium (types).
5 — pour Fougères arborescentes.
2 — pour plantes utiles, officinales
des Tropiques.
2 — pour Orchidées fleuries de
serre chaude.
— pour Nepenthes.
— pour Gloxinia fleuris.
— pour Caladium bulbeux.
— pour Pétunia fleuris.
— pour Rochea fleuris.
— pour Crassula fleuris.
— pour Sarracenia.
— pour Amaryllis fleuries.
— pour Lilium auratiim fleuris.
— pour plantes vivaces
fleuries.
— pour plantes annuel-
les fleuries. [ de
— pour plantes vivaces > pleine
à feuilles pana- ( terre,
chées.
— pour Fougères her-
bacées.
EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE DE 1S67.
concours pour Delphinium
fleuris.
— pour Réséda fleuris.
— pour Roses trémières
fleuries. ]
— pour Roses en fleurs coupées.
— pour plantes nouvelles diver-
ses.
— pour légumes divers.
— pour Champignons.
— pour Cerises.
— pour Fraises.
375
La huitième série de concours ouvrira le
15 juillet 1807; elle comprendra :
4 concours pour Œillets tlamands, fantai-
sies, etc., fleuris.
2 — pour Œillets remontants, fleu-
ris.
6 — pour végétaux de serre
chaude.
2 — j3our arbres à fruits exo-
tiques.
3 — pour Gloxinia fleuris.
4 — pour Lantana fleuris.
4 — pour Pétunia fleuris.
1 — pour plantes vi- i
vaces fleuries. f de pleine
2 — pour plantes an- { terre.
nuelles fleuries. )
2 — pour Phlox fleuris.
3 — pour Pentstemon fleuris.
3 — pour Canna.
3 — pour Roses trémières fleuries.
3 — pour Gladiolus fleuris.
2 — pour Delphinium fleuris.
3 — pour Phlox Drummundi fleu-
ris.
1 — pour Alstroemières.
3 — pour Hydrangea et Hortensia
fleuris.
2 — pour plantes nouvelles di-
verses.
4 — pour arbres à fruits à noyau.
3 — pour arbres et arbustes à fruits
en baies.
3 — pour Melons
3 — pour légumes divers.
La neuvième série de concours ouvrira le
août 1867 ; elle comprendra :
6 concours pour Fuchsia fleuris.
4 — pour Gladiolus fleuris.
3 — pour végétaux grimpants, sar-
menteux, etc., exotiques.
— pour Passiflores fleuris.
pour Héliotropes fleuris,
pour Phylica ericoides, vul-
gairement bruyère du Cap.
pour Dahlia fleuris,
pour plantes vivaces fleuries,
pour plantes annuelles fleuries,
pour Œillets divers fleuris.
5 concours pour Roses trémières fleuries.
3 — pour Phlox decussata fleuris.
2 ■ — pour Lilium fleuris.
2 — pour Zinnia dore pleno fleuris.
2 — pour Lobelia lleuris.
2 — pour Tropœlum fleuris.
3 — pour Hydrangea et Hortensia
fleuris.
2 — pour plantes nouvelles diver-
ses.
3 — pour fruits à pépins.
4 — pour fruits à noyau.
3 — pour fruits en baies.
2 — pour Xiaisins hâtifs.
1 — pour Pêches.
3 — pour légumes divers.
La dixième série de concours ouvrira le
15 août 1857; elle comprendra :
12 concours pour Aroïdées diverses.
1 — pour Orchidées de serre
chaude.
3 — pour Gesneria fleuris.
3 — pour Acliimènes fleuris.
1 — pour Nœgelia, etc., fleuris.
4 — pour Fuchsia fleuris.
3 — pour Erythrina lleuris.
2 — pour Pélargonium Zonale-in-
quinans fleuris.
2 — pour plantes pour suspen-
sions.
2 — pour plantes vivaces fleuries.
2 — pour Dahlia fleuris.
2 — pour Roses trémières fleuries.
3 — pour Pentstemon fleuris.
1 — pour Phlox fleuris.
2 — pour Œillets remontants fleu-
ris.
4 — pour Reines-Marguerites fleu-
ries.
3 — pour Balsamines fleuries.
3 — pour Zinnia flore pleno fleu-
ris.
2 — pour plantes annuelles di-
verses fleuries.
1 — pour Lilium fleuris.
4 — pour Gladiolus lleuris.
1 — pour Bruyères indigènes fleu-
ris.
2 — pour plantes aquatiques exo-
tiques.
1 — pour plantes aquatiques indi-
gènes.
2 — pour plantes nouvelles di-
verses.
3 — pour légumes divers.
1 — pour Melons.
3 — pour fruits à pépins.
3 — pour fruits à noyau.
3 — pour Pêches.
2 — pour Raisins de table.
i — pour Figues.
EXPOSITION UNIVERSELLE D’HORTICULTURE DS 18A7.
La onzième série de concours ouvrira le
1er septembre 1867 ; elle comprendra :
7
4
^2
2
3
2
1
1
2
2
1
2
1
1
2
O
0
3
3
1
3
2
3
3
concours pour Dahlia fleuris.
— pour Dracæna et Cordyline.
— pour Croton.
— pour Allamanda.
— pour Fuchsia fleuris.
— pour Véroniques fleuries.
— pour Pélargonium Zonale-in-
quinans fleuris.
— pour plantes vivaces de pleine
terre fleuries.
— pour Dianthus sinensis, he-
dewgii, etc., fleuris.
— pour plantes annuelles fleu-
ries.
— pour Reines-Marguerites fleu-
ries.
— pour Balsamines fleuries.
— pour Roses en fleurs cou-
pées.
— pour Rosiers thés fleuris.
— pour Gladiolus fleuris.
— pour plantes nouvelles di-
verses.
— pour légumes divers.
— pour fruits à pépins.
— pour fruits à noyau.
— pour Pêches.
— pour Raisins de table.
— pour Figues.
— pour Ananas.
— pour arbres à feuilles cadu-
ques propres au repeuple-
ment des forêts.
3 concours pour arbustes, arbrisseaux et
sous-arbrisseaux propres à
garnir les pentes abruptes
ou les terrains dénudés.
La douzième série de concours ouvrira
le 15 septembre 1867; elle comprendra :
4
2
4
4
4
2
2
2
î
1
1
O
0
1
1
3
1
2
i
Q
3
7
2
concours pour Araliacées diverses.
— pour végétaux de serre chaude
à grands feuillages.
— pour Canna.
— pour Solarium.
— pour Figuiers et Artocarpées.
pour Hibiscus sinensis fleuris.
— pour Musa.
— pour Fuchsia fleuris.
— pour Pélargonium Zonale-in-
quinans fleuris,
pour Plantes vivaces fleuries.
— pour Graminées ornementales.
— pour Dahlia en fleurs coupées.
— pour Chrysanthèmes hâtives
fleuries.
— pour Aster fleuris.
— pour Gladiolus fleuris.
pour Roses en fleurs coupées.
— pour Bambusa divers.
— pour plantes annuelles fleuries.
— pour plantes nouvelles di-
verses.
— pour légumes divers.
— pour Raisins de table,
pour fruits à pépins.
Raf.\rin.
PLANTES QUI PEUVENT VIVRE DANS LE VOISINAGE
DE LA MER.
Par suite de la facilité des communica-
tions, beaucoup de sites très-agréables placés
dans le voisinage de la mer, et qui autrefois
étaient à peu près déserts, sont aujourd’hui
très-fréquentés, de sorte qu’on voit mainte-
nant des belles résidences là où il n’y avait
jadis que quelques misérables cabanes.
Le complément d’une habitation d’été, sur
les bords de la mer comme ailleurs, c’est
un jardin. Mais, on le sait, le voisinage de la
mer est nuisible à la plupart des végétaux, et
celui qui planterait indistinctement ne tarde-
rait pas à éprouver de cruelles déceptions. Je
crois donc être agréable aux lecteurs de la
Revue horficole en leur indiquant les plan-
tes, que ma longue expérience m’a in-
diquées comme pouvant croître dans ces
conditions exceptionnelles. Ce sont, parmi
les Conifères les Plnus halepensis, insignis^
f)umilio, sylvestriSyLariciOjAustriaca, le Pi-
/iMs/mfepensw surtout vient très-bien; je l’ai
vu réussir là où aucune autre espèce ne vou-
lait pousser. Les Ahies ne réussissent pas,
excepté pourtant VA. balsmnea.
Les arbres à feuilles caduques qui vivent
bien au bord de la mer sont les Peupliers,
les Saules, les Platanes, les Sorbiers, les
faux-Ebéniers, les Lilas, les Aulnes, les
Cerisiers à fruits et d’ornement, les Epi-
nes, etc. Les Robinia n’y vivent pas.
Parmi les arbustes à feuilles persistantes
ou caduques qui poussent dans ces condi-
tions, je puis citer les Fusains du Japon, le
Phlomis fruticosa, les Baccharis, les Lau-
riers-amandes et d’Apollon, les Genets, les
Lyciimyles Romarins, les Arbousiers, l’A-
triplex halimus ou Pourpier de mer, les
Colletia, le Lavatera arborescens, les Eleag-
nuSy l’Hippophæ rhamnoïde, Vhypericum
hircinum, les Lauriers-Tin, le Rudleia glo-
bosa., le thym, les variétés vigoureuses de
Fuchsia, les Lierres, etc.
377
PLANTES QUI PEUVENT VIVRE DANS LE VOISINAGE DE LA MER,
En publiant cette liste, je n’ai pas la pré-
tention d’indiquer toutes les plantes qui
peuvent vivre au bord de la mer; il y en a
évidemment un grand nombre d’autres, mais
ce sont celles que j’ai reconnues s’y plaire
et sur lesquelles, par conséquent, l’on peut
compter. On pourra donc, h côté de celles
que j’indique, en planter d’antres à titre
d’essais.
Louvel aîné,
Pépiiiioriste et Paysajists
à Fécamp
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ HORTICOLE, VIGNERONNE
ET FORESTIÈRE DE TROYES.
Sous ce titre, la nouvelle Société de l’Aube
vient d’ouvrir sa première exposition chez
elle. Ses premiers pas, elle les avait faits à
Auxerre, et le succès l’avait enhardie. Ajou-
tons qu’il l’a suivie cette fois sur son propre
terrain.
Ce qu’il faut applaudir surtout dans cette
manifestation, ce n’est pas seulement le ré-
sultat obtenu aujourd’hui, c’est l’idée qui a
présidé à la fondation de cette société.
Ainsi, elle a inauguré le système des con-
férences publiques, à l’instar de la Belgique.
Elle a compris que la diffusion des bonnes
pratiques horticoles ne se fait que par l’au-
dition, parce que les jardiniers ne lisent pas.
Ils ne liront que si on leur ouvre l’esprit
aux bonnes théories et si on excite leur cu-
riosité par l’exposé clair et simple de faits
qui les frappent et leur donnent l’idée d’aller
plus loin.
Les meilleurs greffeurs, les ouvriers émé-
rites, les anciens serviteurs sont récompen-
sés par elle avec soin. L’apiculture, la zoo-
logie, l’entomologie horticoles trouvent une
place hospitalière dans les expositions de la
nouvelle Société.
Nous la félicitons également du titre
qu’elle a pris. En effet, la culture des forêts
et des vignes ne tient-elle pas étroitement à
l’horticulture, qui est, ensomme, leur mère.
Les lins cépages ne sont-ils pas d’abord pro-
pagés par les procédés horticoles, et, sans
avoir passé par l’expérimentation localisée,
auraient-ils pris des titres à la grande cul-
ture? Il en est de même pour les forêts : si
nous devons voir la France repeuplée de
beaux bois, cette source de richesse des
États, cette indispensable parure des mon-
tagnes, sauvegarde des inondations à la fois
et principal agent de la santé publique, la
source en est dans le jardinage. — Nous de-
vons y chercher les essences favorables,
essayées de longue main par une culture
suivie dans les circonstances les plus diver-
ses de terrains et d’expositions. C’est à voir
dans les parcs ces beaux Chênes d’Amérique
rapportés par André Michaux, que l’idée
est venue d’en boiser une partie du bois
de Boulogne, et en peu d’années les nou-
veaux venus avaient pris droit de cité et
dépassé de beaucoup leurs congénères indi-
gènes. Le géant de la Californie, le Welling-
tonia gigantea, est sorti de nos jardins de-
puis peu d’années, et déjà nous en connais-
sons de vastes plantations qui prospèrent à
merveille.
Nous n’avons pas besoin d’insister plus
longtemps pour prouver l’étroite et naturelle
alliance de l’horticulture à la viticulture et
aux forêts. Le litre de la Société troyenne a
donc sa raison d’être. De plus, des mem-
bres autorisés et instruits se partagent fra-
ternellement les différentes sections où leurs
talents prennent plus spécialement place ,et
ces efforts réunis ont produit déjà cette ex-
position intéressante à laquelle nous reve-
nons après cette digression nécessaire.
Une heureuse idée avait placé les fleurs,
les fruits et leurs accessoires dans les jardins
publics que la ville de Troyes doit à l’initia-
tive de son maire, M. Argence. On avait
choisi la partie la plus pittoresque, la val-
lée Suisse, pour y installer les produits dans
un art ingénieux et charmant. Les fleurs,
les plantes, les abeilles, les appareils de
pisciculture devinrent autant de motifs de
décoration qui étaient à la fois un but de
promenade et d’intérêt pour les visiteurs.
Parmi les principaux fondateurs de la So-
ciété se comptent MM. Ballet frères. Ils sont
trop de nos amis pour que nous puissions
parier d’eux avec assez d’indépendance. Il
nous suffira donc de dire que non-seulement
ils ont contribué de toutes leurs forces à
l’établissement et aux succès de la Société,
mais qu’ils étaient encore cette fois comptés
parmi les principaux exposants. Le jury a
été heureux de leur attribuer la médaille du
Ministre de l’agriculture et du commerce
pour l’ensemble de leur exposition.
AM. Guéniot, de Troyes, une médaille
d’argent pour ses arbres et ses fruits (on se
rappelle que c"est à M. Guéniot que Ton
doit la Poire Lebrun, autrefois figurée et
décrite par nous dans [a. Revue horticole).On
remarquait encore les lots de fruits de
MM. Gibey-Lorne, Bertrand, le prince de
Luciuse, qui ont reçu chacun une médaille
d’argent.
Une intéressante collection de fruits à ci-
dre, exposée par M. Rousseau, l’un des plus
intelligents professeurs que le département
de l’Aube ait chargés des cours publics de
taille, n’a pu être récompensé. M. Rousseau
378 EXPOSITION DE LA SOCiÉTÉ HORTICOLE,
était notre collègue au Jury; or, on sait
qu’il est impossible d’être à la fuis juge et
partie.
La floriculture avait pour principal re-
présentant, M. Léger. La médaille d’or des
dames patronesses à récompensé son en-
semble des plantes de serre chaude. Pélar-
gonium zonal, EpiphyUim, Caladium,
Bégonia, Glaïeuls de semis. Parmi ces der-
nières nouveautés, plusieurs plantes re-
marquables ont été surtout primées par le
jury qui leur a, séance tenante, donné les
noms de : Madame Isidore Salles, Président
Argence, Madame Lucien Tisserand, Ma-
dame Voiteij, Souvenir de Troyes.
Des médailles de vermeil ont été appli-
quées aux fleurs et treillages de M. Chatron-
Lasnier; aux Bégonias et nouveautés de
M. Weber, de Bar-sur- Aube; aux plantes
d’ornement variées de M. Bozier-Denis.
MM. Bélican, Branche, Cresson, Tétart,
Asselin, Gibet-Lorne, se sont partagé les
autres récompenses saillantes de la llori-
culture troyenne, et M. Lamblin de Chau-
mont, a présenté avec succès un Gynérium
panaché, de ses semis, qui n’a que le défaut
de faire double emploi avec celui de M.
Rendatler de Nancy.
La ville de Troyes avait fondé une dis-
tinction importante, une médaille d’or. Elle
a été décernée aux belles cultures maraî-
chères de M. Lyé-Petit, dont les lots ont
été fort remarqués ; les médailles d’argent
étaient reparties entre MM. Ravoyot et Bou-
nelier, Dambouville, Lutrat, tous de Bar-
sur-Aube et portant haut la renommée cul-
urale de cette fille aînée de la métropole
royenne.
VIGNERONNE ET FORESTIÈRE DE TROYES.
La médaille de vermeil donnée par
monseigneur Ravinet évêque de Troyes est
échue à M. Dupont-Poulet, pour son exposi-
tion de vignes et accessoires. M. Guérin-
Gautherot, et Eugène Ray, pour leurs vi-
gnes et leurs vins, celui-ci surtout avec les
fameux produits des Riceys, venaient aussi
en première ligne, et étaient suivis immé-
diatement par MM. Ricard, d’Evrÿ, pour
vignes conduites suivant' le système Guyot,
Robert, pour ses futailles fines des Riceys ;
Poulet, pour vignes et vins.
M. de Ghavaudon a imprimé à la sylvicul-
ture de la région qu’il habite avec sa famille
une vive et féconde impulsion. La médaille
d’or de la société forestière de France lui a
été décernée pour la perfection de ses pra-
tiques sylvicoles dans les environs de Droupt
sur Baie et surtout des grandes plantations de
Sapins.
Les autres récompenses s’appliquaient
à MM. de la Fournière, à Montsuzain, Du-
tailly, aux Riceys, Julien Baltet, à Vaude-
part; force nous est de passer nombre de
lauréats non moins importants.
La zoologie et ses accessoires ont été
primés dans les personnes de M. Huot,
pour produits agricoles, Dillot, de Ton-
nerre, pour collection entomologique.
Enfin, dans les sections d’apiculture, de
pisciculture, les instruments divers se rap-
portant à ces sciences, comme au jardinage^
étaient largement représentés. Ils échappent
cependant à notre juridiction et sortent de
notre spécialité; nous n’avons qu’à les men-
tionner pour mémoire en disant qu’ils ont
été fort appréciés et non moins récompen-
sés. Ed. André.
LES glaïeuls nouveaux DE 1866.
Nous n’apprendrons rien de nouveau
aux lecteurs de la Revue en leur disant
que les Glaïeuls Gandavensis hybrides, ori-
ginaires de la Belgique, sont devenus des
plantes éminemment françaises, par suite
des perfectionnements nombreux apportés
dans ce beau genre par les semeurs français,
qui doivent leurs succès, non-seulement à
un climat très-favorable, mais aussi, et sur-
tout, à l’intelligence qui a présidé aux fécon-
dations artificielles des espèces ou variétés
entre elles, et au choix des porte-graines.
De tous les semeurs (parmi lesquels ils"
faut citer MM. Truffaut, Domage, Duval,
Malet, Loise, Verdier, Paulin Leveau, etc.,
M. Souchet, l’habile jardinier du Palais de
Fontainebleau, est celui qui a obtenu les
plus beaux résultats, et l’on peut affirmer,
sans crainte d’être contredit, que c’est à lui
que l’on doit la majorité des plus belles va-
riétés cultivées aujourd’hui. i
Contrairement à ce que l’on observe chez
la plupart des semeurs, M. Souchet, est pour
ses enfants, c’est-à-dire, pour les gains ob-
tenus dans ses nombreux semis, d’une sé-
vérité telle, que ses amis eux-mêmes s’é-
tonnent de sa réserve et de sa modestie, et
le blâment même de ne pas mettre tous les
ans au commerce un nombre de variétés
plus grand qu’il ne le fait. — C’est que
M. Souchet est, en même temps qu’un se-
meur, un amateur véritable et difficile, et
qu’il veut qu’en achetant une de ses nou-
veautés, l’amateur le plus rigide y trouve,
non-seulement une variété distincte de
celles déjà connues, mais encore un progrès
dans la couleur, l’ampleur et surtout dans
la forme et la tenue des fieurs.
C’est-à-dire que la nouvelle série de
Glaïeuls mise au commerce en 1866 par
M. Souchet, ne le cède en rien à celles des
années précédentes et les surpasse même
LES glaïeuls nouveaux DE 1866.
379
SOUS bien des rapports; aussi croyons-nous
être agréable aux lecteurs de la lieviie hor-
ticole, en leur donnant ci-après la nomen-
clature et la description de ces nouveautés
que l’on pourra se procurer chez les prin-
cipaux marchands grainiers et dans les
principales maisons horticoles de Paris.
jo Nouveautés dont les fleurs ont été mon-
trées pour la première fois en 18GG :
A. BronijniarV . Fleur ^extra grande,
de forme et d’une tenue parfaites, fond
rose légèrement teinté orange, tïammé
rouge très -grande macule blanche.
Plante très-remarquable par son colo-
ris frais et séduisant, par l’ampleur et
la perfection de ses fleurs. Extra.
Princesse Marie de Cambridge. Fleur
très-grande, très-ouverte, forme et te-
nue irréprochables, blanc mat, très-
large macule, carmin clair, extra.
Sir William Hooker. Fleur grande, très-
ouverte, forme et tenue parfaites de
couleur cerise claire, macule rose car-
miné sur large fond blanc pur, d’un
grand effet.
7Vi. Paxton. Fleur grande, forme et te-
nue parfaites, rouge légèrement teinté
orange clair, finement strié rouge car-
miné sur fond blanc, coloris très-bril-
lant.
Lady Franklin. Fleur très-grande, forme
et tenue parfaites, blanc légèrement
teinté de rose, finement strié carmin et
très-largement flammé rose carminé
(variété naine).
Anaïs. Fleur moyenne, forme parfaite,
blanc très-légèrement teinté lilas, très-
grande macule, blanc soufré, très-lar-
gement bordée carmin lilacé (variété
naine).
Th. Moore. Fleur grande, forme et tenue
parfaites, très- beau rose carminé à
fond blanc, maculé et flammé carmin
vif.
’ Il ne faut pas confondre cette variété avec
« Président Brongniart, » nouveauté présentée en
août 1866, par M. Cliardine à la Société Impériale-
Centrale d’horticulture, qui l’a jugée digne de son
patronage et d’une récompense spéciale.
PLANTES NOUVELLES, î
Acer palmatum roseum. Variété plus dé-
licate que le type, d’origine japonaise comme
celui-ci. Feuilles à peu près semblables à
celles du type, peut-être un peu plus petites,
bordées de toutes parts d’une ligne rose.
Japon. Très-rustique. — MM. Thibaut et
Keteleer.
Corylopsis spicata. Arbrisseau à feuilles
caduques, à peu près orbiculaires, glabres.
Révérend Berkeley. Fleurs grandes ,
forme et tenue parfaites, disposées en
épi serré, rose-vif teinté de violet strié
carmin sur fond blanc.
Apollon. Fleur grande, forme et tenue
parfaitês, rose lilacé, large macule,
carmin vif très-foncé, rayée blanc au
centre.
Bernard De Palissy. Fleur grande, bonne
forme, rouge cerise vif, flammé et strié
rosecarminésurunlargefondblancpur.
Noémie. Fleur grande, rose-clair, lilacé;
épis très-ample.
Félicien David. Fleur grande, forme et
tenue parfaites, rose cerise, strié car-
min clair sur un large fond blanc; très-
bel épi.
2» Nouveautés déjcà examinées en 1865
et mises pour la première fois au commerce
en 18G6.
Brillant (S). Fleur grande, belle forme,
, rouge pourpre, très-belle nuance.
Emilie (S). Blanc flammé rose, macule
brun foncé.
Flavia (S). Rouge très-brillant, nuance
un peu plus foncée que celle de Na-
poléon III.
Greiize (S). Rouge cerise, flammé pour-
pre ; variété vigoureuse, très-belle.
Le Titien {S). Fleurs grandes, de forme
parfaite, disposées en épi très-ample,
d’un rouge écarlate très-brillant ; très-
belle plante.
Météor {S). Rouge foncé, très-brillant,
grande macule d’un blanc pur; plante
très-remarquable.
Mirabilis (S). Rouge très-clair; très-
belle plante.
Nelly (S). Blanc flammé, rose carminé,
large macule, carmin foncé.
Cette série renferme deux catégories :
lo celle des nouveautés d’un mérite vrai-
ment transcendant, et dont les fleurs ont été
appréciées pour la première fois en 1866;
2» celles qui ont été jugées les plus dignes
et les plus recommandables parmi les nou-
veautés examinées en 1865 mais qui n’a-
vaient pas encore pu être suffisamment ap-
préciées ni .multipliées pour être livrées
au commerce. Clémenceau.
1RES OU PEU CONNUES.
Fleurs printanières petites, jaunâtres. —
Japon. Très-rustique. — MM. Thibaut et
Keteleer.
Anthurium magnificum. Feuilles très-
grandes, cordiformes, longuement pétiolées, -
vertes, à nervures très-marquées, jaunâtres.
Fleurs solitaires, blanchâtres au sommet
d’un long pédoncule.
Cytisus laburnum intermedium. Arbris-
380
PLA^sTES NOUVELLES, UARES OU PEU CONNUES.
seau vigoureux à aspect général du C. labar-
num. Branches arquées, pendantes, un peu
lléxueuses, à écorce rugueuse écailleuse et
comme subéreuse, fendillée. Feuilles de
forme à peu près semblable au C. laburnum,
mais à folioles souvent un peu plus petites,
et presque toujours plus ou moins contour-
nées. — Cette plante, très-remarquable et
très-intéressante, a été obtenue au Muséum
de graines du C. laburmm. Par son écorce,
elle se rapproche du C. Weldeni.
Liguslrum salicifolium. Arbrisseau très-
vigoureux à feuilles opposées-décussées,
caduques, dépassant parfois de lon-
gueur sur environ 0'^'. 03 de largeur. Fleurs
blanches, petites, très-nombreuses, dispo-
sées en longues grappes lâches, répandant,
comme toutes les autres espèces du genre,
une odeur très-forte qui rappelle celle des
heurs d’Orangers- — Vieille plante, devenue
rare quoique belle. — Gèle souvent à Paris.
Populus nivea Salomonii. Arbre un peu
l)uissonneux, à branches diffuses. Branches
divariquées. Bameaux grêles, tombants.
Feuilles de forme variable, les unes sub-
rhomboïdales, les autres irrégulièrement
cordiformes, atténuées aux deux bouts,
unies, très-luisantes et comme vernies à la
face supérieure, entièrement couvertes d’un
tomentum feutré, très-épais et d’un blanc de
neige très-brillant à la face inférieure. —
Le pétiole des feuilles ainsi que l’écorce des
jeunes bourgeons sont également tomenteux-
argentés.
Cette forme a été envoyée d’Algérie au
Muséum, par M. Salomon, ex-employé de cet
établissement, vers 1856. — Plante très-
rustique et belle, mais d’une multiplication
difficile.
Paliurus luciclus. Cette espèce que le Mu-
séum a reçue de la Chine, a été envoyée par
M. E. Simon; elle forme un arbrisseau assez
joli, mais moins épineux que le P. aculea-
tiis. Elle est surtout remarquable par ses
feuilles qui sont d’un vert très-luisant,
comme vernies. — Très-rustique.
Bambiisa edulis; B. mitis, hort. Cette
espèce dont on mange, dit-on, les jeunes
pousses comme on le fait de celles du Hou-
blon, est originaire de Chine; elle est très-
vigoureuse et très-rustique, elle appartient
au groupe des nudicaules. Voici les carac-
tères qu’elle présente:
Tige dressée, très-ramifiée, verte. Spathe
gemmaire très-grande, bientôt jaune; gaines
ciliées noirâtres, se prolongeant un peu au-
dessus du point de départ du limbe de la
feuille. Feuilles minces, très-finement ser-
rulées et comme ciliées sur les bords, d’un
vert-clair en -dessus, glaucescentes en-des-
sous, très-longuement acuminées au som-
met.
Pélargonium gloire de Nancy. Cette va-
riété qui appartient au P. Zonale, n’est pas
aussi connue qu’elle mérite de l’être. Nous
la connaissions depuis longtemps de nom,
mais ce n’est que tout récemment que nous
avons pu la juger en pleine terre sur des
pieds forts et vigoureux, et nous pouvons
assurer que c’est une très-belle plante. Ses
fleurs, très-pleines, d’un rouge cerise foncé,
sont réunies en grande quantité et forment
de larges ombelles capitiformes au sommet
d’un fort pédoncule. Obtenue par M. Le-
moine, horticulteur à Nancy.
Pélargonium Emma Leroy. Celle variété,
presque rivale de Mistress Pollock, est un fait
de dimorphisme et de dichroïsme du P. Zo-
nale rubens, et qui s’est montré au fleuriste
de la ville de Paris. Elle ne diffère guère de
Mistress Pollock que par le cercle zoné qui
est un peu moins rouge. Ce que nous devons
faire surtout remarquer, c’est que la mère
(P.Bubens) aies feuilles grandes, largement
lobées, à lobes arrondis, à zones à peine
marquées, tandis que l’enfant (Emma Leroy)
a les feuilles plus petites à zones jaunes re-
levées de brun-rouge-aurore à reflet rosé.
Le P. Emma Leroy, présente encore cette
particularité que le cercle zoné de ses feuil-
les devient d’autant plus intense qu’il est
placé à l’air et surtout au soleil. — Belle
plante.
Bambusa Simonii. Cette espèce, qui a été
envoyée de la Chine au Muséum parM. E.
Simon, appartient à la section des Spatha-
cées. Voici les principaux caractères qu’elle
présente :
Plante vivace, très-rustique, excessive-
ment traçante, à tiges nombreuses, très-
glauque-farinacée près des nœuds, pouvant
atteindre dans une même année 3 mètres de
hauteur. Rameaux fasciculés à la base des
nœuds, très-rameux, renfermés dans une
spathe blanc-jaunâtre. Feuilles très-étroite-
ment linéaires, atteignant 25 â 30 centimè-
tres, parfois plus, de longueur, fortement
serrulées sur les bords, les unes panachées-
striées blanc, les autres complètement ver-
tes , longuement acuminées au sommet.
Gaines non ciliées, prolongées un peu au-
dessus de la base du limbe. — Plante très-
belle et très-distincte.
Fremontia Californica. Cet arbrisseau,
excessivement floribond, est originaire de
Californie où il fut découvert par le colonel
Frémontdans les montagnes Rocheuses, en
1846. Pendant plusieurs années il n’en
existait en Europe (en Angleterre) qu’un
seul individu qui, par suite des mutilations
qu’on lui a fait subir pour le multiplier,
n’a pas tardé â périr; mais il a été de nou-
veau introduit par MM. Veitch et C^®, qui ont
été assez heureux pour le multiplier.
Carrière.
Moutereau. — liup. üeL^oii ZanoU.
CHRONIQUE HORTICOLE (première quinzaine D’OCTOBRE),
Exposition de la Société impériale et centrale d’horticulture. — Mauvaise disposition du local. — Res pro-
grammes. — Liberté d’action des exposants. — Les concours imprévus. — Etiquettes des plantes expo-
sées — Nécessité d’indiquer le genre des plantes. — Le Bigarreau Dônissen. — Communication de
M. Glady. — Le Mûrier de Constantinople. — Notice publiée par M. le docteur Hénon. — Lettre de
M. Sisley.— Dictmmairepomolo(}ique,\)uhUé par M. André Leroy, d’Angers. — Poire Bergamote d’au-
tomne. — Synonymie .— Historique. — Description de l’arbre et du fruit. — Chou Chan^tong. — Le
Chou Pet-sai. — La Poire Joséphine de Malines. — Communication de M. Blanchard. Culture des
Phormium en pleine terre, à Brest. — Leur «oraison et leur fructification!
L’événement hor/icole le plus important
de la quinzaine qui vient de s’écouler, c’est
l’exposilioii de la Société impériale et cen-
trale d’horticulture. Cette exposition a-t-
elle été ce qu’elle pouvait être? Sur ce point
les opinions sont partagées, mais le plus
grand nombre penche pour la négative.
C’est aussi notre avis. Cependant nous
croyons que l’exposition a été mal jugée;
elle contenait plus de richesses horticoles
qu’il ne paraissait y en avoir, à cause de la
disposition regrettable du local.
Si les opinions sont partagées sur les ef-
fets, elles ne le sont pas moins sur la
cause. Nous allons faire connaître notre opi-
nion à ce sujet.
Nous dirons d’abord que le local était
mauvais, et qu’une exposition faite dans ces
conditions, c’est-à-dire éparpillée comme
elle l’était, soit dans une petite cour entou-
rée de grands batiments, soit dans des salles
ou dans des cabinets plus ou moins som-
bres (il y en avait où l’on pouvait à peine
distinguer-les objets), fût-elle même très-
belle, paraîtrait tout au plus médiocre.
L’insouciance des horticulteurs doit être
aussi comptée au nombre des causes nuisi-
bles à l’exposition. Un très-petit nombre
avait répondu à l’appel ; à ce point que,
la veille de l’exposition, la commission, aux
abois, ne savait trop si elle pourrait ouvrir
ses portes au public. Il a fallu implorer
quelques horticulteurs pour obtenir des
plantes telles qu’elles.
On peut aussi attribuer cette désertion de
la part des horticulteurs aux programmes,
sortes de liens qui ont pour effet de gêner
les exposants, sans être favorables à per-
sonne.
^ Les programmes instituent, en effet, une
série de concours entre des plantes déter-
minées. Si les horticulteurs ne possèdent
as ces plantes, ou s’ils n’en ont pas un nom-
re d’exemplaires suffisant pour prendre
part au concours, ils sont obligés de s’abs-
tenir; ou bien, s’ils se décident à exposer,
les plantes qu’ils présentent alors n’étant
pas comprises dans le programme, sont re-
léguées dans la catégorie des concours
imprévus où elles ne sont pas très-largement
traitées.
^ Ce qu’il faut, c’est la liberté d’action,
c’est ouvrir les portes toutes grandes et
faire un appel général. Mais aussi, il faut un
16 Octobre 1866,
jury d’admission sévère et compétent ayant
plein pouvoir pour admettre ou pour rejeter
les objets qui ne conviendraient pas. Si, à
la rigueur, on trouve un programme néces-
saire, nous voulons bien qu’on en use, mais
pour servir seulement d’indication générale;
cela n’empêche pas de laisser une latitude
complète aux concours imprévus. De cette
manière, tous les intérêts seront servis,
l’exposition sera abondamment pourvue, et
chacun ayant la liberté d’apporter ses pro-
duits, les jurés n’auront qu’à apprécier le
mérite des lots exposés.
L’insuccès tient peut-être aussi à ce que
cette exposition ressemblait à toutes les
autres et n’offrait rien de nouveau.
Nous avons émis notre opinion d’une
manière générale sur l’organisation; nous
n’entrerons pas dans de plus grands détails,
notre collaborateur, M. Verlot, ayant bien
voulu se charger de rendre compte de l’ex-
position.
Nous terminons par une observation qui
s’adresse à la commission d’organisation.
Elle nous a été suggérée par des conversa-
tions particulières que nous avons enten-
dues.
On voyait à l’exposition certains lots
composés de genres nombreux en variétés,
pour lesquels on s’était contenté de mettre
le nom de la variété sans indiquer celui du
genre; ainsi, par exemple, pour les Pélargo-
nium, les Glaïeuls, les Lantana, etc., on li-
sait sur les étiquettes : Gloire de Versailles,
Fille de l’air. Triomphe de l’exposition, le
Centaure, l’Eclair, Vainqueur de Puebla,
Pluton, Magenta, la Victoire, etc., etc. Cela
nous paraît insuffisant. Nous aurions voulu
voir sur chacun de ces apports : collection
de Pélargonium, collection de Lantana, col-
lection de Glaïeuls , etc., etc. Car il n’en
est pas des plantes comme des Poires et
des Pommes : si tout le monde connaît ces
fruits, tout le monde ne connaît pas les
fleurs. Les amateurs qui ne savent pas le
nom générique d’une plante sont bien obli-
gés de s’en rapporter aux étiquettes, s’ils
veulent se la procurer. Or le nom de la
variété ne [suffit pas pour désigner une
plante. Qu’arriverait-il, par exemple, si l’on
demandait à un horticulteur d’env®yer Brin-
Driny ou Fille de Vair?
L’observation que nous faisons ici est
dans l’intérêt général; aussi nous osons
20
382
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE H’OCTORRE).
croire que la Société impériale et centrât e
d'horticulture en tiendra compte. Nous di-
rons aussi que nous avons vu avec regret
des Dahlias et même des plan les de col-
lection exposés sans autre indication qu’un
numéro. C’est trop peu à notre avis; et
puisqu’on exige que les fruits soient éti-
quetés (et on a raison de le faire), on
devrait agir de même lorsqu’il s’agit de
plantes.
— Nos lecteurs se rappellent l’intéressant
article de M. E. Glady, de Bordeaux,' sur le
Bigarreau jaune de Donissen, publié dans
la Revue horticole sous le nom qualifi-
catif de Dochmissen. A ce sujet, nous trou-
vons une note rectificative dans les Auîiales
de la Société dliorticulture de la Gironde.
(Numéro du 2 septembre 18GG.) Il en ré-
sulte qu’au lieu de Dochmissen, il faut écrire
Donissen. Nous croyons devoir reproduire ce
qu’ont dit deux célèbres pomologues aile- «
mands, MM. Doclinahl et Oberdieck, de ce
bigarreau, et nous faisons l’extrait suivant
des Annales de la Société d'horticulture de
la Gironde.
bigarreau jaune de donissen.
Donîssen’s g^elbe knoriîelîkîrsche. —
{Systematisches handhuck der Obstkunde,
Dittricii, 34. — Der Sichere Filhrer in der
Obstkunde, etc., F. -G üochnaiil, 111 Band.,
n° 148 ).
Bigarella luteola, F. -G. Doclm., 1. c.
Lady Southampton'’s Yellow'î A. Catal . of the
fruits cultivated in the garden of the hort.
Soc. of London.
Fruit gros, en forme de cœur aplati, plus large
ue haut, pressé Ides deux côtés, souvent ron-
elet, jaune clair, très-rarement rougi du
côté exposé au soleil . — Queue très-longue,
devenant rouge après la cueillette, très-effi-
lée. — Chair non très-ferme, un peu rouge
autour du noyau, très-douce. — Jsoyau à peu
près ovoïde. — Arbre passablement fertile.
— Maturité vers la mi-juillet. — Fruit de
table de deuxième ordre, de ménage et de
marché.
F. -G. DOCIlNAIiL.
Doîiisseii’s g-eîîie UsiorpelSîirsi'iie {lUuS-
trirtes handbuch der Obskunde, J iliu, Lu-
cas et Oberdieck; Die Kirsche, n° 47.
Origine. — L’origine n’est pas connue d’une
manière suffisamment précise ; ce fruit pro-
vient vraisemblablement de semis faits à Gu-
ben, et a reçu le nom de son obtenteur. Dans
tous les cas, cette variété est d’origine alle-
mande. Elle a été un peu répandue par
Dittricii, mais il s’en faut de beaucoup qu’elle
soit connue comme elle devrait l’être. Parmi
les Cerises jaunes, elle est certes la meilleure,
et, mélangée à d’autres, elle est le plus bel
ornement d’une corbeille de fruits.
Ma greffe est originaire deMeinengen, et m’a
été envoyée par DiUrich.
Littérature et synonymie. — Truchsess ne
' l’a pas connue; Dittrich l’a décrite sous le
nom précité, 2, 89. Sa description est consi-
dérablement augmentée dans Liegel (Syst.
Anleit. zur Kenntniss der vorziigl., Obslk.,
p. lG2)et dans mon Anleitung, p. 512. On la
nomme aussi en abrégé : La Donissen.
Forme. — En cœur aplati, souvent même pres-
que ronde vers le point pistillaire ; aplati lé-
gèrement sur les deux côtés, mais souvent et
le plus fortement sur le dos; marqué d’un
sillon plat sur le ventre, et sur le dos d’une
ligne plate et large qui s’aplatit et s’efface
vers la queue et s’arrondit vers le point pis-
tillaire, qui est placé dans une fossette un peu
aplatie .
Queue. — Modérément grosse, vert clair, de lon-
gueur variant de 1 1/2 à 2 pouces, souvent
même plus longue encore, posée dans une
cavité large et plate dont le bord diminue un
peu vers le ventre et le dos, et est plus bas
que les côtés.
Peau. — Brillante, très-fine, un peu transpa-
rente, d’un beaujaune.se rapprochant à la
maturité complète du jaune aurore, de
telle sorte que le côte exposé au soleil passe
au jaune d’or. Je n’ai remarqué que quand
le fruit était trop mûr cette faible nuance de
rouge vrai dont parle Dittrich. Par les vents
violents, la peau se tache facilement, et la
Cerise perd de sa beauté.
Chair. — Elle est d’un beau jaune et plus
molle que maint autre Bigarreau. Le suc
(jus) est très-aqueux et clair, d’un goût doux,
un peu acide et amer, mais très-agréable
quand le fruit est en bonne maturité.
Noyau. — Il est un peu adhérent à la chair,
presque ovoïde, modérément renflé; les bords
du dos, assez plats, se relèvent un peu vers
la queue, où le noyau se trouve un peu
aplati. L’arête postérieure est mince.
Maturité et usage. — Ce fruit mûrit à peu
près en même temps qne le gros Bigarreau
noir et le Bigarreau jaune de Butiner, dans
la cinquième semaine de la saison des Ce-
rises. C’est un fruit estimé pour la table;
mais on n’a pas encore fait d’essais pour
l’employer comme fruit desséché.
L'arbre croît bien et rapidement, les bran-
ches se façonnent bien en couronne; et,
quoiipie DiUrich observe qu’il n’a pas encore
porté beaucoup de fruits chez liii,})ar contre,
je puis affirmer, tant par les jeunes sujets de
VEcoledeiSieuburg que par mon jeune arhre,
qu’il est très-fertile de bonne heure.
Cette variété est plus grosse que le Bigarreau
jaune de Buttner, mais pas aussi grosse (pie
celui de Drogan, qui est en même temps le
plus clair des trois.
Oberdieck.
L'erreur commise par notre colhiboraleiir,
M. Glady, au sujet delà dénomiiialiou de ce
Bigarreau, s’explique très-facilement: cette
variété lui avait été envoyée sous le nom de
Dochmissen, et il a dû la conserver telle
qu’il l’avait reçue.
— Nos lecteurs n’ont sans doute pas ou-
blié que, dans notre chronique du n» de
IG septembre, nous avons dit du Mûrier du
Constantinople, « qu’il n’est qu’une simple
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’OCTOBRE).
forme du Mûrier blanc commun. » A ce su-
jet, M. J. Sisley nous communique la note
suivante que nous croyons devoir publier :
, On lit, dans une notice publiée en 1841 par
M. le docteur Ilénon de Lyon ;
« Les Mûriers de Constantinople, nain des
Alpes et nain blanc, se ressemblent beaucoup.
Les deux premiers me paraissent identiques.
Un horticulteur, M. le baron de Salomon, vit ce
Mûrier en parcourant les Alpes. Il crut, sans
doute, que ce ne pouvait être le même que celui
de Constantinople.
« Le nom l’aura induit en erreur sur l’origine
de ce Mûrier; la voici : Rast-Maupas, l’un des
hommes auxquels l’agriculture et l’industrie
Lyonnaises doivent de la reconnaissance, vit,
dans une planche de pourettes de Mûriers
blancs, en Yivarais, un jeune arbre rameux et
qui restait nain, quoique son feuillage, luisant,
entier et large, annonçât de la vigueur. 11 l’a-
cheta et le greffa sur des tiges de Mûriers,
comme arbre d’ornement.
« Pour fixer l’attention des jardiniers, qui
s’empressèrent de le multiplier, il lui donna le
nom ronflant de Morus Constantinopolltana, et
le fit placer à Paris au Jardin du Roi à la place
qu’il devait occuper.
« Le nom resta, l’origine fut oubliée et beau-
coup de personnes croient encore que cet ar-
bre est originaire du LevanU.
« Quant au Mûrier nain blanc, il est très-
rameux aussi; cependant ses branches sont
moins serrées, plus dressées, ses feuilles un
peu moins larges et d’un vert plus clair. On
le rencontre assez fréquemment dans les semis
du Mûrier blanc. C’est la variété à laquelle j’ai
donné le nom de Mûrier Madiot, parce que cet
horticulteur est le premier qui l’ait signalée. »
— Nous avons reçu un prospectus du Dic-
tionnaire de Pomologie que va publier M. An-
dré Leroy, pépiniériste à Angers. Ce prospec-
tus nous apprend que l’ouvrage complet com-
prenant tous les fruits, formera 5 vol. gr. in 8».
Cet ouvrage comprendral’bistoire, la descrip-
tion, la synonymie et les dessins des fruits
anciens et modernes les plus généralement
connus et cultivés. On peut souscrire dès à
présent chez l'auteur. Ce prospectus, qui
est en même temps un spécimen de ce que
doit être l’ouvrage, donne la figure au trait
des Poires Bergamote d'automne et Beurré
clairgeau. Pour donner une idée de ce que
sera ce Dictionnaire, nous ne pouvons
mieux faire que de reproduire ce qui a rap-
‘ Il est vraisemblablement originaire des environs
de Constantinople. Dutour, article Mûrier du Nou-
veau Dictionnaire d’histoire naturelle appliquée aux
artSy l*”® édition, Détervillo, tome xv, p. 345.
11 est indigène du nord de l’Asie; on l’a apporté
de Constantinople : article Mûrier du Cours complet
d’agriculture pratique, d’économie rurale et domes-
tique et de médecine vétérinaire, tome iv, p. 652.
Il paraît, d’après le nom que cet arbre a reçu
au Jardin national des plantes, où il est cultivé,
qu’il vient originairement des environs de Cons-
tantinople. Poiret, Encyclopédie, article_ Mûrier.
Sprengel {Sijstema vegetabilium) croit aussi que
nous le tirons d’Orient. {Thracia creta.)
38S , ,
port à la Bergamote d'automne. Cette ap-
préciation est complète, moins la figure.
Poire Bergamote d’automne.
!»»ynoiiymes. — Poires : 1. Bergamote (Charles
Estienne, Seminarium et plant ariuin fructiferarum,
1540, p. 70). — 2. Bergamote commune (Merlet,
l’Abrégé des bons fruits, édition de 1675, p. 91).
— 2. Bergamote Récour {Id. ibid., p. 9ï). — 4.
Bergamote lisse {Idem, édition de 1690, p. 78).
— 5. Bergamote de la Hilière (la Quintinye,
Instructions pour les jardins fruitiers et potagers,
édition de 1739, t. I, p. 228-229). — 6. Berga-
mote DE Recous (Id. ibid.). — 'l. Grosse-ambrette
(Comice horticole d’Angers, Album colorié de ses
Poires, 1846, p. 47). — 8. Bergamote Rouwa
(Tougard, Tableau analytique des variétés de Poi-
res classées par ordre de maturité, 1852, p. 26).
— 9. Vermillon suprême (Id. ibid.). —10. Ber-
gamote MELON (Decaisne, le Jardin fruitier du
Muséum, 1860, t. III).
lôescriptiou de — Bois fort.
Rameaux : peu nombreux, ordinairement éta-
lés et arqués vers la base, érigés près du som-
met, très-gros, courts, géniculés, cotonneux,
roux verdâtre, parfois lavés de rose terne,
surtout dans le voisinage de l’œil, ponctués de
gris, ayant les coussinets aplatis. — Yeux:
ovoïdes, volumineux, écartés du bois, duveteux
et à écailles fortement bombées. — Feuilles :
assez grandes, épaisses, rarement abondantes,
ovales-allongées, contournées, canaliculées, co-
tonneuses, ayant les bords entièrement unis, le
pétiole court, gros et raide.
Fertilité. — Remarquable.
Culture. — 11 est très-vigoureux et se greffe
sur Franc ou sur Cognassier ; ses pyramides
sont d’un bel aspect.
description du fruit. — GrOSSeur .
moyenne. — Forme : assez variable, mais le
plus ordinairement arrondie et aplatie. — Pé-
doncide : court, mince, arqué, obliquement in-
séré dans une cavité en entonnoir.^ QEil :
petit, ouvert, souvent mal développé, peu en-
foncé. — Peau : jaune verdâtre, ponctuée et
striée de roux, portant quelques taches fauves
et noirâtres. — Chair : blanchâtre, fine, fon-
dante, juteuse, légèrement noirâtre. — Eau:
abondante, sucrée, fraîche, acidulé, douée d’un
parfum particulier des plus savoureux.
Maturité. — Vers la mi-octobre et se pro-
longeant parfois jusqu’en décembre et janvier.
Qualité. — Première.
Slistorîqiic. — Deux opinions sont en p^e-
sence sur f origine de cette variété. En 1536,
Benedictus Curtius, auteur florentin, dans son
Arborum historia, la fait venir de Bergame
(Lombardie); et Valerius Cordus, naturaliste
allemand qui publia en 1561 une Historia stir-
pium, partage aussi ce sentiment, reproduit
plus tard en Silésie par Jean Jonston {Dendro-
(irophias, 1662, p. 38), puis chez nous par la
(Juintinve et surtout par la Bretonnerie {Ecole
du jardin fruitier, 17B4, t. 11, p. 415). Voilà
]>our la première opinion. La seconde, profes-
sée dès 1644 par le médecin hollandais Jean
ïlodæus, livre IV, chapitre vi de sa traduction
(le V Historia plantarum de Théophraste, philo-
sophe grec né 370 ans avant l’ère chrétienne,
la seconde veut(|ue la Bergamote sorte de l’A-
sie, d’où les Romains l’auraient importée en
Italie, et mangée ensuite sous le nom de pirum
(6ÜR0NIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’OCTOBRE).
isà.
Regium, témoignant à quel point ils la trou-
vaient délicieuse. Et, cette version, nous la
voyons figurer, approuvée dans les ouvrages ci-
après : Dictionnaire étymologique de la langue
française, de Ménage, 1750; les Agréments de
la campagne, de Lacour, 1752, t. H, p. 32; —
Systematische Pomologie, d’Henri Manger,
1783, l. II, p. 20... Quant à nous, car il faut
bien conclure, sachant que l’Europe est rede-
vable à l’Orient d’une grande partie de ses an-
ciens, de ses meilleurs fruits, nous regardons
l’Asie comme la patrie de ce Poirier. D’ailleurs,
si l’on interroge le plus érudit des pomologues
italiens, Agostino Gallo, qui décrivit longuement
en 1559, dans ses Vinti giornati delV agricol-
tura, entre autres Poires, la Bergamote, on
constate qu’il ne dit nullement qu’elle soit née
en Lombardie. Or, s’il en avait été ainsi, ne se
fût-il pas empressé de le déclarer, lui qui,
page 106, la proclamait « la meilleure de toutes
les variétés d’automne?... » Mais, si nous la
croyons, avec Ménage, Lacour et Manger, origi-
naire du Levant, nous repoussons cependant
l’étymologie qu’ils appliquent à son nom, dérivé
selon eux de beg et à'armoudi, termes signifiant
Poire de souverain, de Seigneur. Non, a langue
turque, à notre sens, n’a rien prêté à ce Poi-
rier, qui, réellement, s’il appartient à l’Asie, n’a
pu qu’y recevoir le nom même de son berceau,
celui de l’antique Pergame ; ville de Mysie ap-
elée présentement, et de temps immémorial^
ERGAMO.
Et nous ajouterons que les Romains, après
l’avoir ainsi empruntée aux Asiatiques, en do-
tèrent promptement la Grande-Bretagne, puis-
ue nous lisons ce qui suit dans la pomologie
e Lindley : « Elle a été, suppose-t-on, constam-
ment cultivée en ce pays depuis le temps de
Jules César. [Supposed to bave been in tins
country ever since the time of Julius Cæsar.] »
(A Guide to the orchard and Mtchen garden,
1831, p. 353.) — En France, on la connut
beaucoup plus tard ; et Charles Estienne fixe à
peu près à quelle époque, lorsqu’il dit en 1540,
page 70 de son Seminarium : « On ne fait que
commencer à planter ce Poirier. » Cependant
il est positif qu’il était déjà chez nous avant
1533, puisqu’à cette dernière date Rabelais
« s’esgaudissoit de manger bonnes Poires Ber-
guamotes. y> {Pantagruel, livre 111, chap. xiii.)
Mais elles s’y multiplièrent rapidement, témoin
ce passage d’Oliviers de Serres, écrit en 1600 :
« Leur exquise bonté leur ayant acquis répu-
tation, elles sont reconnues d’un bout de ce
royaume à l’autre... et des Poires d’automne
l’honneur est donné à la Bergamote. » {Le
Théâtre d' agriculture et ménage des champs,
livre VI, p. 629.)
Observations. — La maturité de ce fruit
n’a pas toujours lieu d’octobre en novembre ;
elle est au contraire fort inconstante. La
Quintinye l’avait déjà remarqué en 1690; aussi
disait-il alors :
« Elle a coutume de fournir la fin d’octobre
et partie de novembre, et passe même quel-
quefois jusqu’en décembre, ce qui fait merveil-
leux plaisir à nos curieux. » {Instructions pour
les jardins fruitm^s et potagers, p. 286.)
De nos jours, cette variété a gagné encore
en tardiveté ; ainsi nous avons vu nombre de ses
produits atteindre la mi-janvier ; mais, au dire
de M. Decaisne, il peut arriver qu’on les
mange bons jusqu’en mars :
(( Des Poires de Bergamote d’automne, cueil-
lies sur le même arbre en 1859 — remarque
ce professeur — m’ont offert cette particula-
rité que quelques-unes étaient déjà parfaite-
ment mûres au 15 octobre, tandis que les au-
tres mûrirent successivement pendant tout
l’hiver. Les dernières ne parvinrent à leur
maturité complète que vers le milieu de
mars 1860. C’est donc un intervalle de cinq
mois entiers qui sépare quelquefois les deux
périodes extrêmes de la maturation de ce
fruit. » {Le Jardin frtiitier du Muséum, 1860,
t. III.)
Cette maturation tardive, si prolongée, mé-
ritait certes une mention spéciale; cependant
elle est tellement exceptionnelle, qu’il ne faut
pas s’attendre à la voir souvent se renouveler.
— Depuis quelque temps on s’est beau-
coup entretenu du Chou Chang- tong dont
plusieurs recueils de jardinage ont éga-
lement parlé. Quelle est donc cette plante?
Est-elle nouvelle, ainsi qu’on l’a dit? Est-ce
une plante potagère? Toutes ces questions
intéressent l’horticulture ; nous allons es-
sayer d’y répondre.
Disons d’abord que ce fameux Chou n’est
autre que le Pet-sai, par 'conséquent pres-
que une vieillerie chinoise, ce qui toute-
fois ne veut pas dire qu’elle soit sans inté-
rêt pour nous. C’est en effet une plante
potagère au même titre que les Épinards,
préférable même, pour la saison d’été, à ces
derniers, puisqu’elle monte difficilement,
et que sa croissance est des plus rapi-
des. On sème dès le mois de mars ou même
plus tôt, si l’on n’a pas à craindre la gelée,
et l’on fait de nouveaux semis tous les
quinze jours ou trois semaines pour n’en
jamais manquer, absolument comme pour
les légumes qui passent vite : les Salades
par exemple. Les plantes ressemblent à^des
Romaines par la forme; les côtes des feuil-
les, très-blanches et très-larges, rappellent
celles de la Bette commune. La racine uni-
que, de chaque plante, est très-longue et
surtout très-petite; elle est à peine grosse
comme une petite ficelle. On mange le Pel-
sai cuit en bouillie et haché comme on le
fait de la Chicorée. Sa saveur est intermé-
diaire entre celle de la Chicorée et celle du
Navet. C’est, en un mot, un bon légume que
l’on fera bien d’admettre dans les potagers.
— La renommée tient souvent à si peu
de chose qu’on se demande parfois à quoi
elle est due. Par contre, on attribue sou-
vent cà certaines plantes des défauts qu’el-
les n’ont pas. Le Poirier Joséphine de Ma-
lines en fournit un exemple. Ainsi plu-
sieurs auteurs ont dit qu’il est déli-
cat, et, presque tous, qu’il exige l’espa-
lier. Le contraire est vrai. C’est une variété
très-bonne pour planter à /miff vent, et c’est
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D’OCTOBRE).
même là sa véritable place. On doit donc la
considérer comme une variété très-bonne
pour le verger, et c’est en ne taillant pas
les arbres cpi’elle fructifie le mieux. Ses
fruits, d’ailleurs, tiennent parfaitement et
ne tombent que bien rarement, ce qui rend
cet arbre très -propre à la culture en haut
vent.
— M. Blanchard, jardinier en chef de l’é-
cole de botanique de Brest, nous écrit :
« Il s’est passé cette année un phénomène
assez curieux dans la végétation. Depuis long-
temps les Phormium sont cultivés en pleine
terre à Brest, et il en existe des pieds qui sont
extraordinairement forts et qui n’ont jamais
fleuri; cette année, chose remarquable, il s’en
trouve en fleurs partout ; de tous côtés on nous
annonce des fleurs et même des fruits. A quoi cela
tient-il et quelle est la cause de cette floraison?
« A ce sujet voici ce que je pense. Le Pfwr-
mium forme probablement des boutons à l’au-
tomne ; mais, n’ayant pas le temps de se durcir
un peu pour passer l’hiver, ils pourrissent et
ne donnent que des feuilles. Comme l’année der-
nière il a fait très-chaud, les boutons ont pu se
développer davantage, se durcir, et, comme la
température ne s’est même pas abaissée de
1° audessous de zéro, ils n’ont pas gelé et ont
poussé au printemps. Le plus haut que j’ai vu
était au Conque^ tout à fait à la pointe du Finis-
tère ; sa tige mesurait 3 mètres de haut.
« J. Blanchard. »
Bien que sur ce fait on ne puisse émettre
que des hypothèses, celle qu’avance notre
collègue est tellement rationnelle et con-
forme aux lois de la végétation, qu’on ne
peut guère la combattre. Son opinion est
aussi la nôtre. E. A. Carrière.
MOYEN D’OBTENIR DEUX BELLES FLORAISONS
DES ROSIERS REMONTANTS.
La qualification remontants qu’on donne
à certains Rosiers ne signifie pas, comme
quelques personnes le pensent, que ces Ro-
siers sont constamment en fleurs. Non. R
en est au contraire un très-grand nombre
qui, une fois la première floraison passée,
ne donnent plus que quelques fleurs et à
des distances plus ou moins grandes. R n’y
a de vraiment remontantes que certaines
variétés de BengaJes, de Thés^ et de Noi-
settes, et quelques Bourbons. Mais, dans ce
qu’on nomme hybrides remontnnies, il n’y a
guère que la variété dite Bosier du Boi qui
mérite réellement la qualification remon-
tante. R y a pourtant un moyen d’avoir deux
belles floraisons de presque toutes les
variétés. C’est de soumettre les Rosiers à
un traitement analogue à celui qu’on applique
aux Rosiers dits des quatre saisons qu’on
cultive pour le marché. Pour cela, aussitôt
que la floraison est à peine terminée, on
taille les Rosiers assez courts, et on effeuille
même les parties qu’on conserve. Cela fait,
on donne une mouillure très-copieuse de
manière à bien pénétrer la terre dans laquelle
se trouvent les racines. De nouveaux bour-
geons ne tardent pas à se développer et deux
mois environ après cette opération, ils sont
tous terminés par des boutons. Toutefois,
on ne peut espérer obtenir cette deuxième
floraison que si l’on opère sous un climat
assez chaud, autrement on n’arriverait pas à
temps et les boutons ne s’épanouiraient
pas. Si pourtant on se trouvait sous un cli-
mat qui ne permît pas d’obtenir ces deux
floraisons successives, et que, malgré cela,
on voulût obtenir une belle floraison à une
époque autre que celle où normalement
s’effectue la floraison des Rosiers, voici
comment il faudrait opérer : planter des
Rosiers assez rapprochés, soit en lignes,
soit en massifs, puis, quelque temps avant
qu’ils commencent à fleurir, en tailler la
moitié, c’est-à-dire de deux t’un. De cette
manière, et à sept semaines environ d’in-
tervalle, par exemple vers la fin d’août, on
aurait des Rosiers tout aussi bien fleuris
qu’on les a habituellement à la fin de juin ou
au commencement de juillet, ce qui n’empê-
cherait pas encore d’obtenir entre ces deux
floraisons quelques fleurs, ainsi que cela ar-
rive habituellement sur les Rosiers dits
remontants, lorsqu’on les a abandonnés à
eux-mêmes.
R faut aussi se bien pénétrer que les cir-
constances atmosphériques peuvent déran- .
ger les calculs, quant aux époques de flo-
raison. Ainsi, en 1865, des Rosiers ^ que
j’avais taillés aussitôt la floraison terminée,
c’est-à-dire le 15 juillet, ont donné à la tin
d’août une deuxième et très-belle floraison,
tandis que cette année 1866, par suite de la
saison froide et pluvieuse, bien que j’aie taillé
à la même époque, la deuxième floraison ne
s’est effectuée que dans le courant de sep-
tembre; de plus, elle a été mauvaise; les
fleurs, quoique très-nombreuses , étaient
petites. E. Lebas.
L’ENGRAIS LIQUIDE ET LE TERREAU VÉGÉTAL.
« Qui a jamais administré de l’engrais li- 1 ques jours un jardinier d’outre-Manche.^ —
quide aux Fougères? demandait il y a quel- 1 Moi, repartit un jeune apprenti. — Eh bien,
m L’ENGRAIS LIQUIDE ET
sachez, lui dit l’autre, que vous pourrez vous
vanter de les avoir tuées; on ne doit jamais
donner d’engrais aux Fougères, si ce n’est
quand on veut s’en débarrasser*. »
<i Je rapporte cette conversation, nous dit
à son tour un des correspondants du Jour-
nal of Horticulture, pour inviter quelque
praticien expérimenté à me faire savoir son
Opinion sur ce sujet. 11 est parfaitement vrai
que les Fougères, tant qu’elles sont dans
leurs sites naturels, ne reçoivent d’engrais
d’aucune sorte; mais, lorsque nous les
avons retirées de là et que nous les culti-
vons dans des pots, ne se pourrait-il pas
qu’il fallût modifier quelque peu leur ré-
gime? Je me rappelle avoir vu arroser des
Fougères à l’engrais liquide, dans une serre
où se trouvaient réunies des Orchidées et
diverses autres plantes de pays chauds;
c’étaient, entre autres, des Gymnogramma
chrysophylla , sulfurea et tartarea, le
Pteris cretica albo-lineata ei presc[m toutes
les espèces d’ Adiantum communément cul-
tivées. Toutes ces plantes, sans aucune dis-
tinction, les Orchidées comme les autres,
étaient régulièrement arrosées à l’engrais
liquide une fois par semaine, en temps or-
dinaire, et jusqu’à deux ou même trois fois
pendant la période chaude de l’été. Je dois
dire cependant que, contrairement à ce qui
arrive d’habitude, cet engrais était assez
dilué pour ne pas laisser de sédiment à la
surface de la terre, qu’il traversait en tota-
lité comme l’aurait fait de l’eau pure. Or,
toutes les plantes soumises à ce régime
étaient dans un brillant état de santé, quoi-
que peu développées parce qu’elles étaient
dans de très-petits pots. Avant l’emploi des
arrosages à l’engrais, on avait eu soin de
laisser bien développer leurs racines, qui
tapissaient intérieurement la paroi des pots;
peut-être aussi le faible volume de ces der-
niers contribuait-il à l’innocuité de l’en-
grais. »
^ Le rédacteur du Journal of Horticulture
répond ce qui suit : « Nous avons maintes
et maintes fois arrosé d’engrais liquide très-
dilué les plus grandes espèces de Fougères,
et il nous a d'abord paru que leur vigueur
en était augmentée, mais nous avons fini
par reconnaître que celles qui ne recevaient
pas d’engrais du tout étaient tout aussi
fortes et aussi bien portantes, et de plus
que leur terre était moins sujette à s’acidi-
fier. Quant aux Fougères citées dans la note
qui précède, et notamment les Gymno-
* Nous sommes, pour notre compte, très-disposé
à partager l’opinion du jardinier d’outre-Manche, à
savoir qu’il ne faut donner d’engrais aux Fougères
qu’avec beaucoup de réserve. Tout récemment
encore nous avons vu chez M. Chaté, horticulteur, à
Paris, un très-beau pied de Dlechnum, qui est mort
peu de temps après avoir reçu un engrais au sang.
E. A. Carrière.
LE TERREAU VÉGÉTAL*
gramma, nous les avons arrosées non-seu-
lement d’engrais liquide très-dilué, mais
aussi d’engrais concentrés, et elles n’ont
pas fait pour cela plus de progrès que
celles qui étaient soumises à un régime
différent. 11 peut n’y avoir pas grand mal
à donner un peu d’engrais aux Fougères,
mais ce qui est certain, c’est qu’à la suite
de son usage, la terre s’acidifie toujours,
soit parce que l’engrais détruit les radi-
celles des Fougères, soit parce qu’il n’est
pas absorbé et qu’il s’altère chimiquement
dans le sol. Sans doute les Fougères aiment
les engrais, et elles ne viendraient guère
sans eux, mais ce ne sont pas les engrais
d’origine animale; ce qu’il leur faut, c’est
Vengrais végétal, ce]u\ qui provient delà dé-
composition des feuilles, des brindilles, des
radicelles, et même de leurs propres détri-
tus tous les ans accumulés sur le sol où
elles croissent, en un mot, le terreau végé-
tal, si justement apprécié aujourd’hui. Ce
qu’il leur faut encore pour prospérer, c’est
le demi-jour, un air tranquille, une atmos-
phère humide, toutes conditions favorables
■à la lente décomposition des matières vé-
gétales, et bien plus importantes pour elles
que tout ingrédient artificiel qu’on appli-
querait à leurs racines. Les Orchidées, non
plus, n’aiment pas l’engrais liquide, bien
que, s’il est en très-minime quantité, elles
puissent n’en pas beaucoup souffrir. Leur
principal accroissement se tire de l’atmos-
phère, et on a remarqué qu’une certaine
dose d’ammoniaque répandue dans l’air de
la serre où elles végètent leur donne une
vigueur inaccoutumée. Les espèces terres-
tres d’Orchidées, aussi bien que les Fougè-
res, réclament un sol enrichi de détritus
végétaux. Il y a mieux encore : l’expérience
démontre que toutes les plantes, quelles qu’el-
les soient, qui croissent naturellement dans
les terres de cette nature, n’éprouvent au-
cun bénéfice d’une addition quelconque de
fumier ou de terreau de fumier à la terre
dans laquelle elles sont plantées. »
Nous admettons, pour notre compte, tou-
tes les idées émises par l’auteur de cette
note, et nons pensons qu’on ne saurait trop
insister sur la nécessité de se procurer de
bon terreau végétal dans les établissements
où l’on s’adonne à la culture des plantes di-
tes de terre de bruyère, beaucoup plus nom-
breuses qu’on ne le croit généralement. Il
n'y aurait même pas d’exagération à dire
que toutes les plantes s’en accommodent,
même celles qui demandent les engrais les
plus azotés, comme le prouve rabondance
des récoltes de blé et autres céréales sur
les fonds de forêts fraîchement défrichées,
abondance qui dure aussi longtemps que la
couche superficielle de ce terrain n’est pas
épuisée, ce qui, d’ailleurs, ne tarde guère
à arriver. Malheureusement, le bon terreau
387
L’ENGRAIS LIQUIDE I
végétal devient rare, et la majeure partie
des terres de bruyère, telles qu’elles exis-
tent aujourd’hui chez nous, ne contient
guère plus que du sable siliceux. Quand on
songe que le terreau végétal est à l’hor-
ticulture ce que la houille esta l’industrie,
il est difficile de ne pas croire qu’un jour
viendra où il faudra l’aller chercher fort
loin des lieux où sa présence est le plus né-
cessaire, et que les sols des vieilles forêts
seront mis en exploitation comme le sont
aujourd’hui les bancs de guano. Ce sont
surtout les pays maritimes du Nord qui four-
niront à nos jardins ce précieux ingrédient,
et, bien probablement, la Norwége, avec les
sols vierges de ses forêts, sera la première
à combler les vides. Qui sait quelles riches-
ses on ferait sortir de ces terres végétales
du Nord, si elles étaient transportées sous
le soleil généreux des contrées du Midi?
Il y a cà et là encore, même dans les
pays les plus anciennement cultivés, des
terres qui ne sont point épuisées d’humus
végétal, et auxquelles des additions de ter-
reau ne sont pas nécessaires’ pour donner
de remarquables produits. L’Irlande» en
fournit beaucoup d’exemples, et nous pou-
vons en citer un qui nous est apporté par
le même journal* auquel nous avons em-
prunté ce qui précède; c’est celui d’un
Fuchsia Cartoni, du jardin de M. T. Fitzgé-
rald, à Yalentia, comté de Kerry, dans le
sud de l’île. Ce Fuchsia, planté en 1854,
sur un gazon en pente, et à quelques mè-
1 Journal of Horticulture and cottage Gardener.
ŒILLET MIGNARDISE REMO
Sous ce nom, M. Brault, horticulteur à
la Butte-aux-Cailles, à Paris, cultive une
variété d’Œillet qui paraît intermédiaire
entre les Dianthus cary ophy lias ou Œillet
de fleuristes, et les Dianthus plumatius ou
■moshalus, dit vulgairement Œillet mignar-
dise! Cette nouveauté semble tenir des
premiers par la forme, la dimension et le
port des organes de la végétation (feuilles et
liges), et des derniers parla forme, la co-
loration et l’odeur des fleurs. Les fleurs
de la Mignardise remontante Reine Vic-
toria sont très -amples, très-doubles et
rappellent celles de certaines variétés an-
glaises, et particulièrement « Anna Boleyn; »
toutefois, les pétales en sont plus dentés
et d’un beau violet rougeâtre avec de
larges macules pourpre foncé au centre. La
plante est très-floribonde, rustique, très-
franchement remontante. M. Brault en
LE TERREAU VÉGÉTAL.
très seulement du bord de la mer, n’a jamais
été fumé, ni protégé d’aucune sorte contre
l’inclémence des saisons. Cependant ses
proportions sont gigantesques; M. Fitzgé-
rald nous apprend qu’il forme un buisson
de 90 pieds anglais de tour (soit un peu plus
de 9 mèires de diamètre), et encore ce chif-
fre aurait-il pu être augmenté de9à 10 pieds,
si on n’avait pas retranché beaucoup de
branches de la circonférence du buisson
pour l’arrondir. On ne nous dit pas quelle
est sa hauteur, mais on admet, dans le pays,
que cette espèce de Fuchsia s’y élève à 16
ou 18 pieds (de 5 à 6 mètres). Il est bien
certain que la douceur des hivers à Yalen-
tia est pour quelque chose dans ces pro-
portions hors lignes, puisque l’arbuste n’é-
tant jamais rabattu parle froid, tous les ans
les nouvelles pousses s’ajoutent aux an-
ciennes, mais il est bien certain aussi que,
dans un sol qui serait dépouillé des prin-
cipes fertilisants que la végétation y a accu-
mulés pendant des siècles, le Fuchbia de
M. Fitzgérald ne dépasserait guère la taille
à laquelle nous ont habitués les plantes
de son genre que nous cultivons dans les
maigres terres de nos jardins du continent.
L’horticulture française, quoi qu’en di-
sent des plumes intéressées, a encore beau-
coup d’améliorations à réaliser; mais il n’en
est peut-être pas de plus urgente que celle
du terreau végétal, dont elle éprouve pres-
que partout le déficit, et qu’elle ne baurait
remplacer complètement par aucun com-
post artificiel. Naudin.
JTANTE (REINE VICTORIA).
possédait en juillet et août un bon nombre
de sujets en pleine floraison, sur lesquels il
coupait chaque jour des bouquets de fleurs
dont il trouvait, à cette époque de l’année,
un placement très-avantageux. C’est donc
une bonne plante de plus à introduire dans
les jardins, et qui ne pourra manquer d’être
adoptée par tous les amateurs et surtout par
les jardiniers qui font les plantes en pots et
les fleurs coupées pour les halles et mar-
chés.
La multiplication s’opère facilement par
le marcottage des tiges feuillées, en août et
septembre, et par leur bouturage, qui peut
se faire presque toute l’année, mais de pré-
férence à la fin du printemps et au com-
mencement de l’été. En sacrifiant la florai-
son du printemps, on aura à la fin de l’été
et en automne une floraison beaucoup plus
abondante. Meyer de Jouhe.
MULTIPLICATION DU CYPERUS PAPYRUS PAR LE SEMIS.
Un point essentiel est de semer les grai-
nes de Cyperus papyrus aussitôt leur matu-
rité, quand la graine commence à s’échapper
des tiges, parce qu’elles perdent très-promp-
tement leurs facultés germinatives.
Il faut alors préparer un coffre, v faire
388
MULTIPLICATION DU CYPEPUS PAPYRUS PAR LE SEMIS.
une couche dont la chaleur pourra atteindre
25à 30 degrés centigrades, et, lorsque la tem-
pérature est arrivée à ce point, on recouvre
la couche de terre de bruyère d’une épais-
seur de 0"\04 à 0"*.05, puis on répand les
graines de Cijperus assez dru. Cela fait, on
donne une mouillure avec une seringue en
aspergeant fortement, de manière que la
graine se trouve entraînée par l’eau dans
les cavités laissées par la terre, ce qui
les met dans des conditions très-favorables
à la végétation. On continue les bassinages
afin d’entretenir une humidité constante.
Après avoir placé les châssis on les recouvre
de paillassons qu’on peut laisser pendant
quatre à cinq jours afin de priver de lumière
les graines qui n’auraient pas été entraînées
par les seringages.
On peut faire également ces semis dans
des terrines qu’on place dans une serre dont
la température est très-élevée.
La germination ne se fait guère attendre
plus de huit à dixjours; il est bon, pendant
ce temps, de donner un peu d’air de temps à
autre afin de laisser échapper la buée.
Aussitôt les plantes levées, il faut les repi-
quer en terrines et les couvrir d’un verre
afin de priver les jeunes sujets d’air pendant
quelques jours. Si l’on possède une bonne
serre à multiplication, on pourra y mettre
les plantes sous cloches, mais alors sans les
recouvrir de rondelles de verre. Toutes les
graines ne lèvent pas en même temps ; au
contraire, il n’est pas rare qu’elles germent
durant tout un mois, de sorte qu’on
CULTURE DE
La Tomate (Solamim Lycopersicum) est
pour nos contrées méridionales la plante
la plus productive, et, assurément, il n’est
aucune culture qui puisse produire autant
de bénéfice net, grâce â l’immense consom-
mation qu’on fait de ce légume dans toute
la région du Midi.
Il n’y a pas de famille, depuis les plus
riches jusqu’aux plus pauvres, qui puisse
s’en passer seulement pendant quelques
jours, et cela durant toute la belle saison.
Aussi, en pensant â une consommation
de Tomates aussi grande , il vient tout
naturellement â Tesprit que celte plante
doit être l’objet d’une culture très-soignée.
Il n’en est rien pourtant. Dans un petit
voyage que j’ai fait dans une de nos princi-
pales villes du Midi, j’ai été fort surpris de
voir la Tomate aussi mal cultivée chez les
principaux maraîchers. On trouve encore
chez eux cette plante cultivée sur 3 â
4 tiges palissées sur quelques branchages,
ce qui est un système très-défectueux.
doit repiquer successivement â mesure que
les plants sont suffisamment forts.
Lorsque les plantes repiquées seront
assez fortes, on devra les mettre dans des
pots de 0™.03, â 0™.05de diamètre, travail
qui doit se faire au fur et à mesure que le
besoin s’en fait sentir. La terre convenable
pour ce travail est une terre de bruyère
finement tamisée, légère, additionnée de
sable ; comme celle qu’on emploie pour rem-
poter les plantes doit êlre plus consis-
tante, on remplace le sable par un peu de
bon terreau de couche bien consommé.
Les graines de Cyperus papyrus mûris-
sent â la fin d’août lorsque les plantes sont
en serre, et au mois de septembre lors-
qu’elles sont en plein air dans des étés or-
clinaires.
La culture que nous venons d’indiquer
pour le Cyperus papyrus peut s’appliquer â
toutes les autres espèces de ce genre. Nous
en avons eu une preuve dans le fait suivant
que nous allons rapporter :
Un pied de Cyperus alteniifolius adulte
fructifia l’année dernière dans une serre;
les graines se répandirent sur le sol de la
tablette composé d’escarbille ou cendre
grossière de houille ; celles qui étaient
tombées derrière le pot, hors de la lumière
et dans une situation humide, sans avoir été
couvertes, levèrent parfaitement; celles, au
contraire, cpi s’étaient trouvées devant le
pot, par conséquent dans un endroit éclairé
et sec, ne germèrent pas. G. Ermens,- •
Jardinier principal du fleuriste
de la ville de Paris.
LA TOMATE.
J’ai dit ailleurs* a que la culture que
nous avions adoptée dans nos contrées de
Lectoure, était la meilleure de toutes celles
connues jusqu’à ce jour. »
Je maintiens mon dire, et l’expérience de
tous les jours ma démontré que j’étais tout
à fait dans le vrai ; aussi je me fais aujour-
d’hui un devoir, dans l’intérêt de tous ceux
qui cultivent la Tomate au point de vue de
la spéculation, et quels que soient le pays
et les conditions dans lesquels ils sont pla-
cés, d’indiquer ce mode de culture, le seul
avantageux.
Les marchands de fruits, qui fournissent
les principales villes des Pyrénées, Pau,
Tarbes, Bagnères, Biarritz, Cautrée, Lu-
dion, etc., sont venus chez nous, et ont été
élontiés de la beauté de nos produits, de
sorte qu’aujourd’hui ils nous enlèvent tout
ce que nous pouvons leur fournir. Nous
savons de source certaine que les habitants
^ Culliire maraîchère- pour le muli de la France,
pap;e 15.
CULTURE DE LA TOMATE.
389
de ces contrées, jusqu’ici habitués aux To-
mates de Bordeaux, de Toulouse, se trou-
vent émerveillés à la vue d’aussi beaux fruits.
?\ous avons, avec cette culture, des To-
mates pesant communément -450 à 500 gram-
mes.
Je recommanderai tout particulièrement
la Tomate à feuille crispée comme la plus
hâtive, la plus productive, et en même temps
celle qui donne les plus beaux produits.
La culture des Tomates est des plus sim-
ples: on sème les graines sur couche et sous
châssis, en mars, et on plante en pleine
terre à bonne exposition et surtout au soleil
vers la hn du mois de mai; lorsque les
plantes sont un peu fortes, on en pince l’ex-
trémité et on ne laisse qu’une seule tige
qu’on effeuille meme en grande partie au
fur et à mesure que les fruits grossissent.
Si l’on voulait avoir des Tomates de haute
primeur, il faudrait semer les premières
graines vers le mois d’octobre sur couche et
sous châssis, et repiquer les plants éple-
ment sur couche chaude, eu ayant soin de
les distancer et de leur donner tous les
soins nécessaires pour les empêcher de
s’étioler, et surtout d’enlever à temps tous
les bourgeons axillaires ainsi que la plupart
des feuilles pour permettre à la lumière
d’arriver directement sur les fruits.
A. Dumas,
Jardinier en chef à la ferme-école do Bazin .
DE LA CULTURE DU NÉFLIER DU JAPON A MARSEILLE
Le Néüier du Japon, très-répandu en Pro-
vence, a été cultivé comme arbre d’ornement
à cause de ses grandes feuilles persistantes,
et s’est trouvé être un arbre fruitier de grand
mérite pour notre contrée.
Il n’est bien certainement pas apprécié
à sa valeur, et je profite de l’article de
M. Desportes pour le recommander aux pro-
priétaires du Midi.
Deux arbres âgés de vingt ans, plantés dans
un terrain humide â sous-sol marneux, ont
atteint 3 mètres de hauteur, et me donnent
depuis dix ans des récoltes de plus en plus
abondantes et sans alternance.
Les gelées exceptionnelles de 8 à 10 de-
grés de l’hiver 1864-1865, pendant la flo-
raison qui commence vers le milieu de dé-
cembre, ont détruit la récolte de 1865, mais
cet arbre ne craint pas les froids tardifs du
printemps si fréquents dans notre région;
car, cette année, les gelées de mars nous ont
enlevé tous nos abricots et nos pêches, et
cependant mes deux Néfliers ont donné, du
5 mai au 15 juin, une récolte très-abon-
dante que j’évalue à 25 kilogr. par arbre.
Le fruit, de la grosseur d’une belle prune
de Pieine-Claude, est, à demi mur, d’une
acidité agréable qui rappelle celle de la
poire Conseiller de la cour; et, à complète
maturité, il est d’une douceur agréable et
d’un parfum ayant quelque analogie avec
celui de l’Ananas.
Ce Néflier a le grand mérite de fournir,
sans aucun soin, pendant plus d’un mois,
un dessert sain, agréable, très-recherché
des enfants, et de donner son fruit avec les
premières cerises et les fraises.
Je ne lui connais pas d’ennemi'=:, il n’oxige
aucune taille, et ti’est pas difncile sur le
choix du terrain ; il ne craint pas la séche-
resse; son seul défaut est la lenteur qu’il
met à pousser, et qui augmenterait encore,
du moins chez 7ious, si on employait la
greffe sur Cognassier, pratiquée avec avan-
tage dans le Centre et dans le Nord de la
France.
Ce n’est pas encore un fruit de vente
usuelle; il ne paraît que dans les boutiques
des fruitiers de premier ordre; mais, en de-
venant abondant, il sera indubitablement
recherché par tous les consommateurs.
Paul Giraud.
GREFFE SARINE POUR BOUTONS A FLEURS
SUR LES ARBRES A FRUITS A PEPINS.
Depuis quelques années, la greffe des
boutons à fleurs s’est beaucoup propagée;
conseillée par MM. Luizet père, Hardy,
Dubreuil, elle serait encore plus fréquem-
ment pratiquée, si on n’avait à lui reprocher
de s’annuler souvent après une [tremière
fructification. J’ai remarqué que, très-sou-
vent, plus d’un tiers de ces greffes ne re-
prennent pas si elles sont placées sur des
branches âgées de plus de quatre ans.
Je crois donc rendre service aux horti-
culteurs en faisant connaître un procédé
que j’emploie depuis longtemps et qui m’a
toujours donné d’excellents résultats.
Cette espèce de greffe est pratiquée de-
puis huit ans par M. Sabine aîné, horticul-
teur â Falaise (Calvados), qui en est l’inven-
teur (de lâ son nom : greffe Sabine). Elle
consiste à enlever, du lÙ août au 15 septem-
bre, sur un arbre quelconque, de petits ra-
meaux portant un ou plusieurs boutons à
fleurs pour le printemps suivant; après
en avoir coupé les feuilles, on taille la base
de ces rameaux en bec de flûte en ayant
390 GREFFE SABINE POUR BOETONS A FLEURS SUR LES ARBRES A FRUITS A PEPINS.
soin de faire un cran à la partie supérieure
de l’entaille, ainsi que l’indique la figure 45.
Ensuite on pratique à la base d’une lam-
bourde, d’un rameau gourmand ou sur une
branche de charpente dégarnie de produc-
tions fruitières, une incision longitudinale de
Û"^03(fig. 46 et 47); puis, immédiatement
au-dessus de l’incision, on pratique une
entaille qui pénètre jusqu’à la couche de
bois; on soulève l’écorce incisée, et on y
introduit le greffon de manière que le cran
pratiqué sur elle concorde avec l’entaille
laite au sujet; puis on ligature et l’on recou-
vre de mastic à greffer. Il est utile de pré-
server la greffe de Tardeur du soleil, pen-
dant quelques jours, pour favoriser sa re-
prise.
On peut, sur les arbres très-vigoureux et
Ficf. 46. — Incision pour
recevoir le rameau à
fruit de la greffe Sabine.
Fig. 47. — Rameau gourmand
préparé pour
le placement d’un greffon.
difficiles à mettre à fruit, obtenir d’excel-
lents résultats en opérant comme il suit :
pendant la saison d’hiver, on taille les ra-
meaux vigoureux qui se sont développés
sur les branches de la charpente à 0'«.15
au-dessus de l’œil placé à leur base F
(fig. 44); cet œil, qui se développe au prin-
temps, doit être pincé lorsqu’il atteint 0i'.25.
Au mois d’août, lorsqu’on veut placer le
greffon, on fait disparaître l’onglet en A
figure 44, puis on incise Fécorce, ainsi que
l’indique la ligne B, O, et on place le gretfon
en procédant comme pour la greffe en cou-
ronne. Le rameau E est conservé jusqu’au
mois de mars, époque à laquelle on taille
comme l’indique la ligne C.
Si l’on supprimait le rameau E au mo-
ment où l’on greffe, il pourrait arriver que
la sève eût assez de force pour faire déve-
lopper les fleurs dès le mois d’octobre et
l’on n’obtiendrait pas de fruits l’année sui-
vante.
/{crue llcrU.rIc
I
4'
l'ailacl a liiilei .Ô.Kularla Miiolleni
4,Kiilacla J\luellerii mici'opliylla
GREFFE SABINE POUR BOUTONS A FLEU
Les greffes pratiquées au mois d’août
1865 par M. Sabine présentent toutes de fort
beaux fruits, une greffe de Duchesse d’hiver
en porte 7, une de Doyenné du comice 5, une
autre de Beurré Br aconot 6, etc. ; toutes ces
poires promettent d’être d’une grosseur
remarquable malgré leur grand nombre;
c’est ce qui, du reste, c^rive toujours sur
des greffes ainsi pratiquées.
Elles ont été faites sur les lambourdes
d’un vieux Poirier de Crassanne encore vi-
goureux, mais peu productif, et dont les
fruits sont d’une grosseur au-dessous de la
moyenne.
Fig. 49. — Pêi
SUR LES ARBRES A FRUITS A PEPINS. 391
La figure 48 représente une greffe placée
sur une branche formant un coude par suite
d’une taille vicieuse; la figure 47 indique la
base d’un rameau gourmand que l’on a
courbé au mois de juin afin de favoriser le
placement d’un greffon pour laquelle il est
préparé.
Disons, en terminant, que toutes ces
greffes reprennent très-bien, que les insuc-
cès sont fort rares, et que, si l’on ne réussit
pas, il n’y a pas de mutilations, de sorte
que le sujet, n’étant pas endommagé, peut
être regreffé : avantage que ne présente pas
la greffe Girardin. Jules Ravenel.
Gustave Thuret.
PÊCHER GUSTAVE THURET.
Cette variété, représentée par la gra-
vure 49, a été obtenue par M. Gustave
Thuret, membre de l’Institut, à Antibes
(Var), de noyaux qu’il avait reçus de la
Chine. Les arbres qu’il obtint, au nombre
de plusieurs, présentaient les caractères
suivants :
Arbre de vigueur moyenne, très-produc-
tif, à rameaux grêles couverts d’une écorce
vert-roux, lavée ou maculée de rose violacé.
Feuilles glanduleuses, étroitement ellipti-
ques, rétrécies à la base, longuement atté-
nuées en pointe au sommet, souvent pliées
en gouttière, finement et sensiblement
dentées-serrées, à dents couchées. Glandes
mixtes très-petites, excessivement rares.
Fleurs grandes d’un beau rose carné, à pé-
tales largement ovales, courtement ongui-
culés. Fruit très-petit, atteignant rarement
40 millimètres de hauteur, sur 30 à 35 inil-
limètres de largeur, souvent un peu inéqui-
latéral, sillonné d’un côté seulement sur-
tout vers la base du fruit, courtement atté -
nué au sommet qui forme un petit mame-
lon obtus, terminé par un petit point noir.
Peau duveteuse, vert- jaunâtre, rouge ver-
millon sur les parties fortement, insolées.
Chair non adhérente ou souvent très-légè-
392
PÊCHER GUSTAVE THURET
rement adhérente, ferme, blanc jaunâtre, |
rose cerise terne dans la partie qui touche au '
noyau, fondante; eau abondante, sucrée,
finement relevée. Noyau ovoïde, très-ren-
flé sur les faces et alors presque cylindri-
que, brusquement atténué et arrondi à la
base, assez longuement acuminé au sommet
en un mamelon aigu, à surface finement
rustiquée,
Les fruits de Pêcher Gustave Thuret ont
beaucoup de rapport pour l’aspect et la
forme avec ceux de Vavant Pêche rouge,
bort. ; mais ses fleurs en sont complètement
différentes puisque, au lieu d’être petites,
elles sont très-grandes.
Cette variété mûrit ses fruits, à Paris,
dans la dernière quinzaine d’août.
E. A. Carrière.
QUELQUES EUTACTA DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE.
Le genre Araucaria , SLms\ qu’on le sait, a
été divisé en deux sections : l’une compre-
nant les Araucaria proprement dits, l’autre
renfermant les Eutacta. Les premiers, re-
présentés par les Araucaria imbricata,
Brasiliensis, Bidwilli, etc., sont d’origine
américaine. Les Eutacta, au contraire, re-
présentés par les Eutacta excelsa, Cookii,
Cunninghami, etc., sont océaniens. Ils ha-
bitent l’Australie, la Nouvelle-Calédonie, etc.
Jusqu’à ce jour les deux sections étaient
tellement tranchées qu’il était impossible de
les confondre; mais il est arrivé pour ces
jilantes ce qui arrive pour toutes les autres.
A mesure que l’on va, les découvertes ten-
dent à remplir les lacunes, et aujourd’hui le
point de démarcation, qui autrefois était
très-sensible, tend à s’effacer, en sorte que,
bientôt, ces deux sections, jadis si distinc-
tes, seront confondues par des intermédiai-
res. Cette confusion, on peut le dire, est
déjà à peu près faite par suite de la décou-
verte de quelques espèces originaires de la
Nouvelle-Calédonie dont nous allons parler:
l’une d’elles surtout, VEutacta Rulei poly-
morpfia\ par son protéisme, est très-propre
à opérer la fusion.
La planche ci-contre représente quelques
formes d' Eutacta ,décou\eiis, il y a quelques
années, dans diverses parties de la Nouvelle-
Calédonie. Malheureusement ces plantes
paraissent être très-polymorphes, et, sans
avoir vu les plantes vivantes, n’ayant non
plus que des branches, il est très-difficile de
les décrire d’une manière précise. Le temps
et de nouvelles observations pourront seuls
éclairer cette question et montrer si, comme
le prétendent certains botanistes, il n’y a
là qu’une seule espèce. Néanmoins l’examen
des rameaux et des feuilles nous a engagé à
en reconnaître plusieurs. Les voici :
Eutacta Butei, Nob. Arbre atteignant
15 mètres environ de hauteur, 30 mètres,
et même plus d’après d’autres auteurs.
Branches verticillées, horizontalement éta-
lées, réfléchies. Ramilles foliaires très-lon-
gues, d’environ 2 centimètres de diamètre
sur les sujets adultes. Feuilles ovales-ellip-
fiques étroitement appliquées, planes ou
* Voir Revue horticole, 1866, page 350.
légèrement concaves à l’intérieur, arrondies,
subcarénées en dessous, arquées vers le
rameau, atténuées obtuses au sommet,
longues d’environ 12-15 millim., larges de
6-8.
Eutacta Butei compacta,^ohr, Araucaria
Butei parvi folia, Muell. VEutacta Butei
compacta, n« 2, forme un arbre d’environ
15 mètres de hauteur, à cime largement
arrondie, très-compacte. Ramilles foliaires
d’environ 15 millimètres de diamètre, ex-
cessivement nombreuses, réunies et formant
des sortes de paquets ou faisceaux de 18-40.
Feuilles étroitement imbriquées, arquées
vers le rameau, ovales-elliptiques, brusque-
ment atténuées obtuses au sommet, à peu
près planes, légèrement épaissies et caré-
nées en dessous.
Eutacta Muelterii, l^ohr. Araucaria Butei
grandifotia, Muell. Celui-ci, représenté par
le n«3, forme un arbre de 12-15 mètres de
hauteur, à branches étalées, verticillées.
Rameaux foliaires gros, très-longs rappe-
lant ceux du Colymbea {Araucaria) imbri-
cata. Feuilles étroitement imbriquées et ap-
pliquées, minces, légèrement concaves,
droites, elliptiques, atténuées aux deux
bouts, acuminées au sommet en une pointe
obtuse, jamais aiguë, longues de 35-45
millimètres, larges de 15-18, raides, légè-
rement carénées en dessous.
Eutacta Muetlerii microphylta, Nob. ;
Araucaria Butei, Eort. Celui-ci, que nous
rapprochons de VEutacta Muetterii parce
qu’il a beaucoup de rapports avec ce dernier
par la forme particulière de ses feuilles,
pourrait bien n’être qu’une variété ou
forme de VEutacta Butei. Voici les caractè-
res qu’il présente : Rameaux foliaires d’en-
viron 2 centimètres de diamètre. Feuilles
imbriquées écartées, elliptiques, droites,
atténuées obtuses au son.met, longues de
15-18 millimètres, larges d’environ 8.
La culture des Eutacta dont nous venons
de parler est la même que celle des espèces
anciennes {Eutacta cxcetsa, Eutacta Cun-
ninghami, etcj; sous le climat de Paris il
faut donc les rentrer l’hiver dans une serre
froide. La terre de bruyère convient aux
jeunes plantes; un peu plus tard, on y ajoute
393
QUELQUES EUTACTA DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE.
de la terre franche siliceuse ou très-légère-
ment argileuse, mais non calcaire. Quant à
la multiplication, on la fait de graines, dans
le pays même où ces plantes sont indigènes
(les graines, commecellesdes autres espèces
d'Eiitacln, perdant de suite leurs facultés
germinatives), puis on transporte les jeunes
plants dans des petites serres vitrées porta-
tives, dites caisses à la Warde. On peut aussi
greffer les Eutacla soit sur eux-mêmes, soit
sur les autres espèces de même genre avec
lesquelles elles ont de l’analogie. Pour cela,
on fait des boutures de branches des espè-
ces qui reprennent facilement; et plus tard,
lorsqu’elles sont reprises, on s’en sert
comme sujets pour greffer des bourgeons
que les praticiens nomment lêtes^ soit qu’ils
proviennent de l’extrémité de la lige d’indi-
vidus obtenus de graines, soit qu’ils soient
produits directement sur la tige d’un de
ces individus, ainsi que cela arrive fré-
quemment. E. A. Carrière.
EXCURSION EN SUISSE DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE.
La Société botanique de France fait cha-
que année une excursion. Cette année, c’é-
tait dans la Haute-Savoie et le rendez-vous
était à Annecy où les membres venus des
dilférentes parties de la France et de l’é-
tranger se sont réunis le 9 août. Le plus
grand nombre ont suivi la même route de-
puis Aix, par le chemin de fer, récemment
livré à la circulation, qui traverse une vallée
des plus pittoresques, et, depuis Rumilly,
longe les bords du Fiev, petit ruisseau forte-
ment encaissé et qui présente des points de
vue très-variés. Cette portion de la vallée
olïrirait, nous le croyons, un grand intérêt
aux botanistes, si elle était explorée.
Après une deuxième séance, dans laquelle
on a abordé différentes questions scientifi-
ques, les membres de la Société, au nombre
de plus de 40, s’embarquent sur le bateau à
vapeur que la municipalité a mis à la dispo-
sition de la Société pour faire une promenade
sur le lac, et y délègue un de ses membres
pour donner toutes les explications désira-
bles.
M. Roussel, maire d’une des localités du
bord du lac, est venu présenter à la Société
un Bhododendroii ferragineiim,\qui y croît
à une altitude de iOO mètres seulement
au-dessus du lac, fait considéré comme ex-
ceptionnel.
La matinée du lendemain (10) a été con-
sacrée à visiter les établissements publics
et entre autres le Musée, qui est de créa-
tion récente et qui, néanmoins, contient
déjà beaucoup de choses précieuses.
Le mauvais temps a retardé le départ pour
Thones, voyage qui a dû s’effectuer envoiture.
On a de nouveau suivi les rives du Fiev,
qui sont aussi pittoresques que celles de
l’autre côté d’Annecy.
Un peu avant d’arriver à Thones, nous
avons remarqué dans un jardin potager un
Chou remarquablement panaché, que l’un
de nous a emporté avec l’espoir de le fixer
et de le propager.
Nous arrivons à Thones à cinq heures,
et l’on organise de suite une herborisation
sur un des coteaux où est situé un calvaire
et où le Dianthiis sylvestris est très-com-
mun. Les bois du coteau produisent une
grande quantité de Champignons et entre
autres des Chanterelles d’une dimension
exceptionnelle (12 à 15 centimètres de
diamètre) et aussi le Hydnum repandmn.
Au retour, un orage épouvantable éclate;
orage comme de mémoire d’homme l’on n’en
avait vu dans le pays.
Le 11. — On attendait à Thones plu-
sieurs botanistes qui s’étaient fait annoncer,
et l’on fut fort désappointé que le mauvais
temps les eût empêchés de tenir leur pro-
messe.
L’ascension du mont Charvin ne put avoir
lieu, vu le mauvais temps. Néanmoins une
quinzaine des plus intrépides et des plus
jeunes, sous la direction du D*’ Bouvier, se
mettent en route.
L’excursion devait prendre 6 heures; mais,
malgré son ardeur, cette troupe a dû s’arrê-
ter au pied du mont Charvin où elle fut as-
saillie par une bourrasque de neige. L’intré-
pide M. Main, qui, malgré ses 82 ans, avait
voulu tenter l’ascension, avait déjà été obligé
de s’arrêter à moitié chemin.
Des voitures, envoyées par M. le comte
Jaiibert, ramenèrent les plus fatigués à huit
heures.
Une autre course fut faite, vers la Four-
neth, par MM. Cosson et Hénon, qui y ont
irouvé dans les bois grands nombres de
Fougères; entre autres les Pohjfodiimi
filix mas^ filix fœinina, fragile, Dnjop-
ieris, etc., et de plus une jolie Clavaire
jaune orangé.
Le 12. — Départ de Thones pour le
Grand-Bornand, à 10 heures, par un temps
couvert et brumeux. Arrivée à midi. Malgré
le mauvais temps, tout le monde se met en
route pour le Clienaillon. A peine sorti du
village, M. Désétang signale le Salix ponte-
derana (très-rare).
Arrivés dans les bois de Sapin, une pluie
battante met le désarroi dans la bande et
la disperse.
394
EXCURSION EN SUISSE DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Quelques-uns se dirigent vers la base des
monts Aravis où ils espéraient trouver quel-
ques-unes des plantes qui y croissent au
sommet; mais cet espoir fut déçu.
Le plus grand nombre, dirigé par M. Clos
et M. le comte Jaubert, continue l’ascension
jusqu’au cliâlet du Clienaillon, près du col
de ce nom. La pluie tombait par torrents.
Nous vîmes là quelques plantes tout autour
de Thones notamment le Salix daphnoïdes
qui y croît en abondance.
Après s’être mis pendant quelque temps
à l’abri et s’être un peu restaurée, cette partie
de la bande descendit par l’autre versant
de la montagne à travers des pâturages
garnis de Vaccinium myrtillus et V. idi-
ginoswn, couverts de fruits.
Le mauvais temps a empêché de récolter
sur la route beaucoup de plantes, chacun
étant pressé de rentrer au grand Bornand
où l’on arriva à 6 heures, après maintes chu-
tes et glissades, tous, très -fatigués, trempés
et déchirés.
Un bon repas et surtout un bon feu, nous
réconforta.
Le soir on s’occupe de sécher et ranger
les plantes récoltées.
Le 1 3. — Le mauvais temps continue ; im-
possible d’herboriser; l’on déjeune et l’on
se décide à partir pour Bonnoville. On s’en-
tasse dans cinq voitures. Sept des plus in-
trépides, dirigés par M. le Bouvier, par-
tent à pied.
Le 14. — Séance publique à l’Hôtel-de-
Yille en présence des autorités.
Une seule course a été faite par quelques
membres, dirigée par M. Hénon, dans les
environs de la ville, elle avait pour but la
visite des vignobles d’Ayse et des Poiriers
Maude dont l’un, âgé seulement de 60 ans,
avait 90 cent, de diamètre â 1 mètre du sol.
On y a aussi rencontré un superbe Cbâtaigner
qui mesurait b'^.OO de circonférence â U". 30
du sol.
Le 15. — On se divise en deux bandes.
L’une d’elles se dirige vers Salanches et
Chamonix.
L’autre tente l’ascension du Brizon.
Elle s’est aussi partagée en deux grou-
pes.
L’un d’eux, composé de 7 membres,
sous la direction de M. Hénon, part de bonne
heure et remonte le ruisseau du Brizon,
jusqu’à l’endroit où les premiers prennent
sur la droite, puis remontent le coteau
presqu’à pic, dans Pespoir de trouver
quelques pieds de Saxifraga miitata, plante
rare partout et dont l’on ne connaît (jue 3
ou 4 stations. Cet espoir ne fut pas déçu;
l’on en trouva 5 ou 6 pieds, et quelques
autres plantes, entre autres le Cyclamen
d’Europe qui s’annonçait de loin par son
odeur.
On se dirigea vers la demeure de Thimo-
thée, le guide au Brizon, pour y déjeuner.
Les deux troupes s’y réunirent; après le dé-
jeuner, Thimothée exposa une quantité con-
sidérable de plantes vivantes remarquables
par leur beauté et leur santé, telles que
Rhododendron ferrugincum,^ Myosotis al-
pestris, Saxifraga mulata, Saxifraga oppo-
siüfolia, Doronicum scorpioïdes^ Papaver
alpimm, etc., etc.
On devait aller coucher au pied du Vergy
et il fallait se hâter pour arriver avant la
nuit.
En montant dans la forêt qui est au-des-
sus du Brizon, on trouva beaucoup de Cham-
pignons tels que Clavaria coralloldes, Bo-
letiis æneuSy Agaricus campesiris, tous trois
comestibles et plusieurs autres, tels que la
fausse Oronge, l’Agaric bleu^ Bolelus bovi-
îiuSy etc., qui sont dangereux. U Agari-
cus psitt admis Si présenté un singulier phé-
nomène, celui d’une soudure du chapeau
telle qu’il semblait ^un Champignon porté
sur deux pieds.
Parmi les Champignons parasites nous
remarquâmes plusieurs Æciâium, — Au-
dessus de la forêt, en traversant les taillis
qui précèdent l’abord de la glacière, plu-
sieurs plantes alpestres, telles que Sonchus
Plumierii, Valeriana montana, Digitalis
grandiflora, décoraient les clairières.
A peu de distance de là, Thimothée trouva
une rare Orchidée Epipogiim Grnelini, la
plus rare des plantes que l’on ait rencontrées
jusqu’alors.
Le chemin était devenu difficile à travers
les voies éboulées elles plantes qui l’encom-
braient, mais on arriva sans difficulté à la
glacière, vaste anfractuosité dans laquelle
s’amoncèle la neige qui n’y fond jamais d’un
été à l’autre. — Autour de ces rochers
beaucoup de plantes vernales étaient en
fleur, notamment le Viola biftora^ Primula
farinosa, Orchis conopsea, Soldanella al-
pina., etc. — Dans les clairières, il y
avait des Aconits, des Cacalias, l’Anémone
des Alpes. — En continuant l’ascension,
la route devenait raide, elle est bordée de
rochers, pleins de crevasses très-profondes
et dangereuses, dont quelques-unes parais-
sent infranchissables. De l’autre côté de l’une
d’elles on pouvait voir V Imperatoria Ostru-
thium. Une jolie Fougère, le Cystopteris
montana poussait à nos pieds. Au-dessus du
couloir que l’on venait de traverser, était
le Planet, vaste pâturage, relativement
plat, et au bout duquel se trouve le Chalet
où nous allions nous abriter.
H était temps, la nuit était venue et l’ap-
pétit avec elle.
Le 16. — A 4 heures, l’on est sur pied.
La prairie était blanche par la gelée, et, ce
qui est remarquable, les touffes de Sphag-
nnm étaient plus gelées que le reste.
MM. Desenau et Douniet donnèrent un coup
395
EXCURSION EN SUISSE DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
de baromètre et prirent la température de
l’air à 1 mètre du sol et trouvèrent 3 degrés
au-dessus de zéro, tandis qu’à la surface du
sol il y avait 1/10 au-dessous de zéro.
Le soleil ne tarda pas à paraître. Le dé-
jeuner se fit en plein air. Tout autour de
nous croissaient V lUeracium alpininn (ra-
re), et une plante de la plaine dont la fleur
prend, à cette hauteur, une grandeur et un
éclat inusités, c’est le Genislas agittalis.
A 10 heures, on commence la inontée de
Balafra, qui traverse le Yergy pour aller à
la vallée du Reposoir.
La base de cette montée offre une végéta-
tion excessivement belle, jusqu’aux plaques
de neige qui précèdent les éboulements de
rochers. — De tous côtés les Geniiana ba-
varica, Myosotis alpestris, Alchemilla al-
pina, Doronicim scorpioides, BeUidiastrnm
Michelii, Linaria alpina, Hutchinsia al-
pina, Pedicularis veriicillata, Papaver
alpinum, Anemone narcissœflora, étalaient
leurs fleurs autour de nous.
Balafra est à 2,404 mètres au-dessus du
niveau de la mer. Dès que l’on approche des
pliaques de neige et des roches éboulées, la
végétation diminue, mais ne disparaît pas
complètement; enfin, tout en gravissant cette
rude montée, nous trouvons encore dissé-
minés cà et là les Cerastium latifoUiim,
Saæifraga oppositi folia, Ihftchinsia rotun-
difolia (ce dernier rare) et quelques-unes
des belles plantes que nous avions trouvées
à la base; mais alors la montée était trop
rude pour herboriser beaucoup ; car, pour
avancer, il fallait souvent, disposés en file,
que le suivant mît le pied où le premier
avait mis le sien, et plus d’une fois un bloc
de pierre, détaché par les pieds des premiers,
nous faisait craindre pour les derniers. La
traversée de quelques glaciers composés de
plaques de neige a été quelquefois assez
difficile à cause de l’escarpement et des de-
grés que l’on était obligé de tailler pour se
frayer un passage.
Enfin, après trois heures et quart d’une
dure montée, l’on a atteint le sommet du
col. Parmi les plaisirs et les émotions de
l’ascension, il faut compter deux chamois,
qui se sont présentés à nous sur un pic de
roc au-dessus de nos têtes, et plus loin un
troupeau de chèvres à demi sauvages, qui
d’abord nous faisaient croire à un grand
troupeau de chamois.
J. SiSLEV.
{La fin au prochain numéro).
EXPOSITION D’HORTICULTURE DE LA FÊTE DES FLEURS.
Cette exposition, ouverte le 30 août 1866
dans la partie réservée du bois de Bou-
logne, qu’on nomme Pré Catelan, s’est tenue
dans un jardin improvisé par M. Laforcade,
jardinier principal du bois de Boulogne,
sous la direction de M. Barillet, l’habile
jardinier en chef de la ville de Paris.
Au lieu d’entrer dans de longs détails sur
l’organisation générale et sur les diverses
dispositions qu’on avait prises, tant pour
flatter l’œil des promeneurs que pour ga-
rantir les plantes des intempéries, arrivons
au but : ce qu’était l’exposition.
Faire l’histoire de toutes les plantes qui y
étaient réunies exigerait des détails et sur-
tout de la place dont nous ne pouvons pas
disposer, aussi nous contenterons-nous de
mentionner celles qui ont paru les plus
remarquables.
Commençons par le beau lot de M. Lin-
den. A côté de V Anthurium regale, magni-
fique aroïdée aux feuilles gigantesques por-
tées par de longs pétioles, on admirait le
Maranta roseo-picta, dont les feuilles, de
couleur rouge intense en dessous , sont
vert sombre avec une bande centrale et un
disque carminé en dessus; puis le Calalhea
Lindeniana , dont le disque des feuilles est
d’un blanc transparent sur un fond pourpre.
Il y avait, en outre : les Maranta illustris,
M. setosa et M. Legrelleana, le Cyanophyl-
lum spectandum, le Tradescantia nndaia,
très-curieux par la forme de ses feuilles, le
Smilax marmorea, très-jolie plante grim-
pante, ainsi que VEchites rubro-venosuni ;
en tout 10 plantes dont 2 ont été livrées au
commerce par l’exposant en 1865, 3 cette
année et 5 qui sont encore sa propriété ex-
clusive.
Cette collection a été très-rppréciée par
le jury qui, à runaniniité, a accordé à M. Lin-
den la médaille d’or.
Les plantes si variées qui exigent chez
nous la serre chaude, exposées par MM. Ma-
thieu, Augis-Barbot et Pacotot, étaient aussi
remarquables par le choix des espèces et
variétés que par la bonne culture et la force
des sujets. Le lot de M. Mathieu a obtenu
une médaille d’or donnée par Son Exc. le
ministre de l’agriculture.
Les Palmiers ont été récompensés par
deux médailles d’or décernées, celle de
S. M. l’Empereur, à M. Chantin, l’autre,
donnée par M'"® Erard, aux 25 Palmiers
envoyés par M. L. Yan Houtte, horticulteur
à Gand.
Dans ce lot, on remarquait les belles
feuilles plus larges que longues et festonnées
sur les bords du Verschaffeltia splendida ;
ainsi qu’un Phœnicophorium Sechellaritm,
magnifique espèce, hérissée d’épines, d’un
noir jais, et dont les feuilles, non divisées,
396
EXPOSITION D’HORTICULTURE DE LA FÊTE DES FLEURS.
sont d’un vert noirâtre tachées de nom-
breuses macules orange.
Un lot de Palmiers, de récente introduc-
tion, quoique mis hors concours par l’expo-
sant, M. Ainb. Verschaffelt, horticulteur à
Gand, mérite également d’être signalé.
Le jury s’est vu forcé d’annuler plusieurs
concours, entre autres celui ouvert pour les
Gesnériacées; mais, en revanche, il a récom-
pensé d’une médaille d’or, donnée par
S. E. le ministre de l’agriculture, le lot de
plantes variées de serre tempérée et d’oran-
gerie exposé par M. Leroy, l’habile jardi-
nier de M. Guibert, amateur à Passy.
Si les amateurs d’ Agave n’avaient que
l’embarras du choix, cette abondance même
de produits remarquables présentait pour le
jury une difficulté sérieuse. En effet,
MM. Gels et Landry Jh. offraient des lots
tellement exceptionnels qu’il a fallu entrer
dans des considérations d’un ordre élevé
pour décider que la médaille d’or de
M. le marquis d’Herlford serait décernée à
M. Gels.
M. Sireau, jardinier en chef de M. le duc
d’Aremberg, à Enghein (Belgique), avait
envoyé 50 très-belles Fougères exotiques,
ainsi qu’un AmorpliophaUus campamilatuSy
plante curieuse, dont le pétiole des feuilles,
haut de 0'".87, rugueux par la présence de
verrues de différentes couleurs, était sur-
monté d’une feuille très-grande, partagée
en trois segments divergents se divisant en
lobes pinnatifules sur leurs côtés extérieurs,
simulant un parapluie ouvert, découpé à
l’emporte-pièce; une photographie donnait
la reproduction de la fleur qui ne le cède en
rien à la beauté età l’originalité de lafeuille.
Des éloges doivent également être accor-
dés aux Fougères gitantesques de M. Aug.
Van Geert, horticulteur à Gand, ainsi qu’à
celles, si bien cultivées, exposées par
M. Rouillard, amateur, dont les procédés de
culture appellent l’imitation; avec ses Fou-
gères M. Rouillard avait exposé un bel
exemplaire de Vnllota purpurea en fleurs,
délicieuse amaryllidée trop peu cultivée.
Les Roses, en dépit de la pluie, étalaient
la richesse de leur coloris; parmi les 150
Rosiers tiges exposés par M. Hyp. Jamain,
on remarquait à côté de la Rose épanouie
Thé Souvenir d’un ami, les boutons entrou-
verts de M*^® Mélanie Willermoz, Maréchal
Niel, Souvenir de la reine d’Angleterre, Ma-
réchal Vaillant, Baron de Gonella, Triomphe
de l’Exposition, etc., etc., toutes variétés
de choix et dont la culture prouverait l’ha-
bileté de l’exposant si elle n’était prover-
biale. Une médaille de vermeil a été la
récompense donnée à M. Jamain.
Le lot de Reines-Marguerites de M. Tri-
pet a été récompensé d’une médaille d’or ;
voilà de la générosité.
A cause de la beauté de coloris de leur
feuillage et des préférences marquées de la
mode, nous citerons les Caladium de
M. Bleu. Mais pourquoi tant de variétés? A
peine s’il était possible de distinguer le Ca-
ladium Duc de Morny du Caladium Thi-
bautii qui ressemble à s’y méprendre au
Caladium Bicolor type et variété, puis ve-
nait le Caladium Chantini fulgens très-
proche parent du Caladium Baraquiniit
Qu’elle ressemblance également entre le
Caladium M™^ Andrieu et le Caladium Isi-
dore Leroy ! etc. ' .
Les immenses avantages que présentent '
l’emploi général des Pélargonium zonale-
inquinans en ont fait des plantes indispen-
sables des jardins du xix® siècle; ceux ex-
posés par MM. Thibaut et Keteleer et Ver-
dier Pierre, ont été très-appréciés des vi-
siteurs, ainsi qu’un magnifique lot de Zin-
nia à fleurs doubles, aux couleurs variées,
exposés par M. Oudin, jardinier en chef du
palais de Meudon.
Parnii les fleurs coupées, signalons les
remarquables Glaïeuls de MM. Verdier
Charles et Verdier Eugène; le lot de ce
dernier a été récompensé par la médaille
d’or de S. A. le Prince Impérial ; les bel-
les Roses trémières exposées par M. Mar-
gottin ; les Dahlias de MM. Bruant, de Poi-
tiers, Chardine et Couvreux étaient non
moins beaux que le lot de Reines-Margue-
rites exposées hors concours par M. Cour-
tois-Gerard.
Les Conifères de M. Croux, très-forts el
d’une vigueur des plus satisfaisantes, qui
concouraient pour une si grande part à l’or-
nement du jardin, n’ont été que très-mé-
diocrement récompensés; ceux de M. Des-
touches, au contraire, très-favorisés, ont
obtenu la médaille d’or de S. M. l’Impéra-
trice.
M. J. Verschaffelt, horticulteur à Gand,
exposait un lot composé d'Evonymus et
d’Aucuba; parmi ces derniers, on remar-
quait VAucuba longi folia vaiiegata, plante
très-rare.
A côté de VAucuba Japonica, se trouvait
une autre plante étiquetée Aucuba Japo-
nica vera, ce fait étonnait; mais, ce qui
n’étonnait pas moins, c’était l’interminable
désignation de noms et surnoms de la
plante voisine VAucuba Japonica arborea
longifolia aurea-maculala mascula.
M. Paré avait exposé deux variétés nou-
velles de Dianlhussemperflorens ou Œillet-
Flon Souvenir de Paulin, rose saumoné,
2» Prince Impérial, fond blanc strié rose
carminé : ce sont de bonnes nouveautés qui
bientôt orneront tous les jardins.
Mentionnons encore les Bégonia de
MM. Ballu et Montaron, les Broméliacées de
M. Cappe, etc. Nous en passons, et beau-
coup ; toutefois nous ne terminerons pas
sans applaudir à cette initiative des jardiniers
EXPOSITION D’HORTICULTURE DE LA FÊTE DES FLEURS.
397
(le la ville de Paris et rendre hommage au amateurs, qui ont concouru au succès de
zèle des organisateurs, des horticulteurs et cette belle fête. Rafarin.
MISCELLANÉES.
EXTRAITS DU GARDENER'S CHRONICLE.
; Nous avons déjà parlé de la théorie du
j professeur Morren, sur l’incompatibilité des
1 fleurs doubles avec un feuillage panaché ;
I les exceptions à cette théorie sont déjà si
nombreuses que nous craignons qu’une règle
générale ne puisse jamais être établie sur
ces bases. M. Jabez J. Chater, de Cambridge,
nous en fournit de nouvelles preuves! Il
écrit : « J’ai en ce moment en fleurs une
hampe de Piose trémières à fleurs doubles
de couleur marron, dont le feuillage est
parfaitement panaché. Quand j’étais avec
mon père à Saffron-Walden, j’ai facilement
multiplié une magnifique variété de cette
plante à fleurs doubles, de couleur rose, et
dont le feuillage était également panaché.
Je multiplie en ce moment une variété de
Piose trémière, qui porte dans les cultures
le nom de Lady King, qui a des fleurs
doubles et des feuilles panachées de jaune,
et je me promets d’exposer une hampe de la
première variété dont il est parlé plus haut,
à l’exhibition de Nottingham, si toutefois
j’ai la chance qu’elle se conserve jusque-là. »
Cultures des Amaryllis. — Quelques
renseignements précieux sont donnés par
un jardinier qui signe Censor. Le sol préfé-
rable pour cette culture, dit-il, est une
terre franche, douce, siliceuse; le meilleur
moment pour le rempotage, est lorsque les
feuilles ont déjà de 8 à 10 centimètres de
longueur; si on les rempote avec soin dans
cet état, les inflorescences deviennent plus
. fortes, et les oignons ou bulbes, qui ne doivent
pas fleurir, gagnent énormément en grosseur.
Dans cet état de développement, les racines
indiqueront mieux si elles ont besoin de
beaucoup de nourriture ou non; si, au con-
traire, comme certains cultivateurs le re-
commandent, on les rempote à l’état de
repos, la nouvelle terre a le temps de se
décomposer par l’eau des arrosements, avant
^ que les nouvelles racines se soient dévelop-
pées. On dit qu’il ne faut enterrer les bul-
bes que jusqu’à la moitié de leur hauteur;
nous avons acquis la conviction qu’il était
préférable de les enterrer jusqu’au collet;
rien ne les fait grossir et ne fortifie })lus
leur inflorescence que ce système de plan-
talion Rien, non plus, ne stimule davantage
la végétation des Amaryllis que de plonger
leur pot dans une couche de tannée ou de fu-
' mier; leur accroissement devient d’une beauté
luxuriante, et les fleurs sont toujours plus
grandes, et les feuilles acquièrent les dimen-
sions de celles des Crinum. Ce traitement
est bien préférable à celui de la culture en
pots sur tablette de serre chaude.
Les pots doivent être bien drainés et arro-
sés tout les deux jours avec de l’eau manurée,
mais limpide. On recommande de faire re-
poser les bulbes dans des lieux secs et tem-
pérés; ce système est mauvais, on doit au
contraire les mettre au repos en lieux plus
chauds pendant toute la dutée de la végéta-
tion. C’est seulement dans ces conditions de
traitement que leur floraison se trouve
beaucoup améliorée. Dans leur pays, ces
bulbes sont presque rôtis dans le sable où ils *
croissent pendant la saison chaude tropi-
cale; c’est l’époque du repos. C’est en ob-
servant ce qui se passe dans la nature,
qu’on peut obtenir cette parfaite maturité
des bulbes, qui doit nous assurer une
abondante floraison. Il est nécessaire aussi de
se rappeler que la saison de végétation de
ces plantes correspond à celle des pluies,
et que, pour cette raison, on doit les arroser
copieusement pendant toute leur période
végétative. Après la floraison, on doit son-
ger à compléter leur développement le plus
tôt possible ; et, au lieu de les laisser lan-
guir avec leur verdure pendant des mois
entiers, en lieu tempéré où ils s’épuisent,
il faut au contraire les mettre au rppos aus-
sitôt les bulbes mûres, et les tenir, pendant
la période du repos externe, à une tempé-
rature variant entre 70° et 100'’ Fahrenheit.
Ces données, qui paraissent au premier
abord en contradiction avec ce que nous
connaissons sur la culture de ces plantes,
méritent cependant beaucoup d’attention.
Les tubercules, rhizomes, écailleux, etc., des
Gesneriacées, mis au repos en lieux tempérés
ou froids, donnent généralement de très-
mauvais résultats, et souvent même de très-
fàcheux; au contraire, en les conservant en
lieux chauds, ces racines continuent à pros-
pérer, et produisent une floraison abon-
dante. Ainsi des Achimenes, Tydœa,Isolo-
ma, Ligeria, Gloxiuia, sont dans ce cas; et
il en est de même pour un grand nombre de
plantes tuberculeuses ou bulbeuses qu’on
tient en serre. Il est certain que le travail
chimique de maturation, qui s’opère pen-
dant la période du repos, ne peut se faire
qu’avec l’aide de la chaleur.
Nouvelle race de Verveines. — Un culti-
vateur de ces jolies plantes, qui signe son
article J. Wills, de Huntroy de Park, vient
d’obtenir, par le croisement, une nouvelle
race naine de Verveines à inflorescences
à
398
MÏSCELLANÉES (EXTRAITS DU GARDENER’S CIIRONICLE).
compactes, d’une grande élégance et très-
convonable pour tapisser des massifs. Pour
la distinguer de la variété Mahonetti dont
elle est issue, l’auteur lui a donné le nom
de Willsii; il énumère déjà un assez grand
nombre de belles variétés de ce nouveau
type, qu’il nomme comme il suit : Willsii
rosedy W. lilacinay W. fulgens, W. com-
pacta, et W. crimson King, etc.; suivent
encore un grand nombre d’autres variétés,
mais qui paraissent se rapprocher beaucoup
du type Mahonetti.
Essais contre la stagnation de Vair dans
les serres. — Depuis longtemps les jardi-
niers intelligents se sont aperçus que, dans
les cultures de pjantes de serre, l’air sta#-
gnant était une cause d’insuccès nombreux
pour un grand nombre de végétaux cultivés
dans ces milieux artificiels; dans mamtes
circonstances, nous avons reconnu la vé-
racité de ces faits; aussi n’avons-nous pas
craint de rapporter l’étiolement, l’infécon-
dité et la difficulté de faire fleurir un grand
nombre de plantes, au mauvais état de
l’air causé par l’aération vicieuse desserres.
Nous pourrions rattacher à ces inconvé-
nients les taches qui détériorent nos belles
plantes à feuillage, et en particulier les Or-
chidées; l’eau provenant 4es seringuages,
où les vapeurs condensées qui tombent de
la charpente et du vitrage de ces construc-
tions, demeurant trop longtemps sur leurs
tissus herbacés, causent un grand nombre
d’avaries; rarement aussi on arrive à faire
nouer les fleurs qui s’épanouissent dans ces
milieux, et cela se conçoit: le pollen, tou-
jours saturé d’humidité reste aggloméré, et
ce n’est que par hasard, lorsqu’une plante
se trouve placée près d’un ventilateur, que le
pollen devient pulvérulent et apte à pouvoir
opérer la fécondation. Nous sommes donc
heureux de voir que nos voisins d’outre-
Manche s’occupent en ce moment de cher-
cher un moyen de mettre l’air en mouve-
ment dans les serres. Plusieurs jardiniers
intelligents s’en occupent sérieusement ;
nous pouvons citer les noms de MM. Fisk
et Henri Mills. Ces expérimentateurs ont
déjà mis en avant des projets qui ne tarde-
ront pas à être perfectionnés et appliqués.
Heureux pays où l’on s’occupe sérieuse-
ment de rendre les serres propres à la cul-
ture des végétaux pour lesquels on les
construit, ce qui, il faut bien le dire, a rare-
ment lieu en France.
Louis Neumann.
ARABIS ARENOSA.
Plante annuelle, à tige haute de 20 à
25 centimètres, rameuse, presque nue, à
feuilles lyrées-dentées, couvertes de poils
rameux ; fleurs, en juin et juillet, nombreu-
ses, blanc-rosé ou purpurines.
Cette charmante plante, de la famille des
Crucifères, est aussi printanière qu’une
autre espèce de son genre, VArabis albida
Stev. qui fait l’ornement des jardins, au
premier printemps, et que l’on désigne fré-
quemment sousle nom de Corbeille d'argent.
VArabis arenosa est une plante des plus
ornementales par la légèreté de ses ham-
pes florales qui se couvrent de fleurs durant
deux mois environ. Sa culture est des plus
faciles, comme celle de toutes les espèces
de ce genre. Les terrains calcaires, chauds.
légers, lui conviennent surtout. Pour ob-
tenir une belle floraison printanière, il
faut semer les graines vers la mi-août, soit
en pépinière, soit sur place, s’il est possible.
Il faut donc, lorsqu’on sème en pépinière,
repiquer les plants vers la mi-octobre, là
où l’on veut les avoir en fleurs. Pour aug-
menter l’effet, on peut associer à l’^ra-
bis arenosa, Scop. une bordure deMijosotis,
dont les fleurs d’un beau bleu feront ressor-
tir celles de VArabis, ce qui, par contraste
dérouleur, doublera l’élégance de ces deux
jolies plantes:
h’A rabis arenosa croît spontanément dans
certaines parties de la France, notamment
en Bourgogne.
D. hélye.
SUR QUELQUES PLANTES BULBEUSES A FLORAISON AUTOMNALE,
En général, les plantes annuelles ou vi-
vaces d’ornement ne font, pour ainsi dire,
qu’exceptionnellement défaut dans nos par-
terres, depuis le printemps jusqu’à l’au-
tomne ; et, quel que soit le lieu qu’on ait à
orner, on trouve, bien qu’en nombre très-
variable, des espèces diverses de même
taille, à fleurs de couleurs variées et à flo-
raison simultanée.
La catégorie la plus réduite est, sans
contredit, celle qui comprend les plantes
naines fleurissant en automne et pouvant
être utilisées pour bordures, et surtout
comme ornement de pelouses ou de gazons.
Dans cette série, il existe pourtant quelques
plantes bulbeuses qui réunissent toutes
les qualités requises pour décorer, pen-
dant quinze jours au moins, les endroits
précités. Ce sont les divers Colchiques, le
Crocus speciosîis et V Amaryllis lutea, tous
399
SUR QUELQUES PLANTES BULBE
parfailement rustiques sous nuire climat, '
d’une culture facile et fleurissant simulta-
nément, et assez régulièrement, du 5 au
20 septembre.
Les Colchiques, selon les espèces, ont les
fleurs d’un lilas plus ou moins foncé. Les
plus généralement cultivés sont : le Col-
chique oTÔms\Yc{Colchicnr}i autumnak, L.),
très-abondant dans nos pâturages humides;
ses fleurs sont lilas clair, on en connaît une
variété à fleurs blanches et une autre à
fleurs doubles; le Colchique de Bizance ou
C. d’Orient Xokhicumbizantinum, Gawl.),
plante plus robuste que la précédente, à
fleurs plus grandes et de teinte à peu près
analogue, les divisions du périanlho sont
moins aiguës, et, comme dans le précédent,
chaque bulbe produit de une à trois fleurs
et souvent un plus grand nombre ; le
Colchique damier {Colcfiicum variegatum,
L.) de la Grèce, à fleurs grandes, marbrées
de carreaux blancs sur fond lilas et réunies
plusieurs dans le même bulbe; le Colchique
des sables [Colchicim arenarium, W. et
Kit.), espèce Hongroise et qu’on trouve sur
quelques collines sèches dans le midi de la
France et en Corse; ses fleurs sont plus pe-
tites que celles des précédents et de couleur
lilas rosé; enfin le Colchique des Alpes (Co/-
ckicum alpinum, Oc. ; C. monUmnm, Ail.),
très-abondant dans les pâturages des mon-
tagnes élevées où il fleurit en août, tandis
que, dans nos cultures, ses fleurs, rosées et
petites, ne s’épanouissent qu’en septembre.
Le Safran élégant {Crocus spedosus,
Marsch.X de la Tauride, est remarquable,
entre les Safrans d’automne, par ses fleurs
très-grandes et d’un violet bleuâtre.
Enfin V Amaryllis lutea, L. {Sternbergia
lutea, Gawl.) est curieux par ses fleurs jau-
nes qu’accompagne un feuillage d’un beau
vert. UAmaryllis lutea peut être associé
aux différents Colchiques, notamment aux
trois premiers que j’ai cités, pour faire des
bordures très-jolies. Pour cela on plante les
bulbes, en alternant les espèces dans le
mois de juillet ou d’août au plus tard, dans
une terre ordinaire un peu fraîche et à une
exposition demi-ombragée. Ces plantes étant
parfaitement rustiques, on pourra, et il sera
préférable de le faire (les bulbes se dépla-
çant peu), les laisser plusieurs années à la
même place et ne refaire les bordures que
tous les quatre ou cinq ans.
USES A KLORAISON AUTOMNALE.
Les Colchiques peuvent aussi être placés
dans les pelouses ou les gazons. Plusieurs
‘personnes ont su tirer un excellent parti de
ces plantes en les groupant ou les dissémi-
nant dans les tapis ou les bordures de
Lycopode (Selaginella denticulata et autres)
de nos serres tempérées, dans les jardi-
nières d’appartement, voire même dans des
pots, Il est à peine besoin de dire que les
individus qui ont servi à cet usage sont
enlevés aussitôt que les fleurs sont passées
et transportés dans le jardin, à Pair libre.
D’ailleurs il serait plus facile encore de
planter les bulbes dans des petits godets
qu’on enterrerait ensuite et que le gazon,
quel qu’il soit, dissimulerait. Par cela même
que le développement des feuilles coïncide
avec l’époque de l’épanouissement des
fleurs, V Amaryllis lutea ne pourrait être
employé pour cet usage et il est préfé-
rable de le planter en bordure, concurrem-
ment avec les Colchiques et le Safran élé-
gant. Cette réunion de fleurs blanches ou
roses des Colchiques, bleues du Safran, et
jaunes de VAinaryllis lutea, produit un
agréable effet. Mais il est une autre Ama-
ryllidée assez voisine de V Amaryllis lutea,
malheureusement très-rare dans les cultu-
res et qui n’existe, pour ainsi dire,qu’auMu-
séuo], oû elle fut donnée, en 1858, par
M. J. Gay. Cette plante, dont les feuilles se
développent après l’anthèse et qui pourrait
être employée comme les Colchiques et le
Crocus speciosus, est V Oporanlhus macran-
thus, J. Gay. Ses fleurs sont dressées, très-
grandes, campanuliformes, d’un jaune un
peu verdâtre et s’épanouissant en même
temps que celui des plantes bulbeuses qui
font le sujet de celte note.
Une Mélanthacée autre que les Colchiques,
dont la floraison précède de quinze jours
celle de ces derniers, et qu’on pourrait em-
ployer aux mêmes usages, est le Merendera
Bulbocodiuni, Ram. {IhUbocodium aiitum-
unie, Lap.), très-abondant dans tous les
hauts pâturages du centre de la chaîne des
Pyrénées. Ses bulbes, petits, produisent cha-
cun plusieurs fleurs rose violacé, longue-
ment tubuleuses, et dont les divisions du
périanthe, s’étalant presque à raz de terre,
ont quelque analogie avec celles du Mereim
dera Bulbocodium.
B. Yerlot.
Le chauffage des serres va bientôt occu-
per rattenlion des amateurs d’horticulture.
Les hoiTiculteurs de profession, n’ont
pas besoin qu’on les en entretienne, ils
connaissent tous les systèmes et la plupart
d’entre eux établissent eux-mêmes leurs
appareils; mais l’amateur, qui a d’autres
occupations et qui est éloigmé du grand
centre de production, a besoin d’être ren-
seigné sur les perfectionnements apportés
40Ü
LE THERMOSTAT
à tout ce qui tient à l’art horticple. C’est
donc à lui que je m’adresse.
L’appareil dont je veux l’entretenir est
peu connu, et je ne sache pas que les publi-
cations horticoles en aient déjà parlé.
Je crois qu’il est d’invention anglaise et
a été importé par MM. Charropin et Marc
Carrieu de Paris, chez qui je me le suis
procuré.
Je puis le recommander parce que, de-
puis trois ans qu’il fonctionne, il m’a rendu
tous les services que j’en attendais.
Cet appareil a la forme d’un thermostat
ordinaire, il est muni d’une double parole en
cuivre, contenant l’eau, et à laquelle sont
adaptés les conduits de chauffage en fonte.
On le chaulfe au coke et il en dépense
environ pour 30 centimes en vingt-quatre
heures.
Sans être d’une grande puissance, il of-
fre plusieurs avantages. D’abord celui
d’une notable économie et, pour l’amateur,
celui de ne pas demander des soins assidus,
puisqu’on garnissant le feu le soir à sept
heures on le retrouve encore le lendemain
matin à la même heure. De plus, il jouit de
la propriété d’être portatif.
Mon appareil est placé dans l’angle d’un
cabinet de travail, sur le sol, comme un
thermostat ordinaire et chauffe cette pièce,
première économie; les conduits traversent
le mur, passent dans une pièce qui me sert
d’orangerie et, de là, en traversant un second
mur, entrent dans la serre. De là, encore, ils
passent sous une espèce de bâche dont une
partie me sert, au printemps, pour les semis
et les multiplications.
THERMOSIPHON.
Avec cet appareil, j’obtiens dans la bcn c,
le jour, quand le thermomètre descend au-
dessous de zéro, par un temps couvert, 15
degrés, et dans la bâche, jusqu’à 25 degrés.
Avec la même température extérieure je
conserve, la nuit, de 7 à 10 degrés.
Quand le thermomètre descend, la nuit, à
10 degrés au-dessous de zéro, je conserve
encore de 3 à 5 degrés dans la serre, mais
alors je suis obligé de couvrir la serre de
paillassons.
J’obtiens donc sans peine et à peu de frais
la température nécessaire à une serre tem-
pérée, et je chauffe mon cabinet, dont le
chauffage seul me coûterait presque autant
par un thermostat ordinaire.
La longueur totale des conduits doubles en
fonte est de 15 mètres, mais l’appareil pour-
rait, je crois, en chauffer beaucoup plus.
La bâche dont il est question est â 65
centimètres du sol, supportée par des po-
teaux en bois, tenant au mur par des barres
de fer, sur lesquelles reposent d’autres
barres en fer plat de 3 centimètres de large.
Ces barres supportent des briques plates,
qui sont recouvertes de 20 centimètres de
sable fin.
La brique et le'sable offrent l’avantage de
conserver longtemps la chaleur et d’être
propres. Une couche de 20 à 25 centimè-
tres de sable remplace très-avantageusement
les couches de tannée, pour les semis et
multiplications du printemps, et, une fois
installée, ne demande plus à être rempla-
cée.
L’amateur n’a pas besoin d’autre serre à
boutures. Jean Sisley.
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES.
Prunus salicifolia. Cette espèce originaire
du Mexique, où elle porte le nom vul-
gaire de Capulino, a été envoyée de graines
au Muséum. Celles-ci, que nous avons se-
mées, nous ont donné des plantes [très-
vigoureuses, à feuilles lancéolées, très-
fortement dentées, minces, très-glabres.
Les fruits, gros, succulents, qui rappellent
un peu ceux de nos Abricotiers, se vendent
sur le marché de Mexico sous le nom de
Capulino. C’est donc, on peut l’espérer, une
espèce fruitière exotique à ajouter à nos
collections fruitières de l’Algérie, peut-être
même du midi de la France.
Rostellera Japonica. Arbrisseau vigou-
reux, très-rameux. Rameaux à écorce roux-
brunâtre, ferrugineux-tomenteux. Feuilles
longuement pétiolées, alternes, cordiformes,
longues de 25 à 30 centimètres, larges d’en-
viron 18, vertes en dessus, glaucescentes
tn dessous, à nervures rougeâtres. Pétiole
long de 20 à 30 centimètres; gros, cylindri-
que, de même couleur que les rameaux.
Fleurs nombreuses, disposées en grappes
terminales, à anthères nombreuses, jaunes.
— Cette belle plante, qui est assez rustique,
perd néanmoins chaque année l’extrémité
de ses rameaux qui, d’un tissu mou et spon-
gieux, sont détruits parla gelée. Il est donc
prudent de jeter des feuilles sur le pied pen-
dant l’hiver, et même, à Paris, d’en rentrer
quelques pieds dans une serre froide. —
Fleuriste de la ville de Paris.
Yucca gloriosa variegata. Plante vigou-
reuse, semblable au type par son fades gé-
néral, distincte par ses feuilles qui portent
de larges bandes longitudinales, jaunes.
E. A. Carrière.
L’on de» PropriéUire» : Mawhice bixio.
Uoitereio. — iop. delén lauete.
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D'OGïORRÈj.
Le rôle de clironi(jueur. — Congrès pomologique et exposition d'iiorlicullurc do Melun. — Les lauréats de
l’exposition de Melun. — Médaille d’or décernée à M. le docteur llogg, délégué de la Société royale
d’horticulture de Londres. — Discours de M. le sénateur Réveil. — Coinposilion du bureau de la session
pomologique. — Réunion du congrès en 18G7. — Publication du Journal de viücuUure pratique. ■—
M Fleury-Lacoste et le libéralisme agricole. — Les Almanachs : Almanach du jardinier pour Ihbj .
— Destruction des chenilles. — Article de M. Nebout. — Le phénol et l’oïdium. — Expérience fade
par M. de Biseau. — Catalogue de M. Yan lloutte. — Le Sedurn Hodigasii. — Yariétés de Rosiers mises
au cominerce par M. Yerdier et parM. Liabaud.— Les Bégonia nouveaux de M. Chaté.— Germination des
graines de G/cdi/sc/n«. — Communication de M. de la Rounat. —Lettre de M. Gagnaire relative au
Pélargonium Gloire de Nancy. — Coïncidence de faits curieux de végétation. — Floraison des Hibiscus
ferox au fleuriste de la ville de Paris. — Floraison des Phormium, lenax et des Bamhusa meiake. —
Lettre de M. David, d’Auch. — Les fruits du Néflier du Japon. — Influence des milieux sur la végétation.
— Formation des fruits. — Exemple tiré de la Yigne. — Fructification au Muséum du Fusain du Japon.
Il y aune circonstance fort embarrassante
pour un chroniqueur : c’est lorsque les
matériaux lui font défaut. Ce n’est pas le
cas dans lequel nous nous trouvons. Grâce
aux communications intéressantes que veu-
lent bien nous adresser nos lecteurs et nos
collaborateurs, nous avons sous la main,
chaque quinzaine, les éléments d’une longue
chronique. Aujourd’hui encore les sujets
à traiter alïondent ; nous n’avons que l’em-
barras du choix.
L’événement horticole le plus important
(jiie nous ayons à signaler est la session du
Congrès pomologique de Melun. Fidèle à
son programme, et comme nous l’avions
signalé dans une de nos précédentes chro-
niques, le Congrès pomologique de France
a tenu sa onzième session du 14 au il) sep-
tembre, à Melun, tandis qu’une exposition
des produits de l’horticulture avait lieu dans
la même ville. Le compte-rendu que nous
avons sous les yeux de ces fêtes horticoles
est très-long et peut faire supposer que l’ex-
position a été fort belle. C’est du moins ce
qu’on est en droit de croire, si l’on en juge
par la grande quantité de médailles qui ont
été distribuées et dont le nombre s’élève à
78. Ces médailles ont été attribuées aux
fleurs, aux fruits, aux légumes, à des ouvra-
ges d’horticulture et à différents arts ou in-
dustries se rapportant à l’horticulture. Le
prix de moralité et anciens services des
lardiniers, fondé par M. le marquis de Be-
’thisy, a été accordé àM. Ragneau père. Ce
prix consistait en une médaille d’argent et
une prime de 60 fr.
Nos lecteurs comprendront bien que dans
une chronique nous ne pouvons citer les
noms des lauréats des concours; cependant
il nous sera permis de parler de la médaille
de la ville de Melun, qui a été décernée à la
Société royale d’horticulture de Londres
pour sa colicction de fruits, composée de 35
variétés de Raisins et de 142 variétés de
Boires. Cette médaille, en or, a été remise
à M. le Dï" Robert Hogg, un des pomologues
les pins distingués de l’Angleterre, que la
Suriéli' ruva'{' d’iioiiirnliure de Londres
n\ait délégîaé pour assister au Congrès. (( En
remettant celte médaille au lauréat, M. le
maire de Melun a embrassé le délégué de la
Société de Londres pour lui témoigner sa
sympathie et lui donner une preuve de la
bonne confraternité qui existe entre les deux
nations ' . »
Non-seulement nous applaudissons_ de
toutes nos forces à cette marque de distinc-
tion et de confraternité, mais nous sommes
heureux de voir une Société qui porte si
haut le drapeau scientifique, déléguer un de
ses hommes les plus éminents pour pren-
dre part à nos travaux.
Quant au Congrès, nous ne pouvons que
constater son installation et la formation de
son bureau. Dans un long et magnifique
discours, M. le sénateur Réveil a rap-
pelé les conditions dans lesquelles s’est
formé le Congrès; il a précisé le but à
atteindre et a terminé son allocution par ce
passage très-remarquable :
(( Nous écrivons, nous, l’histoire de toutes
les espèces et variétés de fruits ; nous les dé-
crivons dans leurs conditions de sol et de climat.
(( Nous publions la pomologie de notre pays,
et nous sommes de tous les pays de la France .
(( Nous écrivons pour tous, savants et prati-
ciens, amateurs et simples jardiniers.
(( La science est l’absolu, l’expérience est le
relatif, et notre livre contient et l’absolu et le
relatif; car il est l’œuvre de tous, et tous, ce
nous semble, peuvent posséder autant de science
et doivent avoir plus d’expérience qu’un seul!
(( Marchons donc^ Messieurs et chers collè-
gues, avec persévérance vers notre but :
« Détruire la Babel de l’horticulture; établir
pour chaque espèce une nomenclature, un cata-
logue général, un seul langage qui deviendra,
nous voulons l’espérer, le dictionnaire de la
pomologie.
« Ce but, quelque grand, quelque élevé qu’d
soit, n’est qu’tâ la portée de votre science , de
votre expérience; il est digne de vous ! »
Le but est louable, très-louable sans
doute, mais le Congrès l’atteindra-t-jl? Nous
le souhaitons vivement, et lors même qu’il
ne réussirait pas, il n’en a pas moins droit
à la reconnaissance, car il est des circons-
tances où c’est déjà un mérite d’oser entre-
prendre.
Après les paroles de M. le sénateur
1 Compte-rendu, page 30.
1er Novembre 1866.
21
402
CIlUONIQUE IIOIITICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’OCTOBRE).
Réveil, qui ont été couvertes d’applaudis-
sements, l’assemblée a procédé à la no-
mination du bureau de la session, qui a été
composé ainsi qu’il suit :
M. le baron de Beauverger, député au
Corps législatif, président de la Société d’iiorli-
culture de Melun et Fontainebleau, président
W honneur ;
M. Félix Poyez, membre du Conseil général,
maire de Melun, président d’honneur:
M. le sénateur Réveil, président tikdaire
du congres;
iM. Porcher, président à la Cour impériale,
président de la Société d’horticulture d’Orléans,
vice-président :
M. de Boutteville, vice-président de la So-
ciété d’horticulture de la Seine-Inférieure,
vice-président;
M. Hardy père, ancien chef des cultures du
palais du Luxembourg, à Paris, vice-président ;
M. de Sansal, vice-président de la Société
d’horticulture de Melun etFontainebleau,t'icc-
p résident;
M. Rouillard, secrétaire et délégué de la So-
ciété impériale et centrale d’horticulture, se-
crétaire général ;
M. Cusin, secrétaire général de la Société
impériale d’horticulture pratique du Rhône,
vice-secrétaire ;
M. Thouvenel, conservateur du Jardin bota-
nique d’Orléans, vice-secrétaire ;
M. Cérand (Jules), délégué de la Société
d’horticulture de la Gironde, vice-secrétaire ;
M. Michelin, délégué de la Société impériale
et centrale d’horticulture, vice-secrétaire;
M. Beverchon, délégué de la Société impé-
riale d’horticulture pratique du Rhône, tréso-
rier.
M. le D'’ Robert lloogg, délégué de' la Société
royale d’horticulture de Londres, sur l’invitation
de M. le president, a pris place au bureau.
M. le préfet de Seine-et-Marne, qui a assisté
à plusieurs réunions du Congrès, a également
()ris place au bureau sur l’invitation de M. le
président Réveil.
La 12c session du Congrès pomologique
de France se tiendra, en 18G7, à Paris, sui-
vant le vote qui a eu lieu dans la session
de Melun. Cette décision a été prise sur la
demande de S. Exc. M. le maréchal Vail-
lant, président de la Société impériale et
centrale d’horticulture de Paris.
— Nous sommes heureux de pouvoir
annoncer l’apparition d’un nouvel organe
de la jiresse agricole, nous voulons parler
du Jominil de riticulture prafiijtie. Celle
pubdication, qui a pour collaborateurs des
hommes dont les noms sont bien connus, et
dont les connaissances sont une garantie de
succès, est certainement appelée à rendre
de grands services à l’agriculture, car elle
traite d’un sujet très-important et jusqu’ici
trop négligé.
Tous les articles déjà publiés par le nou-
veau journal soutiennent dignement le nom
de leurs auteurs. Il est surtout un très-petit
passage qui nous a particulièrement frapj)é,
il est signé de M. Fleury-Lacoste; le voici :
(( Raconter ce qu’on a fait, comment on a
opéré et les résultats qu’on a obtenus,
voilà, suivant moi, le véritable libéralisme
agricole... )) Nous ajoutons que c’est là la
véritable science, celle qui profite à tous.
Trop souvent on gâte les choses par les
explications qu’on en veut donner; on atta-
che tant d’importance à l’accessoire, on
multiplie tellement les détails, que» le né-
cessaire disparaît en partie. Qui veut trop
prouver, rien ne prouve, dit-on. Gela est
presque toujours vrai.
— Il est certains livres qui ont accès par-
tout, aussi bien dans l’humble chaumière
que dans le château princier : ce sont les
Almanachs.
Le jardinage n’a pas attendu jusqu’à ce
jour pour avoir le sien; c’estV Almanach du
jardinier \ qui fait sa 24^ apparition (il a
paru pour la première fois en 1842). Depuis
il n’a fait que s’améliorer, et aujourd’hui il
offre près de 200 pages, contenant, outre le
calendrier et les divisions du temps, des
explications sur le système métrique; l’in-
dication de tous les travaux de jardinage
qu’il convient de faire pendant chaque mois
de l’année; un résumé des principaux faits
horticoles qui se sont passés dans l’année;
de nombreuses figures, représentant des
plantes nouvelles, des instruments ou des
outils de jardinage. On y trouve des articles
sur les cultures diverses de plantes, soit de
serre, soit de pleine terre; des modèles de
châssis et de coffres ; des principes sur l’ar-
boriculture, la greffe, etc., qui font de ce
petit livre une sorte de vade-mecum que
tout chacun voudra posséder.
— Nous trouvons, dans le Journal d'a-
griculture pratique, 19, 1866, page 342,
un article sur la destruction des chenilles
que nous croyons devoir faire connaître. Le
voici :
« J’avais un champ de raves où de petites
chenilles noires, très-voraces, avaient élu do-
micile. Après avoir essayé différents moyens de
destruclion qui n’ont pas réussi, j’ai eu recours
à l’emploi de la chaux pulvérisée, et je m’en
suis très-l)ien trouvé. Voici comment j’ai pro-
cédé :
f( Je in’élais procuré de la ]»ierre à cliaux
cuite. Je l’ai mise en tas dans un lieu sec et
propi'e, je l’ai arrosée avec un ]teii d’eau. Ja'
tas n’a pas tardé à s'échauffer, et, quelques
temps après, toutes les pierres à chaux étaient
réduites en une espèce de farine 'qui a atteint,
pendant ce travail, un assez haut degré de
chaleur.
(( C’est cette chaux pulvérisée, encore chaude,
que j’ai répandue sur les raves envahies par
les chenilles. J’ai opère le matin, à la rosée,
* Un volume iii-18. Librairie agricole de la Mai-
son rustique. — Prix : 50 centimes.
403
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D’OCTOBRE).
parce que, sous Finfliience de riiiimidité, la
chaux adhère mieux sur les chenilles.
« Aussitôt après l’épandage, on voyait les
chenilles se rouler sur les feiîilles et achever de
se couvrir de chaux.
« J’estime qu’il faut employer environ 4 cà
5 hectolitres de chaux par lied arc pour dé-
Iruire complètement les chenilles. Si un pre-
mier épandage ne suffisait pas, il faudrait en
faire un second, à trois ou quatre jours d’in-
tervalle. La chaux, loin de détruire les plantes,
leur donne, au contraire, une grande vigueur. »
Ni<:i!Oct fils,
Cullivalcur à Goact par (Uissct (Allier).
Ce remède, nous le connaissions, et l’a-
vions déjà employé; mais nous devons dire
qu’il n’est efficace que contre les chenil-
les dépourvues de poils, comme celles par
exemple qui, vers la fin de l’été, mangent
souvent les feuilles de Poirier. Il est excel-
lent pour détruire les petites limaces.
Nous croyons aussi devoir reproduire les
lignes suivantes, ayant trait à l’oidium, qui
se trouvent dans le même journal :
« Après des manipulations de phénol dans une
serre garnie de vignes fortement a1la.|uées,
on put facilement observer les modifications
suivantes :
<■( Les grappes, et même les grains des
grappes les plus affaquées et que leurs pédi-
celles, frappés de mort, ne pouvaient plus ali-
menter, se desséchèrent en peu de jours. Les '
fruits qui communiquaient encore avec la
plante }>ar [eurs vaisseaux nourriciers, pi irent
en l'2 ou lo jours un développement rapide et
parvinrent à maturité en leur temps.
« L’oïdium, (}ui était resté sur les fruits, tout
en conservant son aspect normal, disparaissait
à la moindre aspersion d’eau, même au seul
souffle de la bouche.
(( Les feuilles, fortement attaquées, se dessé-
chèrent comme si on les eût passées au four;
celles qui n’étaient fortement attaquées qu’en
certaines parties perdirent, en ces parties, le
peu de vie qu’elles y avaient conservé et re-
couvrèrent la santé dans les autres parties peu
ou point attaquées.
« Afin d’être édifié sur la nature et l’utilité
éventuelle du remède, je plaçai une planche
sous des grappes et des feuilles d’une vigne
malade et fis, sur cette planche, une aspersion
de phénol dissous par 15 parties d’eau. Cette
vigne, en ])lein vent et contre une muraille,
laissa observer les mêmes phénomènes que sa
congénère habitant la serre, et l’oïdium, tout
en conservant ses apparences normales, fut
bientôt dispersé par le vent et la pluie.
F. DE Biseau,
I’ro}iriclairc-ag:roiiomo à Eiilrc-.Moiils
l'rùs Biiiclie (Belgique).
— Nous avons reçu un catalogue de
M. Xan Houfte. Comme fous ceux qui l’ont
précédé, ce catalogue est un modèle pour
l’ordre, la rédaction, l’exactitude et l’ortho-
graphe des noms. Sous tous ces rapports, ce
n’est pas seulement un catalogue, c’est un
livre à consulter. Là toutefois ne se borne
ptis son mérite: il contient une quantilé
considérable de noms de plantes accompa-
gnés souvent de notices fort intéressantes.
En voici un exemple pour le Sedum Rodi-
gasii, dont la figure paraîtra d’ici peu de
temps dans la Flore des serres :
Cf Lien ipie la plante soit vivace et fout à
fait rusiique, on en fient quelques pieds en serre
durant l’hiver pour les amènera produire, pen-
dant cette saison et pendant tout le printemps,
de magnifiques rosetles panachées. Cette pana-
chure est admirable, blanche comme de la neige,
très-ornementale. Pendant l’été, en plein air, ses
feuilles deviennent foutes noires, jusqu’à ce
que, rentrées de nouveau au commencement
de l’hiver, elles reprennent leur belle pana-
chure. »
— Uu extrait du catalogue de M. Verdier
(Eugène) nous apprend que cet horliculteur
va mettre au commerce, le mois de novem-
bre prochain, dix variétés de Rosiers obte-
nus dans son établissement. Ce sont: Comie
Lilla, Jules Calol, Madame George Paul,
Madame la baronne Haussmann, Madame
la baronne Maurice des Graviers, Madame
la comtesse de Turenne, Mademoiselle An-
nie-Wood, Mademoiselle Eleanor Grier,
Napoléon JII, et enfin Velours pourpre.
Un autre horliculteur, M. Liabaud, de
Lyon, va mettre au commerce, à partir du
l^^” novembre prochain, trois variétés de Ro-
siers hybrides remonlants qu’il a obtenues
dans son élablissement. Ce sont: Mademoi-
selle Jeanne Mar IX, Mademoiselle Thérèse
Courner et François Treyve.
Lors d’une visite que nous avons faite der-
nièrement chez M. (jhaté, horticulteur à Pa-
ris, nous avons remarqué neuf variétés nou-
velles et très-intéressantes de Bégonia, qui
seront mises au commerce au mois de no-
vembre 180G. Ce sont : B. Adrien Bobine,
Madame Chaté, Mademoiselle Anna Bobine,
Monsieur Baveaud, Madame Paccolot, Ma-
dame Mé::^ard, Léopold Charpentier, Sur-
passe Némésis, IJon Pichery.
— Nos lecteurs n’ont peut-être pas ou-
blié le fait que nous avions signalé dans une
de nos précédentes chroniques relativement
à la germination de graines de Gledilschia,
germination qui, au lieu de se faire dans
l’infervalle de I à 5 ans, comme cela ar-
rive le plus habituellement, s’est produile
dans un espace d’environ trois semaines. A
ce sujet, un écrivain de mérite, amateur
éclairé d’horticulture, M. Ch. delà Rounal,
ancien direefeur du théâtre de l’Odéon,nous
écrit :
« Au printemps de 1864, je semai dans un
terrain sablonneux des graines de Gleditschia,
recueillies par moi à l’automne précédent. Lu
mois après, passant par hasard à l’endroit où
j’avais fait mon semis, je vis que toutes les
graines avaient parfaitement levé. Je vous cile
ce fait à l’apçui d’une communication ([uc vous
CimONIQUE IlOnTfCaLE (deuxième quinzaine D’OCTOBDE).
faisiez à ce sujet dans l’im des derniers numé-
ros de la Revue horticole.
« Agréez, etc.
« C. I)E L\ UOUNÂT. »
(( Savez-vous, ajoute M. de la Roiinat,
que rOranger du Luxembourg, dont la caisse
a été foudroyée en juillet dernier, après
avoir paru complètement épargné, est au-
jourd’hui entièrement desséché? »
A quoi donc est due la mort des parties de
cet arbuste, qui, en apparence, n’avaient pas
été frappées? A l’électricité, pourrait-on
nous répondre. Le fait est plus que proba-
ble. Mais comment l’électricité a-t-elle agi?
Pourquoi l’arbre n’est-il pas mort sur le
coup ? C’est ce que nous ignorons.
— Dans un des numéros précédents, nous
avons dit que le Pélargonium Gloire^ de
Nü7icy, variété obtenue par M. Lemoine,
était une très-belle plante qui n’avait pas été
appréciée autant qu’elle le mérite. A ce
sujet, M. Gagnaire nous écrit de Bergerac la
lettre suivante :
« Permellez-moi de venir confirmer vos appré*
dations sur le Pélargonium zonale Gloire de
Nonnj, dont vous nous entreteniez dans votre
article sur les plantes rares et peu connues du
dernier numéro de la Revue.
« Celle variété, qui ne fait partie de notre col-
lection de Pélargonium zonale que depuis le
printemps dernier, fut livrée à la pleine terre
sitôt sa réception. Quelques mois après la mise
en pleine terre, une plante touffue, vigoureuse,
couverte de fleurs très-doubles, succédait à la
petite bouture primitive, elles amateurs, char-
més de sa beauté et de sa rusticité, l’admiraient
en disant; « Voilà réellement une haute et char-
mante nouveauté. »
(( Agréez, etc. « Gagnaire lils. »
— La coïncidence ou la simultanéité de
faits identiques se produisant dans diverses
parties de la France, est un phénomène
auquel jusqu’ici on n’a guère lait attention.
Ce fait semble révéler une loi générale due
à des causes qu’il serait intéressant de re-
chercher. Ainsi, il y a plusieurs années,
M. André nous faisait remarquer que tous
les pieds iV Hibiscus ferox, du lleuriste de la
ville de Paris, placés dans des conditions
diverses, quelque forts ou faibles qu’ils lus-
sent, avaient fleuri. — Le fait rapporté dans
notre précédente chronique au sujet des
Phormium tenax des environs de Brest, qui,
quoique très-forts, n’avaient encore ffeuri
nulle part jusqu’en 18GG, où ils ont fleuri
partout, est absolument semblable à celui
signalé par M. André. — Un fait à peu près
du même genre s’est produit sur le Baui-
busa inetake. Pendant plusieurs années, il
ne donnait de fleurs nulle part, puis il s’est
mis à fructifier partout à la fois. Ici, toute-
fois, il y a cette différence que, depuis lors,
le Bambusa metake fleurit chaque année,
fait qui est devenu un motifd’exclusion pour
cette espèce, très-laide alors qu’elle fleurit.
— M. David, avocat à AuMi, homme très-i
compétent, dont nous aimons à recevoir les
communications, nous écrit :
(( Nous avons eu ici cette année, comme à
Agen, comme à Angers, des fruits de Néllier
du Japon qui ont mûri et qui ont été assez
lions à manger. 11 y a là-dessous quelque chose
d’inexplicable ; car, comment ces arbres, très-
vieux dans nos cultures, ont-ils seulement fruc-
tifié cette année et partout à la fois? Un pépi-
niériste de Toulon m’a assuré n’en avoir vu
en fruits que cette année. »
M. David ajoute :
(( Votre explication, tirée de la différence de
latitude entre Angers et le Midi n’est pas sa-
tisfaisante. En effet, comment comprendre que
les Camellia résistent à Angers et ne résistent
pas à Audi? »
Il est difficile d’expliquer pourquoi des
plantes qui résistent dans un endroit, ne
résistent pas dans un autre en apparence
beaucoup plus convenable sous le rapport
de la température. Nous croyons cependant
que la différence des milieux ambiants
joue un grand rôle dans la vie et dans la
distribution des êtres. Ces faits n’ont d ail-
leurs rien de commun avec les précédents
qui se produisent dans des pays et des con-
ditions différentes. Quant aux faits de si--
multanéité dont nous venons de parler, si
on ne peut les expliquer, on peut du moins
en conclure avec certitude que les fleurs et
les fruits ne se forment pas l’année où ils
apparaissent', qu’ils sont dus à une accumu-
lation et probablement aussi à une élabora-
tion particulière de principes mis en ré-
serve sous l’inlluence de certaines condi-
tions atmosphériques et surtout de^ chaleur.
Aussi les voit-on souvent apparaître dans
des années où la température et les condi-
tions de végétation, loin de leur être avan-
tageuses, leur sont au contraire très-défavo-
rables. C’est le cas de 18GG, année très-
pluvieuse, froide, où le soleil même est
resté caché pendant une grande partie de
l’été. Du reste, la vigne fournit une preuve
de ce phénomène. Tout le monde sait que,
dans certaines années très-chaudes et très-
claires, il n’y a parfois pas de raisins, tandis
qu’il y en a toujours et en grande quantité
rannée suivante; seulement, si le^temps est
mauvais, le raisin ne mûrit jias ; c est ce qui
a eu lieu celte année.
— Un fait très-rare, se rattachant à ceux
dont nous venons de parler, est la friictifi-
calion au Muséum du Fusain du Japon
{Evonymus Japonica). Un sujet très-gros
est en ce moment couvert de fruits. Comme
ces fruits ne mûrissent guère qu’au prin-
temps ou du moins très-tard a 1 automme,
on peut se demander s’ils résisteront au
froid de l’hiver. Si l’on recherchait la cause
do celte fructification, on pourrait supposer
qu’elle est due à la persistance de la cha-
CIIUONU^IjE nORTîCOLE (DEUXIÈME QEiXZAlKE D’OCTODEE;.
leur et à la sécheresse de raimée dernière.
Cela peut être, assurément ; mais est-ce là
la seule cause? On peut en douter si l’on
songe qu’on a déjà vu des températures
aussi chaudes, et que, malgré cela, VEvony-
405
mus Japonica n’a pas ileuri. Certains })ieds
de cette môme espèce ont également fruc-
tifié à Vitry, où jamais, à noire connais-
sance, -le fait ne s’était produit.
E. A. Cauuière.
DU MURIER NOIR AU POINT DE VUE SPÉCIFIQUE.
Le Mûrier noir est-il une espèce? On
peut répondre oui, si, en se basant sur les
caractères physiques, on admet comme
espèce toute plante différente et facile à
distinguer de ses congénères; non, si on
s’appuie sur les caractères organiques, et
si l’on part de ce princqm qu'une plante,
pour constituer une espèce, doit avoir des
caractères ‘assez solides pour résister aux
épreuves scientifiques qui sont la perma-
nence et la stabilité relatives de leurs ca-
ractères reproduits pendant un certain
nombre de générations'. Dans ce cas, en
effet, nous voyons que le Mûrier noir ne sou-
tient pas l’épreuve; que ses caractères s’af-
faiblissent et disparaissent même en très-
grande partie à la première génération.
Cette année encore nous en avons eu
une preuve, et nous avons pu constater que
des individus issus d’une première géné-
ration du Mûrier noir n’avaient conservé
de ceux-ci que l’écorce roux-brun, crevas-
sée et un peu épaisse.
Qu’est-ce donc que le Mûrier noir? Est-ce
un hybride, ou est-ce tout simplement une
forme ou une variété locale qui perd
promptement ses caractères lorsqu’on la
place dans des conditions différentes de
celles dans lesquelles elle s’est produite?
Nous penchons vers cette dernière hypo-
thèse, bien que la première puisse aussi
être invoquée, si l'on se base sur ce fait
que les graines du Mûrier noir germent
difficilement et toujours en très-petite
quantité.
Aussi ne nous permettrons-nous pas de
résoudre la question, nous nous contentons
de la poser en laissant aux hommes compé-
tents le soin de lui donner une solution.
F. Jamin.
NOUVEAUX DÉTAILS SUR LA VICTORIA REGIA.
Un homme de beaucoup de savoir et d’es-
prit, qui passe sa vie à courir le monde en
touriste, M. Paul Marcoy, a recueilli, dans
une de ses explorations des grands affluents
de l’Amazone, des observations très-intéres-
santes sur les stations naturelles de la Vic-
toria regia.
On sait l’histoire de cette splendide Nym-
pliæacée de l’Amérique équatoriale, et com-
ment autrefois sir R. Schomburgh, l’ayant
découverte dans la Guyane anglaise, resta stu-
péfait à la vue de celte forme étrange et im-
mense. Il la prit de loin pour un animal géant
etfitapprocher satroupe avec circonspection,
jusqu’à ce qu’ayant reconnu qu’il avait af-
faire à une plante, il partît d’un immense
éclat de rire.
Depuis la première découverte, on a plu-
sieurs fois retrouvé la Victoria ; on l’a intro-
duite en Europe : tout le monde l’a vue fleu-
rir. llænke, d’Orbigny, Pœppig, Bridges,
l’ont tour à tour rencontrée sur le Mamoré,
le San-José et différents tributaires de l’A-
mazone.
M. Marcoy ajoute à celte liste une station
nouvelle, remarquable par le nombre im-
mense qu’on y trouve de cette c( reine des
eaux 5).
C’est dans les petits lacs qui avoisinent
rUcayali, l’un des grands affluents de l’Ama-
zone, un peu avant sa jonction avec ce dernier,
qu’il a vu la plante en immenses quantités.
Plusieurs de ces lacs sont couverts d’un ta-
pis si épais des grandes feuilles et des fleurs
de la Victoria qu’une barque ne saurait se
frayer un passage à travers la forêt inextri-
cable de leurs pétioles et de leurs pédon-
cules entrelacés sous les eaux. L’un d’eux,
le lac Nuna, tout couvert de ces mer-
veilleuses hydrophytes, attira surtout l’at-
tention du voyageur.
« Sa surface, dit-il, était couverte de
Nymphæas aux gigantesques feuilles d’un
vert-pralin qui contrastait avec le ton rose
vineux du retroussis qui bordait leurs
marges. Entre ces feuilles, s’épanouissaient
de magnifiques fleurs dont les pétales, d’un
blanc îaiteuxà l’extérieur, étaient flammés
de rose à l’intérieur, et revêtaient au centre
une teinte uniforme de violet sombre. Ces
fleurs, par leur développement prodigieux
et la grosseur de leurs boulons qu’on eût
pris pour des œufs d’autruche, semblaient
appartenir à la guirlande d’une flore anté-
diluvienne. Sur ce tapis splendide trot-
taient menu tout une légion d’échassiers :
Tantales , Jacanas , Kamichis , Savacus ,
Spatules, qui ajoutaient à son aspect phé-
noménal en même temps qu’ils servaient
à l’observateur d’échelle de proportion pour
406
îs’ouyeaijX Détails sur la Victoria regina.
mesurer de l’œil les feuilles et les fleurs
que ces oiseaux ébranlaient en marchant,
mais sans que le poids de leur 'corps les
submergeât. »
Après avoir essayé, mais en vain, d’arra-
cher avec l’aide de ses hommes une de ces
feuilles énormes, retenue au fond de l’eau
Sar des pétioles très-gros et très-résistants,
[. Marcoy se décida à en couper une, en y
joignant un bouton et une fleur ouverte.
La feuille mesurait huit mètres vingt-
huit centimètres de circonférence; la fleur
épanouie, de un mètre quarante centimètres
de tour, pesait trois livres et demie .
Son odeur pénétrante, qui rappelle à la
fois la Pomme de reinette et la Banane, em-
baumait la barque où elle avait été déposée.
Deux hommes mirent cette feuille sur un
brancard et l’emportèrent jusqu’à Vajoupa,
où le collecteur la prépara par quartiers
pour être conservée.
La Victoria, que les pêcheurs nomades de
rUcayali nomment Machu-Sisac (la grande
fleur), en langage quechua, prend, suivant
les diflerentes régions où elle croît, les
noms de Japiuia-iiaopé, sur les bords du
EXPOSITION AUTOMNALE DE
DE
La Société impériale et centrale d’horti-
culture vient d’ouvrir, dans son hôtel, une
exposition d’horticulture.
Deux lots seulement représentaient, à
des points de vue différents, les plantes
potagères de toutes espèces : l’un apparte-
nait à la Société des maraîchers de la
Seine ; l’autre à M. L. Philippe, jardinier
de M. Ad. Bertron.
Les collections de fruits de Cucurbitacées
variées qu’avaient exposées MM. Knight, jar-
dinier en chef au château de Ponchartrain,
et Courtois-Gérard étaient intéressantes et
curieuses.
Comme produits alimentaires, signalons
encore les racines de Cerfeuil bulbeux de
M. Vivet, et les produits algériens (tubercu-
les, fruits, etc.) de M. Leroy (Ch.), jardi-
nier à Kouba, près Alger.
Malgré l’abstention regrettable et non jus-
tifiée de quelques-uns des pépiniéristes, les
collections de fruits étaient importantes et
belles, disons-le.
Dans ce compte-rendu très-sommaire,
nous ne pouvons que signaler les lots dont
les produits ont été justement remarqués.
Ce sont, d’abord, ceux de MM. Baltet frères,
de Troyes; puis venaient ensuite les lots
de MM. Groux, de Villejuif; Deseine, Lio-
ret, J. Lageste, Coulon et fils, etc.
Les beaux raisins cueillis sur des vignes
en espalier et à Pair libre de M. Rose Char-
Haut-Amazone, à cause de la ressemblance
de la feuille avec la grande poêle (Japuna)
dont les Indiens de la contrée se servent
pour sécher la farine de Manioc. Dans le
Bas- Amazone , elle s’appelle Jurupasi-
leânha, c’est-à-dire hameçon du diable, à
cause des piquants redoutables dont les pé-
tioles, les }Ȏdoncules et le dessous des
feuilles sont armés. Enfin, dans le Sud, les
Indiens Guaranis la nomment Irupé, en
français plat d'eau.
Le voyage de M. Paul Marcoy, à travers
ces contrées vierges, depuis le Haut-Pérou
jusqu’à l’embouchure de l’Amazone, a été
fertile en découvertes importantes pour les
différentes branches des sciences botanique,
géologique, géographique et ethnographi-
que. Pour rester dans le domaine végétal,
nous pouvons ajouter que les renseigne-
ments précieux qu’il a réunis en un grand
nombre de points jusqu’ici peu connus, con-
tribueront à augmenter la somme des con-
naissances acquises sur cette région illus-
trée parles explorations des Humbolt et des
Martius.
Ed. André.
LA SOCIÉTÉ D’HORTICULTURE
meux, au nombre de plus de 70 variétés, et
les admirables raisins forcés de M. Knigbl,
au nombre de 15 variétés, tous aussi re-
marquables par leur dimension vraiment
colossale que par leur parfaite conser-
vation, formaient l’un des côtés les plus
intéressants de cette exposition.
M. Chevalier, de Montreuil, exposait des
fruits de neuf variétés de Pêche; l’une
d’elle, la Belle Impériale, obtenue de semis
par l’exposant, il y a 3 ou 4- ans, est vrai-
ment très-belle, aussi bien sous le rapport de
la qualité, de la forme et du volume qu’au
point de vue du coloris, qui est d’un purpu-
rin intense. Ce dernier caractère la distin-
gue facilement des autres Pêches de celte
saison dont la coloration est généralement
claire.
Les Ananas de MM. Crémont frères, au
nombre de huit individus, étaient d’une
vigueur et d’une beauté peu commune.
Nous ferons la même remarque pour les
Ananas de Froment.
Plusieurs collections de plantes à feuil-
lage ou de plantes fleuries de pleine terre
ou de serre, augmentaient l’intérêt de l’ex-
position. Là s’étalaient de nombreuses col-
lections de Pélargonium zonale inqui-
nans: l’une à M. Chatéfils, l’autre à M. Mal-
let; rappelons aussi celles de M. Jarlot
père, et un lot de fort jolis exemplaires bien
fleuris d’une des belles variélés oble-
407
EXPOSITION x\ETOMNALE DE LA SOCIÉTÉ D’IIOUTICULTURE DE PARIS.
nues dans ces dernières années par M. Me-
zard jeune, le P. Gloire de Corbeny.
Pour clore l’énunièralion des plantes
fleuries, citons les Dahlias nombreux et va-
riés de MM. Mezard jeune et Dufoy; les
Glaïeuls de M. Loisè; les Pétunias de
M. Tabar; les Zinnias élégants doubles de
M. Trony ; les Lantanas variés de M. Cliaté
fils, parmi lesquels on retrouverait indubita-
blement quelques-unes des espèces créées
autrefois par plusieurs auteurs, etquine sont
que des variétés du Laulana Camara, L.
Les Pieines-Marguerites naines de M. Gour-
tois-Gérard à fleurs très-grandes étaient
très-remarquables. Il en était de meme des
5 variétés d’tEillets Flon de M. Paré. De
ceux-ci on remarquait surtout l’Q^L Soui'e-
nir de Paulin, de couleur saumon rose clair,
et l’Œ. Prince impérial, blanc strié ou
pointillé de rose. Enfin, les collections de
plantes vivaces fleuries de pleine terre de
M. Yvon, celle de plantes vivaces à feuil-
lage panaché du même exposant, et la réu-
nion des fougères de pleine terre et autres
plantes vivaces variées pour rocailles de
M. Pelé (Adolphe).
Parmi les plantes de serre, on remarquait
surtout les lots de MM. Cbantin et Lierval;
celui du premier se composait presque ex-
clusivement de Palmiers et de Cycadées;
on y voyait aussi un Bonapartea gracilis
dont la hampe florale commençait à se dé-
velopper. La collection de M. Lierval était
plus variée et formée de plantes de serre
chaude. La plante la plus rare, comme aussi
l’une des plus nouvelles de ce lot, était l’A?z-
tliurium regale, Aroïdée des plus curieuses
par ses feuilles. Là se trouvaient un grand
nombre d’espèces de Ficus, le Fromager
(Bombax Ceiba), un Pandanus reflexus de
grosseur peu commune, le Diliveria gran-
dis, à feuilles épineuses et ayant quelque
ressemblance pour la forme à celle de
VAcanlhus hirsutus, Boiss.; le Colea Com-
mersonii, le Cossinia Borbonica, etc. En-
fin, M. Mathieu et M»*® Y''" Froment avaient
aussi exposés des plantes de serre qui étaient
bien portantes et très-variées. M. Pacotot
avait exposé un lot de plantes de serre
chaude très-remarquables, surtout par leur
belle culture. M. Cbantrier, horticulteur
à Mortefontaine, avait exposé deux fort
beaux pieds de Lomaria gibba, curieuse
et jolie Fougère arborescente, à tige peu
élevée encore, mais portant déjà une tren-
taine de frondes. Le Dorsteiiia caulescens
et rillosa et le Peperoniia arifolia, trois
plantes' d’introduction assez récente, ac-
compagnaient la Fougère précitée.
Parmi les semis, le jury attribua une
médaille d’argent à M. Belet pour le Dahlia
blanc rosé, désigné par lui sous le nom de
Madame Jacqueniin : et une semblable dis-
tinction a été décernée à M. Couvreux pour
le Dahlia blanc pur, à qui il avait donné le
nom (\e Madame Alfred Cromaille.
La plante la plus curieuse qui a figuré
à cette exposition était l’individu fleuri de
Vanda Lowii,i\a M. Guibert, amateur à Passy.
La lige de cette très-remarquable Orchidée
était unique, simple, haute d’environ 70 cen-
timètres, et présentait, vers les deux tiers
de sa hauteur, deux hampes grêles, flexi-
bles, velues et longues chacune de l"'.GO
à 1»'.80. Chacune de ces tiges portait en-
viron 2G fleurs, non encore toutes épa-
nouies. Un fait curieux et qui se reproduit
généralement chez cette plante, c’est que
les deux premières fleurs, c’est-à-dire cel-
les qui sont situées à la base de l’inflo-
rescence, sont non-seulement très-dilTé-
rentes des fleurs suivantes, qui sont toutes
semblables, mais encore ne s’épanouissent
pas les premières. Ces premières fleurs
sont d’un jaune abricot pointillé de couleur
livide rappelant celles des fleurs de cer-
tains Stapelia; dans celles qui suivent, outre
que la teinte jaune est plus claire, les ponc-
tuations se présentent sous forme de lar-
ges macules de même nuance. Quant au
mode d’épanouissement, il est fort curieux
aussi : la première des deux fleurs infé-
rieures ne s’épanouit que lorsque la qua-
trième l’a fait,' et la seconde fleurit après
l’épanouissement de la cinquième. En ou-
tre, la base de l’inflorescence est beaucoup
plus robuste jusqu’à la naissance de la se-
conde fleur.
Après avoir indiqué les objets les plus
intéressants de cette exposition, nous de-
vons faire connaître le nom des exposants
auxquels ont été décernées les récompen-
ses les plus élevées.
Le jury attribua la médaille d’honneur
de S. M. l’Empereur à MM. Ballet frères,
pour leur collection de fruits.
La médaille d’honneur de S. A. I. la
princesse Mathilde, à M. Deseine fils, hor-
ticulteur à Bougival, pour sa collection de
fruits; une seconde médaille d’honneur de
S. A. I. la princesse Mathilde, à M. Phi-
lippe (Louis), jardinier chez M. Bertron, à
Sceaux, pour sa collection de légumes; la
médaille d’honneur de S. E. le maréchal
Vaillant, président delà Société, à MM. Gré-
mont frères, pour leurs Ananas; la mé-
daille d’honneur de S. E. le ministre de
l’agriculture, à M. Rose Charmeux, pour sa
collection de raisins de table ; une seconde
médaille d’honneur de S. E. le ministre
de l’agriculture, à M. Lierval, pour sa réu-
nion de plantes de serre; la médaille d’hon-
neur de M. le sénateur préfet de la Seine,
à M. Chantin, pour sa collection de Palmiers,
de Cycadées et autres plantes de serre; enfin,
la médaille d’or de M'^^e ta comtesse de
Turenne, à M. Leroy, pour son remarquable
pie:l fleuri de Vanda Lou'ii. b. yerlot.
UNE VARIÉTÉ SPÉCIÉISÉE.
Le titre que nous donnons à cette note,
si nous voulions le prendre à la lettre, en-
traînerait comme conséquence la définition
fondamentale de V espèce; car, la variéle
n’étant qu’une forme de l’espèce, on ne
peut la définir qu’après avoir démontré ce
qu’on doit entendre par cette dernière.
Mais comme ce serait an moins très-diffi-
cile à faire, et que nous serions entraîné
beaucoup trop loin, nous passons outre,
et nous disons seulement, d’une manière
générale, que tous les caractères exception-
nels que présente une plante sont considé-
rés comme le propre des variétés; ainsi
les panacliures sur les feuilles, les rameaux
pendants ou fastigiés, les rameaux fasciés
ou monstrueux, la soudure des feuilles, et
enfin toutes les particularités qui font ex-
ception à ce qu’on est habitué à voir chez
ce qu’on est convenu d’appeler un type ou
une espèce, caractérisent des variétés.
La plante qui fait le sujet de cette note et
que nous prenons comme exemple, est le
Pinus Fremonliana. Tout le monde sait
que, chez le Pin, les feuilles sont toujours
réunies par petits fascicules comprenant cha-
cun 2 à 5 feuilles (très-rarement en un plus
grand nombre), enfermées dans une gaîne
commune ; de sorte que, d’après ce que nous
avons dit ci-dessus, tous les individus dont
les feuilles seront disposées d’une autre
manière seront considérés comme des ex-
ceptions, par conséquentcomme des variétés.
Par exemple, tous ceux chez lesquels les
feuilles seront réunies et sembleront n’en
constituer qu’une, seront des variétés. Ainsi,
d’après ces règles que l’homme a établies,
les Pinns sijlcestris monophylla, Pinus
cemhra monophylla, Pinus excelsa mono-
phylla, sont des variétés, cela parce que la
7nonophyllité n’est qu’accidentelle et mo-
mentanée. Mais si cette monopliyllitéy qui
est l’exception, devenait la règle, et si
au lieu d’être passagère elle était perma -
nente, on n’hésiterait pas à considérer
comme une bonne espèce l’individu qui pré-
senterait ce caractère : c’est ce qui est ar-
rivé ^ouy\& Pinus Fremonliana, qui a cons-
tamment les feuilles réunies et n’en consti-
tuant alors qu’une. Cette espèce, qu’on
trouve en quantités considérables dans di-
verses parties de la Californie, a toujours les
feuilles soudées, particularité qui se repro-
duit par les graines même dans les cultures,
et qui,-par sa persistance, par sa stabilité,
est considérée comme caractère spécifique.
Que voit-on dans tout ceci relativement
à la monophyllité? Ce qu’on voit pour tous
les autres caractères des plantes : d’abord
de la monophyllité éphémère pourrait- on
dire, ensuite de la monophyllité un peu
plus tenace, et, enfin, de la monophyllité
permanente. Mais comme ce qui constitue
l’espèce c’est la permanence et la stabi-
lité de ses caractères, et comme, d’autre
part, tout caractère passager peut devenir
stable et fixe, il en résulte donc que ce qui
était d’abord considéré comme une excep-
tion peut devenir la règle, et, par consé-
quent, qu’une variété peut devenir une es-
pèce (ce qui n’a rien d’étonnant, puisque
toutes deux sont notre ouvrage, — en tant
que dénomination, s’entend), celle-ci n’é-
tant autre chose qu’uiie variété fixée. On en
peut conclure, enfin, (\ue\ePinus Fremon-
liana n’est qu’une variété spéciéisée.
Supposons maintenant, ce qui probable-
ment arrivera, que, dans un temps plus ou
moins long, on obtienne un Pinns Fremon-
liana h feuilles libres, alors on n’hésiterait
pas à considérer celui-ci comme l’espèce et
les individus monophylles comme n’en étant
qu’une variété. La mère aurait détruit son
enfant. La science y aurait-elle perdu ou
gagné ? C’est à nos lecteurs cà en juger.
E. A. Carrière.
DE L’UTILITÉ DE TENIR NOTE DE L’ORIGINE
DES VARIÉTÉS HORTICOLES.
On l’a dit et on le redira bien souvent en-
core : Rien n’est parfois plus difficile que de
remonter à l’origine de certaines plantes
cultivées, et notamment à celle de quelques-
unes de leurs variétés horticoles. Tous les
auteurs l’éprouvent chaque jour.
Cela tient surtout à ce que les personnes
qui s’occupent de jardinage, ne comprenant
pas l’intérêt que ces détails peuvent avoir,
négligent le plus souvent de prendre, de
conserver et de publier ou de communiquer
à qui do droit des noies, tant sur leurs pro-
pres observations que sur les nouvelles ob-
tentions ou introductions qui peuvent se
produire autour d’eux. Il faut attribuer en
grande partie cette lacune à ce que l’hor-
ticulteur de profession, qui a le plus occa-
sion de connaître de ces faits, est d’ordi-
naire indifférent à ces questions’; qu’il a peu
l’habitude d’observer, et qu’il n’aime guère
écrire, ce dont il a d’ailleurs rarement le
loisir. Cela tient encore à ce que nombre
d’amateurs, qui en auraient parfois le temps,
manquent souvent des connaissances spé-
409
DE L’UTILITÉ DE TENIR NOTE DE L’ORIGINE DES VARIÉTÉS HORTICOLES.
ciales, et que, ne disant de l’horticulture
que pour leur plaisir et comme distraction,
ils ne peuvent ou ne veulent pas s’astreindre
à un travail qu’ils jugent d’ailleurs le plus
souvent inutile, quoique dans bien des cas
ces mêmes personnes soient membres de
Sociétés pour l’avancement de la science
horticole.
Tout renseignement qui peut ou pourra
jeter quelque lumière sur l’origine d’une
plante, a donc un véritable intérêt, et, con-
séquemment, nous devons considérer qu il
est du devoir de tout ami du progrès hor-
ticole de faire connaître les faits de ce
genre parvenus à sa connaissance.
L’accomplissement de ce devoir devient
d’autant plus urgent, que, depuis quelques
années, la question sur l’origine des espè^
ces est à l’ordre du jour. ^ L’observation
a fait découvrir pour ainsi dire chaque
jour des faits probablement déjà très-fré-
quents anciennement, mais qui n’avaient
point été remarqués, et dent la réunion et
la comparaison jettera sans doute un jour
nouveau sur cette importante question.
Ici c’est un fait de dimorphisme, ou bien
de dichroïsme, c’est-à-dire qu’une portion
d’un végétal présente tout à coup des for-
mes, une coloration, une précocité, etc.,
très-dilîérentes de celles habituelles aux
autres parties de ce même individu. Là
c’est une variété naine ou géante, ou un
nouveau coloris qui se produit comme
par hasard de toutes pièces dans un se-
mis, etc., etc.
Dans quelques cas, le fait est isolé; mais
il arrive souvent qu’il se produit dans plu-
sieurs contrées à la fois, et c’est alors qu’il
y a difücullé à d^l)rouiller le chaos produit
par cette pluralité d’origines simultanées.
Laissons là cette trop longue digression,
que les lecteurs de la lîemc excuseront sans
doute, en songeant que, dès la première an-
née de son apparition, l’origine véritable de
la plante dont nous allons parler, la Campa-
nule Carillon rose {Campanula medium
flore roseo, Violette marine à fleurs rose),
aurait pu sans cette note être entourée de
la plus grande obscurité.
Chaut on.
{La suite à un prochain numéro.)
TRANSPLANTATION D’UN CÈDRE DE TRENTE ANS
A TOULOUSE.
On voit aujourd'hui, dans le jardin du pa-
lais militaire, à Toulouse, un Cèdre du Li-
ban, âgé de 30 ans, haut de 8”L50, et dont
le tronc, à 1 mètre au-dessus du sol, nie-
sureO 90 de circonférence. Il y a environ
six mois, cet arbre était encore dans l’ancien
jardin Massatet, situé près de la gare du
cliemin de fer; il a élé transporté et trans-
planté au printemps dernier dans le jardin
du maréchal Niel, à plus de 2,500 mètres
de distance, par un horticulteur cleToulouse,
M. Demouilles. L’opération a été si habile-
ment exécutée, que le Cèdre n’en a aucune-
ment souffert.
La description des moyens mis en œuvre
par M. Demouilles pour mener à bien cette
entreprise, — j’allais dire ce tour de force,
— intéressera certainement les lecteurs de
la Revue horticole L
Il s’agissait tout d’abord de déplanter l’arbre
sans endommager les racines, afin que la re-
prise fût assurée ; en d’autres termes, il fal-
lait que le Cèdre ne fit pour ainsi dire que
changer de place en gardant sa motte
énorme.
A cet effet, une première tranchée circu-
laire T de 1^.30 de profondeur fut creu-
sée dans un rayon de 2m.l0 autour de l’ar-
bre (fig. 50). Les ouvriers travaillant dans
^ M. Demouilles a publié sur ce sujet un mé-
moire iuléressant, ayant pour titre : Le Cedre du
Liban au palais du maréchal à Toulouse, auquel je
ferai de nombreux emprunts.
cette tranchée attaquèrent la base delà motte
et purent introduire par-dessous, au moyen
des tranchées T, ouvertes dans le terrain, de
fortes pièces en liois de chêne A A, desti-
nées à supporter le plancher qui devait sou-
tenir la motte (fig. 50 et 51).^ Ces pièces
furent posées à leur extrémité sur quatre
blocs E servant de point d’appui; leur écar-
tement fut maintenu par deux traverses très-
solides. Cela fait, on plaça successivement
les différentes pièces C du plancher, et on
consolida la motte par un cuvelage à claire-
voie cerclé et entouré d’une forte chaîne en
fer, pour que les racines, repliées délicate-
ment, n’eussent pas à souffrir du moindre
choc pendant le transport. Ces racines, ayant
3‘^e50 de rayon, ont été. ainsi parfaitement
conservées.
Restait à soulever celle masse considé-
rable, mesurant T’”.20 de diannMre sur
I"l30 de hauteur, et pesant 35,000 a
' 40,000 kilogrammes.
Quatre vérins V, placés aux quatre angles
de l’appareil, purent, avec l aide de huit
hommes, donner l’impulsion nécessaire pour
celle ascension extraordinaire, qui eut lieu
sans encombre avec toutes les précautions
indispensables.
Les travaux d’extraction du Cèdre, com-
mencés le 5 mars, avaient été heureusement
terminés en 13 jours avec le concours de
8 hommes seulement, lorsque M. Demouilles
410
TRA^SI'LA^’TAT10N D’UN CÈDRE
crut devoir se préoccuper sérieusement de
l’autorisation du transport.
Ce n’était pas une mince affaire. On crai-
gnait que le poids considérable du Cèdre
n’effondrcàt les routes et que les pouls qu’il
devait traverser ne présentassent pas une
solidité suffisante. M. Demouilles dut, en
DE TRENTE ANS A TOULOUSE.
conséquence, changer l’itinéraire qu’il avait
adopté tout d’abord, et après une série de
marches et de contre-marches que nous ne
raconterons pas, il fut autorisé, ainsi qu’il
l’avait demandé, à faire circuler le Cèdre
sur rouleaux et sur voie ferrée jusqu’à sa
destination, mais aux conditions suivantes :
Fig'. 50.^— Sysièmc cmi’loyé jiar M . i)cmouilles pour l’c-xlraclion du Cèdre,
Fig. 51 . — Plan du plancher destiné à soulever le Cèdre.
Les rails devaient être placés et dépla-
cés successivement à mesure que l’on che-
minerait, de manière à n’avoir jamais sur la
route une longueur de plus de dü mètres.
Ces rails devaient être placés exactement
sur le milieu de la chaussée, surveillés et
éclairés pendant la nuit, etc.
Pour traverser le pont de l’École vétéri-
naire, au-dessus du chemin de fer du Midi,
M. Demouilles dut s’engager à élayer ce
pont par des pieds droits ayant d’é-
quarrissage; a suivre exactement l’axe du
pont et à [tlaccr les rails do son chemin de
1er très-exactement au-dessus des poutres
centrales du pont.
M. Demouilles étaitd’ailleurs responsable
de toutes les dégradations qui pourraient
être faites à la chaussée ou au pont pendant
le trajet.
Toutes les difficultés adminisîralives étant
Revue llcrUccle
F )erna Fini/
lmp lanote r des Boulanger s, 15 Pans
1 . (' e l' i s e b e 1 1 e tle (< o u c h e v
2. Margollel
" Rc'Viu Horticclc
'¥
B V a c \\y sema a e u min ai a
J
lmp îanoter.ies Bovlan^ers ,13 Pan.'^'
411
TRANSPLANTATION D’UN CÈDRE DE TRENTE ANS A TOULOUSE.
en partie résolues, le Cèdre fut mis eu moii-
veineut le ^7 mars.
La voie ferrée qu’oii établissait par tron-
çons de 30 mètres de longueur, depuis la
fosse d’extraction jusqu’au palais du maré-
chal, était conslituée par i rails Barlow R
(fig. 52 et 53), sur lesquels reposaient 4 rou-
leaux de fer parallèles, ayant 1 de
diamètre. Les pièces A du plancher soute-
nant la motte étaient garnies de rails Brunei
tournés sens dessus dessous.
Il est aisé de comprendre combien cette
disposition ingénieuse de\ait faciliter la
traction. Les rouleaux interposés parallèle-
Fi". 52. — Mode de transport du Cèdre.
Fig. 53. — Plan do la voie ferrée employée pour transporter le Cèdre.
ment entre les rails de la voie et ceux du
chariot pouvaient être entraînés sans diffi-
culté par une force relativement très-faible,
malgré le poids énorme qu51s soutenaient,
à tel point qu’il a suffi d’un seul cheval
agissant sur une moufle M fixée à une
amarre N pour faire circuler sans secousse
le Cèdre et sa motte, même sur des pentes
assez raides.
Le Cèdre était entré sur la voie publique
le 27 mars, et, pour franchir la distance qui
sépare l’Ecole vétérinaire du jardin Massatet,
M. Demouilles avait été dans la nécessité de
construire un plancher mobile à cause du
mauvais état du chemin qui ressemblait à
une fondrière. Le pont du chemin de fer fut
franchi, le 7 avril, en 20 minutes, et, 20 jours
après, le Cèdre arrivait sans encombre à sa
destination, après un trajet de 2,529 mètres,
qui n’a pas duré moins d’nn mois, mais qui
412
TRANSPLANTATION D’UN CÈDRE DE TRENTE ANS A TOULOUSE.
se réduit à 17 jours si l’on en défalque le
temps perdu en route pour l’accomplisse'
ment des formalités administratives.
L’arbre avait été arrosé trois fois pendant
ce long’ voyage. Il a été transplanté par le
procédé employé pour l’extraction et avec les
mêmes précautions. Il ne paraît pas avoir
subi l’iniluence de son changement de mi-
lieu, et il est aujourd’hui plein de sève et de
vigueur.
J’ai décrit brièvement le mode de trans-
port imaginé par M. Demouilles. Ce mode,
qui est des plus ingénieux, présente sur-
tout un côté avantageux qu’il faut faire res-
sortir : c’est celui de l’économie.
Yoici, d'après M. Demouilles, quelle a
été la dépense :
L’extraction, jusqu’au niveau du ter-
rain, a coûté 258 fr. »
Les frais de plantation ont été de. . 78 25
Frais de matériel (achat ou location). 224 65
Frais de traction et de transport. . 563 25
Totai 1,144 15
A déduire la valeur (lu matériel restant. 144 »
Reste net 1,000 15
DEUX VARIÉTÉ
CERISE BELLE DE COUCHEY.
Celte variété de Cerise a été trouvée à
Couchey, village de la Côte-d’Or, situé à
8 kilomètres de Dijon. Un vigneron, nommé
Daton, qui travaillait dans la ferme du châ-
teau de Couchey, découvrit ce semis en 1715;
aussi un grand nombre de cultivateurs lui
ont donné le nom de Cerise Raton, sous le-
quel elle est connue dans le département de
la Côte-d’Or, et même dans les départements
environnants.
La Cerise Belle de Couchey est un excel-
lent fruit; on en fait un commerce considé-
rable à Dijon et aux environs, principalement
à Marsannay-la-Côte, Morez, Couchey, Clie-
iiôve, etc., et nous devons conseiller sa
culture à tous les horticulteurs qui ne la
connaissent pas. L’arbre est très-productif;
son bois, très-vigoureux, se rapproche assez
de celui du Bigarreau Cœur de Pigeon; il a
les feuilles larges, le fruit gris-rouge, à chair
ferme, un peu juteux. Mûrit en juin.
Cette variété, d’abord peu appréciée dans
la Côte-d’Or, a été remarquée ensuite parles
jardiniers du pays, qui l’ont multipliée au
moyen de la grelfe, et maintenant elle com-
mence à être très-répandue. Dans le village
où elle a pris naissance, il se vend tous les
ans pour 6 à 8,000 fr. de cerises, et, dans
celle vente, figure principalement la Cerise
Belle de Couchey. Quant aux sujets, on peut
facilement s’en procurer chez tous les horti-
culteurs de Dijon.
Soit une dépense de 0 fr. :22 environ par
mètre courant parcouru. C’est un chilfre
extrêmement réduit, eu égard au poids de
l’arbre à transplanter et aux difücullés du
transport.
En résumé, le procédé très-intéressant
de M. Demouilles trouvera de nombreuses
applications en horticulture pour la trans-
plantation des gros arbres. C’est celui qui
est- aujourd’hui le plus avantageux, tant à
cause de sa simplicité que de la modicité des
dépenses qu’il entraîne. Il peut être aussi
utilisé dans l’industrie pour le transport des
fardeaux très-pesants. Il repose d’ailleurs
sur un principe fort simple, que les maçons
mettent en application tous les jours quand
ils se servent de rouleaux de bois pour faire
mouvoir les grosses pierres taillées dans le
chantier. M. Demouilles a su appliquer ce
principe de la manière la plus heureuse;
l’expérience qu’il a faite à Toulouse, et qui
a si bien réussi, est donc intéressante à tous
les points de vue.
A. DE CÉRIS.
S DE CERISES.
CERISE BIGARREAF-MARJEOLLAIS L
Cette Cerise a été obtenue de semis par
M. Marjeollais de Couchey (Côte-d’Or), et
l’arbre qui l’a produite est aujourd’hui âgé
de six ans. Il est d’un port magnifique, sa
tige est droite et élancée; haut de 5 mètres,
il paraît très-rustique et très-productif. Le
bois, très-gros, d’un vert foncé dessous la
branche et grisâtre par dessus, est parsemé
de petits points blancs, mamelonné comme le
BigarreauNapoléon; les feuilles très-grandes,
d’un vert foncé, mesurent environ O'^.IO â
0”M5 en longueur et 0'“.06 à 0'».08 en lar-
geur ; le pétiole est long d’environ 0”.03 ; les
nervures, au nombre de 10 â 11, sont très-
prononcées ; le fruit est gros, rouge-brun,
presque noir lorsqu’il est arrivé à maturité
complète; il est bon et sa chair est ferme
comme celle de tous les Bigarreaux. Il mûrit
dans le courant de juin.
La gravure représente le fruit dans sa
grosseur moyenne. Celte Cerise, présentée â
la Société d’horticulture de la Côte-d’Or,
dans la séance du 11 juin 1865, a été sou-
mise à une commission chargée de la dégus-
ter ; elle a été déclarée bonne, et j’ai dû faire
un rapport, dont une partie a été présentée
au Congrès pomologique de France, tenu à
Dijon le 6 septembre dernier. Le même
échantillon de Cerise, présenté de nouveau
' Sur la planche coloriée, on a imprinK* par erreur
Marfiollet au lieu de Marjeolla/fi.
413
DEUX VARIÉTÉS DE CERISES.
à la Société (riiorliciillure, le 8 juillet 18G0,
a été jugé aussi favorablement que la pre-
mière fois; nous n’avons donc plus cà douter
de la valeur de ce fruit. Le Bigarreau Mar-
jeollais a pris naissance dans le jardin du
château de Coucliey, où l’on a déjà trouvé la
Cerise Belle de Coucliey. Cet arbre a donné
des fruits pour la première fois en 18G4, et
plusieurs établissements de Dijon l’ont déjà
multiplié. N. Duritt.
BRACIIYSEMA
Tige sous-frutescente, droite et raide, à
écorce gris-cendré, pulvérulente. Feuilles
opposées, ovales-elliptiques, atténuées à la
base, courtement pétiolées; les adultes lon-
guement acuminées au sommet qui est ter-
miné par un mucronule courbé en dessous,
parfois disposé obliquement, épaisses, co-
riaces, d’une nature sèche, vert-grisàtre,
luisantes en dessus, blanc argenté en des-
sous; les plus jeunes argentées sur les deux
faces, mais surtout en dessous, par de nom-
breux poils courts brillants, couchés. Fleurs
portées sur de courts pédoncules axillaires
couverts de poils courts. Corolle à 5 pétales
dont ^ sont soudés pour former la carène,
d’un rouge carmin très-foncé, presque
pourpre; étendard très-petit, jaunâtre à la
base, rouge au-dessus du milieu, presque
blanc sur le bord; ailes petites, rouges;
carène composée de deux pétales soudés à
la partie supérieure, très-grands, du double
de la longueur des ailes, ne s’ouvrant jamais,
mais restant comme pliés, de manière à for-
mer comme le dessous d’une nacelle. Eta-
mines, le plus souvent 10, insérées autour
et à la base de l’ovaire, non soudées en fais-
ceau, de même longueur que le style qui
est central, simple, de couleur rosée.
Celte espèce, originaire de l’Australie,
est très-souvent désignée dans le commerce
sous les noms de Bmchysemaspeciosciy par-
fois meme de Drachysema species. Sa vi-
gueur, sa rusticité relative, sa tloribondité,
et surtout la couleur et l’éclat de ses fleurs,
en font l’une des plus belles plantes de
serre tempérée. Il est difficile d’expliquer
pourquoi avec toutes ces qualités on ne la
rencontre pas plus souvent dans les cul-
EXCURSION, EN 1866, R
DE El
Le sommet du col de Balafra est remar-
quable par quelques plantes alpines et'par
une station d’oursins fossiles. La vue en est
splendide. D’un côté, on distingue le Dôme
de Saint-Pierre de Genève, et, de l’autre,
toute la chaîne du Mont-Blanc.
Du col nous fûmes en quelques minutes
au bord du lac des Colombetles.
Dans les prairies qui avoisinent le lac, la
végétation est très-riche, ainsi les Viola cal-
’ Voir le du IG octobre, ])aç;e 393.
ACUMINATA.
tures, non-seulement d’amateurs, mais de
toute personne qui possède une petite serre.
La facilité avec laquelle elle croît et avec
laquelle aussi elle se prête au pinçage, font
que, sans aucun doute, elle pourrait être
cultivée comme plante d’ornement pour le
marché.
Plantée en pleine terre dans une serre
tempérée, elle constitue un énorme buisson
sous-ligneux, d’une beauté peu commune.
Ajoutons que les 'plantes fleurissent très-
jeunes et que des boutures de 2 ans seule-
ment se couvrent de fleurs. La floraison
commence dès les premiers jours du mois
de mars et se prolonge pendant longtemps.
Nous pouvons même ajouter que la plante
est remontante. Ainsi, le pied qui a servi à
faire le dessin ci-contre ayant été mis en
pleine terre à l’air libre vers la fin d’avril,
poussa des bourgeons qui, dès le mois de
septembre, étaient couverts de Heurs.
La culture du Brachyserna acmnimla est
des plus faciles; la terre de bruyère, pure
d’abord, plus tard additionnée de terre
franche légère, lui convient. On le multi-
plie de boutures qu’on fait avec des bour-
geons bien aoûtés; qui s’enracinent promp-
ienient. Il est très-probable aussi qu’on
pourrait le multiplier par graines en mettant
un pied en pleine terre qu’on laisserait en-
forcir et en le plaçant dans un endroit clair,
fortement insolé.
On trouve le Brachyserna acuMinata chez
plusieurs horticulteurs do Paris et, tout par-
ticulièrement, chez M. Bougier-Ghauvière,
horticulleur, rue de la Boquette, oû a été
prise la plante qui a servi à faire le dessin
ci-contre. Truffaut.
: LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE
ANGE'
carata, Genliana purparca, renia, Bava-
rica, y sont communs. Un des côtés du lac
est bordé des têtes blanches de VEriopho-
ram ca pilai am.
A partir de là la descente se fait à travers
les roches dans la vallée du Beposoir. Une
variété du Campanula rlwmboidalis (à fleurs
l)lanches) et le Ceplialaria alpina (Sca-
bieuse des Alpes) avec ses têtes jaunes, fai-
sait un bel effet dans le paysage ; un peu plus
loin, on signala le LycJmis fins Joris,.
414
EXCURSION, EN ISGii, DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Sur les l)ords de la roule pierreuse,
parmi les broussailles qui y croissaient, une
lleur parut si belle qubdle motiva une balle
et une exclamation. C’était une variété du
Campamila Trachelium à fleurs d’un blanc
pur, présentant un thyrse de 65 centimè-
tres de haut.
Mais la nuit approchait, un de nous venait
de se donner une entorse, et la marche fut
ralentie; aussi n’arrivàmes-.nous auReposoir
qu’à 8 heures, où nous ne trouvâmes que
deux lits. Comment y coucher 17! Ce fut
grâce à la complaisance du curé, et en met-
tant les granges à contribution, que l’on put
se caser. Nous étions attendus. MM. Du-
mont et l’avocat Roy, l’abbé Chevalier et
l’abbé Mernoux, vinrent nous y rejoin-
dre.
Le 17. — La bande se divise de nouveau,
une partie se dirige sur Cluse par Scion-
zier, emportant tous les bagages qui n’é-
taient pas indispensables pour faire l’ascen-
sion du Méry. — Chemin faisant, elle ra-
masse quelques plantes, telles que Aconi-
tum anthora, Linaria alpiva, Cirshm spi-
mmssiinum, Euplirasia alpiua.
Le temps paraissait devoir être beau,
aussi le plus grand nombre se dirigent du
Rcposoir par la Chartreuse et les escaliers
deSonnières, et commencent l’ascension du
Méry.
Les escaliers contiennent un nombre con-
sidérable de fossiles provenant des grès verts.
Plusieurs espèces de Rosiers, tels que Rosa
myriacaritha, Rosa pomifera, Rosa alpina,
Rosa montaua, croissent dans cette vallée.
^ Le passage du Méry fut rude; mais ou fut
récompensé par une ample récolte de bon-
nes ])lantes,* notamment Alchmilla pcnla-
plnjllfi, Valeriana salinnea [vd.ve)^Sauss}(ren
alpina, var. depressa (très-rare), Asplc-
niam Ilallerl, etc.
La descente sur Salancbes se fit par le
col de la cheminée et par la Ramasse.
Arrivés le soir à Salancbes, ces deux grou-
pes furent rejoints par une 3° division, diri-
gée par MM. Fournier et Personnat, qui ve-
naient de faire une tournée de 2 jours sur
les hautes montagnes qui avoisinent le pic
de Cüloné, dont le sommet dépasse 2,000
mètres.
Les boîtes étaient pleines. On avait trouvé
une magnifique Orchidée que l’on avait
cru un instant être le Calypso bo7Wilis, mais
qui n’était autre que le Epipoginm Gme-
lini, déjà trouvé au Drizon.
Le souper fut joyeux, et la municipalité
nous fit annoncer qu’elle nous ferait le len-
demain une réception officielle, à l’occasion
de notre séance publique.
Le 18. — La matinée fut occupée à ran-
ger les plantes et au nettoyage et raccom-
modage des vêtements. Puis l’on fit une
promenade autour de la ville.
A trois heures, le canon annonça la séance
publique.
Les autorités civiles et religieuses avaieht
donné une grande solennité à cette fêle. La
présidence fut déférée à l’évêque, et une
grande partie des notabilités assistaient à la
séance, où plusieurs personnes rendirent
com}Ae des* diverses herborisations qu’on
venait de faire.
Le 19, dimanche. — Départ de Salancbes
pour Saint-Gervais. La Société se divise en
trois bandes : une se dirige le malin sur
Cbamonix à pied; une autre, aussi le malin
et à pied, sur Saint-Gervais; la troisième, à
11 heures, pour Saint-Gervais. Gelle-ci était
la plus considérable et composait un véritable
convoi, car elle emportait tous les bagages
et était accompagnée de 7 guides et G mulets.
Les 3 bandes se rejoignirent à Saint-Gervais.
Parmi les plantes remarquables récoltées,
il faut signaler V Impatiens noli me tanyerel
qui est commun sur les coteaux qui avoisi-
nent l’établissement des bains.
Quelques botanistes le considèrent sinon
comme une espèce, mais au moins comme
une variété connue sous le même nom ail-
leurs. Une vingtaine de membres, après une
station d’une heure sous la direction de
M. Personnat, de Salancbes, partent pour
Contamines où l’on dîne ; puis se rendent
en toute hâte dans les bois qui sont entre
Contamines et Notre-Dame de la Gorge, dans
l’espoir d’y rencontrer deux jolies plantes
que l’on a vainement cherchées pendant long-
temps, le Pyrola aniflora ou Aleneses yran-
diflora et le Corallorhiza innaia. On fut
cependant assez heureux pour les trouver
au retour. (Une [)artie de la troupe s’égara,
et l’on resta jusqu’à la nuit.)
C’est dans l’obscurité que l’on fit l’ascen-
sion du Nanlborand (1,437 mètres d’alti-
tude), espèce de cbalel-auberge, en face du
glacier de Frelalête, plus beau, dit-on, que
la merde glace. On y arriva à près de 9 heu-
res. La plus grande partie furent obligés de
coucher dans la grange sur de la paille.
Lundi 20. — Autour du chalet, la végé-
tation est tout alpine, et l’on y remaniue
le Circæa alpina, les AsCwitia major et mi-
nor, Ilieracium aurantiacum, ÉupJirasia
alpina, Géranium pratense, Colchicum alpi-
uum, etc., etc.
Ascension du col du Ronhomme.
Les bois de Sapins sont remplis de Clavai-
res et de Chanterelles. On en ramassa pour
en faire un gros plat.
Après le commencement de la montée, on
trouve des prairies qui sont parsemées de
petits arbrisseaux, tels que le Salix arbus-
rula, Rhododendrons, Vaccinium, etc.
La base des pics se couvre de roches
éboulées. Dans les endroits où la végétation
devient plus rare, on trouve encore les Ce-
raslium (alifoliam, Linum alpinam, Cam-
415 '
EXCURSION, EN 18CG, DE LA SOCIÉTÉ ROTANIQUE DE rr.ANCK.
pnnulapusilla, les Campanulacœspilosa, U-
nifülîa, les Siloie fKWilis, Silene c.xscapn.
Arrivé au plan des Dames (2,056 mètres
d’altitude), ou Irouve un tumulus élevé par
les pierres que les voyageurs jettent sur
remplacement où périrent, par une avalan-
che, deux dames anglaises il y a déjà un
siècle.
Nous y fûmes assaillis par une grosse
averse qui nous suivit jusqu’au haut du col
(à 2,480 mètres).
Nous étions trempés; mais le soleil repa-
rut, et, grâce à l’abri d’un chalet où l’on
I trouva du lait, on put déjeuner.
L’herborisation fut splendide; parmi les
plantes remarquables, nous citerons les
Carex curvuJa, Erigeron uniflorum, Gen-
tiana gJacialis, Genliana mvalis^ Dra-
ba aizôides, Draba tornenlosa, Festuca al-
pina^ BotrycJiium lunaria, Braya pinna-
liflda, Saxifraga andxosacea, les Saxi-
fraga oppositijolia, biflora, muscosa, le
Sedîim atralum, etc.
Les bords du ruisseau étaient couverls de
Saxifraga aizoides en pleine tloraison.
Sur la gauche, dans les pentes qui sont au-
dessus et au-dessous de la route, on trouva
' des plaques de neige où l’on recueillit des
I Androsace obtnsifolia, Bamwculus alpes-
I trisy Gnaphalium supinum, Scnecio incanus,
Arabis cœrulea^ Primula farinosa, Poten-
tilla frigida, etc., etc.
Le temps se couvrait, quelques éclairs,
suivis du bruit que fait le tonnerre dans les
Alpes, nous menaçaient d’un gros orage.
M. Düumet, qui était sur les sommités
qui entourent le Bonhomme, avait trouvé
en abondance le Banmiculus gladaUs en
pleine floraison; mais de grosses goulles qui
commençaient à tomber tirent songer à la
retraite. A peine descendait-on que l’orage
éclata.
Un orage dans les Alpes avec le ton-
nerre, la foudre, la pluie, la neige et la
grêlé, est un spectacle sublime et d’une ma-
jestueuse horreur. La déroute se mit bien-
tôt dans la bande, et c’est à qui rejoindrait
au plus vite le gite. La plupart avaient de
l’eau jusqu’à rni-jambe.
Quelques-uns s arrélent au chalet de
|, Nontborand, et y couchent; d’aulres, quoi-
!i (|ue trempés jusqu’aux os, continuent leur
l’oute jusqu’à Contamines, où ils sont forcés
de coucher.
Le matin de ce même jour, une autre par-
:■ lie, sous la direction de l’abbé Miremond et
li: de M. Personnat, élait montée au glacier de
F Frelatête, où ils ont fait une magnifique her-
! borisation, et, comme les autres, ont été at-
1 teinis par l’orage.
Mardi 21 . — On se réunit à Contamines.
I Une partie se dirige vers le bord du Naus
I (ruisseau) pour chercher le Pyrola uuillora,
' ! et les rapportent.
Après midi, les botanistes se divisent en
petits groupes se dirigeant vers Chamonix,
les uns par le col de Vouza et quelques-uns
par le pavillon de Bellevue, et d’autres par
Sallanches- A quatre heures, le gros de la
bande et les mulets se mit en route, malgré
la pluie, se dirigeant sur le pavillon de Bel-
levue.
La première partie de la route a présenté
parmi les plantes remarquables : Balsamifa
suaveolcns (Desf.) autour des chalets et pro-
bablement échappé des cultures.
On nous assura qu’un autre Artémisia
rare, V Artémisia mntelliiia, croissait dans
les rochers qui entourent les sommités du
glacier deBionacé (près de là); mais la nuit
qui approchait nous empêcha de vérifier
cette assertion. — Les points de vue sont
nombreux et très-variés ; l’un des plus beaux
est celui du glacier de Bionacé, au pied du-
quel dn traverse le torrent qui en découle
et que les pluies ont grossi. De là au pavil-
lon de Bellevue la montée est rude et fort
désagréable, surtout la nuit. La dernière
partie surtout, qui se fait à travers une forêt
de Sapins, par des sentiers boueux, où l’on
s’enfonce jusqu’à mi-jambe. B faisait nuit
noire à notre arrivée.
Le pavillon de Bellevue est un chalet
situé au-dessus du col de Youza. On y ccu-
che.
Mercredi, 22 août. — Lever à quatre heu-
res un quart. Le soleil paraît bientôt. La vue
est splendide. On voit à ses pieds la vallée
de Chamonix, à 1 ,200 mètres plus bas, et le
glacier de Bionacé. D’un autre côté, il
semble à 300 pas, quand, en réalité, il est à
4 kilomètres. Le glacier des Bossons et la
merde glace sont aussi en vue.
On descend du pavillon pour se rendre à
Chamonix. On traverse des prairies parse-
mées d’arbrisseaux, le Rhododendron est
encore fleuri. Dans les herbes, on ramasse
un joli Lycopodium Ilckcîiciim en fruit, et
qui y est très-commun dans les gazons
ras.
Un petit bois de Sapins qu’on traverse
nous fournit un joli champignon {i\Htrula
leolia).
De petits ruisseaux qui descendent des
coteaux sont bordés des Eguisetiim rariega-
tum, Gentiaua campestris, qui sont dans
tous les prés.
En moins d’une heure et demie nous
sommes aux Ouches, village sur la grande
route qui conduit à Chamonix.
Parmi les plantes qui figurent dans tous
les jardins des hameaux, on remarque le
Malua crispa, très-communément cultivé
pour les usages alimentaires.
Le mauvais temps avait contrarié l’exécu-
tion du programme. La séance de clôture
devait avoir lieu le 21, et nous y arrivons le
22 à deux heures.
' il6
EXCURSIONS', EN 1866, DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Aussitôt uno herborisation fut organisée
pour explorer les abords delà mer de glace.
M. Payot, naturaliste à Chamonix, avait
préparé tout ce qui pouvait faciliter le s6^
jour de la Société à Chamonix, et il mit ses
collections et ses herbiers à sa disposition ;
c’est grâce à lui que chacun put se procu-
rer des échantillons de Lycopodimn imni-
(fatum, qui croît dans les prairies humides
de la base du Montanvert.
L’abbé Chevalier procura des échantil-
lons de Trifolium^ récoltés aux environs du
glacier de l’Arvcyron*
En grimpant jusqu’à le mer de glace,
on ramassa plusieurs bonnes plantes, no-
tamment VAchillea macrophylla.
Depuis plusieurs années, le niveau de la
mer de glace a considérablement diminué,
de façon que la végétation paraît là où il y
a quelques années elle était enfouie sous
une épaisse couche de glace.
Une partie de la caravane traversa la mer
de glace et opéra son retour par le Chapeau
et la rive droite du glacier. — Sur les bords
se trouvent abondamment les Trifolium cœs-
pilosum, Genliaua campestris. — A partir
du Mauvais-Pasjusqu’au Chapeau, on trouve
abondamment dans les rochers le Primula
riscosa, un Dianthiis voisin du sylvesiris,
ainsi que plusieurs Ombellifères remarqua-
bles.
La nuit venant, on hâta le pas, et ce no
fut qu’en courant que l’on put jeter un re-
gard sur la grotte de cristal, et l’on constata
seulement la disparition de la grotte de
l’Arveyron.
Lorsque l’on rentra à Chamonix, il faisait
nuit depuis longtemps, et la séance de clô-
ture fut en quelque sorte improvisée, sous
la présidence de M. rabl)é Chevalier. M. le
maire et le juge de paix s’y rendirent, et ce
fut à table que la séance s’ouvrit. Elle se
continua dans un salon de l’hôtel de la
Couronne, et se prolongea bien avant dans
la nuit.
Plusieurs communications importantes
furent faites par M3I. Cosson, Chevalier,
Fournier et Payot, qui apporta plusieurs
plantes vivantes de la localité.
Au moment où minuit sonnait, par une
nuit étoilée, splendide, la Société se sépa-
rait en face du Mont-Blanc, dont les som-
mets étincelants de blancheur paraissaient à
une faible distance.
Durant tout son parcours, la Société n’a
eu qu’à se louer de l’accueil bienveillant
qu’elle a reçu des autorités, qui avaient été
prévenues par M. le préfet de la Haute-Sa-
voie. Elle doit aussi rendre hommage à l’ac-
cueil sympathique qu’elle a reçu de la part
des populations.
J. SlSLEY.
REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER
Le Polanical Magazine nou» offre, dans
ses cahiers de juillet et août, les descriptions
et les figures des plantes suivantes :
75ecoBîoi»sîft :%C|îale«sis. D. C,, pl. 5583.
Cette Papavéracée fut découverle dans
les montagnes du Nepaul par le docteur
Wallich, et elle fut ensuite récoltée par
M. J. D. Hooker dans les régions centrales
humides du Sikkim-IIimalaya, où elle se
trouve à une élévation d’environ 350 mètres
au-dessus du niveau de la mer.
Le genre Meconopsis est représenté dune
manière très-large dans l’IIimalaya. Le Me-
conopsis aculcata et \c Meconopsis Wallichii
sont du meme pays, qui en contient encore
bon nombre d’autres espèces. MAL Back-
house, à Yoî'k, ont cultivé en premier
lieu le M. Aepalensis qui a fleuri dans
leur établissement en juillet 18G3. C’est
une grande plante herbacée robuste, bisan-
nuelle, simple ou peu rameuse, de 1 mètre
à l'".70 cent., remplie d’un latex jaune.
La tige atteint parfois à sa base un dia-
mètre de deux pouces, elle est couverte
ainsi que les feuilles de jioils raides. Les
feuilles radicales, jiéliolées, varient en lon-
gueur entre U'“.K) et 0"'.5U; elles sont li- i
néaires-spatulées ou oblongues-lancéolées,
sinueuses-pinnatifides; les feuilles caulinai-
res sont sessiles. Les grandes fleurs, d’un
jaune de soufre, mesurant 2-3 pouces en
diamètre, sont disposées en grappes dres-
sées, longues de 0™.35 à On^.TO. Les éta-
mines ont des anthères orangées.
B=olys4ncîiy« piilieseeiis, ReICHENMCII, pl. 5586.
Le genre Polystachya n’appartient pas à
ceux qui parmi cette grande famille des
Orchidées dotent nos établissements hor-
ticoles de leurs plus beaux ornements.
Cette espèce n’est pas dépourvue de tout
mérite. C’est une plante qui n’atteint pas
au-delà de 0"\33 de hauteur, à pseudobul-
bes ovoïdes larges environ de 0»u3 qui
supportent deux à trois feuilles oblongues-
lancéolées, longues de 7 à 12 centimètres.
Les fleurs, d’un beau jaune doré, sont dispo-
sées en une grappe dressée assez serrée. La
patrie de celte plante est l’Afrique du sud,
où elle l\it trouvée d’abord par Burchell,
ensuite par Drége, dans le bai de Delagoa;
par AL Barber près Somerset, et près des
frontières orientales des possessions an-
glaises dans l’Afrique du sud parM. Ilulton.
H y a trois ans qu’elle a fleuri pour la pre-
mière fois dans le jardin de Kew.
REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES RE L’ÉTRANGER.
•IjOlielfa nfcotfiana^folia* Hevne, ]>1. 5587.
Belle plante originaire du Neilglierry et
■d’autres montagnes de la presqu’île de l’Inde
et de Ceylan, dont les graines furent en-
voyées au jardin de Kew par M. A. Black,
directeur des jardins botaniques de Banga-
lore. Elle a fleuri en serre tempérée en jan-
vier dernier. C’est une espèce- gigantesque;
les pieds, à Kew, ont atteint !2 mètres de
hauteur et ont été couverls d’amples grap-
pes spiciformes serrées, composées d’in-
nombrables (leurs assez grandes d’un lilas
très-pâle. Il paraît que celte plante, dans
son pays, peut atteindre 4 mètres de hau-
teur. La tige a à sa base l’épaisseur du
bras. Los feuilles lancéolées, |)resque ses-
siles et dentelées au bord, atteignent 0"‘.30
à 0“L70. Les anthères sont d’un bleu foncé.
;l.Bîeylosiîîe J. D. IIooKEU. pl. 5588.
Plante appartenant à la famille des Acan-
Ibacées, introduite par MM. Veitch et tils.
du Guayaquil. C’est une des plus belles
Acanthacées tropicales introduites de ces
contrées. Sous-arbrisseau à liges quadran-
gulaires, à feuilles glabres ou un peu duve-
teuses, courtement péliolées, ovales-oblon-
gues ou ovales-lancéolées, longues de 10 à
25 centimètres. Les fleurs sont disposées
en grandes j)anicules allongées. La couleur
des "corolles à limbe enroulé vers l’extérieur
est un pourpre vineux; le calice et les pedi-
celles sont de la même couleur; les an-
thères, qui avec le style font saillie en de-
hors de la corolle, sont jaunes.
.^lîgî’iPCBisia l'IïftiîlMamsBia. J. D. HuOKER,
pl. 5589.
Celte petite espèce, qui fut envoyée au
jardin de Kew du Cabon par M. du Chaillu,
a fleuri pour la première fois en mai der-
nier. Elle fut également envoyée parM. Gus-
tave Mann, de la rivière Nun. La tige de
celle (Jrchidée épiphyte atteint O'^.iO à
0'^'.25; elle est de l’épaisseur du petit doigt.
M7
Les feuilles ondulées au bord, très-eoriaces,
ligulées, longues de 8-15 cent., larges de
O cent., sont bilobées au sommet à lobes
très-inégaux, arrondis. Les fleurs, d’uii
blanc-verdâtre à sépales, pétales et labelle
semblables de forme et de longueur, étroites
et très-pointues, sont munies d’un éperon
qui atteint 7-12 cent, de longueur.
Elleinia fulgeaas, J. D. HOOKEII, pl. 5590.
Composée formant un petit sous-arbris-
seau qui atteint 0'".70âl mètre de hauteur,
â feuilles courtement péliolées, ovales-
oblongues, glamiues, charnues, à capitules
florales isolés ou réunis par deux aux extré-
mités des rameaux. Les tleurs sont d’un
rouge-orangé très-brillant et cette espèce
doit prendre, par son port et par ses fleurs,
un rang élevé parmi les plantes grasses. Elle
fut envoyée par M. Plant, de Port-Aatal, â
M. Saunders, cultivateur et monographe
de ces sortes ele plantes succulentes.
l'reniOBiâia l'aliloiaiifa, TORUEY, pl. 5591 ,
Un bel arbuste singulier et très-rustique
de la Californie, introduit en Europe par
MM. Veitch, dans l’établissement desquels il
a fleuri en juin dernier. C’est une plante
qui se couvre de tleurs au premier prin-
temps, à l’époque de la floraison des For-
sythia, et dont la Ikviie horticole donnera
prochainement une figure colorié.
a'crïîaBidosia roSussôa, B.YTEMAN, ])1. 5592.
Orchidée originaire du Cuatémala, où
elle fut trouvée par M. Skinner. C’est une
plante à tige dressée, haute de 0™.33 envi-
ron. Les feuilles carénées, longues de
25 millim., s’engaînent les unes dans les
autres; les fleurs solitaires, pendantes, d’un
jaune de soufre avec des stries transversales
et de petites macules rouges, naissent dans
les aisselles des feuilles supérieures; chaque
pédoncule floral porte à sa base deux à trois
fjractées triangulaires pointuos.
J. Gr.aENL.\AD.
SIR LA VALELR CLLINAIRE DE TROIS PLANTES POTAGÈRES
CHINOISES.
Le 6 septembre I8G4, la Société impé-
riale d’acclimatation recevait de BI. de Blon-
ligny, consul de France en Chine, un nouvel
envoi de graines diverses, parmi lesquelles
se trouvaient : le Chou-Navet de Chine, la
Salade chinoise et le Chou de Chang-ton.
Ces graines ayant été mises en distribution,
je pus m’en procurer quelques-unes de cha-
que sorte; je les semai et les cultivai avec
pn très-grand soin dans mon domaine
d’Ilannoncourt. Voici le résultat de mes
observations ;
U Chou-Navet de Chine, Colle plante,
toute nouvelle pour nos jardins, avait par-
ticulièrement fixé Fallenlîon et piqué la
curiosité de plusieurs amateurs de légumes,
notamment la mienne, en ce qu’elle était
annoncée comme offrant une double récolte
sur le même pied, c’est-à-dire une pomme
de Chou et un Navet. Je n’avais reçu qu’un
nombre très-restreint de graines, et cepen-
dant il était important, comme cela doit tou-
jours se faire pour le succès de toute en-
treprise, d’établir au moins trois saisons;
c’est ce que je fis.
La première fut faite en pot, le 13 avril
1865; je repiquai mes jeunes plantes en
pince le 20 du môme mois sur une plate-
418
smi L.\ VALÈUÎ\ tl'LINAinE DE TROIS PLANTES POTAGÈRES CHINOISES.
bande préparée à l’avartce pour les recevoir.
Je les disposai en quinconce et les espaçai
de Û*".25 en tous sens. Peu de temps après
le repiquage, je ne tardai pas à m’aperce-
voir d’un certain renflement de la racine
au niveau du sol ; en un mot, elles prenaient
simultanément toute la forme de nos Na-
vels; bientôt les tiges florales se dévelop-
pèrent avec rapidité, et les fleurs commen-
cèrent à s’ouvrir dans le courant de mai.
Mais cà ce moment toutes les tiges, feuilles,
fleurs et boutons furent envahis par des
pucerons et des coléoptères, inconnus de
moi, qui détruisirent une grande partie des
fleurs, en portant une atteinte des plus
graves à la fructification. C’est avec beau-
coup de peine que je pus récolter ma pro-
vision de graines pour cette année.
Le 24 juillet, je fis un deuxième semis, et |
les jeunes plantes furent traitées de la même
manière que les précédentes. Les racines se
turbinèrent aussi de même, et je remarquai
sur certains individus que plusieurs tiges
sortaient du collet. Mais, toutefois, je ne fus
pas heureux, et de ce semis je n’obtins pas
une seule fleur; tous mes Choux-Navets de
Chine fondirent sans que je pus me ren-
dre compte de la cause qui les faisait dis -
paraître. Ce n’est que de ma troisième sai-
son, faite le 20 août et mise en place le
8 septembre dans les mêmes conditions de
culture déjà indiquées, que j’obtins des
plantes à l’état normal, si je puis m’expri-
mer ainsi. J’eus alors des Navets, mais pas
de pommes de Choux.
Mangé cru, le Chou-Navet de Chine a le
goût de la Moutarde, du Raifort, du Radis
noir : ce serait un Sinapis que je n’en serais
pas surpris. Dans le pot-au-feu, en haricot
de mouton, il a toujours rappelé la mou-
tarde ; ce goût fortement prononcé l’empê-
chera, je le crains, d’être employé en cui-
sine. Ses feuilles, qui m’ont paru sensibles
aux gelées, ont beaucoup d’analogie avec
celles du Sinapis arvensis; les animaux do-
mestiqu-es auxquels j’en ai offert l’ont mé-
diocrement accepté; sous le rapport fourra-
ger, il me serait donc impossible de recom-
mander le Chou-Navet de Chine \
2« Salade chinoise. A l’examen de la
graine, il fut assez facile de reconnaître que
j’avais affaire à une plante du genre Chry^
santhème ; en effet, quelques temps après
mon premier semis, qui fut fait en pot le
i 3 avril, les plantes, qui donnèrent des fleurs
jaunes, me firent l’effet du Chrysantheniuni
segetuni; mais, en comparant ces deux plan-
tes, je crus remarquer une notable différence,
et je reste convaincu que, si ces plantes ne
forment pas deux espèces distinctes, la<Sa-
' Il ressort nettement de font ce que dit M.Rossin,
que la plante n’est pas un Gliou. Pourquoi lui con-
server ce nom? — (Rédaction.)
lade chinoise est au moins une variété du
Chrysmthemunî segetum. Cette opinion est
aussi celle d’un savant botaniste de Mantes,
M. Lecureur. Ayant semé les deux plantes à
côté l’une de l’autre, au printemps de celle
année, j’ai pu constater de nouveau des
différences très-sensibles dans le port, dans
les feuilles et dans les fleurs.
Semée d’automne en pleine terre, la Sa- ,
lade chinoise a produit des petites masses |
rondes de verdure ayant un peu l’aspect de
la'Màche ronde de nos jardins, avec laquelle
elle pourra concourir et rivaliser, si l’on
parvient à s’habituer à son goût de Chry-
santhème et à son arôme très-développé;
chez moi, où la Mâche à larges feuilles ne
réussit que difficilement et où elle est sou-
vent et totalement détruite par le ver
I blanc, la Salade chinoise est très-belle et
ne craint pas la gelée.
Associée à laScarolle ronde, au Céleri et
à la Mâche, cette nouvelle plante fut offerte
par moi à l’attention et à l’examen de plu-
sieurs convives. Les avis furent partagés :
les uns la repoussèrent d’une manière ab-
solue; d’autres ne la trouvèrent pas trop
mauvaise; enfin, il s’en trouva, et je suis du
nombre, qui ne la jugèrent pas désagréable
au palais.
3» Chou de Chang-ton'. Si les deux plan-
tes précédentes ne m’ont offert qu’un avan-
tage plus que secondaire sous, le rapport
culinaire, il n’en est pas ainsi du Chou de
Chang-ton; celte plante mérite une men-
tion toute particulière et rattenlion des
amateurs de bons légumes. Le Chou de
Chang-ton est d’une culture facile; il réus-
sit bien chez moi, où il a bravement sup-
porté l’hiver de 18G5-60 sans couverture et
sans abri à l’air libre. Le Chou de Chang-
ton est, selon moi, une des bonnes plantes
potagères exotiques. Pour en obtenir un
bon produit, il faut le semer vers la deu-
xième quinzaine d’août.
Ainsi que le Chou-Navet de Chine, je
semai et repiquai en même temps le Chou
de Chang-ton. Ma première et ma deuxième
saison ne me donnèrent aucun résultat. La
première fondit subitement après avoir
montré une belle végétation pendant quel-
ques temps. La seconde, couverte comme
la première par une espèce de poussière
blanche ayant assez de ressemblance avec
le blanc des Rosiers, succomba sous ce re-
grettable fléau, que je n’avais pas encore vu
s’abattre sur les Crucifères. Dans mon troi-
sième semis du 20 août, je trouvai une
petite larve noire, longue de 2 centimètres
environ, et qui, en novembre, dévorait les
feuilles du Cho\i de Chang-ton, mais d’une
manière tellement exclusive qu’elle n’atla-
"î Celte pifiiüe n’est autre que le /V/-.s7//,(Voir Ile-
vue hortieule, l8Gü, ('.liiuniciuc, page 384.)
419
SLR I.A VALRUU CljLLNAlUE DÉ T14
(jiiail pas les plants de Choux pain de sucre
i-e|)i(iués en pépinière tout à côté. Celte
larve, qui, in’a-t-on dit, est celle d’un
ColéoplèrCy a fait celte année son appa-
rilion pour la première fois dans mon jar-
din. Depuis plus de cinquante ans que je
cultive des choux de toutes sortes, c’est la
I première année que je l’observe ^ ; je dois
i ajouter que nos chenilles vertes, ainsi que
celle jaune et noire qui dévoraient mes
I Choux pain de sucre, paraissaient avoir
! un superbe dédain pour les plantes du Cé-
leste Empire, car pas une ne les a atta-
quées.
Le Chou de Chang-ton, par son aspect
2:énéral et surtout par ses larges côtes blan-
ches et assez saillantes, a de loin beaucoup
de rapport avec les Poirccs à Cardes. Les
I plantes portent, tant sur les bords que
I sur toute leur surface, de petits poils dans
i le genre de ceux qui couvrent les feuilles
de la Bourrache, mais en bien moindre
quantité. Les feuilles du centre sont cris-
pées. Dans son ensemble, et arrivé tà
ENGRAIS
Les engrais jouent un grand rôle en hor-
ticulture, et surtout les engrais liquides,
préconisés depuis quelque temps et avec
raison.
Nos voisins, les Anglais et les Belges, s’en
sont servis longtemps avant que, chez nous,
cette pratique fût connue.
^ De tous les engrais préconisés, la matière
fécale est peut-être le plus efficace et ce-
pendant le moins usité, à cause de sa mau-
i vaise odeur et peut-être aussi à cause d’une
! certaine pruderie.
On fabrique une grande quantité d’engrais
I artificiels qui prennent faveur au moyen des
I réclames, et l’on délaisse ce que chacun a
sous la main. Cependant, en horticulture
! comme en agriculture, l’économie des
moyens doit être recherchée, et celui qui
s’apt)lique à vulgariser la science rend ser-
vice à l’humanité entière.
Je crois donc utile de recommander l’em-
GYNERtint
Celte variété s’est produite au Muséum, et
sa première floraison s’est clfectiiée en 1800.
Nous avons d’abord songé, en la voyant, à
lui donner le qualificatif de atropurpurea^
qu’elle semble mériter par sa couleur rouge
foncé; mais, réfléchissant qu’on ne doit ja-
mais iirétendre avoir atteint le maximum et
Nous avons aussi rciuaniuc celle nicnie larve
au Musciuu, ainsi que dans d’autres jardins où
nous avons vu le Vet-saï. — Rédaction,
S PLANTES PüTAGEl’.ES CHINOISES.
son maximum de développement, le Chou
de Chang-ton n’a que cinq ou six rangées
de feuilles parlaitemenl imbriquées inté-
rieurement, ce qui lui donne la forme d’un
vase conique ou d’un entonnoir. D pèse
alors de 4ü0 à 500 grammes.
Les feuilles vertes du Chou de Chang-ton
sont sans saveur appréciable au palais.
Cuites au jus, elles otfrent un excellent
mets, qui rappelle néanmoins un peu le
goût, mais très-léger, de la Rave. Préparées
comme les Epinards et la Chicorée, elles
procurent un plat délicieux. J’appelle donc
l’attention sur le Chou de Chang-ton^ qui
offrira certains avantages en cuisine pendant
une partie de l’automne et surtout pendant
l’hiver, époque oû les légumes frais sont
rares. Il a commencé à fleurir vers la fin de
février.
Sous le rapport fourrager, cette plante
pourrait peut-être aussi présenter quelques
avantages pour la nourrriture du bétail; les
vaches la mangent avec une avidité rare.
Rossin.
LIQUIDES.
ploi des matières fécales, dont j’ai obtenu
les meilleurs résultats sur des cultures très-
diverses et très-variées, qu’il serait trop long
d’énumérer.
J’emploie, à l’air libre, les matières féca-
les telles qu’elles sortent de la fosse, dans
la proportion d’un litre pour quatre litres
d’eau, et, pour les plantes en pots et en serre,
dans la même proportion ; mais, dans ce
dernier cas, après les avoir désinfectées
avec du sulfate de fer (qui lui-même est
un adjuvant) dans la proportion d’un kilo-
gramme par hectolitre.
Comme cet arrosement répand néanmoins
dans les serres une odeur désagréable,
j’arrose le soir et place dans la serre du
chlorure de chaux, qui, dans la nuit, enlève
entièrement l’odeur.
C’est, je le répète, l’engrais le plus actif, le
plus facile à employer, le plus économique,
et très-probablement le meilleur, j. Sisley.
QJRPUREIJM.
que peut-être, plus tard, on obtiendrait une
variété à Heurs encore plus foncées, nous
avons préféré laisser de la marge et prendre
le qualificatif de purpurea, qui indique un
rouge pourpre, mais non de la dernière in-
tensité. Voici les caractères qu’elle présente :
Plante très-vigoureuse atteignant D‘i.50,
parfois plus, de hauteur. Feuilles raides,
dressées, puis réllécbies, d’un vert assez
foncé, non glauque. Hampe robuste, droite.
1
420
GYNERlü.ù PLRPUREÜM.
s’élevant au-dessus des feuilles, terminée
par une panicule excessivement grosse, très-
fournie et très-compacte, d’unrouge pourpre.
Cette variété commence à tleurir vers le
AFFAIBLISSEMENT, PUIS
Si tous les types étaient d’une meme force
organique et identiquement les mêmes ; si
le milieu dans lequel ils vivent ne changeait
pas non plus constamment, il y aurait une
monotonie uniforme dont on ne peut se
faire idée et au milieu de laquelle l’homme,
continuellement changeant, ne pourrait
vivre. Mais il n’en est rien, et par suite
cette loi fondamentale qu’on nomme attrac-
tion, affinité, sympathie, etc., en vertu de
laquelle tout s’attire et tend à se mettre en
rapport : de là la diffusion et la variabilité
infinies. Mais comme ces attractions sont de
diverses natures et d’inégales forces, on
voit alors certains types en dominer d’au-
tres et tendre même à les faire disparaître
en les absorbant. Le Spirxa Fortunci
fournit cet exemple remarquable. En effet,
lorsqu’on cultive des Spirxa salicifolia au
PLANTES NOUVELLES, E
Ma tope malacoides, Lin. Plante annuelle,
herbacée, s’élevant d’environ 75 centimè-
tres à 1 mètre, à tige très-ramifiée dès la
base et formant une ample pyramide, à ra-
mufications inclinées, un peu redressées à
leur extrémité : celles de la base sont éta-
lées sur le sol et forment une vaste rosette
dont les extrémités se redressent et forment
autour de la pyramide centrale comme une
corbeille fleurie. Feuilles alternes, pétio-
lées, entières, ovales-arrondies, un peu cor-
diformes crénelées, d’un vert agréable.
Fleurs grandes, longuement pédonculées,
ressemblant beaucoup à celles de la Lava-
tère à grandes fleurs roses {Lavatera tri-
iiiestrh^ si répandue dans tous les jardins;
mais la teinte rose en est plus belle et plus
vive et se voit de très-loin.
' Cette plante est recommandable, surtout
en ce que sa floraison est très-abondante,
(lu’elle commence en juillet pour se prolon-
ger jusqu’aux gelées. Ce qui, en outre, la
rend supérieure et préférable à la Lavatère
à grandes fleurs roses, c’est que, tandis que
celle-ci est généralement peu ramifiée,
qu’elle se dégarnit rapidement, et que sa
floraison ne dure guère qu’un mois en-
viron, le Malope malacoides est très-garni,
et ne cesse de se ramifier et de fleurir abon-
danimcnt jusqu’après les premiers froids.
Ces ([uaiilés remlciU le Malr-pc uialacui-
des précieux pour la formation des grands
cominencemeiit de septembre; c’est une
très-belle plante, très-probablement la plus
foncée de toutes les variétés aujourd’hui
connues. E. A. Carrière.
DISPARITION DES TYPES.
près de lui, celui-ci tend à disparaître, tandis
que celui-là, au contraire, tend à commu-
niquer ses caractères; de sorte que les indi-
vidus provenant de graines de Spirxa sali-
cifolia récoltées sur des individus cultivés
dans le voisinage du Spirxa Fortunei sont
presque tous plus ou moins influencés; les
feuilles, les fleurs surtout, sont profondé-
ment modifiées et l’inflorescence au lieu
d’être en épis est en ombelle. Nous avons vu
des planches entières de plants de Sp. sa-
Ucifolia qui avaient revêtu une partie des
caractères du Sp. Fortunei. C’est en vertu
de cette grande loi que se fait l’extension de
certains types et la diminution de certains
autres, et, comme conséquence, la prédo-
minance à la surface du globe de certains
genres de végétaux.
E. Lerâs.
IDES OU PEU CONNUES.
massifs et pour rornementation des plates-
bandes des grands jardins; on peut même
en obtenir d’excellents résultats en l’isolant
ou bien en en formant des groupes de 3 ou
5 pieds, sur les pelouses. Les fleurs coupées
font bien dans les bouquets et les garnitu-
res de vases où les boutons continuent à
s’épanouir.
La multiplication a lieu de graines qu’on
sème en pépinière au printemps et que l’on
traite de la même façon que s’il s’agissait
de Balsamines, de Lavatera trimestris ou
d’autres plantes annuelles de nos jardins.
Broussonetia disserta nova. Sous ce nom,
nous comprenons des plantes issues par
graines du Broussonetia papirifera. Ces
plantes, au nombre d’une trentaine environ,
rappellent assez exactement le Bnmssoue-
tia papirifera disserta, plante si singu-
lière, naine, très-buissonneuse, et qui, au
lieu de. s’élever, s’étale sur le sol en formant
une masse très-compacte. Au lieu de buis-
sonner, le Broussonetia disserta iiova paraît:
vouloir s’élever, et aujourd’hui ces plantes,
âgées de 5 mois, sont élancées et sem-
blent disposées à s’élever. Celle variété, des-
plus curieuses, est Mue à M. Billiard, dit la
Graine, qui l’a obtenue cette année.
E. A. Carrière.'
L’un des rroprk'Uiros ; sï a n t c e ni X » o
MoDtcTcaa. — - lmp. deldon Zanoto.
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE NOVEMBRE).
L’Exposition universelle de 1867. — Projet de création d’une Ecole do maraîchage à l’île de Billancourt.
— Circonstances qui ont empêché la rcaiisatinii de ce projet. — Les nouveaux légumes. Epinard
d’Australie ou de la Nouvollo-llollande. — Le Chpnopnd'mm aurironmm et le Telra(ionia expama. Le
New-Qneensland spinaije, Ic Quhwade l'Amiralïe et \e Clienopndium album. — Mo(iuin-ïandon. La
salade d’Ancône. — La Poiréc-Cardc du Chili. ■ — Ce (lue valent ces deux nouveautés. — Conifère
vendue sous le nom do Relinuspora leplocJad'i. — Histoire de cette plante. — C’est la foi qui sauve
— Les Heurs du Cynerium. — Est-il vrai (lue les Gynérium mâles sont plus ou moins rouges? —
Gynérium Marabout, du lleuriste de la ville de Paris. — Mort de M. Siehold. — La Poire Beurré de
Nesselrodc. — M. Eugène Glady. — Fraise nouvelle Ananas perpétuel (Cloëde). — D’on vient le Chou-
Rave? — Expérience faite au Muséum. — Diverses formes de VAcer Montpessulanum. h’Acer
(■retium. — Qu’est-ce que VArer Neapolitaniim'l — Qu’est-ce que le Cytisus Alpinns't — Le Morus
Italka. — Disparition des espèces. — Qu’est-ce qu’une espèce? — Comment on fabrique les espèces.
Bien que le Champ-de-Mars, où se tiendra
l’Exposition universelle de 1807, soit très-
grand, il est loin de l’être suffi sam ment
pour répondre tà certains besoins de l’in-
dustrie, par exemple à ceux de la méca-
nique agricole. Il ne suffit pas, en effet, do
montrer des machines, il faut les voir ma-
nœuvrer, car c’est seulement ainsi qu’on
peut les juger, et pour cela de très-grands
emplacements sont nécessaires.
A cet effet, la commission chargée d’or-
ganiser l’exposition, a loué le terrain qui
comprend l’île de Billancourt, dont la sur-
face est de ^22 hectares environ.
Sur cette quantité de terrain, 0,800 mètres
avaient été accordés à la Société des Maraî-
clierSj qui devait y établir, à ses frais, une
culture maraîchère modèle des légumes qui
figurent chaque année à la halle de Paris.
Cette Société, dontM. Ijaizier, maraîcher à
Clicliy-la-Garenne, est le président, devait
commencer ses travaux vers la fin d’août,
aussitôt après le labour du terrain qui lui
avait été accordé. Malheureusement, plu-
sieurs incidents sont venus déranger ou
plutôt faire avorter les projets. D’abord le
terrain n’a pas été remis à l’époque conve-
nue, ce qui occasionnait un retard pour
commencer les travaux ; il n’avait pas non
plus été défoncé, ainsi qu’il devait l’être
d’après les conventions, et aucune construc-
tion n’avait été faite pour remiser les châs-
sis, les cloches, etc., ainsi que cela était con-
venu également. Ces difficultés n’auraient
cependant pas empêché l’École des maraî-
chers de s’établir, si les grandes eaux qui
sont survenues au commencement de sep-
tembre n’avaient recouvert une grande par-
tie du terrain et épouvanté les maraîchers;
ils ont craint un nouveau sinistre et ont
cherché à justifier leurs craintes en disant
que, toutes les fois qu’il y a des déborde-
ments avant l’hiver, on peut être à peu
près certain de les voir se renouveller avant
i’été suivant. En conséquence, et dans cette
prévision, ils ont demandé une garantie que
la commission impériale n’a pas cru devoir
leur donner. Nous n’avons pas à nous pro-
noncer dans cette affaire. Nous regrettons
seulement, comme tout le monde, que ce
projet ne se soit pas réalisé, car le maraî-
16 Novemüre 1866.
chage de Paris est unique en son genre, et
tous les visiteurs auraient eu sous les yeux
une véritable Ecole modèle, qui fait à peu
près défaut en France, où l’on ne comprend
pas assez les services qu’elle rendrait au
pays.^ ^
, Voici comment devait être constituée cette
École de maraîchage :
Un certain nombre de maraîchers très-
capables devaient former une sorte de com-
mission exécutive, qui se serait réunie aussi
souvent que cela eût été nécessaire; cette
commission devait donner les ordres par
écrit, lesquels auraient été affichés, de sorte
que tous les visiteurs auraient pu voir quels
étaient les travaux à opérer, pour qu’il n’y
eût ni temps, ni terrain perdu, et qu’on ne
manquât jamais de légumes. Pas un mètre
de terrain ne devait rester un seul instant
improductif; chaque parcelle, dépouillée de
sa récolte, devait être emblavée au plus tard
le soir du même jour. Il y aurait donc eu là,
nous le répétons, une Ecole d’un haut ensei-
gnement.
—Un nouveau légume dont on parle beau-
coup en ce moment est, dit-on, « un Epinard
d’Australie ou de la Nouvelle-Hollande. »
Cette plante, qui n’est autre que le Cheno-
podiiim auricomum, Lindl., n’est pas pré-
cisément c( toute nouvelle, » puisqu’elle est
cultivée au Muséum depuis 5 ou 6 ans. Mé-
rite-t-elle tous les éloges qu’on en fait?
Vauhelle mieux que ce que nous possédons
déjà dans ces sortes de plantes? En un mot,
est-elle préférable au Tefragonia expansa
qu’on cultive depuis longtemps, qui estégale-
ment originaire de l’Australie, et qui est
aussi désigné sous le nom « iV Epinard de h
Nouvelle-Hollande? » Cela paraît douteux,
surtout si l’on se rappelle que le Tetragonia
expansa est très-vigoureux, qu’il vient â peu
près partout, et que, plus il fait chaud,
plus il pousse, même sans être arrosé; de
plus, ce légume, de l’aveu des connais-
seurs, a des qualités culinaires qui le ren-
dent précieux. Malgré toutes ces qualités,
malgré les recommandations et les encoura-
gements, qui certainement n’ont pas man-
qué à la Tétragone étalée, sa culture est
encore pour ainsi dire à l’état d’essai. On
22
42^2 CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIERE QUINZAINE DE NOVEMRRE).
est donc en droit de se demander si le nou-
veau venu à chance de l’emporter sur son
aîné. Est-ce, d’ailleurs, la peine de faire tant
de bruit pour cette prétendue nouveauté, dif-
férant à peine d’une mauvaise plante très-
commune dans les terrains incultes, qui
pullule dans la plupart des jardins, sous
forme de mauvaise herbe, et qui couvre les
décombres dans presque tous les villages?
Le New-Queensland spinage, le Qiiinoa
de r Australie, le Chenopodiimi auricomum
enfin, diffère à peine du Chenopodium al-
buniK Disons, du reste, que cette plante est
très-répandue en Amérique, et que là aussi
les bonnes femmes en ramassent pour nour-
rir leurs oiseaux, absolument comme on le
fait en France pour le très-proche parent
du C. auricomum. On pourrait donc les
confondre sous cette même qualification :
V Herbe aux Serins.
Quant au qualificatif auricomum (cheve-
lure d’or), il aurait besoin d’être plus jus-
tifié, puisqu’il s’applique à des fleurs qui, au
jieu d’être vertes, sont à peine blanchâtres.
— Puisque nous parlons nouveautés cu-
linaires, disons quelques mots d’une sorle
de plante dont on commence à parler tout
bas (c’est un ballon d’essai) et dont très-
probablement on ne tardera pas à parler
tout haut. Cette nouveauté est la Salade
d'Ancône. Qu’est-ce que cela? On pourrait
le donner en mille et on ne le devinerait
pas. Il s’agit simplement ici d’une plante
marine dont on extrait le sel de Soude,
le Salsola sof/u, plante d’une culture très-
difficile ou plutôt presque impossible. Sous
ce rapport, le mal n’est pas grand, puisque,
au point de vue culinaire, le Salsola soda
est détestable. Si encore cette plante avait
quelque chose d’ornemental, on aurait au
moins un dédommagement, mais il n’en
est pas ainsi. Son faciès n’a rien qui puisse
la faire rechercher. Quant à ses fleurs,
elles sont si peu apparentes que la plupart
des gens passeraient à côté sans les aper-
cevoir.
Quelques personnes, assure- t-on, confi-
sent dans du vinaigre les jeunes branches
et les feuilles du Salsola soda, comme cela
a lieu pour le Perce-Pierre ou Fenouil de
* Nous (lovons faire remarquer que les C. aJhvm.
viride, ijlaunmi, hijhridum, etc., et plusieurs autres,
sont tellement voisins, que souvent ou jteut à
peine les distingner, et, à ce sujet, il n’est )ias
inutile de rappeler l’opinion de Moquin-Tandon ,
l’auteur des Clienopodées dans le Prodronius de
De Candolle, sur plusieurs de ces espèces, et no-
tamment sur les C. album et viride : « Lorsque la
plante croît au soleil, — disait-il, — c’est le C. al-
bum; lorsqu’elle croît à l’ombre, c’est le C. viride. »
Après avoir tenu ce langage, Moquin-Tandon n’en
a pas moins décrit ces espèces, ce que presf|iie
tous les botanistes ont fait aussi. Ceci, on en con-
viendra, n’est pas de nature à insi*irer une grande
confiance à ceux qui doutent de la valeur spécifi-
que de beaucoup de platites.
mer (Crithmum maritimum) et les Sali-
cornes. Si quelques-uns de nos lecteurs
désiraient déguster la fameuse Salade d An-
cône, nous leur conseillerons non pas d’en
faire venir d’Ancône, mais de s’adresser à
quelque habitant des côtes de l’Océan, qui,
sans se déranger beaucoup, pourrait leur
en fournir une véritable cargaison. Pour ce
qui est de la culture de cette plante, nous
ne la saurions conseiller.
— Une autre plante culinaire dont on
parle à peine, par cette raison bien natu-
relle qu’on ne la connaît guère, est la
Poirée-Carde du Chili. Ce n’est là très-
probablement qu’une variété de celle qu’oii
nomme Poirée-Carde du Brésil. Mais, quoi
qu’il en soit, c’est une des plus belles in-
troductions; elle est doublement intéres-
sante, et par les dimensions énormes et
par la succulence de ses pétioles; de plus,
elle est très-remaniuable par la beauté ex-
ceptionnelle de ses feuilles. Qu’on se figure
des pétioles atteignant jusqu’à 15-20 cen-
timètres de largeur, présentant les couleurs
les plus riches et les plus brillantes qu’on
puisse imaginer, dilférentes de chaque côlé
des feuilles, tandis que le limbe, très-bullé,
offre les couleurs métalliques les plus va-
riées depuis le vert jusqu’au noir très-
foncé. La Revue horticole en donnera pro-
chainement une gravure coloriée.
— Nous voudrions maintenant attirer l’at-
tention sur une conifère qui depuis quelque
temps à eu, bien à tort, un certain retentisse-
ment : c’est celle ({u’on a vendue sous le
nom de Relinospora leplodada, et comme
étant originaire du Ja})on. Loin d’être l’es-
pèce du Japon décrite par Siebold et Zue-
carini, cette plante n’est autre qu’une variété
(lu Cliamœcypuris sphæroidea, née aux An-
delys, par consé({uent française, et ex[)osée
à Paris, en 1855, par M. Cauchois, qui en
était l’obtenteur. N’ayant pu en trouver le
prix qu’il désirait, il ne voulut pas vendre la
plante qu’il possédait.
Cependant, il y a quelques années, un
horticulteur anglais, qui l’acheta, la vendit
sous le nom de Relinospora leplodada, et
comme étant originaire du Japon, deux
choses (]ui n’étaient pas vraies et qu’il ne
pouvait ignorer, attendu (jne la véritable
plante était en même temps vendue par un
de ses collègues. Lien (pie la variété fran-
çaise, le Chamœcifparis sphæroidea Ande-
h/ensis, n’ait aucun rapport avec l’espèce
japonaise, R. leplodada, Sieb. et Zucc., elle
n’en continue pas moins à être vendue en
son lieu et place, et presque tous ceux qui
la possèdent en sont aussi fiers que s’ils
possédaient le vrai type japonais ; il n’y a
(pic la foi (jui sauve.
— Est-il vrai, ainsi (|u’on le croit générale-
ment, et que iious-même l’avons écrit, que
CHRONIQUE HOUTICOI.E (PREMIÈRE QUINZAINE DE NOVEMBRE).
tous les Gynérium mâles sont plus ou moins
rouges? Non! Celte hypothèse présente de
nombreuses exceptions, et plusieurs variétés
ayant les Heurs les plus l’oncées de loules
celles connues, sont complètement temelles?
Nous disons complètement, parce que les
Gynerinm présentent, au point de vue de la
répartition des sexes, les diversités les plus
remarquables; ainsi, il y a des individus
complètement mâles, d’autres complètement
femelles. Enfin, il en est qui présentent les
deux sexes toujours en proportion très-iné-
gales. Nous ajoutons même que ce sont, en
général, ces derniers qui donnent le plus de
graines.
La forme dressée, raide et étroite des
panicules ne caractérise pas non plus les
ileurs mâles, ainsi que certaines personnes
l’ont avancé. On trouve dans les Gynérium
des Heurs de sexe, d’aspect et de couleur
différents. Ce qu’on pourrait faire de mieux,
ce serait d’opérer le classement de toutes
les variétés que renferme cette espèce en
deux groupes : Tun renfermant toutes celles
dont les inHorescences sont raides et droi-
tes, l’autre celles qui sont en panicules
arquées.
— A propos de Gyneiiim, nous devons
dire quelques mots d’une variété très-cu-
rieuse que nous avons admiré cette année
au fleuriste de la ville de Paris. Celte va-
riété, â laquelle on a donné la qualification
de Marabout, n’est pas seulement très-
belle, elle est jusqu’ici unique dans son
genre. Ses panicules d’un blanc d’argent et
brillantes sont grosses et bien fournies,
arquées et légères ; mais au lieu d’être dis-
posés comme ils le sont ordinairement,
tes épillels, d’une légèreté peu commune
et comme tressés-ondulés, rappellent jus-
qu’à un certain point des tresses de cheveux
habilement et élégamment disposées en
sinus frisés.
— Un homme à qui presque toutes les
sciences, et principalement l’horticulture,
sont redevables, Sieboldt, vient de succom-
ber à une longue et douloureuse maladie,
dans la Bavière, où il s’était retiré et où il
travaillait à divers ouvrages scientifiques,
notamment â la Flore du Japon. Espérons,
dans l’intérêt de la science, c’est-à-dire
dans l’intérêt de tous, que les nombreux
matériaux réunis par ce savant ne seront
pas perdus pour le public désireux de s’ins-
truire. Un de nos collaborateurs, M. Kolb,
jardinier^cbef au jardin botanique de Mu-
nich, donnera prochainement quelques dé-
tails sur les travaux de Sieboldt, qui, comme
on le sait, avait passé une partie de sa vie
au Japon. Tous les horticulteurs, tous ceux
qui aiment les sciences, joindront bien cer-
tainement leurs regrets aux nôtres en appre-
nant la mort d’un homme qui a rendu
d’aussi grands services.
— La Poire Beurré de Nesseirude est
une variété qui nous paraît nouvelle. Giâceà
M. E. Glady, qui a reçu l’arbre de Crimée,
nous avons pu déguster un fruit. Il nous a
présenté les caractères suivants, que nous
croyons devoir faire connaître : Fruit pyri-
forme, gros, ventru et élargi à la base,
d’environ 7 centimètres de hauteur sur 8 de
largeur. Peau gris-roux de loules parts,
non colorée, passant au jaune orangé. Chair
blanche, assez fondante, manquant un peu
de saveur.
Cette variété, que nous ne nous permet-
tons pas déjuger définilivement (n’ayant pu
nous procurer qu’un fruit), nous a paru de
qualité douteuse; elle a présenté cet autre
inconvénient de mûrir et de blétir tout à
coup lorsque rien, à l’extérieur, n’annonçait
cet état de maturité.
— En sera-t-il de la grosse Fiaise, qu’on
nous annonce être remontanle, comme du
joup de la fable, et son obtenteur subira-t-
il un sort analogue à celui du malheureux
berger? Nous aimons à croire que non.
Dans l’intérêt de tout le monde, la chose,
espérons-le, sera telle que l’a annoncé
M. Gloëde; la Fraise Ananas perpétuel
(Gloëde) sera franchement remontante.
Mais laissons à M. Gloëde la responsabilité
de ce qu’il avance, et contentons-nous de
l’écouter :
« Jusqu’ici l’obtention d’une grosse Fraise re-
montante de la race des Ananas, vulgairement
ajipelée « anglaise, » est restée un vain désir,
bien que souvent nous ayons vu paraître dans
le commerce des variétés dites plus ou moins
remontantes, mais qui en définitive n’étaient
autre chose que des fraisiers donnant acciden-
tellement une petite seconde récolte sur des
pieds soumis au forçage et remis ensuite en
pleine terre, ou bien qui, après une longue sé-
cheresse de l’été, donnaient par-ci par-là quel-
ques fruits à l’automme. Telle n’est pas la
Fraise que je recommande aujourd’hui à l’at-
tention des amateurs.
« Elle fructifie très-abondamment à la pre-
mière saison, et continue à llenrir et à frucii-
f/e)- jus(pi‘’en automne, de sorte ({u’elle remplit
une lacune considérable dans les nombreuses
variétés existantes.
« La plante est trapue, très-vigoureuse et
très-rustique. Elle se multiplie facilement et
rapidement.
c( Le fruit de bonne grosseur et de forme ronde
ou ovale, quelquefois lobé, d’un rouge vermil-
lon vif, graines saillantes à chair blanche ou
blanc rosé, juteuse, sucrée et très-parfumée.
Sa (pialité égale celle des meilleures Fraises
connues. »
— D’où vient le Choux-Rave? Nous l’i-
gnorons; toutefois, nous devons constater
que tout le monde, partage à ce sujet no-
424
CHRONIQUE HORTICOLE (t>RÉMlÈRE QUINZAINE DE NOVEMBRE),
Ire ignorance. Néanmoins, nous allons dire
ce que nous en savons, en engageant tous
les praticiens à faire de même ; nous som-
mes bien convaincu que si chacun appor-
tait son petit contingent de remarques, on
arriverait sinon à une certitude, du moins à
un à peu près.
Ayant pris dans un carré de Choux-Raves
un pied qui nous paraissait bien franc,
nous l’avons planté dans un sol pauvre et
incülte, où nous l’avons abandonné sans lui
donner aucun soin. Il a fleuri, et, des grai-
nes qui sont tombées à terre, un certain
nombre de plants ont résulté. Ces derniers
sont restés sur place également abandonnés
à eux-mêmes. Dans ceux-ci, il y avait des
sujets verts, des blonds et même des rou-
geâtres, à feuilles longuement pétiolées
plus ou moins bullées. Certains individus
même se sont élevés très-haut, deux seu-
lement avaient la tige légèrement rentlée;
chez les autres, elle était plus ou moins
grêle, ainsi qu’elle l’est chez les Choux. Ce
que nous disons des Choux-Raves, nous pou-
vons le dire des Choux-Brocolis et très-
prohahlement des Choux-fleurs. Cette an-
née, par exemple, dans un carré de C. Bro-
colis provenant de graines épurées, nous
avons trouvé plusieurs individus dégénérés,
dont un semblait disposé à pommer.
— Uue sont les Acer opaluS) Ait., opuli^
folium, Willd., polymorphum, Spach? Tout
simplement des formes de VAcer Monspes-
sulanum, lequel pourrait bien être une
forme de VAcer Creticmn.
Qu’est -ce que VAcer Neapolitamm, Té-
nor? Très-probablement une forme de
VAcer opahis ou opulifolium; il ne diffère,
en eflet, de ceux-ci que par la tomentosité et
peut-être un peu par la grandeur des feuil-
les, caractères qui, pour les botanistes mê-
me, sont excessivement légers. Ces espè-
ces avaient pourtant été établies par des
maîtres, aussi, jusqu’à présent, leurs élèves
ne mettaient pas leur valeur en doute.
— Qu’est-ce que le Cytisus Alpinus, Mil-
ler? Tout simplement une forme du Cytisus
laburnum. Nous en avons la preuve chaque
année dans les semis que nous faisons des
graines de cette espèce. Dans les plantes
qui en sortent, il y a toujours un certain
nombre de Cytisus laburnum. Mais cette
espèce présente une particularité très-cu-
rieuse que nous devons faire connaître.
Dans certaines années, en semant des graines
de Cytisus Alpinus, nous obtenons beaucoup
d’individus de cette forme, tandis que dans
certaines autres, et bien que nous récoltions
les graines sur le même pied-mère, nous
obtenons presque toujours le Cytisus la-
burnum. Peut-on expliquer le fait? Nous ne
le croyons pas. On ne fera pas intervenir
l’hybridation, car on sait que la disposition
des organes sexuels rend ce travail â peu
près impossible. D’où nous concluons que
le Cytisus Alpinus^ Mil!., n’est qu’une race
locale du Cytisus laburnum,
— Qu’est-ce que le Morus Italica, Poiret?
Une variété du Mûrier blanc, qui peut même
sortir des autres variétés de ce dernier.
Ainsi, cette année, de graines de Mûrier
blanc type et d’autres de ses variétés Mo-
retti,multicaulis, semées par nous, et venant
de Bulgarie, nous avons obtenu quelques in-
dividus à obier rouge, par conséquent le Mû-
rier d’Italie. Celui-ci n’est non plus qu’une
variété du Mûrier blanc. Si maintenant on
rapproche de ces exemples ce que M. Jamin
a dit du Mûrier noir, dans le dernier nu-
méro de la Revue horticole (p. 405) : « qu’il
n’est qu’une variété, » on sera amené à cette
conclusion que les Mûriers proprement dits
peuvent être ramenés à un type unique.
Voilà donc encore des espèces qui dispa-
raissent. Combien d’autres éprouveraient
un sort analogue si on les soumettait à un
examen plus sévère qu’on ne l’a fait jusqu’à
ce jour!
^ — Qu’est-ce donc qu’une espèce? Ques-
tion délicate, difficile, sinon impossible, à
résoudre; car Dieu n’ayant créé que des in-
dividus, l’espèce devient le fait de l’homme
qui doit subir les conséquences de son
œuvre. Il est pris à son propre piège. Mais,
si au lieu de nous demander ce qu’est l’es-
pèce, on nous demandait comment on fait
celle-ci, nous pourrions répondre : Sur ce
point nous en savons autant que d’autres,
car, nous aussi, nous avons fait des espèces
et même des espèces de valeurs diverses;
quelques-unes très-fortes, mais d’autres
aussi très-faibles, sans toutefois, nous ne
craignons pas de le dire, en éprouver le
moindre remord, sachant que nous avons
fait comme font tous les naturalistes, bien
que nous n’ayons pas ce titre.
Voici un exemple de fabrication d’une
nouvelle espèce. Telle plante vient de Chine,
par exemple, on la présente à un bota-
niste pour en avoir le nom. Que faille bota-
niste, s’il ne la connaît pas? Il cherche dans
les livres, puis dans les herbiers, et s’il
ne trouve rien de semblable à la plante en
question, il en fait une. espèce. Mais, outre
qu’il ne peut jamais savoir tout ce qui a
été dit et écrit sur ce sujet, ne peut-il pas
se faire, et cela arrive le plus souvent, que
la plante par lui examinée ne soit qu’une
forme ou une variété d’un groupe dont
elle a tous les caractères généraux et
qu’il ne connaît pas ? Néanmoins il va
la décrire minutieusement, parler de ses
poils, de leur nature, de la forme et
de la nature des feuilles, de celles des
fleurs, etc., etc., tous caractères que nous
425
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE NOVEMRRE).
savons être très-variables et cire souvent
particuliers à l’individu. Qui ne sait, en
elîet, que dans les semis on rencontre des
individus présentant non-seulement entre
eux mais môme avec celui dont ils pro-
viennent, les différences les plus grandes?
Qu’arriverait-il donc si on envoyait ces indi-
vidus à des botanistes chinois, japonais, etc. ?
Ils feraient de nos plantes ce que nous fai-
sons des leurs. Auraient-ils tort? A nos lec-
teurs de répondre.
Nous terminerons cette cbroni([ue, en
ce qui touche cà la question spécifique, par
celte simple réllexion. Si les naturalistes,
au lieu de faire ce qu’ils nomment si pom-
peusement des espèces, étaient convaincus de
ce fait, vrai, qu’ils ne font que des baptêmes
se rapportant souvent à un seul individu, ils
seraient moins absolus dans leurs affirma-
tions. La science n’y perdrait rien; eux, au
contraire, y gagneraient, car ils n’auraient
pas à défendre des prétendus types dont ils
ignorent parfois l’origine, sinon d’une ma-
nière très-approximative. , .
E. A. Carrière.
UNE NOUVELLE DIFFICULTÉ DE DÉFINIR L’ESPÈCE.
Rappelions, en deux mots, comment on
forme les espèces, et disons que, en prin-
cipe, c’est une question de tact. En effet,
un voyageur botaniste trouve des plantes,
il les étudie et reconnaît qu’elles appar-
tiennent à tel ou tel genre, mais que ce
sont des espèces rpi’il ne connaît pas;
reste donc à les spéciéiser ; pour cela, il n’a
d’autre guide que ses connaissances. Sup-
posons que ces espèces, au nombre de
quatre, appartiennent au genre Viburnum;
que l’une d’elles ait des feuilles très-petites,
entières et glabres ; qu’une autre ait des
feuilles cordiformes, très-tomenteuses ;
que la troisième soit rampante ; enfin, que
la quatrième ait les feuilles très-étroites,
longues et profondément divisées. Gela
fait, il reste des baptêmes à faire, des pré-
noms à donner.
D’après les caractères qui viennent d’être
énumérés, il appellera la première Vibur-
num microphyllum, la deuxième V. tonien-
tosum ou lanalnm, la troisième F. repens;
enfin, il pourra appeler la quatrième E. pin-
nalifidunL Supposons maintenant que ce
fait se soit passé en Amérique, et que ce
botaniste envoie ses plantes en France,
mais que l’une des espèces, la première
par exemple, n’ait pu être envoyée qu’en
graines. Que va-t-il se passer? Pour les
trois espèces vivantes, il n’y aura pas de
doute, elles vont pousser, et, comme elles
sont connues, on pourra voir leurs carac-
tères, inscrire leurs noms dans les archi-
ves scientifiques et indiquer leur signa-
lement. Mais il n’en sera pas de môme de
la quatrième, dont on n’a que des graines.
Pour cette espèce, il pourra se faire que
les graines donnent, ainsi que cela arrive
fréquemment, des individus avec des faciès
très-différents l’un de l’autre. Alors, nouvel
embarras. Quel est celui qui va être consi-
déré comme type spécifique? Dans ce cas
encore, tout dépend de l’expérimentateur ; il
pourra, à sa volonté, prendre l’un ou l’autre
des individus, ou même, si les différences
sont très-grandes, cet homme ne pourra-t-il
pas supposer qu’il y a eu erreur dans
l’envoi? qu’il y a eu du mélange, et alors
faire plusieurs espèces? Si celte personne
a un nom bien connu, s’il mérite créance,
qui contestera la valeur des espèces qu’il
a faites? Probablement personne. Voilà donc
encore des nouvelles espèces de faites. Y
aurait-il à cela un grand mal? Dans un
prochain ouvrage que nous publierons sur
les espèces, nous essayerons de démontrer
que non. e. A. Carrière.
COURGE MUSQUÉE.
Les lecteurs de la Berne horilcole doivent
se rappeler un excellent article publié par
M. Naudin, sur les meilleures Courges
(no du 16 février 1865); désirant connaître
une variété recommandée par lui dans cet
article, j’écrivis à un de mes amis et col-
lègue du Muséum pour le prier de vouloir
bien me faire parvenir quelques graines
de celte Courge, qui n’était autre que la
Courge musquée. Ces graines m’arrivèrent
sans retard ’. La première année, je donnai
’ Je puis, à mon tour, en otTrir des graines à tous
les lecteurs de la Revue horiicolc qui pourraient en
désirer.
à cette Courge tous les soins désirables;
aussi, malgré la sécheresse excessive de
l’été 1865, elle était d’une vigueur extraor-
dinaire. L’eau ne lui manqua pas; je la
fis filer sur deux branches-mères, en ayant
soin de pincer les bifurcations dès qu’elles
avaient atteint environ 1 mètre de long.
Je commençais à douter du résultat, car
les tiges avaient déjà 14* mètres de long,
et l’on n’apercevait encore aucune fleur
femelle ; ce que voyant, je suspendis les
arrosages pendant huit jours, afin de laisser
souffrir la plante, espérant par ce moyen
la faire mettre à fruit plus vite. Mon espoir
426 CC’JRGE MUSQUÉE.
ne fut pas déçu. Huit jours environ après,
deux fleurs femelles s’épanouirent, et les
fruits grossirent avec rapidité, à vue d’œil,
comme on dit. Pendant ce temps, les fleurs
femelles se succédaient et toutes nouaient
leurs fruits. Comme la saison était avancée,
je n’en conservai que deux sur chaque bran-
che-mère, soit quatre par pied, et je sup-
primai les autres. Ils arrivèrent tous les
quatre à parfaite maturité; j’en ai conservé
jusqu’au 26 janvier 1866.
J’ai fait déguster ces Courges par plu-
sieurs personnes compétentes, et toutes ont
été unanimes à dire qu’il n’était pas possi-
ble d’en trouver de plus délicieuses sous
tous les rapports. Connaissant la très-
grande vigueur de cette Courge, cette an-
née (1866) j’en ai cultivé sans jamais les
arroser ni les pincer; et, plantée le même
jour que six autres variétés dans les mêmes
conditions, la Courge musquée a été la plus
précoce de toutes ; j’ajoute qu’elle est d’une
gmnde fertilité.
Aux mérites signalés ci-dessus que pré-
sente la Courge musquée^ je dois ajouter
que, non-seulement elle vient bien dans
tout le midi, mais qu’elle acquiert d’assez
belles dimensions; j’en ai plusieurs fois
examiné dont le poids dépasssait 26 kilo-
grammes.
A. Dumas,
.lardinicr cil chef à la fcrme-ocolc de Bazin.
QUELQUES MOTS SUR LE CORONILLA GLAUCA
ET SUR LE PHLOMIS LEONURUS.
Depuis longtemps nous cultivons le Co-
rouilla glauca^ L., charmant arbuste que
M. Jamin, dans le numéro du septembre,
regrette, avec raison, devoir trop délaisser,
et nous nous associons bien volontiers à son
désir de le retirer de Toubli. Son feuillage
élégant, ses jolies couronnes de fleurs agréa-
blement odorantes, le rendent digne de figu-
rer dans nos parterres. Pourquoi ses fleurs
jaunes seraient-elles antipathiques aux ama-
teurs? Est-ce que la Rose d’un jaune pur,
la Jacinthe jaune ne sont pas particulière-
ment recherchées? Ces préventions, heu-
reusement, ne sauraient atteindre’ tout le
monde, et nous espérons bien les voir
promptement disparaître.
L’habile horticulteur, M. Jamin, après
une description scientifique du Coronilla
glauca, indique le moyen très-naturel de le
propager par le semis de ses graines au
printemps. Quant à nous, qui pouvons rare-
ment en récolter, nous usons d’un autre
procédé qui ne réussit pas moins bien que
le premier; il consiste dans le bouturage.
Dans n’importe quelle saison, nos boutures
sont faites en pots enfoncés dans la tannée
d’une serre froide, sous des cloches qu’il
est nécessaire d’ombrager, surtout en été.
Ce moyen, très-simple, nous réussit généra-
lement. En très-peu de temps, les boutures
poussent à souhait et se trouvent en état de
fleurir la même année, si l’on a soin de les
confier à la pleine terre au printemps.
Ce mode démultiplication facile est passé
sous silence dans l’article de M. Jamin, ce
ne peut être qu’une omission; nous avons
voulu modestement la consigner.
Pour être fidèle.au titre de cet article, n’ou- |
blions pas le Plilomis Leomirus, L. (Queue
de Lion). Un savant botaniste, faisant la
description de cette plante, s’exprime ainsi :
« De gros pelotons de fleurs verticillées, une
corolle éclatante de beauté par sa couleur
d’un rouge de feu très-vif, frappe dans nos
parterres les regards des plus indifférents. »
Eh bien ! qui le croirait? Le Plilomis Leonu-
rus n’est pas moins tombé dans l’oubli que
le Coronilla glauca; pourtant il produit un
effet magnifique à l’arrière-saison, où l’on
ne voit plus guère dans les jardins que des
Chrysanthèmes et quelques Roses. Si la
gelée devient menaçante, on rentre les
plants dans une serre froide ; ses fleurs y
paraissent encore plus admirables, leurs
riches verticilles ont sous le verre un éclat
plus éblouissant que partout ailleurs. Une
fois défleuri, cet arbuste est placé au fond
de la serre sans demander d’autre soin que
quelques arrosements à de rares intervalles.
Ses tiges doivent être taillées au printemps
sur le jeune bois si l’on veut un arbuste élevé,
ou rabattues sur le vieux si l’on tient à en
faire un buisson élégant. Rien déplus facile
que sa multiplication ])ar boutures sous clo-
ches dans les conditions ordinaires. Inu-
tile de dire que là où les hivers sont doux,
il n’est pas nécessaire d’abriter le Phlomis
Lconurus, et qu’alors on aurait d’octobre
en février-mars un arbusle des plus beaux.
Dans ces conditions, cette espèce peut at-
teindre plusieurs mètres de hauteur.
Nous avons la confiance que les amateurs
nous sauront quelque gré de leur avoir
recommandé une des plus splendides La-
biées que nous possédions.
L’aiîiîé Brou.
BIBLIOGRAPHIE.
Après les deux excellents livres dont
nous avons entretenu les lecteurs de la
Revue ', nous avons encore à leur en faire
' Voir les des 1*=‘ et 16 juillet, p. 256 et 267 .
lilBLIOGUAPHlE.
connaître deux autres f[ui ne nianqueront
pas non plus de les intéresser; l’un a trait a
la culture des arbres IVuitiers, l’autre cà celle
des Conifères, deux catégories d’arbres dont
l’importance grandit à vue d’œil. Parlons
aujourd’hui de celui qui concerne les arbres
fruitiers, réservant le second pour un autre
numéro de ce journal.
Le Manuel de ramateuî' de fruits, ou
Cottrs d'arboriculture fruitière en dix le-
çons, nous vient d’un pays justement re-
nommé pour ses arbres fruitiers, la Belgi-
que, qui est aussi bien la patrie des Espéren
et des Van Mous que des Van Houtte et des
Linden. C’est déjà une recommandation
pour le livre; ce qui en est une autre, c’est
(lu’il est sorti de la plume exercée de M. Ed.
Pynaert, praticien bien connu sur les bords
de l’Escaut, et à qui nous devons déjà un
Manuel de la culture forcée des arbres frui-
tiers, ouvrage couronné aux concours de la
Société centrale et impériale d’horticulture
de Paris. Le but qu’il se propose dans celui-
ci est de mettre à la portée de tout le
monde la culture naturelle des arbres frui-
tiers; c’est dire qu’il s’adresse à un public
beaucoup plus nombreux.
Tout ce qui existe en fait de livres de
pomologie peut se répartir en deux classes :
les ouvrages descriptifs, avec ou sans illus-
trations, et dont l’unique objet est de faire
connaître au lecteur le nom ou les noms
des fruits et leurs qualités, et les traités de
culture pratique, dont le titre suffit à indi-
quer le but. Ces derniers ne sont pas nom-
breux; dans tous les cas, leur utilité est
au moins égale à celle des premiers. A
notre avis, cependant, celui-là emporterait
la palme qui réunirait les deux branches de
la pomologie sur le même tronc, en ensei-
gnant tout à la fois les caractères des bonnes
variétés d’une espèce fruitière et la manière
de les cultiver. Nous disons les bonnes va-
riétés, parce qu’il est plus qu’inutile de
parler des médiocres et des mauvaises, qui
devraient être à tout jamais bannies des
livres et dos jardins.
L’auteur du Manuel de raniateur de
fruits a compris, comme nous, qu’il fallait
indiquer ces bonnes variétés, et celles-là
seulement; aussi a-t-il eu soin d’en donner
la liste, en les classant surtout d’après leurs
époques de maturité ou leurs usages, quel-
quefois d’après des considérations tirées de
la culture elle-même. C’est ainsi qu’il a des
catégories pour la culture en plein vent, et
m
des catégories pour l’espalier, distinction
justifiée par le climat de la Belgique,^ où
toutes les races d’une même espèce ne réus-
sissent pas également à toutes les exposi-
tions. Evidemment, dans un livre destiné à
devenir populaire, il ne fallait pas de des-
crii)tions minutieuses; il en serait devenu
à la fois trop gros et trop cher, et il aurait
manqué son but; mais, sans le surcharger de
détails, l’auteur n’aurait-il pas pu adjoindre
au nom de chaque variété citée, une ligne
de description, quelques mots seulement,
mais frappant juste, et faisant sauter aux
yeux le trait saillant et caractéristique de la
variété? Les horticulteurs - fleuristes ont
adopté cette méthode, et elle serait parfaite-
ment applicable à la pomiculture si on
débarrassait celle dernière des médiocrités
dont elle est encombrée.
Toute la matière de l’ouvrage est distri-
buée en dix leçons ou chapitres, le tout
n’occupant pas"* plus de 375 pages, dans
lesquelles sont disséminées près de cent
figures sur bois. Les trois premiers chapi-
tres sont consacrés à l’exposition des prin-
cipes généraux de la culture des arbres
fruitiers ; les quatre suivants à la culture
particulière des arbres fruitiers du nord : le
Pêcher, qui à lui seul occupe une leçon
entière, l’Abricotier, le Prunier, le Cerisier,
le Poirier, le Pommier, la Vigne, le Fram-
boisier, les Groseillers et le Figuier, ce
dernier arbre, bien entendu, ne figurant
guère là que pour mémoire, puisqu’il n’est
qu’un étranger souffreteux au-delà du
5Û<^ degré, et même un peu en deçà. Dans la
huitième leçon, l’auteur passe en revue les
perfectionnements modernes de la culture
des arbres, les différentes espèces de pin-
cement et d’ébourgeonnement, la taille
d’été en un mot, sujet qui se continue dans
une partie de la neuvième. Enfin, la dixième
est le chapitre inévitable des maladies, des
accidents et des animaux nuisibles; la liste
en est si longue qu’on serait tenté, rien qu’à
y jeter les yeux, de renoncer aux vergers et
aux jardins fruitiers; mais l’auteur a de si
bonnes recettes pour éloigner cette légion
d’ennemis, qu’on finit par se réconcilier
avec eux.
Terminons en deux mots : M. Ed. Pynaert
nous a donné un bon livre, un livre qui
sera utilement consulté par les amateurs de
fruits, sans faire oublier cependant ceux
qui ont traité la même matière avant lui.
Naüdin.
TAILLE AUTOMNALE DES RAMEAUX DE PROLONGEMENT.
Faite do lionne heure, cette taille a pour
résultat défavoriser l’œil, qui, devenant alors
terminal, reçoit plus de nourriture, se ren-
force, en un mot, se constitue mieux, de
manière que, au printemps, il se développe
avec plus de vigueur que si on eût laissé
les autres yeux au-dessus de lui, par ce fait
qu’il profite de la sève qui aurait servi à
TAILLE AUTOMNALE DES RAMEAUX DE PROLONGEMENT.
428
nourrir ces derniers. Le moment convenable
pour faire cette opération est l’automne ou
même la fin de l’été; néanmoins, elle varie
suivant les climats et les années plus ou
moins précoces ; l’important est de savoir
utiliser toute la sève, de manière à la faire
profiter aux arbres.
A Lyon, nous taillons les rameaux de pro-
longement des branches charpentières pres-
que aussitôt après la cueillette des derniers
fruits, c’est-à-dire en septembre et oclobre.
En admettant que nous ayons à faire à un
arbre vigoureux, voici comment il faudrait
opérer :
Supposons que nous opérons sur un scion
ou rameau ayant une longueur de 90 centi-
mètres, nous le taillons à 60 centimètres de
longueur, et immédiatement nous prati-
quons de petits crans au-dessus de chaque
œil, sur une longueur de 20 centimètres en
partant de la base. Nous répétons cette opé-
ration sur chaque rameau destiné à prolon-
ger soit les branches charpentières, soit
l’axe principal ou (lèche.
Lorsqu’on taille la tlèche, il faut, autant
que possible, couper sur un œil placé au
nord. — Nous avons remarqué que lors-
que la taille est faite sur un œil ayant cette
direction, la tige se développe plus verti-
calement, parce qu’alors le soleil et la lu-
mière attirent toujours vers le midi le nou-
veau bourgeon. Mais lorsqu’on taille les
rameaux de prolongement placés sur les
diverses parties latérales de l’arbre, il faut
opérer sur un œil placé en dessous. Cet œil,
en se développant, prendra une direction
plus oblique que s’il était dessus; de cette
manière, la charpente de l’arbre sera plus
espacée, et l’air circulera mieux dans son
intérieur.
Cette taille en automne des rameaux de
prolongement, nous le répétons, a pour ré-
sultat de faire profiter l’œil terminal (celui
sur lequel la coupe a été faite), delasève éla-
borée qui se trouve encore dans les branches
de l’arbre, sève qui, ainsi qu’il a été dit ci-
dessus, aurait été consommée par l’extré-
mité retranchée des rameaux.
Les lambourdes ou rameaux à fruits,
échelonnés en verticiles sur les branches
charpentières, au contraire, ne doivent être
taillées qu’au printemps, cette dilférence
de temps dans l’opération, d’une part, faite
en automne, et de l autre au printemps, a
pour but définitif de favoriser la circulation
de la sève sur les branches-mères, et de la
ralentir sur les rameaux échelonnés sur ses
branches jiour qu'ils se mettent plus tôt à
fruits. Si sur une partie de la longueur de
la branche-mère ou du rameau quelques
yeux à bois ne se développent pas, on pra-
tique un cran au-dessus pour les faire dé-
velopper. En agissant ainsi que nous ve-
nons de le recommander, c’est-à-dire en
pratiquant la taille des arbres en automne
sur tous les rameaux de prolongement
des branches et de la tige, on donne tout
naturellement beaucoup plus de vigueur à
ces derniers, tandis qu’en ne pratiquant
celle des rameaux à fruits qu’au printemps,
de manière à les empêcher de se développer
avec trop de vigueur, on est à peu près sûr
de les forcer à se mettre à fruits, de sorte
qu’on obtient ce qu’on recherche : des ar-
bres bien faits et vigoureux en même temps
que des fruits. th. Denis.
ASTER TURBINELLUS, LINDL.
Cet Aster, l’un des plus beaux de ce
genre fort riche en espèces, et en espèces
généralement ornementales, appartient à la
section Concinni, Nées. Celte espèce est vi-
vace, glabre, à tige d’environ 1 mètre de
hauteur, raide, très-rameuse, paniculée, à
ramifications grêles et effilées; à feuilles
radicales oblongues-lancéolées, entièrement
disparues lors de la floraison ; les caulinaires
plus étroites, obtuses, décroissantes et deve-
nant peu à peu subulées;à capitules(fleurs)
ordinairement solitaires, parfois au nombre
de deux à trois, portés sur des ramifica-
tions filiformes très -nombreuses et for-
mant, par leur réunion, une sorte de gerbe
fleurie d’une élégance exceptionnelle; in-
yolucre turbiné, long de plus de 10 miliim.,
à écailles linéaires, obtuses au sommet et
scarieuses-blanchâtres aux bords ; ligules
au nombre de 20 environ, longues, dans
‘ A . hirhlnellus, Lindl. w Hnok. Gomn. ; D G,
Prodr., V., 244 ; Toi r. et Gray, Flora N. Am.. Il, 104.
leur partie étalée, de 15-16mill. et donnant
à la fleur un diamètre de 35 miliim., très-
étroites, ne dépassant pas, dans leur plus
grande largeur, 3 miliim., à sommet à peu
près arrondi, d’un violet-lilas clair, entou-
rant un disque jaune passant au purpurin.
Fleurit du 1er au 20 octobre.
V Aster turbinellus n’est pas nouveau,
tant s’en faut, car il est décrit dans le
5e vol. du Prodrcme de De Candolle, qui a
paru en 1836, et cependant nous ne l’avons
jamais remarqué dans les jardins. Il nous
fut donné, l’an dernier, par M. Reuter, di-
recteur du jardin botanique de Genève,
comme le plus joli et le plus gracieux des
Asters connus, En effet, celte qualifica-
tion ne peut prêter à discussion, car il
n’est peut-être aucune autre espèce, parmi
celles, au nombre de plus de 50, qui sont
cultivées à l’école de botanique du Muséum
— et nous ne comprenons pas dans ce nom-
bre celles de tous les genres que les au-
429
ASTER TÜRRINELLÜS, LINDL.
leurs ont créés au détriment du genre Aster
tel que Linné le considérait, par exemple
les Biotia, Galatella, Diploslephiiim, etc.
-—il n’est peut-être aucune espèce, disons-
nous, qui soit plus digne de figurer dans les
jardins.
Comme on a pu le remarquer dans la
description qui précède, V Aster turbinellus
possède, pour ainsi dire, toutes les qua-
lités qu’on peut désirer voir réunies dans
ces plantes : ainsi au peu d’élévation des
tiges, qui se ramifient à une faible hauteur
au-dessus du sol, se joint une floraison
continue et tellement abondante que les
feuilles sont cachées par les fleurs, ce qui,
nous le répétons, donne à l’ensemble des
touffes l’aspect d’une gerbe fleurie légère
et fort gracieuse.
VAster turhinellus est originaire de la
Louisiane. Le pied qui a fleuri celle année
à l’école de botanique du Muséum, a été,
l’an dernier, préservé sous châssis froid
et mis en pleine terre au printemps; mais
il est plus que certain que cette plante,
d’ailleurs parfaitement rustique à Genève,
supportera la pleine terre sous le climat de
Paris. VAster turbinellus est peu ou point
traçant, ce qui en rend la multiplication
par éclats sinoti difficile du moins plus diffi-
cultueuse que celle des espèces à liges sou-
terraines longuement rampantes ; l’époque la
plus convenable pour diviser les touffes est
la période comprise entre le mois de fé-
vrier et le mois d’avril.
B. Verlot,
PELARGONIUM ZONALE MISTRIS’S POLLOCK.
Depuis quelque temps certains horticul-
teurs anglais ont cherché à répandre la
croyance que ce Pélargonium à feuilles tri-
colores avait été obtenu par le semis ; nous
ne l’avons jamais cru.
Aussi sommes-nous heureux de trouver,
dans le dernier numéro du Gardner’s Md-
qazine, une lettre de M. Colin Buschon, de
Springfield, annonçant que, pour propager
largement cette plante, il avait dépoté un
bon nombre de pieds pour les multiplier
par tronçons de racines, mais qu’alors toutes
les plantes qu’il en obtint eurent des feuilles
unicolores.
Cela prouve incontestablement que cette
variété n’est qu'un accident fixé, et que
par conséquent les horticulteurs perdraient
leur temps à chercher de nouvelles variétés
de Pélargonium zonales à feuilles panachées,
par les semis. Jean siseey,
CYPRIPEDIUM INSIGNE, VAR. CHANTINII.
Il y a quelques années, l’horticulture fut
enrichie d’une variété de Cypripedium in-
siyne propagée par M. L. Van Houtte, hor-
ticulteur à Gand, qui la devait aux soins de
MM. William Maule et C^^ de Bristol.
Pour ce motif, elle fut nommée Mauleii.
Comme le type, cette variété paraît être ori-
ginaire du Népaul.
Aujourd’hui, parmi la belle collection de
Cypripédiées réunie au fleuriste de la ville
de Paris par M. Barillet, on remarque une
autre variété de Cypripedium baptisée du
nom iVinsigne Chantinii.
Cette appellation lui vient sans doute de
ce que M. Chantin, Payant reçue dans un
lot de l’espèce type que la maison Veitch,
de Londres, lui avait expédiée, l’a le pre-
mier connue en France.
Il l’a cédée ensuite à M. Bertrand, ama-
RHODOTYPUS
Arbuste sous-frutescent, atteignant 50-
60 centimètres de hauteur. Feuilles cadu-
ques pétiolées , opposées , ovales , irré-
gulièrement dentées-ciliées, à dents très-
teur distingué de la Queue-en-Brie, qui l’a
échangée avec le fleuriste de la ville pour
d’autres végétaux.
Tels sont les renseignements que nous
avons pu recueillir sur son origine.
Cette variété se distingue dnCypripedium
insigne de même que de la variété déjà
connue par son feuillage plus long et plus
raide ; ses fleurs se tiennent plus droites, le
sépale supérieur est plus largement bordé
de blanc pur, en outre, il porte jusque sur
cette bordure de nombreuses taches d’un
pourpre carminé ; le labelle est jaune foncé,
légèrement lavé de carmin. Mais ce qui le
caractérise, c’est la macule blanche dont
est terminé le sépale inférieur et que l’on
ne trouve pas dans le type, ni dans la variété
Mauleii,
RAFARIN.
RERRIOIDES.
aiguës, inégales, très-fortement nervées,
d’un vert clair bien qu’assez foncé. Pé-
tiole court (2-4 millimètres), portant à sa
base deux stipules linéaires, presque fili-
430
RHODOTYPUS
formes, très-finement ciliées. Fleurs soli-
taires à l’extrémité des jeunes bourgeons,
d’environ 15 millimètres de diamètre", d’un
beau blanc. Calice à quatre sépales très-
largement ovales, denliculés, surtout au
sommet, enveloppant et dépassant de beau-
coup la tleur avant son épanouissement. Co-
rolle à quatre pétales étalés, très-largement
obovales , presque orbiculaires , h peine
KERRIOIDES.
onguiculés. Etamines très-nombreuses en-
tourant un pistil à cinq divisions filiformes
terminant un ovaire dé|)rimé arrondi.
Le Rhodotypiis (tig. 5i) est très-rustique;
il supporte sans soufl’rir les plus grands
froids. Sa floraison commence dans la pre-
mière quinzaine d’avril et se succède pen-
dant une grande partie du mois de mai. Sa
multiplication est des plus faciles : on la
Fig'. 54. — Khodotyinis Kerrioides.
fait par boutures avec des bourgeons her-
bacés; on la fait aussi par la division des
touffes; enfin, on peut aussi la faire par
graines; celles-ci, qui sont assez volumi-
neuses, se trouvent placées au centre de la
fleur, où elles persistent longtemps sans se
détacher,
Briot.
ANTHURIUM SCHERZERIANUM.
Au mois d’avril 1864-, à la grande Expo-
sition d’horticulture de Bruxelles, on re-
marquait dans la salle des nouveautés de
serre chaude une petite plante fleurie dont
l’éclat et les formes bizarres attiraient par-
ticulièrement les regards des amateurs.
Elle était exposée par MM. Veitch, de Lon-
dres, et on lisait sur l’étiquette : Anthu-
rium Scherzerianum.
La nouveauté anglaise fut saluée avec em-
pressement : on y découvrit tout de suite
une plante d’avenir. Disons vile que sa ré-
putation n’a fait que s’affirmer depuis.
V Anthurium Scherzeriamim a élé ainsi
nommé par Schotl, — le grand historien des
Aroïdées, enlevé à la science l’année der-
nière, — en souvenir de M. Scherzer, bota-
niste collecteur qui découvrit le premier la
plante, au Guatémala, sans pouvoir, toute-
fois, l’envoyer vivante en Europe. Son in-
troduction est due tà M. Wendland, qui l’ap*
porta de Costa-Rica au jardin botanique de
llerren-hausen (Hanovre). De là, elle fut
envoyée au jardin de Kew, où elle fleurit
en avril i8Gi2. Une planche, dessinée et
peinte par Fitch, j)arut en juin suivant dans
Revue Ihriux4e
t.ferna Pmi^ lmp Zanole r.'des BoaP
Il V d V a n ^ ('- a J a p o i î i (ai r o s a 1 h a '
Rev ne/ H orticoic^
A N T H U 1 U l] M s G H E R Z E U I A N l] M .
U1
le Botmiicnl Magazwe^ avec une description
(le M. Ilooker. Mais celle première lloraison
(‘lait maigie et ne pouvait donner une idée
de la beauté que la plante a acquise depuis.
M. Veitch la mit au commerce en 18ü i.
Aujourd’hui elle est fort répandue, et à me-
sure que les pieds-mères ont pris de plus
fortes proportions, les fleurs se sont mon-
trées de plus en plus grandes, brillantes
et nombreuses.
Notre gravure noire (tig. 55) a été dessi-
née d’après une touffe appartenant tà MM.
Veitch, à l’Exposition universelle d’horti-
culture de Londres, au mois de mai der-
nier. Cette touffe portait vingt Heurs épa-
nouies ou prêtes à s’épanouir, et il est dilïi-
cile de donner une idée do leur éclat
incomparable.
A tous ces mérites, il en faut ajouter un
autre, le principal peut-être, c’est la durée
des Heurs épanouies. Soit sur les tout jeunes
|)ieds pourvus d’une ou deux léuilles seule-
ment, soit sur les fortes toulfes, ces étranges
et charmantes Heurs se développent avec
une abondance surpreuanle, et, pendant
plus d’un mois, parfois deux, elles restent
ouvertes sans se Hétrir.
L’espèce rentre dans le groupe des An-
ihîiriim mnpliciner^^^^^ de Scliott; elle est
seule jusqu’ici du groupe deuxième : Por-
phyrocliitonium. Nous ne pouvons mieux
faire que d’emprunter à cet auteur émérite
sa-propre description, et nous la traduisons
prcs(tue littéralement, en modi liant seule-
ment les dimensions des Heurs et leurs ca-
ractères intérieurs. Seliolt n’avait pu les voir
que sur des échantillons secs (d petits pro-
venant de l’herbier de Wendlaiid.
A. SciiEuzERiAm M, Schotl. —Tige courte,
tà entre-nœuds courts. Pétmli-s sillonnés.
b
Fig. 55. — Anthurium Sclierzerianum.
plusieurs fois plus longs que les entre-
nœuds. Géniculation petite, sillonnée. Limbe
des feuilles long de 20 à 25 centimètres,
oblong, arrondi ou obtus à la base, acuminé
cuspidéau sommet, à pointe grêle allongée,
ponctué sur les deux faces, plus long que le
pétiole; nervure médiane pâle; nervure pé-
ripbéri(jue éloignée du bord. Pédoncule
deux fois plus long que le pétiole. Spadice
en forme de chaton, subcylindroïde, con-
tourné, tà peine stipilé, écarlate-orangé.
Spalbe d’un écarlate cocciné intense, plus
court que le spadice, largement ellipti(iue,
longue de 6 à 8 centimètres, large de T à 6,
à base arrondie largement embrassante, et
à sommet également arrondi, brièvement
cuspidulé ; quatre sépales obconiques, Iri-
gones, largement tronqués au sommet;
quatre étamines, à filets larges et courts, à
anthères distinctes. Ovaire cubique, à deux
ou quatre cellules.
Ce que la description botanique, froide
et sèche ne peut rendre, c’est l’aspect ro-
buste, luxuriant de cette jolie petite plante;
c’est le brillant de son feuillage vert noir sur
lequel se détachent les spatlies éclatantes;
c’est la forme étrange du spadice orangé,
qui se tord comme un serpent dans les for-
mes les plus diverses ; c’est celle Horibon-
dité inusitée même parmi ses congénères.
La culture de VA. Scherzerimmmy d’a-
près ce que nous avons vu à Londres, dans
les serres de MM. Veitch, se rapportera aux
autres Aroïdées de serre chaude : un mé-
lange de terre de bruyère très-poreuse,
grossièrement concassée, assainie par des
morceaux de charbon de bois, des pots d’un
grès très-perméable sur lequel peuvent s’ap-
pliquer ses racines charnues, sont très-favo-
rables à sa végétation. C’est ainsi que nous
l’avons vue également réussir dansplusieurs
établissements de Paris. Il lui faut une hu-
midité modérée mais constante, au moins
jusqu’à l’épanouissement des Heurs. On peut
alors transporter la plante dans une serre
tempérée ordinaire, bien éclairée, si on vent
la conserver longtemps dans son éclat.
Ainsi, voilà donc un Anthurium qui fait
exception aux grandes espèces à feuillage,
ornement précieux de nos serres chaudes.
S’il n’a pas leurs formes nobles et leurs
vastes dimensions, il rachète cela par une
lloraison qui lui garde jus(iu’ici le premier
rang parmi ses pareils.
Ep. AxpuÉ.
HYDRANGEA JAPONICA ROSALBA.
Plante sous-ligneuse Irès-ramitiée. Bour-
geons à écorce légèrement pubescente, puis
glabre, maculée, striée de rouge-brun.
Feuilles opposées, pétiolées, d’un vert
foncé, grisâtre, fortement nervées, cordi-
formes-ellipliques, longuement acuminées
au sommet, largement et irrégulièrement
dentées, portant sur chaque face quelques
poils gros, très-courts. Pétiole rougeâtre.
Fleurs disposées en ombelle ; les centrales
à peu près réduites aux organes sexuels,
celles de l’extérieur stériles mais alors por-
tées sur un très-long pédicelle, composées
de 3-4 bractées pétaloïdes, très-grandes,
largement ovales, dentées sur les bords,
blanches d’abord, puis lavées-mouchetées,
rose plus ou moins foncé, finalement rouge
lie de vin sur un fond rose carné,
Cette espèce, originaire du Japon, est
tout aussi rustique que ses congénères; sa
culture et sa multiplication sont aussi les
mêmes.
Nous croyons devoir rappeler ici ce que
nous avons déjà dit sur la qualification ro-
salba que porte cette plante. C’est à M. Vau
Houtte, l’un des horticulteurs les plus re-
marquables de ce siècle, qu’on la doit. Voici
comment la chose s’est passée :
Comme il existait dans le commerce
deux Hydrangea tout à fait semblables par
tous leurs caractères extérieurs mais avec
des qualifications différentes, l’un était VHy-
drangea alba, l’autre, au contraire, était
y hydrangea fosco,M,Yan Houtte les voyant
fleurir, et constatant que c’était la mémo
espèce, fondit leur qualification rose et
blanCy et en fit rosalba, expression aussi
heureuse que juste. e. a. Carrière.
CULTURE ET GARNITURES SUCCESSIVES
DES JARDINS POTAGERS.
Cette note ne s’adresse ni au maraîcher
spéculateur, ni au jardinier consommé dans
la pratique; les conseils que nous allons
donner pourront servir au petit propriétaire,
qui, soit par économie, soit par distraction,
voudra lui-même cultiver les productions
potagères dont il a besoin.
Un jardin potager ne doit pas être traité
comme une terre destinée à la grande cul-
ture, c’est-à-dire qu’on ne doit pas laisser
reposer les carrés qui ont déjà produit jus-
qu’à ce que la terre soit de nouveau apte à
reproduire d’autres végétaux.
Un jardin potager bien conduit, au con-
traire, devrait toujours être garni, afin de
subvenir convenablement aux besoins de la
maison. Nous allons indiquer les moyens
d’assolement à l’aide desquels on y par-
viendra.
Avant d’entrer dans les détails des diffé-
rents travaux à l’aide desquels on atteindra
le but qu’on recherche, disons un mot sur
les agents les plus indispensables, les fu-
mures et les arrosages. On n’apprécie pas
suffisamment l’utilité des engrais; il est ce-
pendant facile de comprendre que, plus les
cultures sont suivies, plus les terres ont
besoin de recevoir des engrais pour com-
penser ce que les produits en ont enlevé, et
souvent aussi pour remédier au mauvais
entretien auquel elles sont soumises. Le
fumier doit donc tenir la première place
dans la culture maraîchère, car rarement le
jardin pourra être continuellement garni
s’il n’est continuellement fumé. Tous les
corps organiques et par conséquent toutes
les plantes pouvant servir d’engrais, on devra
donc ne laisser rien perdre dans le jardin,
soit épluchures de légumes, tiges de Choux,
herbes de toute espèce, etc., que l’on mettra
en tas, et que l’on remuera de temps en
temps en ayant soin de les arroser, soit avec
de l’eau simple ou mieux avec du purin,
lorsqu’on sera à même de le faire. H est
bien clair que les fumiers de ferme, et prin-
cipalement celui de vache, seront toujours
les meilleurs; les arrosages avec de l’eau na-
turelle et lorsqu’on pourra le faire en ajou-
tant à celle-ci des matières organiques ac-
tives, telles que de la colombine, de la pou-
drette, du guano, du purin. Un arrosage de
cette nature, pratiqué de temps en temps, est
d’une grande utilité, mais on n’en usera qu’a-
vec modération. S’il sagit de semis, un seul
arrosage peut suffire, on ne le donnera que
lorsque le semis sera déjà fort, afin de ne pas
s’exposer à brider les plantes. Après ces
indications, qui se rapportent à des travaux
en quelque sorte préliminaires, on ppcédera
aux semis. A cet effet, on aura dû faire choix
d’un coin du jardin bien abrité, à proximité
de l’habitation autant que possible, afin de
pouvoir facilement surveiller les jeunes
plantes et leur donner tous les soins qu’elles
exigent; on défoncera .ce terrain à une pro-
fondeur moyenne, 0"‘.30 à 0™. 35, toujours
autant que possible avant l’iiiver; si ce coin
de terre était de nature trop forte, on le
modifierait de manière à l’alléger et à l’ap-
proprier, en ne perdant jamais de vue que
les plantes viennent toujours mieux dans
une terre légère ; immédiatement après le
433
CULTURE ET GARKITURLS SUCC
dofüncement, on fumera copieusement et on
mêlera cette fumure par un labour peu pro-
fond. La terre ainsi préparée avant l’iiiver,
sera convenable pour opérer les semis, qui
devront commencer à la tin de janvier ou
au commencement de février, suivant la tem-
pérature ou les conditions de climat dans
lesquelles on se trouvera placé.
;essives des jardins potagers.
Dans un prochain article nous indique-
rons quels sont les graines qui doivent être
semées successivement de manière à ce
que le terrain soit toujours garni de lé-
gumes, suivant la saison ; puis viendront
les repiquages, etc.
Caiuîou,
Horliculleur à l’Eslagnol, à Carcassonne (.\ude).
REVUE DES PUBLICATIONS HORTICOLES DE L’ÉTRANGER.
Aooieiiim <'as4ell«-a»aîvae, G. Rolle, pl. 5393.
Les Joubarbes auxquelles appartient cette
plante ne peuvent guère se ranger parmi
celles des Crassulacées qui occupent le
premier rang dans le contingent qui fournit
cette riche famille à laculture ornementale.
La plante dont nous parlons ici forme des
arbustes de 0'^L70 à de hauteur, à
tige très-rameuse qui, à la base, portent les
traces des feuilles tombées. Les feuilles
sont ovales-spathulées, glauques; les Heurs
verdâtres sont disposées, comme dans nos
Joubarbes, en assez grandes panicules ter-
minales.
J’ai été singulièrement surpris en voyant
appeler cette espèce, une (( nouvelle décou-
verte » de M. Lowe, qui l’aurait faite, selon le
Botanical Magazine, en avril 18G1 . M. Lowe
ne pouvait pas ignorer, parce qu’il appelle
\a\MiüeSempervmim,PAi\AC, que cette es-
pèce avait été établie par M. G. Belle, bota-
niste berlinois, qui a séjourné pendant un
certain temps aux îles Canaries, et qui a
donné une description détaillée de la plante,
en langue latine, dans le journal Bonplan-
dm, année 1859, page 190, qui l’avait trou-
vée dans les vallées llerimgna et Yal Iler-
moso, etc., dans l’île Gomèra, précisément
aux mêmes endroits où M. Lowe ppétend
avoir découvert la plante en 1801, et qui
l’avait introduit au jardin botanique de Ber-
lin, dès Vannée 1856. Comment expliquer
celte erreur fort piquante et fort singulière?
Ne serait-il pas à désirer que le Bolaniral
Magazine traitât avec un peu moins do légè-
reté les droits de priorité en fait de nomen-
clature botanique?
^nnehesia noStilis, J. D. Hooker, pl. o59i.
CetteAcanthacée fut découverte dans l’Er-
cuador, en 1863, par M. Pearce, collecteur
de MM. Veitch ; elle a Heuri dans les serres
de Chelsea en juin dernier.
C’est une plante herbacée, dressée, glabre.
La lige est obtusément quadrangulaire; les
feuilles, lomçues de 7 à centimètres, sont
oblongues-wvales ou oblongues-lancéolées,
pointues, supportées par un pétiole large-
ment ailé. Les belles Heurs longuement tu-
buleuses, d’un beau jaune doré, à étamines
et stigmate saillantes, sont disposées en
courtes panicules serrées enveloppées à
leur base de larges bractées d’un pourpre
éc’arlate.
^acPoSahhim amjiaiHaceisBsis, Lindley, pl. 5595.
Charmante petite Orchidée qui ne dépasse
pas 0"Ul8 en hauteur, à feuilles ligulées,
longues de 3 centim. environ, distiques,
très-épaisses, carénées, tronquées et irré-
gulièrement dentées au sommet. Les Heurs,
disposées en longues grappes dressées,
axillaires, sont d’un rose foncé. Cette plante
habite les Indes orientales, où elle fut trou-
vée pour la première fois, à Sylhet, par le
D*’ Boxhurgh. qui Cappella Ærides anigmU
fana. j. Groenland.
USEZ, MAIS N’ABUSEZ PAS.
Inconvénients qui résultent parfois dans les sciences
naturelles de suivre trop loin et trop rigoureuse-
ment la filiation.
Qui veut trop prouver, rien ne prouve, dit-
on souvent et avec raison. Cela s’explique,
car, en poussant une chose très-loin, on la
complique, et toute complication touche à la
confusion. Il faut en tout savoir se modérer
et s’arrêter à temps; en voulant être trop
logique on risque de devenir illogique. Les
sciences naturelles, la botanique surtout,
peut nous en fournir de nombreux exemples,
l’üur être compris, nous devons rappeler
que tout végétal est considéré comme es-
pèce ou comme variété, et, de même que
toute espèce, indépendamment de son nom
spérifque, en porte un autre qu’on nomme
géïiérique, toute variété doit porter, outre
son nom propre, le nom spécifique de la
plante dont elle provient, c’est-à-dire le
nom de sa mère, précédé, comme toujours,
du nom générique. 11 en résulte que toute
variété, sous-variété, race ou sous-race doit
avoir au moins trois noms. Ce sont les prin-
cipes scientifiques indiquant l’ascendance ou
la descendance des individus qui, on peut
le dire, établissent la filiation génésifine.
Mais il est encore admis que, en botanique
434
USEZ, MAIS N’AKUSEZ PAS.
aussi bien qu’en zoologie, on doit suivre la
filiation ou l’ordre gcnériqne pour faire res-
sortir l’origine qui est l’ascendance ou le
degré de’ parenté des individus. Si donc on
lient absolument à ne pas s’écarter de cette
règle, on est forcé, comme nous l’avons dit
plus haut, de commettre des non-sens qui
portent atteinte à la logique et qui blessent
même l’oreille. Citons quelques exemples,
et, sans préciser, admettons qu’à dix espèces
(nous pourrions le faire pour des centaines)
on ait donné pour noms spécifiques : à l’une,
celui de gigantea ; k Vimire, celui de ré-
pons; à une autre, celui d\ilba; à l’autre, ce-
lui de villosa ; kVmive, celui de cordifolia;
il une autre, celui diiniegrifolici ; a une au-
tre, celui de /a; à une autre en-
core, celui de spinosa; à une autre, enfin,
celui de scaiidens (grimpant). Supposons
qu’on se soit basé sur la nature du fruit pour
donner à la dixième la qualification de mi-
crocarpa. Si l’on sème alors des graines de
toutes ces plantes, que pourra-t-il arriver? On
obtiendra peut-être des plantes qui présen-
teront des caractères coinplélenient opposés
à ceux des plantes dont ces graines provien-
nent. Précisons. De l’espèce giganteaj par
exemple, on pourra obtenir une plante naine.
Alors on aura un gigantea 7iana, c’est-à-dire
un géant nain. Qu’on obtienne du type ré-
pons (qui rampe) une plante très-dressée, on
aura une plante rampante qui ne rampe pas ;
que du type alba (blanc) on obtienne du
rouge, du jaune, etc., alors on aura un alba
rubra (rouge ou (jaune), c’est-à-dire un
blanc qui est rouge ou jaune; que du type
villosa {velu, poilu) on obtienne une plante
glabre, on aura une plante velue qui n'a pas
de poils; que du type cordifolia (à feuilles
en cœur) on obtienne une plante à feuilles
linéaires (longues et très-étroites), on aura
des feuilles en cœur qui ne seront pas en
cœur; que du type integrifotia (à feuilles
entiores) on obtienne des feuilles laciniées,
on aura des feuilles entières qui seront di-
visées; que du i\pe microphylla (à petites
feuilles) on obtienne des 'grandes feuilles, '
on aura donc des feuilles petites qui seront
grandes; que du type spinosa (épineux) on *
obtienne une plante inerme, on aura une I
plante épineuse sans épines; que du type
scandens (qui grimpe) on obtienne une j
plante dressée, une erecta, comme l’on !
dirait, on aura donc une plante grimpante '
qui ne grimpera pas; enfin, que du niicro-
oarpa (à petits fruits) on obtienne une va- '
riété à gros fruits (macrocar pa), on aura
donc un microcarpa macrocarpa, c’est-à-
dire une plante à petits fruits ayant de gros
fruits. Mais, ce n’est pas tout, car de ces
enfants qui ne ressemblent plus à leurs
parents, dont ils doivent néanmoins porter
le nom, pourraient en naître encore de bien i
plus diflerents, qui pourtant, et de par ta |
science, n’en devraient pas moins porter le
nom de leurs aïeux! Nous pourrions sans
peine citer des centaines d’exemples de ce
genre; mais, comme cela nous entraînerait !
trop loin sans prouver davantage, nous n'en
citerons qu’un, celui que fournit la Quaran- i
taine (Mathiola incana), dont le type (du
moins, ce qu’on regarde comme tel), est i
velnet blanchâtre, ce qui lui a valu son |
nom. Aujourd’hui on en possède de glabres, à
fleurs rouges, jaunes, blanches, etc., naines,
grandes, etc., qui ont formé races se repro-
duisant dans une certaine mesure, et dont
les descendants ont fait de même. On voit
donc, d’après cela, qu’on pourrait très-faci- '
lement faire suivre le Mathiola incana d’une
enfilade de noms qui pourrait dépasser
trente ou quarante.
Nous laissons au lecteur le soin de con-
clure. ’ E. A. C.\RRIÈRE.
QUELQUES FOUGÈRES DE SERRE FROIDE
QUI NE TRENNENT PA.S LE THRIPS.
Les Tbrips sont des petits insectes pour
ainsi dire microscopiques qui exercent de
grands ravages sur les F ougères. Le feuillage
généralement d’un si beau vert et si gracieux
de ces plantes se couvre, lorsqu’il est atta-
qué, de nombreuses taches grises, résultat
du rongement exercé par les Tbrips. Le seul
moyen que je connaisse de détruire les
insectes qui m’occupent est de les recher-
cher à la main et de les tuer. Ce travail est
très-difficile, pour ne pas dire impossible,
car on doit souvent agir sur un certain
nombre de plantes dont les frondes ou la
souche sont généralement couvertes d’é-
cailles, et, d’ailleurs, chez beaucoup d’es-
pèces, le feuillage est si fin qu’il ilevient
pour ainsi dire impossible d’en examiner i
les parties. ^ ^
Il y a encore un autre moyen, qui consiste
à couper les frondes au fur et à mesure
qu’elles sont attaquées ; mais le remède est
plus dangereux que le mal, car, par ce
moyen, on fait périr assez vite la plaide, la i
Fougère redoutant infiniment la taille. —
J’ouvre ici une parenthèse pour conseiller
aux amateurs de Fougères de ne supprimer ,
les vieilles frondes que lorsqu’elles n’ont j
plus de vie.
Le Tbrips est un petit insecte de l’ordre
des Tliysanoptères; il est mince, allonge, et
subit plusieurs transforinalions. Lorscpi il
est jeune, il est verdâtre el sans ailes; à
QUELQUES FOUGÈRES DE SERRE FROIDE QUI NE PRENNENT PAS LE THRIPS.
l’état adulte, il a les ailes fraudées, pliées
sur le dos, et il est noirâtre. Je n’en don-
nerai pas une plus longue description, tous
les cultivateurs de Fougères le connaissent,
je })ourrais ajouter les cultivateurs de ca-
niellias, car ilatta(|ue également cet arbuste
et lui est très-nuisible.
Pour donner un exemple de la vitalité
de cet insecte, j’ai vu des.Thrips, surtout
les jeunes, nager un quart d’heure dans
l’buile de j)étroIe comme des poissons dans
l’eau, et cependant l’huile de pétrole a une
grande énergie.
Comme l’iiulique le titre de cet article, il
y a des es[)èces de Fougères qui ne sont pas
attaquées par cet animal nuisible; il me
paraît utile de signaler celles que je connais :
Cyatbea dealbata.
Aspidium quinquangulare.
— serra.
— conii folium.
— caripensc.
— Sepherdi.
— molle.
Lastrea glabella.
— Rileyana.
Pteris argyrea.
— rubronervia.
— Cretica.
— — albolineala.
Lo maria Banksii.
Asplénium fæcundum.
— bulbiferum.
serra.
— dirnorphum.
— • obtusatum.
— odontites.
Asplénium llabellalum.
— • reclinatum.
— lucidum.
■ — polypodioides.
— iragrans.
Polypodium glaucum.
— Billarderii.
— pbyllitides.
Nephrodium tuberculatum.
— corymbiferum.
Adiantum curvatuni.
— setulorum.
— Moritziauuni.
— Æthiopicum.
— Cbilense.
— tenerurn.
— ))ubescens.
— formosum.
— pedalum.
Doodia lunulota.
— caudata.
Diplazium celtidifolium .
— giganteum.
Bleclmum triangulare.
Brynaria Fortunei.
Niphobolus rupestris.
— lingua.
B n’y a pas d’inconvénient adiré, en pas-
sant, que, selon moi, la meilleure terre |»onr
la culture des Fougères est la terre de Saule
mélangée de bois mort pourri du même ar-
bre.
Je compte, dans un [)rocbain article,
donner une autre liste des Fougères ([ui
sont ordinairement attaquées à divers de-
grés par les Thrips.
De Terni^iex.
CULTURE DES PASSIFLORES EN ANGLETERRE.
Tout le monde sait aujourd’hui que la
culture des arbres fruitiers sous verre est
devenue à la mode chez nos voisins d’au-
delà du détroit; ce qu’on sait moins, c’est
(lue les arbres fruitiers des tropiques ten-
dent à y bure concurrence à ceux d’Europe.
Il y a, en effet, si peu de distance d’une
de ces cultures à l’autre, quand toutes deux
sont subordonnées à la chaleur artificielle,
qu’il n’y a pas lieu de s’étonner que celte
distance ait été franchie. Voici ce que nous
en dit le Gardener's Chronicle dans un de
ses derniers numéros:
Une des plus belles serres à fruits tropi-
caux de l’Angleterre est celle d’un M.IIinds,
Esq., domicilié à Byflect Lodge, près de
A\eybridge. Beaucoup d’arbres fruitiers
exotiques y sont cultivés avec succès, entre
autres un sujet de Papayer, haut de plus de
0 mètres, sur lequel on a cueilli, dans le
coumnt de l’été, six douzaines de fruits
liarfaitement mûrs, et auquel il en restait
encore, ces jours derniers, quelques-uns en
train de mûrir. Toutefois, ce qui étonne le
plus les nombreux visiteurs de la serre de
M. Ilinds, c’est une Grenadillc, ou Passi-
(lore quadrangulairc {Pimiflora quadran-
gularis), sur laquelle on conq)tait, vers la
jfîn d’octobre, vingt-deux gros fruits. Il faut
dire qu’on en avait déjà cueilli trente-deux,
tous arrivés à maturité complète, et qu’un
de ces derniers avait été fort admiré par
la commission de la Société royale d’horti-
culture, réunie le 2 octobre à South-Ken-
sington. Cette Passillore est dressée sur un
treillis en forme de berceau, de 8 pieds de
haut sur 20 de longueur, dont elle couvre
toute l’étendue. Bes branches isolées sont,
en outre, dirigées en travers de la serre et
fixées à la toiture, de chaque côté du ber-
ceau ; elles ont donné, aussi bien que celles
qui s’appuient sur le treillis, des quantités
de Heurs et de fruits.
La Passillore à feuilles de laurier (Passi-
i36
CULTÜRE DES PASSIFLORES EN ANGLETERRE.
flora laurifolia), ou limon d'eau^ a aussi
été cullWée avec succès dans la serre de
M. Hinds. Le fruit de celle-ci estcà peu près
de la taille et de la forme d’un œuf de poule
(celui de la Passiflore quadrangulaire est de
la grosseur d’un melon moyen) ; il naît sur
des branches latérales, qui ordinairement
en portent trois, et, au moment de sa ma-
turité, il prend une teinte orangé rouge
très-vive, qui n’ajoute pas peu à Teffet dé-
coratif de la plante. On croit que cette Pas-
siflore n’avait jamais jusque-là fructifié en
Angleterre.
feen ne serait plus facile en France, pour
des curieux ou des amateurs qui voudraient
se donner ce passe-temps, que de cultiver
sous verre quelques espèces de Passiflores
à fruits comestibles; et même, sous le ciel
de la Provence, il est assez vraisemblable
que, dressées sur des murs tournés au midi,
ces jolies plantes grimpantes pourraient se
passer d’abris vitrés. Nous devons toutefois
les prévenir que, dans'le groupe des Passiflo-
res, il est souvent utile de féconder les fleurs
artificiellement pour en faire nouer les fruits,
et, de plus, que la chance d’en obtenir est
beaucoup plus grande si on prend le pollen
sur d’autres individus que ceux aux flçurs
desquels il est destiné. Ceci nous remet en
mémoire des expériences faites en Ecosse,
il y a quatre ou cinq ans, par M. John Scott,
directeur du Jardin botanique d’Edimbourg,
expériences qui viennent à l’appui de ce
que nous disons, et qui prouvent une fois
de plus combien M. Darwin a vu juste
quand il a déclaré la nature ennemie des
alliances consanguines, même chez les
plantes. Yoici les faits :
De'puis plusieurs années, on avait remar-
qué au Jardin botanique d’Edimbourg que
les Passiflora racemosa, cœrulea et alata^
quoique fleurissant avec profusion, restaient
constamment stériles. Désirant savoir pour-
' quoi, M. J. Scott, en 1861 et 1862, fit sur
ces plantes de nombreux essais de fécon-
dation artificielle. Le seul résultat qu’il ob-
tint fut celui-ci :
Toutes les fois que les plantes ont reçu
leur propre pollen, leurs ovaires ont refusé
de nouer, ou si, dans des cas rares, ils se
sont développés en fruits, ils n’ont jamais
contenu une seule graine embryonnée. Cette
stérilité était-elle due à l’imperfection du
pollen? Les expériences qui suivent établis-
sent manifestement le contraire :
1« Dix fleurs du Passiflora racemosa ayant
reçu du pollen de P. alata^ sept ovaires ont
noué, et quatre ont donné des fruits mûrs,
contenant chacun, en moyenne, 123 graines
bien constituées. Quatre fleurs du même P.
racemosa, couvertes par le pollen d’un au-
tre pied de P. alata, sont restées stériles,
tandis que six fleurs fécondées par le pollen
d’un autre individu du même P. alala ont
produit trois fruits, dont un, arrivé à matu-
rité, contenait 114 bonnes graines.
2» Sur six fleurs du P. racemosa qui fu-
rent fécondées par le pollen d’un premier
individu de P* cœrulea, il yen eut deux qui
mûrirent des fruits, contenant à eux deux
235 graines, dont 197 paraissaient bien
constituées; mais seize fleurs du même P.
racemosa, qui avaient reçu du pollen de
deux autres pieds de P. cœrulea, restèrent
entièrement stériles. Le pollen du Tacsonia
pinnatistipula ne produisirent aucun effet
sur les fleurs du P. racemosa ; mais sur six
fleurs de ce dernier qui furent fécondées
par le Tacsonia mollissima, il y en eut trois
qui donnèrent des fruits, dont un seul,
arrivé à maturité, contenait 22 bonnes grai-
nes contre 120 mauvaises. Enfin, vingt fleurs
du P. racemosa, dont les stigmates reçurent
le pollen de leurs propres fleurs, restèrent
tcTutes stériles, sauf une seule qui donna un
fruit, encore aucune graine n’en était-elle
embryonnée.
3*^ Le P. cœrulea, soumis aux mêmes
épreuves, donna des résultats semblables.
Yingt fleurs fécondées par elles-mêmes
refusèrent de nouer leurs ovaires; mais la
plante ayant reçu du pollen d’un autre pied
de même espèce devint très-fertile, et donna
beaucoup de bonnes graines. Fécondé par
le pollen du P. racemosa, ce même P. cœ-
rulea a donné des fruits mûrs, contenant
des graines bien constituées ; il en a noué
aussi sous l’influence du pollen du P. alala,
mais qui sont tombées avant d’avoir atteint
tout leur accroissement.
¥ Le P. alala s’est montré tout aussi
impuissant dans la fécondation des indivi-
dus par eux-mêmes. Un grand nombre de
ses fleurs, dont les stigmates avaient reçu
le pollen des étamines qui les entouraient^
sont restées entièrement stériles; mais ce
pollen, porté sur les fleurs d’autres indivi-
dus de la même espèce, les a rendues très-
fécondes, et même à fait nouer deux fleurs
de Disemma adiantlioides (genre voisin des
Passiflores), dont les fruits mûrs ont conte-
nu 46 graines embryonnées, sans compter
plus de 200 autres graines qui étaient vides.
Six fleurs de Disemma coccinea, qui reçu-
rent pareillement du pollen du P. alala,
donnèrent un fruit mûr, oû, sur 47 graines,
il s’en trouva une douzaine qui paraissaient
bien constituées.
5«Le Tacsonia pinnalislipula a présenté
les mêmes faits, peut-être encore avec plus
d’évidence. En 1862, M. John Scott en ayant
fécondé 150 fleurs par leur propre pollen,
ne vit que trois ovaires nouer et deux fruits
seulement arriver à maturité. Les graines y
étaient en grand nombre, mais pas une
seule ne contenait d’embryon. Un résultat
bien différent a été obtenu sur six fleurs
de ce même T. pinnalislipula par l’emploi
437
CULTURES DES PASSIFLORES EN ANGLETERRE.
du pollen du T, niollissima; trois de ces
Heurs ont noué leur ovaire, et un fruit, qui
arriva à maturité, se trouva contenir 100
graines, dont 52 étaient embryonnées.
6o Un autre amateur, correspondant ano-
nyme du Journal of Ilorticullure (numéro
du 6 novembre), nous donne quelques dé-
tails de plus sur la culture du Passiflora
laurifolia, qu’il pratique avec succès depuis
quelques années. Ses fruits, nous dit-il,
commencent à être recbercbés en Angle-
■ terre, mais on ne les obtient pas sans fécon-
dation artificielle, et, de plus, le pollen de
la plante reste inerte sur ses propres Heurs.
On y emploie celui de la PassiHore bleue
(P. cœnilea), qui agit très-efficacement. Ses
plantes sont dans des caisses de 1 mètre de
diamètre, et leurs branches sont palissées
au haut de la serre, le long du vitrage, où
elles reçoivent beaucoup de lumière. La
chaleur du sol est d’environ 26'* centigrades,
celle de l’air ambiant ne dépassant pas 17 à
18 degrés.
Beaucoup d’autres faits analogues pour-
raient être ajoutés à ceux-ci; mais en voilà
assez pour faire sentir l’intérêt d’un sujet
encore peu exploré, et montrer combien la
pratique du jardinage, quand elle s’allie à
l’espnt d’observation, peut rendre de servi-
ces à la science. Nous n’espérons guère ce-
pendant que l’exemple de M. Scott trouve
beaucoup d’imitateurs en France ; on y est
trop porté à suivre la vieille maxime : Me-
liora video proboque, détériora seqnor.
Naudin,
LES BAMBOUS SONT-ILS MONOCARPIQUES?
Commençons par dire, à ceux qui ne le
sauraient pas, ce qu’on doit entendre par
monocarpique.
Ce terme s’applique à toute plante qui,
quelle que soit sa durée, ne Heurit qu’une ibis
et meurt lorsqu’elle a fructifié, telles sont
certaines espèces A' Agave, de Fourcroya,
le Musa ensele, etc., etc.
^ Reconnaissons, d’autre part, que rien peut-
être n’est plus mal connu que les Bambous,
et ajoutons même que ces plantes sont
I extrêmement difficiles à connaître, parce
qu’elles Heurissent difficilement et très-
rarement, même dans leur pays.
Voici ce qui nous a suggéré l’idée que ces
plantes pourraient bien être monocarpiques .
11 y a environ dix ans, nous avons reçu de
Chine une certaine quantité de Bambous
: ^ qui se sont mis à Heurs au bout de peu de
temps, et, malgré tous nos soins, malgré
1 toutes les précautions que nous avons prises
pour les conserver, tous sont morts : c’était
I déjà une présomption.
Depuis lors, ce qui vient de se passer sur
le Bambusa metake a encore éveillé notre
i attention.
11 y a quelques années qu’on cultive cette
espèce, qui, comme chacun le sait, est des
plus rustiques, mais aussi des plus enva-
hissantes. Or, on la voyait toujours bien
vigoureuse et donner même, doans certains
endroits, des tiges qui atteignaient parfois
jusqu’à 2 mètres de hauteur tout en restant
bien vertes.-
j y a B’ois ans environ, les plantes n’a-
I valent pas encore Heuri ; depuis, presque
[ toutes et partout, ou à peu près, ont fructifié,
f mais alors les plantes n’ont plus continué
I PELARGONIUM É
La série des Pélargonium à grandes
Heurs, si riche dans les variétés de serre à
de s’étendre, elles sont devenues grises, les
feuilles eUles tiges ont séché, et alors plus de
végétation, pour ainsi dire, plus de nou-
veaux drageons. On avait cru que la floraison
passée les choses auraient repris leur cours
habituel, que les plantes auraient repoussé.
Pas du tout, et aujourd’hui beaucoup ([e
celles qui ont fructifié donnent à peine
signe de vie. Il est aussi à remarquer que si
l’on divise les touffés qui ont Heuri, et si
on en prend les parties qui paraissent en-
core vivantes pour les planter, elles no
donnent que des jets très-faibles qui se
mettent de suite à Heurs, sans avoir donné
à peine des feuilles. La Horaison du pied-
mère paraît avoir épuisé les enfants qui en
proviennent. Il peut donc arriver que, dans
quelques années, le Bambusa metake, après
avoir été très-commun, disparaisse à peu
près complètement des cultures.
A quoi donc est due cette particularité de
fleurir chez le Bambusa metake ? Ne serait-
elle pas déterminée par l’arrêt qu’on ap-
porte à son extension en coupant chaque
année les drageons qui tendent à courir, et en
concentrant ainsi toute la vie vers la partie
centrale, qui, très-atîaiblie, subit alors une
sorte de réaction qui la fait fleurir? Ceci
n’est évidemment qu’une hypothèse, mais
une hypothèse qui pourrait bien ne pas
être dénuée de fondement.
Quoi qu’il en soit, l’expérience inérilerait
d’être tentée. La chose est, du reste, facile ;
il suffirait d’avoir un pied très-vigoureux,
de le planter dans un terrain vague, et de
l’abandonner complètement à lui-même, en
le protégeant, au besoin, contre lesplantesqui
pourraient gêner sa végétation. Riések.
ÆONORE PETIT.
floraison printannière, a produit, jusqu’ici,
peu de plantes remontantes propres à l’or-
::
438
m.ARGONIUM ÉLÉONORE l ETlT.
ncment des jardins, à la eoiwposition des
curljeilles d’été. La meilleure \ ,u iété, dans
ce ij^enre, est la Gloire de Paris. Elle est
aussi précieuse comme plante de marché,
pour les fleuristes, par l’éclat de ses grandes
fleurs d’un écarlate cerise brillant et par sa
tloribondité exceptionnelle, que pour la cul-
ture en plein air, où elle remonte pendant
toute la belle saison.
Une variété nouvelle vient se placer à
côté d’elle. Elle est mise en vente par
M. Mézard, horticulteur à Rueil (Seine-et-
Oise), sous le nom d'Eléonore Petit.
La plante provient d’un semis fait en
1864 par M. Frédéric Petit, jardinier de
M. Fournier, à Saint-Cloud. Ses qualités
remarquables lui ont déjà valu des récom-
penses à la Société impériale et centrale
d’horticulture et à l’Exposition du Pré-Ca-
telan.
Nous avons pu nous assurer que ces dis-
tinctions étaient juslifieés. Deux corbeilles
d’Eléonore Petit, placées en pleine terre
chez l’obtenteur, étaient encore en fleurs au .
lcr octobre, malgré l’année pluvieuse que
nous avons traversée, et nous avons sous
les yeux en ce moment (19 octobre) une
denu-douzaine de capitules fleuris et abon-
damment pourvus de boutons.
PLANTES NOUVELLES, B
Goloncastcr Fontanesii, Spacb. Arbris-
seau d’environ 1 mètre de hauteur, se cou-
vrant chaque année de fruits d’un rouge de
corail du plus bel elTet. La Renie en don-
nera prochainement une figure coloriée.
Rumelia lydoides, Willd. Arbrisseau trés-
rameux, à rameaux épineux. Feuilles ca-
duques, obovales oblongues, très-longue-
ment atténuées à la base, ordinairement
canaliculées, d’une nature sèche et coriace,
luisantes en dessus. Fleurs petites, très-nom-
breuses, pédicellées, naissant en fascicules
sur des sortes de renflements (bourgeons
rudimentaires) qui portent au centre un
faisceau de fleurs blanches, très-odo-
rantes.
Originaire de la Caroline, le B. lycioides
est très-i ustique. Sans être d’ornement, dans
le sens qu’on attache ordinairement à ce
mot, c’est un arbuste à multiplier plus qu’on
est dans l’habitude de le faire. Si ses fleurs
sont petites, elles viennent en telle quantité
(jue les rameaux en sont couverts, et elles
se montrent à une époque où il n’y en a
pour ainsi dire pas d’autres. De plus, elles
répandent une odeur des plus douces, très-
agréable. Nous ajoutons que, planté près à
près et taillé, il formerait des haies impéné-
trables. On le multiplie de graines qu’on
doit semer aussitôt leur maturité.
Le Pelargoninm Eléoiioi'e Petit forme
une plante ramifiée régulièrement, portant
des feuilles dressées d’un beau vert, à limbe
creusé en coupe, sinuées lobées, à derits
aiguës, munies de poils blancs, longs. Les
fleurs, en capitules ombelliformes, sont lon-
guement pédicellées, dressées, insérées sur
de longs pédoncules, souvent bifides et
pourvus au sommet d’une collerette de
îiractées scarieuses et ciliées. Les corolles
sont de grandeur moyenne, de forme parfai-
tement arrondie, d’une belle couleur rouge-
cerise foncé à reflets feu. Tous les pétales,
surtout les deux supérieurs, sont largement
maculés et un peu striés de noir pourpré
très-beau.
L’aspect général de cette jolie nouveauté,
qui rentre dans la section des Pélargonium
à cinq macules, dits Odier, est des plus
agréables. Sans doute Eléonore Petit n’ef-
facera jamais Gloire de Paris; mais ce n’en
est pas moins une bonne plante. C’est un
nouveau pas vers l’obtention des variétés re-
montantes de Pélargonium à grandes fleurs,
et si l’on pouvait obtenir ce caractère de la
moitié seulement de celles qui enrichissent
nos serres, on ajouterait à la décoration
estivale de nos jardins un charme tout nou-
veau. Ed. André.
MS OU PEU CONNUES.
Aster versicolor nana. Plante vivace,
traçante, atteignant 30 à 40 centim. de haut
teur. Tige grosse, dressée, excessivemen-
rameuse. Bourgeons stériles ou foliaires, à
feuilles longuement lancéolées, rétrécies
à la base, puis très-longuement prolongées
en une sorte de pétiole ailé un peu amplexi-
caule, vertes, luisantes, glabres. P’euilles
radicales, larges, à peu près semblables aux
feuilles des bourgeons stériles. Rameaux
florifères excessivement nombreux, dressés
terminés par une fleur. Feuilles raméales
écartées, arquées, très-rapprochées, linéai-
res, un peu élargies au milieu. Fleurs blan-
ches, passant très-promptement au rose,
puis au violet-rosé, très-nombreuses, larges
de 20 à 25 millimètres, à pétales de la cir-
conférence ligulés,ceux du centre tubulés. —
Très-belle plante obtenue au Muséum de
graines de V Aster versicolor. Elle a quelque
rapport avec V Aster bicolor, mais elle en
diflere sensiblement d’abord par son port
beaucoup plus raide et par ses feuilles ra-
méales, qui, au lieu d’être dressées et tor-
dues, sont plus grandes, plates et réguliè-
rement arquées-réfléchies. C’est, nous le
répétons, une bonne acquisition pour l’or-
nement.
Cratœyascrcnalata. Ce petit arbuste, (pii
a quehjue rapport avec le Buisson ardent
439
PLANTES NOEVELLES, HAKES OU PEU CONNUES.
{C. pijracimUia), n’est pas aussi répandu
qu'il devrait rèlre à cause de ses fruits
rouges corail, luisants et comme vernis
qu’il donne tous les ans en très-grande
quantité. Ces fruits qui restent longtemps
sur la plante et qui pendant plus de trois
mois forment un contraste des plus agréables
avec le vert foncé luisant des feuilles, font
de cet arbuste l’un des plus jolis et des plus
propres à rornement des jardins. En etfet,
indépendamment des fruits, la plante, qui
est à feuilles persistantes, se couvre au
printemps de fleurs blanches. Dans le nord
de la France et même dans certaines parties
du centre, le Cratœgus crenalata est par-
fois détruit par les gelées.
— Nous ne blâmons pas ceux qui courent
après les nouveautés ; mais nous croyons
que pour courir après celles-ci, qui ne don-
nent pas tous les jours ce qu’on en atten-
dait, on dédaigne trop des plantes qui ont
un grand mérite.
Les Aster se trouvent un peu dans cette
catégorie , aussi nous croyons devoir en
signaler quelques-unes des plus jolies. Nous
le croyons d’autant plus que ce sont des
plantes très-rustiques, qui pour ainsi dire
ne demandent aucun soin. Nous indiquons
donc tout particulièrement les Aster amel-
lus, amelloides, bicolor, blcolor major, for-
musissimiis, tœvigatus, prenanthoides, re-
pertus, reversii, roseus, tenuifolius, trades-
canti, versicolor, et enfin V Aster turbinel-
liis, espèce non-seulement très-jolie, mais
encore très-remarquable par son aspect, et
dont notre collègue, M. Yerlot, à qui le
Muséum la doit, a donné, dans ce numéro,
une description. Toutes ces plantes fleu-
rissent vers la fin de l’été et le commence-
ment de l’automne ; elles sont surtout pré-
cieuses pour les grands jardins.
Nous recommandons aussi, dans le môme
but que nous avons fait des Aster, et comme
présentant les mêmes avantages, les Gata-
tetla, sortes d’Aster à Heurs disposées en
forme d’ombelles. Les espèces les plus
recommandables sont les Galatella acris,
Uni folia, Hauptii, hyssopifolia etpunctata.
Eupatorium aromaticmn, L. Plante vi-
vace, atteignant jusqu’à 80 centimètres de
bauteur et formant une touffe d’un diamètre
presque de la même dimension. Tige cylin-
drique, glabre. Feuilles opposées, pétiolées,
cordiformes , longuement acuminées en
pointe, largement dentées, molles, unies
en dessus, un peu scabres en dessous par
les nervures saillantes. Ramilles florales op-
posées-décurvées, parfois irrégulièrement
alternes, terminées par une quantité consi-
dérable de Heurs très-blanches, dont la légè-
reté est encore augmentée par le style lon-
guement saillant terminé par un stigmate à
deux branches écartées, le tout d’un blanc
de neige, réunies et formant des sortes
d’ombelles d’un très-bel effet.
Cette espèce n’est pas aussi répandue
qu’elle devrait l’êire. Elle Heurit en abon-
dance depuis le commencement de septem-
bre jusqu’aux gelées. Non-seulement elle
est très-propre à l’ornement des grands jar-
dins, où l’on devra la placer vers le milieu
des plates-bandes à cause des dimensions
assez grandes qu’elle atteint, mais encore
elle est très-propre à la confection des
bouquets. — Originaire de l’Amérique sep-
tentrionale, VEapatorinni aromaticum sup-
porte sans souffrir le froid de nos hivers.
Xanthoxylum pterocaryoides, Reg. Arbris-
seau (?) très-vigoureux et très-rameux, non
épineux, à rameaux étalés, divergents, cou-
verts d’une écorce roux foncé, légèrement
pictée. 'Feuilles imparipennées, longtemps
persistantes bien que caduques, à rachis
cylindrique, long de 30-40 centimètres,
rouge-sombre. Folioles opposées, très-
exceptionnellement alternes, ovales, entiè-
res, longuement acuminées en une pointe
obtuse, portées sur un pétiole de 3-0 milli-
mètres, rouges comme le rachis, molles,
■ vertes en clessus, glaucescentes et très-
courtement tomenteuses en dessous, surtout
sur les nervures qui sont colorées en rouge.
Cette espèce, très-probablement origi-
naire des parties septentrionales de "la
Chine, a été envoyée au Muséum par M. Re-
gel. Elle est très-rustique et jolie. C’est une
précieuse acquisition. Ses feuilles dégagent
une odeur légèrement bitumineuse.
Aster myriantus, Nob. Cette plante, que
nous remarquons depuis quelques années
dans les cultures, où elle est sans nom, est
ce qu’on peut appeler un bijou pour l’orne-
mentation des jardins. Ses dimensions, rela-
tivement petites, la rendent propre soit à
faire des bordures, soit à être plantée en
premier plan dans les. massifs ou sur les
plate-bandes. Elle commence à Heurir dès
les premiers jours de septembre, et dure
jusque vers la fin d’octobre.
Voici les caractères qu’elle présente :
Plante vivace, très-rustique, gazonnante,
non traçante. Rourgeons foliaires ou sté-
riles peu nombreux, grêles. Feuilles laiicéo-
lées-obovales, acuminées en pointe au som-
met, anémiées à la base, quiest semi-ample-
xicaule, glabres, longues de 7-9 centimètres,
larges de iO-14 millimètres; celles des ra-
milles Horifères alternes, étalées, linéaires
«droites ou légèrement tordues à la base. Ra-
milles Horifères très-nombreuses et très-ra- •
mifiées, à ramifications terminées par une
fleur. Fleurs excessivement nombreuses, de
2 centimètres de diamètre, composées d’un
rang de pétales liguliformcs, étalées, por- •
tant au milieu une nervure saillante.
Ampélopsis iieterophylla, Reg. Arbrisseau
PLANTES NOUVELLES, llARES OU PEU CONNUES.
uo
irès-vii^üureux, grimpant, à rameaux cirrhi-
fères, semblables à ceux du Cisus quinqucfo-
lia, dont ils ont la nature. Feuilles pétiolées,
cordiformes, écbancrées tà la base, à lobes
dentés, le supérieur longuement acuminé-
cupidé. Jeunes rameaux à écorce sensible-
ment tomenteuse. Fleurs très-petites, verdâ-
tres. Fruit sphérique, légèrement dépri-
mé, de 8-12 millimètres de diamètre, vert
herbacé, puis blanc, puis vert brillant, par-
fois violet-rosé, portés sur un long pédon-
cule qui se bifurque au sommet formant
ainsi deux groupes portar.è chacun 2- i fruits
pédicellés. — Chine. Très-rustique.
Ampélopsis Regeliana, Nob. Cette espèce,
dont le port et la végétation sont sembla-
bles à ceux de la précédente, est originaire !
du même pays et tout aussi rustique, mais i
ses feuilles, beaucoup plus grandes, sont l
palmélobées; ses fruits, un peu plus petits i
et moins nombreux, sont violets, plus rare-
ment vert brillant.
E. A. Carrière.
DEUX EAITS TRÈS -REMARQUABLES DE DIMORPHISME.
Nos lecteurs savent maintenant ce qu’il
faut entendre par aussi, sans
nous arrêter à définir la chose, nous allons
seulement indiquer deux faits qui en décou-
lent et que nous ferons suivre de quelques
observations, laissant ensuite chacun libre
d’en tirer les conséquences qu’il voudra.
Le premier de ces faits est relatif k un
Cratægus que nous avons nommé C. poly~
morpha. Sur celui-ci, nous avons trouvé
des rameaux gros, à yeux ronds très-
saillants, munis de feuilles entières, oblon-
gues, ovales, et d’autres très-lobées; chez
d’autres, elles étaient largement crénelées
ou irrégulièrement lobées ; mais tous, dé-
pourvus d’épines, rappelaient un peu ceux
du Mespiliis germanka. Les (euïWes ne diffé-
raient pas seulement par les formes, elles
différaient par la couleur, la contexture, l’é-
paisseur et enfin par la nervation. Mais, à
côté de ces rameaux, nous en avons trouvé
dont les feuilles, très-profondément lo-
bées, rappelaient celles de l’Epine blan-
che ordinaire (Cratægus oxyacantha) : de
plus, ces rameaux étaient épineux comme ils
le sont chez cette dernière espèce.
Le deuxième fait de dimorphisme dont
nous avons à parler se rapporte au Salix
nigra; il est au moins aussi curieux que le
précédent. En effet, cette espèce, si distincte
et si bien caractérisée par son bois, a pro-
duit une forme qui en diffère complètement
sous tous les rapports. Nous ne croyons
pouvoir mieux en faire ressortir les diffé-
rences qu’en mettant en regard les carac-
tères des deux : ceux de la mère et ceux de
l’enfant, que nous qualifions vminoules
pour indiquer son analogie avec le S. viini-
nalis.
SalK iii^ra.
Branches effilées, grê-
les.
Ecorce noire Irès-fon-
cée , recouverte d’une
• poussière glauque farina-
cée, assez épaisse.
Veux noirs., très-petits,
à peine visibles.
$k$aU\ viîSîîHOHle?».
Branches très-grosses
et longues.
Ecorce vert herbacé,
puis rougeâtre, luisante,
jamais glauque.
Yeux rouges, gros, sail-
lants.
$üa1ix niftiMi.
$^ali\ vIniiiioideH.
Feuilles dépourvues de
stipules, lancéolées, lon-
gues de 5-8 centim., larges
de 5-12 millim., épaisses,
raides, coriaces, d’un vert
foncé.
Feuii.les munies à la
base de deux larges sti-
pules ovales-lancéolécs,
longues de 10-18 centim.,
larges de 18-25 millim.,
molles, d’un vert clair ou
grisâtre.
Ainsi que nous l’avons dit et qu’on peut
le voir par ces diagnoses, l’enfant est coin -
plétement différent de sa mère. Doit-on,
ainsi que le disent certains botanistes, voir
dans cette production subite la séparation,
chez un même individu, d’un sang étranger,
c’est-à-dire la désunion de parties différen-
tes qui étaient entrées dans la composition
de l’individu? En d’autres termes, doit-on
admettre que le Salix nigra est un hybride
résultant du mélange du S. nigra et d’une
autre espèce qui serait celle à laquelle nous
avons donné la qualification de viminoi-
cles? Nous ne le croyons pas, et nous nous
croyons fondé à rejeter l’hypothèse de faits
analogues à celui-ci, et qu’on ne pourrait
expliquer à l’aide de ce raisonnement.
En effet, nous connaissons des plantes
qui produisent très-fréquemment de ces sor-
tes de faits et dont les résultats sont sou-
vent très-différents. Si la théorie de l’hy-
bridité qu’on allègue si souvent était vraie,
assavoir qu’une plante qui émet de ces ra-
meaux accidentels y est poussée par un
sang étranger, elle devrait ne produire que
des rameaux d’une seule espèce, analogues
à ceux qu’offre la plante qui serait inter-
venue dans l’hybridation. Il n’en est rien. Il
arrive fréquemment, au contraire, qu une
plante produit des accidents^ comme qn les
nomme, d’aspect et de nature très-divers;
qui, de plus, ont des tempéraments diffé-
rents, non-seulement entre eux, mais meme
de la plante sur laquelle ces faits se sont
produits. A quoi cela ticnt-il? Nous n es-
sayerons pas de le dire ; nous nous bornons
à signaler le fait. E. Leras.
L’nn des Propridlaires :Ma*;i«ick nixio.
UoDtereau. — lmp. de Léon lanole.
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE NOVEMBRE).
Le Bon Jardinier pour 1867. — Société d’horticulture de rarrondissemerit de Senlis. — Mesure relative aux
fruits présentés à cette Société. — Le liannctonnage. — Procédé employé par M. Michon pour détruire
les vers blancs. — Article de M. Kolb sur la vie et les travaux de Sieboldt. — Catalogue de MM. Bruant
Baltet Sénéclaiize, Verdier. — Catalogue de Rosiers. — Rosiers hybrides remontants. — M. Laffay. —
Fraise remontante’ obtenue par M. Gloëdc. — Fraise Héricart de ïhury. — M. le docteur Aubertin. —
VEiicahiptus colossea. — Ce qu’on dit de ce géant végétal. — Production anormale de feuilles sur le
Pissenlit commun. — Faits de dimorphisme observés sur l’Osier jaune. — Qu’esl-ce que le Betula alha
• pendula‘^ — Le Salix Jiabijlonica. — Lettre de M. Orl^ies. — Ilebedinium macropliyllum et Ikhe-
cliniurn mpoalophijlhim — Magnolia Linné, son origine, sa valeur comme plante ornementale. — Origine
des plantes. — Mauvaises appréciations. — Inlluerice des milieux sur la qualité des fruits. — La Poire
Clairgeau. — Avis aux pomologistes. — La vraie science.
C’est toujours une nouvelle intéressante
our nos lecteurs que la publication d’un
on livre d’horticulture; aussi commence-
rons-nous cette chronique en annonçant
l’édition du Bon Jardinier pour iS67, qui
vient de paraître. On trouvera plus loin un
compte-rendu de cet ouvrage.
— Une autre nouvelle que nos lecteurs
apprendront également avec plaisir, est la
récente formation d’une Société d’horticul-
ture. Cette Société, qui a pris le norn de
l’arrondissement où elle s’est constituée :
Société d'horticulture de V arrondissement de
Senlis (Oise), a déjà publié deux bulletins.
Dans le dernier, nous remarquons un pas-
sage que nous croyons devoir reproduire ;
il est ainsi conçu :
« Le comité d’ arboriculture est d’avis de
ne plus aduieltre à son examen que des fruits
portant une étiquette sur laquelle sera men-
tionné le nom sous lequel chacun de ces fruits
est le plus généralement connu; avertissant les
présentateurs que l’omission de l’étiquette sera
pour le moins considérée comme une cause
d’infériorité, et pourra leur faire perdre leurs
droits à toute récompense... »
Mise a exécution, cette mesure aura d’a-
bord pour conséquence d’engager le pré-
sentateur à faire des recherches relatives
au fruit qu’il présente ; puis, de contribuer à
l’entente générale en faisant connaître ce
fruit sous le nom le plus généralement
adopté, par conséquent à uniformiser la
nomenclature.
— Sauf le hannelonuage, tous les moyens
proposés pour opérer la destruction des
vers blancs ont été sans résultat. Nous
croyons cependant devoir faire connaître
un procédé que nous communique un de
nos collaborateurs, M. Charles Baltet, et qui
a été inséré dans la Revue agricole régionale,
publiée à Troyes, sous la direction de M. Bos-
seur. Cette découverte est due à M., Michon,
fermier à la Saulsotte (Aube). Voici comment
s’exprime M. Michon :
« Je viens de faire une petite découverte sans
cependant en avoir cherché les moyens. Il y a
environ un mois, je faisais conduire tous les
purins de ma fosse sur une pièce de 2 hectares
de terre; un de ces jours passés, en y cultivant
la terre pour l’ensemencer en blé, j’ai été
bien surpris d’y trouver au moins les trois
quarts des vers blancs morts dans la pièce de
Décembre 1866.
terre, ce qui m’a fait présumer que le purin
en était la cause; dans une autre pièce de 4 à
5 hectares, parquée par les moutons, j’avais
fait la môme remarque.
« Il est donc incontestable pour moi que les
purins répandus en quantité ordinaire sur la
surface du sol et en môme temps que le par-
cage des moutons, sont la cause de la destruc-
tion de ces insectes, et cette petite découverte
me suffira à l’avenir dans les terres mulottées^
où je répandrai de préférence mes purins, et à
côté le parc de mes moutons. »
A ceci, M. Bosseur ajoute :
« Si l’observation faite à la Saulsotte se con-
firme sur d’autres points, ce sera une précieuse
découverte, surtout pour les exploitations qui
alimentent les sucreries ou qui distillent la bet-
terave. Userait très-intéressant de savoir si cet
heureux phénomène de destruction a été ob-
servé sur les fermes anglaises fumées à l’arro-
sage par les procédés du système Kennedi. Dès
aujourd’hui, nous pouvons ajouter au chapitre
des observations de M. Michon, qu’un de nos
amis, un de ces agriculteurs avec lesquels il
fait bon causerie samedi sous la halle, assis sur
un sac de blé, et qui est, sans s’en douter, un
des collaborateurs les plus sûrs et les plus ac-
tifs dans cette revue, auquel nous lisions la
correspondance dont nous venons de citer la
partie instructive, a constaté celte année même
à la porte de Nogent-sur-Seine, dans les fermes
deM. Bonfils, des résultats analogues et qui
viendraient tout à fait à l’appui des idées qui
précèdent.
« Dans une pièce d’une vingtaine d’hectares
emblavée en racine, et très-endommagée par
le ver blanc, une parcelle engraissée au purin
paraissait complètement respectée. Nous ne
saurions donc conseiller d’une manière trop
pressante l’épandage de l’engrais liquide, au
moins à litre d’essai, dans les terres destinées
aux racines. Trouvera-l-on là le moyen infail-
lible de mettre à mort par immersion la larve
si dangereuse du hanneton? Notre expérience
personnelle ne nous permet pas de 1 affirmer
dès à présent. Mais on utilisera à coup sûr bien
des matières fertilisantes qui, trop souvent em-
portées par les eaux pluviales, corrompent les
mares de nos communes, pourrissent les orniè-
res des chemins ou croupissent au seuil des
habitations rurales, et perdent par l’évapora-
tion ou rintîltrage des richesses dont nos champs
ont besoin... »
Ces procédés, dans le cas où ils ne se-
raient pas efficaces contre les vers blancs,
ne peuvent aucunement être nuisibles, au
contraire, on n’a donc rien à craindre en
les recommandant. |
23
442
CHUUNIQllE HOHTK’.OLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE NOVEMHHE)
— Dans notre précédente chronique, en
annonçant la nriort de Siel)oldt, nous di-
sions en même temps que M. Kolb, jardi-
nier en clief au jardin botanique de Mu-
nicb, collaborateur de la Revue horlicole,
voudrait bien rédiger une notice nécrologi-
que sur ce naturaliste. En se rendant à
notre prière, notre collaborateur initie les
lecteurs à la vie et au travaux d’un homme
à qui les sciences doivent de précieux ren-
seignements. On trouvera plus loin l’article
de M. Kolb.
— Nous avons reçu différents catalogues
de M. Bruant et C‘^, horticulteurs à Poitiers
(Vienne). S’il était possible de juger cet
établissement, que nous ne connaissons
pas, par les catalogues qu’il publie, on
pourrait en conclure qu’il est très-bien
tenu, car les catalogues sont assez complets,
bien rédigés; la nomenclature et l’ordre y
sont assez bien établis.
— Nous avons également reçu le cata-
logue de MM. Baltet frères, pépiniéristes à
Troyes. Remarquable à plus d’un titre, cet
établissement l’est surtout par sa nomen.cla-
ture d’arbres fruitiers; d’après le catalogue
qui est rédigé avec soin, les collections di-
verses paraissent être assez complètes.
— M. A. Sénéclauze, horticulteur à Bourg-
Argental (Loire), nous a fait parvenir son
catalogue spécial de végétaux Conifères.
Tous ceux qui connaissent l’amour que
cet horticulteur porte à ces végétaux, ne se-
ront pas étonnés lorsque nous leur dirons
que ce catalogue est un des i)lus complets
dans ce genre.
— Nous avons reçu deux catalogues pour
1866-67, de M. Charles Verdier, horticul-
teur, rue du Marché-aux-Chevaux, à Paris.
L’un comprend les plantes bulbeuses :
Claïeuls, Tigridia, Lilium, etc., etc.; l’au-
tre les Rosiers. La partie qui traite des
Glaïeuls se divise en trois sections, renfer-
mant : la première, les nouveautés qui doi-
vent être mises au commerce en 1866 ; la
deuxième, les nouveautés de 1865; la troi-
sième, un choix des meilleures variétés qui
ont paru antérieurement. Dire que ce choix
est pris en très-grande partie parmi les
gains de M. Soucliel, c’est en faire la re-
commandation. Dans le catalogue des Ro-
siers (nouveautés pour 1866-67) on re-
marquera parmi les Thés : Belle cuivrée
(Pernet), Bouton d'or (Guillot fils), Lu-
crèce (Oger), Madame Brémont (Guillot
lils), Monsieur Fartado (Laffa}). Parmi les
Be-Bourbon, on remarque : OEillet flamand
(Oger), Petite amante (Soupert Notting).
Les Rosiers dits hybrides remontants
sont tellement nombreux, que nous ne
jmuvons en citer les noms; ils sont au
nombre de 49. Une description de leur ca-
ractère, qui se trouve à la suite de chaque
nom, permet à l’amateur exercé de se l'ain*
une idée du mérite de chacune de ces va-
riétés. Enfin, ce catalogue est terminé par
l’indication d’une nouvelle variété du Bosa
microphylla, nommée Premier essai, dont
l’obtenteur est M. B. Gescliwind. Nous
avons été tout agréablement surpris en
voyant parmi les noms des obtenteurs de
Rosiers nouveaux figurer celui de M. Latfay,
qui a enrichi le commerce des Rosiers
d’un si grand nombre de variétés précieu-
ses. M. Laffay, en effet, est sinon le pre-
mier, du moins un des premiers semeurs
de graines de Rosiers, et son nom, attaché
à des variétés d’un très-grand mérite, est
intimement lié à l’histoire des Rosiers.
— Jqsqu’à ce jour, on regardait comme
impossible l’obtention d’une grosse Fraise
remontante. On a pu voir, par notre dernière
chronique, s’il faut en croire M. Gloëde, que
cette fois encore le mot impossible est mis
de côté, puisqu’il dit posséder une de ces
grosses Fraises anglaises « vraiment remon-
tante ». Tant mieux! Quelques personnes
en doutent encore ; mais pourquoi ? Qu’y au-
rait-il d’étonnant à cela? N’avons-nous pas
dans presque tous les genres de plantes,
d’abord des sempervirens, puis des « sem-
perflorens ? Et, du reste^ ne voit-on pas com-
munément dans diverses variétés de fraisiers
à gros fruits des individus qui fleurissent
et par conséquent qui fructitient plusieurs
fois dans une même année? Et, puisqu’on
sait que tout dans un être tend à devenir-
héréditaire, qu’y a-t-il donc d’étonnant que
ce qui n’était d’abord qu’un fait exceptionnel
devînt normal, et qu’une exception se trans-
formât en règle ? Loin de voir à cela quelque
chose d’extraordinaire, nous constatons que
c’est la marche générale des choses. Nous
en sommes d’autant moins étonné pour le
fait qui nous occupe, que, chaque année,
nous constatons chez certaines variétés de
fraisiers, et notamment chez celle qu’on
nomme Héricarl de Tfiury, un pins ou
moins grand nombre de pieds qui fleurissent
et fructifient à l’automme, et, cette année
encore, au i2 novembre, nous avons vu, à
Belroy, chez M. le docteur Aubertin, des
bordures de celte variété couvertes de fleurs
et surtout de fruits arrivés à différents de-
grés de maturité. Qu’y aurait-il donc d’élon-
nant qu’en semant les graines de ces fruits
on obtînt des variétés remontantes ?
— Gare aux petits arbres, dit-on, et place
aux géants. S’il faut en croire les rapports,
le Baobab, le Séquoia sempervirens, le Wel-
linglonia gigantea même, devraient s’incli-
ner et reconnaître la suprématie d’un nou-
veau mastodonte végétal, de V Eucalyptus co-
lossea. Oui! colossea, nous assure-t-on. Mais
de quel auteur, nous dit-on aussi? Nous n’en
savons rien. Ce que nous pouvons dire, c est
443
CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE NOVEMBRE).
que les graines de cette espèce, qui ont
* été envoyées de la Nouvelle-Calédonie par
M. Mueller, de Melbourne, à M. Ramel, ont
été données par ce dernier une partie à
l’Empereur et une autre partie àM.le préfet
de la Seine, qui les fit remettre au fleuriste
de la ville de Paris, où elles furent semées
et levèrent en peu de jours. L’Empereur,
frappé des dimensions colossales (plus de
400 pieds) que d’après la notice qu’on lui
avait remise avec les graines, ces plantes
devaient atteindre, voulut en faire planter à
Biarritz en sa présence. A cet effet, on en
fit venir quelques pieds du fleuriste de la
ville de Paris, qu’il fit planter avant son
départ.
Qu’est-ce que V Eucalyptus colossea^I mus
le répétons. Ne s’est-on pas un peu trop en-
gagé pour lui ? C’est ce que nous verrons, ou
plutôt ce que verront nos arrières-neveux;
car nous n’espérons pas être témoin du fait;
nous nous contentons de l’avoir signalé.
— Nos lecteurs n’ont sans doute pas
oublié le fait singulier et anormal de la
production d’un rameau floral qui s’est
faite sur l’axe d’une inflorescence de Tri-
loma (voir Revue horticole, 1866). Tout ré-
cemment, nous avons été témoin de faits
analogues plus surprenants encore, si c’est
possible. Ce phénomène consiste dans la
production de feuilles vers le milieu du
pédoncule floral fistuleux, à parois très-
minces, d’un certain nombre de Pissenlit
commun. Ces feuilles, bien conformées, un
peu moins grandes que les radicales, étaient
profondément laciniées. Ce qu’il y a de re-
marquable encore dans cette circonstance,
c’est que ce fait semble vouloir se générali-
ser; en effet, sur environ une trentaine de
pieds qui étaient en fleurs, il y en avait au
moins la moitié qui présentaient cette ano-
malie. Ce phénomène ne pourrait-il pas se
fixer? Nous en tenterons l’épreuve, nous
sèmerons les graines que nous avons récol-
tées sur ces individus à inflorescence anor-
male.
— Tout le monde connaît le Satix vilel-
lina, sinon sous ce nom du moins sous celui
d' Osier jaune. Est-ce une espèce? Nous
nous garderons bien de nous prononcer; ce
que nous voulons, c’est faire remarquer que,
ayant semé des graines de cette plante, nous
avons obtenu des choses très-ditférentes entre
elles, différentes même de la mère. Un fait
curieux, c’est que beaucoup nous ont montré
plusieurs faits différents de dimorphisme.
Ainsi, tous ces individus dont l’écorce était
jaunâtre chez les uns, plus ou moins foncée
et même presque noire chez d’autres, avaient
des feuilles glabres et généralement assez
larges. Eh bien, plusieurs développèrent des
bourgeons dont les feuilles, très-petites,
élaienl blancbâlres , presque incanes, par
de nombreux poils argentés. Sur un de ces
bourgeons les feuilles étaient contournées-
crispées comme le sont celles du Satix Ba-
bylonica ammlaris, qui, lui aussi, est un
accident ou fait de dimorphisme du Satix
Babylonica.
— Qu’est-ce que le Betula alba pendula'!
Une variété, dit-on; soit. Qu’est-ce que le
Satix Babylonica'! Une espèce, dit-on en-
core. Pourquoi? Par cette raison qu’on en
ignore l’origine; combien déplantés sont
dans ce même cas !
— Dans une longue et très-bienveillante
lettre que nous adresse de Zurich , notre
collègue, M. Ortgies, relativement à ce que
nous avons dit dans notre chronique tpie
V Hebeclinium macropfiylluni n’est qu’une
variété qui ne se reproduit même pas par
graines, ce savant nous fait observer qm*
c’est, au contraire, une très-bonne espèce,
que plusieurs fois il en a semé des graines, el
que toujours celles-ci ont reproduit le type.
Nous ne doutons nullement du fait que rap-
porte M. Ortgies. Mais que prouve-t-il en fa-
veur de l’espèce? Rien. En effet, quel esl
l’horticulteur qui bien des fois n’a pas élé
témoin de faits analogues, et qui ayant eu
l’occasion de semer des graines de variétés
très-bien connues, comme telles, a pu néan-
moins constater qu’elles se reproduisaient
sans présenter des différences sensibles?
Mais, d’une autre part, est-ce que le fait
signalé par M. Ortgies infirme celui que
nous avons observé chez M. Chaté? Et n’ar-
rive-t-il pas fréquemment que, en culture,
on obtient des résultats tout à fait différents
bien qu’on soit parti d’un point en appa-
rence identique? Il n’y aurait donc rien
d’étonnant que MM. Chaté et Ortgies aient
raison tous les deux, bien qu’ils aient sur
V Hebeclinium macrophyltum une opinion
contraire relativement à la spécificité.
Dans cette même lettre, M. Ortgies nous
fait observer, avec raison, que c’est à toi t
qu’on donne à cette espèce le qualificatif
macrophylluni, puisque, indépendamment
qu’il s’applique à une autre espèce non
introduite, la plante qui est aujourd’hui
dans le commerce a élé décrite et figurée
dans Vlllustraiion horticole sous le nom (!e
Hebeclinium megalophyllum, qu’on devrait
adopter.
M. Ortgies nous donne aussi quelques ren-
seignements au sujet du Magnolia Lenné
que nous croyons devoir faire connaître.
« 11 y a 14 ou IG ans, M. Topf., alors horti-
oulteur à Erfurlh, mit au commerce le Magno-
lia Lenné, ou mieux Lenneana. Cet horticul-
teur en avait acheté l’édition d’un de srs
correspondants d’Italie, qui l’avait obtenu de
semis. Ouant à la dédicace, elle est, comme l’a
dit M. Briot dans la Revue. M. Topf. a dédié
cette belle plante à feu M. Lenné, directeur des
jardins royaux, en Prusse.
CllRÜNlyLt HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE NOVEMBRE).
9 Pour moi, il n’y a pas de doute que le
Magnolia Lenneana est, ainsi que les M. Sov-
Uingeana et Norbertiana, le produit d’un
croisement entre les M. Yulan et obovata
{M. purpurea); il a tout le faciès du M. Yulan,
sauf la couleur rouge pourpre et la plus
grande épaisseur des pétales, qui trahissent
l’intervention du M. obovata.
« Le M. Lenneana a fait son chemin très-
lentement jusqu’ici; mais, plus on le connaîtra,
plus on l’estimera, et vous ne pouviez mieux
faire que de le faire tigurer dans la Revue :
aucune plante, du reste, ne mérite plus de
lixer l’attention des amateurs que ce magnitique
Magnolia, bien supérieur aux autres par la
grandeur et la beauté toute particulière de ses
fleurs. »
Nous remercions bien sincèrement notre
collègue M. Ortgies des bons renseigne-
ments qu’il a bien voulu nous donner, et
dont tous nos lecteurs profiteront. Tou-
tefois, nous ne pouvons admettre sinon
avec réserve l’origine qu’il attribue au Ma-
(j)wlia Lenneana. En général, on est beau-
coup trop disposé, lorsqu’on ignore l’origine
d’une plante, à lui en attribuer une basée
sur une simple hypothèse. Voici comment
on procède. On voit une plante dont on
ignore l’origine, on l’examine et l’on croit
reconnaître qu’elle est voisine de deux au-
tres dont alors on la fait descendre. Ce
mode d’appréciation, que presque tous les
horticulteurs emploient à peu près exclusi-
vement, est loin d’être toujours conforme à
la vérité ; au contraire, presque toujours il est
faux; il ne repose, du reste, que sur celte
donnée hypothétique, que les enfants tien-
nent des parents dont ils sortent, ce qui n’est
pas toujours vrai, tant s’en faut. Qui ne sait
que, dans un autre ordre de faits, qui pour-
tant peut être invoqué ici pour appuyer notre
dire, on voit souvent un enfant à cheveux
ronges foncés naître de parents à cheveux
noirs, et vice versa.
— Indépendamment de l’influence consi-
dérable qu’exercent le sol, le climat, le mi-
lieu, etc., etc., il y a la température et l’hu-
midité plus ou moins grande, qui fait qu’un
même arbre, par exemple, pourra don-
ner de très-l)ons fruits dans une certaine
année, très-médiocres au contraire dans une
autre année. Bien que ce soit là des choses
à peu près connues de tout le monde, nous
croyons cependant devoir y revenir pour une
variété sur laquelle on n’est pas toujours
d’accord : c’est pour la Poire Clairgeau.
Ainsi, tandis que dans certaines localités
c’est un fruit très-ordinaire, il est au con-
traire exquis lorsqu’il vient dans certaines
autres.
Cette année, qui certainement n’a pas été
des plus favorables pour les fruits, nous
avons dégusté des Poires Clairgeau que nous
avait apportées de Bordeaux notre collabo-
rateur M. Glady,. et nous pouvons assurer
qu’aucun fruit ne pouvait être meilleur. Il
y a plus, nous connaissons un arbre de cette
même variété qui dans certaines années
produit des fruits excellents, tandis que dans
d’autres années ils sont à peine mangeables.
A quoi cela est-il dû? Nous n’essayerons pas
de te dire, seulement nous profiterons de
cette sorte de digression pour faire remar-
quer combien il est difficile d’être absolu-
ment d’accord sur les qualités des fruits;
qu’il est prudent de ne pas trop s’pancer,
et qu’il est presque toujours mauvais de re-
jeter une variété d’une manière absolue, car
il peut se faire que celle-ci qui, en effet, est
mauvaise dans certains pays, soit au contraire
bonne dans certains autres. Qui, du reste,
n’a pas été bien souvent témoin des faits que
nous venons de rapporter, et quel est l’au-
teur qui, ayant fait la description d’une
variété, n’a pas parfois modifié ou même
complètement changé le jugement qu’il avait
d’abord porté, et cela bien qu’il ait pris les
fruits surlemême arbre maisdans des années
différentes? Mais, il y a plus encore. Ne ren-
contre-t-on pas souvent sur un même arbre
des fruits de qualités très-diverses? Evi-
demment. Que pourrait-il donc arriver si
deux auteurs faisaient la description de cette
variété d’après un seul fruit? Qu’ils pour-
raient émettre une opinion complétemenr
différente. Nous ne saurions trop engage!
les pomologistes à méditer ces quelques
lignes.
Ce qu’on doit faire dans ces circonstan-
ces, que nous ne saurions trop répéter,
c’est d’observer, de constater avec soin les
faits et dejes faire connaître, afin d’en faire
profiter les autres. C’est là la vraie science,
celle qui, s’appuyant sur les faits, n’agit pas
systématiquement, qui ne rejette ni n’ex-
clut rien d’une manière absolue. Nous ter-
minons en nous permettant de donner ce
conseil à tous : Observez avec attention les
conditions dans lesquelles vous êtes placés,
éludiez bien votre terrain, et ensuite cul-
tivez les variétés que vous avez reconnues y
bien venir et être bonnes tout en cherchant
néanmoins à trouver mieux. »
E. A. C.XRRlÈRE.
A PROPOS D’UN NOUVEL ÉPINARD D’AUSTRALIE.
Sommes-nous dans une période de pro-
grès horticole? Nous rendons- nous un
compte bien exact des perfectionnements
apportés dans les cultures et de toutes les
améliorations dont les plantes de nos jar-
dins, et particulièrement les fruits et les lé-
445
A PROPOS D’UN NOUVEL
gumes, ont été l’objet dans les siècles qui
nous ont précédés ? Savons-nous réellement
apprécier à leur juste valeur le mérite et les
qualités de cette multitude de plantes et de
fruits alimentaires cultivés aujourd’hui en
France, et que nous devons non-seulement
à un climat exceptionnellement favorable,
mais aussi aux talents horticoles de nos de-
vanciers et à une délicatesse de goût.parti-
culière aux habitants de notre beau pays?
Ou bien ne reculons-nous pas de plusieurs
siècles, et ne revenons-nous pas aux temps
où nos premiers pères se nourrissaient de
racines, de fruits et d’herbes sauvages?
Ces rédexions nous sont suggérées par le
bruit fait depuis quelques années autour de
certains légumes, et par les recommanda-
tions et les éloges chaleureux que nous
voyons décerner encore de nos jours à des
plantes du mérite le plus contestable, pour
ne pas dire autre chose.
Loin de nous l’intention de blâmer les
auteurs de ces éloges ou les personnes qui,
animées des meilleures intentions, s’en vont,
souvent au péril de leur vie, cherchant sur
tous les points du globe, les espèces pou-
vant avoir une utilité quelconque, et qui
s’empressent d’en doter leur pays et d’en
faire profiter leurs semblables. Loin de
nous aussi, la pensée de critiquer ce goût
des nouveautés, ce besoin de connaître et
d’acquérir sans cesse qui Lût qu’on est sans
cesse à la recherche de l’inconnu, car nous
leur devons une grande partie de ces bonnes
choses que nous possédons. Mais ce que
nous blâmons, ce sont les éloges pompeux
accordés aux nouveaux venus, avant même
souvent que leur mérite ait pu être cons-
taté, ou alors que nous possédons déjà,
dans nos cultures, des espèces ou des va-
riétés du même genre d’un mérite incontes-
tablemen!- supérieur.
Et d’abord, nous parlerons du nouvel
Épixard d’Australie (Chenopodiiim auri-
(:omum)y dont il a élé récemment question
dans les journaux.
Manquions-nous d’Epinards? et les di-
verses variétés améliorées que nous possé-
dons, étant convenablement préparées, lais-
sent-elles quoique ce soit à désirer sous le
rapport de la qualité? Leur culture, dit-on,
est difficile en été; admettons même qu’elle
ne soit pas possible (bien que par des semis
successifs faits tous les mois en terrain con-
venablement choisi et arrosé, on puisse se
procurer constamment d’excellents Epi-
nards frais), n’avons-nous pas déjà la ïé-
tragone étalée. Epinard de qualité indis-
cutable, qui végète et fournit d’autant plus
que la température est plus chaude ^ ?
Et tant qu’à faire que de revenir à l’en-
fance du jardinage et de nous mettre à cul-
tiver et à manger des plantes sauvages,
* Voir Revue horficole, 1866, p. 421.
ÉPINARD D’AUSTRALIE.
était-il nécessaire d’aller en emprunter à
l’Australie, alors que nous possédons abon-
damment dans tous les champs cultivés et
les terrains vagues de la France, plusieurs
plantes qui valent rtu moins le Chenopodinm
auricomum, et qui lui sont à peu près en
tout semblables? Si le besoin d’une alimen-
tation abondante par les plantes vertes cui-
tes devenait un jour nécessaire sous notre
climat, nous n’aurions que l’embarras du
choix entre \es Chenopodiuni album, viride,
hi/bridam, bonus ILmricus, urbicuni’, plu-
sieurs Atriplex, diverses Amarantes ou
Bettes, VOrtie, le Phytolacca, appelé Chon-
gras dans certains pays, ainsi qu’un grand
nombre d’autres espèces qui croissent par-
tout autour de nous. Ces düTérentes plantes
auraient, en outre, plusieurs avantages sur le
Chenopodinm auricomum, à savoir : de vé-
géter pour ainsi dire sans soins, de se res-
semer naturellement et de produire de la
graine en abondance; tandis qu’on a oublié
de dire dans les articles élogieux qui ont éié
publiés qu’il n’existe pas de graine de Cfn-
nopodiuni auricomum dans le commerce, et
que, comme cette espèce n’en produira sous
notre climat que dans des années exception-
nellement favorables et chaudes, on sera
obligé de s’en approvisionner chaque anmV
en Australie, ce qui menace de faire de n-
pauvre Epinard, qui n’était nullement désiré
et qui n’en peut mais, un légume de haut
luxe et d’une culture fort peu pratique
Nous cultivons, en outre, dans nos jardins
deux plantes du même genre botanique qui
pourraient encore être cultivées comme Epi-
nard, ce sont : le Chenopodium atripticis,
espèce vigoureuse employée comme orne-
ment, à cause de la belle coloration violette
de ses tiges et de son feuillage, qui se suc-
cèdent pendant tout l’été, et le Chenopodium
Quinoa, qui, outre un feuillage abondant,
analogue et presque identique à celui du
Chenopodium auricomum, produit dans, les
années chaudes une assez grande quantité de
graines de la grosseur de celles des Millets et
des Panis, lesquelles graines sont utilisées
comme aliment dans quelques parties de
l’Amérique du Sud, ainsi qu’au Japon et en
Chine, etc. Et cependant, malgré les mérites
des Quinoa et aussi malgré les nombreuses
recommandations qui ont été faites, la cul-
ture n’en a point été adoptée. Cela tient évi-
demment à ce que, outre la difficulté d en
obtenir abondamment et régulièrement des
graines, il a élé reconnu que leurs leuilles
donnaient un Epinard médiocre et Irès-infé-
rieur aux nôtres, et que leurs graines, man-
gées cuites, formaient un aliment bon seii-
I Nous regrettons de nouveau, ainsi que nous l'a-
vons déjà fait dans notre chronique, que, sans le
connaître, pour ainsi dire, certains auteurs aient re-
commandé d’une manière toute spéciale une plante
qui est, quoi qu’on en dise, une mauvaise herbe.
— Rédaction.
446
A PROPOS D’UN NOUVE
lemeiit pour les personnes qui n'enpossèdenl
pas (Vautres.
Enfin, pour le cas où nous viendrions à
avoir besoin d’Epinards, nous aurions encore
comme ressource les feuilles des différentes
Baselles, celles du Bonssingaultia basel-
loides, qui, convenablement accommodées,
sont loin d’être sans mérite.
Parmi les autres légumes importés et re-
commandés dans ces derniers temps, nous
avons vu déüler plusieurs espèces de Mou-
lardes à manger en salade ou cuites : la Sa-
lade chinoise, qui n’est autre chose que le
Chrysanthème à fleurs jaunes, sauvage, qui
croît dans les moissons de la France; la Sa-
lade d'Ancône puis le Chou chinois, le
Pak-Choi, le Pet-Saï, le Concombre grim-
pant (Cyclanthera pedata), toutes plantes
dites alimentaires et très-usitées en Chine,
au Japon, au Mexique, etc., etc.
Que sont, nous le demandons aux connais-
seurs sérieux, ces légumes tout à fait élé-
mentaires à côté des variétés perfection-
nées cultivées dans nos contrées pour des
qualités et des usages analogues? Ou même,
que sont-ils comparés à beaucoup de nos
anciennes variétés peu répandues et dont on
n’a pas encore su d’une manière générale
apprécier toutes les qualités?
Que les habitants des pays en question où
les végétaux herbacés forment la base né-
cessaire de l’alimentation, et où les variétés
perfectionnées manquent, ou bien où elles
sont inconnues ou ne peuvent être cultivées,
et où, si elles végètent, elles tournent et pous-
sent en herbe, pour ainsi dire, que ces popu-
lations, disons-nous, encore peu civilisées et
dont le goût est loin d’être aussi raffiné que
celui des habitants de l’Europe centrale, se
contentent desdites plantes et les trouvent
d’excellents légumes, nous ne voyons pas à
cela un grand mal"; mais qu’on veuille les
1 \ on Revue horticole 1866, p. 422.
Qui ne sait, en effet, que beaucoup de gens qui
ont voyagé dans diverses parties de l’Amérique ont re-
commandé d’une manière particulière la Morelle noire
ALNUS SUBCORDATA E
Ce que nous avons dit précédemment de
VAlnus barbata * pourrait presque s’appli-
quer aux Alnus subcordata et Alnus Vilmo-
reana; mais comme rien ne peut être iden-
tique, les Alnus subcordata, C. A. M. etFi7-
moreana, Hort., doivent différer de VAl-
nus barbata. Nous ne dirons donc rien
de la beauté, de la vigueur et des avan-
tages qu’ils peuvent présenter, car nous
n’aurions alors qu’à nous répéter. Il nous
suffira d’indiquer les caractères que présen-
tent les deux plantes, ce que nous allons
essayer de faire en quelques mots. Le port
* Revue horticole, 1866, page 360.
ÉPINARD D’AUSTRALIE.
faire trouver telles, et les faire cultiver à
nous, habitants de la France, et habitués à
ses bons légumes, c’est ce que nous combat-
trons en toute occasion, nous rappelant
cependant que tous les goûts sont dans la
nature, et qu’il n’en faut point discuter.
Nous ne cesserons toutefois de répéter, en
terminant, qu’avant de prôner une nou-
veauté légumière, de s’en engouer et d’en
adopter la culture, on devrait s’assurer que
le besoin s’en fît sentir; qu’elle fut désira-
ble et de qualité supérieure aux variétés
déjà existantes, et enfin que sa culture fût fa-
cile et pratique. Si l’on tenait plus souvent
compte de ces préceptes élémentaires, on
éviterait d’encombrer sans nécessité les jar-
dins de plantes médiocres au détriment des
bonnes espèces; on diminuerait les dou-
ble emplois inutiles, et l’on ne s’exposerait
pas aux mécomptes dont se plaignent sans
cesse les amateurs qui, sur la foi des annon-
ces, ont cru aux mérites de nombre de plan-
tes tant vantées qui devaient surpasser ou
détrôner, les unes la Pomme de terre, les
autres les Choux, les Radis, etc., etc., et
qui sont aujourd’hui complètement tombées
dans l’oubli, ou qui, avant peu, n’en vau-
dront pas mieux.
Parmi les espèces déchues, ou sur le
point de l’être, nous citerons entre autres
pour mémoire : VUlluco, V Arracacha, le
Psoralea esculenta, les Oxalis crenata et
Occa, le Chou colossal, le Radis de Madras,
le Cresson d'eau d'Australie, la Poire de
terre, la Capucine tubéreuse, etc., etc.; et
pourtant, quels éloges n’a-t-on point fait de
ces plantes ! Clémenceau.
(Solanu?nni(jrum), cette mauvaise plante dont, avec
raison., on suspecte les qualités. Il n’est guère dou-
teux cependant que si ces voyageurs avaient eu à
choisir entre la Morelle et les Epinards, ils n’au-
raient pas hésité à donner la préférence à ces der-
niers. Mais nécessité fait loi. On ne doit jamais ou-
blier ce proverbe, qui a une très-grande significa-
tion : « Faute de Grives, on mange des Merles. » —
Rédaction.
P ALNUS VILMOREANA.
et le faciès étant à peu près les mêmes,
nous n’aurons guère à nous occuper que
des feuilles.
Alnus subcordata, C. A. M. Feuilles lon-
guement ovales-elliptiques, atteignant jus-
qu’à 18 centimètres de longueur (y compris
le pétiole) sur 9 centimètres, parfois plus,
de diamètre; minces, d’un vert foncé,
unies et luisantes en dessus ; un peu plus
pâles, mais non glauques en dessous,
glabres sur les deux faces, portant seule-
ment à la face inférieure et à l’angle des
nervures latérales des petits paquets de
poils courts, roux, bordées de chaque côté
ALNUS SUBGOUDATA El’ ALNUS VILMOREANA.
iil
(le (lents très-courtes, régulières, penchées.
Cette espèce est, dit-on, originaire du Cau-
case.
Alnus Vilmoreana, Hort. Feuilles très-'
longuement ovales-ellipliques, cordiformes
à la tase, brus(|ueinent et régulièrement
atténuées au sommet en une pointe courte,
droite, obtuse, Ic-ngues de 18-^2'2 centimètres
(y compris le pétiole), larges de 9-11 centi-
mètres. d’un vert très-lbncé et légèrement
huilées à la face supérieure, d’un vert glau-
cescent à la face inférieure où se trouvent,
ainsique chez V Alnus subcordata, quelques
petits paquets de poils gris cendré, bordées
de chaque côté de dents peu profondes,
inégales, parfois irrégulières, penchées.
hes Alnus suhcordaUi et Vilmoreanu sont
très - rusti([ues, et, comme V Alnus bar-
bala^ conservent très-longtemps leurs feuil-
les. La culture est semblable à celle (pie
nous avons inditpiée pour ce dernier.
Nous terminerons en rccommandanl li
culture de ces trois sortes d’Aulnes, en
rappelant (pie ce ne sont (pie des formes
peu dilférentes d’un môme type et dont la
valeur aussi, soit au point do vue do l’orno-
ment, soit au point de vue do l’oxploitation,
est à peu près la même. e. I-kbas.
SOINS A DONNER AUX PLANTES DE SERRE PENDANT L’RIVER.
Aujourd’liui que le goût de l’borticullure
est devenu une occupation pour les uns,
une récréation pour les autres, un bien-être
pour tous, la culture des tleurs se répand
de plus en plus dans les classes élevées de
la société. Chacun, clans sa position de for^
tune, a sa serre chaude ou tempérée. Nous
croyons donc être agréable aux lecteurs de
la Revue eu leur indiriuant les principaux
moyens de les soigner.
Si les plantes ont été mises dehors pen-
dant l’été, et qu’on arrive à l’automne, il
faut les rentrer pour l’hiver. Dans ce cas,
on rempote toutes celles qui ont été mises
en pleine terre quelques jours à l’avance,
afin qu’elles aient le temps de reprendre
avant l’hiver. Ensuite on les place à une
exposition un peu ombragée pendant quel-
c[ues jours; on les arrose, on les bassine au
besoin, afin d’en faciliter la reprise.
L’époque à laquelle on doit rentrer les
plantes de serre, varie suivant les climats,
les conditions particulières dans lesquelles
on est placé, et suivant aussi que le temps
est plus ou moins favorable.
En général, on rentre celles de serre
chaude du 15 au dU Septembre; celles de
serre tempérée du au iD octobre. On
rentre les Orangers du 10 au 15 octobre.
Si l’on est pressé par le mauvais temps,
on rentre d’abord les plantes qui craignent
le plus le froid, riiumidité ou les pluies; on
les reprend ensuitf une à une, on lave les
pots ou les caisses; on donne un béquillage
à la terre des vases; on met des tuteurs aux
plantes qui en ont besoin; on enlève le bois
mort, les feuilles qui sont plus ou moins
gcàtées. Après cette opération, on les place
par hauteur, là où elles doivent être, en
ayant soin de ne pas trop les lasser pour
qu’elles ne s’étiolent pas.
Les autres soins consistent dans le net-
toyage et l’arrosage; il faut aussi donner de
l’air à la serre toutes les fois que le temps le
permet en.se guidant, bien entendu, sur la
nature des plantes aux(|uelles on a alfaire.
Quant aux arrosements, ils doivent être en
rapport avec la nature et la vigueur des
plantes. L’expérience nous a prouvé (pi’une
trop grande humidité est souvent plus nui-
sible et plus difficile à combattre (prun
froid sec, surtout ([uand le soleil ne se
montre pas pendant plusieurs jours. Dans
ce cas, on doit chaulTer afin de fiiire dispa-
raître l’humidité de l’air, mais si la tempé-
rature intérieure est trop élevée, il vaut
mieux aérer. Pendant les nuits froides, on
couvre les serres tous les soirs avec des
paillassons afin de pouvoir y conserver une
chaleur nécessaire aux plantes; pnn'lnt le
jour, il suffit de découvrir et do daOiior de
l’air si la tempéi’ature extérieure le permet.
De novembre à février toutes les plantes, en
général, ont besoin de peu d’eau; si le
temps est beau, si la température ambiante
de la serre est alors élevée, on en profile
pour les bassiner et l’on peut au besoin l’é-
pandre de l’eau dans les chemins de la
serre afin de renouveler l’air. Mais, pour
celle opération, il faut autant que possible
choisir un jour de beau temps pour que les
plantes puissent se ressuyer avant le soir.
Pendant l’hiver, les arrosements doivent
être faits le matin, du mois d’octobre au
mois de mai, et le soir pendant le reste de
l’année. Quoi qu’il en soit, il faut toujours
fermer les châssis de bonne heure et dans
l’après-midi, afin de renfermer \ii chaleur,
comme disent les jardiniers. Il ne faut ja-
mais perdre de vue que l’hygiène est une
des premières conditions de santé pour tous
les êtres.
Les feuilles et toutes les parties herba-
cées des végétaux sont des organes de res-
piration et d’absorbtion, on doit donc les
tenir constamment à l’abri de la poussière
et des insectes, et c’est en agissant ainsi
qu’on fera de la bonne culture. Pendant les
grands froids, on visite souvent les plantes;
on enlève les parties gâtées ([ui tendent à
pourrir par suite d’une trop grande humi-
dité; on hé(juille la terre à la surface des
U8
SOINS A DONNER ADN PLANTES DE SERRE PENDANT L’HIVER.
pots de manière à en rendre la vue plus
agréable et à faciliter l’action de l’air.
" Lorsque les pots sont enterrés dans la tan-
née, on remanie celle-ci de temps à autre
et l’on retourne souvent les pots pour que
chaque partie des plantes reçoive également
la lumière. Gomme la température des ser-
res joue un rôle important dans Ta santé des
végétaux, nous croyons devoir indiquer d’une
manière générale le maximum et le mini-
mum nécessaires à cha([ue serre.
Nous n’avons pas la prétention de fixer
res températures d’une manière absolue; il
faut toujours avoir égard au climat, à l’é-
poque où l’on se trouve et au but qu’on
veut atteindre.
Dans la serre chaude proprement dite où
l’on cultive les plantes venant des parties
du globe comprises entre les tropiques, la
température ne doit pas descendre au-des-
sous de 12 degrés centigrades pendant la
nuit, et peut être élevée à 20 et 25 pendant
PHILIPPE FRANt
La vie d’un des hommes les plus actifs
est éteinte!
Siebold, né à Würzbourg, le 17 février
1796, mort à Munich le 18 octobre dernier,
après une courte maladie, était fils d’un
médecin distingué; il étudia la médecine à
Würzbourg, et montrait dès sa jeunesse un
goût prononcé pour l’histoire des nations,
et surtout pour la description des voyages.
Nommé docteur en médecine vers 1820, il
entrait deux ans plus tard (1822) dans le
service du roi des Pays-Bas, qui le plaçait
comme officier dans l’armée.
Le roi Guillaume, grand protecteur de la
famille de Siebold, s’exprimait ainsi en lui
envoyant son brevet :
(( Je viens ici témoigner ma reconnais-
sance envers la famille Siebold pour les ser-
vices qu’un de ses parents avait autrefois
rendus à ma famille royale. »
Un peu plus tard, en 1823, nous voyons
Siebold, à Batavia, comme médecin du ré-
giment qui résidait à Wellvrede.
Sa carrière se trouva tracée d’elle-même,
pour ainsi dire, par le projet que le gouver-
nement hollandais faisait d’envoyer une
expédition au Japon, pour faire des recher-
ches scientifiques et se mettre en commu-
nication avec cet empire si peu connu alors.
Le gouvernement n’ignorait pas les diffi-
cultés attachées à cette entreprise, la haine
des Japonais pour les Européens, leurs pré-
jugés religieux, etc.; mais il se croyait for-
tement engagé cà la poursuite de ce projet
par les fruits qu’il espérait en retirer, sa-
chant que l’histoire et la médecine étaient
fort estimées des Japonais.
En effet, on en eut bientôt la preuve, et
le jour. Dans la serre tempérée, où se cul-
tivent les plantes des régions moyennes, la
température doit être maintenue de 4- à
8 degrés pendant la nuit et de 10 à 12 pen-
dant le jour. Dans la serre froide, où l’on
cultive les plantes de la Nouvelle-Hollande,
une partie de celles du Cap, du Japon et
de certaines parties de l’Inde, toutes plan-
tes qui végètent plus ou moins pendant l’hi-
ver et qui, conservant leur feuillage, fleuris-
sent quelquefois jusqu’au printemps, une
température de 3 à 4 degrés pendant la
nuit, de 4à8 pendant le jour, est suffisante.
Dans l’orangerie qui n’est qu’une sorte de
conservatoire où l’on cultive les Orangers,
les Citronniers et d’autres plantes analogues
dont la végétation est à peu près nulle l’hi-
ver, il suffit qUB la température ne descende
pas au-dessous de zéro degré.
Th. Denis,
Chef des cultures du Jardin botanique
du parc de la Tête-d’Or.
IIS DE SIEBOLDT.
dans le voyage que l’ambassade hollandaise
faisait chaque année de Nangasaki à Yedo,
où le médecin fut entouré de la plus grande .
\énération; il jouissait d’une entière li-
berté et pouvait communiquer avec tout le
monde sans être soumis au contrôle ordi-
naire.
Siebold possédait à côté de son savoir un
don bien précieux pour un voyageur, il était
fort gai et homme du monde; c’est pourquoi
le gouverneur- général décida que Siebold
accompagnerait celte expédition ; il fit aus-
sitôt ses préparatifs de voyage etil se pourvut
des divers instruments physiques et chimi-
ques avec lesquels il espérait attirer l’at-
tention des Japonais. Au nombre de ces
instruments, on remarquait une machine
pneumatique, un appareil galvanique , etc.
Siebold, malgré l’attrait que ce voyage
avait pour lui, connaissait trop l’bistoire et
la barbarie des Japonais pour se faire illu-
sion sur les difficultés qu’il allait rencon-
trer.
Son voyage de Batavia à Nangasaki se
trouve long'uement détaillé dans son pre-
mier volume (( Nippon. »
Dans cette relation, il y a surtout des pas-
sages fort intéressants sur les diverses ques-
tions que les Japonais adressaient à l’am-
bassade hollandaise avant qu’elle mît pied
à terre. Il y dépeint également son arrivée
à Nangasaki, ainsi que les impressions par-
ticulières que produisirent sur lui la vue de
ce nouveau pays.
Bien qu’il ne soit pas possible, dans une
notice nécrolog-ique, d’entrer dans de très-
longs détails, nous citerons cependant cer-
tains passages qu’on trouve consignés dans
449
PHILIPPE FRANÇOIS DE SIEBOLDT.
celle relation; par exemple celui-ci : « Quel
coup-d’œil, s’écriait Siebold! Avec quelle
vigueur croissent sur les côtes les Chênes
verts, les Cèdres elles Lauriers! Quelle ac-
tivité montre ici la nature, pour ainsi dire,
sans être aidée par la main des hommes ! »
Siehold resta pendant six ans cà Aangasaki
(Dezima) et aux environs, et il déploya
comme médecin, ethnographe et naturaliste
le plus grand zèle.
Ses œuvres, ainsi que les riches collec-
tions qu’il a recueillies et qui sont dépo-
sées à Leyde, le montrent suffisamment.
11 est vrai qu’il avait à faire à une nation
intelligente, qui, connaissant tout l’avantage
que procure la science, n’épargnait ni
l’argent, ni les sacrifices de toutes sortes.
C’est grâce à cette haute protection que
Siehold put se livrer à la recherche des ob-
jets d’histoire naturelle, sans rencontrer
de très-grands obstacles. Entouré bientôt
d’un ceriain nombre d’élèves qu’il envoyait
partout dans les montagnes, il se procura
de nouvelles richesses, et c’est à sa grande
et intelligente activité que nous devons
beaucoup de plantes utiles jusqu’alors in-
connues en Europe.
Les premières plantes envoyées en Eu-
rope furent décrites par Zuccarini, pro-
fesseur de l’Université à Munich, qui était
très-lié avec Siebold, et qui, parla suite, de-
vint son collaborateur lorsqu’il fit la Flore
du Japon. Dès son arrivée au Japon, Sie-
bold s’y fit une grande réputation comme
médecin, et bientôt il se vit entouré de
savants de toutes sortes, et surtout de célé-
brités médicales, ainsi que de nombreux
malades qui venaient le consulter. Siebold,
profitant de sa position toute exceptionnelle,
avait grand soin de noter tout ce qu’il y
avait de particulier et d’intéressant soit dans
la vie sociale ou religieuse des Japonais, soit
dans toute autre circonstance de leur ma-
nière de vivre. En même temps, il ne lais-
sait passer aucune occasion de servir la
science à laquelle il pensait toujours, et c’est
ainsi que, indépendamment des collections
d’histoire naturelle il put réunir un grand
nombre de livres fort appréciés des savants.
Les fréquents entretiens qu’il avait avec
les nobles et les administrateurs de tous
rangs, le familiarisaient avec la langue
japonaise et le mettaient en même temps
au courant de la diplomatie, ce qui n’est
pas facile dans ce pays ; car, chez le Taï-
koun, de même que chez tous les despotes
asiatiques, la cour forme un filet, une sorte
de tissu d’intrigues et de cabales, par les-
quelles l’étrang'er doit passer, et très-souvent
à son détriment, parfois même au pérd de
sa vie. Siebold, grâce à sa position excep-
tionnelle et jusque-lâ sans exemple, sous
prétexte de vouloir enseigner la médecine
aux jeunes gens, obtint du gouvernement ja-
ponais une permission de résidence qui fut
toujours prolongée, de manière qu’il put
continuerâ recueillir toutes sortes de riches-
ses. La résidence qui lui avait été particu-
lèrement assignée était dans file de Nip-
pon. La faveur de Son. Exc. V espion gé-
néral (tel est le titre de ce fonctionnaire
encore aujourd’hui) le seconda puio^a. li-
ment dans les difficultés de toute nature
qu’il avait fréquemment, malgré la considé-
ration dont il jouissait. U faut dire, toute-
fois, que l’influence de la Hollande, sa pa-
trie, était bien pour quelque chose dans les
faveurs dont il était comblé.
Max Kolb.
La suite au prochain numéro.)
RETELEERIÂ FORTUNEf.
Le genre, ainsi que nous l’avons déjà dit,
est une sorte de cadre dans lequel on fait
entrer un certain nombre d’individus qui
ont des caractères généraux semblables ; par
conséquent, lorsqu’on rencontre des végé-
taux qui ont des caractères différents et qu’on
veut y faire entrer, il faut ou élargir le cadre
ou en construire un nouveau. C’est le cas
dans lequel nous nous trouvons relativement
à la plante qui fait le sujet de cette note.
Cette plante, qui jusqu’à ce jour avait été
classée parmi les Abies ou parmi le Picea,
ne peut rentrer dans aucun de ces genres.
Les premiers ont en effet les cônes dressés à
écailles caduques, les deuxièmes (Pœen) ont
les cônes pendants et les écailles persistan-
tes; de plus, l’aspect, la végétation, et sur-
’ A Jean-Baptiste Keteleer, un des horticulteurs
les plus distingués du xix® siècle, né à Bodeghem
.Belgique), le 4 août 1813.
tout les feuilles du Keteleeria, sont difté-
rents soit des abies, so\l des Picea. Le Ketelee-
ria, indépendamment de son aspect et de son
faciès tout particuliers, a les cônes dressés
comme ceux des Abies, mais les écailles sont
persistantes', c’est une coupe intermédiaire.
A la rigueur, nous aurions pu en former une
section dans les Abies; mais, par des raisons
que nous développerons plus tard, nous
préférons multiplier les coupes de manière
à en mieux préciser les caractères; à notre
point de vue, c’est le seul moyen de s’en-
tendre. Une seule espèce de ce genre est
connue : le Keteleeria Fortunei, Nob.; Abies
Jezoensis, Lindl.; Picea Jezoensis, Carr.;
Abies Fortunei, A. Murr. _ _
Voici, d’après M. Murray, la description
de cette espèce :
« Magnifiqne arbre ayant le port du Cèdre
150
KETELEKRIA FORTUNEI,
du Liban. Ecorce des jeunes rameaux couverte
d'une pubescence rubigineuse, plus tard gla-
bre; celle des vieilles branches fendillée.
Phyllules (coussinets?) arrondies, légèrement
déprimées. Boutons courts, subgîobuleux.
Feuilles distantes, solitaires, sossiles," quelque-
fois disposées en forme de lame de sabre, éta-
lées ou défléchies, petites et douces quand elles
sont jeunes, devenant raides et fortes emvieil-
lissant, d’un vert brillant sur les deux faces,
juais plus pâles en dessous, variant en longueur
de 6 à 12 lignes, et de 3/4 de pouce à'I pouce
en ciamètre, terminées par une pointe raide,
portant sur la face inférieure environ 16 ran-
gées de stomates de chaque côté de la nervure
médiane, mais n’en portant ordinairement pas
à la face supérieure, excepté près du sommet,
où l’on en trouve parfois deux ou trois rangées.
.Inflorescence non' observée. Cônes d'un "beau
pourpre bleuâtre avant la maturité, plus tard
uruns et quelquefois un peu glaucescents,
droits et nombreux sur des branches horizonta-
les, portés sur un pédoncule gros et court,
longs de 6-8 pouces, larges de 2 pouces 12,
droits, atténués et arrondis-obtus aux deux-
bouts. Ecailles grandes, convexes, un peu plus
longues que larges, pédicellées, à bord supé-
rieur arrondi; l’inférieur cunéiforme, brun foncé
et tomenteux. Bractées d’un brun ^pourpre,
minces, étroites, pédicellées, égalant en lon-
gueur environ la moitié, de l’écaille, s’élargis-
sant près du sommet et devenant suborbiculai-
res, fortement denticulées dans toute cette par-
tie, qui est terminée en une pointe d’environ
une ligne de longueur. Graines courtement to-
menteuses, de couleur fauve, étroites, longues,
anguleuses, comme ailées-denticulées sur les
bords. Aile longue et large, raide, droite d’un
côté, largement et obliquement arrrondie.
« Le seul exemple connu de cette espèce est
l’arbre mentionné ci-dessus, trouvé près d’un
temple de Koo-shan, à Foo-chow-foo. C’était
un vieux Sapin, étalant horizontalement* ses
branches comme un Cèdre du Liban. Sur ces
branches étaient les inagnifiques cônes bleuâtres
qui, très-nombreux, étaient groupés comme des
lignes de soldats. C’est le seul arbre de cette
espèce qu'il a vu et dont il a envoyé des échan-
tillons en Angleterre. » A ces détails, M. Murray
ajoute :
« Comme l’arhre était unique et placé auprès
d'un temple, il est probable qu’il aura été in- |
troduit là d’ailleurs. Mais d’où? On a supposé j
qu’il venait du Japon, mais on n’a pas dit de j
quelle partie. C’est une omission. »
Voici les caractères que cette espèce présente
dans nos cultures : Tige droite, cylindrique,
couverte d’une écorce gris-cendré, bientôt fen-
dillée, épaisse, cannelée, légèrement rugueuse,
très-subéreuse; molle et comme fdireuse; celle
des jeunes bourgeons roux-ferrugineux, ordi-
nairement subtomenteuse par de nombreux
poils courts. Branches verticillées, plus rare-
ment éparses, excepté dans les jeunes indi-
vidus obtenus de boutures de rameaux, très-
étalées, parfois défléchies. Feuilles planes, lon-
gues de 3-5 centimètres, larges de 3-1 millimè-
tres, lancéolées, régulièrement atténuées au
sommet et terminées par une pointe line, raide,
très-aiguë, de couleur rousse, droites ou à peine
très-légèrement falquées, lisses, d'un vert lui-
sant en dessus, un peu plus pâle en dessous,
portant sur le milieu une nervure étroite, sail-
lante sur les deux faces de la feuille, surtout
en dessus, où elle est presque aiguë.
Ainsi que je Fai dit dans la première
édition de mon Trailé générale des OAiifè-
res, page 256, on avait d’abord con-
fondu sous le nom d'Abies .lezoensis des
choses très-différentes; de sorte que les'
descriptions qu’on avait faites, de même
que les cônes qu’on avait reproduits, pré-
sentaient des caractères diftérenîs, parfois
complètement contraires. La cause princi-
pale de cette erreur venait de ce qu’on con-
sidérait la plante découverte en Chine par
M. Fortune comme étant la même que celle
du Japon à laquelle MM. Sieboldt et Zucca-
rini avaient donné le nom d' Ahies Jezoensis;
et, comme les moyens de vérification man-
quaient, loin de diminuer, la confusion
augmentait, parce que, presque toujours, on
voulait accorder les deux descriptions. Il
n’en est plus de même aujourd’hui, et, bien
qu’on n’ait vu de cette espèce qu’un seul
individu, ses caractères ont été très-bien
étudiés; mais il résulte de cette étude que
cette plante ne rentre dans aucun genre de
Conifères connus. Sa végétation " même,
ainsi que son faciès général, ont également
quelque chose de particulier qui ne se ren-
I contre dans aucun des genres ni même dans
I aucune des sections établis. En effet, par sa
végétation, cette espèce a un air de parenté
! avec certains Podocarpus; sa forme et la
position de ses cônes ressemblent assez à
celles des cônes d'Abies; mais ceux-ci ont
les écailles caduques, et notre plante a des
écailles persislantes. C’est, en un mot, une
plante tout exceptionnelle.
Toutes ces raisons nous ont engagé à en
faire un nouveau genre, que nous avons
dédié à un horticulteur des plus distingués
et des plus honorables, et qui aujourd’hui
est très-probablement l’homme qui connaît
le mieux les Conifères.
Peut-être eût-il mieux valu rejeter com-
plètement toutes les synonymies et ne pas
rappeler ce que les différents auteurs ont
dit de cette espèce; mais comme, dans ce
qu’ils ont écrit, il se trouve certains passa-
ges qui se rapportent nettement à cette
espèce, nous avons cru devoir y renvoyer,
en prévenant toutefois qu’on doit se tenir en
garde contre ces synonymies. Quant aux di-
verses figures qui en ont été faites, une
seule est bonne, c’est celle qu’en a donné
M. Murray ; toutes les autres sont mauvaises
ou fausses ou se rapportent à des choses
diverses et mal connues.
Quant à la description de VAbies Jezoen-
! sis que Zuccarini a faite à l’appui de la
I figure qu’il a donnée dans la Flore dii
I Jupon, elle se rapporte à un Picea.
I Si aujourd’hui, grâce à l’heureuse ren-
I contre qu’a faite M. Fortune d’un individu
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KETELEtiUA FülVlENEI
A51
(le cette espèce, on co’iinaît mieux les carac-
tères qu’elle présente, il faut pourtant re-
connaître qu’elle est encore, au point (ie
vue de son origine, une sorte d’énigrne. En
effet, vient-elle de quelque partie de cet
immense Empire chinois, ou bien vient-elle
de celui du Japon? C’est ce que personne
ne pourrait assurer. Tout ce qhe l’on sait,
c’est ({ue cette espèce n’a jamais été vue que
par M. Fortune, et (|ue le seul individu
qu’il a rencontré se trouvait planté dans le
nord de la Chine, près du temple de Koo-
shan. Les indications d’origine données par
Sieboldt et Zuccarini, et répétées d’après
Plante vivace, cespiteuse, presque sous-
frutescente à la base, émettant de la souche
une grande quantité de petits bourgeons
comme le font toutes les plantes du genre
Armeria. Feuilles persistantes, graminoï-
des, longuement engainantes, raides, li-
néaires, très-étroites, acuminées-aiguès,
terminées par un mucron spinescent, coria-
ces glaucescentes, portant de toutes parts de
très-petites saillies, pubérulentes, blanchâ-
tres. Tige florale axillaire à la base d’une
rosette gemmaire, atteignant à peine 20 mil-
limètres de longueur. Fleurs disposées en
un long épi scorpioïde, sessiles à l’aisselle
d’une bractée ovale, amplexicaule. Calice
monosépale, tubuleux, écailleux à sa base,
élargi et courtement denté au sommet, de
nature sèche, membraneuse ou parchemi-
née, persistant et s’étalant en étoile après la
chute de la corolle. Corolle subpolypétale, à
divisions étalées-rosacées, très-longuement
atténuées à la base en une sorte d’onglet.
Etamines insérées à la base de la corolle.
Celte espèce, originaire d’Orient d’où elle
a été envoyée par M. Ballansa, est encore
très-rare dans les cultures; elle forme des
tapis d’un vert glauque qui’ se couvrent de
fleurs d’un beau rose; la disposition de cel-
LE CONGRÈS POMOLOGIQUE ET
Au commencement du mois d’août,
M. Cusin m’engageait à me rendre à Melun
pour assister à la 11® session du congrès
pomologique de France. Quelques jours
plus tard, M. Réveil, président titulaire du
congrès, voulait bien joindre ses instances
personnelles à celles du secrétaire du bu-
reau d’administration ; je répondais : « Si des
circonstances indépemiantes de ma volonté
m’empêchent de faire acte de présence à
Melun, je n’en participerai pas moins d’es-
prit et de cœur aux travaux du congrès,
dont je veux continuer à faire partie. »
Cette déclaration, je dois la renouveler
eux par tous les auteurs qui ont parlé de
cette espèce, sont donc inexactes et se rap-
portent à la plante que les auteurs de la
Flore du Japon (Sieb. et Zucc.) ont nom-
mée Abies JezoensiSy et qui, ainsi que je
l’ai dit dans ma première édition, est un
véritable Picea voisin du P. Menziesii.
Le cône et les graines ont été copiés sur
les figures publiées par M. Murray; quant à
la branche et au port général, ils ont été
faits d’après nature. Les figures A et R re-
présentent une graine de Keleleeria For-
tunei vue sur les deux faces.
E. A. Carrière.
î VENUSTUM.
«
les-ci, assez singulière, rappelle un peu
celle des Ixias,
Le genre Acantholimon, éidihVi par M. Rois-
sier, est formé aux dépens des Slatice; l’es-
pèce que nous décrivons ici (Aeantfioli-
mon venuslum, Roissier), la seule que nous
connaissions dans ce genre, à première
vue a quelque rapport avec certains Œil-
lets. Comme beaucoup de plantes d’Orienf,
elle redoute une très-grande humidité, sur-
tout lorsque celle-ci est stagnante; les ter-
res un peu argilo-calcaires, légères, sem-
blent lui convenir particulièrement.
On la multiplie de graines, parfois d’é-
clats; on sème aussitôt que les graines sont
mûres, en pots ou en terrines, en terre de
bruyère bien tamisée, ou bien l’on attend au
printemps. Les graines doivent être très-peu
enterrées, et les vases placés sous des châs-
sis ou dans une serre. On repique les plants
aussitôt qu’ils prennent quatre feuilles; on
les met dans des petits pots qu’on place sous
des cliâssis pour en accélérer la reprise. Si
l’on repique en pleine terre, il faut avoir
bien soin, lors(iu’on relève les plantes, d’en-
lever avec elles une bonne mote. Ce travail
doit se faire au printemps lorsque les plan-
tes entrent en végétation. r,. yerlot.
ES TRAVAILLEURS HORTICOLES.
aujourd’hui, afin qu’il soit bien entendu que
les quelques observations que je vais pré-
senter ne renferment rien de systématique,
rien d’hostile; je les eusse soumises au
congrès lui-même s’il m’eût été donné d’y
assister.
La Revue horticole (n® du novembre)
constate que M. Réveil a ouvert la session
par un magnifique discours; et en atten-
dant que le compte-rendu officiel nous
arrive, elle nous envoie, comme un écho,
les derniers accents de l’orateur.
La forme est solennelle et la pensée doit
avoir été d’autant plus mûrie (|ue M. Ré-
452
LE CONGRÈS POMOLOGIQCE ET LES TRAVAILLEURS HORTICOLES.
veil présidait l’assemblée après plusieurs
années d’abstention; à ce double titre, cette
a' locution s’impose à l’attention de tous les
amis de l’horticulture.
Après avoir cité les conclusions de l’ora-
teur, l’honorable directeur de la Revue
njoute : « Le but est louable, très-louable
sans doute ; mais le congrès l’atteindra-t-il ?
Nous le souhaitons vivement... »
Ce point d’interrogation, je le comprends,
d’autant mieux que, après m’être adressé la
même question, je me suis tout à la fois
répondu oui et non : non, si le congrès
compte aboutir uniquement à l’aide de ses
questionnaires, de sa session annuelle et
automnale de huit jours et d’un unique ré-
dacteur; oui, s’il tient un compte suffisant
de tous les travaux particuliers qui se
poursuivent en dehors de son sein, s’il
regarde comme sa propriété tout ce qui se
publie de bon, s’il provoque des réunions
a l’époque de maturité des diverses espèces
de fruits qu’il s’agira d’étudier.
Tel est le double point de vue que je
veux soumettre au public, à tous les mem-
bres du congrès, et à M. Réveil en particu-
lier; je m’etîorcerai, comme toujours, d’ex-
primer toute ma pensée sans froisser per-
sonne.
Parmi les idées émises par l’honoralDle
président du congrès, s’il en est une qui
doive paraître incontestable, c’est bien celle-
ci : « Tous, ce nous semble, peuvent possé-
der autant de science et doivent avoir plus
d’expérience qu’un seul. » Mais, d’abord,
l’œuvre du congrès est-elle bien réellement,
jusqu’à présent, l’œuvre de tous? Ne voyons-
nous pas trop d’individualités marquantes
rester encore sous leur tente? trop de socié-
tés même n’accorder au congrès qu’un
concours plus nominal qu’effectif?
Et que Ton ne croie pas que, en relevant
ces faits, je les approuve; je -les déplore
tout au contraire.
Il r.’est pas un homme, ayant étudié sé-
rieusement l’horticulture, qui ne comprenne
lorsqu’il veut publier un travail d’ensemble
sur les fruits, qu’il lui est impossible d’ar-
liver à un résultat satisfaisant par ses pro-
pres forces et par sa seule expérience.
Il serait donc à désirer que tous, particu-
liers comme sociétés, s’accordassent un
mutuel appui, et que les auteurs, les pre-
miers, douassent l’exemple.
Malheureusement, il faut bien le dire,
nous voyons au contraire un antagonisme
presque permanent. Du moment que l’on
traite des truils, il semble que l’on doive
considérer comme ernemis tous ceux qui
s’occupent de la même étude.
Cet antagonisme, qu’il est impossible de
nier, constitue très-certainement le plus
grand obstacle au progrès de l’horticulture.
N’en trouvons-nous aucune trace dans l’allo-
cution de M. Réveil?
« Nous écrivons, nous, l’histoire de tou-
tes les espèces et variétés de fruits. » J’eusse
désiré la suppression de ce nous, entre deux
virgules.
Que M. Réveil veuille bien en être per-
suadé : quand des hommes comme MM. De-
caisne. Mas, André Leroy, et bien d’autres,
signent une œuvre, ils cherchent à allier la
science à l’expérience, \e relatif à l'absolu;
ils s’efforcent d’écrire pour ions, savants et
praticiens, amateurs et simples jardiniers !
S’ensuit-il que chacun d’eux en particulier
atteindra complètement ces points de vue
divers et complexes? Je ne le pense pas, et
très-certainement nul d’entre eux n’ose s’en
flatter; mais tous tendent vers ce but, et le
lutteur heureux sera celui qui en approchera
le plus.
L’œuvre éminemment utile serait donc
celle qui analyserait tous ces travaux parti-
culiers pour synthétiser ensuite ce que
chacun d’eux contient de vrai, d’utile et de
pràtique; telle, selon moi, devrait être la
mission du congrès pomologique. Loin de
chercher à limiter l’initiative individuelle,
il devrait la provoquer pour la faire tounier
ensuite au bénéfice de l’association. Si im-
parfaite que soit une œuvre pomologique,
quel est le questionnaire qui vaudra comme
renseignements les données que pourra y
puiser le comité de rédaction du congrès?
Ce n’est pas tout : si j’admets, avec
M. Réveil, que « tous doivent posséder plus
de science et plus d’expérience qu’un seul »,
il ne s’ensuit pas que, lorsqu’une question
sera discutée par tous, la solution adoptée
à la majorité sera nécessairement meil-
leure que celle que pourra lui donner un
homme spécial. Pour contredire cette as-
sertion, il faudrait ne rien connaître aux
assemblées délibérantes; certes, ce n’est
pas le cas de l’honorable M. Réveil. Quant
au congrès, en particulier, je pourrais citer,
pendant sa jeune existance, bien des votes
contradictoires. Et comment espérer qu’il
puisse en être autrement dans une assem-
blée dont les deux tiers des membres se
renouvellent chaque année. Si une question
litigieuse est mise aux voix pendant 10 an-
nées de suite, je pose en fait qu’elle recevra
presque chaque année une solution con-
traire.
Le but indiqué par M. Réveil ne saurait
donc être atteint si le congrès se borne à
établir une concurrence avec les divers au
teurs qui traitent des fruits. On peut dire,
en thèse générale, que son œuvre, dans ce
cas, ne sera ni meilleure, ni pire; pour
remplir le magnifique programme déroulé
par son président, il loi faudrait entrepren-
dre résolùment une œuvre commune, une
œuvre éclectique.
LE CONGRÈS POMOLOGIQUE ET LES TRAVAILLEURS HORTICOLES. 453
Je m’explique : les ouvrages sur l’arbori-
culture ne manquent pas; chaque jour il
s’en produit de nouveaux, et puisque je
suis moi-même atteint de l’épidémie, je
puis bien avouer que c’est un peu la mala-
die du moment. Je crois donc que le con-
grès devrait recbercber celui qui a le mieux
dénommé une variété donnée, qui est arrivé
à la décrire le plus exactement, à l’appré-
cier le plus sainement; puis, adopter le
nom, la synonymie, la description et l’ap-
préciation de cet auteur. Ce qui n’einpê-
rail pas, le cas échéant, de prendre un
détail à celui-ci, un autre à celui-là après
s’être parfaitement assuré, toutefois, qu’il
s’agit bien d’une seule et même variété.
Ce n’est qu’à cette condition que l’œuvre
du congrès pomologique sera vraiment
« l’œuvre de tous », car alors personne ne
pourra se soustraire à son action; bon gré,
mal gré, tout le monde apportera son con-
tingent. Plus d’asbtentions possibles.
Quand un auteur s’est livré au public,
tous et chacun ont le droit de puiser dans
ses œuvres, sauf à le reconnaître.
Les décisions des assemblées du congrès
seraient alors celles-ci : la culture de telle
variété que nous avons sous les yeux mé-
rite d’être encouragée; la dénomination
et la description à adopter sont celles de
tel auteur.
On m’objectera qu’une œuvre pareille
pourra manquer sinon d’unité, tout au
moins d’uniformité ; qu’elle présenterait
une certaine ressemblance avec l’habit
LA CHICORÉE
La Chicorée est un légume tellement ap-
précié que sa culture va constamment en
augmentant; il serait impossible d’indiquer,
même d’une manière approximative, la
quantité qui chaque année entre dans la
consommation. La ville de Meaux seule
concourt pour une très-large part à la pro-
duction du légume en question, qui, dans
cette partie du département de Seine-et-
Marne, acquiert des qualités particulières.
De là le nom de Chicorée de Meaux. Si la
qualité qui distingue la Chicorée venant de
Meaux est due en partie au sol, elle l’est
surtout à la bonne culture et au choix ju-
dicieux que de tout temps les jardiniers ont
su faire des graines.
Il n’entre pas dans nos vues de faire ici
une statistique delà production de la Chi-
corée à Meaux; nous dirons seulement, en
passant, que plusieurs maraîchers de notre
ville en cultivent chacun de 60 à 80 mille
pieds, et que la plupart des autres en cul-
tivent individuellement de 40 à 45 mille.
La proximité de Paris a donné une ex-
tenlion considérable à ce produit; ainsi,
d’Arlequin. Je ne puis le nier, mais je sun-
tiens que cette diversité même ne serait
pas sans charme; puis, sans altérer le fond,
il serait toujours facile de donner à la
forme une physionomie d’ensemble; toute
autre voie, d’ailleurs, mènera toujours à
une œmvre plus ou moins peisonnelle.
Pourquoi ne pas le dire franchement? A
mes yeux, comme à ceux de beaucoup d’au-
tres, les trois volumes parus jusqu’à ce
jour appartiennent en propre à M. Willer-
moz. Je lui en fais mon sincère cuinpli-
ment, car l’œuvre, dans son ensemble, est
bonne.
Très-certainement M. Willermoz s’est
aidé des discussions, des réunions géné-
rales et des réponses aux questionnaires,
mais il a imprimé à l’ensemble son cachet
particulier et sa physionomie propre. 11
était impossible qu’il en fût autrement avec
un rédacteur unique. J’ajoute que, phis le
rédacteur sera compétent, plus ce résultat
sera inévitable.
Je ne veux pas abuser de l’hospitalité de
la Revue et de la patience des lecteurs.
Dans un prochain numéro, je développerai
cette proposition. Quelle que soit la voie
qu’adopte le congrès, je ne crois pas qu’il
puisse dénommer et décrire sûrement les va-
riétés de certaines espèces de fruits,notarn-
fuent celles des fruits à noyaux, s’il ne se
réunit pas pendant la maturité de ces diver-
ses espèces pour comparer les variétés
entre elles.
Paul de Mortillet.
DE MEAUX.
dès les mois d’octobre et de novembre, il
part chaque jour de Meaux de trois à six
voitures ne contenant pas moins de 3 à
4 mille Chicorées chacune. Ces voitures en
très-grande partie vont à la halle, à Paris ;
mais indépendamment de ce débouché, il en
est d’autres moins importants qui ne laissent
pas cependant de contribuer à l’enlèvement
de ce produit. Ce sont les coquetiers et di-
vers marchands qui viennent apporte)* leurs
produits au marché de Meaux et qui rem-
portent de la Chicorée lors de leur départ.
Les maraîchers de Meaux ne font pas de
Chicorée de haute primeur, non pas qu’ils
en ignorent la culture, mais parce qu’ils la
trouvent trop dispendieuse. Ils commencent
leurs semis dans les premiers jours d’avril
sur une couche bien chaude et sous châssis.
Pour avoir la certitude que la Chicoi’ée ne
montera pas, il faut que la graine germe de
suite et qu’elle soit levée 10 ou 12 heures
après avoir été semée ; ceux qui tiennent à
avoir un peu de Chicorée plus hâtive éta-
blissent une couche tiède et repiquent du
jeune plant en pépinière ; mais le procédé
J
454
LA CHICORÉE DE MEAUX.
de culture le plus généralen.ent employé
consiste, lorsque le plant, ayant été semé
sur une couche très-chaude, a pris assez de
force pour être repiqué, à lui donner beau-
coup d’air pour le fortifier et à le placer en
pépinière en pleine terre et à bonne expo-
sition. Celte transition le fait bien un peu
souffrir, puisque l’opération se fait dans la
première quinzaine de mai, dans une terre
très-froide, en comparaison de celle de la
couche; le retard que la Chicorée éprouve
est bientôt réparé si le temps est chaud,
mais si la température se maintient basse
la reprise est plus laborieuse. La planta -
tion à demeure de la Chicorée se fait suc-
cessivement; en ayant soin de choisir le
plant le plus fort, on peut ainsi échelonner
le produit d’un même semis.
Le semis de la Chicorée en pleine terre
se fait dans la première quinzaine de juin,
l’époque précise peut varier de quelques
jours, selon que le temps est plus ou moins
chaud ; il est toujours essentiel de ne pas
perdre de vue que, si le sol n’est pas suffi-
samment échauffé, le plant de Chicorée peut
monter et qu’alors la récolte est compromise.
A partir de cette époque, les semis de
Chicorée se font tous les 15 jours; on sème
la graine très-claire pour éviter le repi-
quage en pépinière, et le plant qui est trop
rapproché est éclairci aussitôt qu’il prend
sa première feuille. C’est à partir du 10 juil-
let jusqu’à la fin du mois que se font les
semis en grand pour la saison d’hiver ; ces
semis se font successivement à quelques
jours d’intervalle pour échelonner le plant
et l’avoir d’une force convenable à la plan-
tation.
Nos maraîcbers conservent peu de Chi-
corée pour réserve d’hiver ; leurs bâtiments
sont d’abord trop restreints et leurs travaux
lie leur permettraient pas de donner à ces
))lantes les soins que réclame la conserva-
tion.
Les réserves de Chicorée pour l’hiver
ne se font guère que dans les maisons bour-
geoises. Yoici comment on procède : A
l’approche des froids, fin d’octobre et no-
vembre, et quelquefois en décembre, si les
gelées n’ont pas été rigoureuses, on lève la
Chicorée avec une fourche, on presse la
motte avec les mains pour faire adhérer la
terre aux racines, puis on les place dans
un cellier, dans une cave, ou mieux, sous
des châssis; dans le premier cas, on enterre
la motte dans du sable en serrant les plan-
tes les unes contre les autres; si l’on opère
sous des châssis, dans du terreau consom-
mé, la Chicorée blanchit vite malgré les
courants d’air qu’on peut lui donner, aussi
ne se conserve-t-elle que peu de temps.
Vn de nos collègues, M. Boulingrè,
jardinier chez M. Marcotte, à Chauconnin,
nous a fait voir au mois d’avril dernier de
la Chicorée parfaitement conservée. D’après
les renseignements que nous avons pris, il
est à peu près le seul qui, tous les ans, four-
nisse de la Chicorée à cette époque de
l’année. Yoici comment il procède : il lève
sa Chicorée, comme nous l’avons dit plus
haut, par un beau soleil et en motte au-
tant qu’il est possible; puis il la rentre
sous un hangard bien aéré, place les pieds
les uns contre les autres sans les serrer;
quelques jours après, lorsque les plantes
sont bien ressuyées, il les rentre dans un
cellier, muni de tablettes superposées les
unes au-dessus des autres, à 35 centimètres
de distance à peu près, comme le sont celles
d’un fruitier. Sur ces tablettes, il étale de
la paille de blé bien sèche et place les
pieds de Chicorée les uns contre les autres,
un peu serrés, de telle sorte que la tête de
la Chicorée se trouve placée en bas, la
motte en l’air; de cette manière la paille
n’est jamais trop pressée et l’air qui circule
au travers prévient la pourriture. Tous les
15 jours il faut visiter la Chicorée et enle-
ver la pourriture, s’il y en a; si l’on s’a-
perçoit que la paille est humide, on doit la
remplacer par de la nouvelle. Si malgré cela
la Chicorée avait une tendance prononcée à
pourrir, on couperait la motte de terre par
le milieu et transversalement en deux, de
manière à enlever les racines qui pom-
pent l’humidité de l’air et occasionnent
la pourriture. L’air extérieur, et surtout en
hiver, étant chargé d’humidité, on doit évi-
ter de le laisser pénétrer dans le cellier ;
chaque fois qu’on entre ou qu’on sort, on
doit donc avoir soin de fermer promptement
la porte, et l’on ne s’aurait non plus trop
recommander de boucher herméliquement
les fissures par où l’air pourrait s’intro-
duire. Par cette méthode, dont M. Boulingrè
nous paraît être l’inventeur, on peut con-
server de la Chicorée jusque vers la fin
d’avril, par conséquent jusqu’à l'époque où
celle de primeur commence à donner.
Quetier.
BIBLIOGRAPHIE.
Tm nouvelle édition du Bon «lardinieis
pour i867 '.
Il y a une justice à rendre à \si Revue lior-
licole, ut personne ne saurait la lui refuser,
' Un vol. in-12 de 1,600 pages. Prix : 7 tV. —
Librairie agricole, rue .lacob, 26.
c’est de reconnaître qu’elle ne médit ni des
hommes, ni des livres. Elle fait mieux en-
core : elle accueille, sans leur demander
d’où ils viennent, tous ceux qui apportent
leur contingent au progrès de l’horticulture,
et elle ne leur refuse jamais l’appui de sa
BIBLIOGRAPHIE.
455
publicité. Cela étant, on ne trouvera pas
mauvais qu’elle prenne aujourd’hui en main
la cause d’un livre qui est en quelque sorte
son ancêtre et dont elle peut se dire la con-
tinuation. Nous voulons parler du Bon Jar- •
dinier.
Nous n’apprendrons rien de nouveau aux
lecteurs de la Revue en leur annonçant que
tous les ans le Bon Jardinier se rajeunit par
une édition nouvelle, et que celle de 1867
est déjà prête. Fidèle à ses traditions, il re-
paraît sous son format ordinaire, avec ses
1,600 et quelques pages, format un peu vo-
lumineux, un peu incommode peut-être,
mais format inévitable si on tient compte de
ce qu’exige aujourd’hui de développement
la science du jardinage. Science n’est pas
trop dire en effet, car dans l’état actuel de
cette branche de la culture, il faut être,
jusqu’à un certain point, physicien, météo-
rologiste, chimiste, et surtout botaniste. Ce
qui est plus nécessaire encore, c’est d’être
jardiniery c’est-à-dire de connaître les al-
lures et les besoins des plantes, et de savoir
se servir à propos de l’outillage horticole,
toutes choses qui s’apprennent par la pra-
tique aidée de l’étude et de la réflexion. Sans
pratique, on ne deviendrait pas jardinier,
mais avec la pratique seule on aurait 99
chances contre une de croupir dans une
ignorante routine.
On a si bien compris l’importance de l’ins-
truction en matière de jardinage, que, de
tout temps, on a vu des hommes éclairés,
et même des savants, consacrer leur vie en-
tière à populariser les bonnes méthodes de
culture et à les expliquer. Le Bon Jardinier
en est la preuve vivante : c’est un édifice
construit par beaucoup de mains, puisqu’il
a déjà traversé quatre générations d’hommes, j
mais parmi ceux qui ont le plus fait pour
l’amener à l’état de perfection relative où il
est aujourd’hui, on pourrait citer les plus i
grands noms de l’agriculture française. Rap-
peler ceux des deux Vilmorin et du savant '
Poiteau, sans parler même de quelques
autres dont la notoriété est presque aussi
grande, c’est suffisamment dire que ce livre
est le résumé de l’expérience collective des
hommes qui se sont occupés avec le plus de
succès du premier de tous les arts.
Mais, ainsi que nous venons de le faire j
entendre, rien n’est parfait dans ce monde
que relativement, en horticulture surtout,
où les méthodes se moditient sans cesse, se
perfeclionnent, comme on dit. D’un autre
côté, le cercle du jardinage s’élargit pour
ainsi dire à vue d’œil, et le nombre des
plantes de son domaine a plus que triplé
depuis vingt-cinq ans. Il faut donc qu’un
livre qui traite d’un sujet si vaste et si mo-
bile, soit lui-même dans un mouvement per-
pétuel de rénovation s’il veut suivre le pro-
grès des choses. Comme au Juif-Errant, la
Nécessité lui crie sans trêve ni merci :
Marche, marche ! Qu’il s’arrête seulement
une dizaine d’années, le voilà arriéré et
rendu presque inutile. C’est ce qu’ont su
comprendre les fondateurs et les continua-
teurs du Bon Jardinier ; sans relâche aussi
ils se sont appliqués à l’améliorer dans des
éditions successives, et par là même à en
accroître le contenu.
Pour ceux qui ne le sauraient pas encore,
nous dirons que le Bon Jardinier se com-
pose de deux parties distinctes, qui pour-
raient aisément faire la matière de deux
volumes séparés, et que, malgré son litre
purement horticole, il est aussi, dans sa
première partie, un excellent traité d’agri-
culture. Il débute par un calendrier du
jardinier, très-détaillé et très-utile pour les
horticulteurs commençants et peu expéri-
mentés ; puis vient un chapitre qui explique
avec une grande clarté la botanique appli-
quée à la culture. La chimie et la physi(|ue
agricoles et horticoles font suite à ce (jui
précède, en initiant le lecteur à la connais-
sance des terrains, à l’emploi des amende-
ments et des engrais, et, par une transition
naturelle, àce qu’il y a de plus essentiel dans
celte partie du livre, les principes généraux
de la culture avec ses procédés complexes
et variés. Un long chapitre est consacré à
l’étude des maladies des plantes et aux
dommages causés parles animaux nuisibles.
Les suivants sorit de véritables traités spé-
ciaux de la culture des arbres fruitiers, des
plantes potagères, des fourrages, des cé»
réales, des plantes industrielles et écono-
miques, même des plantes médicinales les
plus usuelles. En un mot, c’est, comme nous
le disions plus haut, presque aussi bien un
cours complet d’agriculture que de jardi-
nage.
La seconde partie est plus exclusivement
horticole. C’est le répertoire, tous les ans
accru, de ces milliers de plantes de toute
origine, de toute taille et de toute ligure,
sur lesquelles roule le jardinage d’agrément
ou de luxe, de pleine terre ou de serre
chaude. Sur cette partie du livre, qui est
peut-être la plus connue des deux, nous n’a-
vons pas besoin de nous étendre davantage.
Il nous suffira de dire que l’ordre alphabé-
tique dans lequel sont rangées ces innom-
brables plantes, le rend aussi facile à con-
sulter qu’un dictionnaire.
Voilà, en bien peu de mots pour un ou-
vrage aussi considérable, le plan et le con-
tenu du Ihn jardinier ; mais, en dehors de
ce fond, il a tous les ans un chapitre plus
particulièrement consacré aux récentesacqui-
sitions du jardinage, en procédés, en usten-
siles et surtout en plantes nouvelles. Ici,
comme dans les autres chapitres, chacun
apporte sa pierre ; néanmoins nous sommes
heureux de reconnaître que ce chapitre est
156
BIBLIOGRAPHIE.
1
plus directement l’œuvre de MM. Henri Vil- justement illustres dans l’horticulture Iran-
niorin et Bailly, dignes héritiers de noms çaise. E. A. Carrière.
FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS.
Dans cet article, nous nous proposons
d’indiquer les variétés que nous avons dé-
gustées et appréciées depuis peu de temps.
Nous passons sous silence les médiocrités
pour nous arrêter seulement aux sortes
réellement méritantes.
Abricotier.
Abricotier Durai. — Gain de M. Duval,
curé aux environs de Troyes. Très-beau et
bon fruit d’arrière-saison, issu de l’Abrico-
tier-Pêche, dont il a gardé les précieuses
qualités, et qui a, en outre, l’avantage d’ê-
tre plus vigoureux. Cette remarque a été
constatée sur le sujet mère, et sur nos jeu-
nes arbres de pépinière, greffés en plein
vent ou en espalier, sur Prunier Mirobolan
et Prunier Saint-Julien.
Cerisier.
Cerise de Vaux. — Variété née dans une
vigne du département de PYonne. Le fruit
de l’arbre, le genre de son fruit la rappro-
chent des Cerises anglaises ; la maturité ar-
rive après celle de l'anglaise hâtive et avant
celle de l’anglaise tardive.
Guigne Ohio' s Beauty. — Variété obtenue
par le professeur Kirtland, de Cleveland,
aux Etats-Unis, en même temps que les
Guignes Cox's transparente, Governor
Wood, The Doctor, les Bigarreaux Cleve-
land et Bockport, tous fruits rose ambré, à
chair douce et de maturité précoce, h' Ohio' s
Beauty les surpasse par la vigueur et la fer-
tilité de son arbre, la beauté et la qualité
de son fruit; ses fleurs sont larges. L’arbre
convient sous toutes formes.
Fraisier.
Docteur Nicaise. — Tout a été dit sur
ce Fraisier; le plant est robuste, le fruit est
souvent très-gros, de forme variable, de
bonne qualité; son défaut consiste dans
l’irrégularité de la grosseur du fruit; en
outre, il lui manque un pédoncule fort et
haut.
Pêcher.
Madeleine Hariot. — Variété née chez
M. Hariot, pharmacien à Méry, et baptisée
par nous d’après la classification de M. P.
de Mortillet. Fruit assez gros, bien fait, ri-
chement coloré, à chair teintée de rouge au-
près du noyau, exquise. Mûrissant vers la
mi-août.
Willernioz . — Trouvée parM. F. Gaillard
dans un semis de Pêchers d’Amérique. Va-
riété recommandable par sa robusticité, sa
fertilité, la grosseur et la saveur de son
fruit.
Poirier.
Beurré de Ghelin. — En mettant cette i
sorte au commerce, M. Fontaine, de Ghelin, j
rachète son Général Tottleben, qui ne sera
jamais qu’une Poire d’ornement, et encore
elle manque de couleur et ne se conserve
pas. Après tout, nous n’en avons jamais as-
sez pour notre clientèle d’outre-Rhin.
Le Beurré de Ghelin n’a rien de remar-
quable par sa forme et sa grosseur; mais sa
chair est délicieuse, fine, fondante, juteuse
et sucrée; octobre. On ne saurait trop la
recommander.
Beurré Lebrun. — Décrit par M.Ed. André,
dans la Berne horticole, ce gain de M. Gué-
niot, de Troyes, a toujours conservé la forme
de la Poire des Deux-Sœurs, la couleur de
la William, le goût de la Duchesse d' An-
goulême et l’absence de pépins. Septembre.
Beurré Perrault. — Arbre très-fertile.
Fruit rond, grisâtre ; un des meilleurs pour
l’hiver. Gain de M. Secher, à Montjean.
, Mais doit-on Rappeler Beurré Perrault ou
Duchesse de Bordeaux?
Braconnot. — Ce gain de M. Braconnot, j
d’Epinal, décrit et figuré dans la Bevue, n’a
pour lui que la fécondité de l’arbre et la
grosseur du fruit. Vraiment, il n’est pas à
sa place dans une liste de bonnes Poires.
Doyenné Jamin. — Celte Poire d’hiver
devra perpétuer le nom de son auteur, le
célèbre pomologue de Bourg-la-Reine, car
elle est d’une bonne grosseur, et rappelle
par sa longue garde et sa qualité le Doyenné
d’Alençon. A voir son arbre un peu maigre
de feuillage, on ne le supposerait pas aussi
robuste et si fertile; il se ramifie naturelle-
ment en pyramide.
Fondante Thirriot. — L’aspect du fruit
rappelant le Triomphe de Jodoigne, M. Tbir- j
riot projetait d’appeler son gain Triomphe >
des Ardennes; enfin, il le baptisa Fondante .
Thirriot. Rien ne manque à celte excellente
nouveauté : forme, grosseur et saveur du
fruit. Fin d’automne.
Madame Grégoire. — M. Grégoire Nélis,
a dédié ce gain à son épouse. Pour quiconque
connaît l’obtenteur des variétés Nouvelle
Fidvie, Hélène Grégoire, Souvenir de la
reine des Belges, et de tant d’autres, c’est
un indice de la valeur de cette Poire de fin
d’automne, dont la chair est relevée par
une eau sucrée et acidulée.
Marie G wissc.— Belle poire d’hiver, née en
Lorraine, ayant quelque rapport avec le
Saint-Germain Vauquelin, et que nous n’a-
vons pu déguster en temps convenable; mais
FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS.
i57
on peut s’en rapporter à MM. Simon-Louis
et Thomas, qui en font le plus grand éloge.
Olivier de Serres. — Dire que le Comité
de la Société impériale et centrale recom •
mande cet enfant de M. Boisbunel, l’heureux
auteur de la Passe Crasanne, c’est affirmer
qu’il a été sérieusement étudié. Il suffit,
d’ailleurs, de se reporter à la Revue horti-
cole pour savoir que la Poire Olivier de
Serres est une de nos plus méritantes de
l’arrière-saison.
Sénateur Vaïsse. — Délicieuse trouvaille
lyonnaise. Fruit d’une belle grosseur et
d’une belle forme, vert passant au jaune gri-
sâtre ; la chair, sucrée, est irréprochable de
finesse. La maturité arrive au commence-
ment de septembre, à peu près comme
l’exquise Madame Treyve ; l’arbre est vi-
goureux et fertile.
Sœur Grégoire. — Un des plus beaux
succès de M. Grégoire, de Jodoigne. Assez
gros fruit obloiig; chair de Passe-Colmar
avec un arrière-goût de Beurré d’Harden-
pout. Il mûrit au commencement de l’hiver.
Que veut-on de plus?
On recommande vivement comme Poires
précoces l’américaine Clapp's Favouritey la
léconde Roux Carcas ; comme Poires d’au-
' loin ne, Reurré Spae, Reurré Van Geert, Doc-
teur Pigeaux, Doyenné Roisnard^ Doyenné
Flonamé^ Louis Van Houtte^ de Torpes,
et, comme Poires d’hiver, Reurré de Na-
ghin, Duc de Morny, Duchesse de Mouchy,
Foriimée Roisselot, Jules d’AiroleSy Julie
Duguet, Maréchal Vaillant, Prince Napo-
léon, Reine des Tardives, Royale Vendée.
Nous avons tous ces arbres à l’étude; ils se
comportent bien en pépinière, et leurs
patrons nous inspirent assez de confiance
pour recommander ces divers protégés.
Slais qui donc a rebaptisé la Fondante des
bois Empereur François-Joseph, et l’Onon-
daga Reurré de V Empereur Alexandre"!
Pommier.
Les Pommiers Relie des Ruits, Calville
Roisbunel, Calville Garibaldi, Dorée de
Tournay, Jacquin, Jallais, sont très-vantés ;
seulement nous n’en avons pas encore dé-
gusté le fruit.
Les Pommes d’argent ou Jaune de la
Sarthe, Donne de mai, Rose de Rénange,
Reinette des Carmes, sont de très-longue
garde, à floraison tardive.
Nous avons trouvé, en Allemagne, la Rei-
TRANSFORMATION DE L’ARI
De tous les faits de dimorphisme que
nous avons observés jusqu’à ce jour, il n’en
est aucun qui nous ait autant étonné que
celui dont nous allons parler, tant à cause
de sa singularité que de la rapidité avec la-
quelle il se produit.
nette Ananas, curieuse par sa forme ovée,
son coloris jaune citron, pointillé, vert gai,
son bon goût et sa longue garde. Précieuse
variété de dessert.
^ La Rose de Rohéme a la lurme aplatie,
légèrement côtelée, d’un vif coloris rose,
frais ou carmin brillant ; grosse, bonne et
mûrissant en août.
La Calville neige, si jolie et très féconde,
de forme côtelée, blanc de marbre éclairé
d’incarnat. Automne.
La Rrouillard est *une pomme grosse,
bien colorée et fleurie comme une prune.
La Gros Bqhnapfel, beau fruit, prisé des
Allemands, bien qu’ils prétendent que « les
grosses Pommes sont pour les Français. »
La Wagner, très-fertile; la Friande, qui
ressemble à un Brugnon allongé; la Calville
de Dantzick, rouge comme une lielle fleur;
la Calville du Roi, bien adhérente à l’arbre;
la Pippin de Porker, grise, robuste et gé-
néreuse, peuvent entrer dans une collection
d’élite.
Prunier.
Le Prunier que nous avons appelé Jaune
Tardive, est tellement commun dans le can-
ton de Lusigny (Aube), qu’il paraît y être
spontané. L’arbre est très - vigoureux et
très-fertile; il forme des hautes liges pyra-
midales, disposition plutôt adoptée en Bel-
gique et en Allemagne pour les arbres de
plein-vent. Le fruit est assez gros, ovoïde,
jaune pâle comme la Jaune hâtive, la Mira-
belle ou la Sainte-Calherine, et d’une bonne
qualité. Mûrit fin septembre.
La Prune Jaune Tardive est excellente
en conserves, marmelades, pruneaux; on
peut la cultiver en grand.
La Prune Verdache nous a été commu-
niquée par un amateur habitant les envi-
rons de la Ferté-sur-Amance (Haute-Marne).
Elle est de moyenne grosseur, oblongue-
aiguë, jaune verdâtre; bonne crue, exquise
en pruneaux. Nous l’avons essayée ( en
pruneaux cuits) comparativement avec la
Prune d’Agen. La Verdache est supérieure.
L’arbre se ramifie bien et fructifie abon-
damment.
Dans celte esquisse rapide nous avons
pu certainement oublier de bonnes nou-
veautés. On peut nous demander notre
avis, nous n’hésiterons pas à répondre.
Baltet frères,
HorlicuÜeurs à Troyes. ,
VESTITA PAR LA GREFFE.
Ce fait est tellement contraire à certaines
idées qu’on s’est faites sur la végétation, que
bien que nous le connaissions depuis long-
temps nous avons toujours attendu pour le
dévoiler au public. Il nous est fourni par
VAria vestila, Nob ; Pyrus veslila, Lodd.;
458
TRANSFORMATION DE L’ARIA VESTITA PAR LA GREFFE.
Sorbus vestita, Cratœgus ciispidata,
Sorbus Nepalemis et Cratœgiis Nepalensis,
Hort. Nous avons été ainsi conduit à le
constater. Voulant répandre, autant qu’il le
mérite, VAria vestita, nous en greffions
chaque année un certain nombre de pieds;
mais bien que nous coupions nous-même
nos greffons sur un sujet type, nous remar-
quions dans le courant de l’année, en exami-
nant nos sujets, que quelques-uns avaient
produit des plantes complélement diffé-
rentes de celle que nous avions greffée.
Nous avons d’abord supposé qu’il y avait
eu erreur, quoiqu’il était difficile d’admet-
tre cette hypothèse, le nouveau produit
n’ayant pas de représentant dans nos cultu-
res. Malgré cela, nous doutions encore, et
nous nous demandions si les greffons ne
nous auraient pas été donnés, ou si nous-
mêmes nous ne les aurions pas recueillis
chez un de nos collègues. Il a fallu, pour
nous convaincre et nous démontrer qu’il
n’y avait pas eu d’erreur, une preuve comme
celle que nous allons donner. Ayant pris
pour sujet des épines qui étaient en pots,
nous les avons greffées en septembre et les
avons placées immédiatement dans des cof-
fres sous des châssis, où, par conséquent,
tout mélange ou toute confusion était im-
possible. Cette fois, il ne pouvait donc y avoir
d’erreur. Mais quel ne fut pas notre éton-
nement, lorsqu’au printemps, en visitant
nos plantes, nous vîmes que plus des deux
tiers étaient transformées, et, de plus, que
les individus modifiés que nous nommons
Aria pseudovestita étaient feuillés et en
fleurs, tandis que les autres commençaient
à peine à bourgeonner. Ce fait se reprodui-
rait-il partout avec les mêmes caractères?
Se reproduira-t-il indéfiniment dans nos
cultures? Nous ne pourrions le dire. Ce
que nous pouvons assurer, c’est que de-
puis longtemps nous le constatons chaque
année au Muséum.
Afin de bien faire saisir les différences
que présente l’Arm vestitael VAria pseudo-
vestita (la mère et l’enfant), nous croyons
devoir mettre ici leur description :
Aria vestHa.
Arbrisseau peu rami-
fié, vigoureux, mais d’un
tempérament délicat, gè-
lant presque tous les
hivers à Paris, commen-
çant à végéter du iO au
15 mai^ et ne s’arrêtant
que vers la fin d’août.
Bourgeons allongés ,
souvent arqués, à écorce
couverte d’un tomentum
feutré et floconeux, très-
épais et très-abondant.
Lenticelles assez rares,
très-étroites, longuement
linéaires.
Aria pseuflovestita.
Arbrisseau rameux et
très -rustique, d’un tem-
pérament robuste , ne
gèJant Jamais, quelle que
soit l’intensité du froid,
commençant à végéter du
5 au 20 avril, mais s’ar-
rêtant complètement à
partir du 5 au 10 juin.
Bourgeons relativem.ent
courts, très-droits, à écorce
glabre ou à peine tomen-
teuse par quelques poils
couchés, assez gros.
Lenticelles nombreu-
ses, rondes ou pointi-
formes, gris-cendré.
Aria vesiita.
Aria psemlovestita.
Yeux appliqués à peine
visibles, presque entière-
ment recouverts par la
base du pétiole.
Yeux très-saillanls,^vo5,
très-visibles, placés au-
dessus et à l’aisselle du
pétiole.
Feuilles très-longue-
ment et largement ellipti-
ques, très- épaisses (suTtoui
les vieilles), rappelant cel-
les de V Eryobotria Japoni-
ca; celles des bourgeons
longuement acuminées,
largement dentées - ser-
rées, recouvertes en-des-
sous ainsi que sur le pé-
tiole d’un tomentum feu-
tré abondant d’un blanc
métallique, luisant; pétiole
court, très-gros ; nervures
saillantes, régulières, dis-
tantes, rappelant celles
qui se trouvent sur les
feuilles d’Eryobotria.
Feuilles des bourgeons
elliptiques, très-ubtuses,
les plus vieilles obovales-
dentées, à dents irrégu-
lières arrondies, parfois
aiguës, minces, molles,
blanches en dessous par
un tomentum court, peu
abondant, unies et sou-
vent luisantes en dessus;
pétiole long, grêle, à peine
tomenleux, grisâtre; ner-
vures très-rapprochées,
petites, peu saillantes.
fleurs blanc-verdâtre,
portées sur de gros et
courts pédicelles. Pétales
très-largement obovales, se
touchant même et se re-
couvrant par leurs bords,
sessiles, élargis à la base.
Anthères rose-violacé.
Fleurs blanches, por-
tées sur des pédicelles
grêles, très-allongés. Pé-
tales oblongs, allongés,
très-distants, longuement
atténués en onglet à la
base. Anthères blanc-
jaunâtre.
Il est facile de voir, par ce qui précède,
que ces deux plantes sont dissemblables
dans presque toutes leurs parties, et que
beaucoup qu’on considère comme des es-
pèces distinctes, présentent des différences
moins grandes que celles-ci n’en ont entre
elles. Ce fait soulève plusieurs questions des
plus graves. D’abord, il démontre que, pro-
bablement par un simple changement mo-
léculaire, un végétal peut changer d’aspect
et modifier sa nature organique, et que, de
délicat et frileux, il peut devenir robuste
et rustique; il démontre encore comment
une forme peut sortir d’une autre, et cela
sans l’aide de graines.
Une autre conséquence qui ressort de
cette transformation, c’est le démenti porté
à la théorie des greffes, relativement à la
conservation des types. En effet, on a dit, on
a même posé comme principe, qu’il fallait
pour conserver les types purs, cc les multi-
plier par la greffe. » Cette théorie, nous le
répétons, est donc complètement infirmée
par la transformation de VAria vestita par
l’influence de la greffe. Jusqu’à présent, nous
savions que, dans certaines circonstances,
cette influence est grande ; mais nous n’a-
vions pas d’exemple prouvant qu’elle allait
aussi loin.
Lorsqu’on réfléchit sur 'ces faits, on est
tout naturellement amené à se poser ces
questions : Qu’est-ce que VAria vestita ?
Est -il réellement originaire du Népaul?
Est-ce une espèce? Sur le premier point,
nous n’osons rien dire ; sur le second, nous
disons non! Une espèce doit pouvoir se re-
produire et l’Arm vestita, jusqu’à présent
et partout où nous l’avons vu fructifier, a
toujours été stérile. e. a. g.vrrikrk.
PHILADELPHUS VEHRUCOSUS SEMPEHVfREf^S.
11 il’est pas rare, en culture, de rencoii-
Irer des individus ayant des caractères ex-
ceptionnels, c’est-à-dire complètement dif-
lérents de ceux que présentent les plantes
dont ils proviennent. Le Rhamnm Billiar-
dii, par exemple, se trouve dans ce cas ; ses
rameaux sont effilés, longs et grêles, munis
d’yeux ; très-petits, à peine visibles; ses
feuilles sont persistantes ou à peu près,
très- étroites, longuement atténuées en
pointe. Et cependant il est sorti d’une es-
pèce à feuilles caduques, très -largement
cordiformes, à bois très-gros, à yeux sail-
lants et arrondis.
Un autre fait très-remarquable, analogue
à celui qui précède, est l’apparition subite
de la plante qui fait le sujet de cette note,
et à laquelle nous avons donné le nom
de Philadelphns verrucosus sempervirens.
Cette plante est issue de graines du Phila-
detpfius verrucosus, qui n’est qu’une forme
du Pliitadejphus coronarius-, mais comme
il arrive très-souvent que certaines plantes
devant perdre leurs feuilles annuellement
lorsqu’elles seront plus âgées, les conservent
néanmoins la première et même la deuxième
année de leur apparition, nous ne l’avions
d’abord pas remarquée; cependant le fait
est tellement sensible qu’il ne pouvait nous
échapper plus longtemps. Dès le mois de
décembre, en effet, lorsque tous les indivi-
dus qui provenaient du même semis avaient
perdu leurs feuilles, celui dont nous par-
lons avait conservé toutes les siennes.
La végétation du Philadelphns verruco-
sus sempervirens est pour ainsi dire conti-
nue; au commencement de cette année
encore, la plante était non-seulement garnie
de feuilles, mais elle l’était de bourgeons,
qui, complètement herbacés, s’allongeaient
rapidement; les vieux rameaux même
avaient en grande partie conservé leurs
feuilles. Après les gelées, les jeunes feuilles
étaient encore restées; elles étaient seule-
ment un peu fatiguées, mais les bourgeons,
bien qu’herbacés, n’étaient nullement en-
dommagés. Aujourd’hui, fin novembre, au-
cune feuille n’est tombée et les plantes
poussent encore.
\oilà donc une plante à feuilles presque
persistantes et à végétation continue, issue
d une autre à feuilles tout à fait caduques
dont la végétation s’arrête complètement à
1 approche de l’hiver. Pour expliquer l’ap-
parition de cette variété, on ne pourra pas
alléguer les alliances clandestines, ni faire
intervenir la lécondcition étrangère, puisque
nous ne possédons aucune espèce de Phila-
delphus dont les feuilles soient persistantes,
si ce n’est peut-être le Philadelphus Mexi-
cmis; mais ce dernier, qui est un tout pe-
tit arbuste gèlant sous notre climat, qu’on
doit cultiver en pots pour le rentrer en hiver
dans une orangerie, ne fleurissant presque
jamais, n’a pu concourir en aucune façon à
la fécondation. Déplus, ces faits de fécon-
dation enhe espèces différentes sont bien
moins fréquents qu’on semble le croire.
Mais le moyen est si commode qu’on en use
largement, qu’on en abuse même. Une
plante apparaît-elle avec des caractères ex-
ceptionnels, on soupçonne d’abord la vertu
de la mère, puis on cherche parmi les plan-
tes qui l’entouraient s’il n’y en a pas qui lui
ressemblent par quelque côté, au besoin
même on force les raprochements, et si on
en découvre une, on l’accuse d’avoir contri-
bué pour une certaine part à la naissance du
nouveau-né.
Doit-on, au reste, s’étonner du fait que
nous venons de signaler? N’est-il pas con-
forme à tout ce qu’il existe? Assurément,
SI. On ne saurait trop le répéter, la nature
est une. Envisagée dans son ensemble, elle
ne présente aucune solution de continuité
Nulle limite, si ce n’est de relative. Qui ne
sait que les couleurs même les plus diffé-
rentes peuvent se relier par une infinité de
nuances qui les confondent? Des plantes les
plus naines ne passe-t-on pas aux plus
grandes par une suite de gradations? N’en
est-il pas de même lorsqu’on part de celles-
ci pour aller à celles-^là? Certaines espèces
d’arbres ne nous donnent-elles pas aussi
des fruits de formes les plus diverses re-
liées entre elles par une infinité de formes
intermédiaires ? Il n’en est pas autrement
de la couleur de ces fruits, de leur qualité,
de leur époque de maturité, etc. Si nous
appliquions les mêmes observations aux lé-
gumes, nous verrions que là aussi elles ne
sont pas moins vraies; un grand nombre
d’espèces sauvages ont produit des races
nombreuses, très-différentes du type et qui
aujourd’hui sont tellement fixes qu’on pour-
rait les prendre pour des espèces.
Nous pourrions citer beaucoup d’exem-
ples analogues à celui que nous venons de
rapporter, qui montreraient une fois de plus
que toutes nos divisions ne sont que conven-
tionnelles, qu’elles n’indiquent jamais le
dernier terme des choses. Clémenceau
UN YUCCA GLORIOSA GIGANTESQUE.
^ Le Jardin botanique de la marine, à Brest, I ou curieuses pour leur développement re-
possédé, entre autres plantes intéressantes | marquable, un Yucca ijloriosa dont la tige.
460
tîN YUCCA GLORIOSA GIGANTESQUE.
très-rameuse par suite des tailles dont elle
à dû être l’objet, ne mesure pas moins de
2‘".40 de hauteur. Lorsque cette plante, qui
tleurit annuellement, est en pleine florai-
son, les inflorescences n’ont pas moins d’un
mètre de hauteur, ce qui, ajouté à la hau-
teur des tiges, donne une élévation de3"\40.
La touffe de ce Yucca occupe une surface
d’environ 2"L20 de diamètre, soit 6"™. 60 de
circonférence. Le tronc principal mesure â
sa base 0"^.90 de circonférence.
L’âge de ce Yucca, si remarquable pour
ses dimensions, nous est inconnu; cepen-
dant nous croyons peu nous tromper en in-
diquant celui de 20 à 30 ans.
J. Blanchard,
Jardinier en chef du Jardin botanique
^ de la marine, à Brest.
CULTURE DES VERVEINES COMME PLANTES ANNUELLES
D’ORNEMENT.
En parcourant la Revue horticole (1866,
p. 86), j’ai remarqué un article au sujet de la
culture des Verveines comme plantes an-
nuelles. Ce procédé n’est pas nouveau ; mon
père, depuis un grand nombre d’années,
n’en emploie pas d’autres. Cependant, je
crois de mon devoir, dans un but d’intérêt
général, de prévenir les amateurs et cul-
tivateurs de cette plante que l’une des plus
belles variétés, la Verveine rouge {Verbena
melindres)^ jusqu’à présent s’est toujours re-
fusée, chez nous du moins, à la multiplica-
tion par semis. Si je signale ce fait, c’est à
l’appui de nombreuses preuves; car, multi-
pliant les Verveines par semis depuis environ
6 à 7 ans, nous n’avons encore pu, dans nos
cultures, obtenir cette variété de semis, et
nous avons toujours dû la conserver comme
par le passé, c’est-à-dire la multiplier par
boutures. Je profiterai de cette circonstance
pour engager les cultivateurs à ramasser les
graines des plus belles variétés de Verveines
qu’ils désirent conserver, car, si la multi-
plication de ces plantes par graines occa-
sionne toujours la perte de quelques varié-
tés, elle a du moins l’avantage d’en offrir
de nouvelles qui ne sont pas toujours sans
mérite. On doit aussi faire une provi-
sion suffisante de graines , afin d’opérer
plusieurs semis, les premiers ne réussis-
sant pas toujours très-bien ;• ces faits sont
rares , mais cependant ils se montrent.
Ainsi, en 1864, toutes nos graines ont re-
fusé de lever, sauf quelques-unes éparses,
bien qu’elles aient été semées dans les
mêmes conditions que les années précé-
dentes.
Vauvel.
PLANTES NOUVELLES, RARES OU PEU CONNUES.
Hibiscus rosa sinensis Général de Courli-
gis. — Port et aspect du type, mais à feuilles
un peu plus épaisses. Pétiole raide et assez
long, dépassant les. feuilles. Fleurs d’un
rouge foncé très-brillant, à pétales marqués
à la base d’une tache blanche. Cette variété,
de premier mérite, a fleuri dernièrement au
fleuriste de la ville de Paris.
OEillet perpétuel de Reuil. — Cette va-
riété, qui esi* toujours en fleurs, est issue
de l’Œillet dont elle a conservé les carac-
tères généraux. Elle est très-naine et se
tient bien; ses fleurs, disposées comme
celles de l’Œillet de^Poëte, sont rouge foncé
au centre, blanches sur les bords qui sont
fortement et inégalement déniés. Cultivée
en pots et rentrée l’hiver sous des châssis
ou dans une serre froide, près du verre,
celte variété est toujours en fleurs.
OEillet hybride perpétuel de Reuil. -- Si
cette variété est réellement hybride, c’est
probablement des Dianlhus Hedivigii et
sinensis; elle lient, en effet, des deux par le
faciès. Voici les caractères qu’elle présente :
Plante naine. Fleurs grandes, à centre
rour “, brun foncé velouté, à bords rosés
l u -t'iii;vif et peu profondément dentés.
Cel le piaule, qui est très-propre à former des
büi‘ilures,esl une prv- cieu'e acquisition; elle
est toujours en fleurs. Comme la précédente ,
on la multiplie de boutures.
Ligustrum Japonicum robustuni. — Celte
forme qui, sans aucun doute, sort du L. Ja~
ponicuni, est originaire de la Chine, du
moins les graines sont venues de ce pays
au Muséum vers 1850 ; elles se sont trouvées
dans la terre des caisses dans lesquelles
M. de Montigny, alors consul de France en
Chine, avait envoyé des plantes au Muséuin.
C’est de ces graines qu’est sorti le L. Japo-
nicum paniculatum, que nous avons décrit
dans ce recueil. Cette forme, du reste,
n’est pas représentée par un individu uni-
que; dans les semis qu’on fait de ses grai-
nes, on en trouve qui diffèrentun peulesuiis
des autres, principalement par le feuillage
et l’aspect. En général, celles-ci sont plus
coriaces et plus luisantes, souvent plus pe-
tites ; l’écorce des rameaux est aussi moins
colorée, et il en est de même de la nervure
médiane des feuilles. On trouve également
chez les divers individus des inflorescences
plus ou moins fortes; le plus ordinairement
elles sont plus lâches que chez le L. Japo‘
nicum. E. a. carrière.
L’uo des Propriétaires: niAumcK Bixio.
UoDtereau, — Impriuiorie laeote.
CHRONIQUE HORTICOLE (l'REMIÉRE QUINZAINE DE DÉCEMBRE).
Alioiul.incc des communications laites à la Revue hnrfkote. — Décret relatif à la Société impériale et centrale
(ritorticnltiire deFrancc.— Mise au commerce du Pelar^fonium remontant /i'/éo/iore /V/i/, et du D. C7o//e de
Corheit;/, par M. Mézard. — Compagnie horticole d’Ilyèrcs. — Destruction du parasite des Genévriers. —
Conseil donné par M. Gervais-Auger dans le Ruiletin de la Soelélé d'horücuHure d' Eure-et-Loir. — Arti-
cle de M. Dumas sur les avantages de la taille i)récoce. — Nécessité de faire des expériences. — Article
de M. Bourgeois sur la destruction des vers blancs. — Le hérisson et la tauj)C. — Exemple d’une variété
de Frêne, née spontanément. — Poire tardive de Toulouse. — Exposition universelle de 1807. — Pétition
adressée par les horticulteurs au ju'ésidcnt de la Commission consullative. — Demande d’une nouvelle
organisation de primes. — Comment devraient être réparties les récompenses. — Projet de classihcatiou
des concours horticoles. — Nouveau mode de chaudage des serres expérimenté au ileuriste de la ville
de Paris. — Lettre de M. de Ternisien. — Cryptogame du Céleri à Cherbourg. — Un bon livre.
— Le Jardin pola<jer, de M. Joigneanx.
Les tables qui terminent le volume de
raiinée 1800, et qui sont insérées à la fm
de cette livraison, diminuent beaucoup la
place dont nous disposons- A notre grand
regret, nous sommes obligés d^ajourner un
grand nombre de communications intéres-
santes, et nous en demandons pardon k nos
lecteurs et à nos collaborateurs.
- -Commençons par une nouvelle officielle.
Par un décret en date du 21 novembre et
publié au Momleur du le‘ décembre, la So-
ciété impériale et centrale d’horticulture,
reconnue comme élablissement d’utilité pu-
blique le 11 août 1805, prendra à l’avenir
la dénomination de Société impériale et cen-
trale dliorlicnliare de France.
En enregistrant ce décret, nous sommes
heureux de constater l’intérêt qu’on attache
en haut lieu aux travaux de la Société cen-
trale d’horticulture, qui est présidée comme
on le sait, par le maréchal Vaillant, et qui
compte parmi ses membres des hommes
d’un très-grand mérite.
— Nous avons reçu une circulaire de
M. Mézard, horticulteur à Rueil, annonçant
qu’il livre au commerce son nouveau Pélar-
gonium remontant Eléonore Pelil. Nous ne
dirons rien de cette plante dont notre colla-
borateur M. André a donné une description
dans ce recueil’. Nous rappellerons seule-
ment que cette variété appartient à la sec-
tion des Pelargoniums dits à grandes fleurs
et à cinq macules. Dans cette même circu-
laire, M. Mézard annonce la belle variété de
P. zonale Gloire de Gorhemj dont il s’est
rendu acquéreur ; belle et bonne plante qui
a été couronnée dans diverses expositions.
M. Mézard est un cultivateur distingué et en
même temps un grand amateur de Dahlias.
Nous avons aussi reçu le catalogue des
graines de la Compagnie horlicole d'ilgères^
établissement à la tête duquel estM. Ranloii-
net. Ce catalogue divisé en quatorze sections
se rapportant à des catégories de plantes
diverses contient aussi l’indication de
quelques plantes vivantes vivaces, telles que
Canna., Arundo, Agave, Caladium, eic., etc.
Mais, indépendamment des graines ou des
plantes, nous avons remarqué rannonce de
certaines plantes sèches, qui sont très-re-
Rcv. Iiorl. 1866, page -437.
16 DÉCEMüUE 1866.
cherchées aujourd’hui, et avec raison, pour
la confection des bouquets, ce sont V Agros-
lis nebulosa pulchclla, Chloris Iruncala,
Lagurus ovalus, Slipa eleganiissima.
—Aulieu de proscrire etd’arrachercomrne
on le fait les Juniperus, pour se débarrasser
du C ry p togam e(Gymn ospora ngium f uscum) ,
qui l’attaque et qui se répand ensuite sur les
leuilles des Poiriers, pour les détruire, il
est infiniment plus sage et plus rationnel
de conserver les Genévriers et de les dé-
barrasser du parasite en l’enlevant. C’est le
conseil que nous trouvons dans un Jhillclia
de la Société d’Eure-et-Loir et qui est
donné par M. Gervais-Auger, botaniste à
Joran, commune de Saint-Germain-le-Gail-
hird. Ce conseil est sage, nous le répétons,
et l’on ne saurait trop engager à le suivre.
En effet, si vous arrachez les Genévriers pour
vous préserver d’un parasite, pourquoi n’ar-
rachez-vous pas les arbres qui sont atteints
du blanc, ou pourquoi ne les coupez-vous
pas pour enlever le Gui ou les Lichens qui
les entourent? Ce serait un nouveau re-
mède.
— Quoi qu’ou dise et ({u’on fasse, tout
vieillit, même les bonnes choses, et si celles-
ci ne tombent pas dans l’oubli c’est qu’elles
sont indispensables. Néanmoins elles su-
bissent l’influence du temps, elles se mo-
difient pour s’harmoniser et s’approprier à
de nouveaux goûts ou à de nouveaux be-
soins. La science n’échappe pas a la loi
commune, et ce que nous nommons les
principes reçoivent à chaque instant des
modifications plus ou moins profondes. Un
article de M. Dumas, qu’on trouvera plus
loin, vient justement, sinon renverser, du
moins modifier des principes de culture jus-
qu'ici admis d’une manière à peu |»rès gé-
nérale. Nous-même nous avons invoqué plu-
sieurs fois ces principes, ce qui n’est pas
une raison pour les soutenir, malgré tout. Il
faut savoir se rendre à l’évidence et avant tout
il faut être de bonne foi, reconnaîtreet procla-
mer la vérité, surtout lorsqu’elle est en con-
tradiction avec ce qu’on a pu avancer. M. Du-
mas, contrairement à tout ce qui a été dit,
soutient ({u’il faut lou jours tailler les arbres,
et même les plus cigoureiu:, de très-bonne
lieure, et ([u’il en est de même de la Vigne.
24
462
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE DÉCLMBRE),
Cela pourra paraître élrange, mais il laiulra
])ien le reconnailre si l’expérience coiilirme
le l'ail avancé ; c’est ce que ne craint pas d’af-
lirinerM. Dumas. Disculer serait ici hors de
propos, il y a mieux à faire, c’est d’essayer.
D’ailleurs M. Dumas recommande de le faire
et il prévoit que sa manière de voir trouvera
beaucoup d’opposition comme l’indique le
passage suivant d’une lettre (|u’il nous
éciit :
(( .... Voilà un petit article qui ne sera pas
de l’avis de tout le monde, j’en suis certain,
car il est op))Osé à certains principes admis
justpi’à ce jour... .le sais bien (jiie c’est une
vraie l'évolution... Mais lorsqu’on est sûr d’un
tait et (|iie ce fait est dans l’intérêt général,
ou ne doit pas craiiube de le faire connaître;
c’est même un devoir. Fais cc que dois, ad-
vienne que pourra, dit un proverbe... »
M. Dumas nous apprend dans cette même
lettre qu’il imprime en ce moment une
brochure sur la Taille précoce des arbres
fniUiers eide la Vigne.
— Nous recommandons aussi, à ratlen-
tioii de nos lecteurs, un petit article de
M. Jules Bourgeois, sur la destruction
des vers blancs à l’aide du hérisson.
Ou verra par cet article que les jardi-
niers ou plutôt tous les cultivateurs trou-
veraient 'dans ce petit animal, tout à fait
iiioffensif, un précieux auxiliaire. Nous le
recommandons d’autant plus que le héris-
son ne fait aucun dégât; sous ce rapport il
ii’est pas à comparer à la taupe qui, pour
quelques services, peut-être encore hypo-
thétiques, cause de trop réels dommages.
— Voici encore un exemple d’une variété
née spontanément en dehors des cultures.
Sous de grands Frênes plantés dans un
terrain frais, nous avons remarqué, il y a
déjà deux ans, parmi de petits individus,
provenant de graines tombées des grands
arbres, un jeune Frêne dont les feuilles
étaient agréablement panachées de blanc.
Depuis ce temps, nous avons pu constater
que non-seulement la panachure s’est main-
tenue mais qu’elle s’est même étendue à
l’écorce ; aujourd’hui, celle-ci est toute ru-
bannée de jaune.
— Si l’opinion générale sur un sujet
quelconque, se déduit de l’ensemble des
opinions particulières, c’est à la condition
que chacun de ceux que le sujet intéresse
émettra son opinion. Dans ce but, nous al-
lons dire quelques mots de la Poire tardive
de Toulouse dont on a tant et si diverse-
ment parlé. Nous nous y croyons d’autant
plus obligé qu’en la décrivant le premier
nous avons contribué , plus (|ue per-
sonne, à lui faire une réputation plus que
méritée. Nous ne rappellerons i3as ses ca-
ractères; on est généralement d’accord sur
ce point, et presque tous ceux »[ui la con-
naissent conviennent do sa beauté, (juoiqm;
dans la forme elle soit sujette à varier. Voici,
(|uant à ses qualités, ce (pie nous avons le-
connu cette année. Le 'il octobre déjà,
plusieurs fruits étaient passés, bien (jne
rien ne l’annonçât à l’extérieur; en les cou-
pant on trouvait l’intérieur mou, comme
blet, mais sans eau et à peu près dépour-
vu de saveur; quelques autres qui mûri-
rent successiveiiient jusqu’à la lin de no-
vembre présentèrent les mêmes phémnnè-
nes. Cette variété se cornportera-t-clie
mieux ailleurs? Nous le désirons, bien (jue
nous regardions le fait comme douteux.
— Quoi qu’on fasse, et (luelque soin
qu’on apporte dans l’organisation d’une
fête ou d’une exposition, on reconnaît à
chaque instant l’imperfection de certaines
parties du programme; alors on revient sur
ce qu’on a fait, on modifie, on change même
souvent, plus ou moins, les premières dis-
positions. Les tâtonnements sont d’autant
plus grands que l’affciire est plus impor-
tante. Personne ne sera donc étonné d’ap-
prendre que les décisions relatives à l’Fx-
position de 1807 ont été revisées plusieurs
fois, et que certains jirojets qu’on croyait
arrêtés sont encore à l’étude et sont même
l’objet de justes réclamations, justes, à no-
tre point de vue du moins. Ou va en juger.
Pas n’est besoin de dire (pie nous ne |»ar-
lous ici que de ce qui a rapport à l’horti-
culture.
Dans une supplique adressée par plu-
sieurs des principaux horticulteurs de Paris,
à M. le président de la Commission consul-
tative de l’Exposition universelle de 1807,
il est fait les observations suivantes :
« 1» L’exposition d’horticulture doit avoir des
règlements et une organisation toute spéciale
puisque contrairement aux autres groupes cette
exposition se divise en quatorze séries ayant
chacune une durée de quinze jours et renfer-
mant ensemble plus de 1,082 concours distincts ;
(( 2o Qu’il importe qu’on offre à chaque expo-
sant ayant rempli les conditions du programme
un prix, ce qui serait impossible avec les dis-
positions adoptées par le programme général
déjà publié, puisque le jury n’aurait à décerner
que 8 médailles d’or (ayant une valeur de 1 ,000 f.
l’une), 60 médailles d’argent (d’une valeur de
6!o fr. rime), 2.30 médailles de l)ronze (de 25 fr.
l’une) et environ une somme de 25 à 80.000 fr.
comme primes;
a 3» One les horticulteurs attachent très-peu
d’importance aux primes en argent et, au con-
traire, beaucoup aux médailles. )>
Sur ces trois points, ils demandent qu’il
soit procédé à une nouvelle organisation des
primes et récompenses.
De plus, il est dit a que beaucoup d’hor-
ticulteurs craignent que, quelle que soit la
bonne volonté du jury chargé de la répar-
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIERE QUINZAINE DE DÉCEMBRE).
lilion des prix et récompenses, il soit im
possible dé faire une juste répartilioii.
Ko elfet, il serait bien diflicile ou plutôt ii
serait impossible, après un intervalle de six
ou sept mois, de comparer tel lot à tel autre,
et d’établir des comparaisons entre un lot
de Rosiers et un lot de Cypripediées, ou
cidre un lot de Clématites et un lot d’Aza-
lées, etc. Ce que nous disons de quelques
i;enres nous pourrions le dire de tous. Il
laut donc juger séance tenante, et pour cela
les dispositions qu’on a prises ne le per
mettent pas.
Sans vouloir indiquer ce qu’il convien-
drait de faire dans cette circonstance, sans
clierclier a exercer aucune pression, les
iiorliculteurs, mus par un sentiment d’é-
quilé , demandent que, par les soins de la
Commission impériale, il soit adressé une
convocation aux principaux horticulteurs
Irançais ainsi qu’aux délégués de l’horticul-
ture étrangère, afin de pouvoir s’entendre
sur cette question.
Les observations qui sont faites dans la
snpplique sont trop justes et les inconvé-
nients signalés sont trop évidents pour que
la Commission impériale n’en tienne pas
compte, et comme ici c’est presque un de-
voir, pour celui que touche la chose hor-
ticole^ d’émettre son opinion, nous allons
donner notre avis.
faisons d’abord remarquer que, dans
cette circonstance encore, ce sont les jar-
diniers, qu on accuse souvent d’indifférence
ou d apathie, qui font preuve d’initiative et,
comme on dit « vont de Vacant. » Ce n’est,
du reste, pas la première fois* car si aux
premières décisions administratives on a
déjà apporté plusieurs modifications lieu-
1 dises, c est par suite de leurs observations.
Il faut bien reconnaître aussi que cette
lois encore, leurs réclamations sont très-
justes, car telles qu’elles sont fixées, les ré-
compenses ne peuvent pas èire réparties
c.quitablement; le passage de 1,000 francs à
on Irancs est trop brusque et alors ou les
recomjienses sont trop fortes, ou elles sont
licp laibles. Il n’y a pas de moyen terme et
de cette manière il est impossible de tenir
les promesses qu’on a faites dans le pro-
gramme. lia été établi une très-grande quan-
tité de concours, et chacun doit donc non-
seulement avoir ses récompenses, mais doit
etre^ l’ccompensé proportionnellement au
mente des produits exposés, ce qu’on ne
pourrait faire avec les médailles qu’il a été
décidé de donner.
Voici, à notre avis, comment, sans aug-
menter les dépenses, sans changer la valeur
intrinsèque de la somme alfectée, la répar-
tition devrait en être faite :
7 grandes médailles d’iionncui
de J ,000 francs.
463
en or,
7 médailles en or de 500 fr. ;
, ^28 — _ ojoQ .
800 — en argent de 05 fr. ;
000 — en bronze de 25 fr.
Aux(juellcs seraient ajoutées les récom-
penses (jue la Société impériale et centrale
d horticaUiire de France a proposé à la com-
mission imjiériale de rExjiosition univer-
selle de 1807 de mettre à la disposition du
^1 La condition que tous les membres
de celte Société recevraient une carte qui
leur permettrait d’entrer dans la partie
tiorticote de l’Exposition do 1807.
En accédant à cette demande, la Commis-
sion im[)ériale ferait à notre avis une chose
utile à la lois à l intérêt de l’horticulture et
a 1 interet général.
Comme classification de concours, et
pour faciliter la céparlitiondesréconnienses,
qu’il conviendrait de faire
7 divisions, savoir :
1« Végétaux de serre chaude et produits
de la culture forcée en plantes fleuries;
2o Végétaux de serre tempérée, serre
ironie et orangerie;
3° Plantes vivaces et annuelles de pleine
terre ;
i» Produits de la culture niaraichére de
pleine terre;
5f Arboriculture fruitière ;
Oo Produits de la culture forcée, fruits et
loguines ;
7'^ Arboriculture forestière et d’orne-
ment.
Dans chaque division, il pourrait être
décerné un prix d’honneur, une médaille
de oOO fr., 4 médailles de 2U0 fr. et un
plus ou moins grand nombre de médailles
cl argent et cle bronze, suivant que les pro-
duits exposés seraient jugés dignes; les
médailles pourraient être "reportées d’une
division dans une autre, si elles n’avaient
pas été méritées dans celles pour lesquelles
elles avaient été spécialement alfectées.
Il nous semble ejue de cette façon on
obliencjrait un_ bon résultat et que tous
pourraient avoir chance de trouver la ré-
compense des efforts faits pour le progrès
de Part horticole. C’est du moins notre avis ;
cà chacun d’émettre le sien.
— A l’approche de l’hiver, lorsque les
horticulteurs rentrent leurs végétaux dans les
serres, il n’est pas inutile de chercher de
nouveaux moyens plus puissants ou plus
économiques de combattre le froid. Les
labricants de chaulfage doivent rivaliser de
zèle, faire de nouveaux elforts et demander
a la science et à la pratique, des secrets que
jusqu’ici elles leur ont refusés. A ce sujet
nous appremirons à ceux de nos lecteurs
qui 1 ignorent qu’une Commission nommée
juir la Société impériale et centrale d’horti-
culture (le France s’est réunie au fleuriste
de la ville de Paris, au commencement de
CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE DECEMBRE).
ce mois, à l’effet d’essayer un nouveau mo-
dèle de chauffage de JUM. Grandjcau et
Iloiilat, constnielcurs, boulevard Saiiil-Ger-
main, 76, Paris.
— Nous avons reçu de M. de Tcriiislen
une lettre que nous nous empressons de
publier et qui ne peut manquer d’intéresser
nos lecteurs, car elle louche à une parlie
très-importante du jardinage, à la dest ruc-
tion de certains insectes qui causent aujour-
d’hui de grands dommages à la cuUure ma-
raîchère surtout. La voici :
Cherbourg, le 16 novembre 1866.
Monsieur le Uédacteur,
J’ai signalé au commencement de l’année
courante, dans la Revue horticole., numéro
du 16 janvier et numéro 4 du 16 lévrier, un
cryptogame qui avait, a 1 automne précédent,
attaqué et détruit en parlie le Céleri à Cherbcurg.
Ce cryptogame que j’ai reconnu être un Pue-
rima aini graveolentis ravit dulcisàe la famille
des urédinées, a reparu plus vivement celte an-
née, puisijue le Céleri est pour ainsi^ dire
perdu parlout. J’avais conseillé, aux maraîchei s
qui s’occupent de cette culture, 1 emploi de la
Heur de soufre dont j’avais obtenu, dans plu-
sieurs circonstances similaires, de bons résul-
tats; ils n’ont pas suivi mes conseils, et aujour-
d'hui ils sont victimes de leur oubli ou plutôt de
leur négligence. , i i
Je crois donc dans l’intérêt général, devoir
insister de nouveau, et j’engage les cultivateurs
de Céleri (pii reconnaîtront sur leurs plantes,
cette année, le Champignon que j’ai signalé, a
ne pas manquer l’année prochaine de les sau-
poudrer dans le courant du mois daoùt, une
ou deux fois avec de la Heur de soufre.
Ils pourront le faire le malin, par un temps
calme, lorsque les })lantes sont encore légère-
ment humides de rosée, alin (pie le souti e
imissc s’attacher à leurs leuiües.
llecevcz, etc.
DE Ter:<isien.
— Nous allons terminer celte chronique
par l’annonce d’un bon livre. Indiquer le
sujet qu’il Iraile, et faire connaîlrc le nom
de l’auteur c’est une double recommaiida-
lion. L’auteur est M. Joigneaux, dont le
nom est bien connu de nos lecleurs; (piant
au sujet, il Iraile des légumes, et l’ouvrage
a pour titre : Le Jardin Potager^. Cet ou-
vrage est recommandable à deux points de
vue*^ : par sa valeur pratique et par son exé-
cution. Sousle premier rapport nous n avons
rien à dire, sinon que l’auteur passe en
revue à peu près toutes les plantes potagè-
res et qu’il en indique la culture en même
temps qu’il lait connaître les maladies et
les insectes qui les attaquent, ainsi que les
remèdes qu’il convient d’opposer à ces
lléaux. Il n’est pas nécessaire de dire que
ce livre est écrit demain de maître; de plus
longs détails seraient donc, au moins, super-
llus. Disons pourtant qu’après avoir décrit
successivement et indiqué la culture des
plantes potagères, l’auteur termine son livre
par un calendrier, qui est un véritable guide,
puisqu’il indique mois par mois les travaux
qu’il convient d’exécuter.
Au point de vue de l’exécution, ce livre
est un véritable tour de force.) peul-ctre le
premier de ce genre. Les gravures coloriées
au nombre de 130, ont été imprimées en
même temps que le texte et sans retouche.
De ce nombre, 34 représentent les princi-
paux insectes qui attaquent les légumes, câ
différents étals (larves et insectes parfaits)
de grandeur naturelle et avec les couleurs
sous lesquelles ces insectes se rencontrent.
A tous les points de vue, c’est donc un
livre recommandable, (jui doit trouver place
dans toutes les bibliothèques.
E. A. Carrière.
PHILIPPE-FRANÇOIS DE SIEBOLDT .
I
Nous passons ici sur les détails de son
voyage et sur son séjour à \édo, dont
M. Wagner donne, dans la Gazette aui-
rencHC) ([uebjues comniuiiicalions intéres-
santes, et où il est longuement question de
la cérémonie (|u’on ht lors de sa présenta-
tion chez le taïkoun.
Vers la ün de son séjour (il y avait 6 ans
qu’il était au Japon), Sieboldt se trouvait
dans une situation fort pénible qui mena-
çait môme d’avoir un dénoûment tragique.
En voici la cause : l’astronome de la (ïour
de Yédo, malgré la défense sévère qui lui
en avait été faite, avait donné ou plutôt
vendu à Sieboldt la carte générale de l’île
de Nippon. Son ancien protecteur, Vespion
’ Voir Reçue hoiiirole., 1866, page U8.
f/énéral) dont nous avons d(‘jà parlé, dénonça
l’astronome qui fut jeté ainsi que son per-
sonnel dans les prisons.
Sieboldt même fut arrêté cl sévèrement
gardé.
Dans un pays où les procès sont tort
courts, et où la puissance des très-nombreux
dignitaires est illimitée, Sieboldt était luit
exposé, et l’affaire devint en effet si sérieuse
qu’il reçut le conseil de s'oavrir le rentre
(usage très-fréquent dans ce pays), pour évi-
ter (i’ôlrc condamné à mort. Sieboldt préféra
subirle sort que les événcmenlsamèneraienl;
bien lui en prit, car peu de temps après
il fut assez heureux pour obtenir sa liberté.
C’est le Ici janvier 1830 qu’il quitta le
1 Nul. iii-18 de 480 puges Lihraiiie lOjrieu'e, -J6.
rue .Lu (ib.
PHILIPPE-FRANÇOIS DE SIEBOLDT.
Japon, bien loin, sans doute, de penser
(pi’il devait le revoir un jour dans des cir-
constances bien différentes.
n
De retour en Hollande, il reçut en ré-'
compense de ses mérites et des collections
(pi’il avait réunies et déposées au musée de
Leyde, le titre de mojor dans rétat-major, et
(pielques années plus tard, le roi lui donna
le titre et le rang de colonel avec un congé
définitif, afin de lui donner le temps néces-
saire à ses publications scientifiques. En
même temps il fut invité à faire partie du
conseil chargé de discuter les intérêts des
provinces étrangères.
Pendant le long séjour qu’il fit alors en
Europe, Sieboldt habitait en partie sa pro-
priété de Saint-Martin, située sur le Rhin;
en partie à Bonne où il était activement
occupé de la publication de ses travaux.
En 1845, il épousa la baronne de Gagern
dont il eut trois fils et deux filles; l’aîné de
ses fils fut nommé, en 1861, interprète de
Pambassade anglaise à Yédo. Sieboldt alors
correspondait avec les premiers savants
d’Europe, et presque toutes les académies
le nommèrent membre honoraire.
Pendant son séjour en Europe, il montra
toujours une très-grande activité, et outre la
publication de ses nombreux travaux, il
fonda un établissement d’horliculture fort
remarquable à Leyde et fit des fréquenis
voyages sur le conlinent.
En 1853 l’empereur Nicolas de Russie
invita Sieboldt avenir à Saint-Pétersbourg,
pour donner des renseignements concer-
nant le Japon, que nul Européenne serait à
même de donner, excepté lui. »
III
La Russie avait en ce moment l’intention
d’organiser un traité de commerce avec le
Japon. La connaissance exacte qu’avait
Sieboldt de la géographie, de Pethnogra-
idiie, des institutions politiques du Japon, et
surtout son expérience dans les alfairDs
commerciales, faisaient apprécier ses con-
seils; aussi tout fut-il organisé selon ses
proposiPions.
Sieboldt, en reconnaissance de ces ser-
vices, reçut de l’empereur la décoration de
Wladimir.
En 1859, alors qu’il avait 64 ans, Sieboldt
partit au Japon pour la seconde fois, et cette
lois dans l’intérêt d’une société de com-
merce des Pays-Bas. Sieboldt trouva alors
un grand changement au Japon; depuis son
départ, de fré([i-ienls visilimrs étaient venus
d’Europe et d’Amérique et qui avaient facilité
l’entrée du pays par des traités de commerce,
et le gouvernement avait reconnu qu’il
n’était pas })ossible de persister dans le
vieux système vis-à-vis des autres nations.
Aussi l’empereur japonais appela-t-il Sie-
boldt a sa cour, où son talent et son grand
savoir le firent distinguer, et alors, avec la
permission de son gouvernement, il entra
au service du taïkoun, qui lui donna une
habitation dans le cluàteau et une position
importante dans les alfaires.
Sa mission fut alors de servir d’intermé-
diaire entre l’Europe et le Japon.
Cette tâche n’était pas facile et devait lui
occasionner, par la suite, bien des désa-
gréments. Chose étonnante et triste à dire,
c’est par les intrigues diverses venues en
partie de la Hollande, son pays, qu’il fut
renvoyé de cette place qu’il occupait avec
tant de talent et d’honneur.
IV
Enfin Sieboldt se relira et reçut du laï-
koun, en récompense de ses bons services,
un sabre précieux. H habita d’abord sa pe-
tite propriété de Narutaki, près de Nanga-
saki, où il s’occupait exclusivement de
science. Mais il n’y vécut pas longtemps
tranquille, car la méfiance et la jalousie de
ses ennemis le poursuivaient toujours. C’est
alors qu’il fut rappelé par son gouverne-
ment pour être envoyé en mission auprès
du gouverneur générala Java.
Sieboldt n’y resta pas longtemps et revint
en Europe dans l’année 1862. H s’établit
d’abord à Würzbourg, sa ville natale, où
se trouvait sa collection ethnographique
dont l’organisation faisait pour le moment
sa principale occupation.
Vers le commencement de cette année il
fut appelé, par l’empereur Napoléon, à
Paris. Il s’agissait alors de lafondation d’une
société de commerce français-japonais, qui
avait pour but d’agrandir les trailés avec le
Japon et de faire un échange plus profi-
table pour les deux pays.
Sieboldt désirait en outre vivement qu’on
fondât une école à Yédo, pour les Japonais;
malgré les nombreuses et grandes difficul-
tés que présentait une semblable entreprise,
l’Empereur, ainsi que plusieurs hommes
d’une grande inlUience, adoptèrent ce plan.
V
Mais au moment où tout semblait s’arran-
ger survint cette malheureuse guerre entre
l’Italie et l’Autriche, qui, par les craifites
qu’elle inspira, mit obstacle ou plutôt vint
renverser tous les projets. C’est alors que
Sieboldt revint à Munich organiser son
musée ethnographique que le gouverne-
ment lui avait acheté pour la somme de
125,000 francs.
Il fut très-occupé par le classement de
ses collections, dont l’arrangement devait
donner un tableau historique de culture,
ainsi ({ue par la publication de son travail
sur les r.onifères du Japon. Malgré la cou-
466
PlULIl>rE-rUAN(:OIS de sieboldt.
stiliilion Irès-lorle do SicljokU, tant do fa-
tigues devaient ré[»uiser. 11 fut jHenlèt forcé
lie quitter ces travaux, atteint qu’il était d une
maladie dont il ne devait pas guérir; il est
mort le 18 octobre dernier dans sa 11'" an-
née.
Sieboldt était avant tout ethnographe; mais
riiistoire naturelle, en général, a eu une
large part dans ses travaux. Ses collections
bolaniiiues et zoologiijues sont considérables
et accompagnées de nombreuses observa-
tions sur le caractère de la Bore du Japon
et sur les cultures des plantes utiles de ce
pays, ilais indépendamment, il possédait
une collection excessivement précieuse de
livres japonais qui comprenait plus de "2,000
volumes.
S’il est vrai ([ue nous avons obtenu jnar
M. Maron ([ui visitait le Japon, 30 minées
plus lard, des renseignements plus détaillés
sur ce pays, n’oublions pas que ses éludes
et recherches furent basées sur les progrès
des sciences naturelles, tandis qu’au mo-
ment où Sieboldt visitait ce pays, dans sa
vingt-sixième année, les travaux importants
de'Humboldt, Buch, Boussingault, Liebig,
etc., n’étaient pas encore connus. i
Bien des questions intéressantes se ré-
solvent aujourd’hui plus lacilement qu à
celle époque!
Ceux qui critiquent les œuvres des vieux
maîtres, ont pour s’ajqmyer, au besoin, les
épaules de leurs prédécesseurs dont les tra-
va’ux leur ont aplani les plus grandes dilli-
cultés; tous doivent le savoir et devraient
ne pas l’oublier.
VI
Nous, jardinier et ami du jardinage, pou-
vons pariiculièrement apprécier les services
que Sieboldt a rendus à rhorlicullurc et
savons combien de [)lautes il y a dans nos
serres froides, dans nos jardins paysagers
dont rinlroduclion lui est exclusivement
due.
Il n’est pas possible de donner aujour-
d’hui, comme nous l’aurions désiré, un ré-
sumé de toutes les plantes japonaiscîs qu’a
introduites Sieboldt et qui ont été décrites
en grande partie par Zuccarini; nous espé-
rons cependant y revenir plus tard, quand
l’inventaire sera fait, et c’est alors aussi que
nous parlerons de son jardin.
Sieboldt menait une vie active et ne se
donnait jamais un jour de repos. Il faisait,
malgré son âge avancé, de grandes excur-
sions, et je l’ai encore rencontré l’an dernier
dans des montagnes qui eussent été diKiciles
à gravir même pour des jeunes gens. Il était
chargé deroses des Alpes, de Bhododendrons
ferrugineux et de Lontopodium alpinum.
La dernière fois que je l’ai vu il m a montre
ses Conifères du Japon, qu’il faisait dessi-
ner pour être publiées. Sieboldt^ avait une
vraie passion pour le Japon ; je 1 ai entendu
plusieurs fois aussi faire l’éloge de certains
jardins de ce pays. Espérons donc (jne cet
amour se perpétuera dans son lils qui, de-
puis longtemps déjà, habite le Japon ou il
est très -considéré, et (ju’il continuera
dignement l’œuvre si utile commencée avec
tant de succès par son illustre père.
Sieboldt fut couvert d’hommages, de ré-
compenses et de litres; mais ces distinctions,
ainsi (jue les nombreuses décorations (jui
lui furent décernées (il comptait Ki décora-
tions de dilférents pays), excitèrent la ja-
lousie de ses rivaux, et sa vie |)rouve, une
fois de plus, que la célébrité ne lait j)as le
i)onlieur.
Max. Koi.iî.
I
ENCORE LE SOLÂNüM WARSCEWICZII.
Si les lecteurs de la Jirvue voulaient !)ien
parcourir la notice que j’ai jtubliée sur le
Solami}ii Warscea'ic'il {Revue horUenh\
jtage 42b, année 1805), ils a|)précieraient
mieux les motifs ijui m’engagent à revenir
aujourd’hui sur cette magnitiijue es|)èc(“.
La description (jue j'en lis alors !ais^ail
une lacune, j’avais j)U examiner des ovaii'es
noués en automne, j)resqne au moment ou
j’alLds relever (ie la jdeine terre la plante
âgée de deux ans (jui les portait. J’ignorais
comjilclcment (juel était son Iruit.^ Cet
(‘xemjtlaire jiassa l’hiver en serre tempérée.
( Les ovaii'es touillèrent, ce qui était inévita-
ble.) Il conlinna à thmeir, et au mois de
m;ii 1800, (jiiaml j’allai le replacer en jileine
lin ce jionr Li tlenxii'nne fois, j’ajH'rcus cim|
oNaires noués. Ils continnèrenl à grossir
mitemenl. Ces jeunes fruits atleignii'eiit en
octobre le maximum de leur dévclojipG'
ment; cl, dans l’espoir d’en obtenir des
graines, je dus les récolter avmil les gelées.
Coupés, ils aclievèrenl de mûrir, et je viens
d’en retirer une petite jirovision de graines
qui me jiaraisseiit bien constituées.
Jecoinjilèlc ma descrijition de l’année der-
nière. Raie trcs-jielite (8 millimètres de
diamètre), orbiculaire, glabnq d’un vert
olive, renfermant environ 250 f/nnnes jieli-
lesà surface unie et d’un janin; roux.
J’ai deux mots à ajoult'cala cultni'j lii; ce
Solumuii ■ Je disais dans le meme article :
(( Si l'on est Icnié ih' ri'levcr en |>anier qncl-
(jnes-nns des jilns Iteanx siijels, on pmiiia
j.Ciil-êh'e le.s consci vcr l’iiiver (M1 limim- oi.m-
<M>iie, bien .'(Liirée, niais à coup sni' en seire
i',.,,,j,rrée. Ces Hijels-là, ('iilenés avec leiiis
KNCÜIIK \Æ SOLANl'M WARSCKWICZII.
paniers, au mois de mai suivant, deviendront
d^'S |danles admiraldes. )>
Le prnl-éhm'osl eliaiigé en eerlilude. Un
lorl exemplaire relevé en panier, placé
dans la partie la plus éclairée d'une oran-
i^eri(‘ séclu', inainUnme à une température
de (juehpies degrés seulement au-dessus
de 0, put traverser l’Iiiver dernier, non
sans avoir [)ei*ilu toutefois par la j)ouiTiture
la partie supérieure de ses rannaïux.
Quant cà l’exemplaire âgé de deux ans, (jui
avait passé l’Iiiver en serre et dont j’obtins
d('s fruits, je le plaçai b‘ 25 mai dernier en
plain air, dans un massif de terreau de
if) 7
feuilles recouvrant un bon lit de fumier pail-
leux. Il tinit par atteindre en octobre A mé-
trés de baut(uir, sa télé Irès-brancbiie me-
surait alors (S mètres de circordV'rema'. Le
lindje de la plupart des feuilles avait 50 cenf ,
en longueur et en largeur, .te dus lannnicau’
à le relever pour la troisième fois, niaim
(|uant d’abri convenable à olfrir à ce volu-
mineux spécimen.
Je ne connais aucune (ispéce deSolanum,
y compris le Solaïunii mnmtnihum (liori,
non Dunal), produisant wn elfet aussi gran-
diose (pie la Morelle de Warscewicz.
Ciio la'.oxcK DK laMi'.r.nTYF.,
FRAISIER MONOPHYLLE.
A la page Idd de son remarquable tra-
vail inlitulé : Histoire nniurelle des Frai-
siers, travail des plus intéressants et où les
iilées qui, près d’un siècle plus lard, de’
va’enl s’api)eler Darwiniennes, reviennent à
cliaipie page, Ducbesne fils raconte ainsi
l’bisioire du Fragaria Dwuophglta, plus
généralement connu sous les noms de
Fraisier monopbylle, ou Fraisier de Ver-
sailles.
(( L’est à Versailles, en 17()1 , (pi’est né le
piannier individu de cette race, dans un cer-
lain nombre de graines de Fraisiers des bois
cultivés que j’avais semées cette année, et qui
toutes, hors celle-ci seule, ont produit des
indivi lus semblables à celui qui les avait four-
nies. Les graines semées en 17()i et 17G5 ont
l'eproduit des individus semblables à ce pre-
mier, excepté trois ou quatre seulement dont
1(!S feuilles étaient ternées, ce (pii est bien peu
sur plus de (piatre-vingtsL Lette race est donc
constante, du moins à la première génération;
je ne man(pierai pas d’observer la seconde et
toutes les suivantes, pour voir si elle conti-
nuera de Fétre, ou si elle se déclarera seule-
ment passagère. »
Le 1 G juin 1806 je récoltai des graines de
ce même Fraisier cultivé encore au Muséum
et, désireux de savoir s’il se reproduirait
identiquement au moyen de ses propres se-
mences, je répétai l’expérience de Ducbesne.
Le Id juillet dernier, les graines dont je
disposais furent semées dans quatre pots
que je plaçai dans un lieu demi-ombragé et
(pie je recouvris d’une cloche. Environ un
mois après, les graines d’une des quatre
jmtées germèrent en donnant naissance à
des plantes qui, quoique dans un état de
végétation fort peu avancé, se montraient
avec des feuilbis évidemment simples. Ce
caractère ne fil que persister, et tous les
' Et encore ne pnis-je pas convainen (|u’il n’y ait
jias eu tl(' mélange dans l( s graines. On po\irra s’as-
surer de cette nndalnlité ou de la constance que je
présume, en réitérant les expériences.
nrciiFSNF , /. c.
individus, au nombre de quinze, sont au-
jourd’bui parlailemenl monopbylles.
Nous avons donc alTaire ici à une varia-
tion rare et exceptionnelle dans les Frai-
siers, à une plante à leuilles devenues niono-
pbylles par soudure des folioles, et qui, née
il y a [dus d’un siècle dans un semis (ht
Fraisier ordinaire, se reproduit identi([ue-
ment au moyen de ses propres graines, de
telle sorte qne, si l’bistoire de ce Fragaria
ne nous avait pas été léguée, et (ju’un bota-
niste eut rencontré cette [danle à Félat
spontané, il n’aurait [tas hésité à en faire
une espèce nouvelle, et cette manière de
laire aurait eu certainement beaucoup de
partisans.
En parcourant dernièrement la liste des
plantes qui doivent composer les 30' et
37'^ centuries des Exsiceala de Billot, je re-
marquai, sous le n^J 3,571, l’indication du
Fr<ig(iria riiouophglla Davli. 11 était intéres-
sant de savoir si les échantillons devant ("tre
distribués provenaient de pieds cultivés ou
spontanés. M. Baillot, le continuateur des
Exsiccata précités, voulut bien nous en-
voyer ces quelques mots : Les échantil-
lons de Fragaria moiwphylla, que vous
recevrez prochainement, ont été recueillis
par moi près de Uougemont (Doubs). Je ne
l’ai jamais trouvé ([ué dans celte seule loca-
lité, et sa spontanéité ne pourrait être mise
en doute; il croissait parmi les herbes au-
tour d’un buisson. Provenait-il d’un semis
naturel? C’est possible, ajoute M. Paillot;
en tout cas, il était seul à cet endroit et
envahissait tout. A quehjues pas se rencon-
trait le F5Y/(/(,/rô( resra sans aucun Fragaria
monophylla. Le lieu étant très-sec et la
localité très-reslreinle, les échantillons sont
maigres. J’ai revu plus lard cette localilé où
un pied m’a préseidé deux folioles à une
feuille, ce qui imbupierait un retour au type'.
Les échantillons (pie j’ai cultivés se sont
parfaitement maintenus. »
Il résulte de la lettre précédente ([ue le
Fraisier monoidiylle trouvé primitivement
4G8
FRAISIER MONOPHYLLK.
par Ducliesne flans un semis de Fraisier
ordinaire, serait vraisemblahlement spon-
tané près de Rougemont (Doubs), ce qui
serait un exemple excessivement rare de
plantes à feuilles composées ayant produit,
à Vêlai spontané, une variété monopbylle.
Nous sommes loin de nier rextréme facilité
qu’a une plante sauvage de varier; mais
comme la pratique nous a appris et nous
apprend journellement que plus une plante
est placée dans des conditions diverses de
climat, de terrain et d’altitude, que plus
elle est dépaysée, plus elle varie, nous con-
sidérons comme extrêmement curieuse et
intéressante la spontanéité supposée, àRou-
TAILLE PRÉCOCE DES ARBRES
A propos de l’article de M. Tb. Denis, le
savant directeur du jardin de la ville de
Lyon, dans le numéro de la llcvue du iO no-
vembre, page 127, sur la taille des prolon-
gements des branches cliarpentières , je me
permettrai, tà mon tour, de recommander aux
lecteurs de la Revue horticole la taille pré-
coce de ions les arbres fruitiers en général.
Plus les arbres seront vigoureux, plus on
devra les tailler de bonne heure, si on veut
vile leur faire prendre des boutons à fruits.
Par ce procédé, on est toujours sûr de mettre
à fruit, même les arbres les plus rebelles,
et cela dès la seconde ou troisième année
au plus tard, tandis qu’avec la laille tardive
appliquée à des arbres d’une vigueur extra-
ordinaire, comme sont en général le Poirier
et le Pommier greflës sur franc, il faut tou-
jours 7 à 8 ans au moins pour les faire
mettre à fruit.
La taille précoce, que, sans hésiter, je
recommande aux hommes de progrès, après
huit années d’expériences et d’observations,
m’a toujours donné d’irrécusables avan-
tages sur la laille tardive.
Je dirai la même chose pour la taille pré-
LE HÉRISSON ET
On a beaucoup écrit sur le hérisson; sur
le ver blanc on a presque tout dit; cepen-
dant, on nous permettra de citer un fait
qui nous paraît nouveau et qui a trait à la
destruction de la larve en question.
Jardinier càRozoy-en-Multien, chez M. Tor-
toni, ayant affaire à un terrain très-siliceux,
infesté de vers blancs, je remarquai sur une
pelouse de gazon, ainsi que dans d’autres
endroits, surtout au pied des arbustes, une
quantité considérable de petits trous dont
j’avais peine tà me rendre compte. Afin de
savoir à quoi m’en tenir, je m’approchai, et
en examinant je vis une sorte d’hécatombe
de vers blancs, non entiers toutefois; tous
gemont, du Fragaria mono])hglla, Duch.
De la lettre de M. Paillot, il résulte encore
que le Fraisier monopbylle, que nous con-
servons difficilement dans nos cultures, se-
rait au contraire rustique dans la localité
où cette plante croîtrait spontanément. Ce
qui le prouve, c'est la petitesse des échaii-
tillons indiquée par M. Paillot, diminution
de taille résultant d’une sécheresse trop
longtemps prolongée. Or pour le Fragaria
monophylla cultivé, une longue sécheresse
aurait inévitablement amené un tout autre
résultat : la mort certaine des individus ((ui
auraient subi cette influence.
B. Verlot.
ERLITIERS ET RE LA VIGNE.
coce de la vigne; je soutiens que plus une
vigne sera taillée de bonne heure, plus elle
sera vigoureuse; elle donnera presque le
double de raisins de plus (pie par la taille
tardive, et elle sera moins exposée aux gelées
tardives du printemps.
Le meilleur moment pour faire celle
taille est celui qui suit la cueillette des rai-
sins, ou de suite après la chute des feuilles,
mais on ne doit jamais tailler la vigne quand
il gèle.
Déjà, sur ma recommandation, de grands
propriétaires du Midi ont adopté la taille
précoce pour leurs vignobles, et je suis cer-
tain que bientôt tous suivront leur exemple,
car les bons résultats ne se feront pas at-
tendre. R serait à désirer que nos collègues
du Nord voulussent bien faire des essais à
ce sujet, et rendre compte des résultats
obtenus. En agissant ainsi, on rendrait en
même temps un immense service à la vili-
cullure française.
A. Dumas,
Jartlinicr en chef à la fermc-ccolc
de Bazin (Gers),
ES VERS BLANCS.
les corps avaient disparu, les têtes seules
jonchaient le sol. Quel pouvait être l’auteur
de ce fait si extraordinaire? Je n’avais à ce
sujet aucune idée; pourtant i’indinai à
croire que certains oiseaux devaient y être
pour une très-large part. Voulant m’en
assurer, je fis le guet les jours suivants,
mais inutilement : rien ne parut, et m’étant
aperçu que pendant la nuit le sacrifice des
hannetons avait également lieu, je l’allri-
buai nalurellement à des animaux noctur-
nes, et pour les découvrir, aussitôt la nuit
arrivée, je me munis d’une lumière et m’iq)-
prochai du lieu; je vis d’abord une dizaine
de hérissons, puis un très-grand nombre
Li: lli’IlISSON KT u:s VKP.S HLANCS.
4^9
d’aiilres tellement occupés qu’ils semblaient
ne point me voir, et Ions, mali^ré ma j>cé-
sence subite et mali^ré la lumière qui éclai-
rait la scène, n’en coulinuèrent pas moins
leur œuvre de carnage, clicrcliant avec
avidité les vers blancs qu’ils guillotinaient
aussitôt; les larves disparaissaient prompte-
ment sous la dent du hérisson, la tète seule
était respectée scrupuleusement, pourquoi?
Etaient-ils mus par l’amour-propre, et, en
agissant ainsi, les hérissons clierchaient-iis
à laisser une preuve de leur victoire? Le
fait n’est pas probable, car alors pourquoi
se cacher et pourquoi seraient-ils venus la
nuit lorsque personne ne pouvait être té-
moin de la bataille. Il est très-probable
qu il n'y a là qu’une alfaire de goût. Les
hérissons rejettent les tôles parce que
celles-ci ne leur convioment pas; voilà
tout.
Les faits que je viens de rapporter sont
exacts. Pendant plusieurs nuits j’ai |)u les
taire constater à tous les habitants (jui vou-
lurent s’en rendre témoins.
Aussi, la conclusion (pie nous en avons
tirée, c’est (pie le hérisson est un des bons
auxiliaires des cultivateurs , puisiju’il m;
vit que d’iusecles très-nuisibles, a et qu’il
ne fait aucun tort aux cultures; sous ce ra|)-
port il est intiniment supérieur à la laup(‘.
Celle-ci, malgré les services qu’elle peut
rendre, cause, en jardinage surtout, des
dégâts tels que loin de la protéger les jar-
diniers lui font une guerre à outrance, il§
ont raison.
Jules Bouiuaaas.
CHATAIGNIER A RRANCtlES FASTIGIÉES.
Si les variétés sont beaucoup moins nom-
lireuses à l’état dit sauvage (pa’à l’état de
culture, cela tient aux milieux assurément
moins variables dans le premier cas que
dans le second. Cependant on ne doit pas
en conclure que les variétés n’exisfeni pas
à l’état sauvage; si l'on avait mieux observé
on en aurait trouvé sans doute plus d’exem-
ples qu’on ne pense.
Je n’ai jamais parcouru un bois sans ren-
contrer la preuve du fait que j'avance, sans
l'emanpier, à côté de ce qu’on nomme tjipe
ou espèce^ un certain nombre d’individus
qui s’y rattachaient par des caractères com-
muns, mais qui s’en éloignaient par des ca-
ractères particuliers : c’étaient donc des
variétés. Parmi les très-nombreux exemples
qui m’ont frappé, je n’en citerai (pi’un; il
est remarquable, et porte sur le Châtaignier
commun. C’est une variété à branches dres-
sées-fastigiées comme le sont celles du Pn-
puliis fasligiatay vulgairement Peuplier d’I-
talie, ou du Robinier pyramidal {Pxohmia
pyramidütn). J’ai rencontré celte variété
curieuse, dans un bois aux environs de Ver-
sailles il y a environ une dizaine d’anné(‘s;
depuis cette époque j’en multiplie chaijiie
année un certain nondjre de pieds. Elle est
très-vigoureuse et ses feuilles, peut-être un
peu plus étroites (pie celles du type, sont
d’ailleurs semblables pour tout le rest(‘.
Quant aux fruits, ils ne diffèrent pas de
ceux du Châtaignier commun; jusqu’à pré-
sent ceux que j’ai récoltés ont toujours été
mauvais; aussi je ne puis dire si celte va-
riévtô se reproduira par graines.
Quoiqu’il en soit,leCliâlaignier à branches
fastigiées (Caslanea fasligiala) est une
forme très-intéressante et très-jolie, dont je
crois devoir recommander la culture. Planté
isolément, il produit par son port et par son
feuillage un e!-ïet charmant.
Briot.
ANTHURIUM REGAUE.
VAutliuriam rcfialc, Linden (fig. 50),
est une des remaiaïuables nouveautés (pii
ont figuré à la dernière Exposition interna-
lioiiale de Londres; cette espèce rentre
dans la section nommée cordaîa établie par
M. Lemaire, et s’y range â côté des A. leii-
roaninnn, Lindigil et magntftcum\ tous
végétaux de mérite supérieur dans les cul-
tures de serre chaude.
Nous avons vu celle superbe Àroïdée
pour la première fois à Londres, au prin-
temps dernier, dans le lot qui a valu à
M. Linden la médaille d’honneur, et bien
qu’à la première inspection il eût étéhicile
de reconnaître une plante d’avenir, on ne
1 Voir Revue horliroJe, l86o, pn«-p 372. .
pouvait la supposer aussi belle qu’elle l’est
réellement. Au mois d’août dernier, M. Lin-
den envoya son pied mère â l’Exposition du
Pré-Cateiaii. Il avait grandi d’une manière
surprenante depuis le printemps, et c’est
sur ces dimensions nouvelles et plus près
de la taille normale que nous avons pu
compléter notre première description.
C’est à M. Wallis, collecteur de M. Linden,
dans les provinces brésiliennes, que nous
devons l’introduction de cette belle espèce.
Il la rencontra, a-t-il écrit lui-même,
« dans les gorges profandes et obscures qui
sillonnent le versant oriental de la Cordillère
)Ȏruvienne, vers les rives du haut Maranon
(fleuve des Amazones). »
VAatharium regale est une plante
i70
ANTHUHIllM UEGAI.E.
acaiilo, à soiiclio pourvue d’écaillcs embras-
santes brun-roiii^e, acuminées-aicfuës. De
ces écailles sortent les pétioles, liants do
0‘".75, dressés, cylindriques, dilatés-clavi-
formes, d’iin rou^e violacé vineux et ponctui's
de blanc à la base, décroissant et passant an
gris et au vert pfde au sommet. Au sommet,
du pétiole, une arti-
culation cylindri-
que, penebée d’a-
bord de manière à
renverser le limbe de
la feuille et à le main-
tenir presque paral-
lèle à la verticale du
pétiole, se redresse
et porte oblique-
ment, à peu près à
angle aigu, la feuille
adulte qu’il entraîne
avec lui. •
Le limbe, long de
(c’est la plus
longue feuille que
nousayons mesurée),
large de 0‘".^25, est
ovale-oblong, forte-
ment cordiforme,
longuement acuminé
aigu, à pointe allon-
gée, latéralement re-
courbée. Sa surface
est un peu ondulée;
elle est parcourue
pardes nervures sail-
lantes, blanches, sa-
tinées en dessus, toutes insérées sur le
point d’insertion du pétiole et divergentes,
puis se réunissant à la périphérie; en
dessous elles sont d’un rose vineux uni-
forme, surtout dans le jeune âge. La surface
du limbe est primitivement d’un rouge
vineux foncé, passant au marron, au vert
tendre et finalement au vert émeraude satiné
à reflets plus foncés, réticulé plus pâle. Le
dessous est à demi transparent, d’une
nuance moins vive, d’un rose satiné uni-
forme, d’une délicatesse de Ion remarjpia-
ble. On ne saurait rendre, ni par la plume
ni par le pinceau, celte imperceptible gra-
jiulalion (pii miroite comme autant de fa-
celles minuscules et diamantées. La nature
a de ces arrangements merveilleux, de ces
teintes intraduisi-
bles, que l’homme
doit renoncer à
peindre.
Nous n’avons pu
voir encore les Heurs
de cette belle espèce.
Nous considérons
VAnlliiirium rcgale
connue une îles
meilleures inq.or-
tations de ces der-
nières années. C’est
une plante digne de
l’épitliète de royale
que lui a décernée
M. Linden, et dans
Cette riche famille
des Aroïdées qui rem-
plit, depuis quel-
ques années, nos
cultures d’espèces
hors ligne, elle tien,-
dra hautement sa
place.
Elle rentre, com-
me culture, dans la
tribu de ses congé-
nères à longs pétio-
les et à lindje de forme cordée. De la cha-
leur, de l’humidité, pour favoriser le déve-
loppement extérieur des nombreuses racines
qui courent sur la surface du pot, un bon
compost de terre de bruyère riche, ron.ssc,
mélangée de quelques morceaux de char-
hon; des pots fortement drainés, telles sont
les conditions dans lesquelles nous l’avons
vu cultiver avec succès.
Ed. André.
Fig. 5G. — Aiitlmriiim rcgalc.
CLERODËNDRON RbNGEI.
Peu de plantes sont plus méritantes que
celle-ci. Pourtant, quoique introduit de-
puis un certain nombre d’années, c’est à
peine si le Cleroûcndron Bungei est connu.
E’est donc afin non de le réhabiliter (car
il n’en a pas besoin), mais pour le faire
connaître davantage et le recommander
d’une manière spéciale, que nous en avons
fait faire une gravure coloriée. Voici les ca-
ractères qu’il présente :
Plante très-vigoureuse à peine sous-fru-
tescente à Paris, où ses pousses sont chaque
année détruites par le froid, très-traçnnie,
bien que pivotant très-profondément, ’figes |
nombreuses, atteignant jusqu’à de
liauteur, à écorce vert-brunâtre, parsemée
de lenticelles grises, saillantes. Feuilles pé-
tiolées opposées-décussées, dégageant lors-
qu’on les touche une odeur désagréable
qui rappelle celle du Sureau-Yèble, épais-
ses, roides, scabres, largement cordifor-
mes, fortement dentées, d’un vert très-foncé
en dessus, plus pâle en dessous, où les ner-
vures très-saillantes, violettes, portent des
poils étalés, portées sur un pétiole d’environ
K) centimètres, gros, brun, largement ca-
naliculé.
i f’ieui's agréablement odorantes, très-nom-
1
-4
KHMSr - -•' ' ' '< ->>-•■*• M ■-
'*-%ii*^, _. *\-f-'j^’^; »]^ i'V :^ J>.
M _ 'i;, <*• .- .
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fmp ISnote r des Boulangers, IZ, Pans
Kapliohiis rail (lai MS
CLERODENEKON BllNREf.
471
breiises, réunies au sommet des liourgeons
ou liges annuelles où elles constituent des
sortes d’ombelles légèrement bombées qui
atteignent jusqu’à ^0 centimètres de diamè-
tre, (Vuii rose l'oncé vif ou plutôt rouge. Co-
rolle très-longuement tubulée, à tube petit,
presque filiforme, s’élargissant au som-
met et formant une sorte d’étoile à 5 divi-
sions très-étaiées, distantes, étroites, arron-
dies-obtuses au sommet, à bords s’enrou-
lant en dessous. Ktamines d, longuement
saillantes, à filets blancs, entourant un
style à peu près de même longueur (ju’elles.
*^Le ('Jenulctuh'nn Ihiugei est très-llori-
boml, il lleuril (bqniis juillet jusqu’à ce qu’il
gèle, on peut dire, car il développe con-
stamment de nouvelles pousses qui se ter-
minent par une ombelle de fleurs, (’/est une
très-belle et bonne plante, très-propre à
garnir des rocailles ou des fourrés, parce
LK HÂDIS
Dans la salle réservée aux Orchidées et
aux plantes d’introduction récente, à l’Ex-
position internationale d’horticulture de
Londres, on lisait sur une énorme pan-
carte :
P.AT TAIIED r.ADISH
{FUiili!^ (J U eue de ral).
« El, — toujours dans la langue de Shakes-
peare, — ce n’est pas la racine de celte espèce
(pic Ton mange, mais les gousses à graines,
(pii ont la saveur d’un liadis. Ces gousses crois-
sent d'environ trois jioiires dans une seule nuit.
I.a plante entière atteint trois ou quatre pieds
de hauteur. Elle réussit admirablement en plein
air, dans notre pays.
Le Radis à queue des Anglais, que nous
nommerons plus euplioniquement Radis
serpent, est connu depuis longtemps des
botanistes sous le nom de Raphanus cau-
dalus. C’est une plante décrite par Linné
lils et même figurée dans le premier fasci-
cule des Plantes rares du jardin d’Upsal,
{Plantanm rariarum horli Upsalicnsis
fasciculus primas). Elle est originaire de
Java, où elle porte le nom de Mougri. Dans
ces contrées, ses siiiques sont, en elfet,
mangées crues ou confites par les Java-
nais.
M. AYilliamBull a donc mis en vente une
plante déjà connue, au moins par sa des-
cription et ses usages. Nous ajouterons
qu’elle n’est pas nouvelle en Angleterre.
Ln amateur anglais, ^J. AVilliam Masters,
de Canterbury, raconte que, dans son en--
fance, on cultivait celte espèce dans le
Royaume-Uni sous le nom de Radis en ar-
bre de Java. Elle fut, selon lui, introduite
en Angleterre en 1815 ou 18 IC, dans la
période de repos qui succéda aux longues
guerres de ces époques, et depuis, elle dis-
parut peu à peu des collections.
qu’alors la propriété Iracanle qui esl parfois
un mal est nubien; ib* plus, il pi'éseiile l’a-
vantage de pousser (d, de lleiinr à l’ombre.
.Sa culture est des plus faciles, imis([u’il n’en
réclame aucune en (piel([ue sorle; ceptm-
dant, ([iioi ([u’en disent certaimxs pt'csonnes,
il aime l’huinidilé, et s’il suppui le la grande
sécheresse, ce n’est pas sans eu suulViir, car
ses feuilles restent petites, se fanent et
tombent, et les liges, alors Irès-m ligres, ne
lleurissenl même pas.
Celte plante n’est pas préciséimml rus-
li([ue; àUaris, elle gèle à peu près Ions les
hivers, mais comme ses racines >’tîiifüiicent
très-profondément cl ([u’elles ont an pins
haut degré la propriélé d’émciire (h‘s bour-
geons, elles repoussent Ions les pi-iiihnnps.
Quant à sa multiplication, on ii'a |>as à s’(mi
occuper; elle se fait d’elle-même.
E. A. EAi'.raèuE.
SERPENT.
Dans ces dernières années, le Radis ser-
pent était tout à fait perdu ou ignoré. Un
instant, M. Courlois-Cérard, lurticulteur
distingué de Paris, crut l’avoir rencontré en
Pxosse. Il se promenait, un beau jour de
l’année 1858, dans le jardin bolaiiique
d’Edimbourg, en compagnie du directeur,
M. Mac Nab. Une forme étrange de plante
légumière le frappa; c’était un Radis à lon-
gues siiiques ([u’il n’avait jamais vu. « G’esl
le Raphanus caudatus , lui dit M. Mac Nab,
je l’ai reçu dernièrement de Madras, et j’en
liens volontiers des graines à voire disposi-
tion. »
Peu après son retour à Paiis , M. Gour-
tois-Gérard mettait la plante en vente sons
le nom de « Radis de Madras » ou de R.
caudatus. Elle fut chaudement recomman-
dée; la Revue horiicoleen donna une figure
en 1859, et M. Duchartre publia sur elle,
dans le Bulletin de la Sociélê impériale et
centrale d'Iiorliculture^ une note où il dé-
montrait clairement qu’on avait allaire la a
tout autre chose qu’au R. caudatus de Lin-
né fils.
Cependant M. Gourtois-Gérard persista à
conserver à sa plante le nom inimitif que
lui avait attribué, par erreur, M. Mac Nab.
Au mois de mai dernier, il vit à Londres, avec
nous, le Radis deM.AV. Bull, et an imtour il
persista à croire que sa plante Ini était iden-
tique, en se fondant sur ce (pie les échan-
tillons de M. Bull avaient une tige simple
(( parce qu’ils avaient été élevés en serre. »
Nous avons semé un paipiet de celle
graine que nous a obligeamment commu-
niqué M. Gourtois-Gérard. Nous avons es-
sayé les plantes ({ni en sont issues soit en
serre, soit en plein air; dans rnn et l’autre
cas, elles nous ont donné tout anire chose
M< RADIS
que la plnDle de LfwidroF. C’élail lum le
Iladis de Madras, dessiné dans la Rcuio de
J avec scs liges Irès-rameuses el ses
siliijues dressées^ ne dépassant [as qninze
cenlimèlres environ. En un mol, soit par ses
rai artères, soit par sa grosse racine napi-
loin.e, creuse, blanclie, soit par ses grandes
iénilles un peu poilues et moins découpées,
le Radis de Madras s’est révélé à nous comme
une simple variélé de Rvadis cultivé.
Le Ruphanus cavdaîvs, au conlraire, se
distingue par son port dressé, peu rameux,
atteignant environ quatre-vingts centimètres
de liauteur (nous parlons du moins des spé-
cimens qui ont servi à cette description).
J a racine est annuelle, i)eii développée,
fusiforme.
l.a tige, qui est d’abord dressée, puis
couchée, au dire de Linné tils, était sou-
tenue, sur les plantes de Londres, [>ar de
légers tuteurs; elle est arrondie, striée,
glabre, relativement grêle, c’est-à-dire ne
dépassant j as la grosseur d’une plume d’oie.
Elle portait des feuilles alternes, étalées,
péliolées, les inférieures lobées-lyrées, à
lobes arrondis, celles de la tige et du som-
met surtout lancéolées-aiguës, grossière-
ment lobées-dentées, scrrulées, glabres,
veinées, décurrentes en un pétiole court,
creusé en gouttière.
L’inllorescence, formant un petit corymbe
terminal qui devient une grappe en s’allon-
geant, portait des fleurs à calyce dressé,
comprimé, glabre, purpurescent à la base,
à sépales allongés, entiers, très-obtus, ca-
naliculés, deux opposés gibbeux à la base,
l a corolle, à quatre pétales en croix, avec
onglet^ un peu plus court que le calyce,
s'éialait en limbe plan, obscordé, oblus,
enliers, blanc veiné de pourpre. Les éta-
mines, plus courtes que les oiiglels, avaient
deux de leui-s filets o}>posés filiformes,
(bxssés, blancs, plus courts encore que les
auties. Le stigmate capité, jaune, sessile,
surmontait un ovaire linéaire, courbe,
glabre.
Les fruits alternes, insérés sur plus d’un
tiers de la partie supérieuie de la plante,
longs de 0"‘.00 à G"'. 1)0, de G»>.0i5 de dia-
mètre au sommet, ofliaient l’aspect de ser-
pents tordus, ou des jeunes fruits du Tri-
cliosantbe couleuvre {Trichosanihes colu-
hrwd). Le caractère saillant indiqué par
Linné fils (( plus longs que la plante tout
entière » {(ofâ ])lantâ loiigioribtis), se repro-
duisait parfaitement ici. Leur forme était
cylindrique, tourmentée, un peu renflée
en articles inégaux aux endroits où se trou-
vaient des graines fertiles. Ils allaient peu à
peu s’pincissant jusqu’à finir, à leur ex-
tiamiite, en pointe allongée comme une
queue de rat (d’où leur nom anglais). D’a-
boid colorés en rouge violacé ou vineux à
la partie supérieure, surtout du ecMé du so-
SF.nPRNT.
leil, cette teinte allait successivement se
fondre dans une nuance vei t tendre iden-
ti(iue avec la tonalité générale de la plante;
elle ne reparaissait que çà ,et là, en stries
inégales, soit sur diverses parties de la si-
lique, Soit au collet de la racine, soit même
a la base des pétioles ou des [lédicelles. En
anneau rouge foncé entourait la base du
fruit à son insertion sur le pédicelle renflé.
Des loges en nombre indéterminé, trans-
versalement cloisonnées par une membrane
blanche, contenaient chacune une graine
oblongue, glabre, rouge brique, de la forme
environ et de la grosseur des graines de
nos radis cultivés.
Nous avons dit que le principal mérite
de la plante, en dehors de sa fructification
bizarre, résidait dans l’usage de ses longues
siliques herbacées. On peut, cela est vrai,
les manger crues coupées par morceaux, en
guise de hors-d’œuvre et de condiment, à
l’instar de nos radis roses, dont elles ont la
saveur et le piquant.
A Java, le Mougri est une préparation de
ces mêmes siliques, confises probablement
dans le vinaigre. Nous avons également en-
tendu dire qu’en Angleterre, il y a cinquante
ans, alors que l’on cultivait celte nouvelle
plante, on en relirait le jus par la pression,
et que c’était une sauce excellente {very
palatable juice). A cette époque même, on
avait rencontré dans les semis du Radis de
Java des variétés dont les racines prenaient
un peu la forme de la variété de Navels
nommée Tanlard, avec une teinte rouge au
collet, blanc pur au-dessous; d’autres à ra-
cines tout à fait irrégulières dans leur forme,
souvent ovoïdes, à saveur voisine d’un Navet
plus que d’un Radis, tout au plus bonne à
ajouter à la salade.
D’où venaient ces ‘variations si rapides?
Les plantes introduites n’avaient-elles pas
joué avec des congénères la première année
même de leur lloraison? Qu’aurions-nous
maintenant dans nos cultures, si ces plantes
ne s’étaient pas perdues et si on avait j)u
les mélanger à nos autres variétés anciennes
de Radis? Il n’est pas permis de rienconjec-
turer là-dessus.
Nous disons anciennes, car, en vérité,
peu de légumes remontent plus haut que
les Radis cultivés. Les Grecs, au dire de
Théophraste, Dioscoride et Galien, les te-
naient en haute estime, tellement que les
adorateurs d’Appolon lui faisaient des of-
frandes de Radis dans des plats d’or. Pour
les Navels, c’était assez d’un vase de plomb,
et les Betteraves seules se présentaient sur
des plats d’argent. Même il paraît que la
supériorité de culture des anciens sur nos
procédés modernes était considérable, si
l’on en croit Tragus, qui parle de Radis de
40 livres, Amalus de 00, et Matbiole de 10(1
livres chaque, Une pareille racine suftirail
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HcviAC Horiic<yle
F. Yerna PimF
hnp Zanote r. des Boulangers ,15 Pans
ClerodendruiTi
Bunuel
M-: l'.AniS i'KI’.l'KiNT.
(le linrs-(r(«'iivro à toiile une armpe. Open-
(laiil il est permis Je croire ipie nos gour-
mets, — si ces dimensions sont possilJes,
ce qui est au moins douteux, — prélère-
raient au moins une douzaine de nos fladis
pesant quelques grammes [lièce, à une
tranche de ces racines-mouslrcs.
Gérarde, (|ui ilécrivait les espèces de Ra-
dis cultivés au temps de la reine Elisabeth,
en mentionne 4 espèces, dont la première
est probablement la souche de nos petits
Radis fusiformes. La seconde, qu’il appelle
le pciit lUidis dm jurdins , paraît être
l’origine de nos petits Navets blancs de
Meaux, de Ereneuse, etc. La troisième est
une espèce de grosse racine comme notre
Chou-Navet, sans équivalent aujourd’hui, et
le quatrième enlin pourrait bien être le Ra-
dis noir d’Espagne.
A OÜOI SONT Dl]
Cette question, comme toutes ceRes qui
touchent à l’essence, c’est-à-dire au prin-
cipe des choses, si elle n’est pas insoluble,
est du moins de celles qu’on ne peut
résoudre que relativement, ou, plutôt,
hypothétiquement. Toutefois, comme l’im-
portant ici est la constatation d’un fait
(pd est indépendant de la solution absolue
de la question, concernant la cause des
odeurs, et que, d’ailleurs celle-ci n’est
que secondaire, nous allons supposer
(pi’elle est due à un groupement particu-
lier des molécules, fait, du reste, que l’ob-
servation semble démontrer comme vrai.
Cette digression, en apparence étrangère
au sujet que npus allons traiter, nous a
parue au contraire nécessaire; c’est une
sorte d’avant-propos qui facilitera son ex-
plication.
Les cultivateurs d’Orcliidées connaissent
une petite espèce (VOncidiu)ii, VOncidinm
ornilhonjncinun. Cette espèce, excessive-
ment tloribonde et très-ornementale, pro-
duit un bel effet par ses myriades de peti-
tes fleurs violettes ou roses lie de vin,
un peu tiquetées, disposées en panicules
d’une extrême légèreté. Malheureusement
ses fleurs répandent une odeur forte, telle-
I.E CONGRÈS POMOLOGIQUE ET L
J’ai avancé que le Congrès ne saurait ar-
river à reconnaître, par conséquent, à dé-
nommer et à décrire, avec certitude, les
variétés de certaines espèces, s’il n’étudiait
pas directement ces mêmes variétés pen-
dant l’époque de leur maturité.
Pour prouver cette assertion, il serait trop
long de passer en revue toutes les espèces
< Voir Rev. hori-, 1860, pngo m.
.^7 T
Tout cela est fort éloigné du liaphauus
caaihihis, (pii nous paraît une plante bien
distincte, avec de giaudes chances pour être
une bonne espèce, botaniipiement parlant.
Nous ne préconisons pas la plante comme
un légume de pi’omier ordre, mais telle
(pi’elle est, c’est un ap[)oinl au }»olager (pi’il
ne faut [las dédaigner.
Le Radis seiqient ne détrônera pas nos
Radis ronds à un sou la holle, mais son uti-
lité, jointe à sa bizarrerie de forme et à sa
facile culture, lui ouviiront d’autaut mieux
l’accès du jardin (jue le prix de 1 * ‘iô la
graine, qui a permis à M. Rull de réaliser
un joli bénéfice, sera bientôt descendu à
50 centimes le pa(paet.
Ed. An due.
ES LES ODEURS?
ment désagréable que lorsqu’on entre dans
une serre où il y en a un [ded en fleurs on
est tenté de reculer.
En prenant pour titre de cet article : « A
quoi sont dues les odeurs, » nous voulions
surtout appeler l’attention sur une variété (?)
de cette même plante dont les fleurs, au
contraire, répandent une odeur suave des
plus agréables. En écrivant ci dessus le niid
variété, nous avons du mettre un point de
doute, par cette raison que nous doutons
que ce soit là une variété. Nous ne préten-
dons pas dire non plus ([ue les deux plantes
soient les mêmes, nous voulons seulement
faire remarquer (pi’ellcs sont tellement
semblables qu’on ne peut gu(‘re les distin-
guer que lorsqu’elles sont en fleurs, aux
odeurs si diverses qu’elles répandent.
Au point de vue commercial, c’est drme
une question de bonne foi; car rien n est
plus facile que de vendre l’une pour l’autre.
Aussi, ceux qui connaissent cette particula-
rité, lorsqu’ils achètent VOuciditnn orui-
thoryurkum, ont toujours soin de dire au
marchand : « Surtout ne nous donnez pas
celle qui seul mauvais — pour ne pas dire
autre chose. ^
E.-Â. CAr.mÈP.E.
■s TRAVAILLEURS HORTICOLES ‘
de fruits ; je m’en tiendrai aux Cerises, en
avouant toutefois que cette espèce est celle
qui offre le plus de difficultés, soit parce
que la culture des diverses variétés est sui-
lout locale ; soit parc() que l’élude de ce
genre a été Irès-négligée.
" Pendant qu’en Angleterre, pendant qu en
Allemagne surtout, des éludes récentes et
des traités estimés ont mis eu relief le Ceri-
i74
LE C()N(;RÉS PüMOLOEIOUI-: et les tlavailleiiis
nnimcoLKS.
sier et ses variétés, nous en sommes restés
en France, aux travaux de Duhamel et de
le Berryais. Il résulte de cet ahafulon une
synonymie ou |)lulùt une dénomination tel-
lement contradictoire, une confusion (elle-
ment eni-ayante, que, à moins d’avoii’ clier-
clié soi-méme à débrouiller ce chaos, il est
impossible de s’en former une idée.
_ Ainsi, il n’est pas une Cerise jiroprement
dite qui n’ait reçu, cpielque part, le nom
d' Anglaise ou de Monlmoreiin/ \ souvent
même, suivant les localités, les deux noms
sont attribués à une même variété; on di-
rait (jue ces deux dénominations disjiensent
de tontes les autres!
•le dois ajouter cependant que, dans le
midi de la T rance, tonies les Cerises propre-
ment dites, c’est-à-dire à fruits ronds, et à
suc plus ou moins acidulé, sont englobées
sous le terme géiiéricpie de Griottes '.
Quand donc je trouve dans le catalogue
général de tous les fruits adoptés i)ar le
(mngrès pomologique de Fratice, la Cerise
de Montmorencij, je me demande laquelle?
Je ne mels j)as en donle (pie, lorsipie
cette variété, ou mieux ce nom a été mis
aux voix, il n’ait réuni tous les suliVages; il
est entendu que la Cerise de Montmorency
doit être un excellent fruit; mais je suis
certain aussi que, si chaque votant eut pu
produire le fruit qu’il av.iit en vue, il serait
ressorti de cette exhihilion une très-respec-
table collection de variétés de Cerises.
En delmrs des Iruits faussement dénom-
mes, il existe réellement plusieurs variétés
de Montmorency; je connais une Cerise de
Montmorennj à coinie -qaeae ((pii n’est pas
le Gros Gobet); une Cerise de Montmorency
à tonc/ue queue; une Cerise intermédiaire
dite Montnuirency ordinaire, qui mûrit vers
le milieu de juin, et non en juillet.
_ Le catalogue fait suivre le nom de Ce-
rise de Montmorency de la notice suivante :
« (espèce ancienne). Ce fruit, gros, rouge
foncé, doué d’un acide fin, prononcé, très-
bon, mûrit en juillet; l’arbre, très-fertile,
s’élève sous toutes formes. »
Ces renseignements ne sont pas compro-
mettants ; mais lorsqu’il s’agira d’arriver à
une description sérieuse, il faudra bien
alors sortir de ce vague, et il ne sera pos-
sible de spécilier positivement ce que l’on
entend par Cerise de Montmorency qu’a-
près avoir étudié et comparé les fruits et
même les arbres.
J’en (lirai autant pour les Cerises anglai-
ses ; j’ai reçu sous ce nom plus de vingt va-
ri('les ti'ès-ilistinctes ; et une demi-douz liiie
au moins sous le nom .‘^pécitiipie de An-
glaise liâlire; vir, h‘ cilalogne, du (ànigrès
fait Anglaise liâlire, Duc dé Mai (May-l)iike
des Anglais), synonymes de noyale tiàiice.
Je demamh'rai encore : (pielle ('sl cclli'
Loyale hâtive? ’
•le connais une (mrise qui mûrit lin (!•■
mai ou commencement do juin; les Ani;l;iis
la nomment Duc de Mai, nous l’aiipeldiis
communément en Krancc Anqtaise fiàlirr-
un des caractères saillants de 'celle variété’
est d’arriver à la cipilenr noire, à l’iexlr'ètné
iLatuiité. Je connais encore une autre (b;-
lise (pli mûrit ilix a r[uinzo j(jurs après la
première; les Anglais la mnnmeiit Doqul
Duke; en France elle est généralement con-
nue sous le nom de lioyale tiâlire - ell(>
passe du rouge vif au ronge foncé, mais
sans jamais arriver au noir; ces denx
fruils constituent deux variétés de premier
mérite, (pi’il est impossible de confondr.'.
Quelle est la variété (pi’indiqiie le catalo-
gue du Congrès? ou pliilût le cataloen.'
ne commet-il pas une erreur manifeste' en
laisant Duc de Mai, Anglaise hâtive et Boyali’
hâtive synonvmes? Boberl Iloi^g va réiiuii-
dre: "" ‘
i( May grosse, airomlie, inclina:!l à
1 aplatissement ; peau d’abord d’un beau
longe, [uiis devenant d un njiige lonc(‘, puis
pres(pie complètement noire. Maturité coin-
menecment de juillet (en Angleterre).
(.( hoyat Duke, grosse, aplatie et d’nne p»-
lie forme; peau d’un beau rouge brillant,
mais ne devenant jamais noire' Comnie la'
May Duke. Maturité mi-juillet.))
Limore une fois, ces erreurs ne ponri'ont
être évitées qu’en étudiant l’arbre et h‘
fruit.
D ne s’agit encore que des fruits ancimis;
voyons si les fruits nouveaux sont mieux
dénommés.
Le catalogue place Belle d'Orléans parmi
les Cerises proprement dites, avec celle
note (attribuée à Divers) : « Ce fruit, gros,
rouge foncé, très-bon, mûrit en juillet;
l’arbre, très-fertile, se prêle à toutes for-
mes. ))
Pour moi la Belle d'Orléans estime belle
et bonne Guigne, à fond jaunâtre, ambrée
et panachée de rouge, à chair blanche et
à jus incolore, mûrissant dès la fin de mai.
Je puis encore m’appuyer de l’autorité de
Piobert Hogg, qui place celte variété dans
sa deuxième classe : Cerises douces en
forme de (aeur, à couleur pâle et à jus non
colorant. En outre, la Bevue horticole, nu-
méro du iOjuin l<S()i-, page 238, constate
daiis le compte-rendu de la séance du 1) juin
1804 de la Société centrale d’horliciillure,
que M. Jamin a présenté à la Société des
Cei'iscs Belle d'Orléans; qu’il a été re-
comin, (ju’il_ serait bon de l'épamlre colle
variété en raison de sa (p.ialilé et de sa pré-
cocité; (pi’elle a beaucoup d’an.dogie avec
le Bigm-reaii pai' la couleurc't la forim* du
fruit, ainsi (pie par le bois (d, le feiiillagv de
l’arbre; mais (pi’elle en dilJei'e compiéhoneiil
par sa chair fondantiï à jus blanc (U siici'é.
•le me dispense (h‘ liri'C h*s comdtisions.
475
LE CONGRÈS POMOLOGIQCE ET LES TRAVAILLEURS HORTICOLES.
et je passe à la Ikichesse de Palhuni] voici
ce que le catalogue dit de cette Cerise :
(Docteur Bretouueau obtenteur). Ce fruit,
gros, rouge, Irès-bou, uiiirit tiu mai et
coruuieucemeiit juin ; l’arbre viguiireux et
très-fertile, peut s’élever sous toutes for-
mes. »
Je dois faire observer que le Congrès u’est
pas le seul àrecouualtre la 7)Hc/ic.s\sc (/c Pal-
liiaa ; en Angleterre, Robert Ilogg la dé-
crit, ainsi que Oberdieck en Allemagne; tous
les catalogues la mentionnent; Tubtciiteur est
désigné, 'le docteur Bretonneau; d’autres
vont plus loin encore; ils tixeiil la date
du premier produit, 185:2; si donc j’a-
vance que la Duchesse de lyiluau n
pas, au moins comme variété distincte, je
vais m’attirer une grosse atfaire sur les bras,
et me voilà tenu de fournir des preuves pal-
pables, irrécusables; essayons.
11 y a quelques années je voyais fructifier
pour la première fois une variété que j’avais
reçue sous le nom de Duchesse de Palluu u ; le
fruit était beau, la qualité bonne, le coloris
superbe, la maturité arrivât tout au com-
mencement dejuin. Je fus d’abord enebanté,
mais ma joie fut de courte durée; je
cueillais en même temps les Iruits d’un
autre Cerisier que M. Jaccpiemct-Bonnclomi
m’avait envoyé, vingt ans auparavant, sous le
nom do Précoce Lemercier, et il me (ut im-
possible d’oliscrver la moindre dilb'rcnce
entre les fruits de mes deux arbres, qui
olfraient du reste le même port et la même
végétation. L’année suivante, même examen,
même résultat
Ma conclusion fut que je ne possédais pas
]ii\vi\\(iDuchessede PaUuau-, pour roblenir,
je m’adressai le même jour à quatre de nos
principaux pépiniéristes.
Deux ans plus tard, j’avais du fruit sur
mes quatrearbres; je reconnaissais effective-
ment deux variétés distinctes; le fruit de
deux de mes jeunes arbres se rapportait
parfaitement à ma première Duchesse de
Pulluau ou plutôt à ma Précoce Lemercier;
celui des deux antres était dilférent et mû-
rissait (luebjucs jours plus lard.
Je croyais donc être en possession de la
ri-uie Duchesse de l^ulluuu, (piand je décou-
vris (pie les fruits de cette nouvelle variétc;
se confondaient avec ceux de la lioyule hû-
tire (Royal Duke des Anglais) dont je viens
de parler.
L’année suivante je ne me contentai jilus
de mes Cerises, je (piêtai jiartout des Du-
chesses de Balluau, espérant toujours trou-
ver un origimd; vain es[)oir! je ne recueillis
(|ue des co[)ies soit de ma Précoce Leuicr-
cier, soit de la Pioyule hûiive.
IN'e sachant plus à (piel saint me vouer,
je. pris le pai ti de lamionter directement à
rorigiiie de la variété; je transcris un pas-
sage'de la lettre (pi’a bien voulu m’adi'cs-
ser Bretonneau : « .... J’ai conseivé la
propriété de l’alluau, et je puis, Monsitmr,
vous renseigner sur le nom et la qualité (b;
la i)rétendue Duchesse de PaUuau. Mon mai i
ne r.i jamais possédée et celle qu’on lui a
fait goûter sons ce nom était une uucieuue
Cerise rebaplisée, mais non pas, je crois,
la Royal Duke »
l’.t voici comment l’on écrit l’Iiisloireî
Je suis fondé, je pense, à dire (|ue le Con-
grès n’arrivera pas à dénommer et à dc-
crire exactement les variétés des diveises
espèces de fruits et notamment des Cerises,
s’il n’est à même d’étudier et de comparer
les variétés entre elles.
Je crois ])ouvoir conclure aussi que ;
(( Détruire la Label de l’hurticullure, éta-
blir pour chaque espèce une nomenclature,
un catalogue général, un seul langage (pd
deviendra le dictionnaire de la pomologic ; »
n’est pas une œuvre aussi facile, même
pour un congrès, ([ue M. Réveil a pu le
croire. Les forces vives de tous, reeUemcul
de tous, ne sont pas tro]) pour atteindre un
but si (lésiré.
Paul de .AÎorcnu.i.T.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
A
Aii’oles (l.bitii du. Poiic Am 'lie I.imCcic, 71.
— Sur iiucliiiics IVuils nouveuiix, ::iC)S.
André — In coniljusl ihle écoMOiniiinc, 10. — Pc-
1. ti i;'(»n i II III Gloii'c de Gorbeny, Oi. — (kiiiiid Pé-
luiîe lli'non, 150. — Eliquellcs de jardins, 108.-—
lApnsii ion liorlicule inlernaiionale de Londres, '233,
2. )(), -27 3 — l'nieliüealion des Ancnlias, 280. —
iiirnsii — Dicliorisandra niKSdicdi 320.
— ihir'cija Yedotnsis, 3(30. — EN|»osilion Ue lu
Socielir liorlicole, vi^'iicroiine cl |■o|■cslièl■e de
Trnyes, 377. — Nonveanx délails sur la 1 ndorin
ni'(lia, V(!5. — Aiilhiirhiiii Srlio^eriinnnii, i30.—
Pciargoninin Eieonurc Pelil, 437, 4G0. — Radis
sei'pi'iit, 47 I .
M
Ballet. — Fruits nunveanx on peu connus, 45G.
Baron. Un oubli à reparci’, 320.
Barrai (U ) — Rililiograpbie horlieole ; le IwH
Jdrdhiiei' pour 18GG; — Cnlliirc de IDpiinii itidi
(irne, par AI. Odepli, o5. — Biblio-rapbic liorti-
■(•nle; Arlxd'iciiilnie friiiliere; le IdUmjer moderne,
p,ii- Al Ures-enl; — Les jlinirs de pleine /e/re, par
Ai.Al, \ ilinorin-.\ndricnx, 87.
Barrai (.1. A.) — Uhroidipies liorlicole, 5, 21, 3 1,
(',!, 81, lui, 121, 141, IGl, 1 SI, 201, 221. — Le
Uoloiinier lu'ibacé, 131.
Berthold Seeman. — I.elire circulaire du Uo-
niité exécntil de l’Exposition inlernulionalc de
Roiidres, 7.
Billiard. — Liste de (luelnucs espèces de Spirées
les plus i»roprcs à l’orneinentation, 333.
Blanchard. — Un Yucc i ^luriosu gigunlcsque,
450.
Bleu. — Caladium Barrai, 32.
I Boishunel. -- Pnii e Alélmie iMirbelin, 51.
‘ Boncenne. — Epoque laxoïable pour le boulu-
476
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
rag'c de fiuclriues plantes de serre, 124, 147. —
Exposition horticole de Nantes, 207.
Bossin. — Emploi des adjectifs latins dans la dé-
ncininalion des plantes potagères, 35. — La Lai-
tue Bossin, 93. — Sur la valeur culinaire de trois
plantes potagères chinoises, 417.
Bourgeois. — Le hérisson et les vers blancs,
468.
Bourges (Ernest). ~ Bibliographie horticole. —
Les bonnes Fraises, par M. Gloëde, 128.
Bouscasse. — Sur l’origine du pincement court
applique aux arbres fruitiers, 14. — De l’ancienne
et de la nouvelle conduite des arbres fruitiers,
27. — Une troisième propriété du pincement, 45.
Briot. — Daphné Japonica, 252. — Une nouveauté
japonaise, 292.— Spirea aquilegi folia Vanlîoullei,
269. — Fagus Caroliniana, 306. — Magnolia
Lenne, 370. — Dhodotgpus Kerrioides, 469.
Brou (L’abbé). — Bouturage de l’OEillet, 353. —
Quelques mots sur le Coronilla glauca et sur le
Phlomis Leonurns, 426.
Buchetet. — La Poire Passe-Crassane, 130. —
La Poire Docteur-Pigeaux, 172. — Le Congrès j>o-
niologique de France, 195, 228.
€
Carbou. — Culture du Cardon, 132. — Un nou-
veau raidisseur, 150. — Quelques observations sur
la mise à fruits du Poirier, 285. — Culture et
garnitures successives des jardins jiotagers, 432.
Carrière. — Arbre gènéalogi(iue du groupe Pô-^
cher, 12, 32. — Philadelphns Keleleerii, 44. —
Arbre généalogique du groupe Pêcher, 71. — Les
Auenbas, 88. — Sur les Lonicera chinensis et di-
versifolia, 99. — Abies Nnmidica, 106. — Arbre
généalogique du groupe Pécher, 125. — Sur
quehiues plantes inédites ou rares, 133. — ■ //r.c
agnifolinni Madame Briot, 137. — Arbre généa-
logi([uc du groupe Pécher, 153, 166. — Sur VAi-
lanthus jlavescens, 185. — Pécher Ilealli Clings-
tone, 211. — Arbre généalogi(iue du groupe Pé-
cher, 213. — Encore le Dioseorea Deeaisneana,
229. — Fructitication du Libocedrus Doniana, 230.
— Chronicjues horticoles, 241, 261, 281, 301, 321
341, 361, 381, 401, 421, 441, 461. — Cnpressus
cornu la, 250. — Microcaclmjs ielragona, 269. —
Pandanus jlagel liformis,^! i . — Exposition dePioses
à Brie-Comte-Robert, 286, — De la valeur des brac-
tées dans les cônes des végétaux conifères, 307. —
Exception à la règle relativement à la germination
des graines de Q7c(///S(7n‘«, 328. — Phénomène de
végétation produit par le Stangeria paradoxa, 3'M).
— Plantes nouvelles, rares ou peu connues, 336.
—Eulada Ilulei polgmorpba,^ho. — Des arrose-
ments, 356. — Des plantes à feuilles persistantes,
367. — Cerasus Sieboldtii, 371. — Plantes nou-
velles, rares ou peu connues, 379. — Pécher Gus-
tave Thuret, 391. — Quelques Eulacta de la Nou-
velle-Calédonie, 392. — Plantes nouvelles, rares
ou [eu connues, 400. — Une variété spéciéisée,
408. — (Ignerimu purpureum, 419. — Plantes nou-
velles, rares ou peu connues, 420. — Une nou-
velle difficulté de définir fesiièce, 425. — llgdran-
gea Japonica rosalba, 432. — Usez, mais n’abusez
pas, 433. — Deux faits lrès-remar([uablcs de di-
morphisme, 440, 449, 454, 457, 460, 470, 473.
Céris (de). — Transplantation d’un Cèdre de trente
ans, à Toulouse, 409.
Chabert. — Lettre de M. Chabert sur les pertes
faites par la Société d’horticulture de la Moselle, 6.
Charton. — De l’utilité de tenir note de l’origine
des variétés horticoles, 408.
Clémenceau. — Deux plantes à semer en sep-
tembre, 347. — Emploi de la lie de vin en hor-
ticulture, 360. — Les Glaïeuls nouveaux de 1866,
378. — A ])ropos d’un nouvel Epinard d’Australie,
444. — Pliiladelphus verrucosus senipcrcirens, 459.
Cohingh. — De la Cloque, 314.
i>
D’Auvers.— Deux nuu\ elles \aiictés d(‘ Glaïeuls,
8.
ueiaville.
i>ouveau traitement des lambour-
des sur les arbres à fruits à pépins, 89.
~ . ‘^•cs arbres fruitiers, 165.—
Culture du Medinilla magnifica, 270. — Moyen de
détruire l’acarus des Orchidées, 334. — Gulture
des rosiers taillés à long bois, 365. — Taille au-
tomnale des rameaux de i)rolongement, 427. 447.
Desportes (Baptiste). — Spiræa Huwesmna ro-
mri/a, 296. — Malus floribmida, Sieboldt, 312. —
ructilîcation a Angers du Néllier ou Ribacicr du
Japon, 335.
Desportes (Henri). - De la germination des
noyaux, 293.
Deydier.— Multiplication du Bignonia du Can, 59.
Doumet. — Le Pachira {Carolinea) à Heurs
blanches, 208.— Sur les 25 variétés de Fraisiers
adoptées par la Société centrale d’horticulture,
, V Exposition de la Société d’horticulture et
de botanique de l’Hérault, 366.
Dumas. — Culture de la Tomate, 388. — Courge
musquée, 425. — Taille précoce des arbres frui-
tiers, 468.
Durupt. — Deux variétés de Cerises, 412.
E
Ermens. — Multiplication du Cuperus papurus
par le semis, 387.
Ferlet. — Revues commerciales horticoles, 19,
39, 60, 80, 100, 119, 139, 159, 180, 200, 220,
239. — Sécateur pour Églantiers et ébrancheur
à crémaillère, 9. — Les Catalogues horticoles en
1866, 15. — Séances de la Société centrale d’hor-
ticulture, 38. — Les Catalogues horticoles en
1866, 52. — Séances de la Société centrale d’hor-
ticulture, 58. ■ — Framboise Belle de Fontenay, 91.
— Séances de la Société centrale d’horticuiture,
94. — Rose Triomphe de Rouen, 110. — Séances
de la Société centrale d’horticulture, 116. — La
Cloche de Monter, 130. — Séances de la Société
centrale d’horticulture, 136, 155, 178, 197. —
Saccbarum (Egypliacuni, 187. — Séances de la
Société centrale d’horticulture, 236.
<f-
Gagnaire. — Weigelia liorlensis nivea, 248.
Giraud. — De la culture du Néllier du Japon à
Marseille, 389.
Glœde. — Trois Fraises nouvelles, 9. — Les vingt-
cinq Fraisiers de la commission de culture pota-
gère de la Société centrale d’horticulture, 175.
Gressent. — Uu nouveau mastic à gretfer, 188.
Grin. — Sur le pincement des arbres" fruitiers, 49.
Grœnland. — Revue des publications horticoles
de l’étranger, 18, 56,79, 117. — Sorcopodium
uni/lnrum, — Abies Nordrnanniana, 172. —
Revue des itutdications horticoles de l’étranger,
185. — Pdiododendron Ilodgsoni, 191. — Revue
(les publications horticoles de l’étranger, 237,
253, 294, 312, 416, 433.
Guillier. — Acacia loplmnla ou Mimosa dista-
cliija, 69. — Sur l’acclimatation (les végétaux, 1 38,
231.
If
Haage et Schmidt. — Sanvitalia couché à
lleui’s pleines, 70.
Helye. — Des arrosements, 356. — Arabis arc-
îiosa, 398.
J
Jamin. — Une plante d’ornement trop délaissée,
336. — Du Mûrier noir au point de vue spécifi-
que, 405.
Jean-Claude. — Trilonia avaria, 352. — Sur le
Vinca rosea, 368.
Joannon. — Culture à air libre du Xelumbium
speciosum et de quelques Xgmphœa exoticpies
dans le centre de la France, 247.
14
Kolb. — Hibiscus specinsus, 230. — llesiuanlh>L-~
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
477
natana, 327. — Philippc-Eranrois de Sieboldt,
4i8, 464.
Bi
Lachaume, — Pomme Grelot, 31. Du tigre,
1 1 4
Laliave. — Sur les maladies des fruits, 137.
Lambertye (,1c). - Bir.Mor.uAPniK iiouticou:. -
Taille cl. culltire de la V/f/HC, par M. Laujoulet,
l'jl — Encore le Solanurn \\ arsceiviczti, 46i).
Lauioulet. — Gullurc de la Vigne sans taille ni
façon, 67. — Culture de la Vigne sans taille,
i/o.
Lebas — Plantes nouvelles, rares ou peu coii-
nucs, 299. — Une vieille iilaiite propre à lornier
<le t eaux gazons, 303. — Deux mots sur le ham-
Inmi Forhinei varieijala, ^ Keimedia h-ed-
wodiU 332. — Alnufi harhala, 360. — _ Moyen
d’obtenir deux belles lloraisons des Rosiers re-
montants, 383. — Alfaiblisseiuent, puis dispari-
tion des types, 420. — Plantes nouvelles, rares ou
]»eii connues, i38, — Ahiu^ ^ubcovdiiUi et Ahius
Vilmoreana, 446. • • ,
Lebeuf. — Les 23 Fraisiers de la commission de
culture potagère de la Société centrale dhoiti-
cullure, 112, 216. ,
Lecoq. — Sur les Pelar(jomuin zonale a Heurs
doubles et semi-doubles, 26.
Lemaire — Réforme de la nomenclature bota-
niuue et horticole, 17. — Ataccia cmiata, 31. —
l u mot sur VAcIniranIhes VersclialjdliT PP2. —
Kchinocaclus liorhonlalonias, 137. — \erveme
uopulaire, 71. .
Leroy (André). — Moyens d’obtenir une seconde
iloraisoii du CAueine sinensis, 283. — Erijtlirina
nisla (lalli, 303. — Ma(jtwlia (jrandiflora aïKjlo-
rum-, 308. — Le Cèdre de l’Atlas, 327. — Acacia
Jitlihrissin (Acacia de Constantinople), 340.
Letelié. — Lis Palmiers nisliqucs et en iiarticu
lier le Cocotier du Chili, 177.
Leyrisson. — Echelles iiour la culture des arbres
fruitiers, 189. — Culture naturelle du Melon, 199
Louvel. — Plantes qui peuvent vivre dans le voi-
sinage de la mer, 376.
Marc. — Sur les Pommiers eu cordons horizoïi-
laux,186. .
Martins. — Une localité iilerygologuiuc. 11. —
Floraison en pleine terre, à Montpellier, du iJasy-
liriuii qiacile^ 334.
Meyer' de Jouhe.— Matières qui peuvent ser-
vir d’eugrais, 364. -- OEillet mignardise remoii-
laute (Bciiie Victoria), 387.
Michelin. — Enseignement de riiorticultiirc dans
les écoles primaires des cam(iagiics, 34.^ — Pom-
me hâtive Dean’s Bodliii, 111. (uelle Boisse-
lot pour la Vigne, 168.
Merson. — Sur le Dioacorea Ilalalas, 131.
Martillet (P. d'^). — Le congrès pomologique et
les travailleurs horticoles, 43l , 47 4.
Naudin. — Culture du Goyavier sous verre, 13. —
A pro|)os des plantes grimpantes, 63. Les
plantes à feuillage ornemental ou plaides pitto-
resques, 108. — Un coup d’œil sur la Nouvelle-
Calédonie, 146. — Naturalisation des végétaux
exotiques, 212. — Bibliograiibie horticole, 236,
0(17. — lu mot sur la culture forcée du Pécher,
323 — L’engrais liquide et le terreau végétal,
3j^3. _ Rihliographie, 426. — Culture des Passi-
llores eu Angleterre, 433.
Neumann.— Société impériale et centrale d’hor-
ticulture, 277. — l'hénomène d’hybridation ob-
servé dans le genre Mathiola, 286. — Société im-
]iérialc et centrale d’horticulture, 318. — Séances
de la Société centrale d’horticulture, 338. — Mis
cellanées, 397.
Oualle. — Culture de VAckinicncs comme plante
de serre froide, 194.
Ounous (d’i — Floraisons automnales eu 1865,
•iS. — Observations liorticoles faites dans le sud-
ouest pendant l’hiver 1865-1866, 127. Sur la
dégénérescence des espèces Iruitièrcs, 337.
B»
Paskiewicz.— Un vieux livre d’arhoricidlnre,2'i3.
Pépin. — Persistance et lloraison des végétaux de
pleine terre, 74. — Culture des Verveines comme
jdantes annuelles, 86. — Floraison cl fructilica-
lion à Paris du Sliijdin(dohiam Japnnicinii petida-
luin^ 107. — Fraisier Héricart de Thury, 264. —
Arbres en Heurs ou commençatd à Heurir à Lon-
dres, du 20 au 28 mai, 332.
Pigeaux. — Culture de la Vigne sans taille ni
façon, 46.
V
Quetier. — Bouturage de l’OEillet, 244. — Expo-
sition (l’horticulture de la Ferté-sous-.louarre, 297.
— OEillet hybride Madame Charles Petit, 336. —
La Chicoia^c de Meaux, 433.
Il
Rafarin. — Exposition universelle d’horticulture
de 1867, 346, 372. — Exposition d’horticulture
d(3 la létc des Fleurs, 393. — Cijpripediaiii in-
signe, var. Chanlinii, 429.
Rantonnet. — Acacia longissima glauca pen-
dula, 138.
Ravenel. — CreHé Sabine pour boutons a Heurs
sur les arbres à fruits à pépins, 389.
Riések. — Les Bambous sont-ils monocarpiques :
437.
Rivière. ~ Multiplication du Figuier coniimm,
310. — Ileheclinium macrophullnrn, 331.
Robine. — Vingt-cinq variétés de Fraisiers, 263.
Romain-Martin. — Mulliiilicatiou du Noyer, 298.
Roy (de la). — Cultui’e de la \igne a long bois,
29. — Conduite des arbres fruitiers par le pince-
meut des feuilles, 169.
»
Sisley. — Rosa forluueii, 69. — Les OEillets'rc-
monlanls, 92.— Culture de l’OEillet en généra! et
de l’OEillet remontant en particulier, 173. ~ Ex-
cursion eu Suisse de la Société botanique de
France, 393.— Le thermostat thermosiphou, 399.
— Excursion, en 1866, de la Société botanique de
France, 413. — Engrais liquides, 419. — l'clar-
qouiuin zonale Mistriss Pollock, 429.
Suire.— Floraison de YEcliinocaclns gihhosns cel-
sianns, 230.
T
Tornision (De). — Sur la maladie du (<élcii a
Cherbourg, 34. — Sur la sélection, 113. — Sur
les crvpto'’'amos qui attaquent le Poirier (’t les
‘^raminées^ '97. — Les plantes volubiles, d’après
îe svstème’ Darwin, 271. — Ne taillez pas les Aza-
lées, 298. — Quelques conifères remarquables,
31', Sur l’hygiène des plantes à l’état de do-
iue^^licité et sur (piebiues maladies ipii les atla-
dueut 348. — Quelques Fougères de serre Ironie
(lui ne prcmienf i>as le 'Ihrips, 434. — Lettre a
propos d’un cryptogainc du Céleri, 46F
Thibaut. — Choix de ([uebiues variétiîs de Pelar-
-Torium 249. — Du rempotage des plantes, 306.
Truffant. —Rhododendrum virqalnin alhnw,<i5Y.
— Phonniinn lenax variegala, 273. —Panerai mm
illgricum, 333. — Rracinjsema acunimala, 413.
Valin — Ai*roposde la culture géotliermiquc, 107.
— Floraison anormale de VAdhaloda vasica, 33 4.
Vauvel..— Culture des Verveines comme plantes
annuelles d’ornement, 460. t>,
Verlot — L’OEillctdu Tympbreste, 253.— Plantes
nouvelles rares ou peu connues, 2/9. — I ricin -
ninm de Manglcs, 291. — Ihibaudia cordilo ia,
3n,__ Bibliographie, — limnanlhes allia,
320* — Ramondia Pgre.naica, 331. — lAdieliu
Ealiri 369 — Sur ipielques plantes ludbeusesa Ho-
raisoiî automnale, 398.— Exposition automnale de
la Société d’horticulture de Pans, 406.— Asler tur-
Idnellus, Lindl.,428, 43V.— Fraisier nionopli^>-l.,46/ .
Verrier. — Culture des vergers, /3, 96, 13 1.
Vuitry. — Action de la Heur de soulrc sur le ver
blaiu', 223.
TABLK DES GRAVURES COLORIÉES
Abics Nonlmaïuüaiia, 172.
Acanlholimon reniistum, 450.
Anthumun Scitrrzerianum, 430.
Alaccia crislaln, 51.
Aucuba Japonica, 290.
Bradujsenia acuminata, 410.
Caladium Danal, 32.
Canna Dcpulé Ilénoii, 150.
Cerasus Sieluldlii, 370.
Cerises Belle de Couchey, Bigarreau Marjeollais, 410
Uerodendron Huiujei, 470.
Cotonnier herbacé, 131.
Ihiphne Japonica, 251,
y'Cutacla de la Nouvelle-Calédonie, 391.
r taises Bijou, I bc Prémier, Faini ()ncen, 9.
rramboise, ILdUî de Fontenay, 91.
(doenis Mauiiiisc de Uoinpadour et Maréchal Vail-
lant, 8.
Ilcbcclinium dfacyophnUum, 350.
Ildiiscus specio ais, 230.
Ihjdran'jea Japonica rosalba, 432.
' kenncdia Fredicoodii, 330.
'^Kcfeleeria fortunel, 450.
. Maijïiolia Lenné, 370.
V Malm lloribunda, 311.
'/Pachira à Heurs blanches, 208
'^Pancratium Ilhjricum, 350
Pandanus /laiiéllifonnis, 271.
'^Décile Ilealli Clingstone, 211.
'^Pélargonium Gloire de Corbeny, 91
v^Poire Mélanie Michelin, 51. Poire
71. -V Poire Passe-Crassane, 130.
teur Pigeaux, 172.
v/ Pomme Grelot, 31.
Pomme Dean’s Codlin, 111.
'J Ilamondia Pijvenaka, 330.
^PaphaniiH caudaius, 471.
^ Wiodfldcndron hodijsoni, 191.
^ Ubododcndron virgatum album, 251
i/l!ose Triomphe de Rouen, 110.
- Sarcopodium unillornm, 152.
Tbibaudia cordi folia, 311.
vTricbinium de Mangles, 290.
/Verveine populaire, 71.
Amélie Leclerc,
—V' Poire Doc-
DES GRAVURES NOIRES.
Aniburium Scbcrz^crianum, /31. — ,1. pegale, 469.
Au'uha Japonica; l\cnv, Iruil; inlloresceiice mâle,’
290.
Ceoie de M. nemouilles; système employé pour
I extraction du (a'-dre. — Plan du plancher destiné
à soulever le cèdre, 410. — Mode de transport;
plan de la voie ferrée employée pour transporter
le Cèdre, 411. V
Cloche de Munler pour la cullure en appartement.
t'Oupe de la cloche de Monter, 130.
(conduite de la Vigne à long bois, d’apres le sys-
tème Aubry, 30.
(Aipressus cornula, de grandeur naturelle, 251.
Picborisandra nnimica'f 330.
Kbrancheur à crémaillère, 10.
Échelle simple employée dans le Lot-et-Garonne.
Echelle simple perfectionnée par M. Leyrisson.
Détails d’une échelle à larges échelons. Grande
échelle pliaide à trois pieds. Petite échelle fixe ù
Pécher Gustave Thurct, 391.
Pii cunent des feuilles du Pécher par le svstème
Grin, 170.
Boidisseur Carbou, 150.
Hbodol g P us Ke rri o i des ,430.
Hudgea nivosa, 310.
Sanhilalia couché à Heurs pleines. Fleurs de San-
vitalia couché de grandeur naturelle 70.
Solanuni crinltum, 110.
Slangeiia paradoxa; tronçon de tige avant produit
un bourgeon dans la partie centrale, 831.
TABLE DES MATIÈBES.
Arbres fruitiers par le pincement des feuilles,
169. — • Echelle pour la cullure des Arbres frui-
tiers, 189. Arbres en Heurs ou coinmencaril à
Heurir à Londres, du 20 au 28 mai, 332,
Aria. — Transformation de VA. veslila par la ffrelPc
457. ®
Arrosements (des), 356.
.l.s7c/‘ lurbinellus, 428.
Alaccia crislaia, 51.
*^289^^^ — P ruclificalion des Aucuba,
Azalées. — Ne taillez p.as les Azalées, 298.
gg
Bai^nbous. Les Bambous sont ils monocarj)i(jues !
liainbusa Forlunn raiicgala, 320.
Libliogiaphie horticole. — Le Pou Jardinier, pour
186h. — Cullure de l’Opium indigène, par M.
Aines Aumulica, 106. — .1. Nordmanniana, 172.
Acacia lopbania ou Mimosa dislacbga, 69.— A Lon-
gissima glauca pendula, 138. — A. Julibrissin.
(Acacia de (a)iislantino|)le), 340.
Acanlholimon renuslum, 451.
Acarus. — Moyen de détruire VAcbarus des Orchi-
dées, 334.
Aebimenes comme plante de serre froide (Culture
de P), 19 4, ^
Acbgranles VcrscbaffelHi, 132.
Ailuntbus /larcsccns, (Sur 1’), 185.
Alnus bartnila, 36o.— .1, Subcordala et Vilmoreana,
U6. ~ A. regale, iGd.
Aniburium Svlterzerianum, 430.
Arabis areimsa, 398.
Arboriculture — En vieux livre d’arboriculture, 245
Al lires fruitieis (Culture dos). 165. — Gondnile .Ips
trois pieds, 190.
Palacta Jiulei polgmorpba, 350.
l'iguier; boiilure de figuier quatre mois après la
plantation, 310.
GrcH’e. Nouvelle grelle de la Vigne d’après la mé-
thode Boisselol, 168.
Grellé Sabine. Rameau, greffon àfruit; incisionpour
recevoir le rameau. Rameau gourmand |iréparé
pour le placement d’un grelfon. Rameau ligature,
oyo , '
Habilleur d’Eglanliers à crémaillère, 10.
Ilebeclinium macropbgUum (port de la jilante), 351.
Lambourde fruitière ‘oumise à l’ancien système de
taille, dénudée et durcie au-dessus de la bourse,
90. -- Lambourdes de Poirier et de Pommier
soumises au traitement du système Delaville, opé-
rées en juin 1865, 90.
Libocedrus Doniana. — Fructification, 230.
Maclega Yedoensis, 370.
Microcaebrgs teiragona, 270.
Monlagnœa beracleifolia, 110.
Mulli|)iication du Bignonia du Cap, 50.
I achira. - Fruit du Pachira, dépourvu de graines
et muni du pédoncule. ’Un des lobes du fruit du
Pachira, muni dégainés. Graines du Pachira
cnticics et dilférentes coupes. Cotylédons non dé-
.veloppes de deux planlules jirovenanl de la même
graine. Plantule rudimentaire du Pachira. Plan-
Iules jumelles, les cotylédons développés, 209,
TABLE
479
li
1*1
i
fc.'
i
TAlîLK AU»IIAr.KTlQUE KES MATIÈKES
0.1p|i1i, 5‘). — Arh.)i'icul!iir(’ l’ruiUrre ; le l’ola-
(ji'i iNodrnir^ par )1 . (;i('bÿL’iit,. — Les FIcins ilr
jil( inr li’irc, p;n' MM. ViliiiiM iii-Aiidriciix, 87. —
Jj’s bonnes Fr..ises, p;if M. ('.Inrdc, 1"28. -- Taille,
et enllnre.de la Vi(jne, par Laiijnidcl, 191, 'ioG,
ti()7, 315, 4“26, 454.
Hojnonia. — Mulliplicalioii du Eignoiiia du Ca[), 50.
lluulura^c. — Epo(iuc l'avc-alde'pour le lunilura|^c
de (iuel(|ues piaules de serre, 124, 147.
llraeliijseina aenininala, 413.
€'
Caladium llarral, 32.
Canna Dépulé Ilétiuii, 150.
Eardou. — Culture du Cardon, 132.
Catalogues horticoles eu 186G, 15, 52.
Céleii. — Sur la maladie du Céleri à Clicrhour^'. 34.
Cerasus SieboldliiF^'i
Ceii>es. — Deu.x variélésde Cerises, 412.
Cliàlai^'iiicr à hraucli-s lasti^iée.s, 169.
Chicorée, de Meau.x, l oi.
Chrouiijue. horlicole, 5, 21, 41, Gi, 81 101 1 -M
141, IGl, 181, 201, 221, 241, 2G1, 281, 30l’, 32l’
341, 3G1, 381, 101,421, 441, 4G1.
Cèdre de l’Atlas (Le), 327. — Traiisplanlalion d’uu
Cèdre de trente ans, à Toulou.se, 409.
Clerudendron Ihnujei, 470.
('loche (La) de Muuter, 130.
Cloque ( De la), 314.
Couduilc. — De ranciemne et do la nouvelle con-
duite des arljres fruit ers, 27.
(lon^a-ès pi moloi>i(iue de France (Le), 195, 228, 451.
Comhuslilile. — lu cornhustihle écoiiou. i(pie, 19.
Coniléres remarquables, 314.
Coeonilla. — Quchiues mots sur le CnroniUa (jUiuea
et sur le PIdomis Leonurus, 42G.
Colouuier (Le) herbacé, 131,
Coiiri;'c mus(iuée, 425.
Cryptogames (jui attaquent le Doirier et les gaami-
iiées (Sur les), 197.
Culture.— A [tropos de la cidture S'éo!hermi()ue, 107.
— Culture à air libre du yelambinni. spee osnm
et de (iuel((ues A'ijinpha’as e.xoliqucs dans le cen-
tre de la France, 247.— Culture du Medinilla ma-
(jni/iea, 278. — Culture de la Tomate, 388.— Cul-
ture et ^'aniitures successives des jardins pota^'crs,
432. — Culture des Passillorcs eu' Angleterre, '435.’
Cupressus cornu la, 250.
Cijpvipedium insigne, car. CItanlinii, i'îd.
baphm japonica ', 252.
Dégénérescence de? espèces fruitières (Sur la), 357.
Desmanihus nalans, 327.
Pichorisandra musaica, 329.
Dimorphisme. — Deux faits très-reniarquahles de
dimorphisme, 440.
IHoscorea Uatatas (Sur le), 131.
Dioscorea Decaisneana (Encore le), 229.
Ebranclieur à crémaillère, 9.
tchiiioeaclus horiaonlhalonius, 137.
Eehinocactus gibbosus celsianus (Floraison de F),
^ 250. ^
Emploi de la lie de vin en horticulture, 360.
Engrais. — Matières qui peuvent servir d’engrais,
364. — L’engrais liquide et le terreau végétal,
385. — Engrais liquides, 419.
Epinard d’Austialie, 444.
F girina crisla Calli, 305.
Espèce. — Fne nouvelle difliculté à délinir l’es-
pèce, 425.
Etiipiettes de jardins, 198.
Eutacta Hulei polgnwrpha, 350, — Quelques Eu-
lacla de la INouvelle-Calédonie, 392.
Excursion en Suisse de la Société de botani(pie de
France, 393, 413.
Exposition horticole de Nantes, 207. — Exposition
horticole internationale de Lon 1res, 233, 256,
273. — Exposition de roses de Brie-Comte-llobert,
286. — Exposition d’horticulture de la Ferté-
sous-Jouarre , 297. — Exposition universelle
d’horticulture de 1867, 346. — Exposition de la
Société d’horticulture et de botani(iue de l’Hé-
'ÎG', lAposilioii iiiiivciscllc d'horlind-
liii'c, de ls(i7, 372. — Expnsilioii de la Société
vigmuoiiue, horticole et forestière (h; Troj'cs,
377. — Exposition d’Iiort ieultm (> d(^ la Fêle des
Meiirs,^ 395. — Exposition automnale de la So-
ciété d’horlicultuia* de Paris, 406.
C'-'
lùigas Candiniana, 306.
Floraison anormale de VAdlialoda easiea, 334.
Floraisons autoiimales (m 1865, 48.
Floraison en pleine terre, à Montpellier, du Dasgli-
rion grarile, 354.
l'ougèrcs. — Qucbpies Fougères de serre froide (lui
^ ne prennent pas le Tlirips, 43 4.
Fraises. — Trois Fiviises nouvelles, 9.
li'aisiers. — Les 25 Fraisiers do la commissioii de
culture potagère de la Société centrale d’horticul-
ture, 112, 175,216. — F. lléricaiT d(! 'fhury, 264. -
25 variétés (le Fraisiers, 265. — Sur les 25 variée
t(is de Fraisiers adoptées jiar la Société central-
(1 horticulture, 296. — Fraisier monophylle, 467.
1 ramboise Belle de Eoiiteiiay, 91.
Iniits. — Sur (piehpies fruits nouveaux, 217, 268,
456.
(!.i
(«éiiéalogii^. — Arbre gèiiéali^gi(pie du groupe Pé-
cher, 12, 32, 71, 125', 153, i'gB, 213.
Germiualiou des noyaux (Pela), 293. — Exception
a la l'ogh', relalivemeul à la germination des grai-
nes de Clediiselda, 328.
Cilaïeuls. — Deux nouvelles variétés de Glaïeuls, 8.
^ — Les Glaïeuls nouveaux de 1 866, 378.
CIgeine sinensis. — Moyens d’obtenir une seconde
tloraison du CIgeine sinenxis, 285.
Goyavier. — Gulture du Goyavier sous vene, 13.
Grello Boisselot pour la \igiic, 168, — Grelle Sabine
pour boulons à Heurs sur les arbres à lïaiils et à
pépins, 389.
Cgneriuin purpureum, 419.
BS
Jlebeclinium inaeropligllum , 351.
Hérisson. — Le bérissou et les vers lilancs, 468.
Hibiscus speeiosus, 230.
Horticulture. — Enseignement de l’horticulture dans
les écoles [irimaires des campagnes, 54.
Hybridation. — Phénomène d'hybridation ol)servé
dans le genre Malhiola, 286.
Ifgdrangeà Japonica rosalba, 432,
1
Ilcx agui folium Madame Briot, 137.
Kennedia Fredwoodii, 332.
S>
Laitue Bossin, 93,
Lambourdes. — Nouveau trailcmeut des Lambour-
iles sur les arbres à fruits à pépins, 89.
Libocedrus Doniana (Fructilicalion du), 230.
Limnanihes aiba, 326.
Lobelia F abri, 369.
Lonicera. — Sur les Lo)iicera chinensis et diversi-
folia, 99.
:«i
lUaelega Yedoensis, 369.
Maladie des fruits, 157.
Mafpioliagrandijl'ji'a anglorum, 308. — .1/. Lenné, 370,
Malus lloribunda, sieboldl, 312.
Mastic à grell'er (Un nouveau), 188.
Melon. — Gulture naturelle du Melon, 199.
Microcaebrgs lelragona, 269,
Miscellanées, 397.
Mulliplicaliou du Figuier connnuu, 310. — Multi-
plication du Cgperus papgrus par le semis, 387.
Mûrier noir au point de vue spécili(iue (Du) 405.
'X
Néllicr. — Fructilicalion du Néllier ou Bibacicr du
TABLE DES MATIEBES.
•ibiü
Japon, à Ançîci’s, 335. — De la cu'.Uire du A'cllicr
du Japon à Maiseillo, 38'J.
>omenclature. — Béroniic de la uoineiiclalurc bo-
laiiique et horticole, 17.
A'ouveauté japonaise (Due), 292.
Nouvelle-Calédonie. — Un coup d’œil sur la Nou-
velle-Calédonie, 116.
Noyer. — Mulliplicalion du Noyer, 298.
O
Observations horticoles iailes dans le Sud-Ouest
pendant Thiver 1865-1866, 127.
Odeurs. — A cpioi sont dues les odeurs, 473.
OEillets (Les) leinontants, 92. — Culture de l’Œil-
let en i^énéral et de rOEillct remontant en particu-
lier, 173. — Boutu.a^e de TfF.illet, 244. — L’OEillet
du Tymphreste, 255. — OEillet hybride Madame
Charles Petit, 336. — Bouturage de l’Œillet, 353.
— OEillet mignardise remoidante (Reine Victoria),
387.
Oubli à réparer (En), 329,
P
l^achira {carolinca, à Heurs blanches, 208.
Palmiers (les) rusticiues e" en particulier le Cocotier
du Chili, 177.
Pancralium ilhjriciün, 353.
Pandamiü flcKjeUifonnis, 271.
Pécher Heaih Clingstone, 211. — I n mot sur la
culture forcée du Pécher, 325. — Pécher Gustave
Thuret, 391.
Pdarfjoninm. — Sur les Pelargoniinn tonale à
lleius doubles et semi-doubles, 26. — P. Gloire
de Corbcny, 91. — Choix de (|uclques variétés de
Pelarfioiiitüii, 249. — Pelariioiüiwi -^onnle Mis-
tris’s Pollock, 429. — Pciartionium Eléonore Pe-
tit, 437.
Phénomène de végétation produit par le Slanurria
parado.va, 330.
Philadelphus Ketclecrii, 44. — P. vemicosus son-
pervhens, 459.
Phormium teneur rajie(jat((, 273.
Phospho-Guano (Le) appli(iué à l’horticulture, 149,
Pincement. — Sur l’origine du pincement court ap-
pliqué aux arbres fruitiers, 14. — Eue troi-ième
j'ropriétc du pincement, 45. — Sur le pincement
des arbres fruitiers, 49.
Plantes à feuillage ornemental ou plantes pittores-
(lues, 108. — Plantes volubiles, d’après le sys-
tème Darwin (Les), 271. — Une vieille plante
pro])re à former de beaux gazons, 305. — Du
rempotage des plantes, 306. — Des j)lantes à
feuilles persistantes, 367. — Plantes qui peuvent
vivre dans le voisinage de la mer, 376.
Plantes potagères. — Emploi des adjectifs latins
dans la dénomination des plantes potagères, 35.
Eue plante d’ornement trop délaissée, 336. —
Deux plantes à semer en septembre, 347. — Sur
l’hygiène des plantes à l’état de domesticité et
sur quelques maladies qui les attaquent, 348.
Plantes grimpantes, 65. — Sur quelques plantes
bull)euses à floraison automnale, 398. ■— Sur la
valeur culinaire de trois plantes potagères chi-
noises, 417.
Plantes inédites ou rares, 433. Plantes nouvelles,
rares ou peu connues, 279, 299, 336, 379, 400,
420, 438, 460, 473. — Soins à donner aux plan-
tes de serre pendant l’hiver, 447.
Ptérygologie. — Eue localité ptérygologique, 11.
Poire Méfanie Michelin, 51. — Poire Amélie Le-
clerc, 71. — Passe-Crassane, 130. — Poire Doc-
teur Pigeaux, 172.
Poiriers. — Quelques observations sur la mise à
fruits du Poirier, 285.
Pomme Grelot, 31. — Pomme hâtive Dean’s Codlin,
111.
Pommiers en cordons horizontaux (Sur les), 186.
K
Radis seiqient, 471.
Hamondia Piirenaica, 331.
Raidisseur. — En nouveau roidisseur, 159.
Reines- Marguerites japonaises (Sur les), 356.
Revue des publications horticoles ce l’étranger, 18
56,79, 117, 185, 237, 253, 294, 312, 416, 433.
Revue commerciale horticole, 19, 39, 60, 80, 100.
119, 139, 159,180, 200, 220, 239.
Wtoduli/piis Kerrinldes, 429.
Pdiodmiendron Ilod(jsoni^ 191. — !{. virejaliim al-
hiim^ 251.
Piosa forluneii, 69.
Rose Triomphe de Rouen, 110.
Rosiers. — (kdture des Rosiers taillés à long bois,
365. — Moyen d’obtenir deux belles lloraisons
des Rosiers remontants, 385.
[liuhjca nirosa, 308.
Sacchariün Æijiji tiacum .
Sanuilaüa couché à Heurs pleines, 70.
Sarcopodium unijlonim, 152.
Séances de la Société centrale d’horticulture, 38, 58,
94, 116, 136, 155, 178, 197, 236, 277, 318, 358.
Sécateurs. — Sécateur pour Eglantiers, 9.
Sélection (Sur la), 115.
Sidanum. Le Solanum ^\arcscewicz.ii, 466.
Soufre. — Action de la Heur de soufre sur le ver
blanc, 225.
Spirea miuileiji folia Vanhoutlei, 269.
Spinra Pieewemna robusia, 296. — Spirées. — Liste
de quelques espèces de Spirées les [dus propres à
l’ornementation, 333.
Si nphnolobium japofiiciüti pendiilum Floraison et
i'ruct itication à Paris, 107.
T
Taille automnalo des rameaux de prolongement,
427. — Taille précoce des arbres fruitiers et delà
Vigne, 468.
Thermostat thermos'phon, 399.
Thibaudia cordifolia, 311 .
Tigre (Du), 114.
Trichinium de Mangles, 291.
Tritoma avaria, 352.
Tvpes. — Affaiblissement puis disparition des types,
\20.
Esez, mais n’abusez pas, 433.
Variété. — Ene variété spéciéisée, 408.— De l’uti-
lité de tenir note de l’origine des variétés horti-
coles, 408.
Végétaux de pleine terre. — Persistance et floraison
des végétaux de pleine terre, 74. — Sur l’accli-
matation des végétaux, 138. — Naturalisation de.s
végétaux exotiques, 212. — Acclimatation des
végétaux, 231 . — De la valeur des bractées dans
les cènes des végétaux conifères, 307.
Vergers. — Culture des vergers, 75, 96, 134.
Verveine populaire, 71 . — Culture des Verveines
comme plantes annuelles, 86, 460.
Victoria liegia. — Nouveaux détails sur la Victoria
Picgia, 405.
Vigne. — Culture do la Vigne à long bois, 29. —
Cadture de la Vigne sans taille ni façon, 46, 67,
129.
Vinea Piosea (Sur le), 368.
\\ ei(jelia Hortensis nirea, 248.
V
Vuccfi fjloriosa-, 459.
FIN DU VOLE.ME DE l’aNNÉE 18G0.
MO.MLUL.VU. — l.MPRlMt:iUF. OC ZAAüTE,
't, ^ V,. .’, V
i
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